L'AFRIQUE ET SA RENAISSANCE ÉCOLOGIQUE : UNE APPROCHE LITTÉRAIRE
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Revue de l’Association nigériane des enseignants universitaires de français (RANEUF) No 19, octobre 2021 ISSN : 978-059-704-2 L’AFRIQUE ET SA RENAISSANCE ÉCOLOGIQUE : UNE APPROCHE LITTÉRAIRE Wolé OLÚGÚNLÈ woleolugunle@gmail.com Department of European Studies University of Ibadan Résumé Considérant les effets néfastes de la deuxième guerre mondiale : 1939-1945, notamment la dégradation de l'environnement naturel qui pose des problèmes écologiques, et les analyses erronées des écrivains coloniaux vis-à-vis du climat africain, que font les écrivains postcoloniaux africains pour renaître l'Afrique puis replacer son écologie détruite dans ces analyse mises en cause ? Par la théorie d’éco-littérature et la méthodologie d’analyse textuelle, notre étude se focalise sur deux œuvres littéraires, à savoir, L’Africain (2004) et Lonely Days (2006), qui traversent les murs nationaux, géographiques et linguistiques dans le but de montrer comment l’écologie africaine est affectée. L’étude montre que ce ne sont pas seulement les écrivains africains qui se donnent comme tâche d’écrire pour abroger les commentaires erronés coloniales concernant le climat africain mais aussi quelques écrivains européens s’en souscrivent. Mots-clés L‟écologie africaine, les histoires écologiques coloniales, les écrivains postcoloniaux, la renaissance, une approche littéraire. 193
Wolé OLÚGÚNLÈ RANEUF- No 19, octobre 2021 Pp.193-216 http://dx.doi.org/10.17613/1ejq-6596 Introduction L‟Afrique est l‟un des continents du monde avec une atmosphère vivifiante compte tenu de son équilibre climatique. Du point de vue écologique, les histoires coloniales concernant le climat africain font la peinture d‟un continent à côté de l‟enfer. Ceci implique qu‟écologiquement, l'Afrique est déjà atterrée, suivant le totalitarisme de Nazi qui a provoqué la deuxième guerre mondiale de 1939 à 1945 avec des effets néfastes. Parmi les effets de cette guerre mondiale, nous retenons l'extermination massive des peuples par la bombe atomique. Aussi, il y a la dévastation de l'environnement naturel qui pose des problèmes écologiques. Heureusement, aucun de ces effets n‟a affecté l‟Afrique, sauf les histoires coloniales erronées vis-à-vis du climat africain. Selon Sanusi (2015), alors que les écrivains coloniaux ont raconté des histoires mensongères, sur le climat africain, les écrivains postcoloniaux jugent nécessaire de les abroger, puis, se sont armés avec des approches stylistiques, théoriques, thématiques suivant des préoccupations diverses dans leurs productions littéraires. Le but, c‟est de condamner les histoires et les conceptions écologiquement erronées sur l‟Afrique afin de renaître l'Afrique et son écologie. Ils commencent à donner une place privilégiée à la nature dans leurs productions littéraires. Puisque l‟Afrique est l‟agglomération des cultures différentes mais réunies par le même climat, la présente étude se focalise sur deux œuvres littéraires : L’Africain (2004) et Lonely Days (2006), qui traversent les murs nationaux, géographiques et linguistiques dans le but de montrer comment l‟écologie africaine a traversé un 194
Revue de l’Association nigériane des enseignants universitaires de français (RANEUF) No 19, octobre 2021 ISSN : 978-059-704-2 processus de renaissance. Alors que L'Africain (2004) de JM.G Le Clézio, un écrivain français, tente à renaitre et reécrire l'image, la culture, les valeurs et même l'écologie de l'Afrique dénigrée, altérée et abandonnée par les colonialistes de l'ère coloniale, Lonely Days (2006) de l‟écrivain nigérian Bayo Adebowale, présente aux lecteurs les rôles que joue la nature dans la réalisation de ses préoccupations thématiques; les conditions déplorables que survivent les femmes, surtout les veuves, en Afrique contemporaine. Néanmoins, il faut noter que L'Africain est choisi non seulement parce que Le Clézio se considère Africain à travers son père (L’Africain 7), mais aussi pour examiner une perception européenne vis-à-vis de celle que présente le Nigérian Bayo Adebowale. L'Africain (2004) de J-M.G Le Clézio, est une œuvre semiautobiographique et biographique qui a provoqué beaucoup de critiques depuis sa publication. Parmi ces critiques, on compte Vernier-Larochette B. (2012) avec « Photographie et récit de filiation: L'Africain de J. M. G. Le Clézio », Alani Souleymane (2017) avec « Colonial Violence and Anticolonial Primary Resistance in Selected Novels of Le Clézio », Bronwen Martin (2015) « The Fiction of J. M. G. Le Clézio: A Postcolonial Reading », Van der Drift Martha (2014) « Leclézien Hybridity: Relations Across Genres, Histories and Cultures in Selected Works », sa thèse doctorale, et plus récemment Wolé Olúgúnlè (2020) avec sa déconstruction stylistique de l‟ouvrage dans son article, « Vers une Déconstruction Textuelle de L'Africain de Jean- Marie Gustave Le Clézio », pour ne mentionner que ceux-ci. Bien que Wolé Olúgúnlè (2018, 2019, 2021), Raïmi F. A. (2016) F. M. Onipede (2019) S. C. Moussa (2019) aient effectué des études sociologique, psychologique et linguistique sur Lonely Days (2006) d‟Adebowale, cette étude compte combler la nature dans la littérature en voyant la renaissance 195
