Journée de réflexion 2018 La psychiatrie dans le canton de Berne La sécurité IT dans les cabinets

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Journée de réflexion 2018 La psychiatrie dans le canton de Berne La sécurité IT dans les cabinets
Le magazine de la
No 6                                    Société des Médecins
decembre 2018                             du Canton de Berne

Sujets de cette édition

Journée de réflexion 2018

La psychiatrie dans le
­canton de Berne

La sécurité IT dans les
­cabinets

                            doc.be 06/2018 Editorial      1
Journée de réflexion 2018 La psychiatrie dans le canton de Berne La sécurité IT dans les cabinets
Les soins médicaux de base du point
                               de vue de la psychiatrie

                               Selon les statistiques des pays de l’UE (y compris la Suisse),
                               en une année, 38 % de la population est confrontée à des
                               ­troubles mentaux. Le traitement de ces troubles fait partie des
                                soins m­ édicaux de base. Il arrive souvent que les médecins
                                généralistes traitent également des dépressions, des troubles de
                                l’anxiété et des addictions et que les psychiatres gèrent les
                                ­troubles somatiques.

                               En d’autres termes : nous, les psychiatres, apportons également
                               une contribution importante aux soins de base. Selon l’OFSP,
                               une coopération étroite et bien coordonnée entre les différentes
                               professions de santé est essentielle pour les soins de base.
                               Nous avons un objectif commun : ensemble, nous soutenons la
                               salutogenèse, les structures familiales et professionnelles. Pour
                               y parvenir, nous avons besoin de plus d’échanges entre les
                               spéci­alistes. Dans mon quotidien de médecin, je travaille avec
                               différents partenaires et interlocuteurs : des physiothérapeutes,
                               des ergothérapeutes et des thérapeutes complémentaires
                               mais aussi des services de soins psychiatriques à domicile, des
                               services sociaux et bien sûr avec des médecins généralistes.
                               Le maintien de tous ces contacts dépasse souvent les ressources
                               d’un seul cabinet. Ce qu’il faut, c’est une nouvelle cohésion
                               et une nouvelle reconnaissance de la part de l’État et des assu-
                               reurs maladie.

                               Des soins de base communs, tels que je les souhaiterais,
                               ­appor­teraient une nouvelle répartition des rôles et, surtout, une
                                ­communication plus interdisciplinaire. Poser des questions
                                 est l’une de nos compétences fondamentales en tant que méde-
                                 cins. Pensons à poser cette question à nos collègues en 2019 :
                                 quo vadis ? Il suffit d’une question pour entamer un nouveau
                                 dialogue.

                               Dr méd. François Moll
                               Vice-président de la Société des Médecins du Canton de Berne

2   doc.be 06/2018 Editorial
Journée de réflexion 2018 La psychiatrie dans le canton de Berne La sécurité IT dans les cabinets
Contenu                                                Remarque personnelle

5    Pas d’économies pour
     les frais de santé
                                                            Ces dernières semaines, le service de
                                                            soins à domicile de Berne (Spitex) a
                                                                                                           ­solidarité n’a pas été rédigé par la SMCB
                                                                                                           et que la collecte de signatures a été ef-
     La journée de réflexion de la SMCB de                  approché de nombreux membres de la              fectuée sans en informer la SMCB et sans
     cette année était consacrée à des                      SMCB pour une campagne de signatures.           son consentement. Néanmoins, dans
     sujets sensibles.                                      La raison de cette campagne fut une dé-         l’absolu, le Comité partage les préoccu-
                                                            cision du Tribunal fédéral selon laquelle       pations de l’association d’aide et de soins

10   Psychiatrie : davantage
     de mise en réseau, des soins
                                                            les frais de matériel pour les plaies et les
                                                            soins ne doivent plus être pris en charge
                                                                                                           à domicile de Berne.

     plus personnalisés et plus                             par les caisses d’assurance-maladie.
     d’offres ambulatoires
     Le colloque 2018 sur la psychiatrie s’est              Dans un appel aux responsables des
     concentré sur le développement futur                   organisations d’aide et de soins à domi-
     de la psychiatrie dans le canton de Berne              cile du canton de Berne, l’Association
     et sur la mise en réseau des différents                Spitex du canton de Berne a faussement
     acteurs.                                               prétendu que cette campagne de signa-
                                                            tures avait lieu en concertation avec la

12   Les jeunes prennent leur
     ­avenir en main
                                                            SMCB et a joint un prétendu courrier de
                                                            solidarité de la SMCB. Le Comité exécutif
      Cette année, MEDIfuture a attiré plus                 de la SMCB constate que le courrier de
      de 400 futurs et jeunes médecins à Berne.
      La Société des Médecins du Canton
      de Berne a participé à l’événement et
      disposait de son propre stand.

15   La sécurité informatique est
     du ressort des patrons
     Les cabinets médicaux peuvent être
     la cible des cybercriminels. Pascal
     Lamia explique ce à quoi les médecins
     doivent faire attention.

18   Le Big Data nécessite une
     interprétation humaine
     Les acteurs du système de santé ne
     peuvent pas faire l’impasse sur la trans-
     formation numérique, mais ils peuvent
     la façonner.                                           Test d’aptitude à la conduite :
                                                            désormais en ligne et à partir
                                                            de 75 ans
                                                            À partir du 1er janvier 2019, les automobi-    main, ont été remplacés par un outil en
     Mentions légales                                        listes devront se soumettre à un examen       ligne nommé BEmedko. Le contenu du
     doc.be, organe de la Société des Médecins du           médical tous les deux ans pour vérifier        processus n’a pas changé. Les médecins
     Canton de Berne ; éditeur : Société des Médecins        leur aptitude à la conduite uniquement        sont guidés dans ce programme Web
     du Canton de Berne, Postgasse 19, 3000 Berne 8 /        à partir de 75 ans. Parallèlement, le         d’une manière analogue au format papier
     paraît 6× par an ; responsable du contenu :            Conseil fédéral relève de 70 à 75 ans la       actuel.
     comité directeur de la Société des Médecins du          limite d’âge pour les médecins cantonaux
     Canton de Berne ; rédaction : Marco T­ ackenberg,       habilités à effectuer des examens de          La connexion à BEmedko se fait au
     Simone Keller et Markus Gubler, service de             ­médecine du trafic.                           moyen du nom d’utilisateur et du mot
     presse et d’information de la SMCB, Postgasse 19,                                                     de passe personnels attribués par HIN.
     3000 Berne 8, T 031 310 20 99, F 031 310 20 82 ;       Dans le canton de Berne, l’Office de la        Afin de pouvoir être identifiés individuel-
     tackenberg@forumpr.ch, keller@forumpr.ch,              circulation routière et de la navigation       lement, les médecins ne peuvent pas se
     gubler@forumpr.ch ; annonces : Simone Keller,          a modifié le système de contrôle médi-         connecter au moyen d’un compte groupé
     keller@forumpr.ch ; conception / layout : ­Definitiv   cal le 1er novembre 2018 (cf. newsletter       (p. ex. cabinet de groupe).
     ­Design, Bern ; impression : Druckerei Hofer           SMCB du 22.08.2018 et du 16.11.2018).
     ­Bümpliz AG, 3018 Berne ; photo de couverture :        Le formulaire d’inscription et la feuille      Plus d’informations : www.be.ch/bemedko
     Fridolin Marty, photo prise par Marco Zanoni           d’anamnèse, remplis aujourd’hui à la

