Le jardin public laissez-vous conter - Villes et Pays d'art et d'histoire Cambrai
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Histoire du jardin public Le jardin public de Cambrai, couvrant près de 20 hectares en centre-ville, est constitué de trois entités : le jardin aux fleurs, le jardin Monstrelet et le jardin des grottes. Son aménagement s’étend sur une cinquantaine d’années, de 1860 à 1910, et témoigne des préoccupations hygiénistes qui se diffusent tandis que les villes se développent et s’industrialisent. L’histoire du jardin s’inscrit également dans une période de grandes transformations urbaines, notamment liées au démantèlement des fortifications cambrésiennes dans les années 1890. Enfin, ce jardin est l’œuvre du plus célèbre architecte paysagiste du XIXème siècle, Jean-Pierre Barillet-Deschamps. Ce livret vous convie à une découverte de ce lieu incontournable du patrimoine cambrésien. À l’aube des années 1860, Cambrai Dans les années 1850, les infrastruc- Selon les théories de l’époque, qui Années 1860 : Second Empire et hygiénisme Promenade dans la ville fortifiée est une ville enserrée dans ses for- tures cambrésiennes évoluent. se diffusent peu à peu en province, tifications. À la muraille médiévale, Des travaux d’envergure sont réalisés la verdure, l’air et l’espace permettent flanquée régulièrement de tours et afin de pourvoir en eau potable les une meilleure hygiène dans les villes de portes s’ajoutent, dès le XVIème différents quartiers de la ville. encombrées et polluées par le déve- siècle, des ouvrages avancés (bas- Le réseau d’égouts ainsi que l’équipe- loppement des usines. Dans le même tions, demi-lunes...) qui isolent la ment pour l’éclairage urbain, au gaz esprit, la municipalité souhaite amé- ville de sa campagne. Au nord-est, puis électrique sont programmés. nager un jardin pour proposer une sur le point culminant de la ville Ces changements s’inspirent des grande «promenade publique» aux s’élève une citadelle construite au «Grands Travaux» qui transforment Cambrésiens. Le seul espace dispo- XVIème siècle par Charles Quint. à la même époque Paris sous la direc- nible et adapté aux dimensions d’un Entre ses ouvrages avancés et les tion de Napoléon III et du baron tel projet est l’esplanade de la cita- premières habitations s’étend un ter- Haussmann, dans l’objectif d’aérer delle. L’autorisation est alors deman- rain à découvert, l’esplanade et son les quartiers trop peuplés, d’enrayer dée à l’État pour l’aménager. glacis. Les remparts plantés d’arbres les épidémies et de promouvoir une et les pelouses de l’esplanade consti- nouvelle manière de vivre en ville. tuent, en dehors des temps de con- flits, les premiers lieux de promena- de des Cambrésiens. Depuis 1818, la municipalité en assure l’entretien, l’élagage et le renouvellement des plantations, en respectant l’objectif premier des sites : la protection mili- taire de la cité. Cambrai en 1850. Médiathèque classée d’agglomération de Cambrai 2
Création et aménagement du jardin public : 1860-1910 Le 10 décembre 1860, une déci- sion ministérielle autorise la Vil- le à transformer une partie de l’es- planade militaire en jardin public. Vingt ans plus tard, le démantèle- Après indemnisation des fermiers ment des fortifications libère la ville qui louaient l’espace pour faire paître de ses murailles séculaires et permet leurs troupeaux, la municipalité con- une seconde phase d’aménagement fie la réalisation des plans à l’archi- du jardin public. Entre 1898 tecte municipal Évrard. Ce premier et 1910, l’architecte communal projet est refusé par le préfet, qui Eugène Verdez en redessine les reproche à l’architecte de ne pas tirer contours. De grands jeux publics partie du terrain et des plantations sont installés à l’arrière du jardin existantes et qui propose de faire Monstrelet, le jardin aux fleurs est appel à un architecte-paysagiste agrandi pour s’ouvrir sur les nou- parisien renommé, Jean-Pierre veaux boulevards. Les derniers amé- Barillet-Deschamps. Celui-ci nagements sont engagés en 1905 conçoit un plan s’articulant de part avec la création du jardin des grottes, et d’autre de l’ancienne allée de la qui assure la jonction entre le centre- citadelle, avec d’un côté un jardin ville et les faubourgs Saint-Druon d’agrément fermé, le jardin aux fleurs et Saint-Ladre. et de l’autre, un jardin à l’anglaise où sera placé le kiosque à musique. La promenade initiale longeant le glacis est conservée et devient la grande allée, qui unit les deux jardins. Les travaux conduits par Evrard débutent en1862 et s’achè- vent en 1867 par la construction du kiosque à musique. De haut en bas : Plan de E. Évrard présentant le premier projet de transformation de l’esplanade. Archives Départementales du Nord Agrandissement du jardin aux fleurs vers la gare. Coll. D. Despagne Vue du jardin public. Fonds René Faille Médiathèque classée d’agglomération de Cambrai Plan du jardin public, dressé par Barillet-Deschamps en 1861. Archives Départementales du Nord 3
