L'AVENIR DE LA SNCB ET DU RAIL EN WALLONIE DIX PROPOSITIONS DES FDF
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CONFÉRENCE DE PRESSE DU 14 DÉCEMBRE 2012 LIBRAMONT L’AVENIR DE LA SNCB ET DU RAIL EN WALLONIE DIX PROPOSITIONS DES FDF Damien THIERY, député fédéral ; Monique FELIX, vice-présidente wallonne des FDF ; Jonathan MARTIN, secrétaire général adjoint des FDF ; Christophe VERBIST, secrétaire de l’Interprovinciale wallonne des FDF. La présente conférence de presse a pour objet de détailler les propositions des FDF pour faire face à la menace très claire qui pèse sur l’avenir du rail en Wallonie. Plan d’investissements 2013/2025, suppression de trains, arrêt d’investissements dans les gares de triage, projet pharaonique de la gare de Mons : autant d’éléments qui mettent en évidence le fait que le service public ferroviaire est très clairement déséquilibré au profit de la Flandre. Il nous appartient à nous FDF de le dénoncer et d’émettre des propositions pour le corriger. Nous soumettrons également à votre attention nos critiques en matière de gestion interne du groupe SNCB ainsi que notre proposition de loi relative à la création d’un Comité de sécurité des infrastructures publiques fédérales, qui pourrait, à notre sens, répondre efficacement à la problématique du dossier sécurité si marquante depuis la catastrophe de Buizingen. Enfin, nous présenterons à la presse le folder de présentation de notre campagne d’action qui sera menée dans les gares wallonnes tout prochainement, qui sera la deuxième après celle lancée en novembre 2011. Plan : 1. La SNCB n’est pas un modèle d’efficacité de la gestion publique : un rapport d’audit accablant de la Cour des Comptes… 2. L’avenir du rail en Wallonie 2.1. Le plan d’investissements de la SNCB : les actes manqués de la gare de l’aéroport de Charleroi et des gares de triage, le projet démesuré de la gare de Mons… 2.2. La suppression des 193 trains : un déséquilibre au détriment de la Wallonie ; les conséquences en province de Luxembourg. 2.3. La clé 60/40 : avantageuse pour la Flandre 2.4. Les propositions 3. La sécurité du rail : la proposition novatrice des FDF 4. Notre campagne d’action 1
1. LA SNCB N’EST PAS UN MODÈLE D’EFFICACITÉ DE LA GESTION PUBLIQUE ; UN RAPPORT D’AUDIT ACCABLANT DE LA COUR DES COMPTES…. 1.1. Le rapport de la Cour des Comptes Cet audit réalisé par la Cour des Comptes, au 1er juin 2012 met à jour l'extrême complexité de l'organigramme SNCB, la concurrence larvée et le manque de communication entre les trois sociétés mères (SNCB-Holding, SNCB, Infrabel), la multiplication indue des filiales, et l'opacité contractuelle et financière qui en résulte: on n'est assurément pas dans une logique d'économies d'échelle et la collusion entre missions de service public et intérêts privés des filiales est totale (exemple: insécurité juridique liée à l'application de la réglementation sur les marchés publics); la SNCB paiera encore longtemps ses incuries passées en termes d'apurement de la dette (exemple: ABX). L'explosion des frais de consultance démontre également toute la difficulté du groupe SNCB d'être un groupe "attractif" sur le plan des ressources humaines. Procédons à une analyse de cet audit : a) Organisation du groupe SNCB et aperçu des principaux flux financiers - incapacité de la SNCB à jouer son rôle d'organe faîtier. - aucune des filiales SNCB n'assume une mission de service public, et a un statut de droit privé, ce qui pose problème selon la Cour des Comptes. - incapacité pour la SNCB Holding de produire les comptes consolidés SNCB Holding, Infrabel, SNCB et filiales dans un délai raisonnable. b) Maîtrise des risques au sein du groupe SNCB - complexité du processus de mise en place des SLA (Service Level Agreements) qui règlent les relations contractuelles entre les différentes sociétés du groupe SNCB. - exécution des SLA : exemple du nettoyage des 37 grandes gares (calcul des prix, marges réalisées). - concurrence au sein même du groupe: ainsi, Infrabel pourrait profiter de prix plus avantageux que ceux pratiqués par la SNCB-Holding ; prix trop élevé payé à la SNCB-Holding pour les bâtiments qu'elle occupe. - litiges multiples entre sociétés mères concernant la mise en œuvre des SLA - pierres d'achoppement en matière de gestion des ressources humaines. - problématique du respect par les filiales de la législation sur les marchés publics : La Cour des Comptes, met en exergue le fait qu'il y aurait lieu de considérer les filiales comme devant appliquer la réglementation sur les marchés publics ; la Cour invite le groupe SNCB à analyser rigoureusement la situation à cet égard. - la Cour pointe l'absence d'opportunité de créer une troisième société distincte pour le soutien informatique (Ypto, après Ictra et Syntigo). - risque des conséquences de la situation de la branche du fret de la SNCB, gérée par la SNCB-Logistics, sur la santé financière du groupe. 2
