" L'adhésion représenterait - un gain de souveraineté. " Page 6 - Le magazine du Nouveau mouvement européen Suisse nomes N 1/2019
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Le magazine du Nouveau mouvement européen Suisse nomes N° 1/2019 Interview de Joseph Deiss « L’adhésion représenterait un gain de souveraineté. » Page 6
EDITO SOMMAIRE L’adhésion doit être remise ELECTIONS 2019 sur la table 3 Les élections européennes fêtent leur quarantième anni- versaire Chères lectrices et chers lecteurs, 4 « Make Europe Yourope », la campagne du Mouvement Il n’y a guère de moments heureux dans la cations et déclarations du Conseil fédéral européen allemand politique européenne suisse. C’était et cela seront indispensables sur le plan interne. Il 5 Tous ensemble, choisissons reste une entreprise fastidieuse. Je me ne suffit donc pas que le gouvernement l’Europe ! suis pourtant presque réjoui à la suite d’un se contente de soumettre une avancée INTERVIEW événement récent. Dans sa prise de posi- à « consultation » sans même émettre un tion sur l’accord institutionnel, destinée au avis sur celle-ci. Les progrès dans ce dos- 6 Joseph Deiss – « L’adhésion Conseil fédéral, la Commission de politique sier devraient résulter d’un effort commun, représenterait un gain de extérieure du Conseil national, dont je suis ce qui nécessite du temps. souveraineté. » le vice-président, a déclaré : « Le résultat Et pourtant, après d’innombrables réu- LITTERATURE actuel des négociations est largement nions et pauses café durant lesquelles l’ac- 9 « Parlons d’Europe » ACTIVITES DU NOMES Martin Naef 10 N’attendons pas, partici- co-président du Nomes et pons ! conseiller national PS/ZH 11 2019-2020 : le programme du Nomes SECTIONS 12 Le contexte tessinois est difficile, mais nous résistons YES © Nomes-Nebs 13 Campagne « Stop Roaming » : stop aux frais d’itinérance ABATTAGE DE MYTHES 14 Du calme, Monsieur : vous ne devez pas payer dans l’intérêt de la Suisse. Le Conseil fédé- cord institutionnel a été discuté et rediscu- les 22,57 euros … ral devrait s’efforcer de conclure dans un té, je reste convaincu que cette situation ne délai d’un an un accord en vue de la pour- peut plus durer éternellement. Toutes les UE-SPOTS suite de l’approfondissement des relations parties prenantes constatent qu’il nous est 15 Une initiative citoyenne économiques et commerciales entre la difficile de trouver un processus qui puisse pour un logement social et Suisse et l’Union européenne (UE). » Cinq garantir, sur le long terme, la possibilité de abordable des six groupes parlementaires au sein de participer à l’élaboration des décisions au 15 Les plus « dangereux » sont la C ommission ont soutenu cette évalua- niveau européen sans toutefois obtenir le les jouets et les voitures tion. Certes, on n’est pas ici face à une per- droit de codécision. Ainsi, autant le Nomes 15 ARTEFAKTE à l’assaut des cée majeure, mais au vu des préoccupa- reste attaché à l’accord institutionnel et fake news sur l’environne- tions exprimées par rapport à l’accord donc à un nouvel approfondissement de ment institutionnel, ce front commun en faveur l’intégration européenne de la Suisse, au- d’une relation fiable et stable avec l’UE est tant il lui incombe de souligner la faiblesse SURFER indéniablement une lueur d’espoir bien fondamentale cette voie bilatérale. Nous 15 De jeunes Européen∙nes qui venue. ne faisons pas partie de l’UE ; nous ne pou- réalisent leurs rêves Cependant, celle-ci a un goût amer car il vons pas décider de son avenir comme 15 Une piste face au problème est évident que le Conseil fédéral ne sera nous ne pouvons non plus décider du nôtre. des déchets plastiques pas en mesure d’apporter immédiatement C’est non seulement regrettable, mais aus- toutes les clarifications attendues. En effet, si démocratiquement discutable et à l’op- sur divers points, il lui faudra poursuivre les posé du principe de souveraineté. Il est discussions avec l’UE, à défaut de rouvrir donc temps : la question de l’adhésion doit des négociations. De plus, d’autres clarifi- maintenant être remise sur la table. ★ 2 europa.ch 1/2019
ELECTIONS 2019 Les élections européennes fêtent leur quarantième anniversaire Par Gilbert Casasus, professeur en études européennes à l’Université de Fribourg Les élections européennes ont quarante tique européenne de la Confédération se ans. Ayant atteint l’âge de la raison ou celui décide uniquement sous la coupole du Pa- de la sagesse, elles se déroulent désor- lais fédéral. mais dans trois fois plus de pays que ce Quelque part, la Suisse se trompe énormé- n’était le cas en 1979, où elles n’avaient eu ment. Après les élections du 26 mai 2019, lieu que dans neuf États. Symbole d’une in- elle ne sera pas sur le devant de la scène tégration européenne beaucoup plus réus- européenne. D’autres dossiers plus ur- sie que ne le laissait supposer la division gents attendent la Commission et le Parle- Est-Ouest de l’époque, elles traduisent un ment. Confrontés à des enjeux d’une tout long cheminement que les Européen∙nes autre ampleur, ils s’attaqueront au cadre fi- les plus convaincu∙es ont su apprivoiser nancier pluriannuel, à la gouvernance de la © Gilbert Casasus contre vents et marées. zone euro, au réchauffement climatique, à Dix ans avant la chute du Mur de Berlin, la la politique migratoire, à l’élargissement Communauté européenne était synonyme aux pays des Balkans ou aux échanges et d’espoir. Sans trop y croire, les uns rêvaient conflits commerciaux avec la Chine et les de la rejoindre, tandis que les autres nour- Etats-Unis. Gilbert Casasus rissaient en elle les desseins les plus fous Pourtant, la primeur reviendra au Brexit. Le Professeur Gilbert Casasus, né pour changer leur vie. Quarante ans plus