Entre 1855 et 1869, il contribue à Jean-Pierre Barillet est né en 1824 la plupart des réalisations paysagè- Jean-Pierre Barillet-Deschamps à Saint-Antoine-du-Rocher près res parisiennes : bois de Boulogne Son nom et son œuvre tombent de Tours. À 16 ans, il est embauché et de Vincennes, Champ de Mars, cependant rapidement dans l’oubli. dans une colonie pénitentiaire à l’ob- parcs Monceau et des Buttes-Chau- Alphand n’en fera aucune allusion jectif novateur pour l’époque : réé- mont... C’est à cette époque que dans son livre «Les Promenades de duquer des adolescents délinquants la municipalité cambrésienne fait Paris». De plus, Barillet-Deschamps par les travaux des champs. Après appel à lui pour la création du jar- ne laisse lui-même aucun écrit sur un séjour d’études d’horticulture à din public. Il redessine également ses créations et ses recherches. Son Paris, il devient jardinier en chef de le square Fénelon et son célèbre jet œuvre est redécouverte aujourd’hui la Colonie. En plus d’affirmer ses d’eau. Dans le département du Nord, grâce au patrimoine paysager excep- qualités humanistes, ce métier lui il crée pendant la même période le tionnel de ses parcs et jardins. permet d’expérimenter de nouvelles jardin Vauban à Lille et le parc Bar- méthodes d’exploitation agricole qui bieux à Roubaix. remportent de nombreuses récom- penses. En 1847, il épouse Marie Peu à peu sa réputation franchit les Deschamps et s’installe à Bordeaux frontières. Il travaille aux parcs Lae- pour reprendre l’établissement horti- ken à Bruxelles et du Prater à Vien- cole de sa belle-famille. ne, puis en Egypte pour les fêtes d’inauguration du canal de Suez. Le pépiniériste se distingue en par- Barillet-Deschamps intervient aussi Portrait de Jean-Pierre Barillet-Deschamps. venant à acclimater de nouvelles en Turquie où il contracte une mala- coll. L Limido plantes exotiques alors exclusive- die pulmonaire, cause de sa mort Monument commémoratif de Barillet- ment cultivées en serre chaude, com- prématurée en 1873. Un monument Deschamps au cimetière du Père Lachaise me le bambou. Il réduit également le en l’honneur du défunt est élevé prix de ces espèces rares grâce à un deux ans plus tard au cimetière du nouveau système de multiplication Père Lachaise. des plantes et dispense de nombreux conseils dans l’élaboration des mas- sifs. Sa rencontre avec le préfet de Gironde, le baron Haussmann et son ingénieur en chef, Adolphe Alphand, bouleverse sa carrière. Dans les années 1850, Haussmann devenu préfet de la Seine est en charge des Grands Travaux de la capitale. Alphand prend alors la direction du «Service des Prome- nades et Plantations de la Ville de Paris», et Barillet-Deschamps est nommé jardinier en chef de la ville. 4
n Va uba le v a rd Bou B oul du Pl ac ev a Le Gén e rd Le jardin aux fleurs cl ér P er a c l au l B ezin Ra ng Sa in t- Je an Allée de la Citadelle
Le jardin aux fleurs Trois parcours vous invitent à découvrir les différents espaces du jardin public de Cambrai : le jardin aux fleurs, le jardin Monstrelet et le jardin des grottes. Chacun a son identité propre, où essences remarquables, sculptures et fabriques participent à la composition du paysage. Entièrement clôturé sur près de 4 hectares, le jardin Histoire et aménagement aux fleurs est la partie la plus ancienne du jardin public. 