Littéraire 2018 Rentrée - Seuil
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Sommaire Littérature française David Diop Frère d’âme Cloé Korman Midi Alain Mabanckou Les cigognes sont immortelles Pascal Manoukian Le paradoxe d’Anderson Patrice Pluyette La vallée des Dix Mille Fumées Fanny Taillandier Par les écrans du monde Littérature étrangère J. M. Coetzee L’abattoir de verre Heather O’Neill Les enfants de cœur Itamar Orlev Voyou
Littérature française © Hermance Triay Extrait « J’étais prêt à tout pour qu’il reste en vie. Je le suivais partout sur le champ de bataille. Dès que le capitaine Armand sifflait l’attaque pour bien avertir l’ennemi d’en face que nous allions sortir en hurlant du ventre de la terre, pour avertir l’ennemi de bien se préparer à nous mitrailler, je me collais à Mademba pour que la balle qui le blesse me blesse, ou que la balle qui le tue me tue, ou que la balle qui le rate me rate. Par la vérité de Dieu, les L’Auteur jours d’attaque sur le champ de bataille, Né à Paris en 1966, David Diop David Diop nous étions coude à coude, épaule contre a grandi au Sénégal. Il est actuellement maître de épaule. Nous courions en hurlant vers conférences à l’université de Pau. les ennemis d’en face au même rythme, U Bibliographie Frère d’âme n matin de la Grande Guerre, le capitaine Armand nous tirions nos coups de fusil en même siffle l’attaque contre l’ennemi allemand. Les soldats 1889, l’Attraction universelle s’élancent. Dans leurs rangs, Alfa Ndiaye et Mademba Diop, temps, nous étions comme deux frères L’Harmattan, 2012 deux tirailleurs sénégalais parmi tous ceux qui se battent jumeaux sortis le même jour ou la même alors sous le drapeau français. Quelques mètres après avoir jailli de la tranchée, Mademba tombe, blessé à mort, sous nuit du ventre de leur mère. » les yeux d’Alfa, son ami d’enfance, son plus que frère. Alfa se retrouve seul dans la folie du grand massacre, sa raison s’enfuit. Lui, le paysan d’Afrique, va distribuer la mort sur cette terre sans nom. Détaché de tout, y compris de lui-même, il répand sa propre violence, sème l’effroi. Au point d’effrayer ses camarades. Son évacuation à l’Arrière est le prélude à une remémoration de son passé en Afrique, tout un monde à la fois perdu et ressuscité dont la convocation fait figure d’ultime et splendide résistance à la première boucherie de l’ère moderne. EAN 9782021398243 • 176 pages. 17 € En librairie le 16 août 5
Littérature française © Hermance Triay Extrait « Je franchis la por te. Sur le lit médicalisé, le visage que je regarde est si maigre qu’on dirait la peau d’un animal qu’on ferait sécher sur ses propres os. Pourtant je me souviens illico du visage, et de la voix m’appelant depuis le salon, à midi. À quoi pense-t-il à présent ? Dans l’état où il se trouve, fait-il encore des milliers de plans et de projets de voyage, comme à cette époque lointaine d’où il me revient ? Je revois le jeune homme, dans L’Auteur les diagonales de lumière qui transpercent Cloé Korman Cloé Korman est née en 1983 à les lattes des volets clos en se chargeant Paris. Elle a étudié la littérature, en particulier la littérature anglo- de poussière, de coups de klaxon et saxonne, ainsi que l’histoire des arts d’autres bruits de la ville, des souffles de et du cinéma. Midi est son troisième Midi D ans l’hôpital parisien où elle exerce, Claire voit arriver Dominique, un ancien amant. La maladie de Dom, déjà à un stade très avancé, met en échec ses qualités de médecin la sieste. Il crayonne sur les pages d’un livre. Je sens l’odeur des melons entaillés roman. Bibliographie et fait resurgir le souvenir de leur rencontre. Quinze ans plus dont les pépins mûrissent sur la planche Les Hommes-Couleurs tôt, Claire est partie à Marseille, avec son amie Manu, tra- prix du Livre Inter 2010 vailler dans le théâtre associatif que dirigeait Dominique. en compagnie d’une mouche. Le livre : prix Valery-Larbaud 2010 Au milieu d’un groupe d’enfants occupés à apprivoiser la peut-être La Tempête, pour préparer les Seuil, 2010, et « Points », n° P2635 scène et embarqués dans une adaptation tumultueuse de La Tempête de Shakespeare, elles sont troublées par une scènes des enfants, peut-être autre chose, Les Saisons de Louveplaine Seuil, 2013, et « Points », n° P3341 silhouette fragile : celle d’une petite fille marginale, aussi une bande dessinée, ou rien, son attente mal à l’aise dans sa famille que parmi les autres enfants, ni triste ni désemparée mais agitée de plus et qui semble les appeler à l’aide. Pourtant, la joie de l’été, la découverte du désir et le cercle des silences coupables de pensées et de désirs que la journée les empêchent de prendre conscience du drame en train ne pourra jamais en exaucer. » de se nouer. Porté par le souffle vital de deux héroïnes à peine sorties de l’adolescence, Midi nous entraîne dans une enquête sur le mystère d’une violence exposée devant tous, en plein soleil, et néanmoins inapprochable. EAN 9782021403558 • 224 pages. 18 € En librairie le 16 août 7
Littérature française © Nico Therin Extrait « Maman Pauline dit souvent que lorsqu’on sort il faut penser à mettre des habits propres car les gens critiquent en premier ce que nous portons, le reste on peut bien le cacher, par exemple un caleçon gâté ou des chaussettes trouées. Je viens donc de changer de chemise et de short. Papa Roger est assis sous le man- guier, au bout de la parcelle, très occupé à écouter notre radio nationale, La Voix de L’Auteur la Révolution Congolaise, qui, depuis hier Alain Mabanckou est né en 1966 Alain Mabanckou après-midi, ne passe que de la musique à Pointe-Noire, au Congo-Brazzaville. Ses œuvres sont traduites dans soviétique. le monde entier. Il enseigne la littérature francophone à l’Université Sans se retourner, il me donne des Les cigognes À Pointe-Noire, dans le quartier Voungou, la vie suit son de Californie-Los Angeles (UCLA). cours. Autour de la parcelle familiale où il habite avec consignes : sont Maman Pauline et Papa Roger, le jeune collégien Michel a – Michel, ne traîne pas sur ton chemin ! Bibliographie sélective immortelles une réputation de rêveur. Mais les tracas du quotidien (argent N’oublie pas les courses de ta mère, mon Verre Cassé égaré, retards et distractions, humeur variable des parents, prix Ouest-France/ mesquineries des voisins) vont bientôt être emportés par vin rouge, mon tabac, et ne perds pas Étonnants Voyageurs le vent de l’Histoire. En ce mois de mars 1977 qui devrait ma monnaie ! prix des Cinq Continents de la marquer l’arrivée de la petite saison des pluies, le camarade Francophonie et le prix du livre RFO président Marien Ngouabi est brutalement assassiné à S’il me rappelle de ne pas traîner c’est Seuil, 2005, et « Points », n° P1418 Brazzaville. Et cela ne sera pas sans conséquences pour parce que j’ai l’habitude d’admirer les Mémoires de porc-épic le jeune Michel, qui fera alors, entre autres, l’apprentissage prix Renaudot 2006 voitures des capitalistes noirs du côté de Seuil, 2006, et « Points », n° P1742 du mensonge. Partant d’un univers familial, Alain Mabanckou élargit vite l’avenue de l’Indépendance en me disant Lumières de Pointe-Noire le cercle et nous fait entrer dans la grande fresque du colo- que je ne les reverrai plus dans ma vie. » Seuil, 2013, et « Points », n° P3203 nialisme, de la décolonisation et des impasses du continent Petit Piment africain, dont le Congo est ici la métaphore puissante et Seuil, 2015, et « Points », n° P4465 douloureuse. Mêlant l’intimisme et la tragédie politique, il explore les nuances de l’âme humaine à travers le regard naïf d’un adolescent qui, d’un coup, apprend la vie et son prix. EAN 9782021304510 • 304 pages. 19,50 € En librairie le 16 août 9
