L'ESSENTIEL Votre magazine paroissial - Cahier romand - Saint-Augustin SA
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L'ESSENTIEL
Cahier
romand
Chrétien
dans le monde
actuel Votre magazine paroissial
Editorial
Et alors !
AVRIL 2022 | MENSUEL NO 4 UNE PUBLICATION SAINT-AUGUSTIN
L’Apocalypse PAR LES ÉDITIONS SAINT-AUGUSTIN
révélée En se concentrant sur quelques
chapitres-clés du dernier livre de
un itinéraire fascinant de « dévoi-
lement » à travers l’Apocalypse de
la Bible, la vision inaugurale du Jean de Patmos et une initiation à
Fils de l’homme (1, 9-20) ; le sanc- son genre littéraire symbolique et
tuaire de Dieu et la Femme pro- « révélateur ».
tégée du Dragon (11-12) ; les deux
Bêtes et les forces de l’abîme (13) ; Fruit d’une session de l’ABC,
les noces de l’Agneau (19) ; la Jéru- l’ouvrage fait jouer les thèmes et
salem céleste, la terre et les cieux expressions à l’intérieur de l’en-
nouveaux (21-22) ; ainsi que sur les semble du Canon des Ecritures
Cantiques et les 7 béatitudes qui et fournit des points de repères
parsèment le texte, ce Cahier de pour un parcours communautaire
l’Association biblique catholique ou individuel à travers ce grand
de Suisse romande (ABC) offre chant d’espérance.
Didier Berret est diacre permanent du diocèse de Bâle, responsable de
l’unité pastorale des Franches-Montagnes.
Monique Dorsaz est théologienne formatrice et coresponsable de la
Pastorale de la famille de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud.
Barbara Francey est théologienne formatrice au Service formations
de l’Eglise catholique dans le canton de Fribourg.
Vincent Lafargue est prêtre du diocèse de Sion et formateur d’adultes.
Jean-Michel Poffet est frère dominicain de la province suisse, ancien
directeur de l’Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem ; il
a enseigné le Nouveau Testament à la Faculté de théologie de l’Université
de Fribourg.
François-Xavier Amherdt (dir.) est prêtre du diocèse de Sion, professeur
de théologie pastorale, pédagogie religieuse et homilétique à l’Université
de Fribourg, président de l’ABC.
Bulletin de commande à retourner à :
Editions Saint-Augustin / CP 51 / 1890 Saint-Maurice / ou par mail : editions@staugustin.ch
Je commande …... exemplaire(s) de L’APOCALYPSE RÉVÉLÉE
au prix de Fr. 24.– (franco de port)
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L’E SS E N T I E L saint-augustin.c h
L’E SS E N T I E L | CA H I E R RO M A N D | AV R I L 20 2 2
Chrétien dans le monde actuel
I Editorial É D I TO R I A L
Sommaire
Et alors ?
Et alors ? PAR THIERRY SCHELLING | PHOTO : DR
II-V Eclairage
« Un changement d’époque », plutôt
Chrétien dans un monde qu’« une époque de changement », voilà
qui ne l’est plus ? le constat du pape François. L’écrou-
VI Ce qu’en dit la Bible lement – accéléré par le tsunami de la
Rendre compte avec douceur révélation (enfin !) des abus par le clergé
– de l’institution Eglise et de ses codes
VII Le Pape a dit… est bien visible dans notre hémisphère :
« Ni les premiers, logiquement, moins de prêtres (même en
ni les plus écoutés » Pologne qui s’en lamente !).
Alors soit on rafistole à coup d’« Année
VIII Carte blanche diocésaine du prêtre », de veillées de prière pour des
Comment se réjouir vocations sacerdotales et religieuses, de
de Pâques ? cybercurés (à la gamme de pertinence
IX Jeunes et humour fort discutable d’ailleurs…), soit on
change de lunettes, voire de « logiciel
X-XI Small talk… intérieur », et on relit : alentour (par les
… avec Elisabeth Parmentier périphéries d’abord), le monde entier
(et pas juste notre nombril centre-euro-
XII Au fil de l’art religieux
péen), et… l’Evangile. Et c’est plus que
Vitraux du Père Kim En Joong, réjouissant !
chapelle Notre-Dame-de- « Le monde nouveau » promis par l’Apo-
Compassion (Martigny) calypse est déjà en route, avec le timo-
XIII Paroles de jeunes, nier François : ces milliers de jeunes
parole aux jeunes engagés pour la défense des humains,
des migrants, des bannis de la société,
Soif de sacré
de la nature, des animaux, de la mer… ;
XIV Zoom sur… ces milliers de femmes qui gouvernent,
Le mouvement des Focolari décident, commandent, rassemblent,
bénissent, prêchent au sein de maintes
XV Faire recette communautés spirituelles et pas que
Nettoyage de printemps chrétiennes ; etc. Ces fameux « signes
XVI La sélection de L’Essentiel des temps » invoqués déjà par Jean XXIII
En librairie… en 1958 : ils sont là, bien visibles, inexo-
rables ! L’Eglise, c’est le « laios tou theou »,
le Peuple de Dieu – les laïcs ! – au service
du monde.
