JOURNAL D'EXPOSITION | Mai 2018 - GALERIE DITYVON
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
© Claude DITYVON, 489-18-PARIS-MAI 68-Place St Michel Les célébrations et anniversaires sont devenus une pourtant plus intéressant du point de vue de l’in- manie, un commerce, une façon de revisiter et de formation. Il faudrait, dans ces deux cas comme simplifier l’histoire, et qui, au fur et à mesure que dans d’autres, mettre en évidence la façon dont l’on s’éloigne des faits que l’on commémore, voient la commercialisation, la promotion, la diffusion de leur représentation se réduire à un nombre de plus chacune des images, comment les structures qui en plus restreint d’images. Celles que l’on accepte, les représentaient et les ont promues, comment les sans plus jamais se poser la question des processus réseaux de valorisation, comment les commentaires, qui les ont amenées à ce statut, comme étant les « comment les reprises massives ont transformé un icônes » pertinentes qui désignent un événement, cliché plutôt qu’un autre pratiquement équivalent un moment, un fait du passé. Sans vouloir mettre en référence. En résumé, qui a balayé les autres. en cause ni en doute l’importance d’un pho- S’agissant de Mai 68, tographe comme Robert on sait que, bien que Capa, est-il vraiment ce soit la photographie légitime que le sou- prise par Gilles Caron venir en images de la de Daniel Cohn-Bendit guerre civile espagnole narquois face à un CRS se réduise aujourd’hui devant la Sorbonne qui à la seule « mort d’un est aujourd’hui devenue milicien » qu’il prit en l’icône des événements, septembre 1936 sur le elle a été prise éga- front de l’Èbre et qui a lement par d’autres donné lieu à tant d’in- photographes. Mais terrogations et de po- la capacité de diffu- lémiques, bien souvent sion et la pertinence de vaines ? C’est une façon l’Agence Gamma hier, de nier l’importance de comme aujourd’hui le la chronique du conflit travail permanent de par le Catalan Agusti Centelles. On pourrait en dire la Fondation Gilles Caron installent cette photogra- de même de l’image du jeune Chinois qui, en 1989, phie comme le « résumé » en images de la révolte. fit dévier une colonne de chars au moment de ce que l’on nomma « le printemps de Pékin » et qui fut Afin qu’il n’y ait aucune ambiguïté, il ne s’agit pas noyé dans le sang. Outre que l’image fixe ne prend ici de définir qui « est le meilleur », d’établir une vraiment tout son sens que si l’on a vu l’extraordi- hiérarchie, de démolir des statues ou des statures, naire vidéo qu’elle rappelle et qui est le document mais de nous interroger sur la fabrication des icônes fondamental sur cet épisode, plusieurs photographes liées à l’histoire et sur la fonction qu’elles occupent ont réalisé cette photographie car ils résidaient tous dans la mise en place iconographique de certaines dans le même hôtel dont les balcons dominaient le mythologies. lieu de l’événement. On peut penser que, parce que la photographie Un cadrage plus large que celui qui a fait le tour du n’a rien d’objectif, seule la confrontation des points monde, qui montre de nombreux blindés, s’avère de vue, la mise en relation des différents regards,
