L'ERMITE HERBU No53 septembre2016 - Journal de l'Association Des Amis du Jardin botanique de l'Ermitage ADAJE
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L’ERMITE HERBU No 53 septembre 2016 Journal de l’Association Des Amis du Jardin botanique de l’Ermitage A D A J E
L’Ermite herbu 3 Sommaire Editorial Georges de Montmollin Editorial..................................................... 3 Pendant une assez longue période, 2. Assurer la pérennité de notre bulletin notre association a dû survivre sans semestriel - L’Ermite herbu - en Alain Ducommun et Yvan Matthey président. Cette situation n’était pas soutenant notre nouvelle rédactrice, Ermite herbu Biodiversité des bords de voies de favorable à son bon fonctionnement Madame Fabienne Montandon qui Rédaction circulation : attention danger ! .................. 5 car des divergences de vue ont abouti à doit trouver des rédacteurs capables N° 53, septembre 2016 des démissions successives. Notre vice- d’intéresser un public de scientifiques Marcel Jacquat présidente, Madame Françoise Février, et d’amateurs de la nature. La tâche Fabienne Mondandon Les cent jours du Martinet noir ................. 8 a tenu son cap et l’association a survécu: est complexe et le risque est grand de fabienne.k.montandon@bluewin.ch qu’elle en soit remerciée. ne pouvoir boucler le numéro dans les Elodie Gaille et Blaise Mulhauser temps à mesure que nous dépendons ADAJE: Un comptoir d’herboriste comme nouveau c/o Jardin botanique de Neuchâtel Depuis peu j’ai accepté la charge de de la bonne volonté des rédacteurs lieu d’accueil des visiteurs........................12 Pertuis-du-Sault 58 président de l’ADAJE. Ma tâche est sollicités. Le comité s’investit là aussi 2000 Neuchâtel Fabienne Montandon tout d’abord de rassembler, de faciliter pour la correction et la mise en page CCP: 20-5761-9 Le Jardin de l’évolution du Jardin botanique les contacts, internes et externes, et de des différents éléments thématiques. http://www.adaje.ch/ de Neuchâtel..............................................18 renforcer ce qui fonctionne bien. Je me concentre donc sur les trois points 3. Renforcer le succès des excursions Maquette François Grandchamp et Adrienne suivants: botaniques. Les organisateurs et Jason Grant Godio Université de Neuchâtel les accompagnants scientifiques de Clins d’oeil photographiques.....................20 1. Améliorer les contacts avec ces excursions ont réussi à fidéliser Page de couverture: Cirsium Françoise Février, Jacques Bovet et l’équipe du Jardin botanique, un groupe de botanistes amateurs rivulare. Photo: Fabienne Montandon Jason Grant avec son directeur en particulier. friands de découvertes florales Excursions botaniques de l’ADAJE 2016 Contrairement aux débuts de l’ADAJE in situ. Là aussi nous devons appuyer Ci-dessous: Cytissus decumbens ...................................................................22 où tout était à créer en matière l’organisation de telles excursions en (Fabaceae). Photo: F. Février Josette Fallet d’animations et d’expositions, depuis mettant à profit les moyens techniques Vie de l’association...................................29 quelques années, des professionnels modernes d’information pour stimuler ont été engagés pour satisfaire un la participation et intéresser un plus public plus élargi et se mettre à la grand nombre à la découverte de la hauteur des autres musées de la Ville. nature sauvage. Grâce à toutes ces compétences, grâce au dynamisme du directeur Ensuite viendront de nouvelles idées et à la visibilité accrue en matière apportées - je l’espère - par de nouveaux de promotion, force est de constater membres au comité de l’ADAJE. Je que le Jardin botanique de Neuchâtel pense par exemple que cumuler les a pris sa place dans la Cité. Ainsi le fonctions de président et de caissier n’est comité de l’ADAJE est-il sollicité pas optimal. Il faudra donc trouver un pour des soutiens plus … pécuniaires. nouveau comptable. Le comité a besoin de jeunesse pour s’ouvrir à de nouvelles
4 L’Ermite herbu L’Ermite herbu 5 manières de réaliser sa mission. La collaboration avec l’Université devrait Biodiversité des bords de voies de être confirmée. circulation : attention danger ! Quant à notre site Internet, il est Alain Ducommun1 et Yvan Matthey2 en train d’atteindre sa maturité. 1 chargé d’affaires Pro Natura Jura bernois Testez-le et donnez-nous votre avis. 2 chargé d’affaires Pro Natura Neuchâtel http://www.adaje.ch Les bords de nos routes et voies ferrées et parfois par leur grandeur hors du sont formés de différentes structures commun : les jonquilles printanières, Georges de Montmollin réparties de part et d’autre des les mauves, en général regroupées par Président de l’ADAJE infrastructures : accotements ou terre- taches, de même que les marguerites pleins, talus en remblai ou en déblai, et les ancolies communes, différentes fossés, bermes de crête ou de pied. Pour espèces de grandes campanules, telle la peu que ces éléments linéaires - qui campanule à larges feuilles, assez rare, dans la règle échappent à l’agriculture dont une belle population est visible le et à ses fertilisants - soient aménagés long de la route cantonale qui conduit sur un sol filtrant et maigre, tout un du Val-de-Ruz aux Bugnenets. Mais cortège de plantes à fleurs est capable de les plantes qui agrémentent les talus s’implanter et de se développer, parfois bordant nos routes et voies ferrées de façon spectaculaire, au sein du fond sont bien souvent de taille modeste et herbacé formé par les poacées. A leur d’aspect discret, bleues, jaunes, roses ou tour, ces fleurs vont servir de ressources blanches : petites espèces de campanules, alimentaires voire de gîtes de nidification véroniques et myosotis, lotier corniculé, à une foule d’insectes butineurs et autres anthyllide vulnéraire et hélianthèmes, petits animaux. Si certains talus bordiers géranium herbe-à-robert. Et cette liste recouvrent une surface suffisante, ils