c) Dette financière du groupe SNCB dette financière historique et structurelle de la SNCB Holding (dossier ABX ) = ➥ entre 2005 et 2007, la dette financière nette consolidée est passée de 2 milliards 57 millions d’euros à 2 milliards 593 millions d’euros ; ➥ entre 2008 et 2011, elle est passée à 3 milliards 72 millions d’euros ; Extrait du rapport de la Cour des Comptes : « Après avoir constaté la situation financière préoccupante à partir de 2009 et le risque de s’écarter de plus en plus de la stabilisation de la dette, les trois sociétés se sont engagées, avec l’accord du ministre des Entreprises publiques, à stabiliser la dette financière nette au niveau consolidé à l’horizon 2012 et non au niveau fixé dans les contrats de gestion 2008/2012. Le consensus relatif à ces engagements a été rompu en 2011 et aucune nouvelle perspective commune n’a encore été soumise ». ➥ La dette historique d’ABX est passée de 1 milliard 210 millions d’euros au 1er janvier 2005 à 1 milliard 729 millions d’euros fin 2011 (soit une augmentation de 42.85%) ; Dominique Dalne, secrétaire général de la CSC Transcom, s’est d’ailleurs exprimé le 17 novembre dernier dans les colonnes de la Libre Belgique en évoquant un scénario de faillite de la SNCB orchestré par la NVA et l’Open VLD. Par ailleurs, il met en évidence le fait que l’Etat belge se dégage progressivement du groupe SNCB en l’obligeant à s’endetter à sa place, (avec un risque grandissant de régionalisation de l’opérateur qui serait profitable à la seule Flandre). d) Consultance au sein des sociétés du groupe SNCB - montant de 837,5 millions d'euros pour la période 2005/2011, avec hausse de 143 % entre 2005 et 2007 (page 182 in fine) - perspectives d'évolution des frais de consultance : tendance à la baisse chez Ictra, nécessité d'internaliser pour la consultance purement opérationnelle/ transfert de connaissances, évaluation du processus de consultance plus systématique. 1.2. Les propositions des FDF 1) Mettre en place une seule structure intégrée de direction, au détriment de la structure tricéphale actuelle (Infrabel, SNCB Holding et SNCB) plus lisible et efficace : c’est une question de volonté politique ! Or, la SNCB, avec l’appui du Gouvernement fédéral, maintenir coûte que coûte une structure à deux entités, à savoir l’opérateur SNCB et le gestionnaire de l’infrastructure Infrabel, exigée soi-disant par la Commission Européenne, alors que des pays voisins (Suisse, France, Allemagne) optent pour un modèle intégré, et que les Pays-Bas sont sur le point d’abandonner cette structure à deux niveaux, qui chez nous, se révèle chaotique, coûteuse, et non efficace. 3
En fait, le Gouvernement fédéral estime que le recours à une entité unique n’est plus envisageable, car la Commission européenne ferait peser la menace d’un recours contre la Belgique devant la Cour de Justice des Communautés européennes pour non-respect de la directive 2001/12/CE de l’Union européenne qui impose la séparation des entités assurant l’exploitation des services ferroviaires de celles chargées de gérer l’infrastructure. Or, actuellement, rien n’indique que cette insécurité juridique que fait planer comme une épée de Damoclès la Commission européenne serait effective et que par ailleurs le modèle à deux entités serait « ipso facto » synonyme d’une plus grande transparence en termes de gestion. En effet, dans le cadre d’une procédure contentieuse initiée par la Commission européenne à l’encontre de l’Allemagne et l’Autriche, l’avocat général de la Cour de Justice des Communautés européennes recommande le rejet des recours de la Commission contre ces deux pays qui ont adopté une structure holding. Selon l’avocat général dela CJCE, l’Union européenne n’impose pas de séparation stricte entre l’opérateur ferroviaire historique et le gestionnaire indépendant exerçant les fonctions dites essentielles (délivrance des licences, répartitions des sillons, fixation des redevances à payer par les transporteurs ferroviaires) et a donc conclu que la directive autorise le système intégré. Cette positon de l’avocat général, qui est très souvent suivi par la CJCE, remettrait en cause la structure bicéphale visant à se conformer au prescrit européen de la directive défendera par le gouvernement fédéral ; l’arrêt pourrait tomber début 2013. Les FDF rejoignent donc la position syndicale à cet égard. 