Infertilité masculine: mécanismes, causes et exploration - Société Francophone du Diabète

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Infertilité masculine: mécanismes, causes et exploration - Société Francophone du Diabète
atelier Infertilité masculine

Infertilité masculine:
mécanismes, causes et exploration
Jacques Young
                                                                                               Mots clés : azoospermie,
                                                                                               spermogramme, caryotype, Klinefelter,
                                                                                               hypogonadisme, microdélétion,
                                                                                               chromosome Y, agénésie bilatérale des
                                                                                               déférents

Introduction                                   Mécanismes de l’infertilité
                                                                                               ponsable, à partir de l’âge de la puberté,
                                               masculine
                                                                                               de la virilisation (développement adulte
    L’infertilité du couple est, par sa fré-       Les infertilités masculines peuvent être    de la verge et masculinisation en général)
quence et l’impact sur la qualité de vie,      expliquées par 3 principaux mécanismes          et de l’apparition du désir sexuel (libido).
un problème important de Santé Publique.       dont la fréquence est inégale (https://         La synthèse de testostérone est sous la
Sa prévalence exacte est difficile à établir   www.auanet.org/common/pdf/education/            dépendance de la gonadotrophine hypo-
du fait du manque de données précises          clinical-guidance/Male-Infertility-b) :         physaire LH. La fonction exocrine assure
à l’échelle planétaire. Mais un certain        1) Un hypogonadisme hypogonadotrope             la production de spermatozoïdes matures.
nombre d’études estiment que le nombre         sévère qui empêche ou interrompt l’acti-        Elle a lieu dans le tube séminifère sous
de couples infertiles à travers le monde       vation testiculaire nécessaire à la produc-     la dépendance obligatoire et concomi-
atteindrait des valeurs comprises entre 50     tion de spermatozoïdes : il s’agit là d’une     tante des deux gonadotrophines hypophy-
et 130 millions [1-3]. Au sein d’un couple,    cause dite «pré-testiculaire»; 2) Des mala-     saires. FSH stimule directement la cellule
l’infertilité peut être d’origine exclusi-     dies primitivement testiculaires altérant le    de Sertoli (CS) mais LH agit aussi sur la
vement féminine ou masculine mais être         déroulement de la spermatogenèse. 3) Des        CS : elle le fait de manière indirecte en
aussi, souvent, la conséquence d’une           affections ou lésions empêchant l’évacua-       stimulant la production locale de testos-
hypofertilité des 2 membres du couple qui,     tion des spermatozoïdes en dehors du tes-       térone qui agit, de façon paracrine, sur le
par synergie, altére leur capacité à pro-      ticule, causes dites «post-testiculaires» ou    récepteur aux androgènes exprimé dans
créer. La contribution de l’homme dans         par obstacle.                                   les CS. Cette double influence hormo-
l’infertilité d’un couple est très variable,       A côté de ces principaux mécanismes,        nale entraîne une prolifération puis une
de totale à partielle. Une composante mas-     il reste des infertilités masculines dites      maturation des CS [4]. Les CS stimulées
culine serait en cause dans 20 à 70% des       « idiopathiques » où l’étiologie est diffi-     vont à leur tour déclencher la production
cas en fonction des séries [3]. Ces simples    cile à identifier avec les outils diagnos-      locale de messagers (facteurs de trans-
données expliquent pourquoi l’évalua-          tiques actuels mais qui relèvent possible-      cription... etc) qui activent, par un méca-
tion de l’homme doit être, non seulement       ment d’un des mécanismes ci-dessus.             nisme paracrine, la lignée germinale.
systématique mais aussi très soigneuse,                                                        Grâce à cette double stimulation hormo-
et cela dans tous les cas d’infertilité du     Causes «pré-testiculaires»                      nale (FSH+LH), se met en place la mul-
couple, y compris si la femme semble, à                                                        tiplication et le renouvellement des cel-
première vue, la principale responsable.           La fertilité masculine suppose qu’un        lules souches (spermatogonies) puis leur
De la même manière, même si la cause de        homme soit capable à la fois de produire        différenciation en spermatocytes qui les
l’infertilité du couple semble être essen-     des spermatozoïdes et d’avoir une vie           conduit successivement aux divisions
tiellement masculine, une exploration          sexuelle normale. Ces deux conditions           méiotiques puis à la différentiation ter-
de la partenaire sera systématique pour        dépendent de l’intégrité des fonctions tes-     minale en spermatozoïdes matures (sper-
déceler une anomalie non apparente. Il ne      ticulaires endocrine et exocrine, contrôlées    miogenèse) et enfin à leur excrétion dans
faut pas non plus oublier que l’âge de la      par les gonadotrophines hypophysaires.          la lumière des tubes séminifères (sper-
conjointe est un élément essentiel du pro-     La fonction testiculaire endocrine com-         miation) [5]. On comprend ainsi que tout
nostic même quand la responsabilité mas-       prend la synthèse des stéroïdes sexuels         déficit profond en gonadotrophines hypo-
culine est déterminante.                       par les cellules de Leydig. Elle est res-       physaires, quelle qu’en soit la cause

