Intervenir à l'école pour mieux gérer les comportements des élèves
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Annexe H Intervenir à l’école pour mieux gérer les comportements des élèves Un défi à ma mesure Les techniques d’intervention N.B. Nous vous suggérons de communiquer avec la direction ou un membre des services complémentaires de votre école si vous avez besoin d’informations supplémentaires concernant certaines techniques d’intervention proposées dans ce document.
TABLE DES MATIÈRES 1. LA PARTICIPATION ÉMOTIVE ......................................................................................................... 4 2. LA MANIFESTATION D’AFFECTION ................................................................................................ 4 3. LES RENFORÇATEURS/PROMESSES ET RÉCOMPENSES ........................................................ 5 4. L’AIDE OPPORTUNE ........................................................................................................................ 5 5. LA REFORMULATION ....................................................................................................................... 6 6. L’AIDE DES PAIRS ............................................................................................................................ 7 7. L’IGNORANCE INTENTIONNELLE ................................................................................................... 7 8. LA PROXIMITÉ ET LE CONTRÔLE PAR LE TOUCHER ................................................................. 8 9. L’INTERVENTION PAR UN SIGNE QUELCONQUE ........................................................................ 9 10. LA DÉCONTAMINATION DE LA TENSION PAR L’HUMOUR.......................................................... 9 11. LA PERMISSION FORMELLE ET LE PARADOXE ......................................................................... 10 12. L’ATTENTION SELECTIVE ............................................................................................................. 10 13. L’APPEL DIRECT ............................................................................................................................. 11 14. L’INTERPRÉTATION COMME INTERVENTION ............................................................................ 12 15. L’INTERDICTION FORMELLE ........................................................................................................ 12 16. L’ALTERNATIVE .............................................................................................................................. 13 17. L’INFLUENCE DU GROUPE ........................................................................................................... 13 18. LA RESTRUCTURATION ................................................................................................................ 14 19. LA RESTRICTION DE L’ESPACE ET LA LIMITATION DANS L’USAGE DES OBJETS ............... 14 20. LA MISE EN GARDE ET LES CONSÉQUENCES .......................................................................... 15 21. LE RETRAIT ..................................................................................................................................... 16 22. LE SYSTEME DE CONTRAT .......................................................................................................... 17 23. LE REGROUPEMENT ..................................................................................................................... 17 24. UTILISATION DE MESURES CONTRAIGNANTES EN SITUATION D’URGENCE ...................... 18 -2- Source : Nicole Thibault, conseillère pédagogique, Commission scolaire des Draveurs, révisé en septembre 2007. Modifié et adapté par Christiane Laprés, Personne-ressource en difficulté d’ordre comportemental aux Services régionaux de soutien et d’expertise de l’Estrie (novembre 2008).
LES TECHNIQUES D’INTERVENTION DE REDL ET WINEMAN L’objectif de l’intervention est de permettre le maintien ou le rétablissement de la participation de l’élève dans le respect des règles établies. Il s’agit pour l’intervenant d’adopter certaines attitudes pour favoriser l’utilisation d’une stratégie particulière, mettre en place des conditions qui augmentent les facteurs de protection, tout en préservant la relation qui est la pierre angulaire de toutes interventions comportementales et pédagogiques. Dans le texte qui suit, diverses techniques d’intervention, dont celles de Redl et Wineman (1973,1981), seront exposées puisqu’elles sont encore appropriées aux diverses situations d’aujourd’hui. Il est cependant essentiel de garder en tête que, pour être efficaces, elles doivent être choisies judicieusement, consciencieusement, en fonction du contexte et des personnes concernées. De fait, les adultes qui interviennent ne seront pas tous à l’aise avec l’ensemble des techniques. De surcroît, les élèves ne réagiront pas tous de la même façon à cause de leur vécu spécifique. Cela signifie donc qu’il revient à l’enseignant ou l’enseignante, puisqu’il est ici question du milieu scolaire, d’être au fait de l’ensemble de ce qui peut se faire et des différentes situations où les interventions peuvent être bénéfiques ou à proscrire. -3- Source : Nicole Thibault, conseillère pédagogique, Commission scolaire des Draveurs, révisé en septembre 2007. Modifié et adapté par Christiane Laprés, Personne-ressource en difficulté d’ordre comportemental aux Services régionaux de soutien et d’expertise de l’Estrie (novembre 2008).