2) Réduire de manière substantielle le nombre impressionnant de filiales (114 !) du groupe SNCB. 3) Mettre en place un Comité saelijn de monitoring de la dette composé de représentants du Ministre des Entreprises publiques, du SPF Mobilité, des entités SNCB, et des syndicats. 4) Plafonner les rémunérations et les bonus des dirigeants de la SNCB, et réduire de 50% les frais de consultance extérieure. 4
2. L’AVENIR DU RAIL WALLON 2.1. Le plan d’investissements de la SNCB : les actes manqués de la gare de l’aéroport de Charleroi et des gares de triage, le projet démesuré de la gare de Mons a) La gare de l’aéroport de Charleroi Le projet de la gare souterraine de l’aéroport de Charleroi , qui aurait pourtant été utile stratégiquement au redéploiement économique de la Wallonie, n’est pas formellement confirmé alors qu’en réponse à une question orale posée en Commission Infrastructure le 29 mai, le ministre des entreprises publiques avait assuré à Damien Thiéry que « s’agissant du raccordement de la gare de Gosselies au réseau ferroviaire, le projet sera intégré dans le plan d’investissement (…) Le Conseil d’administration de la SNCB Holding considère que l’engagement formel pour le raccordement de l’aéroport de Gosselies pris en 2005 au sein du Comité de concertation pour le raccordement de l’aéroport de Charleroi doit être honoré en l’inscrivant dans le plan pluriannuel ». En Commission de l’Infrastructure de la Chambre le 11 décembre dernier, le Ministre Magnette est resté évasif à une nouvelle question de Damien Thiéry sur le plan d’investigation : il a simplement mentionné qu’une enveloppe de l’ordre de 1.5 milliard d’euros serait prévue à partir de 2017 dans le projet de plan d’investissements (PPI) notamment pour réaliser le raccordement à l’aéroport de Gosselies. Parallèlement, l’on permet que le projet Diabolo, réseau ferroviaire entre l’aéroport de Zaventem et le reste du réseau belge, soit intégré dans les chiffres flamands de la clef 60/40 au niveau des investissements Nord/Sud : par voie de conséquence, plus de possibilité pour les Flamands de mettre en place de nouveaux projets mais ils bloquent également les investissements en Wallonie, sinon on dépassera la clef…. b) Les gares de triage La fermeture fin 2001 de la gare de triage de Ronet au bénéfice de celles de Muizen et d’Anvers-Nord est l’illustration de la stratégie flamande autour du port d’Anvers. Il n’est nullement garanti, contrairement à ce qui a été affirmé à l’époque par la SNCB-Logistics, filiale de la SNCB, que la gare de Monceau-sur-Sambre, à proximité de Charleroi, devienne une gare internationale de triage à l’instar d’Anvers, en remplacement de la fermeture de celle de Ronet, en province de Namur. Actuellement, ce projet est à l’arrêt, marqué par une baisse substantielle du volume marchandises par wagon et le ministre Magnette n’y a nullement fait allusion le 11 décembre dernier en Commission de l’Infrastructure. 5
c) Le Rhin d’Acier et le deuxième accès au port d’Anvers Le Rhin d’Acier, qui permet de rejoindre le sud de l’Europe par l’Allemagne et la Suisse, constitue une menace certaine pour la ligne de trafic marchandises Athus-Meuse car en cas de réalisation de ce projet, cette ligne perdra une bonne part de son attrait pour le trafic marchandises car le sillon est moins onéreux en Allemagne qu’en France. Le ministre Magnette a confirmé qu’outre le deuxième accès au port d’Anvers, l’Ijzeren Rijn est prévu dans l’enveloppe de 1.5 milliards d’euros du PPI : existerait-il cependant un deal entre le raccordement de l’aéroport de Charleroi et le développement du Rhin d’Acier ? Difficile à dire… d) La gare de Mons Le Ministre des Entreprises publiques, Paul Magnette, a tout récemment déclaré en Commission de l’Infrastructure de la Chambre (le 13 novembre dernier) que le coût total des travaux de la nouvelle gare de Mons serait de 150 millions d’euros au lieu des 37 millions d’euros, annoncés lors de l’appel à projets. Dans un contexte de crise, voire de récession économique, qui frappe dur dans en province de Hainaut, à l’heure où