                                                                                                           doc.be 06/2018 Quoi de neuf ?            3
Journée de réflexion 2018 La psychiatrie dans le canton de Berne La sécurité IT dans les cabinets
4   doc.be 06/2018 Editorial
Journée de réflexion 2018 La psychiatrie dans le canton de Berne La sécurité IT dans les cabinets
Pas d’économies
                                pour les frais
                                de santé
                                Que faut-il penser des mesures prises par
                                le Conseil fédéral pour réduire les coûts
                                dans le domaine de la santé ? Quel peut être
                                le coût des soins de santé ? Quelles seraient
                                les conséquences d’un budget global ? La
                                journée de réflexion de la SMCB de cette
                                année était consacrée à des sujets sensibles.

Hans-Peter Kohler, membre       Texte : Sandra Küttel, direction de                      aux États, de rédiger un rapport d’exper-
du Grand Conseil et médecin :   ­secrétariat SMCB                                        tise. L’objectif : proposer des mesures de ré-
« Notre profession doit         Photos : Marco Zanoni                                    duction des coûts pour diminuer les coûts
résoudre les problèmes elle-                                                             de la santé. Un rapport contenant 38 me-
même et parvenir à un                                                                    sures a été présenté. Le Conseil fédéral a
accord avec les partenaires     Peu de temps avant la date clôture de la rédaction,      lui-même défini les mesures prioritaires et
sociaux. »                      nous avons reçu la triste nouvelle qu’Urs Roth avait     les a soumises pour consultation. La pé-
                                mis fin à ses jours. Le comité de la SMCB exprime        riode de consultation dure jusqu’à fin 2018.
                                ses plus sincères condoléances à sa famille, à ses
                                proches et à ses amis. Au fil des ans, la Société        FMH : « des allégations non fondées
                                des Médecins du Canton de Berne a entretenu un           et de fausses données alimentent
                                échange extraordinairement constructif avec Urs          le débat »
                                Roth et Visana.                                          Les primes d’assurance-maladie sont-elles
                                                                                         effectivement si lourdes à porter pour le
                                                                                         budget d’un ménage sur deux comme on
                                                                                         a pu le lire dans le journal gratuit « 20 mi-
                                                                                         nutes » le 15.08.2017 ? Nora Wille, colla-
                                                                                         boratrice scientifique personnelle du pré-
                                La direction de la SMCB a discuté avec des               sident de la FMH, Jürg Schlup, a évoqué
                                intervenants de haut niveau sur les « Me-                lors de la réunion à huis clos une étude
                                sures du Conseil fédéral contre la hausse                représentative du Moniteur de la santé gfs
                                des coûts de la santé ». Lesquelles doit-on              2018. L’étude de l’institut gfs présente une
                                rejeter, lesquelles doit-on accepter et que              image quelque peu différente : 5 à 11 % de
                                se passera-t-il ensuite ?                                la population considèrent les primes d’assu-
                                                                                         rance-maladie comme un problème. 54 %
                                Voilà ce qui s’est passé jusqu’ici : fin 2016,           des personnes interrogées les trouvent éle-
                                le conseiller fédéral Alain Berset a chargé              vées, mais supportables, pour 28 % d’entre
                                un groupe d’experts internationaux prési-                elles les primes ne posent aucun problème.
                                dé par Verena Diener, ancienne conseillère               Beaucoup de bruit pour rien ? Non, car les

                                                                                       doc.be 06/2018 Journée de réflexion 2018      5
Journée de réflexion 2018 La psychiatrie dans le canton de Berne La sécurité IT dans les cabinets
Graphique : évolution du PIB                                                Frais de santé
en comparaison avec les                                                     PIB
coûts de santé au cours des                                                 AOS
15 dernières années
(source : economiesuisse)
                                                                            700 000

                                                                            600 000

                                                                            500 000

                                                                            400 000

                                                                            300 000

                                                    en 1000 CHF par année
                                                                            200 000

                                                                            100 000

                                                                                   0
                                                                                         1996
                                                                                                1997
                                                                                                       1998
                                                                                                              1999
                                                                                                                     2000
                                                                                                                            2001
                                                                                                                                   2002
                                                                                                                                          2003
                                                                                                                                                 2004
                                                                                                                                                        2005
                                                                                                                                                               2006
                                                                                                                                                                      2007
                                                                                                                                                                             2008
                                                                                                                                                                                    2009
                                                                                                                                                                                           2010
                                                                                                                                                                                                  2011
                                                                                                                                                                                                         2012
                                                                                                                                                                                                                2013
                                                                                                                                                                                                                       2014
                                                                                                                                                                                                                              2015
                                                        coûts de la santé sont une charge lourde                                                    economiesuisse : tout est une
                                                        pour 800 000 personnes. C’est donc un pro-                                                  ­question de proportions
                                                        blème à prendre au sérieux.                                                                 Pour Fridolin Marty, économiste et res-
                                                                                                                                                     ponsable de la politique de santé chez eco-
                                                       Des mesures sont nécessaires. Il est évident                                                  nomiesuisse, tout est une question de pro-
                                                       qu’il faut d’abord empêcher les prestations                                                   portions : le produit intérieur brut (PIB) de
                                                       médicales inutiles ou évitables. Toutefois,                                                   la Suisse est nettement supérieur aux coûts
                                                       les experts ne sont pas d’accord sur le po-                                                  des soins de santé (voir graphique). En
                                                       tentiel d’économies : l’Office fédéral de la                                                 d’autres termes : nous pouvons nous per-
                                                       santé publique (OFSP) s’appuie sur des es-                                                    mettre ce système de santé. Toutefois, cela
                                                       timations d’experts et estime le « potentiel                                                  ne s’applique pas à un groupe important :
                                                       d’amélioration de l’efficacité » à 20 %. Rien                                                 les primes d’assurance-maladie absorbent
                                                       ne le prouve et l’OFSP ne précise pas non                                                     presque toutes les économies des ménages
                                                       plus où ce potentiel pourrait être réalisé.                                                  avec un seul revenu et avec deux enfants.

