Implémenter les Chemins Cliniques dans le Dossier Patient Informatisé
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Implémenter les Chemins Cliniques dans le Dossier Patient Informatisé 1. Préambule Sommaire En juin 2016 l'ANAP publie Informatiser le Chemin Clinique: un gage de performance pour les établissements de santé, texte qui à la fois sous-tend, mais aussi introduit par sa conclusion la production de ce deuxième document consacré aux Chemins Cliniques dans le cadre du Programme Hôpital Numérique: "Comment implémenter les Chemins Cliniques (CC) dans les logiciels de Dossier Patient Informatisé (DPI)". "Nous constatons que de nombreuses équipes ont formalisé...des chemins cliniques et que l'informatisation est souvent impossible ou n'est que partiellement réalisée" "Informatiser le chemin clinique : un gage de performance..." ANAP juin 2016 Rappels Le chemin clinique décrit, pour une pathologie donnée, tous les éléments du processus de prise en charge en suivant le parcours patient (Forest M, Psiuk T, Richomme X, « Informatiser le chemin clinique : un gage de performance pour les établissements de santé », Document Chapeau ANAP, Juin 2016, p 11.). Centrés autour du patient et faisant appel à l’analyse des processus, les Chemins Cliniques sont au cœur du métier des établissements de santé. Les liens entre l'informatisation des Chemins Cliniques et les domaines fonctionnels du plan Hôpital Numérique sont nombreux: "agenda patient, alimentation du DPI et du DMP, pilotage médico- économique, prescription, plan de soin". L’informatisation des chemins cliniques place le DPI au sein de la gestion des soins et du parcours des patients, et la richesse fonctionnelle attendue nécessite une évaluation de la maturité du DPI. La culture de l’interdisciplinarité entre tous les professionnels de santé accompagne la construction des chemins cliniques et également le paramétrage informatique. 2. Synthèse pour le décideur Les Chemins Cliniques Un premier document de l’ANAP Informatiser le Chemin Clinique: un gage de performance pour les établissements de santé a permis de montrer en quoi la démarche des chemins cliniques permettait d’améliorer la qualité des soins et la performance des établissements. Il s’agit, dès qu’un patient présente une configuration clinique correspondant à un cas d’espèce régulièrement pris en charge par l’établissement, d’organiser sa prise en charge en adaptant les bonnes pratiques préconisées par les standards scientifiques aux ressources disponibles dans l’établissement. Les vertus des chemins cliniques s’expriment au mieux quand : une organisation pluriprofessionnelle assure la maintenance des connaissances scientifiques, le consensus entre les acteurs et l’insertion dans l’organisation de l’établissement quand les écarts au chemin défini sont dépistés et analysés, car ils peuvent résulter d’une particularité évolutive du patient à reconnaitre au plus tôt pour les traiter au mieux, ou d’une nécessité d’améliorer les protocoles de prise en charge. Ce document concluait en avançant que l’informatisation des chemins clinique au sein des outils métiers était la meilleure méthode pour s’assurer de leur usage effectif. Principes d’une informatisation idéale Dans le présent document, nous examinons comment réaliser en pratique cette informatisation, alors que les Dossiers Patient Informatisés ne sont généralement pas conçus pour cette tache. Idéalement, la présence d’un certain nombre d’éléments décisionnels dans le système d'information (diagnostics, actes, état clinique, résultats biologiques...) permet de proposer à l’équipe l’inclusion du patient dans un Chemin Clinique, ou l’orientation dans une branche de celui-ci (un chemin clinique peut comporter plusieurs protocoles optionnels en fonction de situations spécifiques). Les éléments de prise en charge sont alors mobilisés dans
l’agenda du patient et le plan de soin, et l’équipe peut ajuster finement le séquencement des opérations, en particulier la réservation des ressources (blocs, imagerie, etc. intervenants spécialisés. ). Ce fonctionnement nécessite l’utilisation d’un langage de gestion de processus qui puisse tirer parti d’une parfaite interopérabilité entre les différentes composantes du SIH. Sauf développements locaux, cette situation ne semble pas fréquente en France. Adaptation aux SIH existants Les établissements qui ont développé l'informatisation de leurs chemins cliniques se sont donc appuyés sur des paramétrages locaux, souvent avec l ’aide de l’éditeur de leur DPI. Ils ont généralement utilisé des questionnaires, avec au mieux des liens dynamiques vers les différents composants de leurs SI (plan de soin, outil de rendez- vous). Bien souvent, il persiste des défauts de synchronisation qui nécessitent des interventions manuelles, sources d’erreurs et d’oubli, générant prolongation du séjour et perte de « créneaux » dans l’utilisation des ressources. Que l’on parte de Chemins Cliniques pré existants ou qu’on décide de profiter de l’implantation d’un DPI pour le faire, et, quelle que soit la qualité des outils informatiques, l’informatisation des chemins clinique dépend en premier d’une bonne organisation de ce qui est un programme à part entière. Il peut être judicieux d’articuler la mise en place de chemins cliniques avec des évolutions stratégiques majeures de l’établissement nécessitant la mise en place de parcours de soin, comme le lancement d’un projet de Réhabilitation Améliorée Après Chirurgie (RAAC). On comprend qu’un des objectifs de la modélisation des Chemins Cliniques est de les intégrer dans des parcours de soin englobant des acteurs externes à l’établissement. Les logiciels qui ne permettent pas de mettre en place des prescriptions en avance de phase du séjour du patient seront très limités dans leurs fonctionnalités. Facteurs de réussite Il est important que le corps médical soit mobilisé par les enjeux de qualité des soins et de gains de temps apporté par la systématisation des parcours, pour qu’il s'implique dans la contraignante phase de définition initiale des chemins cliniques. Une démarche progressive, commençant par les cas les plus fréquents et/ou ceux qui comportent un risque dument identifié de dérive des pratiques est plus facile à mettre en oeuvre. La direction doit allouer les moyens suffisants aussi bien en formation (sur les chemins cliniques