l’avenir du rail wallon paraît hypothéqué, on peut s’insurger contre le coût monstrueux de cette nouvelle gare. Celui-ci est une dépense de pur prestige, qui n’est aucunement justifié. La construction de la nouvelle gare n’offre à l’heure actuelle aucune garantie d’amélioration de l’offre ferroviaire, ni du service aux usagers SNCB, de surcroît dans le quartier de la place Léopold déjà rénové de multiples fois…. Les FDF demandent donc que le pragmatisme, l’efficacité de la gestion publique l’emportent sur les dépenses somptuaires et en conséquence demande : - le maintien des lignes, dont la suppression est envisagée dans le plan d’investissements au départ des gares de Ath, Charleroi, Erquelinnes, Mons, Saint-Ghislain, ou Tournai ; - le recalibrage du budget afférent à la construction de la nouvelle gare de Mons ; - l’affectation réelle des moyens à la mobilité, dans une région où l’on constate plus particulièrement des déficits en places de parkings disponibles dans certaines gares, comme par exemple celle de Jurbise ; En fait, ce projet, qui aurait un ratio de coût de 17500 euros par voyageur (au regard du budget total estimé de 150 millions d’euros divisé par le nombre de voyageurs journaliers montants à Mons de 8556), comprend plus largement quatre volets : ➥ la gare ferroviaire (la gare passerelle et l’infrastructure ferroviaire) ➥ la gare routière (les quais de bus, de taxis, de dépôt-minute qui sont intégrés dans la gare) ➥ deux parkings souterrains ➥ leurs accès et leurs abords 6
Certes, on peut effectivement objectiver que le coût de la gare de Mons ne peut se mesurer au seul nombre de passagers actuel mais cependant, ne doit-on pas s’interroger sur les véritables motivations de la rénovation totale de cette gare dans une ville, qui est celle du Premier ministre et bourgmestre empêché, Elio Di Rupo, à savoir : - par la rénovation de la gare, réaliser le rêve d’Elio Di Rupo : relier le centre- ville au quartier des Grands Prés ; - fournir à la ville de Mons, capitale européenne de la culture en 2015, un écrin de passage prestigieux. Dans ce contexte, est-ce que l’offre ferroviaire, après que la nouvelle gare de Mons soit devenue opérationnelle, sera pour autant améliorée ainsi que la mobilité, qui doivent être pourtant deux impératifs essentiels d’un service public ferroviaire ? Il est permis d’en douter…. e) La filiale informatique de la SNCB –Holding uniquement en Flandre Le nouveau datacenter de Syntigo, la filiale informatique de la SNCB-Holding, a été inauguré à Muizen, près de Malines, à la mi-septembre, et fournira de nombreux services d’hébergement et d’applications ICT à des clients privés extérieurs à la SNCB. Il n’existera manifestement pas de pendant ICT côté wallon et en contrepartie devrait être installé dans la région de Charleroi un nouvel atelier d’assemblages des aiguillages, ce qui ne concerne pas la plus-value du développement d’un secteur ICT. 2.2. La suppression des 193 trains : un déséquilibre au détriment de la Wallonie ; les conséquences en province de Luxembourg En octobre 2011, la SNCB décidait de supprimer 193 trains (170 liaisons classiques et 23 liaisons transfrontalières). Ce 9 décembre 2012, ces mesures sont en vigueur. Proportionnellement, et au vu du caractère plus étendu du territoire (le réseau ferroviaire est à 47 % sur le territoire wallon), la Wallonie est touchée à hauteur de 100 trains sur 193, au départ ou à l’arrivée d’une gare wallonne, par rapport à la Flandre. La répartition en serait la suivante : - gare wallonne /gare wallonne: 67 trains - gare néerlandophone/gare néerlandophone : 61 trains - gare néerlandophone/gare bruxelloise : 13 trains - gare wallonne /gare bruxelloise : 1 train - gare bruxelloise/gare wallonne : 3 trains - gare bruxelloise/gare néerlandophone : 15 trains - gare wallonne/ gare étrangère (Pays-Bas, France, Allemagne) : 12 trains - gare étrangère/gare wallonne : 11 trains - gare étrangère/gare néerlandophone : 3 trains - gare néerlandophone/gare étrangère : 2 trains - gare wallonne/ gare néerlandophone : 5 trains 7