Wolé OLÚGÚNLÈ RANEUF- No 19, octobre 2021 Pp.193-216 http://dx.doi.org/10.17613/1ejq-6596 écologique de l'Afrique par le biais d‟une approche théorique littéraire d‟éco-littérature dans ces textes littéraires. Sachant qu'aucun écrivain ne localise son œuvre hors de l'atmosphère même lorsque l'intrigue de l'œuvre est psychologique, les actions aussi bien que les activités des personnages se déroulent dans un espace naturel. C'est-àdire qu‟il existe des relations entre la littérature et la nature à travers laquelle l'écologie, le climat et l‟atmosphère de la société d‟où sort l‟œuvre littéraire pourraient être évoquée. Ainsi, les écrivains de L'Africain (2004) et Lonely Days (2006) joignent l'échelle d'écrivains qui commencent à écrire pour condamner non seulement les effets écologiques néfastes de la deuxième guerre mondiale mais aussi et surtout ceux des histoires coloniales erronées concernant le climat et l‟écologie africaine. Ils commencent à donner une place privilégiée à celle-ci dans leurs œuvres littéraires. Cette étude va primer le regard de la société africaine comme une entité écologiste dont dépend l'identité des Africains. Nous allons finir par établir le fait que l'identité des Africains ne se borne pas directement aux traitements des êtres humains envers leur environnement social. De ce fait, ce travail commencera par une ébauche du concept d‟«éco- littérature» en tant que théorie littéraire suivie par l‟analyse de la renaissance écologique de l‟Afrique dans les créations littéraires de J.M.G Le Clézio et Bayo Adebowale. Ainsi, l‟analyse des descriptions écologiques renait l'écologie de l'Afrique dans ces deux romans sur deux aspects fondamentaux: la stylistique et la thématique. C‟est à ce point que nous aboutissons à la conclusion. 196
Revue de l’Association nigériane des enseignants universitaires de français (RANEUF) No 19, octobre 2021 ISSN : 978-059-704-2 La théorie d’éco-criticisme L'écologie littéraire, un terme inventé par Joseph Meeker, pour désigner « l‟étude de thèmes biologiques et de relations qui apparaissent dans des œuvres littéraires »; autrement dite éco-criticisme, selon Dobie, ce terme fut introduit par William Rueckert (1978) dans son essai intitulé Literature and Ecology : An Experience in Ecocriticism. Cette œuvre révèle le fond de l'emploi et de l'application de l'écologie et concepts écologiques à l'étude de la littérature (238). Depuis lors, bon nombre de critiques se font voix sur l'étude écologique dans la littérature. Glotfelty et Fromm postulent que l'éco- criticisme se définit comme « the study of the relationship between literature and the physical environment ... » (xviii) ; ce qui implique que « l'écocritique est l'étude des relations entre la littérature et l'environnement physique ». Pour Glotfelty et Fromm, l'éco-critique se charge d'une tâche majeure d'éveiller la conscience éco-centriste. Buell conçoit l'éco-critique ainsi: « eco-criticism is the study of where all sciences come together to analyze the environment and brainstorm possible solutions for the correction of the contemporary environmental situation » (15). Ce qui signifie que l'éco-critique est l'étude des points de convergence de toutes les sciences pour en analyser l'environnement et fournir les solutions durables pour la correction des anomalies de situations environnementales contemporaines. Posthumus (2011) note que le concept et l'étendue de l'écocritique s'inclinent aux champs d'études anglophones et donc, elle livre sa définition comme « une étude du rapport entre l'écologie et la littérature dans le domaine des lettres anglaises et américaines, mais reste curieusement absente du monde des lettres françaises ». Cependant, dans une tentative de combler le vide de ce concept dans la situation 197
Wolé OLÚGÚNLÈ RANEUF- No 19, octobre 2021 Pp.193-216 http://dx.doi.org/10.17613/1ejq-6596 francophone, Stéphanie attire l‟attention sur le concept du contrat naturel de Michel Serres. D'après Posthumus, le philosophe Serres, « s'efforce de forger une nouvelle philosophie de la nature depuis le début des années quatre-vingt-dix (1990) en France » (87). Serres souligne la diversité dans l'interaction entre les différentes entités sociales. Donc, la culture conditionne l'attitude des gens face à leur perception, compréhension et instruction de leur lien avec la nature. Il postule que l'écocritique a plusieurs formes; géopolitiques, économiques, culturelles. Serres, dans son approche, insiste sur la stylistique, ce qui le distingue des autres critiques écologiques. Sa théorie sur la philosophie de la nature, appelée le contrat naturel, est composée de quatre impressions à savoir, une idée, une pratique, une métaphore et une histoire. L'essentiel dans la théorie écologique de Serres est qu'elle fonctionne dans la critique littéraire autant que dans d'autres domaines scientifiques. Aussi, le contrat