L'AFRIQUE ET SA RENAISSANCE ÉCOLOGIQUE : UNE APPROCHE LITTÉRAIRE

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Revue de l’Association nigériane des enseignants universitaires de français (RANEUF)
                     No 19, octobre 2021 ISSN : 978-059-704-2

   L’AFRIQUE ET SA RENAISSANCE ÉCOLOGIQUE :
           UNE APPROCHE LITTÉRAIRE

                        Wolé OLÚGÚNLÈ
                    woleolugunle@gmail.com
                  Department of European Studies
                       University of Ibadan

Résumé
Considérant les effets néfastes de la deuxième guerre mondiale :
1939-1945, notamment la dégradation de l'environnement naturel
qui pose des problèmes écologiques, et les analyses erronées des
écrivains coloniaux vis-à-vis du climat africain, que font les
écrivains postcoloniaux africains pour renaître l'Afrique puis
replacer son écologie détruite dans ces analyse mises en cause ? Par
la théorie d’éco-littérature et la méthodologie d’analyse textuelle,
notre étude se focalise sur deux œuvres littéraires, à savoir,
L’Africain (2004) et Lonely Days (2006), qui traversent les murs
nationaux, géographiques et linguistiques dans le but de montrer
comment l’écologie africaine est affectée. L’étude montre que ce ne
sont pas seulement les écrivains africains qui se donnent comme
tâche d’écrire pour abroger les commentaires erronés coloniales
concernant le climat africain mais aussi quelques écrivains
européens s’en souscrivent.
Mots-clés
L‟écologie africaine, les histoires écologiques coloniales, les
écrivains postcoloniaux, la renaissance, une approche
littéraire.

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Wolé OLÚGÚNLÈ RANEUF- No 19, octobre 2021 Pp.193-216
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Introduction
L‟Afrique est l‟un des continents du monde avec une
atmosphère vivifiante compte tenu de son équilibre
climatique. Du point de vue écologique, les histoires
coloniales concernant le climat africain font la peinture d‟un
continent      à   côté    de    l‟enfer.    Ceci     implique
qu‟écologiquement, l'Afrique est déjà atterrée, suivant le
totalitarisme de Nazi qui a provoqué la deuxième guerre
mondiale de 1939 à 1945 avec des effets néfastes. Parmi les
effets de cette guerre mondiale, nous retenons
l'extermination massive des peuples par la bombe atomique.
Aussi, il y a la dévastation de l'environnement naturel qui
pose des problèmes écologiques. Heureusement, aucun de
ces effets n‟a affecté l‟Afrique, sauf les histoires coloniales
erronées vis-à-vis du climat africain.
Selon Sanusi (2015), alors que les écrivains coloniaux ont
raconté des histoires mensongères, sur le climat africain, les
écrivains postcoloniaux jugent nécessaire de les abroger,
puis, se sont armés avec des approches stylistiques,
théoriques, thématiques suivant des préoccupations
diverses dans leurs productions littéraires. Le but, c‟est de
condamner les histoires et les conceptions écologiquement
erronées sur l‟Afrique afin de renaître l'Afrique et son
écologie. Ils commencent à donner une place privilégiée à la
nature dans leurs productions littéraires.
Puisque l‟Afrique est l‟agglomération des cultures
différentes mais réunies par le même climat, la présente
étude se focalise sur deux œuvres littéraires : L’Africain
(2004) et Lonely Days (2006), qui traversent les murs
nationaux, géographiques et linguistiques dans le but de
montrer comment l‟écologie africaine a traversé un

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processus de renaissance. Alors que L'Africain (2004) de JM.G
Le Clézio, un écrivain français, tente à renaitre et reécrire
l'image, la culture, les valeurs et même l'écologie de l'Afrique
dénigrée, altérée et abandonnée par les colonialistes de l'ère
coloniale, Lonely Days (2006) de l‟écrivain nigérian Bayo
Adebowale, présente aux lecteurs les rôles que joue la nature
dans la réalisation de ses préoccupations thématiques; les
conditions déplorables que survivent les femmes, surtout les
veuves, en Afrique contemporaine. Néanmoins, il faut noter
que L'Africain est choisi non seulement parce que Le Clézio
se considère Africain à travers son père (L’Africain 7), mais
aussi pour examiner une perception européenne vis-à-vis de
celle que présente le Nigérian Bayo Adebowale.
L'Africain (2004) de J-M.G Le Clézio, est une œuvre
semiautobiographique et biographique qui a provoqué
beaucoup de critiques depuis sa publication. Parmi ces
critiques, on compte Vernier-Larochette B. (2012) avec «
Photographie et récit de filiation: L'Africain de J. M. G. Le
Clézio », Alani Souleymane (2017) avec « Colonial Violence
and Anticolonial Primary Resistance in Selected Novels of Le
Clézio », Bronwen Martin (2015) « The Fiction of J. M. G. Le
Clézio: A Postcolonial Reading », Van der Drift Martha
(2014) « Leclézien Hybridity: Relations Across Genres,
Histories and Cultures in Selected Works », sa thèse
doctorale, et plus récemment Wolé Olúgúnlè (2020) avec sa
déconstruction stylistique de l‟ouvrage dans son article, «
Vers une Déconstruction Textuelle de L'Africain de Jean-
Marie Gustave Le Clézio », pour ne mentionner que ceux-ci.