1 Jean-Pierre Barillet-Deschamps en dresse le plan en sep- tembre 1861. L’essentiel des travaux d’aménagement se déroule jusqu’en 1863. L’architecte-paysagiste applique dans ce lieu sa nou- Barillet-Deschamps parvient à les acclimater velle conception des jardins, véritables œuvres d’art à plus grande échelle et à moindre coût, grâce à un pas- où plantes, pelouses et perspectives s’harmonisent à la sage progressif en serres chaudes, tempérées puis froides. manière de tableaux peints. Il utilise les vallonnements Il peut ainsi planter sous nos climats des arbres appor- du terrain pour valoriser les massifs et groupes d’arbres tant un caractère décoratif tout au long des saisons. et limiter le regard du promeneur sur la ville. Celui-ci contribue à donner vie à ce paysage, en faisant partie Les sculptures sont ensuite intégrées à la composition intégrante du décor et en devenant l’objet du regard des pour l’embellir. Achetées par la municipalité ou mises en autres. Les formes courbes des allées larges et agréables dépôt par l’État, elles se réfèrent à la mythologie, à l’his- offrent des points de vue toujours différents. Toutes les toire de la cité ou à ses héros. Exposées dans un espace composantes de ces nouveaux jardins sont fabriquées ouvert à tous, ces statues ont à la fois un rôle décoratif par l’homme, au contraire d’une nature laissée sauvage. et une mission d’instruction et d’hommage publics. Les jardins deviennent une sorte de «musée des paysages». Après le démantèlement des fortifications, le jardin aux Les innovations horticoles de Barillet-Deschamps pren- fleurs est agrandi dans sa partie nord. Pour l’archi- nent dans ce jardin tout leur sens, la beauté des lieux tecte municipal Eugène Verdez, les objectifs sont alors résidant dans la variété d’essences exotiques. Ces espè- bien différents de ceux de son prédécesseur. Alors que ces importées d’Amérique ou d’Asie étaient jusqu’alors Barillet-Deschamps crée un éden naturel loin des nui- rares et précieuses, réservées aux jardins aristocratiques. sances urbaines, Verdez affirme la modernité de la ville libérée du poids de son enceinte. Délibérément, il nivèle 2400 m2 de terrain pour le rendre parfaitement plat et ouvrir le jardin sur le boulevard Vauban et la gare, nou- vellement créés. Les voyageurs découvrent ainsi à leur descente du train une ville verdoyante et soignée, et les nouveaux propriétaires des boulevards jouissent d’une vue imprenable sur le parc. Vue actuelle du jardin aux fleurs 6
2 3 4 5 6 6-le paulownia 1- le tulipier Originaire de Chine, Les essences remarquables de Virginie il est planté dans les Cet arbre très décoratif 3-l’arbre 4-le séquoia géant jardins pour sa floraison se reconnaît à la forme aux 40 écus Cet arbre pousse na- spectaculaire : il se cou- particulière de sa feuille Originaire d’Asie, il turellement sur la côte vre début avril de fleurs échancrée à son extré- est aussi connu sous le Pacifique des États-Unis mauves en forme de mité comme une feuille nom de ginkgo biloba. et a été découvert puis trompettes, disposées en coupée, et doit son nom Ce magnifique conifère ramené en Europe par grappe. Ses feuilles sont à sa fleur dont l’appa- d’ornement éclaire les les immigrants lors de en forme de cœur. rence rappelle la tulipe. paysages d’automne de la «conquête de l’ouest» Originaire de l’est du son feuillage jaune d’or. des années 1840. Son continent américain, il Le gingko est un fossile nom provient d’un chef 7-le robinier est introduit en France vivant qui existait déjà indien cherokee. Outre faux-acacia au début du XVIIIème il y a 150 millions sa taille, ce conifère Ce grand arbre pos- siècle. d’années. C’est un arbre se caractérise par son sède une écorce épaisse originaire d’Asie, sacré écorce rougeâtre et profondément crevassée. pour les moines boudd- spongieuse et son excep- Il produit au printemps 2-le hêtre histes. Il vit plus de mille tionnelle longévité. des fleurs blanches et Le jardin conserve des ans et résiste parfai- parfumées. hêtres pourpres et hêtres tement à la pollution. pleureurs (2b). Cette Avec le mélèze, c’est 5-le cèdre de l’Atlas essence se reconnaît un des rares conifères Cette variété de cèdre 8-le ptérocarya à son tronc lisse et à qui perd ses feuilles en est originaire d’Afrique Cet arbre originaire du ses feuilles ovales et hiver. Au XVIIIème siècle, du Nord. La couleur Caucase est particuliè- brillantes. De la même un riche français en de ses aiguilles bleutées rement décoratif par ses famille que le chêne ou acheta un pied pour la et son port majestueux fleurs mâles et femelles le châtaignier, l’arbre somme de 40 écus, d’où lui valent d’être présent qui se présentent sous la laisse en automne sur le son nom «d’arbre aux dans de nombreux parcs forme de longs chatons sol un tapis de cupules quarante écus». urbains. pendants de couleur épineuses renfermant les verte. fruits de l’arbre. 7