De surcroît, la décision du groupe Thalys de suspendre jusqu’à mi-mai la circulation de ses trains sur la dorsale wallonne (Liège-Namur-Charleroi-Mons-Paris) est également préoccupante. Ce qui pose question dans ce dossier de suppression des trains, c’est l’absence de réelles alternatives en termes de mobilité, pour les quelques 3000 navetteurs concernés par ces trains, à cet égard, et la situation peut être considérée comme délicate en province de Luxembourg. On ne peut invoquer uniquement la justification liée au fait que la SNCB assumerait un transport de masse pour opérer cette suppression : on dénature la notion même de service public. 2.3. La clé 60/40 : avantageuse pour la Flandre a) Pour les investissements, c’est la clé budgétaire « historique » 60/40 qui est d’application entre la Flandre et la Wallonie. b) Si elle correspond certes à une réalité démographique, elle ne correspond pas à la réalité du réseau ferroviaire qui est à 47% en territoire wallon et méconnaît la réalité du réseau ferroviaire bruxellois. c) Dans l’accord institutionnel du 11 octobre 2011 pour la sixième réforme de l’Etat, il est ainsi question que « (…) Après que le Fédéral ait adopté un plan d’investissement pluriannuel (PPI) doté de financements suffisants et respectant la clé 60/40, les Régions pourront apporter un financement additionnel pour l’aménagement, l’adaptation ou la modernisation des lignes de chemin de fer. Ce financement additionnel des Régions devra respecter une proportionnalité par rapport au financement fédéral. Cette proportionnalité sera fixée par un accord de coopération obligatoire entre le Fédéral et la ou les Régions concernées ; lequel conditionnera donc le financement additionnel régional. d) (…) Les Régions seront représentées dans les CA des entités du groupe SNCB. e) Au sein de la SNCB, sera créée une structure dans laquelle les trois Régions et le fédéral seront représentés pour gérer ensemble l’exploitation du RER (Réseau Express régional ) ». f) Cinq réflexions peuvent d’ores et déjà être formulées : 1. Qu’en est-il de la validité de cette clé 60/40, bétonnée dans l’accord institutionnel (nouvelle victoire flamande), au regard de la réalité démographique citée ci-dessus ? 2. Quelles sont les garanties selon lesquelles les quatre projets cités par le ministre Magnette à la Chambre le 11 décembre dernier et pour lesquels une enveloppe d’1 milliard 500 millions d’euros est prévue dans le PPI, pourront être conjointement exécutés, à savoir : - le raccordement ferroviaire de l’aéroport de Charleroi - la jonction Nord-Midi - le deuxième accès au port d’Anvers - l’Ijzerein Rhin 3. Quelles sont les garanties disposons-nous à l’égard de la Région flamande, qui sera certainement en mesure de mettre des moyens budgétaires additionnels pour réaliser ses projets, dans l’attente d’un éventuel accord de coopération, au détriment de la Région wallonne, désargentée ? Dans cette hypothèse, la clé 60/40 bloquera les investissements en Wallonie…. 8
4. La représentation des Régions au sein des instances dirigeantes de la SNCB ne préfigure-t-elle pas la possible future régionalisation de la SNCB ? 5. Quels sont les temps opératoires et les moyens budgétaires pour finaliser le RER à l’horizon 2020 ? 2.4. Les propositions 5) Mettre en place au niveau du Parlement wallon (avec des représentants de la Région bruxelloise) une véritable Commission Wallonie-Bruxelles du Rail afin de réfléchir sur les enjeux d’avenir du secteur ferroviaire ; le rail est un vecteur de développement économique de la Wallonie. 6) Moderniser l’axe Bruxelles-Luxembourg (lignes 161 et 162). 7) Rétablir les lignes suivantes en province de Luxembourg (Marloie-Liège ; Gouvy-Liège ; Bertrix-Libramont ; Athus-Arlon) et faire une étude sérieuse quant à la rentabilité d’autres lignes supprimées dans les autres provinces. 8) Renforcer la mobilité en réseau, c'est-à-dire de rendre compatible l’offre de trains au départ des gares avec d’autres modes de transport, surtout en ce qui concerne les lignes qui sont supprimées. Actuellement, très peu d’alternatives sont proposées en termes de transport public par rapport aux 193 lignes supprimées. 9) Réaliser impérativement le raccordement ferroviaire de l’aéroport de Charleroi à l’horizon 2017 et le renforcement des investissements pour la gare de triage de Monceau-sur-Sambre. 3. LA SÉCURITÉ DU RAIL : UNE PROPOSITION NOVATRICE DES FDF 10) Instituer un contrôle permanent et indépendant de la sécurité des infrastructures publiques à caractère fédéral, pour parvenir à une meilleure garantie du respect de la sécurité des personnes, à plus de coordination et d’efficacité et pouvant soumettre dans cette mesure aux autorités responsables des conclusions sur la politique à suivre. Le contrôle de la sécurité des infrastructures publiques constitue dans un pays démocratique une mission importante d’un Etat de droit. La catastrophe ferroviaire de Buizingen du 15 février 2010 a mis en lumière assurément, des défaillances en matière de fonctionnement de la sécurité des infrastructures ferroviaires. Dans le cadre de l’institution le 25 février 2010 par la Chambre des représentants, d’une commission spéciale chargée d’examiner les conditions de sécurité du rail en Belgique, il a été demandé à la Cour des Comptes de contribuer à l’examen parlementaire des conditions de sécurité du rail, par un rapport d’information établi sur la base des documents et informations auxquels elle a accès en vertu de ses compétences de contrôle. 9
