Histoire et mémoire chez V-S Naipaul et Assia Djebar.
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« […] Le vécu passé nous serait-il accessible, il ne serait pas objet de connaissance : car, quand il était présent, le passé était comme notre présent, confus, multiforme, inintelligible. » Paul Ricœur, Temps et récit I: L ’intrigue et le récit historique (1983) « […] Ce peut être la fonction de la littérature la plus corrosive de contribuer à faire apparaître un lecteur d'un nouveau genre, un lecteur lui-même "soupçonneux" parce que la lecture cesse d'être un voyage confiant en compagnie d'un narrateur digne de confiance, mais devient un combat avec l'auteur impliqué, un combat qui le reconduit à lui-même. » Paul Ricœur, Temps et récit III : Le temps raconté (1985)
Distances et Rapprochements Naipaul//Djebar = mêmes inquiétudes politiques. ▪ Naipaul = Expérience journalistique//Instantané « […] Ecrire, je crois, c’est quelque chose de frauduleux. Quand vous commencez à écrire sur un sujet, cela se met à changer. Cela commence à se déformer. » Entretien avec Derek Walcott (1965) ▪ Djebar : Historienne//Dévoilement//Captation « « Il se trouve toujours une femme, vieille, jeune, peu importe, qui prend la direction du chœur : exclamations, soupirs, silences gémissants quand la montagne saigne et fume, couplets passionnés. » ENM, Chapitre I Cf. Kahina Bouanane, « Esthétique de l’écriture de l’Histoire (…) », Insaniyat / [ إنسانياتEn ligne], 67 | 2015, mis en ligne le 20 juillet 2016, consulté le 19 mars 2018. URL : http://journals.openedition.org/insaniyat/14966
Illusions et ruines • Naipaul = Apolitique //Historique « […] Mon rejet de l’action politique était sans doute le rejet d’un mauvais modèle d’homme politique local, de type colonial. C’était une erreur. Il m’aurait fallu comprendre que ces petits territoires moribonds pouvaient sombrer dans la terreur. » Entretien avec Ian Hamilton, Times Literary Supplement, juillet 1971. Deux séquences historiques fondamentales : ➢ L’après-guerre. ➢ La colonisation (Inde et Trinidad et Tobago).
La guerre vue des colonies • 2 visions (ou vécus) de la Seconde Guerre. • Le Masseur mystique (1957): Ganesh souhaite la venue d’Hitler. • Miguel Street (1959), Une maison pour Monsieur Biswas (1961): présence des troupes américaines = nouveautés (distractions et des dollars US) et dépravation.
La découverte de la métropole Le masseur mystique (1957) = Lord Stewart Chichester = Europe ruinée et traumatisée. • Les hommes de pailles/Mimic men (1967) = Europe = pensions misérables // déracinés (des coloniaux venus d’Afrique, de l’Inde ou des Caraïbes).
La colonisation: un passé inaccessible “[…] Sur cette terre étrangère nous nous aventurions chaque jour et elle finit par nous absorber. Mais nous savions qu’il y avait eu changement, gain, perte. Nous savions que quelque chose, autrefois intacte, s’était effacé. Ce quelque chose, c’était notre idée de l’Inde.” L’’Illusion des ténèbres, 1964.
“ […] C’est peut-être aussi que je n’ai pas, à proprement parler, de passé qui me soit accessible, de passé que je puisse pénétrer et contempler; et je souffre de ce manque” Le regard de l’Inde, 2010.
L’Histoire dévoilée de Djebar Assia Djebar = Historienne = Histoire = Filtrage//Reconstitution Tirailements: Donner une voix/vie aux femmes. … en français. Assia Djebar ≠≠ Kateb Yacine : français = “butin de guerre” (1961) « J’ai senti que pour moi, dans le français, il y avait du sang dans cette langue. » Ces voix qui m’assiègent (1989)
« L’oubli de la perte » « Au fond, tout mon travail de vingt à quarante ans a été de rechercher cette ombre perdue dans la langue française. Il y a deux sortes de perte : la perte qui vous hante et la perte que vous oubliez, l’oubli de la perte. Le terrible, c’est l’oubli de la perte » L’amour, la fantasia, 1985
Polyphonies féminines ▪ Distribution tragique des personnages = Eclatement de l’événement historique//Visions féminines fragmentées/démultipliées. ▪ Passé actualisé à partir de voix cloitrées. ▪ Dénominations = signes du degré d’enfermement et de domination des femmes: « Spectacle » (Femmes du Douar), « Révolution » (Cherifa//Youssef) Cf. Lise Gauvin, « Statut de la parole et traversée des langues chez Assia Djebar », Carnets [En ligne], 7 | 2016, URL : http://journals.openedition.org/carnets/908 ; DOI : 10.4000/carnets.908
Le secret politique, secret d’hommes de guerre Eclatement de personnages = Dévoilement des secrets. Le contexte algérien est dévoilé dans toutes ses variantes. Trois figures masculines = secrets de la mémoire: • Hakim: participe aux interrogatoires//séances de tortures. • Youssef, rescapé des massacres de Sétif : dissimule son engagement politique à son épouse. • Ali : idéaliste, geste assumé.
La torture « […] Saidi jette un premier regard sur les lieux, sur les meubles. Il pense, en effet, le mot « meuble » et observe froidement les fils, les seaux, une magnéto (il la reconnait la première): contre le mur, une baignoire mobile. Hakim ne parle plus. Sur un signe de lui, les deux adjoints s’approchent de Saidi. « Déshabille-toi », commence l’un d’une voix terne. Saidi ne comprend pas le français; Hakim qui leur a tourné le dos ne fait pas l’effort de traduire. » Chapitre V, « Hakim », pp. 139-140.
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