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atelier

 (Tableau 1), puisse à la fois être respon-       Tableau 1. Étiologie des hypogonadismes hypogonadotrophiques congénitaux (HHC)
 sable d’un hypogonadisme et d’une infer-               et acquis (HHA) responsables d’infertilité par atteinte pré-testiculaire.
 tilité par interruption de la production tes-    Hypogonadismes hypogonadotropes congénitaux (HHC)
 ticulaire de spermatozoïdes [6-8]. Parmi         • HHC normosmique isolé
 ces nombreuses causes, signalons tout              - Mutations de GNRH1, GNRHR, KISS1, KISS1R, TAC3, TACR3
 particulièrement, le dopage, par utilisa-        • Syndrome de Kallmann (= HHC + anosmie/hyposmie)
 tion de testostérone et/ou de stéroïdes ana-       - Mutations de KAL1 (ANOS1), FGFR1, FGF8, PROK2, PROKR2, WDR11, CHD7, SEMA3A,
 bolisants chez les sportifs ou les «body-           SOX10, FEZF1, IL17RD, FGF17
 builders». Ces stéroïdes inhibent, par           • Hypopituitarisme congénital (interruption de tige et autres...)
 rétrocontrôle négatif, les gonadotro-
 phines hypophysaires ce qui conduit à            Hypogonadismes hypogonadotropes acquis (HHA)
 une azoospermie avec hypotrophie testi-          • Tumeurs de la région hypothalamo-hypophysaire
 culaire en cas d’utilisation prolongée et à        - Crâniopharyngiome
 fortes doses. Hormis ces cas de dopage,            - Adénomes hypophysaires
 les hypogonadismes hypogonadotropes                - Dysgerminomes, gliomes
 peuvent être diagnostiqués par la baisse
                                                  • Processus infiltratifs hypothalamo-hypophysaires
 simultanée de la testostérone et des gona-         - Hémochromatose juvénile et post trasfusionnelle
 dotrophines LH et FSH [6-8].                       - Hypophysite ou infundibulite
                                                    - Sarcoïdose
 Causes testiculaires                               - Histiocytose

     La production quantitativement et            • Iatrogéniques et traumatiques
 qualitativement normale de spermato-               - Chirurgie de la région hypothalamo-hypophysaire
 zoïdes à partir des cellules souches sper-         - Radiothérapie hypophysaire ou encéphalique
 matogoniales est aussi, indépendamment             - Traumatisme crânien
 de sa régulation hormonale, un processus
                                                  • Fonctionnels
 extrêmement complexe et vulnérable [6].            - Hyperprolactinémie
 Des maladies très nombreuses et variées            - Carence nutritionnelle (anorexie mentale, maladies chroniques, activité physique
 peuvent l’affecter (Tableau 2). La sper-            excessive)
 matogenèse fait intervenir l’expression            - Hypercortisolisme, tumeurs féminisantes
 testiculaire d’un nombre considérable de           - Causes médicamenteuses (androgènes, anabolisants, oestroprogestatifs, agonistes de la
 gènes dont seule une poignée est à ce jour          GnRH, corticoïdes)
 connue pour être impliquée comme cause             - Bloc en 21 hydroxylase avec sécrétion excessive de progestérone et de
 génétique de certaines infertilités mascu-          17-OH-progestérone
 lines [6, 9]. Des mutations ou des délé-
 tions de certains de ces gènes peuvent
 ainsi être responsables d’une altération de
 la spermatogenèse suite à une interruption      et AZFc où se trouvent de nombreuses             qui empêchent la stimulation des cellules
 d’une ou de plusieurs étapes de la cascade      séquences d’ADN répétées qui prédis-             de Sertoli par cette gonadotrophine [13],
 conduisant à la formation d’un spermato-        posent à la survenue de délétions [9-12].        ou encore les mutations de TEX11, un gène
 zoïde haploïde à partir d’une spermatogo-       Celles-ci entraînent la perte d’un nombre        situé dans le chromosome X et impliqué
 nie diploïde. Parmi les anomalies géné-         variable de gènes nécessaires à la produc-       dans la méiose des cellules germinales [14].
 tiques les plus fréquentes et les mieux         tion des spermatozoïdes. Les micro-délé-             La spermatogenèse testiculaire peut
 connues, citons les micro-délétions du          tions les plus fréquentes concernent la          être aussi être directement et drastique-
 bras long du chromosome Y (Figure 1)            région AZFc. Elles toucheraient près d’un        ment affectée par des anomalies chro-
 qui sont trouvées chez plus de 10% des          homme sur 2300 [9-12]. Elles sont à l’ori-       mosomiques touchant les gonosomes
 hommes avec azoospermie non obstruc-            gine d’une perte plus ou moins impor-            (chromosomes sexuels X ou Y) ou les
 tive et chez près de 5% des hommes avec         tante des 4 copies du gène DAZ (Delete           autosomes [9, 15, 16]. Ainsi, dans le syn-
 oligospermie extrême [9-12]. Ces micro-         in AZoospermia) qui sont nécessaires,            drome de Klinefelter (SK) le chromosome
 délétions entraînent des pertes, plus ou        dans leur ensemble, à la spermatogenèse.         X surnuméraire induit une altération du
 moins importantes, de la région située en       D’autres causes monogéniques très rares          renouvellement des cellules souches sper-
 Yq11 appelée AZF (pour AZoospermia              altérant la spermatogenèse ont été mises         matogoniales et une apoptose des sperma-
 Factor) (Figure 1). Dans cette région sont      en évidence (Tableau 2). Citons les excep-       togonies, ce qui provoque une interruption
 situés 3 locus appelés AZFa (comprenant         tionnelles mutations du récepteur de la          précoce de la spermatogenèse à un stade
 les gènes USP9Y et DBY/DDX3Y), AZFb             FSH, découvertes il y a près de 20 ans et        pré-méiotique [17]. Le SK est une cause

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         Tableau 2. Infertilités masculines par anomalie testiculaire d’origine
                       chromosomique, génétique ou lésionnelle.
 Chromosomiques
   Klinefelter (XXY)
   Anomalies du chromosome Y (Y isodicentrique)
   Hommes XX (SRY + ou -)
   Translocations et inversions