IMPRESSUM : Editeur Saint-Augustin SA, cp 51, 1890 Saint-Maurice Directeur Yvon Duboule Rédacteur en chef Nicolas Maury | bpf@staugustin.ch | 024 486 05 25
Abonnements adressage@staugustin.ch | Tél. 024 486 05 39 Rédaction romande Myriam Bettens | Chanoine Calixte Dubosson | Nicolas Maury | Pascal Ortelli |
Abbé Thierry Schelling Collaborateurs externes Abbé François-Xavier Amherdt | Amandine Beffa | Jean-Claude Gadmer Couverture La chrétienté est-elle finie en tant
que civilisation ? Photo : Jean-Claude Gadmer Maquette Essencedesign SA, Lausanne | ESA, Saint-Maurice Prochain numéro Dieu au féminin I
ÉC L A I R AG E
La société de consommation, les nouvelles technologies,
Chrétien dans un
monde qui ne l’est plus ? mais surtout le relativisme font qu’il est de plus en plus
difficile de diffuser la vérité chrétienne. Dans un monde
gouverné par l’émotion, le chrétien peut-il proposer une
sagesse qui demande du recul par rapport au vécu ?
« Etre dans le vent : une ambition de feuille morte ! », selon Gustave Thibon.
PAR CALIXTE DUBOSSON | PHOTOS : PIXABAY, PXHERE, FLICKR, DR
« Etre dans le vent : une ambi- tions qui concernent les mœurs
tion de feuille morte ! » Cette (solution des délais, fécondation
métaphore de Gustave Thibon, in vitro, mariage pour tous),
écrivain et philosophe français, il apparaît que l’Eglise ou ses
signifie qu’être informé de la der- représentants sont systématique-
nière mode et la suivre est une ment désavoués. Ce qui donne
recherche, un désir de quelqu’un l’impression que le chrétien qui
vide et sec intérieurement. Autre suit les orientations et les recom-
citation, celle de Sören Kierke- mandations des autorités de
Défendre gaard, écrivain, poète et théolo- son Eglise vit dans un monde
gien danois : « Qui épouse l’esprit étranger à la société actuelle. Il
les principes
du temps sera vite veuf ! » Enfin : se sent désorienté et tombe sou-
fondamentaux « A force d’être dans le vent, on vent dans un profond désarroi.
demande aujourd’hui finit par attraper des rhumes », Est-il en phase avec les réalités
du courage. ajoute l’écrivain français Jean du moment ? Est-il dans l’erreur
Mgr Jean-Marie Lovey Dutourd. quand il affirme ses convictions
qu’une étude attentive de la Bible
Ces auteurs me sont venus à et de la tradition lui ont léguées ?
l’esprit en voyant l’évolution des Malgré les désillusions et les
phénomènes sociétaux dans le déconvenues, aurait-il raison
monde et en Suisse. Lors des vota- contre tous ?
II L’E SS E N T I E L
ÉC L A I R AG E
Toutes ces questions taraudent courageux ? Si l’on prend pour
l’esprit de celles et ceux qui vont à modèle le Christ, la réponse ne
l’encontre des idées reçues, ce qui fait pas de doute. L’épisode de la
fait dire à un paroissien : « L’opi- femme adultère, par exemple, où
nion publique majoritaire regarde il fait front contre toute l’intelli-
les choses de façon superficielle. gentsia de l’époque. Plus encore
Prenez l’exemple du mariage quand le Seigneur met les pieds
pour tous. Il est évident que les dans le plat : « Au temps du pro-
gens ne se sont posé qu’une seule phète Elie, il y avait beaucoup de
question : doit-on permettre aux veuves en Israël. Pourtant, Elie
Le chrétien serait-il couples homosexuels de se marier n’a été envoyé vers aucune d’entre
donc un être civilement ? Bien sûr que oui. elles mais bien à une veuve étran-
courageux ? Comment répondre non dans un gère de la ville de Sarepta, dans le
monde qui veut l’égalité à tous les pays de Sidon. A ces mots, dans
Si l’on prend pour
niveaux ? Par contre le droit de la synagogue, tous devinrent
modèle le Christ, l’enfant, la PMA et bientôt la GPA furieux. Ils se levèrent, poussèrent
la réponse ne fait pas demandaient une vraie réflexion Jésus hors de la ville et le menèrent
de doute. que peu ont entreprise. » jusqu’à un escarpement de la col-
line où leur ville est construite,
Le courage d’être chrétien pour le précipiter en bas. Mais lui,
« Défendre les principes fonda- passant au milieu d’eux, alla son
mentaux demande aujourd’hui chemin. » (Lc 4, 25-28)
du courage. Ce n’est pas parce que
le vent souffle dans telle direction A la suite de son maître, le chré-
que toute la barque doit suivre tien est amené à défendre des
le mouvement » : ainsi s’expri- valeurs. Mais il faut d’abord dire
mait Mgr Jean-Marie Lovey lors qu’il y a une distinction essen-
d’un entretien au Nouvelliste 1 . tielle à faire avant d’aller plus loin.