Dans sa contribution d’août 2010, la Cour des Comptes met plus particulièrement en avant les éléments suivants : « En raison de sa situation géographique au cœur de l’Europe, la plus grande part du réseau belge est appelée à être équipée d’un système de contrôle –commande et signalisation conforme aux standards européens ERTMS. Pour la Cour des Comptes, les aspects suivants posent question : - la stratégie d’Infrabel et de la SNCB en matière d’équipements de protection automatique des trains. - la coordination entre le déploiement de cet équipement sur l’infrastructure et sur le matériel roulant appelé à y circuler - le statut précaire du système TBL+1 au regard des normes européennes , alors que celui-ci constitue pour le réseau belge le principal vecteur de sécurisation des trains au franchissement de signaux en situation de danger (….) » « De manière générale, la Cour des Comptes constate que la sécurité ferroviaire n’a pas fait l’objet d’objectifs en termes de résultats dans les contrats de gestion conclus entre l’Etat et les sociétés du groupe SNCB. Lors de l’élaboration des contrats de gestion 2008-2012, la plupart des dispositions concernant la sécurité ferroviaire n’ont plus été reproduites, au motif que celle-ci fait l’objet de dispositions légales et réglementaires depuis la loi du 19 décembre 2006 ». Les FDF estiment que le renforcement du contrôle et de l’examen de la sécurité ferroviaire peut être rendu plus efficient par la création d’un véritable organe de contrôle véritablement indépendant En effet, pour ce qui a trait par exemple aux infrastructures du rail, a été mis en place au sein du Service Public fédéral Mobilité et Transports, le service de sécurité et d’interopérabilité des chemins de fer (SSICF) qui constitue l’autorité nationale de sécurité ferroviaire. Certes, il s’agit d’un organe de contrôle à caractère hiérarchique, exercé par ou pour les besoins des autorités responsables, mais il s’agit d’un contrôle interne exercé au sein même du SPF Mobilité et Transports. A cet égard, les conclusions de la Commission spéciale chargée d’examiner les conditions de sécurité du rail en Belgique à la suite du dramatique accident survenu à Buizingen, ont mis en évidence notamment, au titre de recommandation, que « 5.5. Dans le paysage ferroviaire actuel, tous les acteurs doivent jouer le rôle tel que prévu par la réglementation. A cet effet, tous les liens contractuels maintenant une certaine indépendance doivent être coupés. Il convient de supprimer, progressivement, tous les liens contractuels existant entre les membres du personnel du SSCIF et l’organe d’enquête, d’une part, la SNCB Holding, d’autre part ». Certes, dans sa recommandation 5.11, la Commission spéciale indique que « la Safety Platform (lieu de rencontre entre Infrabel, l’opérateur SNCB, et les opérateurs 10
privés, le SPF, et le SSCIF) doit devenir un véritable organe de gestion de la sécurité ferroviaire sous la direction du SSCIF. Ceci doit permettre au SSCIF d’être davantage présent dans le paysage ferroviaire et d’assurer un rôle d’accompagnateur et d’assistant de procédure ». Certes, l’audition devant la Commission Buizingen, du responsable de l’Organisme d’Enquête pour les Accidents et Incidents Ferroviaires (Doc.parl. Chambre 53) 0444/010) ,mis en place en exécution de l’arrêté royal du 22 juin 2011, a permis d’éclairer encore davantage les circonstances de cette catastrophe. L’enveloppe prévue dans le plan d’investissements pluriannuel 2013/2025 (PPI) validé par la SNCB-Holding fin novembre dernier de l’ordre de 5 milliards 228 millions d’euros pour la sécurité ferroviaire nécessite l’établissement de plans d’action et de mesures concrètes en collaboration avec les opérateurs, qui est une tâche du SSICF, l’instance nationale de sécurité. Mais