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L’alimentation du nourrisson et les troubles alimentaires du jeune enfant Eve-Emmanuelle Brochu Dt.p Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Estrie-CHUS-Hôpital Fleurimont (CIUSSS de l’Estrie) Programme Mère-Enfant 2 décembre 2016 1
Divulgation de conflits d’intérêts potentiels (Principe de divulgation - «disclosure») Afin de respecter les règles d’éthique en vigueur, je déclare que je n’ai aucun conflit d’intérêt potentiel avec une société commerciale. Eve-Emmanuelle Brochu Dt.p 2
Engagement moral Je m’engage auprès de l’auditoire à : • lui signaler toute indication non approuvée; • utiliser les noms génériques; • utiliser les NNT, les NNH et les niveaux de preuves lorsqu’ils sont disponibles; • indiquer les améliorations en valeur absolue (et non uniquement en valeur relative). 3
Objectifs • Comprendre les nouvelles normes d’introduction des aliments chez le nourrisson avec ou sans antécédent d’allergie familiale • Connaître les différents mythes alimentaires ayant trait à l’alimentation du nourrisson • Identifier les principaux troubles alimentaires chez l’enfant d’âge préscolaire • Conseiller les parents et proposer des stratégies pour améliorer les troubles ou difficultés alimentaires 4
Introduction des solides • L’alimentation complémentaire est une période critique, il peut survenir durant cette période1: – Difficultés a/n croissance – Déficiences en micronutriment (besoins élevés, réserve en fer épuisée) • En lien avec les traditions, les ethnies, les données scientifiques2 • Participe2 – Acquisition des étapes fondamentales dans le développement neuromoteur – Développement des goûts – Maturation des reins et au niveau gastro-intestinal – Rejoint les besoins nutritionnels a/n qualitatif et quantitatif – Interaction a/n culturel et socioéconomique du milieu et traditions familiales 5
Introduction des solides (suite) • OMS – Recommande l’allaitement maternel exclusif de la naissance à 6 mois – Introduction d’une alimentation complémentaire à 6 mois – Poursuivre l’allaitement maternel ad 24 mois ou plus • Ordre d’introduction suggérée – Céréales de bébé – Viandes et substituts (veau, poulet, poisson, légumineuses, tofu, œuf,…) – Légumes – Fruits – Produits laitiers 6
Introduction des solides (suite) • Santé Canada recommande d’introduire à partir de 6 mois une variété de texture douce et d’aliments à manger avec ses doigts • Les textures granuleuses doivent être introduites au plus tard à l’âge de 9 mois • Nouvelles recommandations de la SCP – Il n’existe pas de preuve évidente démontrant que l’introduction plus tardive des aliments connus comme étant «allergène» protégerait un enfant contre les allergies plus tard 7
Introduction des solides (suite) • LEAP, étude prospective randomisée3 – Publiée dans «The New England Journal of Medicine», février 2015 – Hypothèse: L’introduction de la protéine d’arachide plus tôt dans l’alimentation du nourrisson aurait un effet protecteur en lien avec le développement de l’allergie aux arachides 8
Introduction des solides (suite) – 640 nourrissons • Âgés entre 4-11 mois • Présentant un risque élevé d’allergie (allergie aux œufs et/ou eczéma sévère) • 2 groupes – Tests cutanés négatifs aux arachides – Tests cutanés avec une faible réponse (1-4mm) aux arachides • Comparaison – Aucune consommation d’arachide durant les 5 premières années de vie – Consommation de produit à base d’arachide au moins 3x par semaine ad 5 ans 9
Introduction des solides (suite) • Résultats: – 542 nourrissons testés négatifs au test cutané • 13.7% des participants ont développé une allergie aux arachides dans le groupe n’ayant pas consommé d’arachide • 1.3% des participants ont développé une allergie aux arachides dans le groupe ayant consommé des arachides – 98 nourrissons avec une faible réponse au test cutané • 35.5% des participants ont développé une allergie aux arachides dans le groupe n’ayant pas consommé d’arachide • 10,6% des participants ont développé une allergie aux arachides dans le groupe ayant consommé des arachides 10
Introduction des solides (suite) • Conclusion de l’étude LEAP – Une introduction précoce (entre 4-11 mois) des arachides pourrait diminuer significativement le développement d’allergie aux arachides chez les enfants à risque • Une diminution absolue de 11 à 25% 11