Non seulement pour rechercher une solu- le 9 octobre 1956 à Lyon, est un po- tard, le glas du désenchantement politique tion acceptable pour toutes et tous, mais litologue franco-suisse. Il a obtenu a sonné. Pour beaucoup de citoyen∙nes, aussi et surtout pour mettre fin à ce son diplôme à l’Institut d’études po- litiques de Lyon (1978), puis son l’Europe ne serait que la cause de leurs vaudeville de bas étage qui, de plus en doctorat à l’Institut Geschwis- malheurs et le bouc émissaire favori pour plus, ressemble à un feuilleton de série B. ter-Scholl de sciences politiques à se décharger de toute responsabilité. C’est En acceptant des député∙es britanniques à l’Université de Munich (1985). Spé- facile, ça fait du bien et ça permet de se Strasbourg, l’UE se discrédite. Elle accepte cialiste des relations franco-alle- préserver contre l’étranger, le migrant, le que des élu∙es siègent dans l’hémicycle mandes en Europe, il a tout d’abord réfugié et autre fonctionnaire bruxellois. strasbourgeois, sachant toutefois que ces travaillé pour des institutions fran- Ici, les Suissesses et les Suisses ne se dis- derniers seront appelés à faire leurs adieux co-allemandes avant de commen- tinguent guère des autres Européen∙nes, peu de temps après ou – pire – avant leur cer, en 1993, une carrière acadé- avec pour seule exception de ne pas pou- entrée en fonction. En agissant de la sorte, mique en Allemagne, en Suisse et voir participer aux élections européennes. l’UE engendre une défiance de ses ci- en France. Initialement lecteur à Vautré∙es dans leur « mentalité du réduit », toyen∙nes qui se retrouveront malgré eux l’Université de Jena, il a par la suite enseigné à Genève, à Grenoble leur voix ne compte pas. Persuadé∙es de dans un imbroglio juridico-politique, où la et principalement auprès du cam- sauvegarder leur indépendance, elles et ils légalité de quelques décisions prises par le pus européen franco-allemand de sont reclu∙es dans un espace imaginaire, Parlement serait en parfaite contradiction Sciences Po Paris (2001-2008). De- où tout accord avec l’Union européenne avec un besoin de légitimité démocratique. puis 2008, il est professeur ordi- (UE) ne cadre pas avec leurs intérêts. On Déjà confrontées à la baisse continue des naire à l’Université de Fribourg et connaît la suite… ! taux de participation, les élections euro- directeur du Master en études eu- Que l’UE ait aussi son mot à dire ne leur péennes méritent mieux que cela pour être ropéennes de la Faculté des lettres. vient pas à l’esprit. Privé∙es d’un brin de prises au sérieux ! ★ Chevalier de l’Ordre du mérite et Of- réalisme politique, les Suissesses et les ficier de l’Ordre de l’Étoile italienne, Suisses oublient que le Parlement euro- il est également membre du Conseil péen prend part au choix de tous les com- de la Fondation Jean Monnet pour l’Europe. Reconnu en Suisse, en missaires, y compris dans celui du premier France et en Allemagne comme un d’entre eux. Que la prochaine Commission spécialiste de l’histoire de l’inté- leur soit plus défavorable ne semble pas gration européenne et des proces- les inquiéter outre mesure. En référence sus politiques au sein de l’Union eu- au vieil adage, selon lequel ce qui se passe ropéenne, il bénéficie d’une grande à Bruxelles ou à Strasbourg ne les concerne présence médiatique pour ses ana- pas, elles et ils croient toujours que la poli- lyses et commentaires. europa.ch 1/2019 3
ELECTIONS 2019 « Make Europe Yourope », la campagne du Mouvement européen allemand Par Linn Selle, présidente du Mouvement européen allemand Le Mouvement européen allemand s’est fortement engagé en chaîne nationale ARD, cet appel revendi- vue des élections européennes, axant sa campagne sur trois quait le maintien du principe des Spitzen- kandidaten, un meilleur accès à l’informa- piliers : un appel à aller voter, une analyse du contenu des tion, moins de propagande et plus de programmes de parti et une campagne de mobilisation portée contenu explicatif, ainsi que plus de vi- par ses organisations membres. sages et de lieux de débat proeuropéens. Une classification en pro- et « L’Europe, évidemment », « Oui à l’Eu- antieuropéens trop simpliste rope », « L’Europe. Maintenant, mais cor- Quelle politique climatique européenne les rectement ! » – avec ces slogans, ce ne partis mènent-ils, que demandent-ils en sont pas des partis politiques qui ont lancé matière d’égalité des sexes et comment leur campagne électorale européenne, veulent-ils garantir la sécurité, la compétiti- mais de grandes organisations faîtières vité et la solidarité en Europe ? A l’aide d’un dont notamment le Deutsche Naturschutz- tableau résumant les programmes des par- ring, l’Association de l’industrie chimique et tis, le Mouvement européen allemand a la Fédération allemande des syndicats. souhaité mettre en lumière le contenu po- Alors que la campagne électorale battait litique à partir duquel les électrices et élec- © EBD/K. Neuhäuser son plein, le sentiment de ne pas voir les teurs devaient faire leur choix lors des élec- partis politiques aborder pleinement les dé- tions européennes. Pour le Mouvement fis européens s’est renforcé. Au lieu de européen allemand, la concurrence des porter un débat démocratique tourné vers idées, dans un esprit démocratique, doit l’avenir et la recherche de solutions aux primer sur une classification simpliste en Linn Selle problématiques urgentes comme le Brexit, pro- et antieuropéens. Linn Selle est présidente du Mou- la répartition des réfugiés ou le prochain vement européen allemand depuis cadre financier pluriannuel, les partis ont Make Europe Yourope ! 