peut nous permettre de nous forger une idée et de vaux importants, qui n’avaient rien à voir avec une réfléchir non seulement par rapport à ce qui fut, mais quelconque envie de se situer par rapport à – ou aussi par rapport à la façon dont les faits du passé dans – la presse mais avec, avant tout, la volonté ont été, en images, historiés et contés. Afin d’éviter de réaliser des images tout en accompagnant avec une paresseuse pensée unique visuelle. sympathie un mouvement de fond. Quand, le 3 mai Ce qui nous amène à considérer, avec tout le sérieux 1968, Dityvon décide d’abandonner les travaux de qu’il mérite, le corpus, imposant, réalisé par Claude peinture dans un appartement, qui lui permettent Raimond-Dityvon en 1968. Un de ses premiers tra- de survivre, il part à la cueillette aux images. Pour lui, pour se constituer des souvenirs, pour avoir son propre album. Pas pour témoigner, pas pour docu- menter, non, pour être là, en accord avec le rythme des choses et du moment et pour trouver, peut-être, les images qui le restitueront et © Claude DITYVON, 449-33-MAI 68-RUE GAY-LUSSAC-11 MAI qu’il pourra partager. Ce que l’on nommait « les événe- ments » devient, pour cet amoureux de Giacometti et de Rimbaud, pour cet amateur passionné de jazz et encore plus de free-jazz, qui ap- précie « le silence suspendu entre deux notes » , un véritable terrain d’aventures visuel. Il est déjà à la recherche de ce que l’on retrou- vera développé plus tard dans ses images « la place de l’homme dans l’espace urbain ». Et cela se traduit, plutôt que par des images à prétention informative, par des évocations, des visions, et les affrontements deviennent des mouvements © Claude DITYVON, 448-2A-9 MAI 68-C.BENDIT-ARAGON-BD ST MICHEL de danse qui structurent la rue. Comme Dityvon a choisi de s’attacher à des « entre-deux » , il évite les moments d’intensité maximale, met à profit les lu- mières filtrées, fût-ce par les jets des canons à eau ou les fumées des grenades lacry- mogènes et il installe, comme dans un étrange théâtre, un manifestant, seul, assis sur une chaise, au milieu de la rue livrée à un rêve de révolution. Dityvon partage et capte une ambiance, un état d’esprit, un air de liberté qui lui convient parfaitement. Il s’intéresse aux signes, aux graffi- presque de carnet de notes, comme s’il avait effectué tis, aux palabres, aux visages qui se tendent dans un voyage dans un Paris troublé dans lequel il serait l’échange d’idées, dans les débordements de la arrivé un peu par hasard. Pas d’image symbolique, parole. Lui qui disait, « La rue parlait. Moi, je parle. pas de document pour accompagner les gros titres Et regarder c’est aussi une manière de parler », des quotidiens ou des magazines, pas de volonté trouvait, sans effort apparent, avec une fluidité du de s’inscrire dans l’histoire. Juste un plaisir, sensible, cadre sans égale parce qu’il ne cherche pas à être d’avoir eu la chance d’être là, à ce moment-là, et de démonstratif, une manière de poésie urbaine à ces pouvoir capturer les images sans que les contraintes moments d’affrontements intenses. Il ne pouvait dévoilent le regard. Il a réussi à « donner à voir ce que se sentir concerné par cette énorme envie de qui est entre les choses, ce qui ne se voit pas et qui liberté qui correspondait bien à ses propres rêves. ressemble à la musique des mots et au bruissement de la rue, son état des lieux ». Ce n’est pas rien. Alors, le Mai 68 de Claude Raimond-Dityvon est tout sauf un reportage. On pourrait le qualifier de chronique, au meilleur sens du terme, ou de journal, Christian Caujolle MAI 68 - État des lieux, CLAUDE DITYVON / André Frère Éditions