9 10 a 10 b 11 12 12-Sarpédon Sarpédon, fils de Zeus, 10-Batiste est abattu d’un coup 9-l’ancien kiosque Une première statue 11-Orphée de lance lors du conflit Fabriques et sculptures rustique (10 a), installée en 1864 Orphée, personnage de légendaire de la guerre L’architecte municipal par Joseph Carlier dans la mythologie grecque, de Troie. Cette sculpture Verdez profite du nouvel le jardin aux fleurs, est avait le pouvoir d’en- est également l’œuvre espace libéré lors du détruite par les bombar- dormir les bêtes féroces d’Henri Peinte. Détruite démantèlement pour dements en mai 1944. grâce à sa musique. Ici, pendant la Première y établir un kiosque Alfred Bottiau, artiste il enjambe Cerbère pour Guerre mondiale, elle rustique, très en vogue qui réalisa également entrer dans le royaume a pu être reconstituée au début du XXème la façade de la Voix du des morts et ramener à en 1933 grâce au plâtre siècle. Plusieurs fois Nord de Lille, est chargé la vie Eurydice sa bien- original. incendiée, cette petite en 1947 de créer une aimée. Plusieurs exem- construction n’existe nouvelle statue (10 b), plaires de la sculpture plus aujourd’hui. Il en représentant Batiste ont été réalisés par l’ar- 13-Pomone reste le socle et le point sous les traits d’un jeune tiste Henri Peinte, issu Pomone est une nym- de vue exceptionnel sur homme tenant dans d’une célèbre famille phe romaine, déesse des le jardin. ses mains une navette. cambrésienne. fruits et des jardins, œu- Selon la tradition, ce Un premier bronze est vre du sculpteur parisien personnage aurait mis acheté en 1888 par la Albert Pommier (1880- au point dans les années Ville. Envoyé à la fonte 1914). Cette sculpture 1300 grâce à ce nouvel par l’armée allemande (13 b) est un dépôt de outil le tissage du lin fin, en 1918, il est remplacé l’Etat, elle remplace de- qui fera la renommée du en 1927 par une autre puis 1946 le groupe «la savoir-faire cambrésien. épreuve acquise par Fraternité» (13 a), créé l’État pour le musée du par Joseph Carlier et dé- Luxembourg. truit pendant la Seconde Guerre mondiale. 8
13 a 13 b 14 15 16 16-le monument de la Victoire 17-le massif 14-Gilliat 15-le monument Erigé en 1924 à l’entrée du papillon ou La pieuvre Louis Blériot du jardin aux fleurs, le Pour relier la partie du L’œuvre s’inspire du ro- Ce monument célèbre monument de la Victoire jardin créé autour des man de Victor Hugo «Les l’exploit du cambrésien a été réalisé par Georges années 1900 au jardin aux travailleurs de la mer», où Louis Blériot, premier Verez (1877-1933). On fleurs initial, un escalier le héros Gilliat, pêcheur homme à traverser la doit aussi à cet artiste en terre et rondins encadré de Guernesey, s’illustre Manche en avion en d’origine lilloise le décor de rocailles et une allée contre les forces marines 1909. Il est inauguré un de la salle des fêtes de sinueuse sont réalisés. Sur par amour, en combattant an plus tard en présence l’hôtel de ville. Le mo- le surplomb est installé notamment une pieuvre. du célèbre aviateur, au mi- nument, réalisé en pierre chaque année un massif L’épreuve en bronze a été lieu d’une foule en liesse. de taille, représente une en mosaïculture en forme réalisée, comme de nom- Les architectes et sculp- victoire ailée qui entraîne de papillon, point de vue breuses statues du jardin, teurs sont les douaisiens d’héroïques soldats entou- le plus photographié du par le cambrésien Joseph Laurent Fortier et André- rant un tank. jardin public. Carlier en 1881, selon un Louis Laoust, le médaillon modèle en plâtre exécuté représentant Blériot est dû deux ans plus tôt. Fon- à Joseph Carlier. due pendant la Première Guerre mondiale, la statue est reconstituée en 1934 par le fils du sculpteur. Le massif papillon du jardin aux fleurs Coll. D. Despagne 9
Le jardin Monstrelet La création du jardin public se poursuit au-delà de l’allée de la citadelle par le jardin Monstrelet. De nouveau missionné, Barillet-Deschamps dresse un plan d’ensemble remarquable pour son articulation entre les deux parties du jardin. La conception du jardin, dont le projet est approuvé Histoire et aménagement en 1863, s’inspire des parcs londoniens. Il n’est pas clos et ne présente aucune corbeille de fleurs. De vastes pelouses sont encadrées de bouquets d’arbres aux essences le plus souvent indigènes, les allées périphériques sont une invita- tion à la promenade en sous-bois, où le visiteur se fait plus 1 2 Les essences remarquables discret. A contrario, la grande allée, promenade commune aux deux jardins, est à l’origine le lieu de rencontre favori de la bour- geoisie cambrésienne qui s’y retrouve et rivalise d’élégance. D’une entité à l’autre du jardin, l’architecte