1. La participation émotive DEFINITION L’adulte s’intéresse et participe activement à l’activité de l’élève et à ce qui l’intéresse. INDICATIONS Cette technique permet à l’élève de soutenir son effort et de poursuivre l’activité en cours. L’élève qui a moins d’autonomie ou de capacité reçoit ainsi un appui et évite l’échec ou l’abandon. L’élève s’intéressera à nouveau à l’activité et la peur reliée au défi de la tâche diminuera. Aussi, le fait de constater que l’adulte s’intéresse à lui préserve l’estime de soi et recentre l’élève sur du positif. Elle rejoint particulièrement les élèves plus jeunes. CONTRE-INDICATIONS Le support par l’intérêt manifesté est contre-indiqué lorsqu’il s’agit de demandes insatiables de la part de l’élève qui ont pour effet de mettre un frein au développement de l’autonomie. Elle sera aussi contre-indiquée en présence de comportements agressifs ou « d’attaque » d’anxiété. 2. La manifestation d’affection DEFINITION Il s’agit d’une manifestation d’attachement à l’élève en lui démontrant l’importance qu’il revêt comme personne et non seulement comme «élève obligé d’être là». INDICATIONS Ce moyen doit être reconnu comme une technique d’intervention sans pour autant nier le besoin réel d’affection qui est tout à fait normal à tout âge. Le besoin est d’autant plus criant auprès des élèves en difficultés d’adaptation. Le simple fait de ne pas accorder d’importance à la manifestation agressive, mais de démontrer de l’empathie, permet parfois de diminuer le comportement indésirable. L’attention est portée sur l’individu qui a besoin d’un support affectif, de compréhension ou de considération. CONTRE-INDICATIONS La relation d’attachement doit être réelle entre l’enseignant et l’élève. Il faut aussi demeurer professionnel et ajuster notre injection d’affection au contexte scolaire dans les limites du rôle qui est conféré à l’adulte qui intervient. -4- Source : Nicole Thibault, conseillère pédagogique, Commission scolaire des Draveurs, révisé en septembre 2007. Modifié et adapté par Christiane Laprés, Personne-ressource en difficulté d’ordre comportemental aux Services régionaux de soutien et d’expertise de l’Estrie (novembre 2008).
L’utilisation de cette technique ne peut se réaliser qu’après l’établissement de la relation. Donc, le développement du lien est essentiel. Il faut tenir compte de la situation unique de l’élève qui peut vivre certaines réserves quant à l’établissement d’une relation avec un « étranger » à cause de situations antérieures ou actuelles de rejet ou d’échec affectif. 3. Les renforçateurs/promesses et récompenses DEFINITION L’intervenant offre une récompense à l’élève ou au groupe pour mousser la motivation à atteindre un objectif. INDICATIONS La récompense est souvent utilisée lors de la mise en place d’un contrat de comportement. La récompense peut s’offrir tout au long du développement de la compétence pour soutenir la motivation, augmenter la répétition du comportement attendu, faire vivre du plaisir à l’élève qui manifeste le comportement ou pour encourager les étapes menant à la finalité. Pour être efficace, l’élève doit pouvoir faire le lien entre la récompense et le comportement. L’intervenant doit, quant à lui, avoir une rigueur dans l’octroi des récompenses promises. CONTRE-INDICATIONS L’utilisation de cette technique peut parfois entraîner un effet opposé si la récompense n’est pas donnée à chaque fois. Le comportement attendu est alors en voie d’extinction au lieu du contraire. Cette technique n’est pas toujours appliquée à l’ensemble du groupe. Elle peut donc entraîner de la jalousie, du rejet, voire même la réapparition de comportements inacceptables chez certains dans le but d’avoir une récompense. Par conséquent, l’intervenant doit prévoir une façon d’offrir la possibilité pour chacun d’obtenir une récompense. Une attention particulière doit être apportée aux élèves qui n’intériorisent pas les bienfaits du comportement attendu, mais qui agissent uniquement pour obtenir la récompense. Dans ce cas, il faut cesser l’application de cette technique. L’emploi de la récompense peut aussi être utilisé sans préavis pour surprendre l’élève et l’inciter à bien faire. 4. L’aide opportune DEFINITION Il s’agit d’apporter de l’aide lorsque l’élève présente une certaine difficulté à effectuer une tâche qui risque de provoquer des frustrations, de l’anxiété ou tout simplement l’abandon de l’activité. -5- Source : Nicole Thibault, conseillère pédagogique, Commission scolaire des Draveurs, révisé en septembre 2007. Modifié et adapté par Christiane Laprés, Personne-ressource en difficulté d’ordre comportemental aux Services régionaux de soutien et d’expertise de l’Estrie (novembre 2008).