                                                       Où peut-on vraiment faire des                                                                « De nos jours, rien n’est gratuit »
                                                       ­économies sans que cela ne fasse                                                            Comme Fridolin Marty l’a montré, les fi-
                                                        mal ?                                                                                       nances cantonales seront beaucoup plus
                                                       La FMH considère l’EFAS – le ­fi nancement                                                   grevées par les dépenses de santé que ré-
                                                        uniforme des prestations ambulatoires et                                                    compensées par l’augmentation des recettes
                                                        stationnaires – comme un important po-                                                      fiscales. Il n’est donc pas surprenant que les
                                                        tentiel d’économies. Du point de vue de                                                     parlementaires voient la nécessité d’agir
                                                        la FMH, le rapport d’expertise n’est pas                                                    sur les coûts des soins de santé. Et lorsque
                                                        à la hauteur. Si les soins de santé sont de                                                 le législatif s’active, cela conduit générale-
                                                        plus en plus transférés vers le secteur am-                                                 ment à de nouvelles lois. Plus les dépenses
                                                        bulatoire, comme l’a décidé l’OFSP avec                                                     sont élevées, plus il y a de réglementations.
                                                        la réglementation « l’ambulatoire avant le                                                  Le problème : chaque mesure entraîne des
                                                        stationnaire », il en résultera à terme une                                                 conséquences indésirables.
                                                       augmentation des primes. C’est pourquoi
                                                        l’EFAS est nécessaire, exige Nora Wille,                                                    Par exemple, les montants forfaitaires in-
                                                        consultante FMH. Sans EFAS, il n’y a pas                                                    citent à contrôler les coûts, mais peuvent aus-
                                                       d’ambulatoire avant le stationnaire – tel est                                                si mener à la sélection des patients. D’autre
                                                        le mot d’ordre.                                                                             part, les remboursements de prestations
                                                                                                                                                    individuelles n’incitent guère à contrôler

6        doc.be 06/2018 Journée de réflexion 2018
Journée de réflexion 2018 La psychiatrie dans le canton de Berne La sécurité IT dans les cabinets
Le regretté Urs Roth, CEO       les coûts, alors que, dans le même temps,         « La profession médicale doit prendre son
de Visana, lors de la journée   la sélection des patients suscite peu d’inté-     destin en main et se battre pour un système
de réflexion en août 2018.      rêt. Et qu’en est-il de « l’ambulatoire avant     de santé libre avec un esprit de libre entre-
                                le stationnaire » ? Fridolin Marty a mis en       prise », déclare Fridolin Marty.
                                garde contre ses conséquences lors de la
                                journée de réflexion : plus le secteur finan-     Le point de vue de l’assureur ­maladie
                                cé solidairement est grand, plus l’influence      La présence du CEO de Visana, Urs Roth,
                                du politique sera importante. Le politique        à la journée de réflexion, a prouvé qu’il est
                                sera donc impliqué dans les décisions thé-        possible de collaborer d’égal à égal avec les
                                rapeutiques à l’avenir.                           partenaires tarifaires. Il a offert son aide
                                                                                  dans la recherche de solutions. Urs Roth
                                economiesuisse estime également qu’il est         a vu dans la structure du personnel de son
                                nécessaire d’agir dans le domaine du finan-       entreprise que les primes d’assurance-ma-
                                cement des services ambulatoires et sta-          ladie posaient un problème pour une par-
                                tionnaires : un tarif différent conduit à une     tie de la population. En effet, chez Visana
                                « distorsion du choix du traitement due au        de nombreux collaborateurs sont unique-
                                remboursement », explique M. Marty. eco-          ment occupés à réclamer les primes d’assu-
                                nomiesuisse considère également que sans          rance-maladie impayées.
                                EFAS, il n’y a pas d’ambulatoire avant le
                                stationnaire.                                     Les assureurs disposent de trois leviers qui
                                                                                  leur permettent d’influer directement sur
                                Que faire ?                                       la croissance des coûts de l’assurance-ma-
                                Quelles sont les recommandations d’econo-         ladie obligatoire : ils peuvent réduire leurs
                                 miesuisse à l’intention du corps médical ?       propres coûts administratifs, contrôler les
                                D’abord et avant tout, nous devons éviter         factures de manière cohérente en utilisant
                                de jouer au Pierre Noir : moins les parte-        les critères EAE et mener des négociations
                                 naires sociaux sont d’accord, plus la méde-      tarifaires dans les secteurs ambulatoire et
                                cine d’État se développe. Le corps médical        stationnaire. Cependant, deux de ces trois
                                devrait coopérer avec les autres professions      leviers ne sont pas très appréciés des pres-
                                 médicales, les assureurs maladie et l’indus-     tataires de services et des assurés.
                                trie et chercher des solutions. M. Marty voit
                                 un grand potentiel dans la numérisation.         Visana soutient la majorité des mesures du
                                Les médecins doivent s’adapter à cette            Conseil fédéral soumises à consultation.
                                ­tendance.                                        Pour l’assureur, les principales priorités

                                                                                doc.be 06/2018 Journée de réflexion 2018     7
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Nora Wille : « Selon le                              sont l’abolition du principe de territoriali-   mental. L’exigence d’un budget global fait
Moniteur de la santé gfs 2018,                       té, l’introduction d’un système de prix de      défaut dans ce paquet. Du point de vue du
5 à 11 % de la population                            référence et l’ajustement des marges de         rapport d’expertise, ce serait la mesure la
considèrent que les primes                           commercialisation. Le principe « ambula-        plus rationnelle. Pirmin Bischof suppose
d’assurance-­maladie sont                            toire avant stationnaire » et le financement    que le budget global sera inclus dans le deu-
un problème. 54 % des                                uniforme des prestations ambulatoires et        xième paquet de mesures, qui sera adopté
personnes interrogées les                            stationnaires étaient également des prio-       en 2019 après les élections fédérales du
trouvent élevées, mais                               rités pour Urs Roth. Il voyait un potentiel     mois d’octobre. Selon Pirmin Bischof, « il
supportables. »                                      d’économies dans la planification régionale     est préférable de prendre des décisions en
                                                     des soins de santé et le Health Technology      toute sérénité après les élections, plutôt
                                                     Assessment HTA – l’évaluation de la per-        qu’avant. »
                                                     formance basée sur des méthodes scienti-
                                                     fiques par rapport aux critères EAE.            L’article expérimental a été bien accueilli
                                                                                                     au Parlement. « Le fait que l’on teste les
                                                     Quelle est la prochaine étape ? Urs Roth        choses est une bonne idée, la nécessité
                                                     s’est montré pessimiste lors de la journée      d’agir est bien là », a déclaré M. Bischof
                                                     de réflexion. Chaque changement suscite         avec conviction. Le poids des primes sur
                                                     des oppositions. En fin de compte, on ferait    les budgets familiaux augmente. M. Bischof
                                                     un référendum pour que malgré tout rien         est également sceptique quant à la possibi-
                                                     ne change.                                      lité de réaliser des économies de 20 % sans
                                                                                                     limiter les prestations.
                                                     Les politiques conseillent de
                                                     rester serein                                   L’exigence d’un budget global est beaucoup
                                                     Le haussement d’épaules semble être l’at-       plus délicate pour M. Bischof. Il existe une
                                                     titude la plus fréquente au sein de la Com-     menace réelle de rationnement dans le sec-
                                                     mission de la santé du Conseil des États,       teur de la santé. Imaginez la situation sui-
                                                     comme l’a signalé Pirmin Bischof, conseil-      vante : un certain nombre d’opérations sont
                                                     ler aux États. Il a recommandé une analyse      nécessaires. Cependant, pour des raisons
                                                     en toute sérénité. L’alarmisme ne fait pas      de coût, seul un certain nombre de patients
                                                     avancer les choses. Il faut examiner les pro-   peut bénéficier de ces opérations. L’expé-
                                                     blèmes, les analyser et définir une solution.   rience de ces modèles à l’étranger montre
                                                                                                     également que les délais d’attente pour les
                                                     Le premier paquet de mesures du Conseil         rendez-vous avec des médecins spécialistes
                                                     fédéral se concentre sur l’article expéri-      passent de un à deux mois à six mois.