pay- Elle ménageait une transition entre le centre-ville et l’espace sagiste démontre son habileté dans la composition vert. Le lieu a aujourd’hui bien changé. Les maisons côté des espaces paysagés. Il joue d’abord sur les formes, ville ont largement souffert des bombardements liés à la entre des arbres aux branchages et feuillages Seconde Guerre mondiale et les pavés ont laissé place à une abondants, et des arbres ayant un aspect plus léger zone de parking en centre-ville. comme le bouleau. Ensuite, il marie les couleurs : Disposé dans un écrin de verdure, l’élément majeur de ce le vert-jaune de l’érable s’allie au vert foncé du jardin est le kiosque à musique conçu comme un orne- marronnier. Enfin, Barillet-Deschamps structure les ment au même titre que les sculptures ou massifs d’arbres. massifs en variant les hauteurs. Ainsi, les platanes Son architecte, André de Baralle, construit également les pouvant aller jusqu’à 30 mètres de hauteur côtoient premières serres du jardin et l’escalier d’accès par la rue des ifs deux fois moins grands. Saint-Jean (actuelle rue Gambetta). Perspective du jardin Monstrelet Allée de la citadelle. Carte postale. Coll. F. Tiry 10
3 4 5a 5b 6 7 1-le platane 4-le bouleau Mis en valeur par le vallon- Cet arbre reconnaissa- 7-les bas-reliefs nement du terrain, les pla- ble à son écorce blanche du monument tanes sont reconnaissables écaillée peut atteindre des territoriaux à leur tronc d’une couleur 30 mètres de hauteur. Le mur de pierre de l’es- jaune pâle. Leurs feuilles res- 6-Alfred de Vigny calier est orné de deux semblent à celles de l’érable. La sculpture d’Alfred de bas-reliefs en bronze Cette essence n’est pas indi- Vigny a été réalisée par réalisés également par gène et apporte par sa taille 5-Enguerrand le douaisien Alexandre Alexandre Descatoire en Sculptures et fabriques élancée et son port majes- de Monstrelet Descatoire en 1897. En 1931. Ils proviennent de tueux un caractère structu- La statue d’Enguerrand pierre de taille, elle pré- l’ancien monument des rant au parc. de Monstrelet (5 b) est sente l’écrivain debout territoriaux qui était si- créée en 1956 par le tenant une plume et un tué sur l’ancienne place sculpteur parisien Pierre livre à la main. Sur le au Bois et qui fut détruit 2-le marronnier Cabauzon. Commande côté, une lyre rappel- dans les années 1950. Ce marronnier séculaire est le de l’Etat, cette sculpture le qu’Alfred de Vigny, Alexandre Descatoire plus vieil arbre du jardin pu- monumentale est d’une figure du romantisme (1874-1949), premier blic, inscrit «arbre remarqua- grande sobriété. Elle français, était égale- second prix de Rome ble» en 2012. Ses branches rappelle la mémoire du ment poète. Alors qu’il en 1902, a aussi réalisé tentaculaires et la couleur de célèbre chroniqueur de était lieutenant, il a la sculpture de Villard son feuillage sont à admirer la Guerre de Cent Ans, séjourné pendant une de Honnecourt, dans le tout au long de l’année. qui fut également prévôt dizaine d’années dans square Fénelon. de Cambrai dans la pre- plusieurs garnisons, dont mière moitié du XVème Cambrai. Placée depuis 3-l’if siècle, et dont cette mars 1958 en haut du L’if est un conifère de forme partie du jardin porte nouvel escalier donnant variable, avec un tronc petit le nom. Elle remplace dans la rue du Maréchal et noueux. La multiplication une première statue du de Lattre de Tassigny, la des troncs de cet if centenaire même homme (5 a), réa- sculpture attire le regard se fait par «marcottage na- lisée par Joseph Carlier vers le jardin public. turel» : ses branches basses et détruite lors des bom- s’enracinent spontanément bardements de 1944. dans le sol. 11
8 9 10 8-Le coin des mamans 10-les jeux publics Un panneau pour le jeu Alors que la ville est en Avant la création du d’arbalète, une table et un pleine reconstruction, en Placé au centre d’un es- jardin public, des jeux appui de tir, un berceau 1927, est projetée la créa- pace dégagé et facile d’ac- comme le tir à l’arbalète pour les fléchettes, un tion d’un endroit réservé cès pour le rassemblement étaient déjà installés sur butoir pour le billon, ainsi aux enfants. Il s’agit alors des auditeurs, il peut ac- l’esplanade de la citadelle. que des abris pour les de leur offrir un espace cueillir plus de 60 musi- Dans les années 1860, les commissaires et pour les de loisirs dans une ville ciens et permet aux plus joueurs se retrouvent au joueurs sont rapidement encore sinistrée. Celui-ci grandes harmonies