pourrait encore être longue… A la peuvent être reconnus comme objets vérité, toutes ces plantes à fleurs, même à protéger inscrits à l’inventaire des les plus communes, confèrent une valeur prairies et pâturages secs d’importance esthétique et botanique non négligeable nationale (PPS). aux accotements des infrastructures de transport. De plus, elles sont les hôtes Refuges pour la flore et la petite faune d’une foule d’insectes, parmi laquelle Parmi les plantes à fleurs des bords de les papillons sont assurément les plus voies de circulation, on recense par- populaires. Par exemple, la grisette ou ci par-là des espèces de haute valeur hespérie de l’alcée (Carcharodus alceae) patrimoniale telles que les orchidées, est précisément favorisée par la mauve pour ne citer que les plus majestueuses alcée. Les plantes à fleurs nectarifères et connues. D’autres fleurs attirent le sont autant de sources de nourriture Bananier nain de Chine, Musella lasiocarpa (Musaceae). Photo: Blaise Mulhauser regard par leurs couleurs chatoyantes pour les butineurs, surtout pour les
6 L’Ermite herbu L’Ermite herbu 7 abeilles sauvages qui en exploitent (fauchage et débroussaillement, cette technique de broyage, amplement Retarder le plus possible les campagnes pollen et nectar. Ainsi, le très répandu nettoyage) pour assurer la sécurité du généralisée, qui est la plus nuisible à saisonnières d’entretien pour permettre lotier corniculé est indispensable à trafic. Certes, mais dans la majorité la biodiversité. Conséquences de ces aux plantes de fleurir et de libérer leurs plusieurs espèces d’abeilles du genre des cas, la végétation est intégralement actions inadaptées : les plantes n’ont graines, c’est-à-dire reporter ces actions Anthidium, certaines osmies dépendent éliminée par fauchage ou broyage plus la possibilité de former et de en fin septembre – début octobre. Si des vipérines, d’autres apidés ont besoin en pleine période de floraison, et ce libérer leurs graines, donc les annuelles possible, entretenir les talus et autres de la knautie des champs, d’autres sur la presque totalité des talus et disparaissent petit à petit ; les ressources par secteurs alternés par des campagnes encore sont adaptées aux véroniques… autres accotements des réseaux routier alimentaires des butineurs ainsi que les échelonnées et non pas sur l’entier Ici aussi, l’énumération pourrait se et ferré d’une région. Les services supports végétaux de nidification de des secteurs en une seule intervention. prolonger. Les talus et autres structures d’entretien sensibilisés à la biodiversité nombreuses espèces d’insectes sont Ne faucher et débroussailler certains linéaires servent aussi d’habitats maintiennent fort heureusement les totalement supprimées en un très court secteurs que tous les deux ou trois ans en permanents ou temporaires à certains grands massifs de plantes remarquables laps de temps sur de vastes territoires ; alternance avec les secteurs voisins afin petits oiseaux et petits mammifères, aux (marguerites, mauves, campanules, tous les petits animaux présents sur de maintenir des refuges à disposition reptiles (lézards, orvet) et batraciens, ancolies). Mais cette bonne intention ne les végétaux sont tués par le broyage, de la petite faune pendant toute l’année. ainsi qu’à une multitude de mollusques, suffit malheureusement pas à préserver y compris, au sol, les lézards et autres Ne pas faucher ni surtout ne pas broyer araignées et cloportes. la valeur biologique globale des terrains orvets. l’intégralité d’une surface donnée, mais en question car la flore et les petits laisser intacte une bande herbeuse assez Nécessaire adaptation des entretiens animaux qui vivent soit sur les plantes La biodiversité des bords de nos large au sommet des pentes, au contact Les bords de nos voies de circulation ont soit au sol, sont détruits par la fauche et infrastructures de transport pourrait être des boisements, des champs cultivés, besoin d’être entretenus régulièrement par le broyage de la végétation. C’est conservée voire grandement améliorée etc. Conserver plus généreusement sans complications excessives ni sans les secteurs bien fleuris. Plutôt que de grands frais en mettant les quelques broyer finement la végétation, recourir principes suivants en application : au fauchage traditionnel, beaucoup moins dommageable. Fig 2. Abeille à manchette (Anthidium Fig 3. Entretien excessif d’un talus routier : manicatum) butinant sur un lotier corniculé. vision que l’on aimerait voir disparaître ! Fig 1. Talus routier bien fleuri: vision que l’on aimerait voir se généraliser ! Photo: Jan Ryser Source libre Internet. Photo: Alain Ducommun
8 L’Ermite herbu L’Ermite herbu 9 En marge d’une conférence au Jardin botanique Les cent jours du Martinet noir… Marcel Jacquat Ancien conservateur du Musée d’histoire naturelle de La Chaux-de-Fonds Le 9 mars dernier, Marcel Jacquat Tout en vol ! était invité à venir nous parler de De très longues ailes dépassant largement l’une de ses passions, le Martinet la queue au repos, de fort courtes pattes noir, espèce anthropophile visiteuse qui lui ont donné son nom latin d’Apus d’été, décor sonore de nos cités. Cet (privé de pied… ce qui est évidemment oiseau fascinant mérite d’être protégé excessif) font que le Martinet noir ne se et favorisé au moment où, par souci pose pas au sol. Il aurait alors les plus d’économie d’énergie, on barde nos grandes difficultés pour s’en envoler, maisons d’isolations périphériques, non car à l’image de l’Albatros de Charles sans avoir bouché toutes les fissures, Baudelaire, dont les « ailes de géant tous les trous qui étaient autant de sites l’empêchent de marcher », les ailes du favorables au martinet noir. Martinet associées à son court point Fig 1. Martinet noir en plein vol. Photo: Klaus Roggel d’appui par les pattes l’empêchent Ne pas confondre souvent de s’envoler du sol ! Enfin, le martinet copule en volant, africains dès fin avril, il y retourne début