Bien que Wolé Olúgúnlè (2018, 2019, 2021), Raïmi F. A. (2016)
F. M. Onipede (2019) S. C. Moussa (2019) aient effectué des
études sociologique, psychologique et linguistique sur
Lonely Days (2006) d‟Adebowale, cette étude compte
combler la nature dans la littérature en voyant la renaissance
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écologique de l'Afrique par le biais d‟une approche
théorique littéraire d‟éco-littérature dans ces textes
littéraires.
Sachant qu'aucun écrivain ne localise son œuvre hors de
l'atmosphère même lorsque l'intrigue de l'œuvre est
psychologique, les actions aussi bien que les activités des
personnages se déroulent dans un espace naturel. C'est-àdire
qu‟il existe des relations entre la littérature et la nature à
travers laquelle l'écologie, le climat et l‟atmosphère de la
société d‟où sort l‟œuvre littéraire pourraient être évoquée.
Ainsi, les écrivains de L'Africain (2004) et Lonely Days (2006)
joignent l'échelle d'écrivains qui commencent à écrire pour
condamner non seulement les effets écologiques néfastes de
la deuxième guerre mondiale mais aussi et surtout ceux des
histoires coloniales erronées concernant le climat et
l‟écologie africaine. Ils commencent à donner une place
privilégiée à celle-ci dans leurs œuvres littéraires.
Cette étude va primer le regard de la société africaine comme
une entité écologiste dont dépend l'identité des Africains.
Nous allons finir par établir le fait que l'identité des Africains
ne se borne pas directement aux traitements des êtres
humains envers leur environnement social. De ce fait, ce
travail commencera par une ébauche du concept d‟«éco-
littérature» en tant que théorie littéraire suivie par l‟analyse
de la renaissance écologique de l‟Afrique dans les créations
littéraires de J.M.G Le Clézio et Bayo Adebowale. Ainsi,
l‟analyse des descriptions écologiques renait l'écologie de
l'Afrique dans ces deux romans sur deux aspects
fondamentaux: la stylistique et la thématique. C‟est à ce
point que nous aboutissons à la conclusion.

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La théorie d’éco-criticisme
L'écologie littéraire, un terme inventé par Joseph Meeker,
pour désigner « l‟étude de thèmes biologiques et de relations
qui apparaissent dans des œuvres littéraires »; autrement
dite éco-criticisme, selon Dobie, ce terme fut introduit par
William Rueckert (1978) dans son essai intitulé Literature and
Ecology : An Experience in Ecocriticism. Cette œuvre révèle le
fond de l'emploi et de l'application de l'écologie et concepts
écologiques à l'étude de la littérature (238). Depuis lors, bon
nombre de critiques se font voix sur l'étude écologique dans
la littérature. Glotfelty et Fromm postulent que l'éco-
criticisme se définit comme « the study of the relationship
between literature and the physical environment ... » (xviii) ;
ce qui implique que « l'écocritique est l'étude des relations
entre la littérature et l'environnement physique ». Pour
Glotfelty et Fromm, l'éco-critique se charge d'une tâche
majeure d'éveiller la conscience éco-centriste.
Buell conçoit l'éco-critique ainsi: « eco-criticism is the study
of where all sciences come together to analyze the
environment and brainstorm possible solutions for the
correction of the contemporary environmental situation »
(15). Ce qui signifie que l'éco-critique est l'étude des points
de convergence de toutes les sciences pour en analyser
l'environnement et fournir les solutions durables pour la
correction des anomalies de situations environnementales
contemporaines.
Posthumus (2011) note que le concept et l'étendue de
l'écocritique s'inclinent aux champs d'études anglophones et
donc, elle livre sa définition comme « une étude du rapport
entre l'écologie et la littérature dans le domaine des lettres
anglaises et américaines, mais reste curieusement absente du
monde des lettres françaises ». Cependant, dans une
tentative de combler le vide de ce concept dans la situation
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francophone, Stéphanie attire l‟attention sur le concept du
contrat naturel de Michel Serres.
D'après Posthumus, le philosophe Serres, « s'efforce de
forger une nouvelle philosophie de la nature depuis le début
des années quatre-vingt-dix (1990) en France » (87). Serres
souligne la diversité dans l'interaction entre les différentes
entités sociales. Donc, la culture conditionne l'attitude des
gens face à leur perception, compréhension et instruction de
leur lien avec la nature. Il postule que l'écocritique a
plusieurs formes; géopolitiques, économiques, culturelles.