du bout de la grande allée aménagés en chêne et est aménagé à l’angle de nord de la France de s’y pour tirer à l’arc, jouer au en sapin. En 1903 sont l’allée de la citadelle et produire. Il connaît un billon ou aux fléchettes. plantés, autour des jeux, du boulevard du collège succès immédiat : en plus Les travaux de démantè- des tilleuls et des peupliers (aujourd’hui Paul Bezin). des fêtes et des célébra- lement et le percement de baumier. Les jeux sont tions, des concerts y sont la voie qui prolonge la rue toujours pratiqués au donnés chaque semaine. des Pochonnets rendent même emplacement par 9-le kiosque à musi- Son travail de ferronnerie, nécessaire le déplacement les sociétés cambrésien- que exécuté par l’entreprise de des jeux publics, démon- nes. Le billon, jeu tradi- Le kiosque à musique de serrurerie cambrésienne tés en 1897. En février tionnel du Cambrésis et Cambrai, réalisé en 1867 Maniette, est particulière- 1898, le projet de recons- du Douaisis, se rapproche par André de Baralle, est ment soigné. Le lambre- truction est adopté par la du jeu de boules et se joue l’un des premiers cons- quin aux fleurs stylisées commission municipale à deux équipes. Il consiste truits en France. En effet, et volutes s’intègre au qui insiste pour une mise à lancer les billons, sorte les kiosques s’installent paysage environnant. en œuvre des jeux avant de massues de bois, le d’abord dans des villes de Entre les piliers, des bla- la fête communale du 15 plus près possible d’une garnison pour abriter les sons couronnés évoquent août, qui attire chaque «butte», piquet enfoncé formations musicales mi- des compositeurs recon- année plus de 1500 dans la terre, et à conser- litaires qui s’épanouissent nus. Il servira de modèle joueurs. ver ensuite le territoire au milieu du XIXème siècle. pour d’autres villes, avant gagné aux adversaires. qu’apparaissent dans les années 1890 les kiosques préfabriqués. 12
Le jardin des grottes En 1905, l’architecte Eugène Verdez travaille à l’amé- nagement du grand espace laissé libre le long du front sud de la citadelle. L’objectif de son projet, approuvé Histoire et aménagement par le conseil municipal en 1906, est de réunir par ce jardin les nouveaux quartiers au centre-ville ancien. Eugène Verdez ne conçoit pas un jardin au sens propre du mot, mais une promenade composée d’une voie carrossable avec trottoirs, d’allées et d’une esplanade Vue actuelle du jardin des grottes pouvant accueillir les rencontres sportives, les foires et les manifestations diverses. Dans son projet, l’architecte cherche à dissimuler les Pour donner à ce jardin un aspect forestier plus de bâtiments de la citadelle qui surplombe le site par la 7000 arbres à feuilles persistantes sont plantés, 14000 construction d’une imposante grotte qui doit attirer arbres à feuilles caduques pour les massifs, 2500 tous les regards. Cascade, ruisseaux et pièces d’eau arbres pour futaies et plus d’une centaine de sujets étaient également prévus. De ce projet, seuls les grot- remarquables. tes et un lac ont été réalisés, parfois tardivement (le lac aux cygnes n’a été terminé qu’après 1922). La construction du Palais des grottes en 1972 marque la fin de l’aménagement du jardin public. Plan du jardin des grottes. Plan de E.Verdez. 1905. Archives Départementales du Nord 13
rue L Le jardin Monstrelet éon Allée de la citade lle an Gam -Je int betta Sa ng ra 9 allée de ries gra n Pote x à C roi g ran llé e ea nd 8 gra s her par Arc allée king des grande rue lB ezin 10 rd Pau leva Bou
ezin r d P aul B Le jardin des grottes re Bou l ev a u a d i v. allée q S h . 0 t . U. S 11 3 nt des S a inf oupir s Fo n dS t-G eor ges t on im rla Be de d ar ev ul Bo ru e Wat te au stade rue de C audr y avenue Villars
1 4 6 9 10 1-le sophora 7-le mélèze Arbre originaire de Leur écorce se fissure Il est apprécié dans les Les essences incontournables 5-le charme Chine, le sophora est profondément en vieillis- Ces trois charmes se dis- jardins pour ses méta- introduit en Europe sant, leurs feuilles sont tinguent par leurs troncs morphoses saisonnières : au XVIIIème siècle. Ses dentées et dissymétriques cannelés et leurs écorces ses aiguilles prennent une feuilles ressemblent à à la base. minces. Si la feuille du teinte orange à l’autom- celles de l’acacia (même charme peut être con- ne, un vert lumineux famille), mais ses fo- fondue avec celle du l’été et tombent en hiver. lioles sont plus petites. 