Décor sonore estival de nos cités « sriiir même s’il peut répéter cet acte dans le août déjà, ne craignant ni les distances, Caractéristique tout à fait spectaculaire, – sriiir », le Martinet noir est encore trop site de nidification. ni les efforts. Durant cette centaine souvent confondu avec les Hirondelles cet oiseau fait presque tout en vol : il se de jours, les oiseaux retrouvent leur de fenêtre ou rustiques. Cela tient sans déplace, bien évidemment, il se nourrit Ce n’est qu’à l’âge de trois ans, lorsqu’il partenaire de l’année précédente (car ils doute au régime alimentaire de ces deux dans les airs de plancton aérien, constitué atteint sa maturité sexuelle, que l’oiseau ont migré de manière indépendante !), groupes d’espèces prédatrices d’insectes essentiellement d’insectes (mouches, se pose, la femelle pour pondre, puis voire en trouvent un autre si l’habituel capturés en vol, peut-être aussi au fait syrphes, pucerons, fourmis volantes, pour couver en alternance avec le mâle. n’est plus au rendez-vous, et copulent. que tous ces oiseaux sont proches des etc.) et de quelques araignées pratiquant La femelle retrouve un nid fait de habitats ! le « ballooning », le déplacement à la Auparavant, les adolescents âgés de deux toutes sortes de petits objets cueillis en faveur des vents grâce à l’émission d’un ans venus tourner autour de la colonie vol (filaments de toutes sortes, brins Un examen attentif a tôt fait de nous fil de soie qui les emmène en l’air. peuvent effleurer des cavités, mais aussi de laine, akènes d’érable, bractées de montrer que les martinets et les s’y accrocher brièvement, interrompant tilleul, graines soyeuses des saules et hirondelles peuvent être aisément Le soir venu, le martinet monte haut dans ainsi la longue période durant laquelle des composées, etc.) et collés en une distingués. Nos deux hirondelles les plus le ciel et disparaît de notre vue. Bientôt, ils restent en vol de manière permanente. petite cupule au moyen de leur salive. communes ont le dessous blanc, alors il dort en volant ou… vole en dormant, Ces nids rudimentaires servent durant que le Martinet noir est uniformément avec des battements d’ailes plus lents et Cent jours… de nombreuses années ; c’est la raison brun très foncé comme son nom ne des interruptions de quelques fractions de C’est la durée moyenne du séjour pour laquelle il ne faut pas les ôter des l’indique pas, ne portant qu’une petite seconde qui correspondent au sommeil, du Martinet noir dans nos contrées. nichoirs dans lesquels ils ont été bâtis, tache blanche sous la gorge. un sommeil bien saccadé ! Arrivant de ses lieux d’hivernage sud- en général le plus loin de la lumière.
10 L’Ermite herbu L’Ermite herbu 11 La ponte de 2 à 3 œufs blancs de forme Vers la fin de cette période, on entend fidélité des adultes à leur site est tout salissent pas les façades de leurs fientes ovale intervient dès la mi-mai environ et parfois un bruit de ventilateur dans le à fait remarquable. Ils retrouvent et qu’ils sont de joyeux accompagnateurs précède une période d’incubation de trois nichoir : ce sont les jeunes qui battent au centimètre près le lieu où ils ont de nos belles journées estivales en semaines, que se partagent les parents, des ailes pour s’entraîner au vol. Arrive niché l’année précédente, ce qui rend même temps que consommateurs d’une dont le sexe est indifférenciable. Les le moment de l’envol : un « quitte ou d’autant plus dangereuse pour eux une foule d’insectes susceptibles de nous premières naissances interviennent donc double ». Si le jeune échoue, on le rénovation, une réfection de toiture, une taquiner ! au début du mois de juin. Dès cet instant, retrouvera au sol… et il faudra alors le isolation périphérique, etc. supprimant la disponibilité de nourriture, dépendant confier à un spécialiste ou à une station l’accès à leur ancien nid. Références: des conditions météorologiques, de soins (par ex. au Zoo de La Chaux- Genton Bernard et Jacquat Marcel S. devient un facteur essentiel de réussite de-Fonds). S’il réussit, ce qui est le Pareils travaux provoquent une (2016) : Le Martinet noir : entre ciel de la couvée. Température basse et cas normal, l’oiseau s’envole pour ne diminution des effectifs de Martinets et pierre, Editions de la Girafe, 2300 La précipitations trop nombreuses sont des plus revenir au nid, mais pour partir noirs dans maintes cités, diminution Chaux-de-Fonds. mhnc@ne.ch facteurs limitants, même si les petits en direction de l’Afrique du Sud, où il qu’il est aisé de contrecarrer en installant sont capables, tout comme les adultes, arrivera, selon une étude relative à des des nichoirs artificiels munis d’un trou Scholl Iris (2016) : Sites de nidification d’un jeûne de quelques jours, à la faveur oiseaux suédois, après une septantaine de vol spécifique. La Loi fédérale du 20 pour les Martinets noirs et à ventre d’une sorte de torpeur. de jours et 10’000 km parcourus. Au juin 1986 (LChP) protège non seulement blanc. Informations pratiques relatives printemps, le retour s’effectue nettement les oiseaux, mais aussi leurs sites de aux constructions. Ed. Ver&Oek, 8610 Un long séjour au nid précède l’envol plus rapidement en une trentaine de nidification, ce qui est souvent ignoré Uster et Protection des Martinets- La très grande longueur des rémiges jours. par les maîtres d’état. Notre mission COMONE, 2300 La Chaux-de-Fonds. primaires, les plumes principales de d’ornithologues et de protecteurs de la l’aile, nécessite une croissance de L’importance des fissures, des cavités, nature est de rappeler en temps utile longue durée. La durée du séjour au nid des trous que des moyens simples existent pour est de l’ordre de 42 jours en moyenne, Lorsque les temps de la reproduction favoriser les martinets, mais aussi soit quatre fois celui de la Fauvette à tête sont revenus, une chose est essentielle : d’autres espèces cavernicoles, oiseaux noire ou deux fois celui de la Mésange c’est de retrouver (ou de trouver…) ou chauves-souris, voire même reptiles ! charbonnière ! un site de nidification approprié. La Rappelons que les Martinets noirs ne Fig 2. Nid et juv.- msj Fig 3. Trio en nichoir-msj Fig 4. HLM pour martinets-msj Fig 5. 03-Balle d’insectes-msj