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Journée de réflexion 2018 La psychiatrie dans le canton de Berne La sécurité IT dans les cabinets
La direction de la SMCB a         De longues périodes d’attente et des pres-        Strittmatter : « Ils se sentent seuls et impuis-
­discuté avec des ­intervenants   tations rationnées : est-ce notre avenir ?        sants sur le champ de bataille des acteurs de
de haut niveau sur les            M. Bischof s’est dit confiant que les me-         la santé. Cela peut donner l’impression que
« Mesures du Conseil fédéral      sures « ne seront pas mises en œuvre de           les acteurs de la santé se portent bien aux
contre la hausse des coûts        manière radicale ». D’où lui vient cet opti­      dépens des patients et que personne n’est as-
de la santé ».                    misme ? La démocratie va tout arranger.           sez compétent et capable de s’imposer pour
                                  En fin de compte, c’est le peuple qui décide.     résoudre les problèmes de manière durable.
                                  Et les médecins sont tenus en haute estime        Tout le monde semble dépassé ».
                                  par la population. Ils font partie des rares
                                  groupes qui remportent habituellement un          « Avant de pouvoir parler d’une campagne,
                                  référendum.                                       nous devons être conscients de la sensibi-
                                                                                    lité des patients », a fortement conseillé
                                  Les patients sont nos alliés                      M. Strittmatter. Bien sûr, il est vrai que le
                                  Comment affronter ce combat référen-              PIB augmente plus vite que les coûts des
                                  daire ? La réponse à cette question a été         soins de santé. En revanche, cet argument
                                  donnée par le publicitaire Hermann Stritt-        ne convient pas à la communication de
                                  matter de GGK Zurich. M. ­Strittmatter a          masse. Ce serait arrogant. On ferait passer
                                  30 ans d’expérience en tant que respon-           le message suivant : « Nous pouvons nous le
                                  sable de campagnes politiques. Il sait            permettre, ce n’est pas un problème. » Pour
                                  quelles préoccupations politiques peuvent         Herrmann Strittmatter, ce serait une er-
                                  être communiquées et comment mettre en            reur de communication.
                                  place une campagne intelligente.
                                                                                    Les patients sont les partenaires les plus
                                  M. Strittmatter a fait référence aux articles     importants des médecins. Ils sont du côté
                                  parus dans les quotidiens de ces dernières        des médecins et font pression sur les poli-
                                  semaines : « La transparence sur les prix         tiques. Les patients sont souverains dans
                                  des médicaments » – « Une lutte acharnée          une démocratie directe. Les politiques sont
                                  pour les patients à Zurich » – « Un quart des     engagés envers eux et non pas envers les
                                  lits d’hôpitaux est superflu » – « Les rentes     médecins. Une campagne doit donc com-
                                  ne suffiront plus pour vivre » – « Trop de        mencer par les patients. M. Strittmatter l’a
                                  traitements inutiles ». Bien que le corps         bien dit : « nous n’avons pas droit à l’erreur.
                                  médical jouisse encore d’un haut niveau           Nous devons peser nos mots. »
                                  de confiance au sein de la population, les
                                  patients commencent à douter. Hermann             Un travail difficile attend le comité.

                                                                                  doc.be 06/2018 Journée de réflexion 2018        9
Journée de réflexion 2018 La psychiatrie dans le canton de Berne La sécurité IT dans les cabinets
Psychiatrie : davan-
                             tage de mise en
                             réseau, des soins
                             plus personnalisés
                             et plus d’offres
                             ambulatoires
                             Le colloque 2018 sur la psychiatrie s’est concentré
                             sur le développement futur de la psychiatrie
                             dans le canton de Berne et sur la mise en réseau
                             des différents acteurs.

                             Texte : Andrea Renggli, service de presse                 augmentation. Dans le même temps, la durée du
                             et d’information                                          ­séjour diminue. Cela pourrait signifier que le trai-
                             Photo : iStockphoto                                       tement psychiatrique en milieu hospitalier a été
                                                                                       déstigmatisé et professionnalisé et que de nom-
                             Le canton de Berne dispose d’un réseau bien dé-            breux traitements se sont également allégés.
                             veloppé de services psychiatriques, l’accent étant
                             mis sur les institutions hospitalières. Il y a ce fai-    Le Prof. Thomas Müller, directeur médical de la
                             sant une très forte concentration dans les zones          clinique privée de Meiringen, appelle à un chan-
                             urbaines et des pénuries dans les zones rurales.          gement vers des soins intégrés. Il s’agit de mettre
                             On constate notamment une lacune dans la psy-             en place et d’étendre les services de soins de jour et
                             chiatrie gériatrique où l’offre ne suit pas l’évolution   ambulatoires, tels que les cliniques de jour, les ser-
                             démographique. Lors du colloque sur la psychia-           vices de psychiatrie gériatrique et les traitements à
                             trie de Meiringen en 2018, Pierre Alain Schnegg,          domicile, en coopération avec les services de soins
                             directeur de la santé publique et de la prévoyance        ambulatoires. Il est également important de ren-
                             sociale, a souligné qu’à l’avenir, l’accent devra être    forcer la mise en réseau et la coopération entre les
                             mis sur les prestations ambulatoires et de proximi-       différents services de psychiatrie et de médecine
                             té. Ceci se justifie non seulement pour des raisons       somatique.
                             financières, mais aussi pour des raisons médicales,
                             comme l’ont montré les présentations des experts          Dans le canton de Berne, des modèles de traite-
                             médicaux.                                                 ment psychiatrique aigu à domicile sont actuelle-
                                                                                       ment à l’étude dans diverses commissions, mais
                               Le nombre de patients stationnaires                     n’ont pas encore été mis en œuvre.
                              ­augmente
                              La psychiatrie stationnaire est bien développée          Absence d’offres intermédiaires
                               non seulement dans le canton de Berne, mais éga-        L’accent mis actuellement sur la psychiatrie sta-
                               lement dans toute la Suisse. Pour 1000 habitants,       tionnaire est dû, du moins en partie, à de mauvaises
                               il y a 1,3 lit dans le domaine psychiatrique. C’est     mesures incitatives. C’est ce qu’a déclaré le profes-
                              environ deux fois plus que ce que recommande             seur Urs Hepp, directeur médical de l’Institut de
                               l’OMS. Or le nombre de patients est en constante        psychiatrie intégrée de Winterthour (IPW). Dans