2018. Elle est née en 1986 à préféré adopter des postures défensives. La campagne de mobilisation portée par les Havixbeck en Rhénanie-du-Nord- Les forces de la société civile ont donc sau- organisations membres a eu pour slogan Westphalie. Après des études en té dans cette brèche – et ce de façon en- « Make Europe Yourope ! » (faites de l’Eu- science politique à Bonn et à Paris, core plus forte et engagée qu’il y a cinq rope votre Europe). Son objectif : s’adresser elle obtient un Master en études européennes à l’Université Viadri- ans. Les organisations non-gouvernemen- directement aux électrices et électeurs na de Francfort (Oder). Sa thèse a tales proeuropéennes étaient décidées à dans leurs réalités quotidiennes, en tant porté sur la souveraineté budgé- mener une campagne électorale de qualité qu’entrepreneurs, conductrices et conduc- taire du Parlement allemand sur le avec pour objectif d’encourager les partis, teurs, ou membres d’un comité de direc- budget de l’Union européenne. De- les médias et l’opinion publique à considé- tion. Les organisations membres ont fourni puis 2014, elle est membre du Comi- rer avec sérieux les élections européennes l’argumentaire qui leur correspondait tan- té du Mouvement européen alle- et y participer. dis que le Mouvement européen allemand mand. Cette même année, le prix s’est chargé de garantir une identité vi- « Preis Frau Europas » lui a été Pour une plus grande concur- suelle commune. Ainsi, dès le tout début remis. Linn Selle travaille pour la rence des idées de la campagne électorale, une grande di- Fédération des associations alle- Trois mois avant les élections européennes, versité de témoignages en faveur d’un vote mandes de consommatrices et consommateurs. le Mouvement européen allemand, de proeuropéen a été diffusée sur le site Web concert avec dix-sept autres organisations et les réseaux sociaux du Mouvement eu- de premier plan issues de tous les sec- ropéen allemand. teurs, a lancé un appel pour plus de poli- Sans l’engagement de la société civile, la tique européenne et une plus grande campagne pour les élections européennes concurrence des idées en matière d’Eu- aurait été bien moins passionnante ! ★ rope. Relayé par le journal télévisé de la 4 europa.ch 1/2019
ELECTIONS 2019 Tous ensemble, choisissons l’Europe ! Par Pauline Gessant, vice-présidente de l’Union des fédéralistes européens Les élections européennes, ce sont de d’immigration et d’asile, une politique multiples opportunités pour nous, fédéra- étrangère et de sécurité européenne listes européens, de promouvoir nos idées unique, un budget européen accru avec et d’accroître notre visibilité, d’identifier des ressources propres, un nouveau pacte nos futurs alliés au Parlement européen, de européen contre le changement clima- développer et de renforcer l’Union des fé- tique, un système fédéral qui permette une déralistes européens (UEF) et ses sections prise de décision efficace et démocratique. dans toute l’Europe. Ces élections européennes ont été, pour En effet, comme tous les cinq ans, les élec- nous fédéralistes européens, l’occasion tions européennes sont le temps d’une in- non seulement de promouvoir nos idées tense campagne pour les fédéralistes eu- auprès des citoyen·nes et des candidat·es © Pauline Gessant ropéens. Cette année, elle s’est faite sous mais aussi de les rallier à notre cause pour la bannière du slogan « I choose Europe / Je accroître notre poids. Et ce sont ces enga- choisis l’Europe ». Plus qu’un slogan, la gements que les citoyen·nes et les candi- campagne a été l’occasion de rappeler dat·es ont été appelé·es à signer, devenant notre attachement à la construction euro- ainsi de futur·es adhérent·es à l’UEF et de Pauline Gessant péenne dans un moment où les nationa- futurs alliés au sein du Parlement européen Pauline Gessant est membre de la listes et les populistes la remettent en qui toutes et tous défendront les réformes famille fédéraliste depuis 2003. Elle cause quotidiennement, espérant intégrer fédéralistes que nous appelons de nos a notamment été présidente des le Parlement européen pour détricoter vœux. Jeunes fédéralistes européens (JEF) entre novembre 2011 et oc- l’Union européenne (UE) de l’intérieur, af- Cette campagne a aussi été un moyen de tobre 2015, membre du Bureau du faiblir les institutions européennes et re- renforcer le réseau des fédéralistes, de dé- Mouvement européen Internatio- mettre en cause la solidarité européenne. velopper les sections de l’UEF en propo- nal de novembre 2011 à décembre Mais il ne s’agit pas uniquement de dé- sant des actions clé en main, en fournis- 2014 et secrétaire générale du fendre la voie européenne . Aujourd’hui sant des outils de plaidoyer, en favorisant la Mouvement européen France de l’Europe est à la croisée des chemins : soit coopération entre l’UEF et les Jeunes fédé- janvier 2009 à décembre 2010. Elle les citoyen·nes européen·nes votent pour ralistes européens, en créant une dyna- est actuellement vice-présidente des candidat∙es qui proposent de dévelop- mique de mobilisation autour de l’appel à de l’Union des fédéralistes euro- per l’intégration, soit nous risquons d’as- une Europe fédérale. péens, présidente des « Friends of sister à la désintégration et à la victoire du Cette dynamique doit concerner toutes les JEF » (réseau des ancien·nes de la nationalisme. sections de l’UEF – et non uniquement JEF) et membre du Bureau du Mou- vement européen France. Pauline L’UE est confrontée à de nombreux défis : celles qui ont la chance de pouvoir prendre Gessant a étudié les sciences poli- des pouvoirs limités face à d’importants part aux élections européennes. Une UE tiques et est titulaire d’un Master enjeux économiques, environnementaux plus forte et souveraine, c’est un impératif en projets européens au niveau lo- et sécuritaires ; un triple déficit démocra- pour assurer