et leur implémentation) qu’en ressources informatiques, soignantes, médicales et pharmaceutiques. Il ne faut surtout pas oublier que la maintenance des chemins cliniques sur le long terme continuera à mobiliser des moyens. La communication doit être particulièrement soignée, car l’utilisation des Chemins Cliniques en routine représente un véritable bouleversement des pratiques, comportant souvent une certaine délégation de tâches. La situation peut devenir complexe quand l’informatisation des Chemins Clinique se trouve en décalage vis-à-vis du déploiement du DPI. Il est alors nécessaire de bien comprendre que l’informatisation des Chemins Cliniques représente un des principaux aboutissements du DPI, par lequel celui-ci fait le mieux la preuve de son intérêt opérationnel et entraine l’appropriation par les métiers. Sur le plan technique, on choisira de préférence des méthodes de développement agiles, plutôt qu’une méthode classique figeant en une seule tranche l’ensemble du programme. L’inscription du projet dans une stratégie globale de qualité des soins, la compétence et la légitimité de l’équipe projet sont des facteurs clés de succès. L’évaluation régulière et la réactivité de l’équipe de maintenance sont indispensables au maintien de l'adhésion des professionnels. Nous avons identifié 4 niveaux d’intégration par le moyen de questionnaire, du plus basique au plus sophistiqué, avec de nombreuses variantes. Bien entendu, le bénéfice retiré de l'informatisation allait croissant. Les relations avec les éditeurs du SIH sont cruciales, et la capacité d’agir des équipes dépendra notablement de la rédaction des appels d’offres.La bonne utilisation des clubs utilisateurs et de communautés de pratique permettant de partager constats, besoins et pratiques devrait permettre de faciliter l’informatisation des Chemins Cliniques. Conclusion et perspectives L’informatisation de Chemin Clinique, quand elle est aboutie, permet de bénéficier au mieux de la mise en place d’un système d’information hospitalier intégré, pour en tirer une franche amélioration de la qualité des soins et de la performance des établissements. On doit envisager de pouvoir l’intégrer dans des parcours de soins avec d'autres acteurs dans une logique de territoire.
À terme, on peut imaginer que des fonctionnements utilisant un formalisme tel que le BPMN (Business Process Modeling Notation) pourraient largement faciliter le travail de paramétrage, en le réduisant à l’adaptation aux ressources locales. Cela implique cependant que les producteurs de connaissances (Sociétés savantes, HAS, INCA...) publient leurs recommandations selon ce formalisme, et que les éditeurs sachent les implémenter. 3. À retenir BIEN CHOISIR SON DPI Grâce à ces visites de sites représentatifs, les auteurs peuvent affirmer que l'informatisation partielle des chemins cliniques est possible avec plusieurs des dossiers patients informatisés (DPI) présents sur le marché français. ÊTRE RÉALISTE Aucun des sites visités n'a pu montrer d'informatisation complète des chemins cliniques, même en excluant le suivi des parcours des patients sous forme d’un arbre décisionnel. Tous sont néanmoins en capacité de faire converger les champs d'application pour arriver à une couverture fonctionnelle presque complète. Nous avons logiquement observé aussi que tous les Établissements de Santé ayant déployé un DPI avec un Logiciel d’Aide à la Prescription alimentant un plan de soin sont en capacité, sauf problème ergonomique majeur, de mettre en production des chemins cliniques diagrammes de Gantt. PRODUCTION DE VALEUR Gérer en parallèle l'informatisation du DPI y compris dans sa composante « logiciel d’aide à la prescription » et la construction des chemins cliniques est probablement un avantage opérationnel dans la gestion de ce projet, permettant d'aboutir à une industrialisation de la démarche, couvrant de façon homogène toutes les UF avec les mêmes fonctionnalités. Il est possible qu'ainsi la production de valeur soit plus importante. L’optimisation du projet peut ensuite continuer avec l’informatisation des outils associés (cibles prévalentes en fonction du GHP et Plans de soins types alimentant les transmissions ciblées). Les liens avec l'agenda patient, la gestion des ressources et la possibilité de requêtes sont très dépendants de la cartographie des systèmes d’information de l’établissement ou du groupement d’établissements. MOTIVATIONS INITIALES MESSAGE AUX ÉDITEURS L’harmonisation des pratiques et leur adaptation rapide aux évolutions des données de la science, de l’organisation des ES et des L'ergonomie des DPI est assez unanimement critiquée dans séjours (RAAC…) ou aux contraintes légales l'utilisation au quotidien des chemins cliniques informatisés est une motivation constante. (lenteurs, manque de reports de données, multiplication des clics, difficulté pour gérer les écarts) et ces demandes d'évolution Une meilleure coordination autour du patient s'ajoutent au besoin d'avoir un outil d'élaboration et de suivi des découle de l’écriture de chemins cliniques, parcours des patients (PERT), un module transmissions ciblées leur informatisation est choisie pour les rendre permettant d’argumenter les écarts et sorties de chemins cliniques, opérationnels. et la possibilité de requêter. L’informatisation du DPI et de la Prescription L’implémentation de langages formalisés type BPMN est à médicale peut être couplée à celle des envisager pour faciliter la mutualisation des Chemins Cliniques. Chemins Cliniques, avec une importante synergie. Tableau 3.1: Motivations des projets d'informatisation des chemins cliniques PILOTAGE DE PROJET : CONSTITUER ET MAINTENIR UNE BONNE ÉQUIPE PROJET Les éditeurs sont peu dynamiques dans ce domaine, et il faut une équipe projet pluri-professionnelle de qualité poussée par un sponsoring très présent de la direction de l'établissement pour enclencher la démarche d'informatisation des chemins cliniques, et la maintenir. Il faut que cette équipe, en lien avec la CME et la Direction des Soins, mais aussi tous les acteurs transversaux de l'établissement, survive à la phase de déploiement du DPI et perdure dans le mode routine, tout en étant intégrée dans l'écriture des chemins cliniques. L'informatisation des chemins cliniques doit faire partie des offres de service que cette équipe propose aux professionnels de santé.