                                                                                                                      AZFa
 Génétiques                                                                                                                       P8
   Microdélétions du bras long du chromosome Y (régions AZF)
   Insensibilité très partielle aux androgènes (MAIS)                                                                             P7
                                                                                                                                  P6
   Mutation du récepteur de la FSH
   Mutation de TEX11                                                                                                              P5
                                                                                                                                  P4

                                                                                                                     AZFb
 Lésions testiculaires congénitales                                                                                               P3
                                                                                                                                  P2
   Cryptorchidie

                                                                                                                     AZFc
                                                                                                                                  P1
   Dysgénésies gonadiques à phénotype masculin

 Anomalies qualitatives des spermatozoïdes
   Globozoospermie
   Syndrome de Kartagener (cils immobiles)
   Macrocéphales

 Lésions acquises
                                                                                                   Figure 1. Vision schématique du chromosome
   Traumatisme scrotal                                                                             Y avec les régions AZF. Des micro-délétions
   Orchidectomie                                                                                   entraînent des tableaux d'azoospermie sécrétoire
   Torsion testiculaire                                                                            (AZFa, AZFb, AZFc) ou des oligospermies
   Oreillons                                                                                       extrêmes (AZFc).
   Orchites infectieuses
   Radiothérapie                                                                                   dans le cadre plus complexe d’une anoma-
   Chimiothérapie                                                                                  lie globale du développement sexuel, est
   Inclusions surrénaliennes intra-testiculaires (Bloc 21-hydroxylase classique)                   associée, lorsqu’elle est sévère et bilaté-
                                                                                                   rale, à des atteintes partielles (oligosper-
 Idiopathiques                                                                                     mie) ou complètes (azoospermie) de la
    Oligospermies, oligoa-asthénos-tératospermie                                                   spermatogenèse [19]. La cryptorchidie est
                                                                                                   un symptôme dont les causes peuvent être
 Causes supposées                                                                                  multiples, associant de façon variable des
   Varicocèle (stade 3)                                                                            composantes génétique, développemen-
   Auto-immunes                                                                                    tale et environnementale (19). On ne sait
                                                                                                   pas encore clairement si la cryptorchidie
                                                                                                   est directement responsable de l’altéra-
majeure d’infertilité masculine puisque            vaccinale, peuvent se compliquer d’une          tion de la spermatogenèse ou si l’ectopie
trouvée chez près de 15% des hommes                orchido-épididymite parfois bilatérale          testiculaire et l’atteinte de la production de
azoospermiques [18]. Au plan phénoty-              avec comme séquelle, lorsqu’elle survient       spermatozoïdes sont simplement les deux
pique, le SK est associé à une hypotrophie         chez l’adulte, une altération sévère de la      facettes d’une même maladie testiculaire
testiculaire majeure et parfois à un hypo-         spermatogenèse pouvant aller jusqu’à            «dysgénétique».
gonadisme avec gynécomastie [15].                  l’azoospermie et l’atrophie testiculaire.
    A côté des causes génétiques et chro-          Les traumatismes testiculaires de toute         Causes «post-testiculaires» par obstacle
mosomiques, la spermatogenèse peut être            nature (traumatisme scrotal, torsion tes-       des voies excrétrices
affectée considérablement et directement           ticulaire...) peuvent aussi provoquer une
par des agressions physiques, chimiques et         altération profonde de la spermatogenèse.           Pour pouvoir féconder naturellement
infectieuses. Rappelons certaines chimio-          Citons aussi les stérilités consécutives à      un ovocyte expulsé dans les trompes après
thérapies anticancéreuses, la radiothérapie        des orchidectomies pour cancer testicu-         l’ovulation, les spermatozoïdes produits
touchant la sphère pelvienne/scrotale. Les         laire qui posent, de façon aiguë, le pro-       dans le testicule doivent être mobiles, tra-
oreillons, maladie qui émerge à nouveau            blème de la préservation de la fertilité.       verser l’ensemble des voies excrétrices
du fait de la diminution de la couverture              La cryptorchidie, qu’elle soit isolée ou    masculines et finalement être déposés

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 Figure 2. Vue anatomique schématique du trajet suivi par les spermatozoïdes depuis la libération dans la lumière des tubes séminifères jusqu'a l'expulsion lors de
 l'éjaculation.