Serres, dans son approche, insiste sur la stylistique, ce qui le
distingue des autres critiques écologiques. Sa théorie sur la
philosophie de la nature, appelée le contrat naturel, est
composée de quatre impressions à savoir, une idée, une
pratique, une métaphore et une histoire. L'essentiel dans la
théorie écologique de Serres est qu'elle fonctionne dans la
critique littéraire autant que dans d'autres domaines
scientifiques. Aussi, le contrat naturel de Serres éblouit-il
plus comme une théorie socio-historique précise qu'une
notion conventionnellement vaste.
Tout compte fait, l'étude s'appuie sur la méthodologie
d'analyse textuelle pour analyser les éléments écodescriptifs,
éco-stylistiques et éco-thématiques dans les romans à étudier
- L'Africain (2004) et Lonely Days (2006). L’Afrique et sa
renaissance écologique : une approche littéraire
Commoner citée dans Eweka O. I. et Iloh N. O. écrit: « The
first law of ecology is that everything is connected to
everything else » (33), ce qu'implique que la première règle
de l'écologie, c'est que tout s'entremêle. À l'approche d‟un
critique des œuvres de ces écrivains africains et
postcoloniaux, il n'est pas étonnant de recueillir une
avalanche d'éléments écologiques. Sa curiosité de la
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représentation de la nature aurait pu être suscitée par un
souci de se documenter sur le paysage ou l'espace réel de
l'Afrique. On supposerait que les descriptions privilégiées
par les auteurs dans les narrations ne servent que de décors.
Ces descriptions sont faites pour la renaissance écologique
de l‟Afrique et pour redonner à la nature une première place
dans les créations littéraires. La peine prise par ces auteurs,
Le Clézio et Adebowale, pour faire la peinture de leurs
environnements de façon aussi minutieuse et presque
triviale inspire au critique un esprit inquisiteur. Cet esprit
consiste à interroger la didactique et l'esthétique des données
écologiques de l'espace africain. Cette analyse est l'issue de
cette disposition curieuse vécue par la présente étude sur la
possibilité du but des auteurs au moment où ils façonnaient
toutes leurs narrations écologiques.
Dans l'ensemble, par la revalorisation de la nature par le biais
de sa représentation, nos écrivains dépassent le cadre
d‟espaces accessoires ou inactifs aux œuvres. Ils tiennent au
mécanisme, à l'opération ou à la composition systématique
de leurs milieux naturels. Ces œuvres franchissent la barre
d'une stylistique spatiale dans leurs descriptions de l'Afrique
pour s'envoler vers le haut du sublime écologique. Presque
toutes leurs peintures de la nature ne s'annoncent pas
comme de tous simples comptes naturels qui font apprécier
le paysage ou la société africaine mais beaucoup plus,
comme de vibrants appels à leurs publics à découvrir les
croisades de toute la nature conçue sur le sol africain. Plus
engageant, les œuvres s'efforcent de nous éveiller la
conscience collective sur les interminables et inévitables
communions entre toutes les composantes de la nature ;
vivantes ou figées, qui s'introduisent dans toute société
globale.

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Gavillon (2008) rapporte frénétiquement la convivialité
requise par la nature de la part des êtres humains pour
assurer une paisible coexistence naturelle sur terre. Comme
une réaction aux paroles de Léopold (1949) et Bass (1985),
Gavillon partage l'opinion d'une ultime intériorisation de
l'écologie dans la littérature. Ceci est notamment dans le but
de faire montrer d'humains et d'autres fragments formant le
tout de l'existence, comme des entités absolument sous les
auspices les unes des autres :
        Dans l'un des textes les plus illustres de l'éco-
        littérature américaine du 20e siècle, „A sand
        county almanac‟ (1949), Léopold plaidait
        pour que l'idée de communauté du vivant
        soit étendue à la terre, aux eaux, aux plantes
        et aux animaux, et pour que l'homme montre
        à l'endroit de cette terre une attitude éthique
        (land ethic). Dans les essais et les nouvelles
        de Bass, c'est la reconnaissance d'une nature
        agissante qui assure équilibre et réciprocité :
        Bass n'est pas loin de réduire la vieille
        question de l'appartenance de l'homme à la
        nature (96-
        97).
De ce pacte recommandé par Léopold et Bass selon Gavillon,
L'Africain et Lonely Days semblent déjà agir en modèle
d'appropriation littéraire car comme l'un des projets de
sensibilisation sur l'environnement humain, les œuvres
touchent à l'intensité écologique de la vie quotidienne des
Africains. Ainsi, la croisade de la nature avec les autres êtres
dans ces œuvres littéraires, montre une écologie disséminée
aux quatre éléments: l'espace, les êtres humains, les plantes
et les animaux. De tels cercles-matières se font fréquenter
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dans les œuvres pour établir cet incontournable rapport
entre les êtres et les choses. Par leurs exhibitions textuelles
de la nature, les textes nous montrent que la nature englobe
la vie. Si l'Afrique leur sert d'espèce particulière ou de
plateforme pour leurs tâches de sensibilisation, les facteurs
socioculturels doivent se soumettre enjeux de créations
littéraires. Sans doute, ces productions littéraires s'adressent
à tout le monde et non pas strictement au monde africain,
qui, de ce fait, joue un rôle intermédiaire dans la
transmission de cet esprit écologique.