EFFETS SUR… les patients les pratiques médicales les professionnels le système Diminution de la différence de prise en Médecins : occasion d’écrire et de faire Le système et l’ES Harmonisation charge en fonction évoluer les chemins cliniques peuvent attendre une des équipes Évolutivité Infirmières et autres PS non médicaux : analyse des écarts et soignantes appropriation plus facile des prises en des évolutions par GHP Adéquation des Les « petits écarts » prescriptions aux charge de chaque GHP par la et par évènement au chemin prévu sont bonnes pratiques pour présentation d’un plan de soin complet intercurrent plus facilement et (rôle prescrit et rôle propre, mais aussi le bon patient et au bon Bon support au pilotage rapidement détectés moment. autonomie infirmière encadrée). médico- économique et pris en charge. Tableau 3.2: Illustration des effets de l'informatisation des chemins cliniques REGARD DES ACTEURS Illustration 1: Perception par les acteurs de l'informatisation des chemins cliniques 4. Objectifs du document, méthode Objectifs du document Ce document présente différentes méthodes d’informatisation des chemins cliniques. Il s’appuie sur le retour d’expérience d’établissements de santé représentatifs en taille et diversité du paysage français, dont la méthodologie de recueil est détaillée ci-après. Méthode La méthodologie de recueil des retours d'expérience sur la démarche d'informatisation des chemins cliniques permettra de capitaliser pour l’ensemble des établissements qui souhaiteraient se lancer dans un projet similaire. "La réussite de la démarche d'informatisation des chemins cliniques implique alors : Une démarche en mode projet... Un outil d'organisation et de planification qui prévoira un lien d'interopérabilité avec l'agenda et la gestion des ressources... Un outil de traçabilité (en lien avec le Dossier Patient Informatisé) Un outil d'identification et de gestion des cas..." "Informatiser le chemin clinique : un gage de performance..." ANAP juin 2016 Ce document s’appuie sur l’expérience des experts Anap HNUM et de quatre établissements représentatifs du paysage français (en statut, taille, activité …).
Dans un premier temps un questionnaire de qualification a été adressé aux établissements de santé français pour effectuer une présélection des établissements à rencontrer : Méthode : 1. Avez-vous informatisé des Chemins Cliniques au sein de votre Etablissement ? o Si OUI aller à la Question 2 o Si NON nous vous remercions d'avoir pris le temps de nous rencontrer. Ce questionnaire est terminé. 2. Quel est le périmètre d'informatisation défini dans votre projet d'informatisation des CC ? Préciser votre degré d'avancement dans chaque domaine : projet débutant, projet écrit, tests faits, informatisation en cours, informatisation faite et testée, mode routine. 3. Quels outils en lien avec le Chemin Clinique avez-vous informatisés ? 1. Parcours de soins (logigramme de Pert) 2. Plans de Soins Types 3. Chemin Clinique en Diagramme de Gantt 4. Guide(s) de Séjour(s) 5. Transmissions Ciblées 6. Autres (préciser) Après analyse des réponses obtenues, l’équipe ANAP a rédigé un guide d’entretien pour réaliser les visites dans quatre établissements retenus : Centre Hospitalier de Moulins Yzeure, CH Centre Oscar Lambret à Lille, CLCC Clinique des Cèdres à Cornebarrieu, Clinique Privée (groupe Capio) Centre Hospitalier de Niort, CH Ces retours d’expérience ont été complétés par des échanges moins structurés, mais riches d’enseignements avec des établissements de santé qui ont commencé un travail pour l’informatisation des chemins cliniques encore incomplètement déployés. Groupe Hospitalier Catholique de Lille CHRU d’Amiens APHP Exemples de chemins cliniques informatisés dans les établissements visités CH Moulins : Patient présentant une Insuffisance cardiaque sur écart de régime alimentaire Centre Oscar Lambret Lille : Patient hospitalisé pour une transfusion globulaire Clinique Les Cèdres Toulouse : Patients atteints de Pancréatite aiguë dans le service des urgences. CH Niort : AVC ischémique Groupe Hospitalier Catholique Lille : patient hospitalisé pour une gastrectomie longitudinale de la veille de l’intervention à la sortie CHRU Amiens : Patient Parkinsonien devant bénéficier d’une chirurgie des mouvements anormaux, de son entrée à son transfert en neurologie APHP : début de paramétrage des outils de chemins cliniques dans le DPI choisi pour un déploiement prévu à compter de 2018 5- Informatisation des chemins cliniques : le projet L’écriture des processus de prise en charge (par groupe homogène de patient –GHP) par les équipes reste un préalable, que l’informatisation soit réalisée en parallèle ou a posteriori. « l’objectif de la démarche est donc bien d’identifier les différentes actions des professionnels qui interviennent tout au long de la prise en charge du patient afin que chaque intervention de soins soit définie, optimisée, séquencée et surtout coordonnée entre les différents professionnels. Le chemin clinique modélise un processus pour une pathologie donnée et lors de ce processus le niveau de granularité utile est défini et détermine un choix pour la décomposition de l’activité » (Cf. définition dans le document chapeau, annexes p11)
Sous-chapitres : 5.1. Outils utilisés 5.2. État des lieux/ phase de cadrage 5.3. Gouvernance et sponsoring 5.4. Équipe projet 5.5. Gestion de projet : Particularités 5.6. Communication projet : vers une culture du chemin clinique 5.7. Mise en œuvre, analyse des risques et suivi, choix de pilote (fonctionnalité et usage), déploiement 5.8. Leviers de motivation 5.9. Facteurs clés de succès 5.10. Mise en place : paramétrage ou fonctionnalité ? 