10   doc.be 06/2018 Colloque sur la psychiatrie
Prof. Thomas Müller : « Dans    le système actuel, les caisses d’assurance-maladie       les patients psychiatriques en Suisse sont admis à
la psychiatrie de demain,       et les cantons ne financent que les services des         cet effet. Ici aussi, des offres intermédiaires pour-
il est également important de   établissements de soins stationnaires et des psy-        raient être intéressantes, par exemple pour les pa-
renforcer la mise en réseau     chiatres exerçant en libéral. Les modèles modernes       tients qui refusent un traitement hospitalier mais
et la coopération entre les     de soins intermédiaires comme la gestion de cas, le      acceptent un traitement à domicile.
différents services de          traitement à domicile, les cliniques de jour, l’inter-
psychiatrie et de médecine      vention d’urgence ou les services psychiatriques de      Le traitement psychiatrique dans
somatique. »                    consultation ont une position « entre deux chaises ».    une société très individualisée
                                De plus, les tarifs ambulatoires ne couvrent pas les     La psychiatrie n’opère pas dans un espace vide,
                                prestations des offres intermédiaires.                   mais suit les tendances sociales. Ces dernières an-
                                                                                         nées, les pays occidentaux sont devenus une société
                                Cependant, Urs Hepp est convaincu que les offres         très individualisée avec des valeurs centrales telles
                                intermédiaires ne sont pas seulement souhaitées          que la réalisation de soi et la tolérance. Selon Dirk
                                par les patients, mais seraient également intéres-       Richter, directeur de la recherche et du développe-
                                santes d’un point de vue financier : si le traitement    ment des services psychiatriques universitaires de
                                à domicile est mis en œuvre à l’échelle nationale,       Berne (UPD), cela signifie pour la psychiatrie un
                                des économies annuelles d’environ 100 millions           passage des soins axés sur la personne, pratiqués
                                de francs pourraient être réalisées dans toute la        aujourd’hui, aux soins contrôlés par la personne.
                                Suisse. M. Hepp voit d’autres possibilités d’éco-        Cette nouvelle approche favorise la prise de déci-
                                nomies grâce à des diagnostics plus affinés. Il          sion partagée. La préférence du patient est prise en
                                soupçonne que trop de patients en Suisse sont            compte, même si elle n’est pas la solution privilé-
                                hospitalisés trop longtemps. Selon lui, 20 à 30 %        giée du point de vue médical. La réadaptation et
                                des traitements hospitaliers en psychiatrie adulte       la psychothérapie sont prioritaire sur les médica-
                                peuvent être évités grâce à une évaluation des dia-      ments. Des éléments de ce type de soins contrôlés
                                gnostics en amont. C’est un défi pour les médecins       par la personne se sont déjà développés en Suisse,
                                généralistes, qui redirigent souvent les patients vers   mais, à l’avenir, les soins devraient s’inspirer en-
                                la psychiatrie en milieu hospitalier. Dans le canton     core plus systématiquement de ce modèle, dans
                                de Berne, la mise en réseau des médecins géné-           l’espoir que cela renforcera également la responsa-
                                ralistes et des psychiatres varie considérablement       bilité personnelle des patients.
                                d’une région à l’autre.

                                Urs Hepp voit un autre problème dans le taux très
                                élevé de séjours à des fins d’assistance dans les
                                hôpitaux psychiatriques. Environ 20 % de tous

                                                                                             doc.be 06/2018 Colloque sur la psychiatrie    11
Les jeunes
                                      prennent leur
                                      avenir en main
                                      Cette année, MEDIfuture a attiré à Berne
                                      plus de 400 futurs et jeunes médecins.
                                      L’une des questions brûlantes était : « Hôpital
                                      ou cabinet ? » La Société des M
                                                                    ­ édecins
                                      du Canton de Berne était elle aussi présente
                                      avec un stand et de nombreuses informa-
                                      tions précieuses.

                                      Texte : Simone Keller, service de presse            Une véritable passion pour
                                      et d’information                                    son métier en milieu hospitalier
                                      Photo : Marco Zanoni                                Esther Hilfiker, présidente de la SMCB, est
                                                                                          convaincue que ce travail en vaut la peine.
                                      En cette matinée de novembre marquée                « Nous rencontrons ici les médecins du fu-
                                      par la grisaille, l’affluence était forte à l’ou-   tur. Nous pouvons faire un état des lieux de
                                      verture des portes du Champions Lounge              leurs besoins et les prendre en charge lors
                                      au Stade de Suisse. Plus de 400 participants        d’un échange personnel. » Outre la SMCB,
                                      se sont rendus à la 12e édition de MEDI­            plus de 40 institutions se sont présentées et
                                      future. Le congrès a affiché complet pour           ont exposé leurs services variés. Elles ont
                                      la première fois. L’immense intérêt ma-             appâté les congressistes avec des gadgets
                                      nifesté montre que l’événement offre un             et des concours. L’entretien personnel avec
                                      cadre d’information idéal pour découvrir            des employeurs potentiels est lui aussi très
                                      le métier de médecin et ses multiples fa-           prisé. Le docteur Franziska Maurer-­Marti
                                      cettes et pour planifier sa propre carrière.        souligne dans son exposé que ce réseau
                                                                                          est justement nécessaire pour la suite de
                                      « Par rapport à autrefois, les étudiants en         la carrière. La médecin-chef de la clinique
                                      médecine ont davantage conscience qu’il             gynécologique de Bürgerspital de Soleure
                                      doivent organiser pleinement leurs vies             retrace sa propre carrière. Elle indique
                                      privées et professionnelles. Ici à MEDI-            clairement que devenir médecin-chef né-
                                      future, on sent que les futurs médecins             cessite une chose : avoir une véritable pas-
                                      prennent leur avenir en main et qu’ils le           sion pour son métier. « Si ce job ne vous
                                      construisent », remarque François Moll. Le          plaît pas, vous ne résisterez par longtemps.
                                      vice-président de la SMCB avec ses collè-           L’équilibre entre vie privée et profession-
                                      gues du comité directeur, Esther Hilfiker et        nelle ne signifie rien pour moi. Je vis pen-
                                      Rainer Felber, ainsi que d’autres membres           dant que je travaille ! », affirme la gynéco-
                                      du comité. La SMCB est également la seule           logue.
                                      société de médecins ayant son propre stand
                                      d’exposant en 2018.