INDICATIONS Il s’agit d’aider l’élève à résoudre une difficulté actuelle. L’aide opportune lui permet aussi de dépasser ses performances habituelles et de vivre des réussites supérieures à son niveau de développement. L’aide opportune peut aussi se faire avec un groupe. Par exemple, lors de la réalisation d’un projet, l’enseignant peut apporter son support en guidant les élèves dans les actions à poser ou à éviter. Il s’agit d’aider l’élève à réaliser la tâche et non la faire à sa place. CONTRE-INDICATIONS L’intervenant doit être vigilant. Il doit s’assurer que l’intervention n’empêche pas le développement de l’autonomie ou que le comportement de l’élève ne cache pas une tentative d’évitement. Cette technique peut parfois avoir un effet d’entraînement dans un groupe. Certains voudront de l’attention ou jalouseront l’élève qui reçoit cette attention. Cette technique est préventive et vise la réduction des tensions que peut vivre un élève face à une difficulté. 5. La reformulation DEFINITION L’intervenant traduit dans ses mots ou par des gestes, ce que l’élève tente de lui dire. INDICATIONS Cette technique est très utilisée auprès des élèves ayant un handicap physique ou verbal. Ceci permet à l’élève d’être entendu et compris. L’élève peut aussi développer davantage sa capacité à exprimer ses besoins. L’intervenant doit avoir une bonne capacité d’écoute, d’attention et d’empathie. CONTRE-INDICATIONS Cette technique doit traduire ce que l’élève tente d’exprimer et non une tentative pour l’intervenant de faire passer ses propres idées ou d’imposer ce qu’il souhaite voir exprimer. -6- Source : Nicole Thibault, conseillère pédagogique, Commission scolaire des Draveurs, révisé en septembre 2007. Modifié et adapté par Christiane Laprés, Personne-ressource en difficulté d’ordre comportemental aux Services régionaux de soutien et d’expertise de l’Estrie (novembre 2008).
6. L’aide des pairs DEFINITION Il s’agit de profiter de modèles compétents pour soutenir l’élève en difficulté, qu’elle soit scolaire, sociale ou comportementale, dans la mesure de ses capacités. INDICATIONS Ce moyen peut être utilisé lorsqu’un élève est en mesure d’influencer positivement un pair en difficulté. Il faut que l’adulte supporte l’élève qui est en soutien. CONTRE-INDICATIONS Il est essentiel de s’assurer que l’élève choisi soit accepté positivement par l’autre. 7. L’ignorance intentionnelle DEFINITION Il s’agit d’ignorer volontairement certaines manifestations en ne leur accordant pas d’importance, dans le but qu’elles cessent d’elles-mêmes. INDICATIONS L’ignorance intentionnelle est efficace lorsque l’élève a des comportements sans conséquence qui finiront par cesser d’eux-mêmes puisqu’il n’aura pas de gain secondaire (attention, rires des camarades, etc.). Cette technique est souvent utilisée lorsque l’élève tente de « tester » l’intervenant par des provocations sans conséquence ou des bouffonneries. Donc, il s’agit d’éviter de répondre à la provocation et d’ainsi ne pas accorder d’importance au comportement. Cette technique est utilisée en autant que le comportement soit tolérable et que la situation ne place ni l’élève, ni les pairs, ni les intervenants en situation de danger. Il ne faut pas non plus que le comportement ignoré contamine le reste du groupe. CONTRE-INDICATIONS Il n’est pas recommandé d’utiliser cette technique lorsque l’intention de l’élève est de chercher du soutien et que le comportement est dû à une incapacité à agir autrement pour répondre à son besoin ou à une limitation sur le plan affectif ou cognitif. Dans de tels cas, l’élève pourrait croire en une absence d’intérêt à son endroit ou à du rejet de la part de l’adulte, ce qui ne ferait qu’aggraver son état d’insécurité. -7- Source : Nicole Thibault, conseillère pédagogique, Commission scolaire des Draveurs, révisé en septembre 2007. Modifié et adapté par Christiane Laprés, Personne-ressource en difficulté d’ordre comportemental aux Services régionaux de soutien et d’expertise de l’Estrie (novembre 2008).