la stabilité et la prospérité du cal. Elle travaille au sein de l’admi- tique, de gouvernance et de justice sociale. continent dans sa globalité. Une UE plus nistration française. Nous sommes donc face à un choix crucial respectueuse de l’environnement et de la pour l’avenir du continent européen. Et justice sociale, c’est un continent qui choi- nous affirmons notre choix face à ces dé- sit un développement durable. Une UE da- fis : je choisis une Europe plus forte, plus vantage acceptée par ses citoyen·nes, sociale, plus démocratique, une Europe fé- c’est un pouvoir d’attraction pour ses voi- dérale ! sins continentaux. C’est autour de cette idée de la nécessité Alors toutes et tous ensemble, oui, nous d’un saut en avant que les fédéralistes eu- choisissons l’Europe pour notre avenir ! ★ ropéens ont rédigé un manifeste qui pré- sente leurs principales attentes pour les cinq prochaines années qui s’ouvriront avec le mandat du nouveau Parlement eu- Retrouvez la campagne de l’UEF pour ropéen. Nous voulons l’achèvement de les élections européennes sur www.federalists.eu/ l’Union économique et monétaire, une po- activities/i-choose-europe/ litique européenne cohérente en matière europa.ch 1/2019 5
INTERVIEW « L’adhésion représenterait un gain de souveraineté. » A l’occasion de la publication de son ouvrage « Quand un cachalot vient de tri- bord… Récits d’une Suisse moderne, pacifique et heureuse », Joseph Deiss, ancien conseiller fédéral en charge des Affaires étrangères puis de l’Economie, revient sur ses années au sein du gouvernement suisse et aborde, sans complexe, l’épi- neux dossier des relations entre la Suisse et son grand voisin européen. Pour lui, « l’adhésion à l’Union européenne [est] la seule voie souveraine ». En octobre 2018, vous avez publié un ouvrage nomique européen (EEE). Le second, parce intitulé « Quand un cachalot vient de tribord… qu’il a présidé la Commission durant la ma- Récits d’une Suisse moderne, pacifique et jeure partie de mon mandat de conseiller heureuse » dans lequel vous revenez sur les fédéral. Il est entré dans l’histoire en réus- épisodes de votre carrière qui vous ont le plus sissant l’élargissement à l’Est avec dix marqué. L’Europe y occupe une place de nouveaux membres. J’ai bénéficié d’ex © KEYSTONE/Martin Ruetschi choix. Comment définissez-vous votre atta- cellentes relations avec ce grand Européen chement européen et quelles en sont les auprès duquel j’ai toujours trouvé de la racines ? bienveillance pour faire avancer le dossier Dès mon plus jeune âge, j’ai eu la chance suisse. de recevoir un enseignement touchant les questions de l’intégration européenne. Ce En tant que ministre des Affaires étrangères, Joseph Deiss fut au Collège Saint-Michel, au début des vous avez contribué à la signature des Joseph Deiss est économiste de années soixante, peu de temps après la si- accords bilatéraux I en 1999, qui avaient été formation, nommé professeur ordi- gnature du Traité de Rome. Ensuite, à l’Uni- soutenus en référendum par près de 70 % de la naire d’économie politique et de versité de Fribourg, j’ai été formé en éco- population. Que faudrait-il, d’après vous, pour politique économique en 1984 à nomie internationale, que j’ai par la suite que se manifeste à nouveau un tel soutien à la l’Université de Fribourg, dont il a été enseignée. politique européenne de la Suisse ? le doyen de la Faculté des sciences Au cours des millénaires, l’Europe a été le Le succès des accords bilatéraux s’ex- économiques et sociales de 1996 et 1998. Membre du Parti démo- foyer d’une formidable civilisation qui plique par l’échec du vote sur l’EEE en 1992 crate-chrétien, il est député au rayonne aujourd’hui encore dans le monde et la léthargie économique qui s’est instal- Grand Conseil fribourgeois de 1981 entier. La Suisse ne fait pas exception et re- lée dans notre pays durant toute la décen- à 1991 avant de siéger au Conseil présente l’une des nombreuses pierres qui nie qui a suivi. Je souhaite que les progrès national de 1991 à 1999. De 1982 à ont contribué à bâtir cet édifice. Je suis fier de nos relations européennes se fassent 1996, il est également syndic de la et ému d’être ainsi intégré dans cette de manière positive et non plus sous la commune de Barberêche. Joseph grande aventure chrétienne et humaniste. pression de situations de crise. Nos futures Deiss est conseiller fédéral de 1999 avancées en la matière devraient consti- à 2006, en charge du Département Quelles figures politiques ont incarné ou tuer des actes réfléchis et cohérents, ba- fédéral des affaires étrangères incarnent selon vous l’idée européenne ? sés sur la conviction que l’Europe ne pour- puis du Département fédéral de A part les pères fondateurs, je mentionne- ra se défendre à l’échelle planétaire que l’économie. Il a été Président de la Confédération en 2004. De sep- rai les anciens présidents de la Commis- moyennant la solidarité et la coopération tembre 2010 à septembre 2011, il a sion européenne Jacques Delors et Roma- de toutes ses parties, y compris la Suisse. présidé l’Assemblée générale des no Prodi. Le premier, parce qu’il a proposé Nations Unies. aux pays non-membres une forme d’asso- Selon un récent sondage sur la politique euro- ciation plus étroite à travers l’Espace éco- péenne de la Suisse, l’opinion publique reste 6 europa.ch 1/2019