MYTHES ALIMENTAIRES 12
MYTHE 1: L’ALIMENTATION AUTONOME (BABY LED-WEANING) EST INDIQUÉE POUR TOUS LES BÉBÉS? 13
Mythe 1: L’alimentation autonome • Méthode alternative pour introduire l’alimentation chez le nourrisson4 – 2 phases qui sont décrites • Préparation 6 mois – Alimentation autonome – Alimentation solide • Objectifs: – Laisser le bébé manipuler les aliments – Laisser le bébé contrôler la quantité de ce qu’il mange – Laisser le bébé contrôler la vitesse à laquelle il mange 14
Mythe 1: L’alimentation autonome (suite) • Avantages2 – Favoriser la relation lors du repas (repas partagé) – Promouvoir l’autonomie du nourrisson – Prend moins de temps – Moins dispendieux – Pourrait encourager les parents à mieux s’alimenter • Désavantages/Risques2 – Carence en fer – Apport élevé en NaCl – Apport insuffisant en É – Étouffement 15
Mythe 1: L’alimentation autonome (suite) • Cette méthode n’est pas appropriée chez tous les nourrissons – Prématurés ou bébés à terme présentant un retard de développement – Nourrissons avec une croissance sous-optimale 16
MYTHE 2: SEULEMENT LES BÉBÉS ALLAITÉS DOIVENT RECEVOIR UN SUPPLÉMENT DE VITAMINE D 17
Mythe 2: Supplément de vitamine D • Vitamine liposoluble • Fonctions: – Participe au métabolisme osseux – Agit en tant qu’hormone • Anti-infectieux • Anti-inflammatoire • Anti-tumoral • Cardio-protecteur 18
Mythe 2: Supplément de vitamine • Besoins pour l’âge D (suite) Âge Apport nutritionnel Apport maximal recommandé (ANR)/jour tolérable (AMT)/jour 0-6 mois 400 UI 1000 UI 7-12 mois 400 UI 1500 UI 1-3 ans 600 UI 2500 UI 4-8 ans 600 UI 3000 UI 9-70 ans 600 UI 4000 UI ˃70 ans 800 UI 4000 UI Grossesse et lactation 600 UI 4000 UI 19
Mythe 2: Supplément de vitamine D (suite) • Principales sources de vitamine D5 Aliments renfermant Portion Vit D Aliments enrichis en Portion Vit D naturellement vit D (UI) vitamine D au Canada (UI) Saumon rouge 75 g 680 Préparation pour 250 ml 100 nourrissons Saumon Atlantique 75 g 204-392 Lait de vache 250 ml 104 Saumon en conserve avec 75 g 352-556 arêtes Boisson soya 250 ml 88 Hareng, flétan, truite élevage 75 g 144-192 Margarine 15 ml 76 Tilapia, corégone 75 g 120-136 Jus d’orange enrichie 250 ml 100 Œuf à la coque 2 gros 52 Yogourt 100 g 70 Shiitake frais 100 g 100 20
Mythe 2: Supplément de vitamine D (suite) • Ajout d’un supplément de vitamine D – Bébés allaités – Bébés qui boivent ˂ 1 L de formule par jour – Enfants qui consomment peu • Produits laitiers/substituts • Poissons 21
LES DIFFICULTÉS/TROUBLES ALIMENTAIRES CHEZ LE JEUNE ENFANT 22
Troubles alimentaires • Refus de s’alimenter/diminution de l’apport alimentaire en lien avec l’âge7 – Aspect comportemental – Condition organique • L’alimentation est une interaction importante entre un aidant et l’enfant dans la première année vie et même plus tard chez les enfants handicapés7. • Les troubles alimentaires concernent la plupart du temps les enfants < 6 ans7. 23
Troubles alimentaires: Statistiques • Plus de 50% des parents mentionnent qu’au moins un de leur enfant s’alimentait peu8 – Implique environ 20-30% des enfants • Difficultés alimentaires concernent plus de 10 à 25% des parents d’enfant âgés
Troubles alimentaires • Signes/symptômes suggestifs8 – Durée des repas prolongée – Refus alimentaire
Troubles alimentaires (suite) • Signaux a/n organique8 • Signaux a/n – Dysphagie comportemental8 – Aspiration – Fixation alimentaire (sélection, – Douleurs/malaises lors de limites alimentaires extrêmes) l’alimentation – Alimentation négative – Vomissement et/ou diarrhée – Refus alimentaire après un – Retard de développement évènement déclencheur – Symptômes cardio-respiratoire – Retard staturo-pondéral chronique – Retard staturo-pondéral 26
Troubles alimentaires: Classifications • Nouvelle classification a été élaborée en 2015 par le groupe de Chatoor8 Appétit limité Phobie alimentaire Alimentatio Style n sélective d’alimentation 27
Troubles alimentaires Appétit limité Perception Apathie erronée Enfant Problème énergique, actif organique 28
Troubles alimentaires: Appétit limité • Perception erronée – Perception parentale excessive concernant le faible appétit de leur enfant – Diminution concomitante de l’appétit • L’enfant énergique, actif – Enfants plus intéressés à jouer et à parler qu’à manger – Pas de cause organique, occasionne des conflits parent-enfant 29