 dans le vagin après éjaculation lors d’un                rete testis, en cas de processus expansif au             et les ligatures involontaires des déférents
 rapport sexuel (Figure 2A et 2B).                        niveau du hile testiculaire, comme dans le               lors de chirurgies pour hernie inguinale.
     Après leur libération dans la lumière                cas des inclusions surrénaliennes intra-tes-             Enfin tout processus infectieux des voies
 des tubes séminifères pendant la sper-                   ticulaires observées chez certains hommes                excrétrices peut potentiellement entraîner
 miation, les spermatozoïdes produits                     porteurs de formes classiques de bloc en                 des lésions suivies de séquelles à type obs-
 convergent vers les le rete testis au niveau             21 hydroxylase [20]. Une cause majeure                   tacle même si leur prévalence est discutée
 du hile testiculaire. Ils se dirigent ensuite,           d’obstacle post-testiculaire est l’agénésie              dans la littérature. Elles concerneraient
 via les canaux efférents, vers la tête de                bilatérale des canaux déférents (ABCD)                   particulièrement les canaux éjaculateurs
 l’épididyme où ils confluent vers le canal               [21]. Il s’agit d’une maladie génétique                  situés au niveau prostatique.
 épididymaire qui traverse le corps de l’épi-             autosomique récessive fréquente (http://
 didyme pour ensuite donner naissance au                  www.cftrscience.com) liée à des muta-                    Infertilités masculines idiopathiques
 canal déférent au niveau de la queue de                  tions bi-alléliques du gène CFTR (Cystic
 l’épididyme (Figure 2A et B). Les défé-                  Fibrosis Transmembrane Conductance                           Elles seraient à l’origine de près
 rents traversent le canal inguinal pour se               Regulator) qui est aussi responsable de                  de 50% des infertilités [3, 9]. Il s’agit
 diriger, au niveau prostatique, vers les                 la mucoviscidose. Cette dernière maladie                 d’hommes ayant une fonction gonado-
 canaux éjaculateurs qui naissent après la                qui affecte le poumon, les glandes sudo-                 trope normale et chez qui l’exploration
 jonction des vésicules séminales (Figure                 ripares, le tube digestif et le pancréas est             des voies excrétrices n’a pas permis de
 2B). Au moment de l’éjaculation, l’en-                   provoquée par la présence de 2 mutations                 mettre en évidence d’obstacle. Chez
 semble du liquide séminal, comprenant les                sévères de CFTR alors que l’ABCD iso-                    ces patients le caryotype et les explo-
 spermatozoïdes et les sécrétions des vési-               lée est la conséquence d’une mutation                    rations génétiques de première ligne
 cules séminales et prostatiques est conduit              sévère associée à une mutation mineure                   ne montrent pas d’anomalie (voir plus
 vers l’urètre prostatique après passage                  de CFTR. Etant donné la très grande fré-                 loin). Les altérations de la spermatoge-
 dans les canaux éjaculateurs. La fermeture               quence des porteurs asymptomatiques                      nèse testiculaire sont fréquentes, ce qui
 concomitante du sphincter vésical asso-                  (près de 1/30) dans la population générale               suggère une maladie primitivement tes-
 cié à un péristaltisme des muscles lisses                française, une anomalie de CFTR chez la                  ticulaire. Il est possible que bon nombre
 assure l’expulsion du liquide séminal vers               partenaire d’un patient avec ABCD sera                   de ces atteintes de la spermatogenèse
 l’urètre pénien puis à travers l’orifice du              systématiquement recherchée dans le                      soient d’origine génétique (peut être
 méat urétral.                                            cadre du conseil génétique.                              aussi épigénétique) soit par des méca-
     Tout ce cheminement peut être le siège                   Parmi les obstacles post-testiculaires,              nismes monogéniques classiques soit
 d’obstacles (Tableau 3). Ils peuvent être                il faut citer les ligatures volontaires des              par des mécanismes oligogéniques ou
 testiculaires (c’est rare) : au niveau du                déférents pratiquées lors des vasectomies                multigéniques.

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           Tableau 3. Infertilités masculines par anomalie "post-testiculaire"
 Génétiques
   • Agénésie bilatérale des canaux déférents par mutation du gène CFTR, aussi responsable
     de la mucoviscidose (sans malformation rénale)
   • Agénésie des déférents avec agénésie rénale unilatérale
   • Syndrome de Young (sinusites, infection pulmonaires, et azoospermie, CFTR normal)

 Acquises
   • Compression du rete-testis
     - inclusions surrénaliennes intra-testiculaires (Bloc 21-hydroxylase)
     - infectieuses
   • Obstruction idiopathique de l'épididyme
   • Obstruction des canaux déférents
   - Post vasectomie volontaire
   - Cure chirurgicale d'hernie inguinale avec ligature des déférents
   • Obstruction des canaux éjaculateurs (infectieuse)                                              Figure 3. Orchidomètre de Prader permettant
   • Anomalies fonctionnelles de l'éjaculation                                                      d'évaluer le volume testiculaire en consultation
     - Neuropathie diabétique
     - Traumatisme de la moelle épinière                                                            génitaux internes, à condition que cet exa-
     - Sclérose en plaques                                                                          men morphologique soit réalisé par des
     - Lésions neurologiques chirurgicales par curage ganglionnaire retro-péritonéal                radiologues ou urologues experts.