Avec le Président de la Confédération Pascal Couchepin, sensible aux arguments économiques. Vous sur la foi des mêmes populismes dès que après la signature des accords avez été ministre des Affaires étrangères, puis les choses sérieuses commencent. bilatéraux I le 21 juin 1999 à de l’Economie. Ces arguments ont-ils été Luxembourg. © KEYSTONE/Lukas Lehmann décisifs dans les campagnes de votation que Dans votre livre, vous écrivez (p. 161) : « Il ne vous avez menées ? fait pas de doute que notre destin est lié à Une partie importante de notre population celui de l’Europe et que, parmi les cachalots, comprend la simple logique selon laquelle c’est l’Union européenne qui est le plus il est essentiel d’avoir de bonnes relations incontournable pour notre modeste embarca- avec nos partenaires les plus importants. Il tion helvétique. » Vous décrivez ainsi la ne fait pas de doute que nos alliés naturels Suisse comme une « modeste embarcation » sont nos voisins et notre continent, l’Eu- qui a tout intérêt à « participer au façonnage rope. D’autre part, cette conscience ne doit de [son] destin » et aux prises de décision au pas être passive, comme c’est le cas avec sein de l’UE. Que signifie pour vous le concept les accords bilatéraux, mais souveraine, ce de souveraineté ? « Je souhaite que qui ne peut se faire qu’à travers une pleine Grâce aux accords bilatéraux, notre navire participation. est relié par de nombreuses passerelles le Nomes demeure au grand porte-avions que constitue l’UE, un lieu de réfle- Aujourd’hui, le Nomes reste le seul mouve- huit millions d’habitants face à cinq cents ment à défendre une adhésion de la Suisse à millions, en termes démographiques. A xion ouvert et l’Union européenne (UE). Comment expli- chaque fois que l’énorme croiseur euro- honnête avec un quez-vous que cette option soit devenue péen bouge, la structure fragile et com- un tabou, même parmi les partisans de l’inté- plexe de pontons et petits ponts qui nous courage irréduc- gration européenne de la Suisse ? y rattachent est chamboulée, sans que, tible au service de Par le martèlement incessant d’arguments pour autant, nous puissions influencer la négatifs, le plus souvent simplistes et erro- trajectoire du grand paquebot. C’est pour- ce qui est la cause nés, les mouvements populistes sont par- quoi les accords bilatéraux, aussi utiles la plus vitale pour venus à faire de la solution naturelle, le rap- qu’ils soient par rapport à une solution prochement avec l’UE, le scénario du zéro, ne peuvent être qu’un pis-aller. La notre pays. » « crash ». Les partis du centre, qui devraient souveraineté, pour un pays, consiste à démontrer du leadership en la matière, ont prendre ou à s’associer aux décisions qui le adopté des positions pusillanimes par peur concernent. Il y a des domaines où il est de perdre des électrices et électeurs au possible de former sa volonté tout seul. Il profit de la droite nationaliste et xéno- faut donc le faire. Cependant, il y a de plus phobe. Et à gauche, bien que l’on se pro- en plus de situations où il n’est pas pos- clame en faveur de l’adhésion, on se défile sible de faire fi de la volonté des autres, où europa.ch 1/2019 7
20 ANS ENSEMBLE © Joseph Deiss Avec le Président américain Barack Obama le 23 septembre 2010 à New York en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies. une collaboration internationale est néces- Enfin, selon vous, dans quelle direction l’UE saire. Dans ces cas, il faut pouvoir partici- doit-elle se développer pour répondre aux per à la décision, ce qui, en termes d’inté- défis qui lui font face ? gration, requiert la qualité de membre. Dans son récent « Face au chaos, sauver l’Europe ! », Hubert Védrine, ancien m inistre Au-delà d’une participation à la prise de déci- français des Affaires étrangères, revient sion et l’obtention du droit de vote européen, à ce qu’il appelle « la juste formule » de qu’auraient les Suissesses et les Suisses à Jacques Delors, la « fédération d’Etats-na- gagner d’une adhésion à l’UE ? tions ». Comme lui, je pense qu’il est né- Joseph Deiss a publié en octobre Contrairement aux idées reçues, cela re- cessaire de se concentrer sur l’essentiel, 2018 ses mémoires politiques intitu- présenterait un gain de souveraineté. Nous comme l’ont fait les Suisses en 1848, pour lées « Quand un cachalot vient de tribord… » aux Editions de l’Aire. reprendrions les pouvoirs que nous avons leur Confédération, avec de vastes champs Mystérieux, le titre fait référence à volontairement abandonnés en raison de d’autonomie accordés aux cantons. Dans une citation du navigateur Olivier notre tenue à l’écart. De plus, et l’adage est le langage d’Hubert Védrine, cela prend de Kersauson. Selon Deiss, « notre vieux comme le monde, nos intérêts se- une allure plus cinglante : « il est donc né- destin est lié à celui de l’Europe et raient mieux défendus à l’échelle plané- cessaire d’abandonner explicitement la […], parmi les cachalots, c’est taire, grâce à la puissance que représente logomachie déresponsabilisante et anxio- l’Union européenne qui est le plus l’union des forces. gène de l’intégration européenne sans fin. » incontournable pour notre modeste embarcation helvétique ». Dans son Le débat sur l’accord institutionnel occupe le Si vous deviez donner un conseil au Nomes ouvrage, il revient sur son rapport à devant de la scène politique suisse depuis pour son engagement futur, quel serait-il ? l’Europe et retrace notamment le des mois. Quel regard portez-vous sur l’évolu- Je ne donne en principe pas de conseils parcours sinueux de la Suisse vers une plus grande intégration euro- tion future des relations entre la Suisse et aux organisations et associations aux- péenne. Témoin privilégié de la si- l’UE ? quelles je n’appartiens pas. Je souhaite gnature des accords bilatéraux I et Compte tenu de grand nombre d’accords pourtant que le Nomes demeure un lieu de II, Joseph Deiss réaffirme son sou- bilatéraux que nous entretenons avec l’UE, réflexion et d’argumentation ouvert et hon- tien à une adhésion de la Suisse à il s’agirait d’une véritable négligence de ne nête, avec un courage irréductible au ser- l’Union européenne. Enfin, il sil- pas posséder une entente sur les méca- vice de ce qui est la cause la plus vitale lonne le restant de son parcours nismes de résolution d’éventuels conflits à pour notre pays. ★ sans lésiner sur les détails. Un ou- propos de leur application. Mais un refus a vrage riche en « récits d’une Suisse des conséquences beaucoup plus pro- moderne, pacifique et heureuse ». fondes, puisqu’il reviendrait à remettre en Joseph Deiss, « Quand un cachalot vient de cause les principaux accords bilatéraux. Ce tribord… Récits d’une Suisse moderne, paci- fique et heureuse », Editions de l’Aire, octobre serait un véritable recul dans nos relations 2018, 475 pages avec l’UE, une sorte de « Swexit ». 8 europa.ch 1/2019