Ces œuvres, L'Africain, et Lonely Days (désormais LD) nous
plongent, comme nous l'avons signalé, dans l'univers naturel
africain à travers des descriptions écologiques.
Commençant par l'œuvre de Le Clézio, L'Africain,
l'auteurnarrateur, à l'âge de huit ans, décrit les choses
comme il les voit. Il commence la description de l'Afrique
comme une région isolée, paisible et unique, d‟où il trouve
que l'humanité est uniquement composée d‟Africains
heureux, gentils et amicaux. Il dit :
         À l'âge de huit ans à peu près, j'ai vécu en
         Afrique de l'Ouest, au Nigeria, dans une
         région assez isolée où, hormis mon père et
         ma mère, il n'y avait pas d'Européens, et où
         l'humanité, pour l'enfant que j'étais, se
         composait uniquement d'Ibos et de
         Yoroubas. (L'Africain, 9)
Il ne rencontre l'Afrique à première vue qu'à travers les
Africains dont leurs corps sont magnifiques. Il ne nous décrit
pas l'Afrique par le biais de corps mais Le Clézio s‟évertue
de décrire toute l'Afrique sans se limiter au Nigeria où son
père a pratiqué sa profession en tant que médecin.
         En Afrique, l'impudeur des corps était
         magnifique. Elle donnait du champ, de la
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        profondeur, elle multipliait les sensations,
        elle tendait un réseau humain autour de moi.
        Elle s'harmonisait avec le pays ibo, avec le
        tracé de la rivière Aiya, avec les cases du
        village, leurs toits couleur fauve, leurs murs
        couleur de terre. Elle brillait dans ces noms
        qui entraient en moi et qui signifiaient
        beaucoup plus que des noms des lieux :
        Ogoja, Abakaliki, Enugu, Obudu, Baterik,
        Ogrude, Obubra. Elle imprégnait la muraille
        de la forêt pluvieuse qui nous enserrait de
        toutes parts. (L'Africain 10-11)
L'auteur-narrateur devient très épaté de l‟écologie africaine
parce que, pour lui, la nature tropicale est une trouvaille. À
part le fait de trouver les insectes partout à Ogoja, les «
insectes de jour, insectes de nuit » (L'Africain 33), il prend la
peine de décrire soigneusement la nature devant la maison
d'Ogoja:
        Devant la maison d'Ogoja, passé la limite du
        jardin (plutôt un mur de broussailles qu'une
        haie taillée au cordeau), commençait la
        grande plaine d'herbes qui s'étendait jusqu'à
        la rivière Aiya.... J'ai l'impression que cette
        plaine était aussi vaste qu'une mer. Au bord
        du socle en ciment qui servait de trottoir à la
        case, je suis resté des heures, le regards perdu
        dans cette immensité, suivant les vagues du
        vent sur les herbes, m'arrêtant de loin en loin
        sur les petites trombes poussiéreuses qui
        dansaient audessus de la terre sèche, scrutant
        les taches d'ombre au pied des irokos.
        (L'Africain 23)
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Pour lui, l'Afrique devient un trésor. Avec les dons naturels,
l'éclat sur la terre rouge, le soleil, la torpeur, les nuits
bruyantes, et ainsi de suite, qui sont en abondance en
Afrique, il devient très content et ne compte pas perdre son
contact avec le continent. Il dit:
         Alors les jours d'Ogoja étaient devenus mon
         trésor, le passé lumineux que je ne pouvais
         pas perdre. Je me souvenais de l'éclat sur la
         terre rouge, le soleil qui fissurait les routes, la
         course pieds nus à travers la savane
         jusqu'aux fortement des termitières, la
         montée de l'orage le soir, les nuits bruyantes,
         criantes, notre chatte qui faisait l'amour avec
         les tigrillos sur le toit de tôle, la torpeur qui
         suivait la fièvre, à l'aube, dans le froid qui
         entrait sous le rideau de la moustiquaire.
         Toute cette chaleur, cette
         brûlure, ce frisson. (L'Africain 21)
D‟une même manière, dans LD, Alani, le seul fils de Yaremi
- la veuve et le personnage principal du roman - s'installe en
ville, à Ibadan. Il ne peut plus se rappeler Kufi, son village
natal. Ceci lui paraît un petit village qui se trouve à
l'extrémité de la terre. Cependant, malgré l‟hybridité
culturelle née à son esprit, ce qui est très important dans ce
petit village est le lien qui existe entre les villageois et la
nature, et la façon dont ils approprient la nature à leurs
avantages. Ils se servent de la nature pour déterminer
l'heure:
         Kufi, to him, was becoming a lonely settlement at
         the very end of the earth; a small unmapped
         hamlet inhabited by a handful of people, where
         time was measured by the length of the shadows,
         the movement of the sun, the direction of the

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         wind, and the throaty call of the cock with the big
         red comb ; a village where silence reigned, broken
         only by the hooting of the owl, the coocoo of the
         dove, and the yapping of wild dogs. (LD, 4-5)
         Pour lui, Kufi devenait un village à
         l'extrémité de la terre ; un hameau sans tracé
         habité par un petit groupe de villageois, où
         l'heure fut déterminée par la longueur des
         ombres, le mouvement du soleil, la direction
         du vent, et par le cocorico du coq avec le
         grand peigne rouge ; un village où le silence
         régnait, rompue par le hululement du hibou,
         le roucoulement de la tourterelle, et
         l'aboiement de chiens sauvages.1
Puis commencent les descriptions écologiques de l'Afrique
les plus approfondies, les plus stylistiques et les plus
thématiques à travers les villes et villages dans ces œuvres
littéraires.