12   doc.be 06/2018 MEDIfuture 2018
Esther Hilfiker : « À M
                      ­ EDIfuture,   Beaucoup de responsabilités                     partager le travail avec des confrères et sur
nous rencontrons les méde-           au sein d’un cabinet                            la part des tâches administratives.
cins du futur. Nous pouvons          Il faut aussi de la passion lorsqu’on décide
faire un état des lieux de           de reprendre un cabinet de médecine gé-         Pour ceux qui sont capables d’envisager
leurs besoins et les prendre         nérale. Le docteur Cyrill Bühlmann a osé        la voie menant au cabinet, la brochure de
en charge lors d’un échange          faire ce choix et il ne l’a pas regretté. En    la SMCB « Un cabinet médical qui roule »
personnel. »                         tant que généraliste à Sempach, près de         propose des informations de qualité. Elle
                                     Lucerne, il est fasciné par le large spectre    est largement distribuée. Rainer Felber, le
                                     médical qui l’occupe tous les jours. « Dans     vice-président, est ravi de s’engager en fa-
                                     mon cabinet, je peux prendre des décisions      veur de la relève : « Au moment où les inté-
                                     de manière plus autonome qu’à l’hôpital         rêts particuliers au sein de la communauté
                                     et mes patients me donnent directement          médicale se développent, MEDIfuture est
                                     leur feed-back », affirme le Dr Bühlmann.       un lieu de rencontre très important. »
                                     En tant que propriétaire du cabinet, il
                                     est responsable des divers domaines, du
                                     personnel à l’infrastructure en passant
                                     par les finances. Il profite aujourd’hui des
                                     expériences qu’il a acquises à l’hôpital. Il
                                     conseille donc aux étudiants d’élargir leur
                                     horizon : « Il est utile d’avoir des connais-
                                     sances dans d’autres spécialités et de passer
                                     par d’autres établissements. Cela renforce
                                     la compréhension des différentes cultures
                                     et du partage des tâches. »

                                     Beaucoup d’engagement
                                     à MEDIfuture
                                     Dans leurs exposés, Franziska Maurer-­
                                     Marti et Cyrill Bühlmann ont mis en lu-
                                     mière les deux voies possibles : l’hôpital ou
                                     le cabinet. Les jeunes médecins sont parti-
                                     culièrement préoccupés par cette décision.
                                     Ils se posent aussi des questions sur le tra-
                                     vail à temps partiel, sur les possibilités de

                                                                                          doc.be 06/2018 MEDIfuture 2018       13
14          06/2018 Reminder
     doc.be 05/2018 Editorial Änderungen Medizinalberufegesetz
La sécurité
                                  informatique est
                                  du ressort des
                                  patrons
                                  Les PME suisses sont des cibles ­privilégiées
                                  des cybercriminels. Les cabinets médicaux
                                  peuvent eux aussi être dans leur ligne de
                                  mire. Pascal Lamia, directeur de MELANI,
                                  la Centrale d’enregistrement et d’analyse
                                  pour la sûreté de l’information de la Confé-
                                  dération, explique ce à quoi les médecins
                                  devraient faire attention.

Pascal Lamia : « Les cyber­       Interview : Markus Gubler, service de            la finance et les assurances, mais aussi
criminels misent sur              presse et d’information                          l’administration publique et le secteur des
la tromperie consciente et        Photos : Béatrice Devènes                        secours et de la santé. Nous observons et
abusent pour cela surtout                                                          analysons la situation actuelle pour identi-
d’entreprises connues             Pascal Lamia, à quoi ressemble                   fier les menaces le plus tôt possible. Nous
et dignes de confiance en         une journée de travail ordinaire du              sommes pour cela en contact étroit avec les
Suisse : Swisscom, l’admi­        directeur de MELANI, la Centrale                 exploitants des infrastructures sensibles et
nis­tration fédérale des          d’enregistrement et d’analyse pour               nous les aidons à surmonter les incidents.
­contributions, Migros, Coop. »   la sûreté de l’information de la                 Le Conseil fédéral a défini notre mission
                                  Confédération ?                                  en 2003. Il a ainsi reconnu suffisamment
                                  Il n’y en a pas. Je me lève tôt et j’arrive au   tôt qu’il y avait besoin d’agir dans la cyber-
                                  bureau vers 6h30. À cette heure-là, je peux      défense. Pour le moment, notre mission ne
                                  me faire une idée générale de la situation       s’étend pas aux PME ou aux particuliers.
                                  dans le calme : quelles sont les menaces ac-     Nous voulons que cela change avec la nou-
                                  tuelles ? Quels signalements ont été reçus       velle cyberstratégie. À l’avenir, les PME
                                  pendant la nuit ? Où en sont les dossiers        devraient pouvoir recourir à nos services.
                                  que nous avons traités les jours précé-          Pour cela, nous avons besoin d’un effectif
                                  dents ? Les particuliers et les PME peuvent      plus important. Les 19 employés actuels de
                                  nous signaler des incidents suspects avec le     MELANI ne suffisent pas.
                                  formulaire de signalement disponible sur
                                  notre site Internet. Environ 10 000 signale-     À quoi ressemblent les
                                  ments nous parviennent chaque année.             ­cyberattaques à l’heure actuelle ?
                                                                                    La Suisse a été et est une cible idéale pour
                                  Quelle est la mission de MELANI ?                 les assaillants. La Suisse est un petit pays
                                  Notre mission de base consiste à protéger         moderne et innovant. Nous avons d’excel-
                                  les infrastructures sensibles du pays. En         lentes connexions à Internet, de nombreux
                                  font notamment partie l’approvisionne-            foyers sont connectés. Nombre d’entre eux
                                  ment en énergie, l’industrie pharmaceu-          gèrent leurs finances par l’intermédiaire
                                  tique et chimique, les télécommunications,        d’une solution de banque en ligne. Par