LITTERATURE « Parlons de l’Europe » Par Felix Brun, ancien collaborateur du Nomes, auteur et enseignant Lorsque j’ai entamé mon projet de livre sur – n’est pas considérée comme étant une l’Europe, il y a deux ans, la pensée qui ha- réponse à la question de la complexité. Car, bitait mon esprit était celle de la complexi- comme l’indique l’écrivain zurichois Peter té : l’Europe comme lieu de complexité, von Matt – qui apparaît dans mon ou- comme lieu de confusion. A ce moment-ci, vrage –, la simplification a besoin de la vio- cette confusion n’avait pas encore pris lence pour se faire respecter : « Dès que forme ; il s’agissait plutôt d’un sentiment, des coups de feu sont tirés, le monde de- négatif, une impression qui me troublait. vient plus simple. On s’était empêtré dans Qui est responsable de cette confusion sur des problèmes et les voilà résolus. Les © Nomes-Nebs/Thomas Humm notre continent : la mondialisation, l’Union questions que l’on se posait ont trouvé une européenne, la numérisation ? Comment réponse. » s’en occuper ? L’homme est-il en mesure Personnellement, le concept de diversité de le faire ? Au cours de mes recherches est devenu si important pour moi, au cours sur diverses personnalités suisses et leurs de la rédaction de mon livre, que je m’y propos sur l’Europe, cette confusion a pris suis pour ainsi dire attaché. Et si nous pou- forme, par exemple au travers du concept vions voir quelles perspectives positives Felix Brun de diversité auquel Jean Rudolf von Salis – nous offre cette diversité européenne ? Felix Brun est étudiant en Master journaliste, historien et professeur bernois Que se passerait-il si toutes les facettes de en études européennes à l’Univer- dont je fais le portrait dans mon livre – a re- l’Europe pouvaient réellement coexister ? sité de Fribourg. Il a travaillé en tant cours à plusieurs reprises. Il devient plus Quelles formes politiques pourraient ga- que collaborateur scientifique au secrétariat général du Nouveau facile de vivre dans une Europe diversifiée rantir cette cohabitation, pour reprendre le mouvement européen Suisse que dans une Europe confuse. Cette Eu- terme de l’artiste Ben Vautier, auquel je (Nomes) à Berne et comme journa- rope diversifiée a de multiples facettes : consacre également quelques pages de liste. Aujourd’hui, il enseigne à l’on soupçonne qu’elles coexistent sur un mon livre ? Que se passerait-il si nous, Eu- l’école secondaire et vient de pu- pied d’égalité tout en supposant aussi cer- ropéen·nes, pouvions reconnaître cette blier son premier livre en allemand taines difficultés, notamment en matière complexité dans toute sa richesse, comme « Sprechen wir über Europa » aux de communication ou d’identification. un enrichissement non pas matériel, mais éditions Hier und Jetzt. Felix Brun A quelle forme d’Europe puis-je et vais-je spirituel et moral ? ★ vit avec sa famille à Oberburg dans m’identifier ? Ce sont là des questionne- le canton de Berne. ments qui ont préoccupé les intellectuel∙les suisses tout au long du XXe siècle et qui conservent, encore aujourd’hui, toute leur actualité. Dans mon livre « Sprechen wir über Europa » (Parlons de l’Europe), ces in- terrogations prennent vie sous la forme de questions récurrentes que les dix person- nalités interrogées se sont toutes posées : qu’est-ce que la Suisse ? Quelle est sa La question de savoir dans quelle mesure place en Europe ? Quel est notre rôle dans la Suisse doit s’ouvrir en matière de poli- cette Europe ? Si chacune de ces interroga- tique extérieure a déchaîné et déchaîne tions trouve des réponses très variées, encore les passions. L’ouvrage de Felix toutes se rejoignent sur un point : l’on peut Brun revient sur dix discours et textes de être uni dans le désaccord, se ressembler personnalités suisses qui reflètent les ré- dans la diversité, se retrouver dans la confu- flexions sur les relations de la Suisse avec sion. Ceci est rendu possible par l’idée la l’Europe au cours des cent dernières an- plus européenne de toutes : le siècle des nées. Chaque texte est introduit par l’au- teur et reproduit dans sa version originale. Lumières. L’adhésion aux valeurs des Lu- Les contributions sont notamment de Gret mières comprend l’idée que si c’est certes Haller, Ben Vautier et Denis de Rougemont. compliqué, ce n’est pourtant pas impos- Felix Brun, « Sprechen wir über Europa », éditions Hier sible. La simplification – et j’entends très und Jetzt, Baden, avril 2019, 224 pages clairement par là le populisme d’aujourd’hui europa.ch 1/2019 9