naturel de Serres éblouit-il plus comme une théorie socio-historique précise qu'une notion conventionnellement vaste. Tout compte fait, l'étude s'appuie sur la méthodologie d'analyse textuelle pour analyser les éléments écodescriptifs, éco-stylistiques et éco-thématiques dans les romans à étudier - L'Africain (2004) et Lonely Days (2006). L’Afrique et sa renaissance écologique : une approche littéraire Commoner citée dans Eweka O. I. et Iloh N. O. écrit: « The first law of ecology is that everything is connected to everything else » (33), ce qu'implique que la première règle de l'écologie, c'est que tout s'entremêle. À l'approche d‟un critique des œuvres de ces écrivains africains et postcoloniaux, il n'est pas étonnant de recueillir une avalanche d'éléments écologiques. Sa curiosité de la 198
Revue de l’Association nigériane des enseignants universitaires de français (RANEUF) No 19, octobre 2021 ISSN : 978-059-704-2 représentation de la nature aurait pu être suscitée par un souci de se documenter sur le paysage ou l'espace réel de l'Afrique. On supposerait que les descriptions privilégiées par les auteurs dans les narrations ne servent que de décors. Ces descriptions sont faites pour la renaissance écologique de l‟Afrique et pour redonner à la nature une première place dans les créations littéraires. La peine prise par ces auteurs, Le Clézio et Adebowale, pour faire la peinture de leurs environnements de façon aussi minutieuse et presque triviale inspire au critique un esprit inquisiteur. Cet esprit consiste à interroger la didactique et l'esthétique des données écologiques de l'espace africain. Cette analyse est l'issue de cette disposition curieuse vécue par la présente étude sur la possibilité du but des auteurs au moment où ils façonnaient toutes leurs narrations écologiques. Dans l'ensemble, par la revalorisation de la nature par le biais de sa représentation, nos écrivains dépassent le cadre d‟espaces accessoires ou inactifs aux œuvres. Ils tiennent au mécanisme, à l'opération ou à la composition systématique de leurs milieux naturels. Ces œuvres franchissent la barre d'une stylistique spatiale dans leurs descriptions de l'Afrique pour s'envoler vers le haut du sublime écologique. Presque toutes leurs peintures de la nature ne s'annoncent pas comme de tous simples comptes naturels qui font apprécier le paysage ou la société africaine mais beaucoup plus, comme de vibrants appels à leurs publics à découvrir les croisades de toute la nature conçue sur le sol africain. Plus engageant, les œuvres s'efforcent de nous éveiller la conscience collective sur les interminables et inévitables communions entre toutes les composantes de la nature ; vivantes ou figées, qui s'introduisent dans toute société globale. 199
Wolé OLÚGÚNLÈ RANEUF- No 19, octobre 2021 Pp.193-216 http://dx.doi.org/10.17613/1ejq-6596 Gavillon (2008) rapporte frénétiquement la convivialité requise par la nature de la part des êtres humains pour assurer une paisible coexistence naturelle sur terre. Comme une réaction aux paroles de Léopold (1949) et Bass (1985), Gavillon partage l'opinion d'une ultime intériorisation de l'écologie dans la littérature. Ceci est notamment dans le but de faire montrer d'humains et d'autres fragments formant le tout de l'existence, comme des entités absolument sous les auspices les unes des autres : Dans l'un des textes les plus illustres de l'éco- littérature américaine du 20e siècle, „A sand county almanac‟ (1949), Léopold plaidait pour que l'idée de communauté du vivant soit étendue à la terre, aux eaux, aux plantes et aux animaux, et pour que l'homme montre à l'endroit de cette terre une attitude éthique (land ethic). Dans les essais et les nouvelles de Bass, c'est la reconnaissance d'une nature agissante qui assure équilibre et réciprocité : Bass n'est pas loin de réduire la vieille question de l'appartenance de l'homme à la nature (96- 97). De ce pacte recommandé par Léopold et Bass selon Gavillon, L'Africain et Lonely Days semblent déjà agir en modèle d'appropriation littéraire car comme l'un des projets de sensibilisation sur l'environnement humain, les œuvres touchent à l'intensité écologique de la vie quotidienne des Africains. Ainsi, la croisade de la nature avec les autres êtres dans ces œuvres littéraires, montre une écologie disséminée aux quatre éléments: l'espace, les êtres humains, les plantes et les animaux. De tels cercles-matières se font fréquenter 200