Épanouissement et plénitude de l’intuition photogra- Son esprit est en train d’inventer quelque chose qu’il phique : voici venir pour Claude Raimond-Dityvon n’avoue savoir théoriser. Photographe esseulé, il veut l’événement tant attendu de sa jeune carrière, l’ins- donner une autre vérité au mot témoignage. Quand tant qu’il guette à l’horizon. Trente ans révolus, une les matraques s’abattent sur les manifestants du culture d’autodidacte, certes, mais tant de livres et Boul’Mich, d’instinct, il sait qu’une boîte de Pandore de brochures, tant de films et de musiques et enfin, s’ouvre. Quand les poteaux de signalisation sont un sens acéré de l’observation, tout cela dans le arrachés, il entrevoit de nouvelles destinations. Le secret espoir de ce qui advient. Lui qui craint tant vieux monde éclate. Pour lui. la foule, ce solitaire se retrouve au milieu, au milieu Dans un récit de Mai 68 qui lui est propre, Claude d’une lueur qu’il n’ose espérer. Raimond-Dityvon propose une vision des événe- ments qui ne satisfait personne. Ici, la figure du héros ne trouve pas sa place. Il faut chercher ailleurs les figures emblématiques qui de- vraient faire l’histoire. Et même si les © Claude DITYVON, 506-13-Bd St Michel-Paris 5e-24 Mai 68 méchants, et il y en eut quelques- uns, arborent la tête de l’emploi, le photographe en fait peu de cas. Car dans cette narration originale, à la forme toujours inégalée, il n’est question que de la relation qu’en- tretiennent l’image et le verbe. La paire ne fait qu’un. Dans ces photographies, on se saoule de mots, on crie et on vocifère. Théâtre de l’illusion ly- rique, ces images nous assurent de la puissance libératrice et singulière de la parole. Elles débordent de mots et d’inscrip- tions qui, dans un flot continu de sons et de signes, croient © Claude DITYVON, MAI 68-BD ST GERMAIN-25 MAI en leur propre pouvoir. Ce que les temps anciens abhorraient jaillit, expression bruyante d’une révolte si longtemps contenue. Les inscriptions sur les murs de la Sorbonne apparaissent pour ce qu’elles sont, des signes incarnant l’idée. À l’impureté du monde, la photographie oppose l’innocence et la naï- veté du verbe et du combat. La quête confuse de ce jeune photographe, de cet autodidacte, traversée de L’homme n’a aucune passion pour l’action. Ses regards et d’égards pour l’autre, s’avère obstinée, images se construisent avec la volonté de dérouler mais limpide. un scénario élaboré et improvisé au jour le jour. Mai La force indiscutable de ces images intemporelles 68 offre tous les éléments d’un film, c’est-à-dire une réside dans l’instauration d’une tension permanente, suite de situations dans lesquelles des figures et des presque paroxystique et, par moments, irréelle. Le postures émergent sous l’autorité d’un réalisateur document vire à l’énigme. Il n’y a ici aucun désir de bienveillant. Ce court métrage, constitué de brèves recréer l’esprit d’un temps révolu : la Commune et séquences, violentes parfois, développe un style le Front populaire ne hantent guère ces apparitions. réfutant le « focus ». Il nous faut regarder l’image Sans souci d’illustrer ou de documenter, faire une dans tous ses détails, et à chaque embranchement, photographie se veut une représentation humble la scruter sans cesse. Elle se nourrit de contrastes d’une volonté pure et affranchie de toute sujétion. violents, intenses dans l’action et dans les échanges En quelques jours, sans commanditaire et sans entre personnages. destination aucune, se façonne un récit qui n’a Tout cela veut dire qu’un simple graffiti, un drapeau d’autre destinée que la satisfaction personnelle du agité, un poing levé, un regard furtif sont la manifes- photographe. À Saint-Germain-des-Prés, dans ce tation de l’enthousiasme, le vivant tout simplement. territoire libéré, Claude Raimond-Dityvon, arpente Ont-ils été si nombreux, les photographes, à savoir les événements en solitaire. Il n’a d’autre volonté redonner une substance à la vie ? que de faire acte de photographie.