12 L’Ermite herbu L’Ermite herbu 13 Un comptoir d’herboriste comme nouveau lieu d’accueil des visiteurs Elodie Gaille1 et Blaise Mulhauser2 1 Ethnobotaniste, collaboratrice au Jardin botanique de Neuchâtel 2 Directeur du Jardin botanique de Neuchâtel L’exposition Terre d’outils inaugurée tenant compte de différentes contraintes en mai 2016 était une bonne occasion liées à l’espace disponible. Le choix s’est de redonner un coup de neuf à l’espace porté sur la seconde solution, en tenant d’accueil des visiteurs dans la villa du compte de l’époque de construction de Jardin botanique. Un coup de neuf ? la Villa (1898). Oui et non, car l’idée était avant tout de reconstituer un comptoir d’herboriste, Intégrer un comptoir d’herboriste de la pour plonger le visiteur dans l’esprit des fin du 19e siècle dans la thématique de apothicaires d’autrefois. Ces quelques l’exposition Terre d’outils était facile, lignes présentent l’histoire de ce nouvel mais il restait à trouver l’artisan prêt à espace intégré dans la muséographie le construire. C’est Thierry Jeannerat, permanente des lieux. ébéniste d’art à Boudevilliers, qui Fig 1. La nouvelle réception du Jardin botanique de Neuchâtel, conçue à la manière des relèvera le défi entre novembre 2015 comptoirs d’herboristerie d’autrefois. Photo: B. Mulhauser. Vieille de quelques années déjà, l’idée et avril 2016, en proposant de prendre herboristerie neuchâteloise il y a encore l’arrière-plan, nous trouvons toujours a germé en 2012, après une première comme base un meuble de mécanicien. un siècle ? Peu de témoignages nous sont une étagère à tiroirs et rayonnages sur visite de l’équipe du Jardin botanique Ce mobilier, rappelant précisément les parvenus. Trois magasins font toutefois lesquels sont rangés les pots en verre au Musée en plein air de Ballenberg comptoirs d’apothicaires, comportait exception, tous créés à la fin du 19e ou en porcelaine contenant différentes où est présentée la reconstitution de la des ouvertures carrées dans lesquelles siècle ; l’herboristerie Camille Droz aux préparations. Le comptoir principal droguerie Tissot, située initialement à La étaient rangées des pièces automobiles. Geneveys-sur-Coffrane, la pharmacie est constitué de meubles à tiroirs dans Chaux-de-Fonds. En 2014, deux visites La longueur et la hauteur de cette structure Otto Schelling de Fleurier et la droguerie lesquels peuvent être placés les tisanes, dans le domaine de l’herboristerie Droz, de base convenaient parfaitement à Robert Tissot de La Chaux-de-Fonds. les pommades, les flacons d’huiles ou aux Geneveys-sur-Coffrane, ont conforté l’espace disponible. Cette dernière conservée en l’état à sa d’autres préparations pharmacologiques. ce projet. En 2015, les premières tisanes fermeture en 1955 a été déplacée dans Sur le meuble se trouve une balance confectionnées à partir des plantes du les années 1990 sur le site du Musée de précise au gramme près pour la pesée. jardin donnaient sens à ce changement Le comptoir d’autrefois (fin du l’habitat rural de Ballenberg. de décor. Nous avions alors la matière, 19e siècle) D’après différentes sources, le bois mais pas le cadre. Deux manières de Une parenté de fonctions existe entre utilisé dans la fabrication des meubles à La décision étant prise, il restait à savoir faire étaient possibles : parcourir les l’herboristerie, la pharmacie et la tiroir des montagnes neuchâteloises était comment concevoir l’ensemble dans le brocantes à la recherche d’un ancien droguerie. L’organisation spatiale et le le sapin blanc, bien que les meubles de détail. Pour cela, nous souhaitions nous comptoir qui soit adapté à l’architecture mobilier diffèrent peu des comptoirs la droguerie Robert Tissot de La Chaux- inspirer de ce qui existait dans la région. de la villa ou faire construire un meuble d’apothicaires du 16e au 19e siècle. A de-Fonds soient en noyer. A quoi pouvait bien ressembler une
14 L’Ermite herbu L’Ermite herbu 15 Le comptoir d’aujourd’hui (2016) L’étagère murale, réalisée dans le diurétique (vide la vessie et nettoie même bois que le comptoir et selon la les reins). Un des mélanges proposés Le design des meubles est dessiné même méthode, est séparée en deux consiste en graines d’anis (Pimpinella dans l’esprit de la fin du 19e siècle, ensembles. Celui du haut est muni de 10 anisum), fruits de genévrier (Juniperus mais en tenant compte des contraintes tiroirs et de 10 casiers dont les boutons communis), feuilles de violette d’aujourd’hui concernant un espace dans de porcelaine sont semblables à ceux du tricolores (Viola tricolor), racines de lequel des consommations sont servies comptoir. La partie basse est constituée livèche (Levisticum officinale), de (hygiène, consommation d’énergie, zone de rayonnages et d’un petit meuble bugrane (Ononis spinosa), de réglisse d’accueil et d’information du public). vertical à six tiroirs, placé dans l’axe (Glyccyrhiza glabra). L’ensemble est constitué du comptoir central d’entrée de la pièce, et aligné • Spec. Pectoral : mélange d’espèces Fig. 2. L’herboristerie Camille Droz central et d’une étagère murale de même avec le 5e casier de l’ensemble du haut pectorales qui comprend : fleur (Les Geneveys-sur-Coffrane) photographiée facture. vers la fin du 19e ou le début du 20e siècle. sur lequel est peint la fleur de bleuet de tussilage (Tussilago farfara), L’ensemble est fonctionnel. Le mélange Cyanus flos. fleur de bouillon blanc (Verbascum Le meuble à tiroirs est la partie visible des tisanes est réalisé directement sur le thapsus), de mauve (Malva sp.), du comptoir, côté visiteurs. Les 26 tiroirs comptoir. Sur chacun des tiroirs, on retrouve un coquelicot (Papaver rhoeas), feuilles en sapin blanc sont assemblés