Littérature française © Hermance Triay Extrait « Christophe n’a jamais trouvé aussi gracieuse la chorégraphie métallique des machines tournant et retournant les bouteilles chauffées à blanc de leurs pinces d’acier. Sans doute la peur de ne plus assister au spec- tacle. Elles montent et descendent, glissent de goulotte en goulotte, épurant leur ligne d’un moule à l’autre pour défiler, cristallines et pures, longues et fines, sous l’éclairage des scanners de contrôle avec la grâce de danseuses de cabaret en plein tableau final. Tout autour des fours, ses gars s’activent. Chacun maîtrise un geste à la perfection. L’Auteur Pascal Manoukian Aucun n’est suffisant mais tous sont indis- Photographe, journaliste, réalisateur, Pascal Manoukian a couvert un pensables. Il est fier d’être le chef d’orchestre grand nombre de conflits. Ancien de ce ballet d’artistes en bleu de travail. directeur de l’agence Capa, il se Nul dans le fracas des machineries ne peut consacre à l’écriture. Il a notamment Le paradoxe d’Anderson P lus rien n’est acquis. Plus rien ne protège. Pas même les diplômes. À 17 ans, Léa ne s’en doute pas encore. À 42 ans, ses parents imaginer la délicatesse et la précision des mains qui font naître du feu autant de grâce. Il publié, aux éditions Don Quichotte, Le Diable au creux de la main (2013), Les Échoués (2015) vont le découvrir. La famille habite dans le nord de l’Oise, où faut dix ans à un doreur avant d’avoir le droit de et Ce que tient ta main droite la crise malmène le monde ouvrier. Aline, la mère, travaille t’appartient (2017). tracer à l’or fin le trait qui soulignera le goulot dans une fabrique de textile, Christophe, le père, dans une manufacture de bouteilles. Cette année-là, en septembre, coup d’une carafe. Dix années d’apprentissage Bibliographie sélective de tonnerre, les deux usines qui les emploient délocalisent. pour cinq secondes de perfection. Christophe Le Diable au creux de la main Ironie du sort, leur fille se prépare à passer le bac, section en a chaque fois les larmes aux yeux. Il est Don Quichotte, 2013, et « Points », « économique et social ». amoureux de son usine. La fermer, ce serait n° P4154 Pour protéger Léa et son petit frère, Aline et Christophe vont redoubler d’imagination et faire semblant de vivre comme lui arracher le cœur, et aujourd’hui, à son âge, Les Échoués Don Quichotte, 2015, et « Points », avant, tout en révisant avec Léa ce qui a fait la grandeur du dans l’Oise, il le sait, aucune greffe n’est pos- n° P4480 monde ouvrier et ce qui aujourd’hui le détruit. Comme le sible, il n’y a plus de donneurs d’ordre, les Ce que tient ta main droite paradoxe d’Anderson, par exemple. seuls à faire repartir le cœur des chômeurs t’appartient « C’est quoi, le paradoxe d’Anderson ? » demande Aline. Léa Don Quichotte, 2017, et « Points », sont les restos du même nom, et toujours hésite. « Quelque chose qui ne va pas te plaire », prévient-elle. n° P4709 Léon, dit Staline, le grand-père communiste, les avait pourtant quand il passe devant, il prie pour ne jamais alertés : « Les usines ne poussent qu’une fois et n’engraissent devoir s’y arrêter. » que ceux qui les possèdent. » EAN 9782021402438 • 304 pages. 19 € En librairie le 16 août 11
Littérature française © Hermance Triay Extrait « Tout porte à y croire : en pleine retraite monsieur Henri se remet à naître. Il est pourtant déjà vieux mais il ouvre les yeux comme si c’était la première fois sur une surface plane, claire, horizontale, limitant l’espace dans sa partie supérieure. Le regard se fixe sur cette surface sans que le cerveau cherche à identifier l’image ni à lui trouver un nom (plafond) ; rien que d’avoir ouvert les yeux et de découvrir une lumière, monsieur Henri trouve cela L’Auteur formidable. En fermant les paupières la Patrice Pluyette est né en 1977 Patrice Pluyette lumière se retire, à l’inverse forcément le à Chevreuse. Il vit en Bretagne et se consacre à l’écriture. jour revient. Ce qui nous semble évident Il a été pensionnaire de la villa Médicis à Rome en 2010. est une source d’émerveillement pour La vallée M onsieur Henri, soixante-quinze ans au début de ce roman, La Vallée des Dix Mille Fumées sort d’une longue période d’immobilité à la suite d’une lui. Le mouvement répond à sa volonté : est son huitième roman. des chute de toit. C’est pour lui l’occasion de redécouvrir le monde, clignement, balayage oculaire droit, Bibliographie sélective Dix Mille en