De la perspective éco-stylistiques, ces œuvres littéraires sont
exploitées par la renaissance écologique de l'Afrique dans
leurs techniques de la description dont quelques-unes sont
fondées sur l'usage des figures de style telles
majoritairement, la personnification et l'erreur pathétique, la
comparaison aussi bien que la métaphore. L'emploi de ces
figures de style est de présenter la réalité de la douceur du
climat et l'écologie de l'Afrique contre celui qui est peint - le
climat et l'écologie de l'Afrique - dans les romans coloniaux
tels que Le roman d'un saphi (1881) de Pierre Loti, Au pays des
fétiches (1891) de Paul Vigné d'Octon, Heart of Darkness (1899)

1
 Toutes les traductions d'une langue à l'autre sont faites par l’auteur.
Cependant celles qui n'en sont pas sont signalées.
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de Joseph Conrad, La ville inconnue (1911) de Paul Adam
parmi d'autres, Voyage au Congo (1927) d'André Gide, Mister
Johnson (1939) de Joyce Cary.
Le Clézio et Adebowale démontrent que la renaissance et la
revalorisation écologique de l'Afrique occupent une place
privilégiée au cours de l'incorporation de leurs textes par le
biais de leurs descriptions éco-stylistiques. Adebowale, dès
le commencement de LD met en relief un manque de
passivité chez la nature dans sa phrase d'ouverture du
roman, à travers la personnification, il tient compte des rôles
que jouent les éléments naturels dans sa culture, la culture
yorouba, dans ces mots ; The night Ajumobi died, nine full
moons ago, a shooting star zoomed down the empty sky in a long
line of fire (LD, 1), traduite comme ; «la nuit où
Ajumobi décéda, il y eut neuf mois, une étoile étincelante fut
décollée soudainement du ciel vide d'une longue ligne de
feu.»
D‟ailleurs,       Adebowale         continue        sa    description
stylistiquement écologique de Kufi, un village qui se trouve
à Ibadan, dans l‟état d‟Oyo au Sud-Ouest du Nigeria, en
employant un mélange de figures de style en même temps
pour réaliser son but de la renaissance écologique de
l'Afrique. De la personnification des éléments naturels, le
soleil, la lune, les étoiles, les pluies, le ciel, et ainsi de suite. Il
apprécie la lune en la personnifiant dans ces mots, suivant la
solitude de Yaremi dans l'une des nuits solitaires She saw the
moon spreading its soft lavish beam like a new mat over Kufi (LD,
59) ; ce qui se traduit, « Elle vît la lune étaler son faisceau
somptueux comme une nouvelle natte sur Kufi ». Il continue
sa description stylistiquement écologique ou s‟entremêlent
des figures de style pour présenter au monde la nature
humaine, séduisante et alléchante du climat africain dans le
but de renaître l'Afrique écologiquement en affirmant :
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         At times, the moon appeared like a human head,
         with glittering white teeth, peeping out of the
         unblinking blue sky, smiling heartily at the
         village children; and at other times ... the moon
         would shoot out from the limitless ocean in the
         sky, with a thousand wrinkles on its brow... (LD,
         61)
         Parfois, la lune apparut comme une tête
         humaine, avec les dents blanches et
         étincelantes, en regardant furtivement du
         ciel bleu, souriant heureusement aux enfants
         du village; et à d'autres moments, ... la lune
         se lancerait d'océan du ciel, avec ses mille
         tuyaux sur son front...
