L'engagement bénévole des seniors : une implication réfléchie ! - France Bénévolat
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L’engagement bénévole des seniors : une implication réfléchie ! Dominique Thierry n janvier 2015 Président National de France Bénévolat Editio Etude menée par France Bénévolat, avec le soutien de la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse
SOMMAIRE Introduction 01 La place des seniors dans le bénévolat 02 Les enjeux d’une plus grande implication des seniors dans le bénévolat 03 Les conditions d’une bonne transition travail / retraite 04 Les différents types de transition travail / retraite 05 Les processus d’actions recommandés Conclusion Annexes • Bibliographie sélectionnée • Recommandations de France Bénévolat à son propre Réseau • Nouveaux retraités : « Les questions que vous vous posez peut-être »
Introduction D ès octobre 2004, France Bénévolat avait publié une première étude : « Retraite et bénévolat : les enjeux d’une transition réussie entre le travail et la retraite ». Cette étude était inspirée de la publication à venir d’un ouvrage dirigé par D. Thierry : « L’entrée en retraite : nouveau départ ou mort sociale ? » (Editions Liaisons Sociales 2006). Depuis cette date, France Bénévolat a multiplié les initiatives et les expérimentations de terrain pour faire comprendre la spécificité de l’engagement bénévole des retraités. En octobre 2007, nous avons publié un nouveau document tenant compte de ces enseignements et animé un colloque inter associatif sur ce thème. Trois ans plus tard, en 2010, il nous a paru important de revisiter cette dernière édition pour à la fois tenir compte de nouveaux enseignements de terrain et intégrer des résultats quantitatifs tirés d’une enquête menée par l’IFOP pour le compte de France Bénévolat auprès d’un échantillon de 2 107 personnes, représentatif des Français de 15 ans et plus, dont les plus de 50 ans. En 2013, nous avons renouvelé l’enquête, toujours avec l’IFOP et l’appui du Crédit Mutuel, auprès d’un échantillon supérieur des plus de 50 ans. Nous disposons maintenant de comparaisons fiables avec un début de série. Cette édition 2015 de l’étude intègre les dernières données et de nouveaux enseignements de terrain. Pour bien manifester l’intérêt qu’elle porte à ce sujet, la CNAV (Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse) a décidé d’en assurer le tirage. Nous sommes aujourd’hui convaincus que les retraités ne s’engageront pas davantage dans le bénévolat associatif, si, en amont, des dispositifs d’accompagnement individuels ou collectifs, solides, ne sont pas mis en place. La réflexion sur l’engagement bénévole – et donc les choix individuels – ne peut se situer qu’au sein d’une réflexion plus globale sur le choix du nouveau Projet de Vie. Au-delà de ses analyses, de sa capitalisation de « bonnes pratiques » et de ses pistes opérationnelles, ce nouveau document, rédigé après une démarche de recherche / action, vise à développer une réflexion collective entre organismes de retraites et « associations de seniors » pour que des processus et des actions adaptés soient généralisés. Il suggère aussi que les entreprises mettent en place de vrais processus de préparation à la retraite, en particulier dans le cadre de l’obligation légale de négocier des accords collectifs sur la gestion des seniors. Que toutes les personnes qui ont accepté d’expérimenter avec nous depuis 10 ans en soient remerciées ! Sans elles, aucun enseignement ne pourrait être tiré, aucune pratique nouvelle et innovante n’aurait été mise en place1. 1 Citons en particulier : la CNAV, le PRIF Ile-de-France, AGIR abcd, ECTI, OTECI, l’Association des Bénévoles SNCF, GENERALI,… Etude Seniors et bénévolat - janvier 2015 3
La place des seniors dans le bénévolat O n sait que les seniors jouent un rôle très important dans le bénévolat, notamment dans l’exercice de responsabilités au sein des associations, mais également au sein d’autres formes de citoyenneté telles que les Conseils Municipaux, bénéficiant de l’expérience qu’ils ont accumulée et, en principe, d’une disponibilité importante. Cette place n’est toutefois pas si évidente et le passage à une retraite active se joue dans un processus de remaniement identitaire, plus ou moins facile, en fonction de 3 facteurs clés : les conditions de la transition travail / retraite, la gestion de la dernière partie de carrière professionnelle et les ressources identitaires accumulées et mobilisables (« le capital social individuel »). L’engagement des seniors par rapport à l’ensemble de la population L’étude France Bénévolat – IFOP – Crédit Mutuel Deux facteurs peuvent expliquer l’« effet loupe » de 2013 compte 12,7 millions de bénévoles dans qui tendrait à faire croire qu’il n’y a que des seniors une structure associative soit 24 % de la population dans les associations : de plus de 15 ans (40 % si on intègre toutes les formes • Plus de 50 % des responsables associatifs de bénévolat)2. sont des retraités (nécessité de disponibilité On note que 36 % des plus de 65 ans sont de temps pour des responsabilités de plus bénévoles dans une association (environ 50 % en plus lourdes et complexes). sur toutes les formes de bénévolat). • Les bénévoles « très réguliers » sont souvent des retraités (environ 2 000 000 Ainsi, trois bénévoles sur dix ont plus de 65 ans. bénévoles qui constituent en quelque sorte Donc contrairement aux idées reçues, les seniors l’ossature des associations). ne sont guère surreprésentés dans le bénévolat associatif. Tranches Estimations globales Pourcentage d’âges du bénévolat associatif de la génération Ensemble 12 700 000 24,6 % de la population (de 15 ans et plus) 15 / 35 ans 3 300 000 21 % 35 / 64 ans 5 500 000 21,8 % Plus de 65 ans 3 900 000 36,6 % Source : Etude France Bénévolat-IFOP-Crédit Mutuel de 2013 2 L’enquête de 2013 compte 20,9 millions de bénévoles dont 12,7millions dans une association, 4,2 millions dans une autre organisation (syndicale, politique ou religieuse) et 9,7 millions dans un bénévolat direct de proximité hors famille ou structure associative. Source : Etude France Bénévolat-IFOP-Crédit Mutuel de 2013 à consulter sur www.francebenevolat.org/documents Etude Seniors et bénévolat - janvier 2015 4