toute innocence et avec des yeux neufs, comme une pre- gauche, coupe transversale. En relevant mière fois pour chaque chose, chaque paysage, chaque Fumées réalité. D’abord la maison, puis le jardin, puis les alentours, un peu la tête on exerce la technique sur La Traversée du Mozambique par temps calme et bientôt, aidé par son médecin traitant et un nouveau voisin trois autres surfaces (la quatrième s’élève prix Amerigo Vespucci 2008 qui ne l’est pas tant, monsieur Henri exprime des appétits de prix Pierre Mac Orlan 2008 lointains, d’expéditions à travers le globe que ses lectures derrière lui) séparées de la première par Seuil, 2008, et « Points », n° P2207 lui inspirent. Il lui faudra se contenter de moins, même si un un angle droit. » Un été sur le Magnifique certain goût pour les extrêmes, volcans ou sommets monta- Seuil, 2011 gneux, trouvera sa satisfaction, ou presque, dans des entre- La Fourmi assassine prises plus modestes, en Auvergne et sur le mont Blanc. Seuil, 2015 Dans ce roman d’apprentissage ou de découverte, Patrice Pluyette fait montre d’une fantaisie à proprement parler extraordinaire, il réussit à enchanter le réel et nous invite à retrouver l’origine de nos sensations, de nos sentiments, de nos rêves aussi. Un roman des merveilles. Un roman qui rend tout merveilleux. EAN 9782021240023 • 320 pages. 19 € En librairie le 16 août 13
Littérature française © Hermance Triay Extrait « Faute de film, nous n’aurons pas un regard pour ce carré de pelouse bien tondue qui descend, depuis la porte-fenêtre restée ouverte, jusqu’au lac. La scène ne sera enregistrée nulle part. Deux corneilles réveillées se sont mises à tournoyer, formes noires et légères dans un monde encore bleu, et jettent leur cri perçant vers le voile de brume matinale suspendu sur les eaux, que le soleil n’a pas encore déchiré. Plus loin sur la berge se L’Auteur détachent les silhouettes droites des pins Née en 1986, Fanny Taillandier Fanny Taillandier sur le miroitement huileux de l’eau calme est agrégée de lettres. Elle écrit des textes pour des revues telles qui dépasse au-dessus des hautes herbes, que Mouvement ou Urbanités, et participe à différents croisements jusqu’à perte de vue. Souvent il y a du vent Par D ans l’aube à peine levée sur un lac proche de Detroit, artistiques (Rencontres d’Arles, aux États-Unis, un vieil homme insomniaque laisse ici, mais ce matin à peine un souffle. festival Hors Pistes, Muerto Coco). les écrans successivement le même message à sa fille et à son fils : il Dans le cadre que fait la porte-fenêtre, Elle vit et travaille en Seine-Saint- Denis. Par les écrans du monde du monde va bientôt mourir. Elle est une brillante mathématicienne et bordée d’un côté par le voilage blanc est son troisième livre. travaille à calculer les risques dans une compagnie mon- diale d’assurances dont le siège est au World Trade Center, bouffant légèrement sous cette minuscule Bibliographie à New York. Lui est un vétéran de l’US Air Force, il dirige la brise, le paysage a l’air d’une photo peinte : sécurité à l’aéroport de Boston. C’est le matin du 11 septembre Les Confessions du monstre 2001 et un jeune architecte égyptien, Mohammed Atta, a pris pelouse, hautes herbes, pins, lac, ciel. » prix littéraire des Grandes Écoles Flammarion, 2013 les commandes d’un Boeing 767. Entre roman d’espionnage et méditation historique, entre Les États et Empires western et fable dostoïevskienne, Fanny Taillandier propose du lotissement Grand Siècle prix Révélation de la SGDL 2016 de parcourir le labyrinthe cathodique d’un millénaire dont le prix Fénéon 2017 spectacle, d’emblée, s’impose comme une énigme. PUF, 2016 EAN 9782021401301 • 256 pages. 18,50 € En librairie le 16 août 15