En       outre, Adebowale poursuit                 sa
description      écostylistiquement en tournant son attention
aux éléments naturels tels la nuit, l'air et surtout la liberté du
vent pendant la nuit, pour faire passer son message que la
nature par le biais de ces éléments naturels représente la
solitude qui règne sur Yaremi dont son mari, Ajumobi, vient
de pousser son dernier soupir. Fasciné par la liberté du vent,
il lui donne les attributs humains et décrit cette liberté dans
ces mots ; ...lonely nights - unending, sombre, gloomy and
desolate - where the winds played freely alone in the air (LD, 4) ;
ce qui veut dire, « les nuits solitaires - interminables,
sombres, lugubres et désolées - où les vents jouèrent
librement seuls dans les airs ». Celle-ci est faite dans le but
de montrer la réalité du climat africain au monde contre les
écritures coloniales erronées de l‟Afrique. Il faut remarquer
que l'importance des éléments naturels occupe une place
privilégiée chez les villageois de Kufi. Le soleil, à titre
d‟exemple, est utilisé pour déterminer le temps du jour
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parmi d'autres fonctions qu'il occupe pour eux. En fait, il
peut aussi les empêcher de travailler dans leurs champs
quand il donne trop de chaleur. Pour ainsi dire, le mari de
Yaremi, Ajumobi se vante d'être capable d'achever sa tâche
de cultiver la terre avant le midi. Sa description du midi où
le soleil donne la chaleur est possible par le biais d'un
mouvement. Ce qui est particulièrement un attribut humain
est donné au soleil. Ajumobi décrit le mouvement du soleil
ainsi ; I'll make five hundred fat heaps on my farm tomorrow, by
noon, before the sun reaches the centre of the sky (LD, 55) ; ce qui
signifie, « J'aurais fait cinq cents monticules gros sur ma
ferme demain, avant le midi, avant que le soleil n‟atteigne le
centre du ciel ». En effet, une question se pose littéralement:
est-il possible pour un poulet de chanter des chansons
surtout celles de la mort ? Adebowale continue sa
description écologique stylistiquement à un niveau au-delà
de la personnification pour inclure les animaux dans sa
description éco-stylistique à travers l'erreur pathétique. Il
attribue les gestes et les émotions que montrent les êtres
humains le moment où ils se trouvent dans des situations
dangereuses. Pour lui, il attribue les gestes et émotions
humaines aux oiseaux pour établir le lien sentimental et
émotionnel entre l‟Homme et son environnement naturel en
disant : ...the hawk swooped down in acrobatic aerial
manoeuvring. In a second, it soared high into space, its captured
prey singing the song of death in its talons... (LD, 40) ; traduit
comme, « ...le faucon se plongea dans des manœuvres
aériennes acrobatiques. En un clin d'œil, il vola haut dans
l'espace et sa proie capturée chantait des chansons de la mort
dans ses talons... »
Dans le même ordre d‟idées, Le Clézio dans L'Africain, met
la renaissance écologique de l'Afrique en exergue en
décrivant les rôles que joue la nature dans la réalisation de
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l'œuvre. Il personnifie bien les éléments naturels qui
déclenchent son écriture tout en faisant voir qu'ils ne sont
pas de banales manières d'introduire la nature-mère, mais
plutôt des agents actifs qui rendent la vie humaine, surtout
africaine, remarquable. Dans l'une des occasions de cette
renaissance écologique, il personnifie les activités de la
foudre qui dérange son père un après-midi où il opère dans
l'hôpital.
        Un après-midi, mon père opérait dans
        l'hôpital, quand la foudre est entrée par la
        porte et s'est répandue sur le sol sans un
        bruit, faisant fondre les pieds métalliques de
        la table d'opération et brûlant les semelles en
        caoutchouc des sandales de mon père, puis
        l'éclair s'est rassemblé et a fui par où il était
        entré, comme un ectoplasme, pour rejoindre
        le fond du ciel. (L'Africain 17)
Plus loin, il poursuit la personnification des éléments
écologiques dans sa description éco-stylistique en
personnifiant les pistes comme le conducteur l'un des
occasions où son père parcourt le continent en disant: De
Victoria, les pistes le conduisent à travers le mont Cameroun vers
les hauts plateaux où il doit prendre son poste, à Bamenda,
(L'Africain 64).
La description écologique stylistique de la personnification
de Le Clézio continue lorsqu'il est impressionné par la
surabondance de dons naturels en Afrique. Après avoir
apprécié la nature qui est aussi vaste qu'une mer et son
regard perdu dans cette immensité et des petites trombes
poussiéreuses qui dansent, il déclare: ... suivant les vagues du
vent sur les herbes, m'arrêtant de loin en loin sur les petites
trombes poussiéreuses qui dansaient au-dessus de la terre sèche,
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scrutant les taches d'ombre au pied des irokos, (L'Africain 23). Au
cours de son parcours de l'Afrique, debout à la proue, Le
Clézio constate la douceur du climat africain. Ainsi, toujours
sur le plan de la personnification, il poursuit sa renaissance
et la revalorisation écologique de l'Afrique à travers la
description stylistique de son rapport avec un élément
naturel, le vent, comme il souffle dans ses oreilles comme
s'ils sont des amis humains ; ...regardant les cormorans
s'envoler devant moi, écoutant le vent souffler dans mes oreilles et
les échoués du moteur de hors-bord s'enfoncer derrière moi dans
l'épaisseur de la forêt, (L'Africain 53).