il apparaît aux FDF qu’on doit véritablement se diriger vers un organe de contrôle parfaitement indépendant des structures SNCB. Le 14 décembre 2011, la Commission spéciale a organisé une audition relative au rapport annuel 2010 du Service de sécurité et d’interopérabilité des chemins de fer (SSICF) (Doc.parl 53, 044/009). Le directeur du SSICF, André Latruwe a constaté que « Laisser à des instances externes le soin de décider des procédures opérationnelles à mettre en œuvre n’est pas une bonne idée : Infrabel et la SNCB doivent résoudre elles-mêmes les problèmes dont elles sont responsables. On peut néanmoins demander éventuellement à des instances externes spécialisées d’effectuer des analyses de risques, afin de permettre aux entreprises ferroviaires de prendre les décisions adéquates en connaissance de cause ». Dans cette mesure, et de manière structurelle, il faut une instance de sécurité dépendant du Parlement fédéral, comme c’est le cas aux Pays-Bas, qui définit ses missions et fixe son enveloppe budgétaire, qui sera la mieux placée pour exercer le contrôle, et qui puisse disposer de moyens suffisants pour assurer le contrôle de la sécurité non seulement des infrastructures ferroviaires, mais de manière plus générale de toutes les infrastructures dont le contrôle incombe actuellement aux autorités fédérales (aéroport de Bruxelles National, centrales nucléaires, établissements scientifiques fédéraux, palais de justice, gares, sièges des services publics fédéraux centralisés et décentralisés….). L’objectif de la proposition de loi est d’instituer un organe de contrôle permanent et indépendant de la sécurité des infrastructures publiques à caractère fédéral, qui n’aurait pas pour rôle de se substituer aux instances de contrôle existantes relatives à la sécurité des bâtiments et infrastructures à caractère fédéral. Il s’agit d’un contrôle, institué en particulier pour parvenir à une meilleure garantie du respect de la sécurité des personnes, à plus d’efficacité et à une meilleure coordination et pouvant, dans cette mesure, soumettre aux autorités responsables des conclusions sur la politique à suivre. 11
Ce contrôle devrait permettre assurément aux autorités responsables de mieux appréhender la réalité et de mieux comprendre le fonctionnement et les problèmes éventuels rencontrés par les services de sécurité. Ce Comité ainsi créé sera appelé à collaborer activement avec l’Autorité Nationale de sécurité (ANS) qui est l’autorité collégiale compétente pour délivrer ou retirer les habilitations, les attestations et les avis de sécurité ; composée de représentants de plusieurs autorités fédérales, elle est présidée par le SPF Affaires Etrangères. Ce contrôle complète par conséquent le contrôle interne existant sur les services de sécurité bâtiments et infrastructures publiques incombant à l’Etat fédéral par chaque autorité compétente. Les autorités disposeront ainsi d’un organe indépendant qui jouira de davantage de crédibilité et d’autorité. Cet organe de contrôle n’a donc pas pour finalité de se substituer au contrôle parlementaire, ni au contrôle par les ministres ou les autorités administratives et judicaires responsables : il s’agit dès lors d’une institution qui constitue un complément utile et nécessaire aux systèmes de contrôle parlementaire et hiérarchique. Pour que cet organe de contrôle puisse assumer, il doit, selon les FDF, pouvoir répondre aux critères suivants : 1. Le principe d’indépendance : le contrôle doit donc être exercé par un organe externe aux services de sécurité. 2. Le principe de permanence : le contrôle doit être exercé de façon permanente afin de l’intégrer dans la pratique des services. 3. Le principe d’efficacité : les membres de l’organe de contrôle doivent disposer de suffisamment d’autorité et de moyens nécessaires pour procéder à des investigations approfondies. Ce contrôle doit être crédible pour les services internes existants qui sont en droit d’attendre une maîtrise de ce nouvel organe, ainsi qu’une action positive sous forme d’avis et de recommandations. De fait, les plaintes qui sont fondées doivent pouvoir aboutir à des propositions de modification de l’organisation et des procédures. 4. Le principe de publicité : l’exercice du contrôle devra se faire de manière totalement transparente, tant sur le plan des suites qui sont données aux plaintes des particuliers, que sur le plan des conclusions générales. A cet égard, la confiance de l’opinion publique sera également renforcée par la publicité qui sera donnée au caractère non fondé de certaines plaintes, ce qui mettra fin aux rumeurs selon lesquelles la sécurité aurait été prise en défaut. Il convient toutefois qu’un juste équilibre soit instauré entre la nécessité d’une transparence et le caractère confidentiel : les résultats des enquêtes seront rendus publics dans toute la mesure du possible mais les données dont la publication pourrait nuire aux services de sécurité devront rester confidentielles. 12