5.11. Dialogue avec l’éditeur 5.12. Clubs utilisateurs et communautés de pratique 5.13. Extension : vers la notion de parcours de soins 5.1. Outils utilisés Le document Informatiser le Chemin Clinique: un gage de performance pour les établissements de santé montre que la représentation globale d’un parcours de soins peut être une combinatoire de plusieurs types de chemins cliniques présentés : le logigramme de Pert, la Check-List/questionnaire et le diagramme de Gantt. La performance d’un logiciel de dossier patient informatisé (DPI) est de permettre le paramétrage de cet ensemble afin d’avoir une gestion prévisionnelle des soins pour un parcours de soins complet. Cette performance est sans aucun doute un objectif que les éditeurs doivent être en mesure d’atteindre dans une perspective d’évolution des logiciels DPI ; en effet, lors des retours d’expérience, nous avons observé que le paramétrage des chemins cliniques restait séquentiel avec une préférence pour les chemins cliniques diagramme de Gantt. La construction d’un Plan de Soin Type (PST) (Cf.définition dans le document chapeau, annexes p23) à partir d’un modèle clinique regroupant les cibles en lien avec la symptomatologie, les risques liés à la pathologie, les effets secondaires de traitement, et les réactions humaines physiques et psychologiques, oriente la formalisation d’un chemin clinique avec les cinq dimensions du soin : curative, préventive, éducative, de maintenance et de réadaptation. Les Retours d’expérience montrent que l’informatisation des Chemins Cliniques s’effectue le plus souvent à l’aide de protocoles intégrés sous forme de Diagramme de Gantt et/ou de questionnaires spécifiques. Sont présentées ci-dessous, les différentes modalités d’informatisation rencontrées avec leurs avantages et leurs inconvénients : Type Avantages Inconvénients Les activités ne sont souvent pas présentées dans l’ordre logique du chemin clinique => risque de ne pas Type 1 : Protocole respecter le chemin clinique d’activités générées dans Adapté à une majorité d’outils un Plan de soins informatiques existants (Diagramme de Gantt) Le plan de soins démarre le plus souvent à l’admission du patient dans le service, dès lors, il n’intègre pas les éléments préparatoires au séjour et au suivi après la sortie. Type 2 : Questionnaire sans Informations difficiles à visualiser pour lien ergonomique de les chemins cliniques complexes et/ou Saisie facilitée dans un Questionnaire basculement vers Plan de sur plusieurs jours, risque de rupture soins (Diagramme de Gantt) dans le circuit d’informations. Saisie facilitée avec un Questionnaire, À l’usage, l’ergonomie limitée du fait Type 3 : Questionnaire avec avec lien qui permet l’accès à la totalité de la nécessité de basculer en lien ergonomique de des informations à charge des patients et permanence du Questionnaire chemin basculement vers Plan de par conséquent de limiter les risques de clinique au Plan de soins (Diagramme soins (Diagramme de Gantt) rupture dans la prise en charge des de Gantt) patients.
Type Avantages Inconvénients Type 4 : Questionnaire avec Saisie rapide des données et visualisation liens dynamiques vers classique des données dans le Plan de Aucun chaque « activité » du Plan soins de soins (Diagramme de Gantt) 5.2. État des lieux/ phase de cadrage Sommaire L’établissement de santé en phase préalable à l’informatisation ou en phase de renouvellement du dossier patient informatisé (DPI) devra intégrer d’emblée l’informatisation des Chemins Cliniques dans le cahier des charges de sélection du DPI. Lorsque l’informatisation est envisagée à partir des chemins cliniques existants, la logique de traçabilité de la prise en charge des patients axée sur leur parcours sert de guide pour l’informatisation du dossier. L’ensemble des acteurs partage ainsi d’emblée un outil commun tant pour la planification que pour la traçabilité des actes. Lorsque l’informatisation d’un chemin clinique et d’un plan de soin type associé intervient après le déploiement du DPI, une analyse critique préalable est indispensable pour décider de l’abandon des outils redondants (listing d’actes standards par exemple) ou des outils inadaptés à un processus de soins pluridisciplinaire (par exemple menus déroulants de cibles 14 besoins fondamentaux ou diagnostics infirmiers). La prévision des liens doit également être envisagée dès le début (par exemple lien fonctionnel sans clics entre le plan de soins et la pancarte). Le chemin clinique peut alors être géré comme un outil de coordination et d’amélioration de la performance. La mise en œuvre d’un projet d’informatisation des Chemins Cliniques s’effectue en tenant compte de la situation de l’établissement au regard : de la maturité de son Dossier Patient Informatisé (DPI), de l’antériorité ou non de l’écriture sur support papier des Chemins Cliniques, de son actualité, de ses projets et de leur priorisation. Évaluation de la maturité du dossier patient informatisé (DPI) en vue de réaliser des Chemins Cliniques Les DPI ne disposent pas tous de la même richesse fonctionnelle. Les premières générations étaient souvent de simples transpositions du dossier patient sur support papier (recueil de données). Pour informatiser les chemins cliniques, le DPI doit non seulement permettre de tracer, restituer et analyser l’information, mais aussi de planifier et organiser la production de soins. Les fonctionnalités clés attendues sont les suivantes : un plan de soin (diagramme de Gantt) alimenté par les prescriptions, unique ou communicant, la possibilité de constituer un protocole (combinaison de plusieurs prescriptions) de médicaments, de soins... des transmissions ciblées avec liens vers d’autres outils du dossier patient informatisé, des fonctionnalités d’analyse (indicateurs, requêtes. ) idéalement un logigramme décisionnel. L’accessibilité de l’outil informatique en consultation externe est également un critère à prendre en compte. On remarque dans certains établissements, l’intérêt de prescrire le chemin clinique applicable directement dans l’outil informatique avant l’admission du patient. Les soins et les prescriptions médicamenteuses sont alors applicables dès le début du séjour, après évaluation clinique du patient par l’infirmière qui l’accueille. Clinique des Cèdres "Les protocoles en hospitalisation programmée sont majoritairement prescrits par les anesthésistes au moment de la consultation préanesthésique." Bien qu’elles ne soient pas réellement des fonctionnalités, il est important d’évaluer le degré de communication entre les modules du DPI, et l’ergonomie des fonctionnalités. Par exemple, une constante saisie dans un formulaire alimente-t-elle la pancarte ?, une action de soin associée à un risque et initiée dans une transmission ciblée est-elle également lisible dans le plan de soins avec le risque associé ?