Revue de l’Association nigériane des enseignants universitaires de français (RANEUF) No 19, octobre 2021 ISSN : 978-059-704-2 dans les œuvres pour établir cet incontournable rapport entre les êtres et les choses. Par leurs exhibitions textuelles de la nature, les textes nous montrent que la nature englobe la vie. Si l'Afrique leur sert d'espèce particulière ou de plateforme pour leurs tâches de sensibilisation, les facteurs socioculturels doivent se soumettre enjeux de créations littéraires. Sans doute, ces productions littéraires s'adressent à tout le monde et non pas strictement au monde africain, qui, de ce fait, joue un rôle intermédiaire dans la transmission de cet esprit écologique. Ces œuvres, L'Africain, et Lonely Days (désormais LD) nous plongent, comme nous l'avons signalé, dans l'univers naturel africain à travers des descriptions écologiques. Commençant par l'œuvre de Le Clézio, L'Africain, l'auteurnarrateur, à l'âge de huit ans, décrit les choses comme il les voit. Il commence la description de l'Afrique comme une région isolée, paisible et unique, d‟où il trouve que l'humanité est uniquement composée d‟Africains heureux, gentils et amicaux. Il dit : À l'âge de huit ans à peu près, j'ai vécu en Afrique de l'Ouest, au Nigeria, dans une région assez isolée où, hormis mon père et ma mère, il n'y avait pas d'Européens, et où l'humanité, pour l'enfant que j'étais, se composait uniquement d'Ibos et de Yoroubas. (L'Africain, 9) Il ne rencontre l'Afrique à première vue qu'à travers les Africains dont leurs corps sont magnifiques. Il ne nous décrit pas l'Afrique par le biais de corps mais Le Clézio s‟évertue de décrire toute l'Afrique sans se limiter au Nigeria où son père a pratiqué sa profession en tant que médecin. En Afrique, l'impudeur des corps était magnifique. Elle donnait du champ, de la 201
Wolé OLÚGÚNLÈ RANEUF- No 19, octobre 2021 Pp.193-216 http://dx.doi.org/10.17613/1ejq-6596 profondeur, elle multipliait les sensations, elle tendait un réseau humain autour de moi. Elle s'harmonisait avec le pays ibo, avec le tracé de la rivière Aiya, avec les cases du village, leurs toits couleur fauve, leurs murs couleur de terre. Elle brillait dans ces noms qui entraient en moi et qui signifiaient beaucoup plus que des noms des lieux : Ogoja, Abakaliki, Enugu, Obudu, Baterik, Ogrude, Obubra. Elle imprégnait la muraille de la forêt pluvieuse qui nous enserrait de toutes parts. (L'Africain 10-11) L'auteur-narrateur devient très épaté de l‟écologie africaine parce que, pour lui, la nature tropicale est une trouvaille. À part le fait de trouver les insectes partout à Ogoja, les « insectes de jour, insectes de nuit » (L'Africain 33), il prend la peine de décrire soigneusement la nature devant la maison d'Ogoja: Devant la maison d'Ogoja, passé la limite du jardin (plutôt un mur de broussailles qu'une haie taillée au cordeau), commençait la grande plaine d'herbes qui s'étendait jusqu'à la rivière Aiya.... J'ai l'impression que cette plaine était aussi vaste qu'une mer. Au bord du socle en ciment qui servait de trottoir à la case, je suis resté des heures, le regards perdu dans cette immensité, suivant les vagues du vent sur les herbes, m'arrêtant de loin en loin sur les petites trombes poussiéreuses qui dansaient audessus de la terre sèche, scrutant les taches d'ombre au pied des irokos. (L'Africain 23) 202
Revue de l’Association nigériane des enseignants universitaires de français (RANEUF) No 19, octobre 2021 ISSN : 978-059-704-2 Pour lui, l'Afrique devient un trésor. Avec les dons naturels, l'éclat sur la terre rouge, le soleil, la torpeur, les nuits bruyantes, et ainsi de suite, qui sont en abondance en Afrique, il devient très content et ne compte pas perdre son contact avec le continent. Il dit: Alors les jours d'Ogoja étaient devenus mon trésor, le passé lumineux que je ne pouvais pas perdre. Je me souvenais de l'éclat sur la terre rouge, le soleil qui fissurait les routes, la course pieds nus à travers la savane jusqu'aux fortement des termitières, la montée de l'orage le soir, les nuits bruyantes, criantes, notre chatte qui faisait l'amour avec les tigrillos sur le toit de tôle, la torpeur qui suivait la fièvre, à l'aube, dans le froid qui entrait sous le rideau de la moustiquaire. Toute cette chaleur, cette brûlure, ce frisson. (L'Africain 21) D‟une même manière, dans LD, Alani, le seul fils de Yaremi - la veuve et le personnage principal du roman - s'installe en ville, à Ibadan. Il ne peut plus se rappeler Kufi, son village natal. Ceci lui paraît un petit village qui se trouve à l'extrémité de la terre. Cependant, malgré l‟hybridité culturelle née à son esprit, ce qui est très important dans ce petit village est le lien qui existe entre les villageois et la nature, et la façon dont ils approprient la nature à leurs avantages. Ils se servent de la nature pour déterminer l'heure: Kufi, to him, was becoming a lonely settlement at the very end of the earth; a small unmapped hamlet inhabited by a handful of people, where time was measured by the length of the shadows, the movement of the sun, the direction of the 203