                                                                                                    Le spermogramme
   Exploration initiale                            gynécomastie, un aspect gynoïde ou une
                                                   diminution de la pilosité et des masses              Il est l’examen clé d’un homme sus-
Interrogatoire                                     musculaires.                                     pecté d’infertilité et doit être obligatoire
                                                       Un examen orienté et soigneux de la          devant toute infertilité du couple, qu’elle
    Il vise à recueillir des données du passé      verge, de la région pelvienne et inguinale       soit supposée d’origine féminine ou mas-
familial ou personnel en faveur de causes          et du contenu intra scrotal sera réalisé. Il     culine [22]. Il faut expliquer à un patient
évidentes d’infertilité. Au niveau familial,       vise essentiellement à évaluer le volume         non averti que cet examen nécessite de
il peut s’agir d’autres cas chez des appa-         testiculaire qui est un élément clé du dia-      réaliser une masturbation au laboratoire.
rentés. Au niveau personnel, l’ensemble            gnostic et peut aussi avoir un impact pro-       Ce laboratoire doit être accrédité pour
des antécédents pathologiques pouvant              nostique. Cette évaluation est facilitée         la réalisation de cet examen de façon
prédisposer à une altération de la fertilité       par l’utilisation d’un orchidomètre de           à garantir sa fiabilité. Une abstinence
seront notés (traitement de cancers, chirur-       Prader (Figure 3). La consistance des tes-       sexuelle de 3 jours est demandée avant sa
gie de la sphère génitale). On recherchera         ticules est notée. Les testicules doivent        réalisation. Il est de même recommandé de
une éventuelle consanguinité. La sexualité         être fermes et une diminution de la fer-         ne pas faire cet examen pendant ou dans
du couple sera aussi évaluée systématique-         meté témoigne souvent d’une maladie tes-         les 3 mois qui suivent une affection inter-
ment pour écarter des dysfonctionnements           ticulaire. La taille et la morphologie de        currente qui pourrait altérer la qualité sper-
évidents et, chez l’homme, on dépistera un         la verge sont précisées pour écarter toute       matique de façon non spécifique et réver-
trouble de l’érection ou l’absence d’éja-          anomalie, par exemple un micropénis ou           sible. Les principaux paramètres mesurés,
culation. L’interrogatoire cherchera toute         un hypospadias. On cherche systématique-         avec leur valeurs normales de référence
prise médicamenteuse pouvant perturber             ment des cicatrices au niveau des organes        établies par l’OMS [23], sont indiqués
la fertilité en particulier des traitements        génitaux et des orifices inguinaux (inter-       dans le Tableau 4 ainsi que les princi-
inopinés par des androgènes ou des anabo-          vention pour cryptorchidie ou cure chirur-       pales anomalies observées. Les éléments à
lisants.                                           gicale d’hernie). Lorsqu’on a l’habitude         prendre en considération en première ligne
                                                   de l’examen clinique de la sphère géni-          sont tout d’abord la concentration sper-
Examen clinique                                    tale masculine on cherche un varicocèle          matique, mais aussi le volume de l’éja-
                                                   important, on vérifie la présence et l’inté-     culat, le pourcentage de spermatozoïdes
    Il vise tout d’abord à vérifier le bon         grité des canaux déférents et l’intégrité du     vivants (vitalité) et mobiles (mobilité).
développement pubertaire et à écarter              corps de l’épididyme. Les médecins moins         L’analyse morphologique des spermato-
toute maladie, anomalie ou malforma-               expérimentés dans ce domaine peuvent             zoïdes permet d’évaluer le pourcentage
tion générale. On cherchera des signes             vérifier l’intégrité de ces structures grâce     respectif de formes normales et anor-
cliniques d’hypogonadisme comme une                à l’échographie du scrotum et des organes        males. Si ces dernières sont très augmen-

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                     Tableau 4. Valeurs normales du spermogramme                                   acquises suite à un déficit gonadotrope
                             selon l’OMS (modifié en 2010)                                         ou une agression physique, chimique ou
     Paramètre        Valeurs normales                 Définition de l’anomalie                    infectieuse du testicule que secondaires à
                                                                                                   des anomalies chromosomiques ou géné-
     Volume           1,5 à 6 mL                       < 1,5 mL à hypospermie                      tiques. Une OAT n’est pas, en soi, un dia-
                                                       > 6 mL à hyperspermie                       gnostic mais simplement un symptôme
                                                                                                   qui nécessite une enquête étiologique.
     pH               7,2 - 8                                                                          La présence de leucocytes dans le
                                                                                                   liquide séminal est physiologique, mais
                      > 15 millions/mL                          0 à azoospermie                    leur nombre ne doit pas dépasser 1x106.