en queue bouton en porcelaine d’Inde. Ils sont de guimauve (Althaeae officinalis), d’aigle, selon la tradition ancienne de verts sur le petit meuble vertical, afin de tussilage (Tussilago farfara), construction (pas de vis, ni de clous). que le ton s’accorde avec l’étiquette de thym (Thymus sp.), fruit d’anis Les boutons, en porcelaine, proviennent historique qui se trouve au-dessus. (Pimpinella anisum), racine de d’Inde et sont peints à la main. La partie L’origine ni l’âge de ce lot ne sont connus, guimauve (Althaeae officinalis), de non visible par le public, comprend un mais grâce à l’étiquette « Biberons », réglisse (Glycyrrhiza glabra). espace de rangement, ainsi qu’un frigo et on sait qu’il s’agissait d’un magasin • Biberons : lieu de rangement des un congélateur encastrés. Sur le comptoir francophone. Il est probable que ce lot biberons! trône une balance, instrument de mesure soit lié à un meuble de pharmacie dont indispensable pour l’herboriste ou le Fig. 3. La droguerie Robert Tissot les articles étaient en lien avec les soins Les peintures de dix plantes droguiste. Celle que nous présentons (La Chaux-de-Fonds) telle que présentée à donner aux plus petits. Selon la 5e médicinales au Musée de l’habitat rural de Ballenberg. a été fabriquée en 1904 à Genève par version de la pharmacopée helvétique Le mobilier, de style néo-renaissance, a été l’entreprise Grabhorn. Les dix plantes médicinales décorant les (1949), la signification des étiquettes est construit entre 1881 et 1885. portes des casiers sont des peintures à la suivante: l’huile sur bois. Elles représentent dix espèces particulièrement importantes • Rad. Althaea : racine de guimauve dans la pharmacopée de chez nous (Althaeae officinalis). La racine Fig. 4. (gauche) La pharmacie Otto Schelling et référencées dans des ouvrages à Fleurier vers 1900. Le meuble mural est notamment donnée aux bébés historiques. Parmi elles, nous retrouvons central possède une horloge au-dessus de qui font leurs dents. Sa propriété la fameuse absinthe (Artemisia laquelle est inscrite la date du 23 mai 1889. mucilagineuse calme la douleur. absinthum), entrée désormais dans Le style est tout à fait comparable à celui de • Rad. Gentianae : racine de gentiane la droguerie Tissot. le patrimoine régional, mais célèbre (Gentiana lutea). depuis l’Antiquité sous sa forme • Rhiz. Graminis : rhizome de chiendent infusée pour ses propriétés digestives et (Agropyrum repens). vermifuges. Le thym serpolet (Thymus • Spec. Diurétique : préparation serpylum), répandu dans les garides
16 L’Ermite herbu L’Ermite herbu 17 et les prés secs, était régulièrement La liste des plantes et de leurs parties cueilli et infusé pour ses propriétés utiles est la suivante ; les noms sont tirés expectorantes et antispasmodiques. de la dernière pharmacopée européenne L’aubépine (Crataegus monogyna), (vers. 7.0 : Ph. Eur. 2011) et montrent que symbole des haies diversifiées de nos ces espèces sont toujours utilisées (sauf campagnes, est également une plante pour le bleuet). Selon une prescription médicinale reconnue pour ses proriétés européenne, la pharmacopée helvétique cardiotoniques. A ces dernières, sont officielle actuelle (version 11 : Ph. Helv. ajoutés l’alchémille (Alchemilla 11, 2012), suit la nomenclature de la vulgaris), la reine-des prés (Filipendula pharmacopée européenne. Nous avons ulmaria), le millepertuis (Hypericum choisi d’inscrire ces noms afin de situer perforatum), le rosier des chiens (Rosa la réalisation du meuble dans le temps canina), le bleuet (Centaurea segetum), (2016). l’ail (Allium sativum) et la matricaire (Matricaria recutita). • Crataegus folium cum flor : feuilles et fleurs d’aubépine Fig 5. Peinture à l’huile sur bois. Le coup de pinceau d’Elodie sur le dessin de l’absinthe en En plus de leur importance historique • Hyperici herba : millepertuis cours de réalisation. Photo: B. Mulhauser. régionale, le choix s’est porté sur ces dix • Filipendula ulmariae herba : plantes, car elles sont représentatives de filipendule (reine-des-prés) leur habitat naturel. Cet aspect est repris • Serpylli herba : thym serpolet dans le nouvel agencement du jardin • Alchemilla herba : alchémille de simples médicinaux (anciennement • Cyanus flos : fleur de bleuet jardin à thèmes), qui a été exclusivement • Matricariae flos : fleur de camomille conçu selon les milieux naturels des • Alii sativi bulbi pulvis : poudre d’ail plantes. Ainsi, nous allons retrouver la • Absinthi herba : absinthe reine-des-prés dans la parcelle « marais • Rosae pseudo-fructus : fruit et lieux humides », tandis que le bleuet va d’églantier (cynorrhodon) se trouver parmi les plantes des friches, alors que l’ail figurera sous les plantes Au-dessus des casiers se trouvent cultivées. L’objectif ici est d’attirer plusieurs pots d’herboristes, ainsi l’attention du visiteur sur le fait que la que des mortiers et pilons servant à Bibliographie Confédération suisse (1949) : Pharmacopoea survie d’une plante dépend notamment la préparation des lotions. Parmi la Helvetica, Editio Quinta cum supplemento de la conservation de son milieu et que, quinzaine de pots présentés, notez les Fig. 6. Peintures à l’huile sur bois en cours primo . Edition française. Office fédéral bien souvent, son caractère utilitaire, trois pots blancs à liserés dorés de même de réalisation. A gauche l’aubépine, à droite des constructions et de la logistique, Service transmis à travers les générations, facture que ceux que l’on voit sur la le thym serpolet. Peintures réalisées par de vente des publications fédérales, Berne. rendait de nombreux services à nos photographie de la pharmacie Schelling Blaise Mulhauser et Elodie Gaille 2016. 1344 pages. grands-parents. et que l’on peut, par conséquent, dater Photos: B. Mulhauser. Ph. Eur. 7 (2011) : Pharmacopea Europaea. de la fin du 19e siècle. 7e édition. Conseil de l’Europe. Ph. Helv. (2012) : Pharmacopoea Helvetica. 11e édition. Swissmedic, Berne. 492 pages.