3-le catalpa hêtre, le dicton populaire Son tronc, d’une écorce Cet arbre ressemble au «le charme d’Adam est grise et fissurée diffère paulownia, observé dans d’être à poil» rappelle la 8-le châtaignier également. Ses feuilles le jardin aux fleurs, par différence entre les deux Il est reconnaissable à ses tombent tardivement, sa taille et ses feuilles espèces : la feuille de longues feuilles dente- conservant une belle mais s’en différencie par charme a des dents alors lées, mais surtout à la teinte jaune jusqu’en ses fleurs blanches et ses que celle du hêtre a des fameuse coque épineuse novembre. fruits en forme de gous- poils. qui renferme ses fruits : ses pendantes. les châtaignes. Le châtai- gnier peut atteindre 30 2-l’orme 6-l’érable pourpre mètres de haut et se pare Les ormes, espèce très 4-le tilleul Ce grand arbre se re- de chatons jaunes au répandue à la création Le tilleul domestiqué connaît à son écorce qui printemps. du jardin, sont devenus et planté un peu par- ne s’écaille pas. L’érable très rares à cause de la tout dans nos villes est pourpre a des feuilles graphiose, une maladie le tilleul de Hollande, identiques à celles de 9-le frêne doré qui les a décimés depuis exporté par des pépi- l’érable plane, mais elles Plus petit que le frêne, plusieurs décennies. niéristes hollandais au prennent à l’automne il tire son nom de sa Quelques exemples, XVIIIème siècle dans toute une couleur rouge couleur automnale. Son comme celui-ci, sont l’Europe. Ses fleurs, très flamboyante. Les éra- tronc est droit et lisse néanmoins encore pré- odorantes en mai et juin, bles se caractérisent par jusqu’au marquage de la sents sur le site. sont utilisées en pharma- leurs fruits secs ailés, les greffe. Au printemps, les copée pour leurs vertus samares, collés par deux jeunes branches ont une calmantes et apaisantes. et communément appelés couleur jaune-orangée. hélicoptères. 16
13 14 15 10- le pin S’appuyant contre une remblais dans les années 15-le lac aux cygnes L’architecture associée au jardin Connu de tous pour ses masse de terre, les roches 1540 lors de la construc- Le conseil municipal vote aiguilles et ses fruits en sont traitées en assises tion de la citadelle. Elle en 1922 à l’unanimité la forme de cône, les pins horizontales comme les fut remise à jour en 1895 création de l’étang, pour offrent au jardin un bancs d’une carrière, et lors du démantèlement. combler le vide laissé à feuillage persistant l’hiver. forment une grotte mise Ses vestiges sont conser- cet endroit et terminer en eau. Les promeneurs vés et restaurés lors de ainsi l’aménagement du peuvent s’y introduire l’aménagement du jardin jardin des grottes. En 11- le noyer en marchant sur les pas des grottes. Ils font alors plus des traditionnels ca- d’Amérique japonais ornant le bassin. partie intégrante du nards, des cygnes y sont Il veille sur l’entrée du Deux escaliers encadrent décor, les ruines appor- élevés. Après la Seconde jardin des grottes depuis la grotte et permettent tant un côté pittoresque Guerre mondiale, de nou- plus de cent ans. Malgré de rejoindre un sentier et romantique très à la veaux cygnes sont donnés son nom, ses fruits ne longeant l’enceinte de mode à cette époque. par la municipalité de sont pas comestibles. l’ancienne citadelle. Aujourd’hui, seul le haut Vevey en Suisse. L’éle- Interdite au public pour des ruines est encore vage cambrésien servira des raisons de sécurité visible, le reste a été de alors à fournir les villes 12- le chêne depuis les années 1980, nouveau remblayé lors de Douai, Valenciennes, Les feuilles pédonculées les grottes sont restaurées des travaux de construc- Maubeuge pour leurs du chêne nous sont fami- en 2012. tion du palais des grottes. parcs et zoos. lières. En hiver, ses bran- ches tortueuses lui confè- rent un port singulier. 14-les vestiges de la porte Saint-Ladre La porte faisait partie 13-les grottes de l’enceinte médiévale Pour agrémenter et reconstruite en pierre à donner vie au nouveau partir de la fin du XIVème jardin, l’architecte Eugène siècle et disparut sous les Verdez prévoit un grand rocher factice en ci- ment de Portland d’où s’échappe une cascade. Les grottes en cours de construction. Médiathèque classée d’agglomération de Cambrai 17