                                                                                                doc.be 06/2018 Interview     15
ailleurs, nous avons beaucoup de PME qui          Si l’introduction à grande échelle de
                                sont une cible privilégiée pour les cyber­        signatures numériques n’est que
                                attaques.                                         peu réaliste, de quelles alternatives
                                                                                  disposent les PME et les particuliers
                                Les attaques suivent-elles un modus               pour se prémunir de cyberattaques ?
                                operandi particulier ?                            Nous conseillons une approche préventive.
                                Un assaillant a en principe deux options :        Les patrons d’entreprise tels que les pro-
                                l’orage ou l’attaque ciblée. Dans le cadre        priétaires de cabinets doivent se préoccu-
                                d’un orage, il inonde la Suisse d’e-mails in-     per de leur informatique. Comment organi-
                                désirables, le fameux spam. Il ne fait pas la     ser mon activité lorsque mon informatique
                                distinction entre des particuliers, des PME       ne fonctionne pas ? Puis-je travailler sans
                                et des infrastructures sensibles. Il s’agit       l’informatique ? Suis-je moi-même respon-
                                d’infecter autant d’appareils et de systèmes      sable de l’informatique ou fais-je appel à
                                que possible. Lors d’attaques ciblées, les        des tiers ? Dans ce dernier cas de figure, je
                                assaillants visent des PME précises pour          dois m’assurer que mon prestataire infor-
                                les contaminer par exemple de manière             matique maîtrise la sécurité des données.
                                ciblée avec des chevaux de Troie cryptés          Lors d’un cryptage de données, est-il ca-
                                ou pour obtenir des informations impor-           pable de rétablir rapidement les données de
                                tantes. Les PME concernées sont alors par         la veille pour que le système puisse à nou-
                                exemple confrontées à des demandes de             veau fonctionner ? Chaque entrepreneur
                                rançons qui peuvent rapidement dépasser           doit se poser ce genre de questions.
                                les 10 000 francs. Il arrive également qu’elles
                                ne se rendent compte que trop tard que des        Cette vision ne s’est manifestement
                                informations leur ont été volées.                 pas encore imposée partout,
                                                                                  sinon vous n’auriez pas présenté
                                Pour qu’un assaillant puisse                      récemment le test rapide de cyber-
                                ­ énétrer le réseau d’une PME, les
                                p                                                 sécurité pour les PME.
                                portes doivent être ouvertes de                   C’est vrai. MELANI n’a pas développé le
                                ­l’intérieur, n’est-ce pas ?                      test rapide. Nous en avons simplement enca-
                                Oui. C’est le facteur humain. Des employés        dré le contenu. ICT Switzerland et d’autres
                                de la PME ou des collaborateurs du cabi-          organisations ont fait avancer le projet.
                                net médical doivent ouvrir manuellement           Nous ne voulions pas bombarder les PME
                                des liens infectés ou des fichiers en pièces      avec un règlement de 200 pages contenant
                                jointes à des e-mails pour que les mali-          des recommandations. Une telle approche
                                ciels soient activés. Toutefois, il est déjà      n’aurait pas été adaptée. Le test rapide se
                                arrivé que des collaborateurs aient cliqué        compose d’un questionnaire qui peut être
                                sur des e-mails indésirables sur leur mes-        rempli en cinq à dix minutes. Grâce à leurs
                                sagerie privée et que les logiciels espions       propres réponses, les PME voient où elles
                                ne se soient répandus qu’au moment de la          en sont en matière de sécurité informatique.
                                connexion au réseau de l’entreprise.              Le test rapide doit être considéré comme
                                                                                  une aide à la décision.
                                Les cybercriminels misent sur
                                la tromperie consciente …                         Le test rapide est donc aussi une
                                … et abusent pour cela surtout d’entreprises      campagne de sensibilisation.
                                connues et dignes de confiance en Suisse :        Absolument. Beaucoup de PME se sont
                                Swisscom, l’administration fédérale des           tournées vers nous après une attaque. Et
                                contributions, Migros, Coop. Les e-mails          elles posent toujours la même question :
                                malveillants sont maintenant conçus de            comment aurait-on pu éviter cela ? Le test
                                manière si professionnelle qu’ils se diffé-       rapide doit permettre de se pencher sur la
                                rencient à peine des vrais. Les signatures        problématique des cyberattaques.
                                numériques et les cryptages renforceraient
                                la sécurité. En revanche, le fait de les uti-
                                liser à grande échelle est extrêmement
                                coûteux.

16   doc.be 06/2018 Interview
Afin de tester la cybersécurité   À quoi un médecin doit-il faire                    Cet article a paru pour la première fois
des PME nous avons produit         ­attention dans son cabinet ?                     dans le Swiss Dental Journal SSO 11/2018.
un test rapide qui se compose      De nombreux appareils, surtout les plus           Il est réimprimé avec l’accord amical du
d'un questionnaire de dix           récents, disposent de leur propre accès à        ­périodique.
minutes en ligne.                 ­Internet. Cela permet aux fabricants d’accé-
                                   der directement aux appareils pour mettre
                                   à jour le firmware et obtenir les données de
                                    performance. Le médecin ou le proprié-           L’expert en sécurité informatique
                                    taire du cabinet doit en être conscient. Il      prodigue ses conseils
                                    faut qu’il s’informe sur les normes de sécu-
                                    rité auprès des fabricants. En effet, la sécu-   Si les données ont été cryptées en externe, il est
                                    rité informatique est toujours du ressort des    difficile, voire impossible de les rétablir. Grâce aux
                                    patrons. Pour moi, externaliser l’informa-       mesures suivantes, vous améliorerez la sécurité
                                    tique est toutefois judicieux à partir d’une     informatique de votre cabinet médical.
                                   certaine taille d’entreprise.
                                                                                     1.	N’ouvrez jamais d’e-mails lorsque vous êtes
                                  Les cabinets doivent-ils créer leurs                   stressé. Attendez d’être au calme.
                                  propres solutions ou une association               2.	Demandez-vous si vous vous attendez à une
                                  professionnelle pourrait-elle aussi                    ­requête de la part de cette entreprise. En cas
                                  recommander des normes ?                               de doute, supprimez l’e-mail.
                                  Bonne question. Actuellement, il existe            3.	Faites des sauvegardes quotidiennes de vos
                                  déjà des prestataires tels que HIN qui pro-            données.
                                  posent le cryptage d’e-mails et l’assistance       4.	Stockez les sauvegardes quotidiennes sur des
                                  logicielle dans ce domaine. Des solutions              disques durs externes différents.
                                  à grande échelle s’imposeront lorsque le           5.	Entreposez les disques durs externes dans des
                                  prix sera convenable. Un membre d’une as-              endroits différents.
                                  sociation qui ne veut pas investir plusieurs       6.	Utilisez des disques durs de diverses généra-
                                  milliers de francs par an dans l’informa-               tions.
                                  tique préférera bien sûr souscrire une solu-
                                  tion standardisée. Même si aucune norme
                                  ne s’impose, l’association professionnelle
                                  peut malgré tout sensibiliser ses membres
                                  régulièrement aux questions de la sécurité
                                  informatique et de la cybercriminalité.

                                                                                                    doc.be 06/2018 Interview            17
Le Big Data
                            ­nécessite une
                             ­interprétation
                              ­humaine
                             Les acteurs du système de santé ne peuvent pas faire
                             l’impasse sur la transformation numérique, mais
                             ils peuvent la façonner. Une telle réflexion i­ mplique
                             d’étudier les questions de l’utilisation et de la
                             ­qualité des données.

                             Texte : Simone Keller, service de presse                    Migros prodigue des conseils de santé (nutrition,
                             et d’information                                            mouvements, détente, et médecine) depuis 2017 sur
                             Photo : Alexander Egger (www.alexanderegger.ch)             la plateforme de santé iMpuls. La transformation
                                                                                         numérique continuera de bouleverser notre système
                             « Nous ne pouvons pas nous soustraire aux mégaten-          de santé. Reste à savoir à quelle vitesse et comment.
                             dances. C’est pourquoi nous devrions les étudier            « Il est temps que les acteurs de la santé conçoivent
                             en temps utile », affirme le Dr Eike Wenzel lors            la mutation numérique », affirme avec conviction le
                             du congrès 2018 pour l’économie de la santé et les          prof. Alfred Angerer de la Haute école zurichoise
                             sciences de la santé qui s’est tenu à Berne. Wenzel         de sciences appliquées (ZHAW). Il partage trois
                             est le fondateur et le directeur de l’Institut für Trend-   recommandations avec les congressistes :
                             und Zukunftsforschung de Heidelberg (institut pour
                             l’étude des tendances et de l’avenir). D’après lui, la      1.	L es entreprises doivent veiller suffisamment
                             mutation démographique, la numérisation et la santé             tôt, à ce que la transformation numérique pro-
                             seront les mégatendances qui marqueront durable-                gresse, faute de quoi elles risquent de passer à
                             ment notre système de santé ces 30 à 50 prochaines              côté d’importants développements. Dans ce cas,
                             années. Il cite la santé d’une part parce que la san-           elles devront concentrer un immense travail ul-
                             té numérique occupe une place de plus en plus im-               térieurement lors d’un bouleversement radical.
                             portante et d’autre part car la signification du terme      2.	Les entreprises ont besoin d’une approche systé-
                             évolue au fil du temps. Dans les années 1960 et 1970,           matique afin de découvrir et de développer en in-
                             la santé désignait surtout l’absence de maladie. Plus           terne des innovations (numériques), par exemple
                             tard, le terme s’est également étendu aux facteurs              en créant un poste de Chief Innovation Officer.
                             fitness et wellness. Depuis le début du XXIe siècle,        3.	L es entreprises doivent prendre au sérieux la
                             son acception est encore plus complète : il s’agit du           peur des individus face à la nouveauté, mais
                             bien-être total, du corps, de l’âme et de l’esprit. C’est       elles ne doivent pas perdre leur propension à
                             justement parce que la santé s’entend de manière                l’expérimentation pour autant.
                             aussi large actuellement que les investissements dans
                             ce domaine progressent. Les foyers dépensent sur-            Plus de données engendrent plus
                             tout de plus en plus d’argent sur le marché secondaire      ­d’interprétation
                             de la santé : le sport, la nutrition, le wellness, etc.     De nombreuses personnes manifestent un certain
                                                                                          scepticisme face à l’intelligence artificielle. D’après
                             Façonner la mutation numérique                              elles, de nombreux emplois, y compris dans le sec-
                             Les entreprises exploitent le progrès technologique          teur de la santé, deviendront superflus avec l’intelli-
                             pour s’emparer du marché de la santé sur la base            gence artificielle. Ces dernières années, les champs
                             de nouveaux modèles commerciaux. C’est ainsi que            d’applications se sont diversifiés et les machines