5. Le principe de spécificité : le nouveau système de contrôle ne peut pas se substituer aux contrôles et inspections existants organisés par les autorités hiérarchiques. 6. Le principe de légalité : le système de contrôle est créé par une loi, qui en définit les modalités d’organisation et de fonctionnement. Afin de garantir l’indépendance à cet organe de contrôle, les FDF proposent que les membres de cet organe, sans qu’ils soient parlementaires eux- mêmes, soient nommés par la Chambre des représentants et que cet organe soit rattaché à celle-ci. Cet organe ne constitue pas une commission parlementaire. Les FDF proposent donc la création d’un Comité S, Comité pour l e contrôle de la sécurité des infrastructures publiques dont la responsabilité incombe aux autorités fédérales, (infrastructures ferroviaires, aéroport de Bruxelles- National, organisation de sommets européens, sécurité de tous les bâtiments relevant de l’Etat fédéral : Parlement fédéral, établissements scientifiques fédéraux, sièges des services publics fédéraux et parastataux centralisés et décentralisés, gares,…). Le Comité S est composé de cinq personnes spécialisées dans le domaine de la sécurité (ingénieurs, architectes….) pour lesquelles un certain nombre d’incompatibilités sont prévues afin de garantir leur indépendance. Ce contrôle doit répondre à deux objectifs fondamentaux : - le respect de la sécurité des personnes - la garantie et l’efficacité des services de sécurité. Sa mission d’initiative, soit sur demande de la Chambre des représentants, du Sénat, ou du ministre compétent, consisterait en un contrôle sur les dispositifs de sécurité mis en œuvre à différents niveaux notamment par la SNCB, à l’aéroport de Bruxelles-National, dans la sécurisation des infrastructures et des bâtiments publics fédéraux. Ce contrôle ne porterait ni sur les autorités judiciaires (juges, magistrats du ministère public) ni sur les actes accomplis par celles-ci dans le cadre de l’action publique, ni sur les missions de police administrative exercées par les gouverneurs de province, commissaires d’arrondissement et les bourgmestres. Ce contrôle serait organisé sans préjudice des contrôles et inspections organisés par ailleurs (exemple : Autorité Nationale de Sécurité). Le Comité S remet à la Chambre des représentants et au Sénat un rapport relatif à chaque enquête ; ce rapport est confidentiel jusqu’à sa communication à la Chambre des représentants. Il a le droit de se faire communiquer tous documents nécessaires à sa mission. Il traite les plaintes qu’il reçoit en termes de fonctionnement, d’action, ou d’abstention des services compétents : chaque individu qui est directement concerné par une carence en matière de sécurité d’une infrastructure à caractère fédéral peut porter plainte ou faire une dénonciation. 13
Le Comité S n’aurait pas pour but principal de constater, dans ce cadre, des faits individuels à sanctionner : ce rôle demeure de l’entière compétence des autorités judiciaires et disciplinaires ; le but de ce contrôle est bien plutôt de constater les imperfections et dysfonctionnements des systèmes de sécurité et de formuler des propositions afin d’y remédier, au législateur. Il remet un rapport : - annuellement un rapport général d’activités avec des recommandations - à chaque fois qu’il l’estime utile ou à la demande de la Chambre des représentants ou du Sénat, par un rapport intermédiaire. - lorsque la Chambre des représentants ou le Sénat lui a confié une enquête. - lorsqu’au terme d’un délai qu’il estime raisonnable, il constate qu’aucune suite n’a été donnée à ses conclusions. 4. NOTRE CAMPAGNE D’ACTION Après une première campagne menée en novembre 2011, une nouvelle campagne de sensibilisation à l’égard des usagers wallons de la SNCB sera menée par les cinq fédérations provinciales wallonnes des FDF dès cette mi-décembre. 14
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