16b 17 18 19 16-le palais Prod’homme, pouvant Le jardin public occupe Le site de la citadelle des grottes contenir 4000 places l’ancienne esplanade de la 18-la porte royale Avant la construction assises. L’intégration du citadelle de Cambrai, cons- de la citadelle du palais des grottes bâtiment va à l’encontre truite par Charles Quint Située en dehors du jardin (16 a), ce vaste espace de l’effet d’unité recher- dans la première moitié du public, elle rappelle la a accueilli pendant plus ché par les architectes XVIème siècle et démantelée fonction ancienne du site. de 50 ans des évène- successifs du jardin, les à la fin du XIXème siècle. Si L’allée de la citadelle exis- ments divers en plein espaces nécessaires de certains de ses bâtiments tait bien avant l’aménage- air : foires aux bestiaux, parking et de liaison ont alors disparu, d’autres ment du jardin public, elle matchs de football, routière au bâtiment ont été réhabilités en permettait l’accès depuis la concours de gymnasti- coupent le jardin des logements, salles de sports ville à la Porte Royale, ac- que (16 b), corrida... grottes du reste du ou base de loisirs. Sous la cès principal à la citadelle. En 1972, la Ville décide parc. Les travaux de citadelle, un vaste réseau la construction d’un revalorisation du site, de souterrains accessibles bâtiment pour abriter à partir de 2012, ont en visite guidée évoque 19-le monument ces grandes manifesta- pour objectif de recréer l’importance stratégique et aux régiments tions. Il s’agit à l’épo- ce lien pour faire du militaire de ce lieu pendant de Cambrai que d’une architecture jardin public, dans son plus de 300 ans. Inauguré en 1927, le mo- d’avant-garde, en béton ensemble, un espace de nument rappelle le souvenir armé, réalisée par la so- promenade et de loisirs des militaires des régi- ciété civile Artec regrou- en centre-ville. 17-les murs ments de Cambrai tombés pant les architectes Ces- de l’enceinte pendant la Première Guerre selin, Lancelle, Narcy et de la citadelle mondiale. Œuvre du sculp- De plan quadrangu- teur Élie Ottavy, il présente laire, renforcée à chaque une figure apportant les angle par des bastions lauriers de la victoire. 16a aujourd’hui disparus, la Dans sa partie inférieure citadelle abritait casernes, un médaillon représente logements des officiers, ar- un poilu casqué entouré senal, poudrière et chapel- d’attributs guerriers. le, dont les constructions se sont étalées du XVIème siècle au XIXème siècle. 18
La grande allée (détail) - Collection François Tiry Laissez-vous conter Cambrai, Ville d’art et d’histoire... Cambrai appartient au réseau national des Villes ... en compagnie d’un guide-conférencier agréé par le ministère de la Culture et Pays d’art et d’histoire Le guide vous accueille. Il connaît toutes les facettes de Cambrai Le Ministère de la culture et de la communication, Direction générale et vous donne des clefs de lecture pour comprendre l’échelle d’une des patrimoines, attribue l’appellation Villes et Pays d’art et d’histoire place, le développement de la ville au fil de ses quartiers. aux collectivités locales qui animent leur patrimoine. Il garantit la Le guide est à votre écoute. N’hésitez pas à lui poser vos questions. compétence des guides-conférenciers et des animateurs du patrimoine et la qualité de leurs actions. Des vestiges antiques à l’architecture du Le service de l’architecture et du patrimoine xxème siècle, les Villes et Pays mettent en scène le patrimoine dans sa coordonne les initiatives de Cambrai, Ville d’art et d’histoire. diversité. Aujourd’hui, un réseau de 146 villes et pays vous offre son Il propose toute l’année des animations pour les Cambrésiens et pour savoir-faire sur toute la France. les scolaires. Il se tient à votre disposition pour tout projet. Il a conçu cette brochure avec le soutien du Ministère de la culture À proximité et de la communication - Direction régionale des affaires culturelles Boulogne-sur-Mer, Saint-Omer, Lille et Roubaix bénéficient de du Nord - Pas-de-Calais. l’appellation Ville d’art et d’histoire, Lens-Liévin de l’appellation Pays d’art et d’histoire. © Archives Départementales du Nord - Médiathèque classée d’agglomération de Cambrai - Service Ville d’art et d’histoire de Cambrai - Fonds René Faille - Collections : François Tiry, Didier Despagne et Luisa Limido 19 Imprimerie Danquigny, mai 2012 - création graphique : LM communiquer - mise en page : Béatrice Duprez
“ Le jardin de l’esplanade réalise déjà toutes les promesses qu’il nous faisait. Les fleurs s’épanouissent au milieu d’un plantureux gazon et la foule commence à circuler dans les allées sinueuses de cette charmante promenade. “ A. Fliniaux, Mémorial Cambrésien 12 juillet 1862 17
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