Exemple CH Niort : AVC ischémique Illustration 2: Utilitaire de recherche des cibles par mot clé, pour un chemin clinique
Illustration 3: Les actions de soins attachées aux cibles sélectionnées du chemin clinique sont planifiées Illustration 4: Illustration du résultat de la planification des actions Force est de constater que les différents éditeurs n’ont pas évolué au même rythme. Après analyse des retours d’expérience, il apparaît toutefois que les Dossiers Patients Informatisés observés possèdent l’essentiel des fonctionnalités nécessaires au paramétrage des chemins cliniques. En effet nous constatons que la plupart des DPI hospitaliers disposent d’un plan de soins (Diagramme de Gantt) avec des fonctionnalités de paramétrage de protocoles et de gestion des transmissions ciblées, ce qui s’avère le plus souvent suffisant pour lancer la démarche. On relève néanmoins sur la plupart de ces mêmes DPI l’absence d’un module de requête, nécessaire à l’évaluation des outils et au suivi d’indicateurs. Il ressort des retours d’expérience que cette maturité du dossier patient informatisé a influencé les objectifs eux- mêmes. Dans les établissements rencontrés en plus des REX, les équipes n’ont pas toujours pu valider la faisabilité de l’informatisation des chemins cliniques, en raison de problèmes de communication entre les modules ou d’ergonomie insuffisante du DPI. Dans ces cas, des demandes d’évolution auprès de l’éditeur peuvent s’avérer nécessaires. Antériorité de l’écriture des Chemins Cliniques Dès lors que l’établissement a élaboré des Chemins Cliniques sur support papier, le premier travail de l’équipe projet consiste à paramétrer le DPI sur la base des protocoles de prise en charge existants. Dans le cas où les Chemins Cliniques n’ont pas été définis au préalable, leur élaboration peut s’effectuer avant ou même concomitamment au paramétrage dans le DPI, selon le choix de l’équipe projet. Clinique des Cèdres : Les chemins cliniques ont été élaborés directement dans le contexte de leur informatisation, ils n'ont pas fait l'objet d'une démarche de formalisation préalable. Les chemins cliniques sont donc décrits en fonction des besoins des praticiens, puis paramétrés après quelques échanges entre l'équipe projet, l'équipe médicale et paramédicale. Ils couvrent la prise en charge des patients de l'entrée à la sortie de l'établissement. L'informatisation des chemins cliniques a suivi le déploiement du DPI, avec une première phase de personnalisation de la prise en charge (le nom interne du chemin clinique) par pathologie par praticien. Puis est venue une phase d'homogénéisation, tous les praticiens utilisent alors le même chemin clinique pour la même pathologie. Exemple de la prise en charge des patients atteints de Pancréatite aiguë dans le service des urgences :
Le chemin clinique est paramétré sous forme des protocoles de prise en charge médicale et soignant. Le protocole est prescrit par l'urgentisre. Ils sont paramétrés avec des lignes pré-saisies pouvant être cochées ou décochées selon les besoins d'ajustement. Les protocoles sont générés dans le plan de soins sous forme de diagramme de Gantt. Ils intègrent des prescriptions des médicaments, des examens complémentaires, ainsi que des soins et surveillances à appliquer. Les écarts les plus fréquents sont prévus, paramétrés sous forme conditionnelle, et ainsi intégrés dans chaque chemin clinique. Actualité et projets de l’établissement (opportunités) L’actualité et les projets de l’établissement peuvent constituer des situations favorables à la mise en œuvre de projets d’élaboration de Chemins Cliniques et leur implémentation dans le DPI. Pour exemple, le lancement d’un projet de Réhabilitation Améliorée Après Chirurgie (RAAC), pour lequel l’écriture des chemins cliniques est systématisée. L’étude de faisabilité réalisée dans les établissements met en évidence deux points importants (on présuppose l’existence d’un réseau informatique performant et d’un financement des postes de travail déjà acquis) : La constitution d’une équipe pluriprofessionnelle Le financement de cette équipe pour en assurer la pérennité. L’informatisation des chemins cliniques combinant deux projets au cœur du métier d’un établissement de santé, les bénéfices attendus une fois l’objectif atteint doivent être importants, à confronter avec la gravité d’un évènement indésirable ou l’impact d’un dysfonctionnement, le tout au prix d’un effort de changement patent pour les utilisateurs. Une Analyse des Risques Projet, très formalisée ou non, accompagne dans les établissements de santé visités les choix proposés par l’équipe projet et portés par le management. 5.3. Gouvernance et sponsoring Sommaire Comme tous les projets impactant les organisations, l’informatisation des Chemins Cliniques nécessite : D’être porté par la Direction et le Président de CME, permettant d’induire une vraie culture du chemin clinique D’être présenté aux différentes Instances (CME, bureaux de pôles… ) De faire l’objet d’un plan de plan de communication institutionnel "La DSAP a souhaité promouvoir une démarche institutionnelle sur le management par la clinique au service du parcours patient. L'amélioration de la prise en charge du patient par une démarche mieux coordonnée entre médecins et soignants, qui garantit qualité et sécurité des soins, est un enjeu majeur pour nos organisations hospitalières...le raisonnement clinique partagé s'inscrit dans les 10 orientations du projet de soins 2015-2019 et plus spécifiquement à travers 4 axes : développer la coordination médecins-soignants pour une prise en charge efficiente s'inscrire dans une démarche continue d'amélioration de la qualité des soins et de prévention des risques évitables liés aux soins développer et formaliser les parcours de soins accompagner l'informatisation du dossier de soins La DSAP a saisi l'opportunité de l'informatisation du dossier patient et de la V2014, pour ancrer la collaboration médico-soignante dans une évolution de la culture de l'AP-HP et apporter une vision du changement des pratiques professionnelles" Françoise ZANTMAN, Directrice de la direction des soins et des activités paramédicales (DSAP) Magazine Transmissions dossier le raisonnement clinique partagé N°54 septembre 2016 Nous pouvons donc constater que nous n’en sommes qu’aux prémices de l’informatisation des chemins cliniques : la majorité des établissements visités a informatisé des chemins cliniques partiels qui ne suivent pas le parcours de soins complet des groupes homogènes de patients. Cette performance ne sera atteinte qu’avec une volonté institutionnelle de la direction et de la commission médicale d’établissement.