01 Le taux d’engagement des seniors progresse moins vite Tranches Estimations globales Progession d’âges du bénévolat associatif de 2010 à 2013 Ensemble 12 700 000 + 12 % de la population (de 15 ans et plus) 15 / 35 ans 3 300 000 + 32 % 35 / 64 ans 5 500 000 + 10 % Plus de 65 ans 3 900 000 +5% Deux enquêtes similaires effectuées en 2010 de départ à la retraite ; et 20133 permettent de montrer que globalement • la concurrence avec la solidarité familiale, le bénévolat associatif est en forte progression extrêmement forte en France, et / ou (+12 %). A noter que c’est pour la tranche d’âge la nécessité de compenser la faiblesse des plus de 65 ans que la progression est la plus des pensions avec des « petits boulots » faible (seulement 5 %). (La CNAV estime que 900 000 retraités Nous pouvons avancer trois hypothèses pour travaillent et ce chiffre a tendance expliquer cette faible progression, à ce stade à augmenter). sans trancher : Ce résultat doit interpeller l’ensemble du secteur • il est plus difficile de progresser quand associatif. France Bénévolat, avec ses partenaires le taux est déjà élevé (loi des rendements sur l’engagement des seniors, réfléchit aux décroissants) ; méthodes de promotion du bénévolat qui doivent • l’impact du durcissement des conditions être adaptées à cette tranche d’âge. 3 Sources : Etude France Bénévolat-IFOP-Crédit Mutuel de 2010 et 2013, à consulter sur www.francebenevolat.org/documents Etude Seniors et bénévolat - janvier 2015 5
Les enjeux d’une plus grande implication des seniors dans le bénévolat, en particulier dans le bénévolat associatif Un contexte en pleine évolution Compte tenu de l’évolution démographique globale des dispositifs de maintien à domicile, et du poids grandissant « des seniors » dans la nécessité de trouver des formes de solidarité la population totale, l’enjeu que représentent et de coopération intergénérationnelles le maintien, voire la progression, des seniors qui ne soient pas « qu’imposées » dans le bénévolat est considérable. En effet (au sens des impôts), la nécessité ces derniers peuvent être une réponse aux de repenser l’urbanisme, l’aménagement besoins illimités des associations en matière des logements, les transports… de personnes engagées dans le bénévolat La place des retraités dans la vie associative, associatif. les conditions auxquelles ils accèdent au bénévolat et leur mode de relation LES ENJEUX COLLECTIFS aux responsabilités et au pouvoir constituent Nous allons connaître, dans les 50 ans à venir, donc des enjeux forts à la fois pour eux des bouleversements démographiques jamais et pour la vie associative, et plus globalement connus dans l’histoire de l’humanité, autour pour le renforcement du lien social, puisque de la conjonction d’au moins quatre phénomènes : l’on peut considérer que la qualité et l’intensité de la coopération intergénérationnelle sont 1. Le départ important des « baby-boomers » d’excellents baromètres de l’état du lien à la retraite, des années 2005 à environ social et de la solidarité. 2015 : ceci va entraîner une augmentation importante du nombre des jeunes retraités, En particulier ce besoin de solidarités nouvelles a priori en pleine forme physique ; va s’exprimer à la fois au sein des familles 2. Le besoin de reconnaissance sociale et à l’extérieur, localement. Ceux qu’on a d’un groupe qui va représenter de l’ordre appelé « les baby-boomers », maintenant du tiers de la population totale ; « papy-boomers », vont se retrouver dans une position de génération charnière, 3. Un rééquilibrage entre la population « active » particulièrement interpellée. Ceux-ci ont eu et la population « inactive », puisque nous de fait toutes les chances : la fin de la guerre, allons progressivement vers un ratio de un le plein emploi, l’ascenseur social, l’accumulation pour un, avec évidemment des tensions du capital, la progression de l’espérance sur les systèmes de protection sociale, tant de vie, des retraites précoces et des niveaux de retraites que d’assurance maladie ; de retraite « en moyenne » confortables. 4. Une augmentation importante du nombre La génération suivante a connu ou connaîtra des personnes très âgées. Les « 75 + » sont des situations nettement moins favorables : la fin aujourd’hui 5 millions, ils seront 10 millions en de l’ascenseur social, les difficultés de l’insertion 20354. De plus en plus de familles vont être professionnelle (« la galère »), le remboursement composées de quatre générations, parfois de la dette publique, des retraites plus tardives cinq. Conséquences : le développement et vraisemblablement moins confortables... 4 INSEE 2005 Etude Seniors et bénévolat - janvier 2015 6