ACTIVITES DU NOMES N’attendons pas, participons ! Par Raphaël Bez, co-secrétaire général du Nomes Alors que le projet d’une union européenne n’était encore d’« Etats-Unis d’Europe » à l’Université de qu’embryonnaire, la société civile suisse a activement contribué à Zurich en 1946 alors qu’a lieu la Conférence de Hertenstein des fédéralistes européens nourrir les réflexions et offrir un espace de dialogue et d’échange. au bord du lac des Quatre-Cantons ; l’UEF Par son engagement au n iveau européen, le Nomes fait vivre tient son congrès fondateur à Montreux en aujourd’hui encore cette longue tradition. 1947 et l’Union paneuropéenne du comte autrichien Richard Coudenhove-Kalergi or- ganise des rencontres à Gstaad et Inter- laken en 1947 et 1948. Les Suissesses et Une « renaissance européenne », voilà ce les Suisses engagé∙es dans ces réflexions Mouvement européen International que souhaite le Président français Emma- – majoritairement issu·es de la société ci- (MEI) : présent dans 34 pays, il ras- nuel Macron. Annegret Kramp-Karren- vile et non pas des classes dirigeantes – semble les actrices et acteurs de la bauer, à la tête du parti chrétien-démocrate partagent alors un sentiment de « mission société civile, du monde écono- allemand CDU depuis le départ d’Angela européenne » estimant que l’Europe de- mique, des syndicats, des ONG, des Merkel, ne partage pourtant pas nombre vrait aussi expérimenter ce qu’elles et ils partis politiques, du monde acadé- de ses revendications. Le chef du gouver- vivaient, c’est-à-dire une cohabitation dé- mique et des autorités locales. Il s’engage pour une coopération et nement espagnol, Pedro Sanchez, a plaidé mocratique et harmonieuse entre diffé- une intégration européennes ba- quant à lui devant le Parlement européen à rentes cultures, langues et religions. L’Eu- sées sur les principes de paix, de Strasbourg pour une Europe à la structure ropa-Union Schweiz, section suisse de démocratie, de liberté, de solidari- fédérale. Je pourrais encore mentionner la l’UEF et prédécesseur du Nomes, s’est té, de justice et de respect des vision différente de l’Europe de Mark Rutte, ainsi engagée pour l’établissement d’une droits humains et de l’Etat de droit. Premier ministre néerlandais. Cette disso- Constitution européenne démocratique, Le Nomes en est la section suisse. nance entre chefs d’Etat, de gouverne- d’un Parlement fédéral européen, d’une ment ou de parti politique au sein de l‘Union Cour fédérale européenne et d’un Conseil L’Union des fédéralistes européens européenne (UE) n’est pas nouvelle et fédéral européen. Selon elle, les compé- (UEF) : composée de 24 sections et nous est même plutôt familière : en effet, tences principales de cette structure fédé- membre du MEI, elle s’engage pour les avis sur la direction vers laquelle le rale devaient être la politique étrangère, la la promotion d’une Europe fédé- rale, à même d’organiser une union processus d’intégration européenne doit politique de défense, les droits de douane européenne de façon démocra- s’orienter divergent et ce depuis long- et la politique monétaire. La Suisse offi- tique et efficace, tout en préservant temps. Des propositions figurent cepen- cielle, suspicieuse à l’égard de ces « acti- la diversité des Etats européens. Le dant sur la table, prêtes à être discutées : vistes européens » et ardemment attachée Nomes en est la section suisse. Ra- en 2017, la Commission Juncker a, par à sa neutralité, n’a pas souhaité contribuer phaël Bez est membre du Bureau exemple, publié un Livre blanc présentant à la réalisation du projet européen. L’UE exécutif de l’UEF et neuf délégué∙es cinq scénarios d’avenir. La société civile et s’est ainsi construite sans elle. suisses siègent actuellement au le secteur privé plaident, eux aussi, réguliè- Aujourd’hui comme hier, c’est donc à la so- sein de son Comité fédéral. rement pour des réformes. ciété civile de permettre aux Suissesses et aux Suisses d’apporter leur pierre à l’édi- Et dans tout cela, quid de la fice. Au Nomes, nous souhaitons contri- Suisse ? Notre pays est-il concer- buer au développement de l’UE sans de- né par ces réflexions sur le futur voir attendre l’adhésion de notre pays à de l’avenir européen ? Devrions- cette dernière. Nous sommes finalement nous aussi y prendre part ? tout autant européen∙nes que nos voisines et voisins autrichien·nes, français∙es, alle- Durant l’entre-deux guerres, puis juste mand∙es ou italien∙nes ! L’avenir de l’Eu- après la fin de la Seconde Guerre mondiale, rope est le nôtre. Dès lors, notre engage- la Suisse a été au cœur du développement ment au sein du Mouvement européen du projet européen : la première section de International et de l’UEF fait plus que ja- ce qui deviendra l’Union des fédéralistes mais sens. ★ européens (UEF) est fondée à Bâle en 1934 ; Winston Churchill prononce son fa- meux appel en faveur de l’établissement 10 europa.ch 1/2019
ACTIVITES DU NOMES 2019-2020, le programme du Nomes Par Lukas Wegmüller, co-secrétaire général du Nomes Avec les élections fédérales de l’automne et l’initiative dite « de limitation » – qui vise à résilier la libre circulation des personnes avec l’Union européenne – soumise au vote en 2020, le Nomes a de quoi faire ! Le profil européen des candi- et voter pour celles et ceux qui, une fois dat∙es aux élections fédérales élu·es, défendront une politique euro- Le 20 octobre prochain, en Suisse, nous éli- péenne de la Suisse tournée vers l’avenir. rons un nouveau Parlement pour ces quatre Il sera, par ailleurs, aussi possible de ré- prochaines années. Pour le Nomes et pour pondre au questionnaire sur le site Internet tous les proeuropéen∙nes de ce pays, cela du Nomes. Vous pourrez ainsi comparer représente un défi. En effet, chaque vote votre résultat avec ceux des membres du au Parlement en faveur de l’ouverture à Comité du Nomes et des candidat·es. l’Europe nous réjouit, alors que chaque vote allant dans l’autre sens nous afflige. Il La Tournée européenne 2019 © Michael Girsberger est dès lors déterminant de faire en sorte La Tournée européenne 2019 du Nomes qu’un grand nombre de candidat∙es à sera également consacrée aux élections même de s’engager pour la politique euro- fédérales de l’automne. Différents débats