Troubles alimentaires: Appétit limité (suite) • Apathie – Enfants faiblement actifs, désintéressés autant de manger que de leur environnement et communiquent peu • Problème organique – Causant de la douleur 30
Stratégies: Appétit limité Mettre l’emphase sur la différence entre l’appétit et la satiété • Perception erronée – Les parents doivent comprendre que leur enfant interprète eux-mêmes leur faim et leur satiété – Démontrer aux parents que leur enfant a une croissance normale/satisfaisante en expliquant leur potentiel de croissance – Leur donner les recommandations de base • L’enfant énergique, actif – Les aider à reconnaître et à bien répondre à leur signaux de faim et de satiété – Les parents doivent être un modèle d’une alimentation saine; horaire stable, discipline appropriée – Renforcement positif aux repas (attention positive) – Enrichissement des aliments peut être nécessaire/supplément alimentaire 31
Stratégies: Appétit limité (suite) • Conseils généraux pour l’alimentation de l’enfant – Éviter les distractions durant les repas (télévision, téléphone intelligent,…) – Maintenir une attitude neutre et plaisante durant les repas – Horaire pour favoriser l’appétit • Durée du repas 20-30 minutes • 4-6 repas par jour (incluant les collations), l’eau est permise entre les repas/collations – Servir des repas appropriés pour l’âge (textures, saveur,…) – Persévérer lors de l’introduction d’un nouvel aliment (peut nécessiter plus de 8-15 expositions avant l’acceptation) – Encourager l’alimentation autonome – Tolérer les gâchis 32
Stratégies: Appétit limité (suite) • Apathie – Fournir une alimentation adéquate par le parent – Favoriser le support envers l’enfant (interaction) • Problème organique – Investiguer et traiter au besoin Référence à une nutritionniste au besoin -Évaluer et adapter l’apport alimentaire/besoins E, prot., vit/minéraux -Outiller les parents pour acquérir de saines habitudes alimentaires -Améliorer le comportement alimentaire 33
Troubles alimentaires Alimentation sélective Perception Hautement erronée sélectif Faible Cause sélectivité organique 34
Troubles alimentaires: Alimentation sélective • Perception erronée – Néophobie est souvent perçue par les parents d’une sélectivité problématique • Faible sélectivité – Consomme une moins grande diversité alimentaire que la moyenne – Croissance satisfaisante et développement normal ainsi qu’un apport adéquat en E et en nutriments 35
Troubles alimentaires: Alimentation sélective (suite) • Hautement sélectif – Alimentation limitée à
Troubles alimentaires: Alimentation sélective (suite) • Cause organique – Souvent rencontrée chez des enfants ayant un retard de développement (anoxie, causes mitochondriales/chromosomiques/neurologiques) – Peut être apparentée à une hypersensibilité ou hyposensibilité 37
Stratégies: Alimentation sélective • Exposer l’aliment au moins 8 à 15 fois, sans pression parentale • Dissimuler l’aliment dans un mets apprécié, ajouter trempette pour augmenter saveur, offrir un nouvel aliment en le nommant • Impliquer l’enfant dans la préparation des repas, améliorer la présentation des repas (couleur, textures,…) • Ne pas négocier et ne pas offrir un second choix de repas • Hyposensibilité: ajouter des saveurs, choisir des aliments glacés ou assez chauds, s’assurer que l’enfant prenne des bouchées de grosseur normale et lui faire penser d’avaler • Hypersensibilité: Progresser graduellement les textures/morceaux, tenter des aliments croustillants, favoriser une alimentation autonome avec aliments mous • Il peut être nécessaire de référer en ergothérapie et/ou nutritionniste 38
Troubles alimentaires Phobie alimentaire Perceptio Peur chez n erronée les enfants Peur chez le Cause nourrisson organique 39
Troubles alimentaires: Phobie alimentaire • Perception erronée – Bb avec pleurs excessifs et qui est perçu par les parents comme ayant peur de s’alimenter car refuse régulièrement le sein ou le biberon • Peur chez le nourrisson – Semble avoir douleurs aux boires mais boit bien lorsque endormi 40