02 L’une des grandes composantes du Pacte D’ailleurs, le terme travail a dérivé Républicain est l’invention, au XIX° siècle progressivement au XIX° siècle vers une du système des retraites par répartition et assimilation à emploi rémunéré. Du coup, on se de la solidarité monétaire entre les générations. sait plus bien faire la différence entre « emploi », Il convient de rappeler qu’à cette époque « travail » et « activité ». Le BIT recommande l’espérance de vie à la naissance était que trois formes de travail soient identifiées, inférieure à 60 ans et il n’est d’ailleurs pas distinguées et comptabilisées : « le travail certain que Beveridge et Bismarck auraient eu rémunéré », « le travail bénévole » et « le travail le même courage politique s’ils avaient imaginé domestique ». Pour mémoire, en France, pour les bouleversements démographiques du XXI° le moment, , sont considérés comme « actifs » ceux siècle ! qui ont un emploi rémunéré… et les demandeurs d’emploi ! On peut faire l’hypothèse que, sauf à imaginer des tensions intergénérationnelles fortes, Il est clair que le remaniement identitaire qui le Pacte Républicain devra se renouveler se produit à l’occasion de l’entrée en retraite avec probablement une diminution des termes passe par l’identification de nouvelles sources strictement monétaires, au profit de termes de reconnaissance sociale -moins directement plus qualitatifs et locaux, avec un égal liée au statut social- qui peuvent se situer, soit équilibre de droits et de devoirs pour toutes dans la sphère privée et familiale (la place des les générations. grands-parents notamment), soit dans la sphère publique (le bénévolat, qu’il soit associatif Dans ce contexte, il convient, de notre point de ou électif)…ou encore mieux dans les deux ! vue, de dire clairement aux nouveaux retraités que la société a besoin d’eux, qu’ils ne sont pas En conclusion, on pourrait donc dire que çà que des consommateurs et qu’ils peuvent être tombe bien : la Société a besoin des retraités la clé de voûte du « vivre ensemble ». et les retraités ont besoin de rester actifs ! Mais, il y aura de fait une sorte de concurrence Mais pour cela, la Société doit tenir un discours entre les formes de solidarité dans lesquelles positif à l’égard des seniors. C’est ce que les seniors s’engagent : recommandait l’excellent rapport du Conseil Economique, Social et Environnemental • solidarité intrafamiliale, avec cette position (« Seniors et Cité » Rapporteure : Monique de génération charnière (certains disent Boutrand, Mars 2007). « sandwich » !) à l’égard des ascendants, des enfants, des petits-enfants ; Ces enjeux individuels ne se situent pas tout • solidarité de proximité : les voisins, l’entourage à fait dans les mêmes termes, en fonction des immédiat,… grands paramètres sociologiques : vie seule ou en couple, homme ou femme, ouvrier / • le bénévolat institué : en priorité bénévolat employé ou cadre. Nous reviendrons plus loin associatif, mais aussi dans d’autres sur ces paramètres quand nous aborderons organisations (conseils municipaux, conseils les conditions d’une bonne transition. de quartiers…). LES ENJEUX INDIVIDUELS Le besoin d’être « actif » pour un retraité répond à un double enjeu, de santé mentale et de santé physique, appelé maintenant par les Institutions de retraite : « la prévention sociale globale». 3 Sources : Etude France Bénévolat-IFOP-Crédit Mutuel de 2010 et 2013, à consulter sur www.francebenevolat.org/documents Etude Seniors et bénévolat - janvier 2015 7
La spécificité des retraités Un besoin d’utilité sociale « ce sont des actifs sociaux à part entière ». Dans toutes les enquêtes menées auprès Le bénévolat, un moyen de retraités, la grande majorité des interviewés pour « bien vieillir » exprime le besoin d’avoir des activités socialement reconnues, de « servir à quelque Si le bénévolat est une activité utile à la Société, chose ». C’est même souvent le choix et la mise l’expérience de France Bénévolat montre qu’il en œuvre de ces nouvelles activités, au sein l’est aussi pour le bénévole lui-même. Faire du d’un nouvel équilibre de vie, qui marquent la fin bénévolat permet à un retraité de se sentir utile, du « deuil social » du travail rémunéré. mais aussi de sortir de chez lui, de rencontrer Ce réinvestissement est d’autant plus facile que de nouvelles personnes, de s’épanouir dans de la personne s’est constitué dans son parcours nouveaux projets… et plus globalement de rester de vie un capital de lien social, en dehors même en bonne santé. Sur ce sujet, nous pouvons citer des relations professionnelles. Faute de l’avoir un passage d’une note du Centre d’Analyse fait suffisamment avant le départ, c’est tout Stratégique6: un retissage qui est à faire. « Sur le plan individuel, l’existence d’un lien L’implication des retraités dans des activités direct entre la pratique d’une activité bénévole socialement utiles a donc un double effet positif : et l’amélioration du bien-être physique et • pour eux, par le maintien ou le retissage psychologique a été mis en évidence par de liens sociaux, cela contribue à développer plusieurs recherches menées aux États-Unis, au ce que les institutions de retraite appellent Canada ou aux Pays-Bas – même si le lien de désormais « la prévention sociale globale » ; causalité peut parfois être difficile à établir. Chez les seniors en particulier, les bénévoles auraient • pour la collectivité, par