Le chemin clinique touche au cœur de métier des praticiens et paramédicaux; c’est le fondement d’une gouvernance clinique qui se doit d’apparaître dans un projet d’établissement afin de motiver l’ensemble des professionnels. CH Niort L'établissement a fait le choix d'un budget fort de formation continue sur le chemin clinique (priorisé également sur le plan de formation pluri-annuel), qui évolue vers une formation au plus près des services. Aujourd'hui, 1/3 des services de l'établissement sont dans la démarche avec des chemins cliniques papier construits. L'organisation du projet d'écriture des chemins cliniques est particulièrement structurée, et animée par deux cadres de santé. Clinique des Cèdres Toulouse L'un des déclencheurs de l'adhésion dans l'établissement de l'émergence d'une culture du chemin clinqiue semble avoir été la RAAC : elle a entraîné la recherche d'un consensus médical par spécialité et par prise en charge. Centre Oscar Lambret Lille Une partie de l'équipe actuelle était déjà présente lors des travaux réalisés en 2000 sur les chemins cliniques. Leur ténacité est à l'origine du projet d'informatisation qui a évolué sans cesse jusqu'à la gestion de requêtes pour identifier les écarts et les sorties du chemin clinique. L'ancienneté des cadres de soins dans l'établissement est un élément très favorable à la mise en oeuvre et à l'évolution des chemins cliniques et des outils associés. Les cadres de soins dans ce centre sont des cadres cliniciens qui, suite à une formation ont continué à accompagner la construction des plans de soins types et des chemins cliniques dans leur unité de soins, ce qui explique le nombre actuel d'outils construits. La volonté de la directrice des soins d'informatiser ces outils et la réussite dans les 2 services pilotes est un levier de motivation pour l'ensemble des équipes ; les témoignages des IDE que nous avons rencontrés sont très positifs. 5.4. Équipe projet Sommaire Indépendamment des fonctionnalités des logiciels de DPI, c’est la constitution de l’équipe et le cadencement du projet qui pourra faire la différence sur le périmètre et la maturité obtenus. Le projet d’informatisation des chemins cliniques est un projet pluriprofessionnel par essence. Il convient de ne pas confondre l’équipe dédiée à l’informatisation des chemins cliniques avec les équipes dédiées à la construction des chemins cliniques dans les différents services de spécialité. La composition de l’équipe projet « Informatisation des chemins cliniques » est similaire dans les différents établissements visités : elle est pluriprofessionnelle, et intègre des ressources dédiées au paramétrage des chemins cliniques dans le DPI, qui sont nécessairement des professionnels de santé. Le financement de cette équipe pour en assurer la pérennité. Lors du paramétrage du chemin clinique et des outils associés tels que le Plan de Soin Type (PST), il faut d’emblée prévoir leur ajustement régulier, issu soit d’une veille documentaire ou de l’évolution des recommandations des sociétés savantes, soit de l’analyse des écarts positifs ou négatifs réalisée à partir de requêtes. C’est une condition essentielle pour permettre aux équipes soignantes d’entrer dans une dynamique d’amélioration continue de la qualité et toujours conserver un niveau de sécurité dans les pratiques professionnelles. C’est l’un des motifs du maintien d’une équipe en phase d’exploitation. Composition de l’équipe projet : ressources permanentes Un chef de projet cadre de soin : pour les établissements ce choix favorise la cohérence entre les besoins d’usage pour les soignants et les contraintes informatiques. Les cadres de soin sont en plus à même de participer à la communication autour du projet dans l’ensemble de l’établissement. Cette ressource indispensable n’a été pourtant mobilisée à temps complet que le temps du déploiement et dans un seul établissement, et est donc sur le projet à temps partiel (50 à 80%) dans les autres expériences. Une équipe de paramétrage composée de professionnels de santé, le plus souvent plusieurs IDE, à temps partiel. L’implication directe et continue d’un praticien n’est rencontrée qu’une seule fois, à temps partiel. Le temps partiel affecté aux ressources permanentes n’est pas décrit comme un manque. En effet le lien avec les utilisateurs est renforcé et les établissements sont bien dans un projet en lien fort avec les usages et leur cœur de métier. Et bien sûr des responsables Système d’Information