18 L’Ermite herbu L’Ermite herbu 19 Le Jardin de l’évolution du Jardin botanique de Neuchâtel Ecrit par Blaise Mulhauser1 et Jérémy Tritz2 1 Directeur du Jardin botanique de Neuchâtel 2 Jardinier au Jardin botanique de Neuchâtel Qu’est-ce « le Jardin de l’évolution » ? Le beau livre, Le Jardin de l’évolution, C’est pour répondre à cette question nous permet de mieux comprendre cette qu’il est très intéressant de lire ce livre nouvelle approche des plantes. Cela conçu par Blaise Mulhauser et Jérémy nous fait découvrir une autre façon de Tritz. relier les plantes entre elles au travers d’une vision innovante de l’évolution. Le Jardin de l’évolution retrace, le long de différents parcours, l’évolution des Cet ouvrage nous offre l’opportunité de plantes depuis les aurores de la vie visiter ce jardin, sous différents aspects, jusqu’à nos jours. sans se perdre. Nous pouvons suivre les stèles calcaires ou « l’échelle du Dès le début des années 2000, le temps » qui expliquent l’histoire des monde scientifique a proposé, suite à végétaux des premières bactéries aux de nouvelles études, effectuées avec plantes à fleurs. Si nous choisissons le des méthodes récentes, une autre « parcours lanternes japonaises » nous classification des plantes. Celle-ci, trouverons des informations concernant basée sur la génétique, permet de les symbioses et les relations des êtres tracer la phylogénie des Angiospermes vivants entre eux. Lorsque nous nous ou plantes à fleurs (abrégé APG pour penchons sur les panneaux explicatifs, Angiosperm Phylogeny Group). Cette au fil des plates-bandes nous ferons Le Jardin de l’évolution nouvelle classification bouleverse connaissance avec cette classification notre précédente perception et notre que l’on pourrait qualifier de déroutante Format 25,5 x 20 cm, compréhension du monde végétal. et qui réserve quelques surprises. 176 pages, agrémenté de 200 photographies. Ainsi, au fil des différents chapitres Bonne lecture et belles découvertes Parution en octobre 2016. abordés, nous partons à la découverte Fabienne Montandon Prix de souscription pour de l’origine de la vie avec la colonne les membres de l’ADAJE : de Winogradski, des premières 25 CHF (prix de vente normal plantes terrestres, de l’évolution du 35 CHF) système floral, qui nous amènent aux Secrétariat, Jardin botanique de Angiospermes et leurs fleurs très belles Neuchâtel, Pertuis-du-Sault 58, et complexes. 2000 Neuchâtel
20 L’Ermite herbu L’Ermite herbu 21 Clins d’oeil photographiques ZOOLOGIQUE L’allure générale évoque celle d’un bourdon, d’où le nom de «Bee-beetle» Francis Grandchamp que lui donnent les britanniques, mais Photographe amateur cette ressemblance est surtout accentuée par le comportement. Coloration : le La trichie fasciée (Trichius fasciatus) thorax est roux, les élytres sont de teinte jaune clair, parfois tirant sur l’orangé, Ce coléoptère, de la famille des cétoines, avec trois bandes noires transversales. n’arbore pas une cuirasse métallique, L’écusson, ce petit triangle qui sépare mais un motif rappelant un hyménoptère. les deux élytres en arrière de la tête, Comme eux, il vole avec aisance de fleur est noir également. Comportement : en fleur. Taille : entre 10 et plus de 20 contrairement aux autres scarabéidés mm. Forme, allure : la trichie fasciée a le qui sont plutôt nonchalants, la trichie corps très velu, en particulier le thorax. fasciée butine de fleur en fleur, elle vole Les élytres sont tronqués et laissent voir avec aisance et se déplace sans cesse. l’extrémité velue de l’abdomen. La taille Elle est pour cela beaucoup plus difficile et la forme des bandes noires des élytres à photographier que la cétoine. peuvent varier d’un individu à un autre. Papaver rhoeas, Gazania splendens, Feijoa sellowiana et Passiflora rubra. BOTANIQUE compte plus toutes les plantes que j’ai pu surprendre et immortaliser en pleine Adrienne Godio floraison. En revisitant mes archives, Biologiste et photographe amateur j’ai constaté que certaines étaient plus présentes que d’autres. Parfois, il est Il était une fois … des petites fleurs au possible de revoir chaque année la même Jardin botanique plante en fleur puis elle nous échappe Aujourd’hui j’ai envie de vous emmener pendant une plus ou moins longue avec moi pour flâner à la découverte de période. Mais, comme dans tout bon différentes espèces rencontrées au fil conte de fée, tout le monde finit par se de mes visites. Depuis de nombreuses retrouver pour vivre des jours heureux années que je fréquente le jardin, je ne et peut-être avoir beaucoup d’enfants.
22 L’Ermite herbu L’Ermite herbu 23 Excursions botaniques de l’ADAJE 2016 Virée floristique de l’ADAJE au Lötschental le 23 juillet 2016 la flore n’est pas encore trop avancée et une belle diversité de mono- et de dicotylédones nous attendait dès la sortie Françoise Février ont été annulées. Puis, nous avons attendu Jacques Bovet de la station. La région est calcaire, en vain deux participantes, dûment mais après quelques détours du sentier, Le printemps s’annonçait prometteur inscrites, qui ne se sont pas présentées Une reconnaissance de la région la prairie se transforme en quelques et précoce. A la mi-mars, les jonquilles au parking du Jardin botanique. Un mot quelques jours avant la course, prévoyait nappes de nardaies assez typiques. s’épanouissaient déjà dans la forêt du d’excuse auprès de la soussignée fait un cheminement de Lauchernalp à Apparemment, le substrat superficiel Mormont, tout près des vestiges du aussi partie du bon usage des excursions Fafleralp. Il s’avéra que ce trajet sur aura été lavé de ses carbonates par les canal d’Entreroches (XVIIe siècle). A de l’ADAJE. des sentiers pas toujours faciles était eaux du ciel (et les ruissellements de Ferreyres, les pulsatilles communes Les trois dernières courses au peu approprié pour le groupe que nous fonte ?). avaient déjà perdu une partie de leur programme ont été parfaitement étions (huit participants). velouté d’un bleu profond. réussies. Elles ont chacune permis la La reconnaissance avait permis de découverte de plantes rares : bétoine des Aussi, après avoir passé tranquillement découvrir, à mi-parcours, une belle Nous avons aussi vécu deux premières Alpes (Stachys pratica) au Lötschental, dans nos voitures le tunnel jusqu’à station de Paradisea liliastrum, la dans l’histoire des cours de l’ADAJE astragale des Alpes (Astragalus alpinus) Goppenstein, avons-nous rejoint Kippel paradisie faux lis, que nous nous – hélas pas celles que nous aurions aux Diablerets et véronique subligneuse et laissé nos montures au parking. réjouissions de retrouver et présenter. souhaitées ! Si les repérages ont pu (Veronica fruticulosa) dans le vallon Un téléphérique mena le groupe à En quelques jours, les corolles s’étaient être effectués (temps splendide au des Morteys. Merci Odette de m’avoir Lauchernalp et nous suivîmes le sentier fanées et avec elles le paradis… envolé. Fanel, menace d’orage au Chasseron), soufflé le nom de ces plantes rares. en direction de Fafleralp pour un aller- le mauvais temps du samedi nous a retour de 8 km environ. A 2000 mètres, Astragalus alpinus. Photo: F. Février. empêchés de partir. Ainsi, cinq courses Stachys pratica. Photo: F. Février.