les effets de la solidarité, un taux de mortalité et de dépression plus faible et tout particulièrement de la solidarité et de meilleures capacités fonctionnelles. Une intergénérationnelle, au travers du bénévolat étude française réalisée par des sociologues et associatif. des professionnels de santé au sein du Centre Quand les bénévoles témoignent, on retrouve d’étude et de recherche sur la Philanthropie très souvent l’idée que « donner du temps aux (Cerphi7) tend à démontrer que la vitalité, le autres, c’est recevoir en retour ». Les bénévoles capital social, l’estime de soi et la satisfaction de redécouvrent, souvent sans le savoir, rendre service dans un cadre associatif fondé le concept « du don et du contre-don » sur l’autonomie des bénévoles sont des facteurs très ancré dans toutes les civilisations directs d’amélioration de la santé8. » traditionnelles et très bien mis en exergue par Le bénévolat est donc un moyen de lutter contre l’anthropologue Marcel Mauss5. On voit bien l’isolement des personnes âgées. C’est ainsi ainsi qu’il n’y a aucune raison d’opposer « le don que France Bénévolat a conclu en 2012 un pour les autres » et le « don pour soi ». partenariat avec la CNAV pour mener des actions Sur un registre plus collectif, il est clair que la communes de promotion du bénévolat auprès reconnaissance de la place des retraités dans des seniors et pour développer des actions de la société passe par la reconnaissance de leur solidarités auprès des personnes âgées isolées utilité sociale. Pour reprendre le point de vue physiquement et socialement. de Jean-Paul Delevoye, Président du CESE : 5 6 « Essai sur le don » Marcel Mauss (1923) - Note du CAS n°241 – septembre 2011 : « Développer, accompagner et valoriser le bénévolat » 7 Bruder É. (2010), “L’influence du bénévolat sur la santé des bénévoles”, Cerphi. 8 A contrario, la promulgation contrainte de soins à une personne dépendante aurait plutôt des effets négatifs sur la santé des aidants familiaux. Etude Seniors et bénévolat - janvier 2015 8
L’engagement bénévole ne va pas nécessairement de soi pour les seniors L’engagement bénévole relève d’un apprentissage • Ce sont les « 36 % » de notre enquête souvent précoce où l’influence familiale, avec l’IFOP (50 % si on inclut toutes le système de valeurs personnel, les engagements les formes de bénévolat). de jeunesse, l’implication syndicale, le réseau 2. Les « indécis », les nouveaux retraités relationnel… jouent des rôles déterminants. disposant d’un « bon capital social Ainsi pour France Bénévolat, le développement individuel » mais pas complètement du bénévolat chez les retraités implique au clair sur leur « Projet de Vie » une promotion permanente de ce type Ce sont généralement des personnes qui d’engagement et des messages spécifiques. ont eu une vie professionnelle globalement Il demande de plus des dispositifs d’accueil riche et satisfaisante… mais parfois un peu spécifiques et un accompagnement individualisé trop, ce qui ne les a pas incitées à avoir (actuellement très insuffisants) pour gérer beaucoup de pôles d’intérêt, ni un réseau cette transition entre la vie professionnelle social hors-travail très développé. et cette nouvelle étape de vie, que l’on qualifie Ceux-là peuvent vivent la retraite avec improprement de « retraite ». un sentiment d’inutilité sociale mais sans Les travaux, et surtout les observations de terrain, toujours avoir envie de s’engager. de France Bénévolat sur l’engagement bénévole Cette population refuse de s’engager dans des seniors identifient au moins cinq grands le bénévolat, soit par méconnaissance groupes de populations distinctes : de la vie associative, soit par crainte d’être 1. Les « initiés », ceux qui ont toujours « suroccupée », soit encore suite aux effets plus ou moins eu l’habitude de du cercle vicieux du repli sur soi du passage l’engagement, même à titre occasionnel, à la retraite. C’est pour cette population pendant leur jeunesse et leur vie active qu’un accompagnement amont, en priorité Ceux-là, a priori, n’ont pas de problème pour psychologique, individuel ou collectif, devenir bénévole. Soit ils s’engagent plus s’impose. Avant de parler du bénévolat, il faut nettement en prenant des responsabilités d’abord une aide à la définition d’un « Projet dans la ou les associations dans lesquelles de Vie », dans le lequel – éventuellement – ils étaient déjà engagés ; soit, après peut se situer un volet d’engagement social, l’indispensable pause de l’entrée en retraite. au sens large du terme. Ensuite, un conseil Au moment de la retraite : individualisé proposé par France Bénévolat • soit ces personnes s’engagent davantage pour trouver la forme, le lieu et le temps dans ce qu’elles font déjà, en prenant plus d’engagement, a toute sa place. de responsabilités, C’est sur cette population (ordre de • soit, si elles souhaitent changer, sont grandeur : 1 à 2 000 000 de personnes) que rapidement au clair sur leur « Projet de doivent se focaliser en priorité les actions Vie », après les quelques mois nécessaires de promotion de l’engagement bénévole pour gérer la « transition » et trouvent associatif, et tout particulièrement les facilement les moyens de « penser aux actions de France Bénévolat et de ses autres, à côté du légitime penser à soi ». partenaires. Etude Seniors et bénévolat - janvier 2015 9