8. La proximité et le contrôle par le toucher DEFINITION L’intervenant demeure à proximité de l’élève pour lui manifester son soutien et apporter de l’apaisement et un sentiment de sécurité. Parfois, un toucher vient compléter l’intervention lorsque la proximité est insuffisante. Le toucher peut aller d’un toucher de la main à une accolade. Cette technique permet de diminuer l’impulsivité. INDICATIONS L’élève doit avoir une certaine autonomie et la capacité de réaliser la tâche à effectuer. La proximité se traduit par une attention particulière permettant la réussite adaptative de l’élève. Aussi, certains élèves ont besoin de contacts physiques chaleureux de la part de l’intervenant. Ce besoin d’affection se manifeste souvent lorsque l’élève requiert du support pour surmonter un défi. CONTRE-INDICATIONS Cette technique est contre-indiquée lorsque la présence de l’intervenant produit l’effet contraire soit : de provoquer et/ou d’augmenter les comportements inacceptables; d’augmenter la dépendance; d’être interprétée comme une restriction de la liberté, une menace. De prime abord, l’intervenant doit se sentir en confiance en ce qui concerne le toucher, et en sécurité quant à la compréhension du jeune face à son geste. Il est nécessaire de placer cette intervention dans une perspective positive, c’est-à-dire sans aucune trace de colère ou d’agressivité de la part de l’adulte. Il est aussi important de tenir compte du contexte, de l’âge, du sexe et de la difficulté de l’élève afin d’éviter tout malentendu sur le motif du toucher. Certains élèves peuvent se sentir envahis, gênés, etc. Des élèves ont parfois un vécu négatif concernant le toucher et ils refusent le contact physique. Dans ces conditions, il ne faut pas intervenir de cette façon avec eux, ou y aller progressivement et faire redécouvrir le toucher comme un geste sain. Il est important de respecter l’intimité de l’élève et de ne pas utiliser cette technique si l’élève le refuse ou donne une signification du geste tout autre que celle recherchée, soit de rassurer, de supporter, etc. -8- Source : Nicole Thibault, conseillère pédagogique, Commission scolaire des Draveurs, révisé en septembre 2007. Modifié et adapté par Christiane Laprés, Personne-ressource en difficulté d’ordre comportemental aux Services régionaux de soutien et d’expertise de l’Estrie (novembre 2008).
9. L’intervention par un signe quelconque DEFINITION Il s’agit d’un signe non verbal (pointer du doigt, tousser, se tirer l’oreille, etc.) pour rappeler à l’ordre. Le signe peut aussi être un code (verbal ou non verbal) convenu d’avance entre l’intervenant et l’élève. Ce contrôle externe permet à l’élève de se reprendre lorsqu’il ne peut pas réussir seul. Ceci l’aide à renforcer sa capacité de reprendre le contrôle avec un minimum d’intervention. Il est à préciser que l’intervention doit se faire dès l’apparition des premiers signes de « dérapage ». INDICATIONS Cette technique permet de minimiser les effets négatifs que des interventions plus directes auraient dans le groupe. Elle permet d’éviter les comportements défensifs ainsi que les réactions reliées à un sentiment de frustration. L’élève peut se reprendre grâce à la complicité de l’intervenant et préserver son image auprès de ses pairs. CONTRE-INDICATIONS Cette technique est inefficace lorsque la situation s’est détériorée ou que la capacité de contrôle est impossible. Il arrive aussi que certains élèves soient incapables d’identifier les manifestations préalables à l’émission d’un comportement indésirable. Ils seront donc incapables de réagir positivement à ce type d’intervention. 10. La décontamination de la tension par l’humour DEFINITION La forme humoristique permet de signifier que le comportement est inacceptable. L’utilisation de l’humour peut se faire de façon verbale ou non verbale. INDICATIONS Lorsque la tension n’est pas à son maximum, l’humour peut être utilisé. Il faut tenir compte de la capacité de l’élève à bien interpréter l’intervention. Par cette technique de diversion, l’intervenant peut éviter la confrontation et permettre à l’élève de ne pas perdre la face, de ne pas avoir peur des conséquences possibles du comportement ou de se sentir coupable. Un sentiment de sécurité peut émaner d’une telle technique. L’intervenant y traduit un sentiment de sécurité en utilisant l’humour plutôt que d’être ébranlé par les manifestations de comportement. Il s’agit de dédramatiser la situation et de libérer les tensions qu’elle a générées. -9- Source : Nicole Thibault, conseillère pédagogique, Commission scolaire des Draveurs, révisé en septembre 2007. Modifié et adapté par Christiane Laprés, Personne-ressource en difficulté d’ordre comportemental aux Services régionaux de soutien et d’expertise de l’Estrie (novembre 2008).
CONTRE-INDICATIONS Cette technique permet de rendre évident le comportement inapproprié et non de ridiculiser l’élève. Toute forme de cynisme est donc proscrite. Autrement, l’élève croira que l’intervenant se moque de lui, le rejette, le diminue, etc. Dans un tel cas, l’élève sera renforcé dans ses comportements et poursuivra dans le but de se venger. 11. La permission formelle et le paradoxe DEFINITION L’intervenant autorise et encourage l’usage d’un comportement. INDICATIONS Le but poursuivi peut être de deux ordres tout à fait opposés : favoriser l’adoption ou l’émergence d’un comportement attendu OU diminuer l’intérêt face à un comportement inapproprié. Dans le premier cas, l’adulte autorise l’adoption du comportement lorsque l’élève est hésitant. Il s’agit d’une preuve de confiance dans la capacité de l’élève d’adopter la bonne conduite. Dans le deuxième cas, la conduite est permise par l’intervenant malgré l’intention de l’élève de vérifier le niveau de sécurité de l’adulte. Cette permission peut désamorcer le comportement et le rendre futile. On peut aussi aller plus loin que la permission et y aller de l’obligation d’adopter une conduite pourtant défendue habituellement. On appelle alors cela « le paradoxe » ou « prescription du symptôme. » CONTRE-INDICATIONS La permission d’une conduite qui va à l’encontre du code moral ou des valeurs du milieu est inacceptable. 12. L’attention sélective DEFINITION C’est une technique simple à essayer. Il s’agit de cerner le comportement non approprié, de l’ignorer et de renforcer immédiatement le comportement adéquat ou toute action se rapprochant du comportement désiré, en lui portant attention (technique du façonnement). On peut également renforcer le comportement adéquat lorsqu’il est produit par les autres (technique du modelage). -10- Source : Nicole Thibault, conseillère pédagogique, Commission scolaire des Draveurs, révisé en septembre 2007. Modifié et adapté par Christiane Laprés, Personne-ressource en difficulté d’ordre comportemental aux Services régionaux de soutien et d’expertise de l’Estrie (novembre 2008).