Littérature étrangère © Jerry Bauer Extrait « Elle n’éprouve aucune culpabilité. Pas la moindre. C’est ce qui la surprend. Une ou deux fois par semaine, elle se rend en ville, chez un homme, se déshabille, fait l’amour avec lui, se rhabille, quitte les lieux, va à l’école récupérer sa fille et celle d’une voisine. Ensuite, pendant que les deux filles prennent leur goûter et regardent la télévision, elle se douche, se lave les cheveux, se fait toute fraîche, toute neuve. Sans culpabilité. Fredonnant. L’Auteur Quel genre de femme suis-je ? se J. M. Coetzee J. M. Coetzee, né en 1940 au demande-t-elle en tendant le visage sous Cap (Afrique du Sud), est l’auteur de treize romans, trois romans Prix Nobel de littérature la cascade d’eau chaude. Quel genre de autobiographiques, plusieurs femme suis-je donc, que me convienne si recueils de nouvelles et d’essais traduits dans une trentaine de facilement cette infidélité ? L’abattoir de verre U ne femme, écrivain, au soir de sa vie. Chaque jour qui passe la rapproche de l’ombre, et elle constate, avec calme et lucidité, la déliquescence de ses facultés mentales. Infidélité : c’est le mot qu’elle a prononcé langues et abondamment primés. Lauréat du prix Femina étranger et par deux fois du Booker Prize, in petto à l’instant où l’homme s’est glissé en il a reçu le prix Nobel de littérature Autour d’elle se pressent ses enfants, qui s’inquiètent pour elle, l’admonestent de quitter l’Australie pour les rejoindre. elle la première fois. Tout ce qui s’était passé en 2003. Il vit aujourd’hui à Adélaïde, en Australie. Elle s’y refuse pourtant, préférant faire face à l’inéluctable auparavant pouvait trouver excuse, être dans la liberté et l’indépendance de la solitude, s’interro- Bibliographie sélective geant jusqu’au bout, sans relâche, sur le sens de sa propre qualifié de futile : les baisers, l’effeuillage, existence et sur la nature profonde de notre humanité. les caresses. À tout cela, on pouvait donner L’Été de la vie En sept tableaux romanesques, J. M. Coetzee nous offre Seuil, 2010, et « Points », n° P2667 un autre nom. Mais quand il s’est glissé en un somptueux portrait de femme (une certaine Elizabeth Une enfance de Jésus Costello) et une leçon de littérature, aussi dense que brève. elle, la chose est devenue irréversible. Elle Seuil, 2013, et « Points », n° P3303 Dans une langue d’une épure admirable, il touche au cœur advenait ; elle était advenue. » Trois Histoires de nos interrogations les plus complexes et les plus univer- Seuil, 2016 selles (que restera-t-il de nous lorsque nous serons partis ? L’Éducation de Jésus que transmet-on à ceux qui restent ?) et les affronte sans Seuil, 2017 jamais se départir de sa suprême élégance, de sa dignité et de son humilité. Traduit de l’anglais par Georges Lory EAN 9782021402391 • 176 pages. 18 € En librairie le 16 août 17
Littérature étrangère © Julia C. Vona Extrait « En ce jour de 1914, une très jeune fille frappa à la porte de l’hôpital de la Misé- ricorde à Montréal. Elle avait des joues rondes comme des pommes. Elle avait douze ans. […] Tous les jours, des jeunes filles enceintes faisaient la queue devant l’hôpital, avec leur gros ventre qu’elles ne pouvaient plus cacher à leur famille. On les avait mises à la porte. Elles arrivaient avec l’empreinte de la main de leur père sur le visage, s’efforçant de cacher leurs L’Auteur bleus sous leurs jolies bouclettes blondes Heather O’Neill Heather O’Neill est née et vit à ou leur chevelure noire et lisse. On aurait Montréal. Après La Ballade de Baby, dit des poupées de porcelaine tombées finaliste du prix Orange, The Girl Who Was Saturday Night et le recueil en disgrâce auprès d’un enfant. Elles de nouvelles Daydreams of Angels, Les enfants de cœur M ontréal, hiver 1914. Deux bébés sont abandonnés dans un orphelinat. Élevés sous la férule des bonnes sœurs, ils ne tardent pas à révéler des dons exceptionnels. Pierrot avaient gâché leur vie entière pour cinq minutes de plaisir dans un escalier de à paraître aux éditions du Seuil, Les enfants de cœur est son troisième roman. est un pianiste prodige ; Rose sait comme personne illuminer service avant d’être répudiées à jamais le visage des enfants tristes par ses pantomimes. Ils tombent Bibliographie bientôt amoureux, et se mettent à rêver ensemble d’un avenir par leurs parents, tandis que les jeunes La Ballade de Baby lumineux, sous