Composition de l’équipe projet : ressources ponctuelles la Direction de l’établissement et la CME doivent mettre des ressources supplémentaires à disposition, de façon ponctuelle et ciblée selon les besoins du projet. On trouve : Un praticien (au moins un par UF) Des soignants non médecins des UF et des Unités Techniques (bloc, soins critiques, urgences…) Un pharmacien Des soignants non médecins et non IDE : AS, kinésithérapeutes, orthophonistes, psychologues… Des membres des fonctions supports et administratives Responsables Qualité et Risque Point d’attention (rappel) Trois des établissements visités sont restés en mode projet depuis plusieurs années, un seul est passé en mode routine. L’impact financier et organisationnel d’un tel projet est donc important et durable : Impact financier : le financement des personnes ressources, permanentes et ponctuelles, doit faire réfléchir à l’opportunité de regrouper en une seule équipe projet les ressources pour écrire les chemins cliniques et celles pour les informatiser. Ce d’autant que le mode routine ne pourra s’accompagner automatiquement d’une diminution importante du coût de l’équipe. Un seul établissement a fait ce choix, mais c’est aussi celui qui a informatisé le plus de chemins cliniques (plusieurs centaines) et peut en attendre le plus de production de valeur (aide au passage à la Réhabilitation Améliorée Après Chirurgie –RAAC- et à l’Ambulatoire par exemple). La présence d’un praticien dans l’équipe permanente a un coût organisationnel (ressource rare) et financier important. Ce choix est appuyé sur les objectifs fixés du projet d’informatisation de l’établissement, notamment la volonté ou non d’intégrer les prescriptions médicamenteuses au PST et la recherche d’harmonisation rapide ou non des pratiques. L'équipe projet, par la participation à l'évolution de l'écriture et du paramétrage des chemins cliniques, doit être à même d'accompagner les modifications organisationnelles de l'ES et de son environnement, les modifications de bonnes pratiques. Quand des requêtes sont possibles pour connaître et analyser les sorties de chemin clinique (un seul établissement visité), l’équipe doit être aussi en capacité de proposer la révision des chemins cliniques et d'en assurer le paramétrage. Des liens réguliers avec la CME et l’équipe de Direction sont nécessaires (groupe de travail CME, participation au CODIR par exemple). 5.5. Gestion de projet : Particularités Sommaire Implémenter les chemins cliniques dans le dossier patient informatisé (DPI) implique une démarche programmatique atypique, car il s’agit souvent de la jonction de deux programmes : o Choisir, concevoir, déployer et utiliser les chemins cliniques en routine dans l’établissement o Informatiser le dossier patient La phase d’informatisation des chemins cliniques, suivie de leur déploiement est cadencée à un rythme propre à chaque établissement. Elle impose néanmoins d’enchaîner rapidement du mode déploiement au mode routine, voire dans les structures visitées d’avoir certaines UF ou certains chemins cliniques en mode déploiement, et d’autres en mode routine de façon simultanée. C’est un programme à part entière : les chemins cliniques sont la description et ensuite le support du cœur de métier d’un établissement (prendre soin d’un patient quel que soit son parcours). Leur évolutivité découle de la réévaluation des bonnes pratiques, des évolutions organisationnelles, de la boucle d’amélioration après étude des sorties de chemin clinique, et rend le mode routine particulièrement dynamique. Cette démarche peut s’appréhender soit en cycle court (démarche Agile), soit en cycle long (dit cycle en V, démarche classique des projets informatiques). En l’occurrence, comme il ne s’agit pas de développer des nouvelles fonctionnalités, mais de les paramétrer et les utiliser, les cycles courts semblent plus pertinents. La distinction entre une démarche Agile et une démarche classique dans le contexte de l’informatisation des chemins clinique se place dans l’enchaînement séquentiel entre la conception et la réalisation, c’est-à-dire de l’écriture des chemins cliniques à leur traduction dans les outils du DPI. En effet, aucun des établissements rencontrés n’a attendu de concevoir tous les chemins cliniques pour tous les informatiser, et tous les déployer. Pour tous, a
contrario, chaque chemin clinique est vu comme un mini-projet, avec une étape de conception (écriture), une étape d’informatisation, puis de validation avant déploiement et le début de la phase d’exploitation. Dans son principe, la démarche Agile s’appuie sur une grande proximité paramétreur-utilisateur et une boucle rétroactive courte qui permet d’adapter très rapidement les outils au contexte d’utilisation. Nous utiliserons donc le terme Agile pour distinguer ceux des projets pour lesquels conception et paramétrage des chemins cliniques sont quasi-simultanés et le terme de séquentiel pour les autres. Clinique des Cèdres La méthode de déploiement utilisée est de type Agile, avec des cycles évolutifs, très adaptée à l'initialisation, car elle favorise par la réactivité qu'elle apporte, l'adhésion des utilisateurs aux outils proposés. Pour le futur, avec le nombre de chemins cliniques réalisés et en cours d'utilisation, le groupe projet envisage une démarche plus construite, tout en conservant de la réactivité pour intégrer des évolutions externes, comme une recommandation de société savante, par exemple. Cycle long Cycle court CH Moulins Izeure Établissements CLCC Oscar Lambret Clinique des Cèdres (Capio) CH Niort Tous types (chemins cliniques diagramme de Gantt Tous types, mais avec regroupement des prescriptions médicales et utilisation faible des paramédicales dans le plan de soins, liens avec les transmissions ciblées Types de chemins cliniques transmissions ciblées si écarts du chemin clinique), Pas d'outils de parcours Pas d'outils de Parcours (PERT) (PERT) Oui, avec formalisation d'un Plan de soin type et Travail sur les chemins cliniques ensuite du chemin clinique (liens risques et actions) déjà lancé avant le dossier Non construit par une équipe pluridisciplinaire et validé par patient informatisé (DPI) le corps médical Étape dans le projet lors de la Mode routine sur Déploiement en cours, voire pilotes visite l'ensemble des UF PST infirmiers et aides-soignants Utiliser les transmissions ciblées pour argumenter les écarts et sorties de chemins cliniques et planifier PST toutes Objectifs principaux l'ajustement des actions administrations et soins Requête et qualité à Oscar Lambret Implication de médecin dans le Non, cependant la participation des médecins existe paramétrage et le déploiement Oui toujours dans le travail réalisé avant le paramétrage du DPI et des chemins cliniques Implication de cadre de soin dans le paramétrage et le Oui Oui déploiement du DPI et des chemins cliniques Implication d’IDE ou d’ASQ dans le paramétrage et le Oui Oui déploiement du DPI et des chemins cliniques