Wolé OLÚGÚNLÈ RANEUF- No 19, octobre 2021 Pp.193-216 http://dx.doi.org/10.17613/1ejq-6596 wind, and the throaty call of the cock with the big red comb ; a village where silence reigned, broken only by the hooting of the owl, the coocoo of the dove, and the yapping of wild dogs. (LD, 4-5) Pour lui, Kufi devenait un village à l'extrémité de la terre ; un hameau sans tracé habité par un petit groupe de villageois, où l'heure fut déterminée par la longueur des ombres, le mouvement du soleil, la direction du vent, et par le cocorico du coq avec le grand peigne rouge ; un village où le silence régnait, rompue par le hululement du hibou, le roucoulement de la tourterelle, et l'aboiement de chiens sauvages.1 Puis commencent les descriptions écologiques de l'Afrique les plus approfondies, les plus stylistiques et les plus thématiques à travers les villes et villages dans ces œuvres littéraires. De la perspective éco-stylistiques, ces œuvres littéraires sont exploitées par la renaissance écologique de l'Afrique dans leurs techniques de la description dont quelques-unes sont fondées sur l'usage des figures de style telles majoritairement, la personnification et l'erreur pathétique, la comparaison aussi bien que la métaphore. L'emploi de ces figures de style est de présenter la réalité de la douceur du climat et l'écologie de l'Afrique contre celui qui est peint - le climat et l'écologie de l'Afrique - dans les romans coloniaux tels que Le roman d'un saphi (1881) de Pierre Loti, Au pays des fétiches (1891) de Paul Vigné d'Octon, Heart of Darkness (1899) 1 Toutes les traductions d'une langue à l'autre sont faites par l’auteur. Cependant celles qui n'en sont pas sont signalées. 204
Revue de l’Association nigériane des enseignants universitaires de français (RANEUF) No 19, octobre 2021 ISSN : 978-059-704-2 de Joseph Conrad, La ville inconnue (1911) de Paul Adam parmi d'autres, Voyage au Congo (1927) d'André Gide, Mister Johnson (1939) de Joyce Cary. Le Clézio et Adebowale démontrent que la renaissance et la revalorisation écologique de l'Afrique occupent une place privilégiée au cours de l'incorporation de leurs textes par le biais de leurs descriptions éco-stylistiques. Adebowale, dès le commencement de LD met en relief un manque de passivité chez la nature dans sa phrase d'ouverture du roman, à travers la personnification, il tient compte des rôles que jouent les éléments naturels dans sa culture, la culture yorouba, dans ces mots ; The night Ajumobi died, nine full moons ago, a shooting star zoomed down the empty sky in a long line of fire (LD, 1), traduite comme ; «la nuit où Ajumobi décéda, il y eut neuf mois, une étoile étincelante fut décollée soudainement du ciel vide d'une longue ligne de feu.» D‟ailleurs, Adebowale continue sa description stylistiquement écologique de Kufi, un village qui se trouve à Ibadan, dans l‟état d‟Oyo au Sud-Ouest du Nigeria, en employant un mélange de figures de style en même temps pour réaliser son but de la renaissance écologique de l'Afrique. De la personnification des éléments naturels, le soleil, la lune, les étoiles, les pluies, le ciel, et ainsi de suite. Il apprécie la lune en la personnifiant dans ces mots, suivant la solitude de Yaremi dans l'une des nuits solitaires She saw the moon spreading its soft lavish beam like a new mat over Kufi (LD, 59) ; ce qui se traduit, « Elle vît la lune étaler son faisceau somptueux comme une nouvelle natte sur Kufi ». Il continue sa description stylistiquement écologique ou s‟entremêlent des figures de style pour présenter au monde la nature humaine, séduisante et alléchante du climat africain dans le but de renaître l'Afrique écologiquement en affirmant : 205
Wolé OLÚGÚNLÈ RANEUF- No 19, octobre 2021 Pp.193-216 http://dx.doi.org/10.17613/1ejq-6596 At times, the moon appeared like a human head, with glittering white teeth, peeping out of the unblinking blue sky, smiling heartily at the village children; and at other times ... the moon would shoot out from the limitless ocean in the sky, with a thousand wrinkles on its brow... (LD, 61) Parfois, la lune apparut comme une tête humaine, avec les dents blanches et étincelantes, en regardant furtivement du ciel bleu, souriant heureusement aux enfants du village; et à d'autres moments, ... la lune se lancerait d'océan du ciel, avec ses mille tuyaux sur son front... En outre, Adebowale poursuit sa description écostylistiquement en tournant son attention aux éléments naturels tels la nuit, l'air et surtout la liberté du vent pendant la nuit, pour faire passer son message que la nature par le biais de ces éléments naturels représente la solitude qui règne sur Yaremi dont son mari, Ajumobi, vient de pousser son dernier soupir. Fasciné par la liberté du vent, il lui donne les attributs humains et décrit cette liberté dans ces mots ; ...lonely nights - unending, sombre, gloomy and desolate - where the winds played freely alone in the air (LD, 4) ; ce qui veut dire, « les nuits solitaires - interminables, sombres, lugubres et désolées - où les vents jouèrent librement seuls dans les airs ». Celle-ci est faite dans le but de montrer la réalité du climat africain au monde contre les écritures coloniales erronées de l‟Afrique. Il faut remarquer que l'importance des éléments naturels occupe une place privilégiée chez les villageois de Kufi. Le soleil, à titre d‟exemple, est utilisé pour déterminer le temps du jour 206