INDICATIONS Cette technique est efficace lors de comportements répétitifs non dangereux. CONTRE-INDICATIONS Cette technique de contrôle externe doit être adaptée en fonction des capacités de l’élève et non comme une façon pour l’intervenant de lui démontrer ses incapacités. il faut que l’attention de l’enseignant soit un élément important pour l’élève; au début de l’intervention, il peut y avoir une augmentation du comportement déviant. 13. L’appel direct DEFINITION L’intervenant demande à l’élève d’arrêter un comportement. Il existe plusieurs formes d’appel direct dont le choix se fait en fonction du contexte et de ce qui touchera l’élève pour provoquer un changement dans sa conduite. La relation personnelle : Il s’agit de faire appel au lien que nous avons avec l’élève pour l’inciter à adopter le comportement attendu. La base est donc la présence de la relation et l’honnêteté de l’adulte qui évite de tomber dans le chantage affectif. La réalité physique : Lorsqu’il y a un danger réel et que cette intervention ne contribue pas à augmenter le risque. Les conséquences indésirables provenant d’un acte : L’intervention doit aider l’élève à anticiper les conséquences de ce qu’il s’apprête à faire. La hiérarchie et l’autorité : Il s’agit de faire ressortir la responsabilité de l’adulte en place face au comportement adopté. Il est aussi possible de faire référence au supérieur de l’établissement (ex. : direction d’école). Des considérations personnelles concernant l’intervenant : Cette technique fait appel à la considération que l’élève porte à l’intervenant. Pour être efficace, il doit avoir envie de plaire ou de faire plaisir à l’autre. Une relation signifiante doit être installée. Son utilisation ne doit en aucun cas créer un sentiment de culpabilité chez l’élève et faire en sorte que l’attachement se transforme en rejet. -11- Source : Nicole Thibault, conseillère pédagogique, Commission scolaire des Draveurs, révisé en septembre 2007. Modifié et adapté par Christiane Laprés, Personne-ressource en difficulté d’ordre comportemental aux Services régionaux de soutien et d’expertise de l’Estrie (novembre 2008).
La réalité sociale : La réalité évoquée par cette technique peut reliée à l’amour-propre, aux réactions d’autrui, au sens des valeurs, au jugement social, à l’éveil de l’attention, aux réactions des amis, aux valeurs collectives ou à la fierté éprouvée lors d’une amélioration personnelle. Les capacités et le niveau atteint dans le processus adaptatif : Il s’agit de refléter à l’élève que son comportement n’est pas représentatif de ses capacités et de ce qu’il est vraiment. Il faut renforcer le comportement positif, habituellement réussi. 14. L’interprétation comme intervention DEFINITION Elle consiste à expliquer à l’élève ce qui se passe. Elle contribue à faire cesser ou diminuer la confusion pour que l’élève comprenne mieux la situation. Elle lui permet de mieux voir la réalité objective. INDICATIONS L’adulte doit bien connaître l’élève pour être capable d’interpréter la situation. Il doit permettre à l’élève de saisir la réalité pour qu’il puisse modifier les conduites qui nuisent à son adaptation. CONTRE-INDICATIONS Il s’agit d’une technique qui peut se réaliser si l’intervenant vise juste dans l’interprétation des motivations sous-jacentes du comportement. La crédibilité de l’intervenant est primordiale. Cette technique ne vise pas un changement en profondeur, mais bien une diminution des comportements répétitifs. 15. L’interdiction formelle DEFINITION L’intervenant traduit directement et de façon univoque que le comportement ne doit pas se produire ou qu’il doit s’arrêter immédiatement. INDICATIONS Cette technique est utilisée plus souvent auprès d’élèves qui présentent des difficultés de compréhension, un potentiel intellectuel limité ou ceux ayant une rigidité cognitive. L’enseignant doit faire preuve d’une autorité qui est reconnue et respectée par l’élève. -12- Source : Nicole Thibault, conseillère pédagogique, Commission scolaire des Draveurs, révisé en septembre 2007. Modifié et adapté par Christiane Laprés, Personne-ressource en difficulté d’ordre comportemental aux Services régionaux de soutien et d’expertise de l’Estrie (novembre 2008).