24 L’Ermite herbu L’Ermite herbu 25 Stemmacantha rhapontica la certains involucres atteint 9 cm !). Et Une escapade botanique de l’ADAJE stemmacanthe rhapontique sur le retour, toujours sous le soleil, le aux Diablerets le 30 juillet 2016 (anciennement rangée parmi les groupe reçut le clin d’œil de Geranium centaurées) eut le bonheur de calmer phaeum ssp. Lividum, le géranium Jacques Bovet les regrets par quelques individus aux livide, aux pétales délicieusement étalés allures d’obélisques (la largeur de et réfléchis. C’est en voiture que, depuis le parking Vers les midi, n’ayant parcouru que du Jardin botanique, les huit participants quelque 500 mètres depuis la station Campanula barbata. Photo: F. Février. à cette course prennent le départ, intermédiaire, les participants déballent direction le col du Pillon. Depuis Aigle, leurs pique-niques tout en scrutant la pente s’accentue et les virolets se les alentours immédiats. C’est ainsi multiplient. Le col du Pillon est bientôt qu’apparaît Ligusticum mutellinoides, la rejoint : voici l’équipée embarquée dans ligustique fausse mutelline, à l’involucre une télécabine qui hisse le groupe à 2400 à 5 à 10 bractées longues et souvent mètres en trois enjambées. trifides. Et l’on débarque sous un soleil radieux à Mais la météo menace : soudain, des la station intermédiaire. D’entrée de jeu sautes de vent invitent obligeamment le la richesse floristique ébahit chacun. A groupe à déguerpir. Remontant la colline quelques pas de la sortie de l’installation pour reprendre la télécabine et rejoindre de remontée nous attendent Cerastium le col, nous nous heurtons encore à un latifolium, le céraiste à larges feuilles, Taraxacum, morphologiquement voisin aux fleurs tremblotant au moindre de T. pacheri, le pissenlit de Pacher, souffle, Campanula scheuchzeri la pourtant absent de la région, selon campanule de Scheuchzer, dont les Flora Helvetica. corolles d’un bleu violet brillant intense font tache dans ce décor alpin, Linum En tout et pour tout une grosse alpinum, le lin des Alpes, aux pétales plus cinquantaine d’angiospermes d’altitude soyeux qu’ailes d’azurés. La troupe se aura été recensée, y compris Senecio disperse et se resserre, chacun parti dans alpinus, le séneçon des Alpes, dont une sa direction hélant soudain le groupe spectaculaire station narguait le groupe, pour contempler ici le rose intense de tapie sur le talus, en face de la buvette Pedicularis verticillata, la pédiculaire bienvenue de la station. Pour le groupe, verticillée, là, la vraiment mignonne après avoir dégagé une puissante et Véronica aphylla, la véronique à tige lourde Volvo de son ornière (salut, nue. Elizabeth !), sonnait le moment du retour. Sur certains épaulements calcaires s’étalent des parterres de Saussurea alpina, la saussurée des Alpes, toutes encore en bouton.
26 L’Ermite herbu L’Ermite herbu 27 Excursion surprise ! De nombreux papillons voltigeaient. (Lilium martgagon), le cerfeuil musqué Parmi eux, nous avons remarqué l’azuré (Myrrhis odorata), le saxifrage à Vallon des Morteys, Fribourg de l’oxytropide (Polymmatus eros), feuilles en coin (Saxifraga cuneifolia), le 13 août 2016 le moiré sylvicole (Erebia aethiops), le saxifrage à feuilles rondes (Saxifraga le mélitée du mélampyre (Melitaea rotundifoglia) et le pigamon à feuilles Jason Grant athalia) et, sur le retour, une chenille du d’ancolie (Thalicrum aquilegiiflium). petit paon-de-nuit (Saturnia pavonia). Sous un ciel bleu, dix amateurs de Il y avait beaucoup de fougères, parmi flore se sont réunis au Jardin botanique elles la capillaire vert (Asplenium pour une excursion surprise. L’effet viride), le blechnum pectiné (Blechnum de surprise a été maintenu jusqu’au spicant), le cystoptère fragile site même, car seuls les conducteurs (Cystopteris fragilis), le gymnocarpe des quatre voitures connaissaient le herbe-à-Robert (Gymnocarpium lieu précis. Nous sommes partis de robertianum), le polystic à aiguillons Neuchâtel en direction de Fribourg, puis (Polystichum aculeatum), le polystic de Bulle et Charmey pour arriver au but, en lance (Polystichum lonchitis) et la le vallon des Morteys dans les Préalpes sélaginelle fausse-sélagine (Selaginella fribourgeoises. Les premiers kilomètres selaginoides). de marche étaient à plat. Nous avons Le moiré sylvicole (Erebia aethiops). La chenille du petit paon de nuit pu y observer des plantes rudérales. Photo: J. Grant (Saturnia pavonia). Photo: F. Février Nous avons pique-niqué à l’ombre, d’où nous avons observé la crépide des Pyrénées (Crepis pyrenaicum) et les différentes formes des feuilles de la scabieuse luisante (Scabiosa lucida). Après une pause bienvenue, nous avons commencé la partie la plus intéressante de l’excursion, la montée sur un chemin rocailleux avec vue sur le Vanil Noir. Ce chemin ombragé nous a permis d’observer de nombreuses espères intéressantes, en particulier l’achillée à larges feuilles (Achillea macrophylla), la campanule à feuilles rhomboïdales (Crepis aurea), l’épilobe des Alpes (Epilobium alpestre), le géranium brun La sélaginelle fausse-sélagine (Selaginella (Geranium phaeum), le liondent hispide selaginoides). Photo: J. Grant Vallon des Morteys. Photo: J. Grant (Leontodon hispidus), le lis martagon