18   doc.be 06/2018 Congrès pour l’économie de la santé et les sciences de la santé
« Notre système de santé          sont devenues plus intelligentes. Les machines in-       maladies : l’intervention a lieu avant que les symp-
doit-il être réinitialisé ? ».    telligentes s’appuient sur des réseaux artificiels de    tômes de la maladie ne se manifestent.
Telle est la question qui a été   neurones qui sont capables d’apprendre à partir
posée lors du 15e congrès         d’expériences, comme le cerveau humain. Elles dia-       Deuxièmement, il est de plus en plus facile de relier
suisse pour l’économie de la      gnostiquent des tumeurs malignes ou des inflamma-        divers jeux de données entre eux et donc de trouver
santé et les sciences de          tions pulmonaires en partie. En outre, elles ne sont     des liens entre des caractéristiques et des compor-
la santé.                         jamais fatiguées et n’ont pas de besoins humains.        tements qui ne sont pas reliés entre eux de manière
                                  Pourtant, en dernier recours, c’est l’expertise hu-      nécessairement causale. Les patients ne sont pas
                                  maine qui interprète les résultats des machines in-      en mesure de décider comment de telles données
                                  telligentes. Cette interprétation de données prend       seront utilisées.
                                  justement de l’importance avec le flot croissant
                                  d’informations.                                           L’absence de données n’est pas une solution
                                                                                           Selon Prainsack, ceux qui pensent qu’il est possible
                                  Les patients sont coresponsables de ce flot. Ils col-    de venir à bout de ce problème en collectant moins
                                  lectent eux-mêmes de plus en plus de données et les      de données se trompent. Tout comme Angerer, elle
                                  mettent à la disposition de tiers. Il en résulte aussi   estime elle aussi qu’il incombe aux acteurs de parti-
                                  que l’auto-responsabilité se propage actuellement        ciper à la conception de la mutation. « Le Big Data
                                  comme approche de solution dans la politique de          nécessite une grosse interprétation. Les personnes
                                  santé pour atténuer la hausse des coûts. Les choses      qui interprètent des données doivent être valori-
                                  que quelqu’un peut contrôler lui-même, relèvent de       sées. Dans le même temps, nous avons besoin de
                                  sa propre responsabilité.                                nouveaux experts capables de faire la distinction
                                                                                           entre de bonnes et de mauvaises données », déclare
                                  Avertissement : trop de responsabilités                  la politologue. Les formes problématiques d’utilisa-
                                  pour soi                                                 tion de données doivent être interdites et celles qui
                                  Pour Barbara Prainsack, professeure d’analyse            se caractérisent par une forte utilité sociale doivent
                                  comparée de champs politiques, cette mise en             être encouragées. La médecine personnalisée qui
                                  avant de l’auto-responsabilité est problématique         rend les différences entre les différents patients de
                                  pour deux raisons : d’une part parce que les possi-      plus en plus palpables ne doit pas exclure certaines
                                  bilités de diagnostic de la médecine personnalisée       ­personnes de certaines prestations de santé. L’au-
                                  et numérique créent de plus en plus de possibilités      to-responsabilité ne peut conduire à des solutions
                                  d’interventions de plus en plus tôt. Ainsi progresse      pérennes que si elle est ancrée dans la responsabili-
                                  l’exigence implicite de se soumettre à des examens       té collective. La complexité ne cesse de s’intensifier.
                                  à titre préventif et de participer à l’auto-surveil-     Les gens qui ne tiennent plus le rythme des évolu-
                                  lance. Tout cela est censé permettre de dépister des     tions ne doivent pas être laissés sur le bord du chemin.

                                                            doc.be 06/2018 Congrès pour l’économie de la santé et les sciences de la santé     19
Labor ist Labor.
      Persönlich,                                                                     Calendrier 2019

      das sind wir.                                                                   	Société des Médecins
                                                                                            du Canton de Berne

                                                                                      17 janvier
                                                                                      	Conférence des présidents
                                                                                             (président(e)s des cercles ­médicaux),
                                                                                             l’après-midi

                                                                                      28 février
                                                                                      	Assemblées des cercles médicaux,
                                                                                             pour tout le canton

                                                                                      21 mars
                                                                                      	Assemblée des délégués,
                                                                                            l’après-midi

      Das medizinisch-diagnostische                                                   9 mai
      Labor an der Südbahnhofstrasse 14c                                              	Chambre médicale FMH,
      in Bern.                                                                              journée complète à Bienne

                                                                                      22 mai, 14 h
                                                                                      	PME bernoises, assemblée ordinaire
                                                                                            des délégués, session de printemps
                                               professionell
      www.medics.ch                            und persönlich
                                                                                      6 juin
                                                                                      	Conférence élargie des présidents
                                                                                             (président(e)s des cercles ­médicaux
                                                                                             et des sociétés spécialisées),
                                                                          publix.ch

                                                                                             l’après-midi

                                                                                      13 juin
                                                                                      	Assemblées des cercles médicaux,
                                                                                              pour tout le canton

                                                                                      15 août
                                                                                      	Journée de réflexion, comité
                                                                                            de direction

                                                                                      15 octobre, 17 h
                                                                                      	PME bernoises, assemblée ordinaire
                                                                                            des délégués, session d’automne

                                                                                      17 octobre
                                                                                      	Assemblée des délégués,
                                                                                             l’après-midi

                                                                                      31 octobre
     Facettenreiche Praxis-                                                           	Chambre médicale FMH,

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20        doc.be 06/2018 Annonce
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