CONTRE-INDICATIONS Cette technique doit se faire dans un cadre éducatif et non d’abus de pouvoir et de contrôle. L’intervenant doit adopter une attitude exempte d’agressivité ou de ressentiment envers l’élève. Cette intervention s’applique dans un cadre éducatif et non comme une finalité. Le développement de compétences sur le plan du comportement se réalise grâce à de multiples techniques. 16. L’alternative DEFINITION Il s’agit de permettre à l’élève d’envisager les conséquences possibles d’un comportement et de lui proposer de faire un choix éclairé. INDICATIONS Quand l’intervenant dit au jeune : « Tu arrêtes ou tu sors », le jeune comprend qu’il doit sortir; peut-être par défi, peut-être parce qu’il se dit que c’est ce que veut l’intervenant, peut-être aussi parce que c’est ce qu’il désire en définitive. Si l’intervenant reformule son affirmation et dit : «Tu as le choix entre deux possibilités : tu arrêtes ou tu vas être obligé de sortir. Que décides-tu ? » Les possibilités sont claires et le jeune les voit bien. Il y a un arrêt à l’enchaînement des actions. Le jeune a le temps de penser. Il constate aussi les conséquences de chaque possibilité. Il ne se sent pas provoqué; le dénouement a de fortes chances d’être avantageux pour son éducation. CONTRE-INDICATIONS Cette intervention doit se réaliser dans le calme et la non-provocation. Si tel n’est pas le cas, on parlera plutôt de mise en garde et conséquence. 17. L’influence du groupe DEFINITION Si un élève manifeste un comportement inacceptable, l’intervenant peut faire intervenir la norme du groupe, qu’elle soit verbalisée par lui ou par un autre élève, afin de faire modifier le comportement inadéquat. -13- Source : Nicole Thibault, conseillère pédagogique, Commission scolaire des Draveurs, révisé en septembre 2007. Modifié et adapté par Christiane Laprés, Personne-ressource en difficulté d’ordre comportemental aux Services régionaux de soutien et d’expertise de l’Estrie (novembre 2008).
INDICATIONS Le groupe joue un rôle fort important pour régulariser les attitudes et les comportements de ses membres. Pour pouvoir utiliser le groupe, il est préférable que celui-ci ait un certain pouvoir décisionnel formel, comme cela existe dans les conseils de classe et les conseils de coopération. CONTRE-INDICATIONS Il importe d’éviter les reproches culpabilisants et les menaces. Par conséquent, il faut intervenir dans un esprit positif. Cette pression du groupe a un pourcentage élevé de chance de réussite si elle s’effectue sur toute situation touchée par le contrat, formel ou informel, passé entre l’adulte et les élèves. 18. La restructuration DEFINITION La restructuration est l’une des techniques permettant d’éviter les difficultés. Elle consiste à délaisser une activité qui ne convient plus et à lui en substituer une qui répond mieux aux besoins immédiats des élèves. INDICATIONS À utiliser chaque fois que la planification de la journée ne convient plus. CONTRE-INDICATIONS Cette technique ne doit pas être utilisée en guise de conséquence, mais en réponse au besoin des élèves. 19. La restriction de l’espace et la limitation dans l’usage des objets DEFINITION Interdiction de l’accès à certains lieux ou de l’usage de matériel spécifique. L’intervenant doit avoir une bonne connaissance de l’élève pour définir les limites qu’il doit lui imposer. Il doit reconnaître les difficultés que peut avoir l’élève à se contrôler. -14- Source : Nicole Thibault, conseillère pédagogique, Commission scolaire des Draveurs, révisé en septembre 2007. Modifié et adapté par Christiane Laprés, Personne-ressource en difficulté d’ordre comportemental aux Services régionaux de soutien et d’expertise de l’Estrie (novembre 2008).