parfois cumulatives : 3. Les « terrorisés », ceux qui vont • les anciens salariés dévalorisés, exclus… s’engouffrer dans la vie associative pour au cours de leur dernière partie de carrière, compenser la peur du vide • la peur même de la transition (en particulier S’engouffrer dans le bénévolat peut être alors pour les « drogués du boulot »), un moyen de ne pas se poser de questions existentielles et de se donner l’impression • les personnes prédisposées à des que finalement rien n’est changé. On assiste dépressions plus ou moins graves, alors à de vrais échecs, dont les dégâts • les personnes ayant vécu des accidents peuvent être considérables, tant pour de la vie plus ou moins graves : carrières les associations qui les ont accueillis que aléatoires, drames familiaux, familles pour eux-mêmes. Pour ceux-là, il n’y a pas monoparentales, veuvage... de solution miracle, sinon une formation / Ce sont également les personnes de la 2° information sur la réalité et la spécificité catégorie (« les indécis ») … qui ont tourné de la vie associative et sur les en rond trop longtemps ! comportements indispensables que l’on Pour ces personnes, sauf exception, c’est se doit d’avoir dans la vie associative, l’invitation à se créer du lien social qui est ainsi qu’un tutorat rapproché. essentielle. Il faut prioritairement leur proposer 4. Les « préoccupés », c’est-à-dire les des activités « sympas », correspondant à nouveaux retraités préoccupés par leurs goûts (Centres Sociaux, associations d’autres obligations culturelles, sport adapté …). Elles doivent Ce sont les nouveaux retraités pour lesquels d’abord se faire plaisir et avoir envie de faire une activité bénévole sera « en situation ensemble. de concurrence » avec d’autres activités. Le terme « bénévolat » est souvent inadapté C’est le cas par exemple, des personnes et risque de les faire fuir. Ne pas l’utiliser très investies dans des activités de solidarité s’il apparaît comme contreproductif ! familiale en s’occupant des ascendants, des Peut-être donneront-elles un « coup de descendants ou du conjoint malade. On main » pour « rendre service » à l’association ne peut pas non plus fermer les yeux sur dans laquelle elles exerceront cette activité. le fait qu’un nombre croissant de retraités Elles feront du bénévolat sans le savoir, essaient d’avoir des activités rémunérées le plus souvent sans même vouloir se pour compléter une pension trop faible. qualifier de « bénévoles ». Elles donneront du temps et partageront des moments avec A leur égard, il convient, par des actions les autres sans avoir le sentiment « d’être collectives (voir plus loin) de leur présenter engagées ». la diversité associative et la diversité des C’est l’une des cibles – pas la seule – formes d’engagement bénévole, notamment du programme « Solidâges 21 » ® de France les missions ponctuelles, et de leur Bénévolat (voir www.solidages21.org ) démontrer que le bénévolat est parfaitement et du programme « Monalisa ». compatible avec leurs autres activités. 5. Les « fragilisés », les nouveaux retraités qui ont d’abord besoin de penser à eux avant de penser à s’ouvrir aux autres Ce sont des personnes repliées sur elles-mêmes ou en risque de l’être. Les raisons peuvent en être multiples, Etude Seniors et bénévolat - janvier 2015 10
Les besoin et enjeux des associations Une bonne partie des préoccupations des On peut estimer que le maintien du dynamisme associations réside moins dans le recrutement de associatif, tout à fait exceptionnel dans notre « bénévoles de base » que dans le renouvellement pays, passe par le renouvellement des dirigeants de leurs dirigeants. Parallèlement, parmi associatifs, avec une place plus large accordée les dirigeants associatifs, on constate une aux femmes et aux jeunes. Une plus grande surreprésentation des hommes, par rapport égalité dans les responsabilités associatives aux femmes. Nous sommes donc devant une constitue à la fois une question de justice, situation paradoxale, avec des associations mais aussi une formidable opportunité pour atteintes de gérontocratie et des dirigeants disant le Monde Associatif et, en tout état de cause, ne pas trouver de successeurs… tout en refusant, une nécessité. très souvent, de déléguer leurs responsabilités. Etude Seniors et bénévolat - janvier 2015 11
Les conditions d’une bonne transition travail / retraite O n ne quitte pas impunément quarante ans, ou plus, d’une vie largement « formatée » par le travail, son rythme, ses contraintes, ses satisfactions, les relations qu’il a créées… Même si cette retraite est souhaitée, soit parce qu’on est fatigué ou que les conditions du travail sont devenues insupportables, soit parce qu’on a des autres projets, ce passage est le moment du bilan, le moment de la prise de conscience du vieillissement, souvent le moment où les parents partent ou deviennent plus dépendants…Toutes ces questions interpellent et se résument en une seule : « Que vais-je faire de ma vie pendant cette nouvelle période, en principe longue, où je serai en bonne forme et plus libre de mes choix : simple consommateur passif, penser enfin à moi après m’être beaucoup occupé des autres, me réinvestir sur un projet dont j’ai toujours rêvé, être utile grâce au temps dont je vais disposer, un peu tout cela à la fois ? Aurai-je les moyens de faire tout ce dont je rêve ? Comment hiérarchiser et choisir ? » Le travail est ambivalent : à la fois lieu peut regretter l’insuffisance, en France, de contraintes, parfois de souffrances (travail de dispositifs véritables de retraite