     Concentration                                     < 15 millions à oligospermie                Un nombre anormalement élevé doit faire
                      > 39 millions/ éjaculat          > 200 millions à polyspermie                évoquer une infection à bas bruit, d’autant
                                                                                                   plus que le volume de l’éjaculat est réduit,
     Mobilité         > 30% de mobilité progressive    < 30%à Asthénospermie                       et faire pratiquer une spermoculture, de
                      (a+b)                                                                        façon à tenter d’identifier le germe et à
                                                                                                   proposer un traitement antibiotique adapté
                      OMS-1999 : ≥ 30% de              OMS-1999 (classification David) :           [22, 23]. Dans ce contexte une échogra-
                      formes typiques (selon la        < 30% à tératospermie                       phie scrotale et des organes génitaux
     Morphologie      classification David)                                                        internes (OGI) est souvent utile pour déce-
                      OMS-2010 : ≥ 4% de               OMS-2010 (classification Kurger) :          ler des lésions séquellaires sur l’appareil
                      formes typiques (selon la        < 4% à tératospermie                        excréteur et les glandes annexes (prostate
                      classification Kurger)                                                       et vésicules séminales).
                                                                                                       Quand on suspecte une azoospermie
     Vitalité         > 58% de formes vivantes         < 58 à nécrospermie                         par obstacle, l’analyse de certains mar-
                                                                                                   queurs biochimiques du sperme a été
                                                                                                   proposée, de façon à préciser le niveau
     Agglutinats      Absence.                                                                     d’un éventuel obstacle (épididyme, vési-
                                                                                                   cules séminales ou prostate). Mais cette
     Leucocytes       < 1 million/mL                   > 1 million à leucospermie                  approche n’a jamais été sérieusement vali-
                                                                                                   dée au plan diagnostique et il faut bien
                                                                                                   admettre que cet examen est rarement
 tées on parle de tératospermie. A partir de      culat a une valeur d’orientation lorsqu’il est   décisif. Ces limites expliquent qu’il ne soit
 cette analyse est établi un premier «phéno-      réduit. Il suggère la présence d’un obstacle,    pas recommandé au niveau international.
 type spermatique», essentiel pour préci-         une hypoplasie des vésicules séminales ou        De plus, la diffusion de l’échographie des
 ser le pronostic. Les anomalies observées        plus rarement un hypogonadisme ou une            OGI, pouvant être réalisée en même temps
 au spermogramme doivent être considé-            insensibilité aux androgènes [24].               que l’échographie scrotale, et dont les per-
 rées comme un symptôme dont les causes                En cas d’azoospermie chez un homme          formances techniques ce sont améliorées
 peuvent être multiples, les thérapeutiques       atteint de diabète ancien, surtout s’il y a      de façon très significative parallèlement à
 diverses et les pronostics variables. Ainsi,     d’autres atteintes neurovégétatives, on          l’accumulation d’expertise par les radiolo-
 par exemple, devant une azoospermie le           cherchera une éjaculation rétrograde par         gues spécialisés [26] ont contribué à l’ob-
 pronostic peut être excellent si la cause est    anomalie du sphincter de l’urètre vésical.       solescence de cet examen complémentaire
 un hypogonadisme hypogonadotrope, très           La présence de spermatozoïdes dans les           ancien.
 bon en cas d’obstacle au niveau des défé-        urines après un rapport sexuel ou une mas-
 rents mais mauvais en cas de microdélé-          turbation est très évocatrice de ce diagnos-     Exploration hormonale
 tion de AZFa [10-12].                            tic [25].
     Avant de conclure à une réelle azoosper-          Chez un nombre important d’hommes                L’exploration hormonale de base chez
 mie, le sperme doit subir une ultracentrifu-     consultant pour infertilité, on détecte des      un homme infertile comprend au mini-
 gation de façon à déceler d’éventuels sper-      atteintes à la fois quantitatives (oligosper-    mum un dosage de la FSH, de la LH et de
 matozoïdes non visualisés lors du comptage       mie) et qualitatives avec des anomalies de       la testostérone totale circulantes.
 standard (cryptozoospermie) [22, 23]. La         la mobilité (asthénospermie) et des formes            Cette exploration de première ligne est
 découverte d’éventuels spermatozoïdes            anormales (tératospermie), on parle alors        essentielle car elle permet de dépister un
 dans le culot de centrifugation peut avoir       d’oligo-asthéno-tératospermie, désignée          grand nombre d’atteintes primitivement
 une importance cruciale au plan thérapeu-        souvent par le sigle « OAT ». Là encore,         testiculaires (insuffisances testiculaires
 tique (voir plus loin). Le volume de l’éja-      il s’agit d’un profil spermatique dont les       primitives, ITP) responsables d’azoosper-