28 L’Ermite herbu L’Ermite herbu 29 Nous avons éprouvé un moment de bonheur lorsque nous avons croisé Vie de l’association deux ânes conduits par des bergers qui Josette Fallet descendaient leurs fromages, dans le Secretaire de l’ADAJE respect de la tradition fribourgeoise. Assemblée générale 2016 Après avoir présidé l’association pendant De l’endroit où nous nous sommes quelques mois en 2015, Gérald Mauron arrêtés, nous avons observé la véronique L’Assemblée générale s’est tenue le a démissionné en janvier 2016. Dans buissonnante (Veronica fruticosa). 9 mars 2016 au Jardin botanique, en sa séance du 13 avril 2016, le comité J’étais très content de voir plusieurs présence d’une trentaine de membres. a désigné le nouveau président en la aconites: l’aconit tue-loup (Aconitum A cette occasion, l’ADAJE a pris congé personne de Georges de Montmollin. Il lycoctonum ssp. vulparia), l’aconit de deux fidèles membres du comité : assumera cette année la double fonction napel (Aconitum napellus) et une très Maryse Guye-Veluzat et Marie de de président et de trésorier. jolie espèce, l’aconit panache (Aconitum Montmollin. variegatum). Agé de 71 ans, Georges de Montmollin NB: Le vanil du Vanil Noir et plusieurs Maryse Guye-Veluzat est entrée au a passé son enfance au vallon de autres sommets «vanils» dans les Alpes comité en 2007. Elle s’est occupée des l’Ermitage; il est revenu s’y établir en ont des racines étymologiques avec expositions artistiques après le décès 1993 après ses études et ses premières notre Creux-du-Van, car un van est tout d’Yves Aeschlimann et jusqu’en octobre activités professionnelles outre Sarine. simplement un rocher. Le senéçon des Alpes (Senecio alpinus). 2012. Depuis lors, le Jardin botanique Ingénieur civil diplômé de l’EPFZ au http://henrysuter.ch/glossaires/topoV0. Photo: J. Grant assume le choix et l’organisation début des années septante, il a très tôt html des expositions diverses à la Villa de pris le virage de l’informatique et a l’Ermitage. Maryse Guye-Veluzat a créé participé aux programmes de calcul le logo de l’ADAJE, dont la seconde pour l’édification de ponts tels que ceux lettre A est d’une taille supérieure à la de Valangin et du Landeron. Puis, il première pour insister sur l’importance est passé de l’informatique technique à des Amis dans le dialogue avec le Jardin l’informatique commerciale; l’ingénieur botanique. civil s’est mué en ingénieur système. Il a notamment développé sa propre Rédactrice de L’Ermite herbu depuis application pour l’informatisation des 2006, Marie de Montmollin a assuré la registres du commerce, solution retenue réalisation de 19 éditions du journal de par 22 des 26 cantons et le Liechtenstein. l’ADAJE. Il y a dix ans, elle a introduit Il a revendu son entreprise il y a quelques un changement radical, le passage d’un années. Retraité actif, Georges de bulletin noir-blanc (A4) au magazine en Montmollin s’engage maintenant dans couleur (A5) illustré de photographies. les énergies. Il a créé une société dont le L’ADAJE a aussi bénéficié – et but est de concourir au développement continuera de bénéficier – de ses talents d’une industrie tirant parti de la science de cuisinière. Sa soupe à la courge des matériaux et de la matière, ainsi remporte chaque année un vif succès que de ses applications au domaine de Berger fribourgeois. Photo: F. Février. lors de la Fête d’automne du Jardin. l’énergie, en particulier de la technologie
30 L’Ermite herbu L’Ermite herbu 31 LENR (Low Energy Nuclear Reactions), Habituellement, l’AG est convoquée un Fête d’automne au Jardin botanique à sa désormais traditionnelle « corvée- une énergie propre (ni déchets nucléaires, mercredi soir du mois de mars. Partant Dimanche 2 octobre 2016 torrée ». ni CO2) et abondante. Georges de du principe que rien n’est immuable, Montmollin a pour violon d’Ingres la le comité a envisagé de modifier les Ne manquez pas l’une ou l’autre des Vous êtes toutes et tous – jeunes et moins généalogie. Il a créé un site qui présente habitudes, de changer de jour et d’horaire, excursions dans la forêt de l’Ermitage, jeunes – appelés à venir donner un peu la généalogie d’une grande partie des de programmer l’AG un samedi. La date sous la conduite de Jacques Bovet. Départ de votre temps et de votre énergie pour familles bourgeoises de Neuchâtel provisoirement retenue (18 mars 2017) à 11h et 14h du stand de l’ADAJE. faire les foins d’automne des prairies (www.montmollin.ch). coïncidera probablement avec le maigres du vallon de l’Ermitage que réveil des batraciens. Par conséquent, Ne manquez pas l’atelier sur les nous fauchons chaque année dans Le nouveau président de l’ADAJE l’assemblée pourrait être convoquée à Characées dans le Jardin de l’évolution ! l’arrière-saison. Vous participerez ainsi présente ses objectifs dans l’éditorial de 16 heures et être suivie d’une collation Animation assurée par Otto Schäfer, au maintien de ce milieu riche en espèces la présente édition. puis, à partir de 19 heures, de la nuit auteur d’un guide illustré sur ce groupe de plantes et d’insectes. des amphibiens. L’ADAJE ne prendra botanique qui se situe entre les algues et Assemblée générale 2017 cependant pas cette décision sans avoir les plantes à fleurs. Une torrée vous sera offerte à midi ! consulté les membres de l’association. Horaire libre : dès 8 h 30 et jusqu’à 15 h L’ADAJE a le plaisir d’annoncer A cet effet, ils trouveront un bulletin- Journée corvée-torée Inscription obligatoire : que Caspar Bijleveld, directeur réponse encarté dans le présent numéro Samedi 5 novembre 2016 Jardin botanique du Papiliorama, prononcera une de L’Ermite herbu. Le comité les Tél. 032 718 23 50 conférence sur la biodiversité à l’issue remercie de donner leur avis jusqu’à fin Après le vif succès et l’excellent travail jardin.botanique@unine.ch de l’Assemblée générale (AG) de mars octobre 2016. accompli les années précédentes, le 2017. Jardin botanique vous invite à participer Echinacea purpurea et Apis mellifera. Photo: B. Mulhauser Oeillet de Chine (Dianthus chinensis). Photo: B. Mulhauser
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