Revue de l’Association nigériane des enseignants universitaires de français (RANEUF) No 19, octobre 2021 ISSN : 978-059-704-2 parmi d'autres fonctions qu'il occupe pour eux. En fait, il peut aussi les empêcher de travailler dans leurs champs quand il donne trop de chaleur. Pour ainsi dire, le mari de Yaremi, Ajumobi se vante d'être capable d'achever sa tâche de cultiver la terre avant le midi. Sa description du midi où le soleil donne la chaleur est possible par le biais d'un mouvement. Ce qui est particulièrement un attribut humain est donné au soleil. Ajumobi décrit le mouvement du soleil ainsi ; I'll make five hundred fat heaps on my farm tomorrow, by noon, before the sun reaches the centre of the sky (LD, 55) ; ce qui signifie, « J'aurais fait cinq cents monticules gros sur ma ferme demain, avant le midi, avant que le soleil n‟atteigne le centre du ciel ». En effet, une question se pose littéralement: est-il possible pour un poulet de chanter des chansons surtout celles de la mort ? Adebowale continue sa description écologique stylistiquement à un niveau au-delà de la personnification pour inclure les animaux dans sa description éco-stylistique à travers l'erreur pathétique. Il attribue les gestes et les émotions que montrent les êtres humains le moment où ils se trouvent dans des situations dangereuses. Pour lui, il attribue les gestes et émotions humaines aux oiseaux pour établir le lien sentimental et émotionnel entre l‟Homme et son environnement naturel en disant : ...the hawk swooped down in acrobatic aerial manoeuvring. In a second, it soared high into space, its captured prey singing the song of death in its talons... (LD, 40) ; traduit comme, « ...le faucon se plongea dans des manœuvres aériennes acrobatiques. En un clin d'œil, il vola haut dans l'espace et sa proie capturée chantait des chansons de la mort dans ses talons... » Dans le même ordre d‟idées, Le Clézio dans L'Africain, met la renaissance écologique de l'Afrique en exergue en décrivant les rôles que joue la nature dans la réalisation de 207
Wolé OLÚGÚNLÈ RANEUF- No 19, octobre 2021 Pp.193-216 http://dx.doi.org/10.17613/1ejq-6596 l'œuvre. Il personnifie bien les éléments naturels qui déclenchent son écriture tout en faisant voir qu'ils ne sont pas de banales manières d'introduire la nature-mère, mais plutôt des agents actifs qui rendent la vie humaine, surtout africaine, remarquable. Dans l'une des occasions de cette renaissance écologique, il personnifie les activités de la foudre qui dérange son père un après-midi où il opère dans l'hôpital. Un après-midi, mon père opérait dans l'hôpital, quand la foudre est entrée par la porte et s'est répandue sur le sol sans un bruit, faisant fondre les pieds métalliques de la table d'opération et brûlant les semelles en caoutchouc des sandales de mon père, puis l'éclair s'est rassemblé et a fui par où il était entré, comme un ectoplasme, pour rejoindre le fond du ciel. (L'Africain 17) Plus loin, il poursuit la personnification des éléments écologiques dans sa description éco-stylistique en personnifiant les pistes comme le conducteur l'un des occasions où son père parcourt le continent en disant: De Victoria, les pistes le conduisent à travers le mont Cameroun vers les hauts plateaux où il doit prendre son poste, à Bamenda, (L'Africain 64). La description écologique stylistique de la personnification de Le Clézio continue lorsqu'il est impressionné par la surabondance de dons naturels en Afrique. Après avoir apprécié la nature qui est aussi vaste qu'une mer et son regard perdu dans cette immensité et des petites trombes poussiéreuses qui dansent, il déclare: ... suivant les vagues du vent sur les herbes, m'arrêtant de loin en loin sur les petites trombes poussiéreuses qui dansaient au-dessus de la terre sèche, 208
Revue de l’Association nigériane des enseignants universitaires de français (RANEUF) No 19, octobre 2021 ISSN : 978-059-704-2 scrutant les taches d'ombre au pied des irokos, (L'Africain 23). Au cours de son parcours de l'Afrique, debout à la proue, Le Clézio constate la douceur du climat africain. Ainsi, toujours sur le plan de la personnification, il poursuit sa renaissance et la revalorisation écologique de l'Afrique à travers la description stylistique de son rapport avec un élément naturel, le vent, comme il souffle dans ses oreilles comme s'ils sont des amis humains ; ...regardant les cormorans s'envoler devant moi, écoutant le vent souffler dans mes oreilles et les échoués du moteur de hors-bord s'enfoncer derrière moi dans l'épaisseur de la forêt, (L'Africain 53). La comparaison et la métaphore sont des figures de style que l'on appelle souvent les figures de la ressemblance. Une comparaison est construite selon un modèle très simple: on rapproche deux choses qui ont un point commun, c‟est-àdire une ressemblance. Dans L'Africain, il y a une renaissance écologique de l'Afrique par le biais de la comparaison dans la description stylistiquement écologique de Le Clézio. À Ogoja, impressionné par l'immensité de la plateforme de ciment où la maison est construite, il compare cette immensité à l'habitacle d'un radeau sur l'océan d'herbes dans ces mots ; Illimité, le regard, du haut de la plate-forme de ciment sur laquelle était construite la maison, pareille à habitacle d'un radeau sur l'océan d'herbes, (L'Africain, 15). Puis, plus loin, toujours sur son impression écologique d'Ogoja, voyant la grande plaine d'herbes qui s'étend jusqu'à une rivière nommée Aiya, Le Clézio, la compare à une mer en affirmant: J'ai l'impression que cette pleine aussi vaste qu'une mer, et remet l'emphase sur l'immensité de cette pleine, dangereux et en même temps attirant comme la mer ; et aussi révèle qu'il possède une passion forte pour l'écologie de l'Afrique qui est prête à l'accueillir dans ces mots ; La pleine d'herbes devant la case, c'était immense, dangereux et attirant comme la mer... La 209