L’acte photographique de Claude Raimond-Dityvon « short cuts » dénués de toute logique apparente. ne peut être en reste des événements. Il adopte Il faut, dans ces temps troubles et merveilleux, que une liberté de ton qui s’oppose audacieusement à la photographie abandonne la réalité pour mieux l’urgence de l’information. Il rejoint en cela, comme s’acharner à transcrire le mouvement des choses. toute oeuvre qui s’impose dans la durée, le fonds Si bien que ce moment photographique qui semble commun universel. Ce ne sont ni des mythes et en lui-même éprouvé, jusqu’au lyrisme, apparaît encore moins une relation directe avec les faits qui pour ce qu’il est, une conscience profonde du vécu s’affichent. Le réel, cet objet de toutes les manipula- historique, c’est-à-dire une mesure de l’écart entre tions, ne peut rejoindre les « vérités fondamentales le fait brut, la sensation et la distance. Refus de » que sous une forme transfigurée. Les contours « l’évidence et de la signification cachée, en arpentant traditionnels » et usuels du reportage avouent leur les pavés parisiens, Claude Raimond-Dityvon définit, faiblesse à retranscrire ce que l’opérateur ressent. sans en prendre véritablement la mesure, le nouveau La photographie en Mai 68 se doit d’imposer un programme de la photographie documentaire. langage nouveau, une expression inhabituelle qui doit faire corps charnellement à l’événement. Il faut La photographie est un espace abordé par choix… toute l’ingénuité de la jeunesse pour faire valoir la Et par réduction. Le choix s’impose dans le panora- puissance de l’exception contre le consensus formel mique de l’instant. Alors que la perception faible est en usage dans la photographie de reportage en submergée par le tout, l’homme perspicace s’arrête cette période de glaciation gaullienne. et prend son parti. Personne aujourd’hui n’oserait imposer l’idée que le réel est di- rectement lisible. Rien ne se donne directement, le caractère immédiat de la réalité est un leurre. Le monde © Claude DITYVON, 560-09a-Bd St Germain-Paris 5e-24 Mai 68 sensible se dérobe et se cache. Claude Raimond-Dityvon, et c’est là la proximité revendiquée avec Henri Cartier-Bresson, pressent que le regard n’est rien sans le déplacement, sans arpenter le pavé parisien, une appréhension toute péripatéticienne des faits. La pratique photographique est un chemin que l’on emprunte en solitaire. La saisie des images re- quiert un sentiment d’isolement qui n’a rien de contradictoire avec l’immersion dans le monde. Le quartier Latin, cette île artificielle, est un laboratoire où s’épanouissent les convictions. Le changement n’est nullement contradictoire avec l’acte individuel et, par là, devient exemplaire. Quoi de plus significatif que ces portraits de personnages saisis dans l’unicité de leur gestuelle © Claude DITYVON, 494-4A-MAI 68-BD ST MICHEL ! L’acte photographique est un désir paradoxal de solitude empathique. Claude Raimond-Dityvon se glisse dans l’interstice des événements proprement dits. En voltigeur de la photographie, entre la poésie et les faits, entre les bruits et le silence intérieur, le cliché s’insère dans un intervalle où se déploient des noirs intenses et muets qui relient les silhouettes au décor Claude Raimond-Dityvon ignore d’autant plus les à la profondeur incertaine. Ce qu’il y a entre les règles de l’art photographique qu’il ne les connaît choses unifie l’image. Le silence n’a rien à voir avec pas. Un étonnement constant devant les scènes le support même. Ces images ont d’elles-mêmes qui font leur apparition l’éloigne à chaque moment retiré les sons inutiles. Nous l’avons dit, ces scènes se d’une fabrication conventionnelle de l’image. Il ne regardent délivrées de tout ce qui fait l’actualité ; les cherche pas à expliquer et encore moins à témoi- rues brillent, balayées par les canons à eau, les gaz gner. Ce qui s’impose avec clarté doit conserver sa lacrymogènes modifient notre perception de l’ordre part de mystère. L’homme, pénétré par le cinéma urbain. Le caractère irréel des situations, accentué d’auteur, imprégné du rythme coltranien, se reconnaît par les feux, confine à l’hallucination… dans les palabres improvisées et infinies, dans ces La nuit est un spectacle.