INDICATIONS L’interdiction est utilisée afin d’éviter un trop grand effort de contrôle de l’élève et de prévenir des comportements inacceptables lors de l’utilisation de matériel ou dans un lieu donné. Le contrôle que met en place l’enseignant est en fonction des capacités de l’élève et de son développement progressif. Il faut expliquer les raisons et le faire sans animosité. CONTRE-INDICATIONS Cette technique de contrôle externe doit être adaptée en fonction des capacités de l’élève et non comme une façon pour l’intervenant de lui démontrer ses incapacités. 20. La mise en garde et les conséquences DEFINITION Il s’agit d’informer l’élève des conséquences désagréables qu’il devra assumer si le comportement se manifeste ou s’il persiste. INDICATIONS Il s’agit de faire prendre conscience à l’élève des situations de déplaisir qu’il aura à assumer s’il adopte le comportement inacceptable. Cette intervention vise à décourager l’élève pour qu’il modifie sa conduite au profit d’une attitude acceptable. La conséquence doit idéalement être logique (en lien avec le comportement émis). L’intervention doit permettre à l’élève de faire le lien entre sa conduite et la conséquence. CONTRE-INDICATIONS La conséquence doit permettre à l’élève de ne pas se désorganiser davantage. L’intervenant doit tenir compte de la capacité de l’élève à l’assumer. Cette technique demande du jugement. L’élève ne doit pas avoir à subir les commentaires déplacés ou dénigrants des autres. Certains élèves peuvent parfois augmenter l’intensité des comportements inadéquats suite à une conséquence et se justifier en se victimisant. -15- Source : Nicole Thibault, conseillère pédagogique, Commission scolaire des Draveurs, révisé en septembre 2007. Modifié et adapté par Christiane Laprés, Personne-ressource en difficulté d’ordre comportemental aux Services régionaux de soutien et d’expertise de l’Estrie (novembre 2008).
21. Le retrait DEFINITION Il s’agit de retirer l’élève de la situation ou du contexte. Cette technique peut être employée comme moyen préventif ou curatif. INDICATIONS L’intervenant utilise le retrait : lorsqu’il y a un danger physique pour l’élève ou les autres; lorsque la situation stimule ou maintient le comportement de l’élève; lorsque l’élève contamine le groupe; pour protéger l’élève face au jugement des autres (estime de soi); lorsqu’il est préférable d’intervenir à l’extérieur du groupe; lorsque les règles ne sont pas respectées. L’intervenant doit absolument faire un retour avec l’élève dans un délai très court. Si une autre personne doit l’accueillir lors du retrait, il ne joue pas un rôle d’arbitre, mais d’aidant. Si une conséquence doit être imposée à la suite d’un retrait, il est parfois favorable que la tierce personne facilite le recadrage et mette l’accent sur l’objectif à atteindre. Par contre, elle ne doit pas se substituer celle qui a pris la décision du retrait. Le retrait ne doit pas offrir de gain secondaire pour l’élève ni lui permettre de reproduire le comportement qui a entraîné le retrait. CONTRE-INDICATIONS Lorsque le retrait est perçu comme un rejet, lorsque l’intervention est une conséquence d’un trop-plein chez l’intervenant, lorsque le retrait est une punition et que le groupe peut avoir encouragé l’élève dans sa conduite, lorsque l’élève est souvent le bouc émissaire, lorsque le motif du retrait n’est plus considéré et entraîne l’escalade dans le groupe qui exprime ses frustrations face à l’élève ou à la décision de l’intervenant, cette technique est à éviter. Tout retrait doit se faire dans une intention éducative. L’intervenant doit s’assurer que les ressources dont il a besoin sont disponibles (humaines, matérielles, etc.). L’élève est sous la responsabilité de l’école et ne doit pas être laissé sans surveillance. L’intervenant a avantage à fournir une activité alternative et éducative à l’élève durant le retrait. -16- Source : Nicole Thibault, conseillère pédagogique, Commission scolaire des Draveurs, révisé en septembre 2007. Modifié et adapté par Christiane Laprés, Personne-ressource en difficulté d’ordre comportemental aux Services régionaux de soutien et d’expertise de l’Estrie (novembre 2008).
22. Le système de contrat DEFINITION Il s’agit d’une entente entre deux parties (ou plus) au sujet de conduites à adopter et des conditions de réalisations. INDICATIONS Cinq étapes à respecter : définir le problème et préciser le comportement souhaité; concevoir une fiche pour la collecte des données; déterminer les renforçateurs positifs et leur utilisation; prévoir une révision hebdomadaire et une évaluation des progrès de l’élève; faire signer toutes les personnes en cause. Six points à retenir : l’élève choisit ses renforçateurs; ces renforçateurs doivent être acceptés par toutes les personnes en cause; les objectifs du contrat doivent être réalistes et le comportement désiré doit être accessible; les engagements doivent être respectés; le contrat doit être réévalué à intervalles réguliers; une gradation telle l’évaluation, la coévaluation et l’auto-évaluation est souhaitable; à l’occasion, les parents peuvent participer et donner les renforçateurs. 23. Le regroupement DEFINITION Il s’agit de modifier la composition d’un groupe de façon totale, partielle ou interne. Ces changements visent à éviter la désorganisation de quelques élèves plus vulnérables ou du groupe en entier. -17- Source : Nicole Thibault, conseillère pédagogique, Commission scolaire des Draveurs, révisé en septembre 2007. Modifié et adapté par Christiane Laprés, Personne-ressource en difficulté d’ordre comportemental aux Services régionaux de soutien et d’expertise de l’Estrie (novembre 2008).