Troubles alimentaires: Phobie alimentaire (suite) • Peur chez les enfants – Surtout chez des enfants avec antécédents d’étouffement, gags, vomissements – Enfants peuvent cesser de s’alimenter surtout des aliments solides – À l’occasion, est le résultat de parents qui ont forcé l’alimentation – Peut en résulter d’une perte de poids importante • Causes organiques – Résultat d’une pathologie provocant de la douleur à l’alimentation (ex odynophagie 2e à eosophagite) 41
Stratégies: Phobie alimentaire Le but principal est de diminuer l’anxiété associée à l’alimentation, réassurance de l’enfant • Chez le nourrisson – le boire peut être fait dans un 1er temps quand le bb commence à vouloir s’endormir afin d’optimiser l’apport et d’établir un horaire en fonction du sommeil – Identifier ce qui cause la douleur et déconditionner la peur du nourrisson – S’assurer d’un environnement adéquat aux boires • Chez l’enfant – Réassurance est la clé – Renforcement positif aux repas avec petits objectifs – Suppléments alimentaires si croissance très affectée dans un court laps de temps – Identifier la cause de la douleur et déconditionner la peur de l’enfant Référence en pédopsychiatrie/psychologie peut être nécessaire 42
Troubles alimentaires Style d’alimentation Responsable Indulgent Contrôlant Négligeant 43
Troubles alimentaires: Style d’alimentation Les actions des parents peuvent influencer le comportement alimentaire de l’enfant • Responsable – Le parent détermine où, quand, quoi l’enfant mange et l’enfant détermine la quantité des apports alimentaires – Ces parents suivent un horaire qui favorise l’alimentation, environnement favorable – Ce style résulte en une alimentation plus riche en fruits, légumes et produits laitiers et moins de «junk food» • Contrôlant – Parents non attentifs au besoin de l’enfant; signaux de faim non écoutés, alimentation forcée, punition,… – Peut paraître efficace au début mais rapidement négatif – Conséquences: Manque d’apport E, faible consommation en fruits et légumes 44
Troubles alimentaires: Style d’alimentation (suite) • Indulgent – Le parent qui fait tout ce que l’enfant demande (ex préparer différents mets pour un seul repas, achat d’aliments selon l’enfant,…) – Conséquences: faible consommation d’aliments sains, consommation d’aliments riches en mg • Négligeant – Laisser à l’enfant la responsabilité de son alimentation (en grande partie ou alimentation totale) – L’offre alimentaire non adéquate pour l’enfant 45
Stratégies: Style d’alimentation • Conseils généraux • Contrôlant – guidance au niveau de la façon d’interagir envers l’enfant dans les situations où l’enfant refuse un aliment ou de s’alimenter et non sur ce que le parent offre et la quantité offerte • Indulgent/Négligeant – Favoriser l’encadrement, stabiliser l’horaire et la structure du repas 46
Troubles alimentaires • Problèmes (répercussions) à long terme7 – Carences nutritionnelles – Problèmes psycho-sociaux – Retard staturo-pondéral/malnutrition 47
Messages clés • Il n’est plus recommandé de retarder l’introduction des allergènes • L’introduction des solides avec la méthode de l’alimentation autonome n’est pas recommandée chez tous les nourrissons • Les troubles alimentaires sont des problèmes complexes où il est souvent nécessaire de travailler en interdisciplinarité 48
QUESTIONS? 49
Références 1. Qasem, W., Fenton, T and Friel, J. Age of introduction of first complementary feeding for infants: a systematic review. BMC Pediatrics (15) 2015. p.107 2. Alvisi, P and al. Recommendations on complementary feeding for healthy, full-term infants. Journal of Pediatrics (41) 2015. p.136 3. Du Toit, G and al. Randomized trialof peanut consumption in infants at risk for peanut allergy. The New England Journal of Medicine 372 (9) Feb (26) 2015. p.803-813 4. Cameron, S.L and al. How feasible is baby-led weaning as an approach to infant feeding? A review of the evidence. Nutrients (4) 202 2012. p.1575-1609 5. www.extenso.org 6. Toomey, K.A and Lester, A. When children won’t eat: The SOS Approach to feeding. 2010 7. Rybak, A. Organic and nonorganic feeding disorders. Annals of Nutrition and Metabolism 66 (suppl 5) 2015. p.16-22 8. Kerzner, B and al. A practical approach to classifying and managing feeding difficulties. Pediatrics 135 (2). p.344-353 9. Adams, R.C and al. Nonoral feeding for children and youth with developmental or acquired disabilities. Pediatrics 134 (6) 2014 dec. p.e1745-e1762. 50
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