Wolé OLÚGÚNLÈ RANEUF- No 19, octobre 2021 Pp.193-216 http://dx.doi.org/10.17613/1ejq-6596 pleine était là, devant mes yeux, prête à me recevoir, (L'Africain 23 - 24). De la même manière, Adebowale se sert d‟une description stylistiquement écologique de la comparaison pour peindre un tas de moqueries que Yaremi reçoit de ses beauxparents quelques jours après la mort de son mari, Ajumobi dans ces mots ; Then followed, after a few days, the extended family’s mockery heaped on her like the strange showers of a January rain…(LD, 3-4) ; c‟est-à-dire, « Suivirent ensuite, après quelques jours, les moqueries de la famille élargie qui l‟envahît comme les étranges averses d‟une pluie de janvier… ». Le but de cette comparaison stylistiquement écologique est de faire voir au monde l‟avalanche de pluies qui arrosent le continent dès le commencement de l‟année. La métaphore est un autre processus linguistique employé dans la comparaison des attributs d‟une chose, une personne à une autre chose, (Joanna Thornborrow et Shân Wareing, 96). La description métaphorique s‟éclate dans ces œuvres littéraires pour montrer l‟essence de la vie et le sens des éléments naturels qui rendent la vie et l‟écologie africaine adorable pour l‟humanité. À travers son style écométaphorique, Le Clézio décrit la vigueur de l'Afrique, non seulement du point de vue humain, mais aussi écologique. En se souvenant de l'écologie de l'Afrique, après avoir trouvé l'écologie d'Ogoja très douce et amicale, le village où il est venu de la France pour y vivre auprès de ses parents ; le village qui lui devient ce qu'il tient en grand estime, ce qu'il adore, il conclut en disant ; Alors les jours d'Ogoja étaient devenus mon trésor... (L'Africain, 21), ce qu'implique qu'il est éperdument amoureux des éléments naturels ; la terre rouge, le soleil, la savane, les forteresses des termitières, la montée du soir, les nuits bruyantes, criantes, 210
Revue de l’Association nigériane des enseignants universitaires de français (RANEUF) No 19, octobre 2021 ISSN : 978-059-704-2 leur chatte qui fait l'amour avec les tigrillos sur le toit de tôle, le froid, bref le climat aussi bien que l'environnement non seulement d'Ogoja mais aussi de l'Afrique par extension, en ce moment. En outre, son expérience d'insectes à Ogoja est aussi décrite de façon stylistiquement écologique. Suivant le jeu de la destruction de maisons des insectes ; les dons naturels, par exemple les termitières, les fourmis à Ogoja sont des insectes monstrueux de la variété exectoïde qui creusent leurs nids à dix mètres de profondeur sous le peloton de leur jardin. Dans sa comparaison de ces insectes, il décrit les termites comme doux et sans défense, incapables dans leur cécité de causer le moindre mal sauf celui de ronger le bois vermoulu des habitations et les troncs des arbres déchus, alors que les fourmis sont rouges, féroces, dotées d'yeux et de mandibules, capables de sécréter du poison et d'attaquer quiconque se trouve sur leur chemin. Par le biais de la métaphore écologique, il les voit supérieures en disant ; C'étaient elles les véritables maîtresses d'Ogoja, (L'Africain 30- 31). Par la suite, Le Clézio se sert de la métaphore morte dans sa description stylistiquement écologique de la chaleur du jour. Selon Joanna T. et Shân W., the dead metaphor: a metaphor which has been absorbed into everyday language usage and become naturalized, so that most language users are not aware of it as a metaphor any more (106); ce qui signifie, « la métaphore morte est une métaphore qui est déjà absorbée à l'usage dans la langue quotidienne et devient neutralisée pour que ceux qui l'emploient ne s‟en aperçoivent plus en tant que métaphore ». En effet, Le Clézio, à travers son style écologique, fait recours à la métaphore morte pour décrire l'effet de la sévérité de la chaleur du soleil sur les insectes en disant directement que la journée est brûlante ; Après les journées 211