Le photojournalisme s’est fondé sur l’hypothèse de dans l’exigence d’un temps autre. l’imitation du vivant. Claude Raimond-Dityvon, lui, Le silence contrasté du photographe ne préside ni à refuse tout simulacre préférant figer des instants la sidération ni à l’admiration, mais au mystère. Face étincelants, mieux éclairants. Il ne cherche pas à au photo-journalisme traditionnel, agité et explicite, mimer le caractère animé de personnages, de ces supposant éveiller les consciences, se fait jour un ombres qui passent, pavé à la main, combattants autre point de vue qui octroie au spectateur une d’une nuit. Comme si leur immobilité, qui est celle place particulière. Il n’est plus cet observateur soumis de la photographie, n’était que l’attente d’une vieille à « l’art » de l’opérateur. Il se tient à distance. On ne et belle lune, la Révolution. C’est peut-être cela la lui demande pas d’être dans l’action, mais bien au Révolution, un moment de suspens, fécond d’intention contraire de produire par lui-même la singularité de la vision. Une photographie sans surcharge qui n’hésite pas à offrir à notre regard un recul qui pose la représentation comme position po- litique et esthétique. La distance est question d’attitude, la vision est affaire de proximité sensible.Les nuits de ré- © Claude DITYVON, MAI 68-BD ST MICHEL11 MAI-4 volte s’imprègnent d’une composante irréductible : un noir et blanc, humide et gras. À ce moment, le langage et la fureur s’extraient des images. Par ce contraste si particulier, la dimension sensible de la scène devient tactile. La révolte est une matière. Les compositions de Claude Raimond-Dityvon n’ont toutes les laideurs avec l’insouciance de la jeunesse. pas seulement l’intention de capter l’attention du Les ombres ont besoin de la lumière et de tous ces spectateur, elles sont des instants de retrait de la feux allumés. Dans les photographies de Claude réalité au profit d’une exacerbation de la sensibilité. Raimond-Dityvon, le jour est pâle comme un défilé Elle exerce une attirance sur le spectateur, si ce n’est la gaulliste, gris et sans nuances. fascination, troublé par ce théâtre aux sons étouffés. Claude Raimond-Dityvon fut celui qui refusa un Le silence, cette éloquence muette qui fait de la photographie un au-delà des apparences, atteint, parfois, l’essence du fait. Les infor- mations visuelles offrent un point de vue « apaisé », en complète opposition aux compositions mou- vementées. Chacun d’entre nous peut s’installer sur cette chaise © Claude DITYVON, MAI 68-BD ST MICHEL-11 MAI posée au milieu de la confusion, offrant le meilleur des points de vue sur les barricades. Un calme et une sérénité qui ne sont pas sans rappeler le sentiment du « sublime », cher à Emmanuel Kant. La frénésie de faire des images, qui n’est jamais gratuite, se doit de répondre à la nécessité profonde de mettre en connexion le désir du photographe de composer avec le spectateur un théâtre de circonstances… des choses monde qui le lui rendait bien. Nous avions besoin qui ne s’expliquent pas ! Car la vie n’a pas besoin d’un photographe sans « métier », sans références de se justifier, mais simplement d’être vécue. Une appuyées, bref sans tradition. L’acte de photographier photographie ambitieuse n’a pas besoin de proposer est redevenu, grâce à lui, une nécessité et une liberté. des signes et des symboles, mais doit soumettre à Le mépris de la presse, et d’une grande partie de notre sagacité des images achevées, denses, par la profession, l’a libéré des carcans