5.6. Communication projet : vers une culture du chemin clinique Sommaire La formalisation des chemins cliniques est récente en France malgré les recommandations de la haute autorité de santé publiées en 2004. Pour les équipes soignantes comme médicales, la culture du chemin clinique est donc nouvelle, et son acquisition nécessite une formation adaptée. Cette première étape de communication, qui touche d’abord les équipes en charge de la conception « papier » des chemins cliniques, sera progressivement étendue. En effet, l’informatisation des chemins cliniques est un levier majeur de diffusion de cette culture émergente, ce qui en fait un projet dont la communication sera particulièrement soutenue. L’enjeu est fort d’une communication structurée, à l’échelle de l’établissement, notamment auprès de la DSIO avec qui l’équipe « métier » va partager les enjeux de l’informatisation. On distingue trois étapes majeures : La conception, où la communication peut se faire notamment via les formations « métier », et touchera principalement les équipes soignantes, les médecins étant sollicités a minima pour validation, L’informatisation, qui concrétise la démarche et l’implante dans le mode de fonctionnement de l’établissement, où la communication vise essentiellement la DSIO et les utilisateurs du DPI nouvellement paramétré, L’évaluation des résultats en vie courante, qui instaure un cycle régulier de réévaluation, et permet d’étudier et mesurer la valeur apportée par les chemins cliniques informatisés, où la communication touchera plus largement les acteurs de l’établissement. Les cibles, dont la sollicitation pourra varier selon les étapes et l’ampleur du projet, sont : la direction de l’établissement, la direction administrative et financière, les ressources humaines, la direction des systèmes d’information, les médecins et les soignants. Les équipes médicales et paramédicales qui ont concrétisé les chemins cliniques ont été le plus souvent accompagnées par une formation. Dans les 7 établissements visités, 6 ont effectivement suivi ces étapes : formations avec production de plans de soins types, chemins cliniques et parfois guides de séjours en outils papier puis démarche de communication auprès du service informatique pour informatiser ces outils. Un second enjeu de communication concerne le corps médical, dont la contribution est essentielle à la validation des chemins cliniques conçus par les équipes métier, et incontournable au moment de la mise en œuvre des chemins cliniques informatisés. Dans les expériences recueillies, les médecins ont participé à la validation définitive des chemins cliniques et des plans de soins types, mais le constat est que ces médecins ne prescrivent pas le chemin clinique complet lorsqu’il est informatisé dans le DPI. La prescription partielle est réalisée par l’IDE (soins du rôle propre) et les thérapeutiques protocolisées ou individuelles sont prescrites par le médecin. Dans un des établissements, les chemins cliniques ont été directement paramétrés suite aux consensus médicaux, sans la formalisation d’un Plan de Soin Type au préalable. Dans cet établissement la prescription des chemins cliniques est faite par les médecins. Centre Oscar Lambret Lille La prescription médicale n'est pas encore mise en oeuvre dans les chemins cliniques au moment de la visite. Les praticiens sont toutefois étroitement liés au processus de construction des chemins cliniques et des plans de soins types. La Directrice des soins doit évoquer ce point avec le président de la CME. CH Niort Les Chemins Cliniques sont une priorité institutionnelle dans le projet de soins 2013-2017. Pour ce projet d'abord axé sur les soins, l'adhésion des équipes médicales est anticipée sur l'intérêt de la démarche. Les utilisateurs des chemins cliniques sont essentiellement les IDE et les AS, et dans une moindre mesure les praticiens (chirurgiens, anesthésistes) pour lesquels des protocoles ont été créés. L'IDE prescrit le chemin clinique à l'arrivée du patient. Clinique des Cèdres Toulouse Les chemins cliniques sont écrits en fonction des besoins décrits par les praticiens, puis paramétrés après quelques échanges entre l'équipe projet, l'équipe médicale et paramédicale. Les médecins et les IDE sont les principaux utilisateurs des chemins cliniques (tous informatisés), mais ils peuvent être utilisés par les fonctions supports, mobilisées par le biais des prescriptions médicales contextualisées/mises en oeuvre dans le chemin clinique. Parmi les médecins, les prescripteurs incontournables sont les anesthésistes, au coeur du processus de prise en charge chirurgicale (pour l'activité programmée et dans le cas des diagnostics réalisés). On note toutefois l'intérêt de l'équipe des Urgences pour les chemins cliniques séquentiels comme complets. La diffusion encore récente de la culture du chemin clinique fait que dans les établissements de santé, le dossier patient informatisé (DPI) s’est le plus souvent déployé avec le paramétrage des outils utilisés dans le dossier papier
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