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mie, d’oligospermie ou d’OAT. Un grand          diffusion croissante ainsi que par une            en réalité, déjà été réalisée au moment du
nombre d’ITP se traduisent en effet par         meilleure connaissance de la sémiologie           diagnostic. Mais il faut rappeler, lorsque
une élévation anormale de la FSH (sou-          échographique des testicules et des OGI par       la procréation est envisagée, les consé-
vent associée à une baisse de l’inhibine        les praticiens prenant en charge ces patients.    quences des anomalies génétiques identi-
B circulante), ce qui permet déjà de pré-       Des experts plus sceptiques insistent sur sa      fiées.
ciser le niveau testiculaire de l’atteinte et   redondance par rapport un examen clinique             Lorsqu’on suspecte une anomalie pri-
d’écarter les causes pré- et post-testicu-      spécialisé bien conduit et par l’absence de       mitivement testiculaire et qu’une cause
laires évoquées plus haut.                      critères diagnostiques consensuels clairs         lésionnelle ou toxique, un HH et un obs-
    Ces dosages hormonaux permettent            pour identifier des causes d’infertilité          tacle ont été écartés, l’exploration débute
aussi de dépister de façon efficace les         déterminées [26]. Ils rappellent qu’il n’y a      par la réalisation d’un caryotype et ce
hypogonadismes hypogonadotropes (HH)            pas de réelle plus-value diagnostique pour        d’autant plus qu’une hypotrophie testicu-
qui n’auraient pas déjà été évoqués par         les causes pré-testiculaires et testiculaires,    laire a été constatée [18, 22]. Il permettra
l’interrogatoire et/ou l’examen clinique        ce qui est effectivement difficile à réfuter.     de diagnostiquer aisément un syndrome
[6-8]. Dans les HH avec oligospermie ou         Ainsi par exemple, la mesure du volume            de Klinefelter ou une autre anomalie des
azoospermie, la formule hormonale est           testiculaire par l’orchidomètre de Prader est     gonosomes ou des autosomes [18, 22].
souvent caricaturale et associe une baisse      en général fiable et l’échographie testiculaire   Si cet examen cytogénétique est normal
simultanée, nette, à la fois de la FSH, de      n’apportera ici qu’une confirmation.              chez un sujet souffrant d’azoospermie ou
la LH et de la testostérone. Dans ce cas,       Plusieurs sociétés savantes européennes ont       d’oligospermie extrême, une recherche
plutôt rare chez les hommes consultant          entrepris d’évaluer les réels avantages de        de micro-délétions de la région AZF sera
pour une infertilité, les dosages précédents    l’échographie et sa place dans la démarche        entreprise [10-12]. Cette exploration de
seront complétés par un dosage de la pro-       diagnostique. En attendant l’échographie,         première ligne est assez consensuelle au
lactine, une évaluation de l’ensemble des       lorsqu’elle est réalisée par des spécialistes     niveau international. En revanche l’explo-
fonctions hypophysaires et par la réalisa-      compétents, reste parfois un complément           ration génétique de deuxième ligne, en cas
tion d’une IRM de la région hypophysaire.       utile de l’examen clinique, surtout quand         d’atteinte primitive de la spermatogenèse
    Devant une azoospermie ou une oli-          il est effectué par un clinicien peu entraîné.    testiculaire, fait encore l’objet de discus-
gospermie extrême, l’exploration hormo-         Cet examen peut ainsi apporter des                sions et cela pour plusieurs raisons. D’une
nale (dosages de FSH, LH et testostérone)       renseignements utiles en cas de suspicion         part, dans la quasi totalité des centres hos-
peut être normale. Ce profil écarte com-        d’azoospermie par obstacle et peut déceler        pitaliers français, ce type d’analyse géné-
plètement une cause pré-testiculaire (HH)       facilement une agénésie des déférents ou          tique spécialisée, centrée sur l’infertilité
mais ne permet de pas toujours de tran-         une anomalie anatomique des vésicules             masculine, n’est pas disponible. De plus,
cher entre une cause testiculaire (anomalie     séminales ou de la région prostatique et          on ignore actuellement quel algorithme
sécrétoire) et un obstacle post-testiculaire.   des canaux éjaculateurs.                          diagnostique génétique proposer. En effet,
Ainsi, par exemple, un patient présentant                                                         à part quelques exceptions (AZFa, AZFc
une micro-délétion du chromosome Y              Exploration cytogénétique                         ou TEX11), la relation entre l’histologie
au niveau de AZFc et un autre présentant        et génétique                                      testiculaire et certaines anomalies géné-
une ABCD peuvent présenter une formule                                                            tiques n’est pas toujours claire. D’autre
hormonale normale similaire [12, 22].               Cette exploration ne sera réalisée            part, hormis les micro-délétions du bras
C’est l’association de l’examen clinique        qu’après classification de l’anomalie en          long de l’Y, on ne connaît pas la préva-
et de l’échographie qui permettra de sépa-      cause: pré-testiculaire, testiculaire ou post-    lence des autres anomalies génétiques
rer ces 2 éventualités, qui, de toute façon,    testiculaire [12, 22].                            chez les hommes infertiles avec altération
seront confirmées par des examens géné-             En présence d’un hypogonadisme                primitive de la spermatogenèse. Cette
tiques orientés (voir plus loin).               hypogonadotrophique, une analyse géné-            méconnaissance rend difficile le déploie-
                                                tique sera demandée en présence d’élé-            ment de pratiques acceptables d’un point
L’échographie scrotale                          ments suggérant son caractère congénital          de vue médico-économique. Ces limites
                                                (HHC): absence de développement puber-            seront peut-être progressivement réso-
et des organes génitaux
                                                taire, micropénis et cryptorchidie [7, 8]. Il     lues avec une meilleure connaissance
internes                                        en est de même si l’HH est associé à une          des gènes responsables et des relations
Même si ses performances diagnostiques          anosmie. Dans ces cas seront analysés             génotype-phénotype et par l’implémen-
ont été insuffisamment évaluées, cet examen     les gènes responsables d’HHC (Tableau             tation de techniques de séquençage de
non invasif est de plus en plus utilisé dans    1) avec une priorité pour ceux ayant une          nouvelle génération (NGS) de type
l’évaluation des hommes infertiles [26]. Cet    transmission autosomique dominante                exome ciblé. Cette approche permettra
engouement s’explique, par l’amélioration       (FGFR1, SOX10, CHD7) [27] où la mala-             d’analyser simultanément des dizaines
spectaculaire des images obtenues avec          die risque d’être transmise à la descen-          de gènes sélectionnés et validés à partir
des sondes de haute fréquence et, par la        dance. Chez ce type de patient avec HHC,          d’un seul prélèvement et ce, à un coût rai-
baisse du prix des appareils et donc leur       le plus souvent l’exploration génétique a,        sonnable.