journalistiques. le rejet des habitudes au profit du doute. Ce n’est pas la passion des foules et de l’histoire qui Mai 68 dans ces clichés dépeint une cérémonie l’animait, c’est la liberté sauvage ou la permanence profonde tel un ballet qui n’a d’autre utilité que la de la rébellion qu’il traquait. célébration de la puissance vitale, si ce n’est ma- gique, de la renaissance. Ces ombres aperçues lors « La réalité a rêvé, voici l’essence de notre violence… » de ces nuits ont pris le visage d’un temps incertain. Jean-François Lyotard Un théâtre, qui n’est pas un théâtre de dupes, nous affranchit de l’exhibition vulgaire, la marque de la François Cheval « modernité ». Les ombres montent à l’assaut de MAI 68 - État des lieux, CLAUDE DITYVON / André Frère Éditions
Claude Dityvon Originaire de La Rochelle, Claude Dityvon (1937-2008) reçoit le prix Niépce en 1970 et co-fonde en 1972 l’Agence Viva qu’il dirigera jusqu’en 1980 avec son épouse Chris. Imprégné de littérature et de cinéma depuis l’adolescence, Dityvon développe très tôt une rigueur et une maîtrise absolue dans l’invention de ses images où l’anecdote et l’effet facile ne trouvent jamais place. Plus proches de celles de l’École américaine (Walker Evans, Eugene Smith, Robert Frank...) que des «instants décisifs» d’un Cartier-Bresson, les photographies de Dityvon se lisent chacune comme un acte permanent de recréation du réel, un moment suspendu où l’auteur projette sa propre subjectivité et invite le specta- teur à faire de même. Connu du grand public pour ses images de Mai 68 exposées en 1998 au Musée Guggenheim de New York et publiées la même année tous les jours durant un mois dans le journal « Le Monde », Claude Dityvon est aussi reconnu par ses pairs comme l’un des photographes majeurs français du XXème siècle pour la qualité et la richesse d’une oeuvre importante montrée dans plus de 200 expositions personnelles. Les thématiques abordées par Claude Dityvon sont aussi variées que les bidonvilles, les mineurs, la ville, le monde paysan, le monde du travail, la nuit, la ville, le sport, les canaux du Nord, le cinéma, la bande des- sinée... avec toujours l’Homme pour sujet central. EXPOSITIONS PERSONNELLES (1990-2008) 1990 Au-delà des apparences, Béthune. Autour du cinéma, Théâtre Gérard Philipe, Saint-Denis. Hors champ, Ciné Carné, Saint-Michel-sur-Orge. 1991 Canal du Nord, Galerie Picasso, Denain. 1992 Canal du Nord, Onyx-Espace culturel, Saint-Herblain 1993 Balade en Red Star, Hôtel du Département de la Seine Saint-Denis, Bobigny, Rétrospective 1967-1993, Galerie Espace photographique de Paris, Paris Audiovisuel. Rétrospective 1967-1993, Fondation Charles Cante, Vieille Eglise Saint-Vincent, Mérignac. Parcours en banlieue, audiovisuel, texte J. Guidoni, réalisation J-M Gourden, Maison de la Villette, Paris. Chalon-sur- Saône en Photographie 1995 Red Star, Librairie La Terrasse de Gutenberg, Paris, Librairie Folies d’Encre, Café La Pêche,... 1996 Et l’Homme dans la Ville… Galerie Municipale de Vitry/seine Et l’Homme dans la Ville… Galerie Robert Doisneau Gentilly Et l’Homme dans la ville... Théatre Municipale, Brive la Gaillarde Rétrospective, Centre Culturel A.Malraux-Vandoeuvre les Nancy Red Star, Forum de Blanc-Mesnil L’oeil en coulisse, Cinéma Louis Daquin-Blanc-Mesnil Parcelles de Mémoire, Sommieres, avec le groupe en Vue Objectif Subjectif, Maison Doisneau Gentilly 1998 Paris Mai 68, Galerie Mise au Point Paris Paris mai 68, Musée Guggenheim New-York Paris Mai 68, Universite LILLE III 2000 Mois de la Photo à