péenne promue par le Nomes soit élu. et événements seront ainsi organisés en En ce sens, pour que les électrices et élec- septembre et octobre partout en Suisse. Ils « Le Nomes apporte une contribu- teurs puissent identifier sur les listes des permettront de discuter de la politique eu- tion importante au développement partis les personnalités aux positions euro- ropéenne avec des candidat·es de tous les de la politique européenne de la péennes les plus proches des leurs, nous partis. Suisse. Il s’engage contre l’argu- allons proposer aux candidat·es de remplir mentation simpliste anti-UE et un questionnaire – en collaboration avec Une précampagne européenne contribue ainsi à sécuriser les rela- Smartvote – qui résultera en un « eurospi- Enfin, l’initiative dite « de limitation », qui tions de la Suisse avec l’Union eu- der ». Cette toile d’araignée indiquera leur sera probablement soumise au vote dans ropéenne. C’est pourquoi je sou- positionnement par rapport aux questions la seconde moitié de l’année 2020, a bien tiens les campagnes du Nomes. d’intégration politique, économique et so- évidemment aussi un impact sur nos acti- Apportez, vous aussi, dès mainte- ciétale à l’UE, d’ouverture globale du pays vités à venir. Plus nous sommes préparés nant votre soutien car chaque contribution compte ! » et de coopération transfrontalière. Ces pro- et engagés, plus nous aurons de chance de fils, complémentaires à ceux de Smart- remporter ce vote et faire échouer une ini- Michael Girsberger, vote, révéleront quelles et quels candi- tiative qui vise tout bonnement à mettre fin CEO de Girsberger Holding et dat·es sont les plus proches des positions aux accords bilatéraux et endommager du- membre du Club des donatrices et du Nomes. Ainsi, les électrices et électeurs rablement nos relations avec l’UE. C’est donateurs du Nomes pourront choisir en connaissance de cause pourquoi nous élaborons d’ores et déjà une précampagne afin d’être prêts lorsqu’il fau- dra entamer la campagne de votation à pro- prement parler. Au travers de cette précam- Si vous aussi vous souhaitez faire un don au Nomes, le rejoindre en tant que membre (cotisa- pagne, nous souhaitons mettre en lumière tion de 100 francs par an pour les membres indi- la dimension européenne de notre quoti- viduels, 150 francs pour les couples et 40 francs dien. Les idées ne nous manquent pas ; il pour les revenus modestes) ou donatrice/dona- s’agit maintenant de décider sur quels as- teur (cotisation annuelle comme membre du pects nous allons nous concentrer et de Club des donatrices et donateurs de 500 francs quelle manière nous financerons ces ac- par an), écrivez-nous ou visitez notre site Inter- tions. ★ net ! www.europe.ch info@europa.ch CCP 30-9024-9 europa.ch 1/2019 11
SECTIONS Le contexte tessinois est difficile, mais nous résistons Par Jacques Ducry, président de la section tessinoise et vice-président du Nomes En 1979, alors que j’étais jeune et avec l’aide précieuse de l’ancien ambassadeur suisse Luzius Wasescha, nous avons réuni les trois sections proeuropéennes de Bel- linzone, Locarno et Lugano en une seule. Ainsi, depuis quarante ans, nous conti- nuons à agir sans jamais laisser s’éteindre la flamme de nos principes et idéaux. Ceci n’aurait pas été possible sans l’engage- ment, la passion et la constance de nom- breuses personnes connues ou non, qui ont défié les préjugés, l’étroitesse d’esprit et les tendances populistes de beaucoup de Tessinois∙es. J’ai succédé à Fulvio Pelli en tant que pré- sident de la section du Tessin en 2005. Au- jourd’hui, nous comptons une centaine de membres de tous bords politiques (hormis les extrêmes). Je saisis l’occasion de ces lignes pour adresser mes chaleureux re- merciements à chacun·e des membres du Jacques Ducry Comité tessinois recomposé lors de l’as- © Nomes-Nebs/SodaFilm semblée générale du 14 janvier 2019 du- rant laquelle nous avons également révisé C’est en 1803 que Napoléon crée le canton nos statuts. du Tessin, une région de langue et culture Ce qui nous manque encore, c’est la parti- exclusivement italiennes qui était alors oc- cipation des jeunes. L’un d’entre eux a re- cupée au nord par les germanophones et joint notre Comité. Nous devons doréna- au sud par les Lombards. Couvert de mon- vant faire tout notre possible pour parvenir tagnes, de vallées et de lacs préalpins, le à établir une section de la young european Tessin est, à l’image de sa géographie, re- swiss | yes au Tessin. plié sur lui-même, peu ouvert aux autres, Le parti Lega dei Ticinesi joue, dans notre sauf quand il s’agit… d’argent italien ! canton, le rôle que l’on sait et son influence Ainsi, les citoyen∙nes du canton se sont s’étend aussi à d’autres partis politiques. toujours prononcé∙es contre une ouverture Sa tentative de vouloir interdire aux com- à l’Europe et aux Nations Unies. J’ai donc munes d’afficher le drapeau européen le été surpris – et très heureux – le 25 no- 5 mai – Journée de l’Europe – n’aura cepen- vembre 2018 quand l’initiative dite « pour dant pas abouti, puisque j’ai réussi, non l’autodétermination » a été rejetée par le sans fierté, à obtenir une majorité au Parle- Tessin ; un résultat très positif auquel le ment cantonal à même de la bloquer. grand engagement de notre section dans la Le contexte dans lequel évolue notre sec- campagne n’est vraisemblablement pas tion est difficile. Mais nous existons ; nous étranger. En effet, nous avions notamment résistons ; nous y croyons et nous agis- organisé à Massagno un débat contradic- sons… encore et toujours ! ★ toire sur le texte de l’UDC et une projection du film « L’Etat contre Fritz Bauer » (2015). Une centaine de personnes y ont pris part, à notre grande satisfaction. 12 europa.ch 1/2019
Vous pouvez aussi lire