vient du mot latin « trepalium » qui était d’abord progressive, malgré une plus grande facilité l’appareil pour ferrer les chevaux, puis un pour un cumul emploi / retraite ; instrument de torture !) et lieu de socialisation, • a contrario, la transition est plus difficile de reconnaissance et d’identité. A l’inverse et quand la retraite est une simple opportunité en creux, la retraite est également ambivalente : (exemple : des avantages financiers à la fois, la retraite est idéalisée comme attractifs) ou une nécessité (exemple : le moyen de la liberté enfin retrouvée (« enfin problèmes de santé.). ; la vraie vie » !) et la rupture, souvent extrêmement • elle est extrêmement difficile quand elle est rapide, des liens sociaux créés dans le travail une obligation, même acceptée, surtout est vécue comme un deuil (certains, comme dans le cadre de départs anticipés, toujours Anne-Marie Guillemard, n’hésitent pas à parler perçus comme un licenciement, quelles que de « mort sociale »). soient les conditions financières de départ. L’entrée dans la retraite est un tournant Dans des cas extrêmes, la violence institutionnelle dans la vie du nouveau retraité, un passage, du départ empêche toute reconstruction, un réaménagement, parfois radical, des car le deuil de la vie professionnelle ne peut pas conditions de son existence. être fait. Ainsi, les préretraités qui sont partis Plusieurs facteurs jouent positivement dans des conditions financières avantageuses ou négativement. Certains sont plus se vivent souvent comme dans un « no man’s environnementaux, et s’imposent, de l’extérieur, land ». Certains se sentent incapables de bâtir au retraité. D’autres dépendent plus de ses un nouveau projet de vie tant qu’ils ne sont choix et de sa volonté propre : pas juridiquement en retraite. Ils perçoivent • la transition est plus facile quand la retraite leurs indemnités comme de l’argent illégitime, est voulue comme un vrai projet de vie au contraire de la « pension », résultat du et anticipée, que la succession est prévue pacte social intergénérationnel et contrepartie et que la personne concernée est impliquée du travail accompli. dans le processus de succession : Le problème de la transmission professionnelle « le sentiment du boulot bien fini » ; est central (choix du successeur, formation • elle est également plus facile, si elle se du successeur, transmission du savoir-faire…). fait progressivement. A cet égard, on A contrario, la suppression du poste ou Etude Seniors et bénévolat - janvier 2015 12
03 de l’activité du nouveau retraité au moment d’un temps imposé et sous contraintes de la cessation d’activité est vécue par lui à un temps choisi, mais plus morcelé, est comme une destruction identitaire. Toutefois, un véritable apprentissage… qui demande la question de la transmission ne se réduit du temps. A l’évidence, et sauf exceptions, pas à la transmission professionnelle. Elle ce nouvel apprentissage est plus facile pour les est centrale dans la transition et la reconstruction femmes que pour les hommes, car les femmes identitaire et peut trouver d’autres supports ou ont appris, par nécessité, à gérer des temps des formes de substitution. C’est bien « l’œuvre sociaux plus diversifiés. et la trace » qui sont importants, par exemple Les proches, et tout particulièrement l’installation industrielle qu’on peut montrer le conjoint, seront des appuis ou des et dont on est fier, la machine qui fonctionne obstacles à ce remaniement identitaire du toujours, les ouvrages qu’on a écrits, les jeunes retraité. Parfois, le refus d’envisager la retraite qu’on a formés, l’écriture de chroniques pour ses est lié à la crainte de perdre la reconnaissance petits enfants, l’écriture de son histoire de vie, sociale de la part du conjoint ou des enfants le transfert de son savoir-faire dans de nouvelles (surtout si ces derniers sont jeunes pour activités. des couples reconstitués). Les conditions de départ prennent souvent Au moment du passage à la retraite, dans une importance considérable. « Le pot certains cas, le nouveau retraité est amené de départ » est parfois très préparé, toujours à se réapproprier de haute lutte un espace raconté comme un souvenir important de la vie. géographique dans la maison, pour pouvoir se C’est toute la reconnaissance sociale du travail consacrer à son « hobby », perçu parfois comme et de la carrière qui se joue dans cette un concurrent du conjoint… ! L’aménagement cérémonie symbolique, pour autant, bien sûr, de l’espace pour le rendre compatible avec les qu’il ne s’agit pas d’une convention hypocrite, activités de chacun est évidemment un facteur où tout d’un coup, le partant est affublé de tous qui facilitera la transition. les mérites…après avoir connu critiques et placard ! Parfois, c’est même la première fois que Si les activités externes sont différentes, cette reconnaissance est clairement exprimée. il faut retrouver, avec le conjoint, de nouvelles concordances des temps, souvent moins La transition est plus facile quand rythmés par des horaires journaliers du travail. le déploiement d’activités nouvelles est S’il y a deux lieux de vie, une résidence en continuité avec les activités anciennes principale et une résidence secondaire, et permettent de mobiliser des compétences il faut rendre compatibles les choix individuels jugées utiles et reconnues socialement. Sur du couple avec ceux plus ou moins imposés ce registre, il peut y avoir des processus de par les solidarités familiales, d’où le stéréotype compensation étonnants : ainsi l’exemple de des retraités suroccupés. Bernard G., ingénieur de haut niveau, qui fait Parfois, la retraite est l’occasion pour les époux des maquettes avec ses petits-enfants en les de penser ou de réaliser un projet commun. gérant comme des projets industriels… ! Pour d’autres, c’est enfin avoir du temps pour Dans tous les cas de figure, le passage se redécouvrir. Etude Seniors et bénévolat - janvier 2015 13