Le regroupement total : Il s’agit de « transférer » l’élève vers une ressource plus appropriée (classe-ressource, classe T.C., centre de jour, etc.) Cette intervention vise à mieux répondre aux besoins de l’élève. Il s’agit d’un transfert qui se justifie par l’impossibilité du programme actuel de répondre efficacement aux besoins particuliers de cet élève. L’intervention doit se faire dans l’intérêt du jeune et doit être présentée de façon à éviter que ce transfert soit perçu comme du rejet ou une punition. Le regroupement partiel : L’élève est transféré dans un autre groupe de la même école. Cette technique doit se faire dans le même cadre, soit dans l’intérêt de l’élève. L’élève profitera d’un nouvel environnement pour améliorer ses compétences, ce qui ne pouvait plus se réaliser dans le contexte précédent. L’image négative de l’élève ne doit pas être transposée dans le nouveau groupe; il s’agit d’un nouveau départ. Agir autrement ne ferait qu’annuler l’intention du changement. Par contre, les changements chez l’élève ne surviendront pas automatiquement. Le regroupement interne : Il s’agit de faire des changements à l’intérieur même d’un groupe lors d’activités précises : changer l’élève de place, modifier les équipes de travail, etc. Ceci permettra un fonctionnement plus agréable et l’atteinte des objectifs poursuivis pour chaque élève. Le choix de réorganiser le groupe ne doit pas se faire sur le dos d’un seul individu qui sera identifié comme le porteur des difficultés. 24. Utilisation de mesures contraignantes en situation d’urgence La mesure de contrainte consiste à empêcher ou à limiter la liberté de mouvement d’une personne en utilisant la force humaine, un moyen mécanique ou chimique ou en la privant d’un moyen qu’elle utilise habituellement pour pallier un handicap. Il s’agit d’une situation ayant un caractère d’immédiateté, de proximité et de prévisibilité et où la vie et/ou la sécurité de l’élève ou celle d’autrui sont menacées. L’utilisation de la contrainte doit se faire dans un but de protection de la personne et non dans l’intérêt de l’entourage ou de l’organisation scolaire. **Cette mesure en est une de dernier recours et doit faire l’objet d’une supervision accrue. Le recours à des mesures contraignantes devrait être balisé par des procédures et se faire dans le respect du protocole. Les personnes qui exécutent ce type d’intervention doivent le faire dans les règles. Ces mesures demeurent exceptionnelles; dans le cas où il serait justifié de les utiliser fréquemment, il faudrait se questionner sur l’interprétation que l’on fait du comportement de l’élève ou revoir ce qui est mis en place pour répondre à ses besoins. -18- Source : Nicole Thibault, conseillère pédagogique, Commission scolaire des Draveurs, révisé en septembre 2007. Modifié et adapté par Christiane Laprés, Personne-ressource en difficulté d’ordre comportemental aux Services régionaux de soutien et d’expertise de l’Estrie (novembre 2008).
RÉFÉRENCES BOURDEAU, L. Service régional en TED et DI. (2004, 2e édition). Réflexion sur les dimensions juridiques des interventions physiques lors de situations de crise en milieu scolaire pouvant compromettre la sécurité physique des individus. JANINE, D., GERMAIN, C., TURCOT LEFORT, N., RS-DI-TED. Difficultés d’ordre comportemental manifestées par des élèves présentant une déficience intellectuelle. REDL, F., et WINEMAN, D. (1973). L’enfant agressif, Tome 1 et 2, Paris, Fleurus. REDL, F., et WINEMAN, D. (1981). L’enfant agressif, Tome 1 et 2, Paris, Fleurus. RENOU, M. (2005). Psychoéducation; une conception une méthode, Québec, Canada, Éditions Sciences et Culture. ST-LAURENT, L. (2002). Enseigner aux élèves à risque et en difficulté au primaire, Québec, Gaétan Morin Éditeur Ltée. TURMEL, F. Les techniques d’intervention, Document inspiré de la série ÉCOLE ET COMPORTEMENT, Ministère de l’Éducation – DASSC – avril 1993, Un guide d’intervention au secondaire -19- Source : Nicole Thibault, conseillère pédagogique, Commission scolaire des Draveurs, révisé en septembre 2007. Modifié et adapté par Christiane Laprés, Personne-ressource en difficulté d’ordre comportemental aux Services régionaux de soutien et d’expertise de l’Estrie (novembre 2008).
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