La comparaison et la métaphore sont des figures de style que
l'on appelle souvent les figures de la ressemblance. Une
comparaison est construite selon un modèle très simple: on
rapproche deux choses qui ont un point commun, c‟est-àdire
une ressemblance. Dans L'Africain, il y a une renaissance
écologique de l'Afrique par le biais de la comparaison dans
la description stylistiquement écologique de Le Clézio. À
Ogoja, impressionné par l'immensité de la plateforme de
ciment où la maison est construite, il compare cette
immensité à l'habitacle d'un radeau sur l'océan d'herbes dans
ces mots ; Illimité, le regard, du haut de la plate-forme de ciment
sur laquelle était construite la maison, pareille à habitacle d'un
radeau sur l'océan d'herbes, (L'Africain, 15). Puis, plus loin,
toujours sur son impression écologique d'Ogoja, voyant la
grande plaine d'herbes qui s'étend jusqu'à une rivière
nommée Aiya, Le Clézio, la compare à une mer en affirmant:
J'ai l'impression que cette pleine aussi vaste qu'une mer, et remet
l'emphase sur l'immensité de cette pleine, dangereux et en
même temps attirant comme la mer ; et aussi révèle qu'il
possède une passion forte pour l'écologie de l'Afrique qui est
prête à l'accueillir dans ces mots ; La pleine d'herbes devant la
case, c'était immense, dangereux et attirant comme la mer... La
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pleine était là, devant mes yeux, prête à me recevoir, (L'Africain 23
- 24).
De la même manière, Adebowale se sert d‟une description
stylistiquement écologique de la comparaison pour peindre
un tas de moqueries que Yaremi reçoit de ses beauxparents
quelques jours après la mort de son mari, Ajumobi dans ces
mots ; Then followed, after a few days, the extended family’s
mockery heaped on her like the strange showers of a January
rain…(LD, 3-4) ; c‟est-à-dire, « Suivirent ensuite, après
quelques jours, les moqueries de la famille élargie qui
l‟envahît comme les étranges averses d‟une pluie de
janvier… ». Le but de cette comparaison stylistiquement
écologique est de faire voir au monde l‟avalanche de pluies
qui arrosent le continent dès le commencement de l‟année.
La métaphore est un autre processus linguistique employé
dans la comparaison des attributs d‟une chose, une
personne à une autre chose, (Joanna Thornborrow et Shân
Wareing, 96). La description métaphorique s‟éclate dans ces
œuvres littéraires pour montrer l‟essence de la vie et le sens
des éléments naturels qui rendent la vie et l‟écologie
africaine adorable pour l‟humanité. À travers son style
écométaphorique, Le Clézio décrit la vigueur de l'Afrique,
non seulement du point de vue humain, mais aussi
écologique. En se souvenant de l'écologie de l'Afrique, après
avoir trouvé l'écologie d'Ogoja très douce et amicale, le
village où il est venu de la France pour y vivre auprès de ses
parents ; le village qui lui devient ce qu'il tient en grand
estime, ce qu'il adore, il conclut en disant ; Alors les jours
d'Ogoja étaient devenus mon trésor... (L'Africain, 21), ce
qu'implique qu'il est éperdument amoureux des éléments
naturels ; la terre rouge, le soleil, la savane, les forteresses des
termitières, la montée du soir, les nuits bruyantes, criantes,
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leur chatte qui fait l'amour avec les tigrillos sur le toit de tôle,
le froid, bref le climat aussi bien que l'environnement non
seulement d'Ogoja mais aussi de l'Afrique par extension, en
ce moment.
En outre, son expérience d'insectes à Ogoja est aussi décrite
de façon stylistiquement écologique. Suivant le jeu de la
destruction de maisons des insectes ; les dons naturels, par
exemple les termitières, les fourmis à Ogoja sont des insectes
monstrueux de la variété exectoïde qui creusent leurs nids à
dix mètres de profondeur sous le peloton de leur jardin.
Dans sa comparaison de ces insectes, il décrit les termites
comme doux et sans défense, incapables dans leur cécité de
causer le moindre mal sauf celui de ronger le bois vermoulu
des habitations et les troncs des arbres déchus, alors que les
fourmis sont rouges, féroces, dotées d'yeux et de
mandibules, capables de sécréter du poison et d'attaquer
quiconque se trouve sur leur chemin. Par le biais de la
métaphore écologique, il les voit supérieures en disant ;
C'étaient elles les véritables maîtresses d'Ogoja, (L'Africain 30-
31).
Par la suite, Le Clézio se sert de la métaphore morte dans sa
description stylistiquement écologique de la chaleur du jour.
Selon Joanna T. et Shân W., the dead metaphor: a metaphor
which has been absorbed into everyday language usage and become
naturalized, so that most language users are not aware of it as a
metaphor any more (106); ce qui signifie, « la métaphore morte
est une métaphore qui est déjà absorbée à l'usage dans la
langue quotidienne et devient neutralisée pour que ceux qui
l'emploient ne s‟en aperçoivent plus en tant que métaphore
». En effet, Le Clézio, à travers son style écologique, fait
recours à la métaphore morte pour décrire l'effet de la
sévérité de la chaleur du soleil sur les insectes en disant
directement que la journée est brûlante ; Après les journées
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brûlantes, à courir dans la savane, après l'orage et les éclairs...se
déchaînait le monde des insectes (L'Africain, 36).