Les différents types de transition travail /retraite L es transitions diffèrent selon qu’elles sont subies ou choisies, analysées consciemment (seul ou en couple) ou bien traversées sans recul. De ce fait elles aboutissent à des situations et des vécus très différents. Une vie dont le quotidien est finalement peu modifié pour certains ou beaucoup pour d’autres, un emploi du temps qui va du « structurellement trop rempli » au « trop peu rempli », et bien entendu des niveaux de satisfaction et épanouissement variant selon ces paramètres. Les travaux menés sur la transition travail / retraite9 et sur l’identité après le travail permettent d’identifier quatre principaux types de processus de transition, avec des résultats différenciés : La « transition reproduction » Ce type de transition est animé par un souhait par exemple associatives, avec quasiment de ne pas trop bousculer les équilibres de vie le même rythme d’activité et le même type antérieurs : même type d’emploi du temps, de pouvoir et de reconnaissance. On peut même style d’activité. émettre l’hypothèse que pour certains cette simple reproduction est le meilleur moyen Il n’y a pas vraiment de changement : soit de ne se poser aucune question, de refuser les activités restent quasiment les mêmes, le vieillissement, et donc d’entrer dans une au statut près (exemple d’une ancienne sorte de fuite en avant. On peut donc aussi responsable syndicale qui conserve des se poser la question de savoir si les nouvelles responsabilités importantes et qui se positionne activités sont uniquement occupationnelles ou comme experte de son Union Régionale) ; soit « constructibles », au sens où elles aident à bâtir il y a réinvestissement dans de nouvelles activités, un nouvel équilibre et une nouvelle identité. La « transition transposition » Une réflexion permet de calibrer les différents décalées, mais pas totalement en rupture types d’activités et de faire évoluer par rapport aux activités anciennes. Cette les équilibres. « transposition » est plus facile quand la personne dispose de ressources identitaires Le rythme et le rapport au temps sont modifiés; solides et multiples : racines familiales la posture individuelle est plus hédoniste ; ou territoriales ; habitudes d’activités militantes – les activités sont plus diversifiées et plus bénévoles ou personnelles – bien déconnectées équilibrées. Le choix des activités socialement des activités professionnelles ; réseaux utiles, notamment associatives, relève d’une relationnels multiples... réflexion longue et se traduit le plus souvent par l’utilisation des compétences professionnelles Dans le cas contraire, la transposition passe dans de nouvelles activités, sensiblement par un processus lent et lourd d’analyse des 9 « L’entrée en retraite : nouveau départ ou mort sociale ? » sous la direction de D. Thierry (Ed. Liaisons Sociales 2006) Etude Seniors et bénévolat - janvier 2015 14
04 motivations, des envies, des compétences ; selon les capacités de sociabilité acquises ce processus se fait le plus souvent seul, sans antérieurement tant dans les univers support et sans structure. On peut donc faire professionnels qu’extraprofessionnels. des pronostics sur la facilité de la transition La « transition rupture » Les événements de la vie, ou un choix, y avait, avant la retraite, un apprentissage amènent à penser et organiser une vie très à d’autres activités : activités bénévoles, différente. hobbies…Il conviendrait de mieux distinguer l’impact de choix d’activités : Le modèle précédent est poussé plus avant, soit en raison d’un choix (par exemple • soit prioritairement hédonistes : apprendre un déménagement) qui oblige à revoir une langue, apprendre la peinture, s’inscrire profondément ses repères de socialisation, à des cours, faire une croisière, faire son soit en raison d’un événement externe (par jardin… exemple problèmes de santé pour soi-même ou • soit centrées sur des solidarités de proximité maladie du conjoint) « qui évite de se poser trop ou familiales (les voisins, les ascendants, de questions ». les enfants, les petits-enfants…) Il peut donc s’agir d’une rupture par choix • soit centrées sur des activités plus structurées : (réaliser enfin le vieux rêve, seul ou en couple) engagements associatifs, politiques ou électifs, ou une rupture par défaut (la nécessité de se voire activités rémunérées « en solo ». repositionner sur des activités plus réduites Ces activités deviennent des pivots dans au travers notamment de ce que Vincent la réflexion sur son emploi du temps. Caradec appelle « la déprise »). Il faut être attentif, dans cette distinction, à ne Les nouvelles activités sont parfois choisies par pas projeter un modèle normatif (l’obligation défaut (rythmes imposés) ou par opportunité d’un projet de vie structuré avec des activités (façon de se recréer des liens sociaux de socialement utiles), mais en examinant proximité). Même quand ce choix est plutôt objectivement, ce qui contribue, dans la durée, un choix par défaut, comme dans la situation au remaniement identitaire. précédente, il est d’autant mieux géré qu’il L’« impossible transition » Une transition non assumée. de questions. Elles sont le plus souvent imposées par l’extérieur, même si elles Malgré un discours souvent politiquement sont perçues comme agréables : le rythme correct dans lequel « il convient de dire que et les choix du conjoint, la garde des petits- tout va bien », la transition est de fait mal enfants, l’accompagnement des ascendants, assumée. Les activités, parfois multiples, sont le déménagement… occupationnelles et évitent de se poser trop Etude Seniors et bénévolat - janvier 2015 15