le chapiteau du cirque le plus spectaculaire que pères continuaient de vaquer à leurs occu- 10/18, 2008 le monde ait jamais connu. Mais l’adolescence les sépare et, tandis que s’avancent les ombres de la Grande Dépression, pations, se promenaient à bicyclette et voici nos tourtereaux repoussés aux marges sordides de la ville, sifflaient dans leur bain. Voilà pourquoi on dans la misère, la débauche et le crime. Animés cependant avait construit cet édifice. Par immense d’une foi inextinguible en leurs talents et d’un insatiable appétit de vie, Rose et Pierrot n’auront de cesse de braver les obs- bonté envers ces misérables gueuses. » tacles, et ne désespéreront jamais de se retrouver. Rocambolesque et poétique, le roman de Heather O’Neill fait retomber le lecteur en enfance, convoquant les pouvoirs magiques de l’imagination pour l’entraîner dans une étour- dissante parade d’aventures et d’émotions. Traduit de l’anglais (Canada) par Dominique Fortier EAN 9782021363456 • 480 pages. 21,50 € En librairie le 16 août 19
Littérature étrangère © DR Extrait « Il était là, assis sur son lit, adossé contre le mur, cheveux ébouriffés, visage gris. S’il était né dans un autre milieu social, dans un autre pays, en un autre temps, il aurait pu être un libertin plein de panache… Mais là, ce n’était qu’un voyou polonais qui avait émergé des égouts de Majdanek pour atterrir dans la crasse des quartiers pauvres de Wrocław. Son aura de liberté et de romantisme fracassée sur le sol d’une réalité viciée, sombre, L’Auteur nauséabonde. Il était à moitié assoupi, Itamar Orlev est né en 1975 à Itamar Orlev avachi, en pyjama élimé, la bouche entrou- Jérusalem. Après des études d’histoire et de cinéma, il travaille verte, une cigarette consumée entre les dans l’édition. Il vit aujourd’hui à Berlin avec sa femme et ses deux doigts. Vieux. Pitoyable. Mon père. Baiseur Voyou L orsque sa femme le quitte, emportant loin de lui leur fils. Voyou a été récompensé en jeune fils, Tadek voit soudain sa vie s’effriter entre ses et buveur invétéré, qui s’était enivré de 2016 par le prix Sapir du meilleur premier roman en Israël. doigts. Il n’a plus pour compagnie qu’un fatras de souvenirs, musique, qui avait dansé, frappé, tué sans de cauchemars – et un fantôme, celui de son père, qu’il scrupule. Comment ne pas rester pantois n’a pas revu depuis vingt ans. Sur un coup de tête, Tadek décide alors de quitter Jérusalem pour retrouver ce dernier, devant la capacité de jouissance absolue qui croupit dans un hospice de Varsovie. L’homme qu’il dont il avait fait preuve toute sa vie, sans découvre n’est plus que l’ombre du personnage flamboyant qui a marqué son enfance. Stefan Zagourski était jadis un jamais tenir compte de personne à part lui- ogre, une force de la nature, un séducteur – et un monstre. Il même ? Pourtant, j’avais beau regarder, je buvait, vitupérait, cognait, faisait régner la terreur au sein de ne trouvais pas le moindre flamboiement sa famille, qui a préféré le fuir en émigrant. Aujourd’hui, c’est un vieil homme pathétique aux portes de la mort, impotent, dans l’individu minable qui somnolait sur rongé par l’alcool et la rancœur, hanté par les atrocités de le lit en face de moi. » la Seconde Guerre mondiale, dont il fut à la fois une victime et un bourreau. Une semaine durant, père et fils vont se confronter, et affronter ensemble les spectres du passé, à la recherche d’une impossible réconciliation. Traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz EAN 9782021365795 • 432 pages. 22 € En librairie le 16 août 21
Les Éditions du Seuil vous proposent de retrouver toutes les informations de ce catalogue sur le site dédié à la Rentrée Littéraire. Vous y découvrirez des interviews d’auteurs et les premiers chapitres des romans ainsi que des extraits audio. www.rentree-seuil.com Pour y accéder directement, flashez ce code : Et pour suivre toute notre actualité : Les prix et les paginations sont donnés à titre indicatif et ne sont en aucun cas contractuels.
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