Paris-Nocturnes, Galerie E.Woerdehoff 2001 Aurore Bleue, Théatre de la Passerelle à GAP Et la Nuit aussi… 6eme Rencontre photographique de Noisiel Nocturnes, Festival de la photographie de Clermont Ferrand 2002 Manoel de Oliveira - Hors Champ, Centre Culturel Calouste Gubelkian Nocturne, Galerie Observatorio Arte Fotografica, Recife (Brésil) 2003 Noir, Etincelles, Galerie Esther Woerdehoff, Paris Passé-Composé, M.F.I, Paris Passé-Composé, Librairie Artazar, Paris Zanzibar, Musée Villegle, Saint Gille, La Réunion La caravane Rimbaud, paysages de Djibouti, deux expos à Djoubiti et Tadjoura La caravane Rimbaud, paysages de Djibouti, Musée Rimbaud Charleville Mezières 2005 Monde oublié, renaissance, Visa pour l’image, Perpignan Nocturnes Biennale Musée d’Art Moderne, Canton (Chine) La caravane Rimbaud, paysages de Djibouti,Théatre de l’Agora, Evry 2006 Festival photographie Sociale- Invité d’honneur, 4 Expositions Sarcelles-Avril 2005 L’homme qui marche, Bibliothèque Universitaire d’Angers, Espace Culturel 2007 L’homme qui marche, Centre Culturel Français Phnom Penh Cambodge VIVA-1972/1982, Jeu de Paume- Hotel Sully Mai 68- Comme un souffle, universités de Brest, Rennes, le Mans, La Rochelle, Angers 2008 Mai 68-Mai 08, FIAP JEAN MONNET PARIS 14EME Mai 68 Hommage, UNION DES PHOTOGRAPHES CREATEURS-PARIS 3EME DITYVON la liberté du regard - LA ROCHELLE 12 EXPOSITIONS J’ai embrassé l’aurore et caressé le crépuscule, NOV 2008 CENTRE REGIONAL DE LA PHOTOGRAPHIE NORD PAS DE CALAIS- Douchy les Mines
INFORMATIONS PRATIQUES Exposition « MAI 68 » Claude DITYVON Du 3 mai au 28 juin 2018 Vernissage, conférence & set jazz Jeudi 3 mai, 18h30, Galerie DITYVON • 17h | Conférence « Photographier le printemps 1968 pour la presse magazine » par Audrey Leblanc, Docteure en histoire, Ehess, Université Lille 3 et animée par Dominique Sagot-Duvauroux, directeur de la SFR Confluences. « Mai 68 » est aujourd’hui connu pour et par ses icônes photographiques – le face à face de Daniel Cohn-Bendit avec un CRS ou la surnommée « Marianne de Mai 68 », par exemple. Or, ces « photographies historiques », ou « images qui ont fait l’histoire », sont le produit d’un système médiatique particulier : la presse magazine et le photojournalisme. Souvent centré sur ses icônes et sur la seule figure professionnelle du photographe, ce système médiatique mobilise pourtant de nombreux autres métiers moins connus qui contribuent, chacun, à la mise en forme quotidienne de l’infor- mation. Les photojournalistes ont intégré ces paramètres professionnels dans leurs prises de vue : ils forment autant de contraintes techniques, médiatiques et culturelles qui conditionnent l’utilisation de leurs images et, par conséquent, leur conception. • 18h30 | Vernissage de l’exposition • 19h-20h | Set Jazz avec Kham Meslien (contrebasse) et Thibaud Thiolon (saxophone tenor) Lieu Galerie DITYVON | BU Saint-Serge - Université d’Angers 11 allée François Mitterrand - Angers Horaires : du lundi au samedi, 8h30-22h30 et dimanche, 13h-20h | Accès libre Contact Université d’Angers Direction de la Culture et des Initiatives | Lucie Plessis, Responsable de la Galerie Dityvon 02 41 96 23 34 | lucie.plessis@univ-angers.fr | Amandine Jamin, chargée des médiations 02 41 96 22 62 | amandine.jamin@univ-angers.fr www.univ-angers.fr | www.bu.univ-angers.fr Galerie 5 À découvrir également Exposition MAI 68 - Claude Dityvon Bibliothèque Alexis de Tocqueville Du 11 mai au 26 août 2018 www.bibliotheques.caenlamer.fr / 02 31 30 47 00
Vous pouvez aussi lire