Adebowale, d'un style métaphorique, démontre qu‟il est
éperdument amoureux du climat et l‟écologie de l‟Afrique.
À travers son choix des mots qui montre une fluidité
amoureuse, il décrit minutieusement les rôles que jouent les
éléments écologiques dans plusieurs instances. Cependant,
dans l‟une de ces instances, il décrit la lune
écométaphoriquement comme ; …a torchlight for the
barefooted women of Kufi… the solitary lamp of God brightening
the heavens… (LD, 59), ce qui veut dire, « …une torche pour
les femmes aux pieds nus de Kufi… la lampe solitaire de
Dieu éclairant les cieux…. ». Adebowale met en exergue la
versatilité de la lune africaine comme elle guide les Africains
et aussi éclaire les cieux pour éviter les ténèbres dans les
cieux parce que c‟est elle seule qui peut éclairer les cieux.
Sur le plan éco-thématique, il y en a beaucoup. Néanmoins,
nous n‟en avons choisi que le temps. Le concept de temps
facilite l‟explication des mœurs, les pratiques et les modes
de vie des Africains non seulement dans leurs milieux
traditionnels mais aussi des situations modernes; de la
politique, l‟économie, la pédagogie ou la vie évangélique.
Donc, concernant la renaissance de l‟écologie africaine du
point de vue éco-thématique, ces créateurs littéraires
prennent la peine de remettre l‟Afrique en cause à travers le
temps. Remarquant le temps dans le cosmos africain, John S.
Mbiti (1989) affirme: The question of time is of little or no
academic concern to African peoples in their traditional life. For
them, time is simply a composition of events which have occurred,
those which are taking place now and those which are inevitably or
immediately to occur (16), ce qui veut dire, « La question de
temps n‟a qu‟une petite importance académique pour les
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Africains dans leur vie traditionnelle. Pour eux, le temps est
une composition des évènements qui se sont passés, ceux qui
se déroulent et ceux qui aura lieu inévitablement ou
immédiatement ». Puis, il faut noter que les Africains
déterminent le temps le plus convenable pour des activités
agricoles à travers leur rapport avec les animaux et dons
naturels.
Ce qui différencie ces deux ouvrages est la possession de la
compétence de la représentation culturelle africaine dans la
réalité littéraire. Celle-ci est méritée et domestiquée par
Adebowale à travers ses descriptions éco-thématiques
temporelles. C‟est la partie intégrante de la culture africaine
de déterminer le temps à travers les dons naturels comme
des animaux - un coq - le soleil, la lune, et ainsi de suite en
Afrique authentique. Adebowale est conscient de cet aspect
unique de la culture africaine alors qu‟Ajumobi se sert du
soleil et le ciel pour déterminer le temps qu‟il devrait remplir
quelques tâches champêtres. Il dit: « I'll make five hundred fat
heaps on my farm tomorrow, by noon, before the sun reaches the
centre of the sky » (LD, 55) ; ce qui signifie, « Je ferai cinq cents
monticules gros dans mon champ demain, avant midi, avant
que le soleil atteigne le centre du ciel ». Adebowale met en
relief que les Africains traditionnels se privilégiaient de la
nature pour déterminer le temps et l‟heure qu‟il faisait.
Conclusion
Grâce à l‟éco-littérature, en dépit de la divergence de ces
écrivains du point de vue linguistique, national et culturel,
la complémentarité de préoccupation écologique les
caractérise comme ils sont intentionnels dans leur choix éco-
descriptif, éco-stylistique et éco-thématique non seulement
pour montrer leurs compétences descriptives mais aussi
dans le but de passionnément abroger et approprier des
représentations de l‟Afrique coloniale erronées de l‟Afrique
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en général surtout son climat. Dans presque la même
manière, Le Clézio, en tant qu‟européen, renaît l‟Afrique
sans aucune préjugée de complexe de la supériorité
européenne qui caractérise les écrivains coloniaux, sculpte
l‟Afrique en tant que telle. Adebowale, pour sa part, remet
l‟écologie en cause éco-thématiquement du point de vue de
temps. Si ces créateurs littéraires apprécient le temps africain
que donnent le climat et l‟écologie en réécrivant et renaissant
l‟histoire de l‟Afrique et son écologie, ils conseillent, en
même temps, aux Africains d‟être contre les dégradations
insensibles de l‟écologie, de déforestation, de défrichages,
etc.
En somme, tenant compte de l‟apport à la connaissance de
cette étude, elle tient à proposer que la littérature est une
œuvre d‟art créative qui permet au créateur littéraire de
laisser     échapper      son    esprit    consciemment      ou
inconsciemment sur un sujet qui affecte la nature et
l‟humanité dans les folklores. La culture, les coutumes, les
traditions, les mœurs, l‟histoire et d‟autres phénomènes
sociaux contribuent à l‟usage significatif du langage, de
l‟intrigue, des personnages, du décor, etc. pour refléter et
réfracter les anomalies sociétales sous forme orale ou écrite à
des fins esthétiques et didactiques.
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