Parfois, cette suroccupation est un mode La personne risque, en étant occupée de réponse à la violence des conditions de départ à reproduire sa façon de travailler, de rester et aux traumatismes qu’elles ont engendrés. aveugle aux enjeux de l’association et On peut ainsi identifier deux attitudes à ses modes d’animation très différents apparemment extrêmes pour exprimer du management professionnel. la même posture : soit l’inoccupation proche Sans que nous disposions d’enquêtes de la déprime, soit la suroccupation comme quantitatives suffisantes, il semble que ce moyen thérapeutique. Dans les deux cas, mode de transition soit majoritairement le fait on peut émettre l’hypothèse que c’est l’angoisse d’hommes, cadres, voire cadres supérieurs. existentielle qui occupe complètement le sujet. C’est le plus souvent dans cette situation que Parmi ces types de transition travail/retraite la transition se fait le plus mal, du fait à la fois identifiés, celui de « la transition reproduction » d’une identité précédente souvent « mono nous semble être celui qui pose le plus problème, polaire », quasi exclusivement focalisée sur quant au fonctionnement associatif, à le travail, et de la perte brutale et instantanée la nature de l’implication bénévole et au de tous les signes de reconnaissance sociale. renouvellement des dirigeants associatifs. Etude Seniors et bénévolat - janvier 2015 16
Les processus d’action recommandés 05 « Les préparations à la retraite » L’offre d’actions dites de « préparation à « les valises sont posées », c’est-à-dire la retraite » nous semble insuffisante. environ un an après le démarrage effectif Par ailleurs, à d’heureuses exceptions près, de la retraite. ces actions nous semblent surtout inadaptées. Pour répondre aux besoins du deuxième En effet, elles confondent souvent deux processus, France Bénévolat a mis au point démarches, indispensables, mais, de notre un atelier « Découvrir la vie associative et point de vue, à distinguer rigoureusement : le bénévolat ». • les informations indispensables, le plus Cet atelier de 2h30 environ, propose aux souvent de nature administrative et nouveaux retraités à la fois : réglementaire au moment de l’entrée en retraite : les droits et leur évolution, • d’avoir une courte réflexion sur leur « Projet la gestion des accidents de la vie de Vie » à partir de paroles (diverses) et la préparation au grand âge (« la troisième d’autres retraités (paroles filmées et retraite », les prestations des Caisses témoignages) ; de Retraite, les conseils en matière de santé, • de mieux situer la place des retraités dans d’hygiène de vie, de gestion financière… le bénévolat associatif et de se « poser les • le processus d’accompagnement à la bonnes questions pour les bons choix » ; définition d’un Projet de Vie, l’identification • d’avoir un panorama de l’extraordinaire des pôles d’intérêt et de motivations, diversité associative (les domaines la redéfinition du Sens à redonner à sa vie, d’actions des associations, les tailles, les le choix du lieu de vie, la recherche de ses activités, les types de mission bénévoles…) nouveaux équilibres, seul ou en couple, Programme détaillé : ses activités. C’est évidemment au sein de ce deuxième type d’actions que la question 1. Projection du film de 14 min : « Vaut-il mieux de l’engagement bénévole peut être posée. ajouter des années à la vie ou de la vie aux années ? » Film de France Bénévolat / Le point de vue, constant, de France Bénévolat, PRO BTP / Moderniser Sans Exclure Suivie c’est qu’en mélangeant les deux démarches d’une discussion/échanges dans les mêmes dispositifs…on n’atteint 2. Exposé / échanges : « Les retraités et le vraiment aucun des objectifs visés ! bénévolat : Situation, conditions d’une bonne Paradoxalement, le plus mauvais moment implication » pour engager ce processus de réflexion 3. Exposé / échanges : « La diversité associative et de maturation du deuxième registre est en France » le moment du départ, contrairement aux 4. Les bonnes questions à se poser (remise actions du premier type. d’un document - Voir annexe 3) Ce deuxième processus devrait s’engager : 5. Pour celles et ceux qui le souhaitent, prise de • soit nettement avant l’entrée en retraite, rendez-vous pour un conseil personnalisé de 6 mois à 2 ans, d’où dans ce cas avec le centre local France Bénévolat le la responsabilité conjointe des plus proche. (Lors du rendez-vous, un entreprises et des Caisses de Retraites ; conseiller, lui-même bénévole, va aider le candidat à se poser les bonnes questions • soit quand, selon l’expression consacrée, pour définir ses disponibilités, envies et Etude Seniors et bénévolat - janvier 2015 17
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