Wolé OLÚGÚNLÈ RANEUF- No 19, octobre 2021 Pp.193-216 http://dx.doi.org/10.17613/1ejq-6596 brûlantes, à courir dans la savane, après l'orage et les éclairs...se déchaînait le monde des insectes (L'Africain, 36). Adebowale, d'un style métaphorique, démontre qu‟il est éperdument amoureux du climat et l‟écologie de l‟Afrique. À travers son choix des mots qui montre une fluidité amoureuse, il décrit minutieusement les rôles que jouent les éléments écologiques dans plusieurs instances. Cependant, dans l‟une de ces instances, il décrit la lune écométaphoriquement comme ; …a torchlight for the barefooted women of Kufi… the solitary lamp of God brightening the heavens… (LD, 59), ce qui veut dire, « …une torche pour les femmes aux pieds nus de Kufi… la lampe solitaire de Dieu éclairant les cieux…. ». Adebowale met en exergue la versatilité de la lune africaine comme elle guide les Africains et aussi éclaire les cieux pour éviter les ténèbres dans les cieux parce que c‟est elle seule qui peut éclairer les cieux. Sur le plan éco-thématique, il y en a beaucoup. Néanmoins, nous n‟en avons choisi que le temps. Le concept de temps facilite l‟explication des mœurs, les pratiques et les modes de vie des Africains non seulement dans leurs milieux traditionnels mais aussi des situations modernes; de la politique, l‟économie, la pédagogie ou la vie évangélique. Donc, concernant la renaissance de l‟écologie africaine du point de vue éco-thématique, ces créateurs littéraires prennent la peine de remettre l‟Afrique en cause à travers le temps. Remarquant le temps dans le cosmos africain, John S. Mbiti (1989) affirme: The question of time is of little or no academic concern to African peoples in their traditional life. For them, time is simply a composition of events which have occurred, those which are taking place now and those which are inevitably or immediately to occur (16), ce qui veut dire, « La question de temps n‟a qu‟une petite importance académique pour les 212
Revue de l’Association nigériane des enseignants universitaires de français (RANEUF) No 19, octobre 2021 ISSN : 978-059-704-2 Africains dans leur vie traditionnelle. Pour eux, le temps est une composition des évènements qui se sont passés, ceux qui se déroulent et ceux qui aura lieu inévitablement ou immédiatement ». Puis, il faut noter que les Africains déterminent le temps le plus convenable pour des activités agricoles à travers leur rapport avec les animaux et dons naturels. Ce qui différencie ces deux ouvrages est la possession de la compétence de la représentation culturelle africaine dans la réalité littéraire. Celle-ci est méritée et domestiquée par Adebowale à travers ses descriptions éco-thématiques temporelles. C‟est la partie intégrante de la culture africaine de déterminer le temps à travers les dons naturels comme des animaux - un coq - le soleil, la lune, et ainsi de suite en Afrique authentique. Adebowale est conscient de cet aspect unique de la culture africaine alors qu‟Ajumobi se sert du soleil et le ciel pour déterminer le temps qu‟il devrait remplir quelques tâches champêtres. Il dit: « I'll make five hundred fat heaps on my farm tomorrow, by noon, before the sun reaches the centre of the sky » (LD, 55) ; ce qui signifie, « Je ferai cinq cents monticules gros dans mon champ demain, avant midi, avant que le soleil atteigne le centre du ciel ». Adebowale met en relief que les Africains traditionnels se privilégiaient de la nature pour déterminer le temps et l‟heure qu‟il faisait. Conclusion Grâce à l‟éco-littérature, en dépit de la divergence de ces écrivains du point de vue linguistique, national et culturel, la complémentarité de préoccupation écologique les caractérise comme ils sont intentionnels dans leur choix éco- descriptif, éco-stylistique et éco-thématique non seulement pour montrer leurs compétences descriptives mais aussi dans le but de passionnément abroger et approprier des représentations de l‟Afrique coloniale erronées de l‟Afrique 213
Wolé OLÚGÚNLÈ RANEUF- No 19, octobre 2021 Pp.193-216 http://dx.doi.org/10.17613/1ejq-6596 en général surtout son climat. Dans presque la même manière, Le Clézio, en tant qu‟européen, renaît l‟Afrique sans aucune préjugée de complexe de la supériorité européenne qui caractérise les écrivains coloniaux, sculpte l‟Afrique en tant que telle. Adebowale, pour sa part, remet l‟écologie en cause éco-thématiquement du point de vue de temps. Si ces créateurs littéraires apprécient le temps africain que donnent le climat et l‟écologie en réécrivant et renaissant l‟histoire de l‟Afrique et son écologie, ils conseillent, en même temps, aux Africains d‟être contre les dégradations insensibles de l‟écologie, de déforestation, de défrichages, etc. En somme, tenant compte de l‟apport à la connaissance de cette étude, elle tient à proposer que la littérature est une œuvre d‟art créative qui permet au créateur littéraire de laisser échapper son esprit consciemment ou inconsciemment sur un sujet qui affecte la nature et l‟humanité dans les folklores. La culture, les coutumes, les traditions, les mœurs, l‟histoire et d‟autres phénomènes sociaux contribuent à l‟usage significatif du langage, de l‟intrigue, des personnages, du décor, etc. pour refléter et réfracter les anomalies sociétales sous forme orale ou écrite à des fins esthétiques et didactiques. Œuvres Citées Adebowale, Bayo. Lonely Days. Ibadan, Spectrum, 2006. Print. Andrew, Benneth. et Nicholas Royle. Introduction to Literature, Criticism and Theory Third Ed., United Kingdom, Pearson Education Limited, 2004. Print. Ashcroft, Bill, Gareth Griffiths and Helen Tiffin. The Empire Writes Back: Theory and Practice in post-colonial Literatures. London, Routledge, 2002. 214
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