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         Enfin, en cas d’azoospermie par obs-        vérifié l’absence de spermatozoïdes sur
     tacle secondaire à une agénésie bilatérale      le culot de centrifugation, et en l’absence     Jacques Young
                                                                                                     Service d'Endocrinologie
     des déférents (ABCD), une analyse du            de facteur féminin péjoratif insurmon-          et Maladies de la Reproduction,
     gène CFTR sera réalisée (12,21,22). On          table, on pourra proposer une biopsie tes-      Hôpital Bicêtre.Assistance Publique-Hôpitaux de Paris,
     débutera par la recherche des mutations         ticulaire pour tenter d’extraire des sper-      Université Paris Sud
                                                                                                     INSERM U 1185.
     les plus fréquentes au moyen de kits com-       matozoïdes testiculaires (technique dite        mail: jacques.young@aphp.fr
     merciaux largement disponibles, puis on         TESE pour Testicular Sperm Extraction)
     poursuivra l’analyse de ce gène, si le dia-     en vue d’une injection d’un spermatozoïde
     gnostic d’ABCD est suffisamment solide,         dans le cytoplasme de l’ovocyte (ICSI           Références
     après accord des laboratoires spéciali-         pour Intra-Cytoplasmic Sperm Injection)         1. Mascarenhas MN, et al. PLoS Med 2012 ; 9:1.
     sés. Cette analyse est cruciale du fait du      (28). Cette approche est même possible          2. Rutstein SO & Shah IH. DHS Comparative
                                                                                                         R e p o r t s N o . 9 . G e n eva : Wo r l d H e a l t h
     risque élevé de transmission à la descen-       en cas d’hypotrophie testiculaire majeure           Organization, 2004.
     dance d’une mucoviscidose compte tenu           comme celle du syndrome de Klinefelter          3. Agarwal A, et al. Reprod Biol Endocrinol 2015;
     de la fréquence très importante des sujets      [15, 16, 30]. En cas d’oligospermie (sou-           13:37.
                                                                                                     4. Trabado S, et al. Ann Endocrinol (Paris) 2014 ;
     sains porteurs de mutations à l’état hété-      vent en fait d’OAT), plusieurs approches            75:79.
     rozygote. La découverte de mutations de         peuvent être utilisées, soit une insémina-      5. Griswold MD. Physiol Rev 2016 ; 96:1-17.
     CFTR impose un conseil génétique du             tion intra utérine si le nombre de sperma-      6. Salenave S, et al. Ann Endocrinol (Paris) 2012 ;
                                                                                                         73:141.
     couple [21].                                    tozoïdes est suffisant [29], soit une fécon-    7. Young J. J Clin Endocrinol Metab. 2012 ;
         D’une façon générale, toute suspicion       dation in vitro s’il sont présents en nombre        97:707.
     d’une cause génétique de l’infertilité mas-     très restreint.                                 8. Boehm U, et al. Nat Rev Endocrinol 2015; 11 :
                                                                                                         547-64.
     culine, quel qu’en soit le mécanisme, doit          Lorsqu’un obstacle post-testiculaire        9. Krausz C, et al. Reproduction 2015 ; 150:R159.
     conduire à un conseil génétique au cours        est en cause des prélèvements de sperma-        10. Pryor JL, et al. N Engl J Med 1997 ; 336:534.
     duquel sera expliqué au couple le risque        tozoïdes au niveau de l’épididyme per-          11. Sadeghi-Nejad H & Oates RD. Curr Opin Urol
                                                                                                          2008 ; 18:628.
     potentiel de transmission d’une mala-           mettent dans la plupart de cas d’obtenir un     12. Krausz C, et al. Andrology 2014 ; 2:5.
     die. Etant donné l’évolution rapide de la       succès après une fécondation in vitro [31].     13. Tapanainen JS, et al. Nat Genet 1997 ; 15:205.
     découverte de nouveaux gènes, une veille            Il faut cependant reconnaître que la        14. Yatsenko AN, et al. N Engl J Med. 2015 ;
                                                                                                          372:2097.
     scientifique s’impose aux équipes prenant       méconnaissance du mécanisme précis              15. Nieschlag E, et al. Ann Endocrinol (Paris)
     en charge ces patients.                         d’une infertilité masculine n’empêche                2014 ; 75:88.
                                                                                                     16. Plotton I, et al. J Clin Endocrinol Metab 2015 ;
                                                     cependant pas de proposer un traitement              100:961.
 Relation entre le mécanisme                         efficace.                                       17. Oates RD. Fertil Steril 2012 ; 98:266.
                                                                                                     18. Ghorbel M, et al. J Assist Reprod Genet
 de l’infertilité masculine                                                                               2012 ; 29:451.
 et la prise en charge                               Conclusion                                      19. Virtanen HE & Toppari J. Endocrinol Metab
                                                                                                          Clin North Am 2015 ; 44:751.
 thérapeutique                                           En présence d’une infertilité mas-          20. Bry-Gauillard H, et al. N Engl J Med 2014 ;
                                                                                                          371:2042.
                                                     culine, le défi est double : satisfaire une     21. Yu J, et al. Hum Reprod 2012 ; 27:25.
                                                     demande de procréation pressante du             22. American Urological Association. The evalua-
         Le traitement de première ligne d’une       couple, et mener un diagnostic étiolo-               tion of the azoospermic male: AUA best prac-
                                                                                                          tice statement. 2011 (https://www.auanet.org/
     infertilité masculine doit toujours être        gique. Le spermogramme est à la base                 common/pdf/education/clinical-guidance/
     déterminé de façon rationnelle, en fonc-        de l’exploration de toute infertilité du             Male-Infertility-b.pdf).
     tion du mécanisme en cause.                     couple, même si celle-ci semble liée à          23. WHO. WHO Laboratory Manual for the
                                                                                                          Examination and Processing of Human Semen.
         Lorsque l’infertilité est la conséquence    une pathologie féminine. La recherche                5th ed.Geneva: World Health Organization,
     d’un déficit en gonadotrophines hypophy-        étiologique vise à dépister une cause pré-           2010.
     saires, le traitement fait appel à l’adminis-   testiculaire, une anomalie testiculaire ou      24. Massin N, et al. Clin Endocrinol (Oxf) 2012 ;
                                                                                                          77:593.
     tration conjointe de FSH et hCG. C’est la       un obstacle post-testiculaire. Cette explo-     25. Gaunay G, et al. Endocrinol Metab Clin North
     seule cause d’infertilité masculine où ce       ration permet de comprendre le méca-                 Am 2013 ; 42:899.
                                                                                                     26. Lotti F & Maggi M. Hum Reprod Update. 2015
     traitement médical a fait la preuve d’une       nisme de l’infertilité et de proposer un             ; 21:56.
     indiscutable efficacité et donc sa seule        traitement adapté. Souvent, l’enquête           27. Sarfati J, et al. Orphanet J Rare Dis 2015 ;
     indication sérieuse [6- 8].                     étiologique n’est pas concluante mais                10:71.
                                                                                                     28. Van Peperstraten A, et al. Cochrane Database
         Le traitement des infertilités d’ori-       cela n’empêche pas de proposer un traite-            Syst Rev 2008 ; 16:CD002807.
     gine testiculaire est variable en fonction de   ment efficace. En cas d’infertilité mascu-      29. Bensdorp AJ, et al. Cochrane Database Syst Rev
     nombreux paramètres. Le plus important          line, le succès des thérapeutiques dépend            2007 ; 18:CD000360.
                                                                                                     30. Greco E, et al. Hum Reprod 2013 ; 28:1155.
     concerne la sévérité de l’atteinte sperma-      en grande partie de la fertilité de la parte-   31. Wosnitzer MS & Goldstein M. Urol Clin North
     tique. En cas d’azoospermie, après avoir        naire et de son âge.                                 Am 2014 ; 41:83.

36                                                    Janvier-Février 2016 VOL 80 MCED www.mced.fr
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