1 NF 08.09 2021. Le chrétien serait-il donc un être Le chrétien d’aujourd’hui est très
% de la population
chrétienne
90-100
80-90
65-80
50-65
30-50
15-30
7-15
1-7
< ou pas de données
AV R I L 20 2 2 III
ÉC L A I R AG E
divers. Il y a celui qui se rend à tions, j’ai clairement affirmé mon
l’église pour baptiser ses enfants opinion, mais que le faire du haut
ou pour se marier, mais qu’on ne d’une chaire serait pour moi une
revoit plus dans les autres évène- sorte de violation des consciences
ments de la vie ecclésiale. Il y a en profitant d’une audience qui
celui qui s’informe sur les valeurs n’est pas faite pour ça. Ce serait
du christianisme en développant d’ailleurs plus contre-productif
La chrétienté une conscience chrétienne éprou- qu’autre chose.
est finie en tant que vée. Il y a celui qui s’engage sur le
civilisation. Je ne parle plan social ou sur le plan politique Le monde actuel
et qui vit sa foi dans un rapport Maintenant que nous avons
pas du christianisme, direct avec Dieu sans média- mieux défini l’adjectif de chré-
qui n’est pas une tion ecclésiale. Il y aurait encore tien, il convient de le situer dans
religion perdue et qui tant d’autres catégories que l’on la perspective qu’il vit dans un
continue à se déployer. ne peut évoquer dans un si bref monde qui ne l’est plus. La phi-
La chrétienté, c’est article. Il semble toutefois que losophe française Chantal Delsol
la civilisation dans d’après les statistiques, les opi- n’y va pas par quatre chemins.
nions minorisées par les résultats Pour elle, nous assistons à la fin
laquelle le christia- des votations se trouvent dans le de la chrétienté. Le constat est
nisme apporte ses camp des pratiquants réguliers sans appel. Et pourtant, il est
lois et ses mœurs. compris ici en tant que fidèles teinté d’espoir ou d’espérance
Chantal Delsol à la messe du dimanche et aux pour les chrétiens. Je ne parle
sacrements. Nous ne sommes pas du christianisme, qui n’est
plus à l’époque où le curé dictait pas une religion perdue et qui
les intentions de vote aux fidèles continue à se déployer. La chré-
et c’est tant mieux. Ce n’est donc tienté, c’est la civilisation dans
pas de lui que viendrait l’inspira- laquelle le christianisme apporte
tion principale. D’ailleurs, une de ses lois et ses mœurs. Et c’est ça
mes connaissances m’a reproché qui est effacé depuis les années
mon silence en vue de la votation 50… D’après elle, au fil des ans,
du mariage pour tous. Je lui ai la chrétienté aurait été remplacée
répondu que dans mes conversa- par le cosmothéisme : « Il s’agit
« Un abîme plutôt qu’un fossé »
COMMENTAIRE DE CALIXTE DUBOSSON
Souvent dans mes allées et venues au village, je rencontrais une jeune fille fraîchement ma-
jeure. Un jour, nous avons bu un café ensemble au bistrot du coin. La conversation nous amena
à parler de la gestation pour autrui.
Je lui parlai de l’animateur français Marc-Olivier Fogiel qui s’est marié avec son compagnon et
qui a « commandé » deux enfants nés aux Etats-Unis, d’une mère porteuse, pratique illégale en
France. Avant que je puisse dire ma totale réprobation de la GPA, elle m’adressa cette parole qui
me laisse sans voix encore aujourd’hui : « C’est inadmissible que la France interdise cette pra-
tique ! » J’ai immédiatement compris que nous n’étions plus du même monde et que le fossé qui
me séparait d’elle était plutôt un abîme.
IV L’E SS E N T I E L
ÉC L A I R AG E
d’une nouvelle croyance. Lorsque une société de plus en plus indi-
la chrétienté s’efface, elle n’est vidualiste coupée de la tradition,
pas remplacée par rien. Il reste la seule autorité qui apparaisse
un pourcentage non négligeable comme justifiée est le moi. C’est
de chrétiens. Mais les autres ne ce que le philosophe Zygmunt
tombent pas dans le néant, ils Bauman appelle la société liquide.
se mettent à croire en d’autres Il n’y a plus de bien commun, ce
choses. C’est une adoration du qui gouverne la politique est
monde. C’est ce qui se développe désormais l’émotion. »
avec l’écologie, qui est en train
de devenir une religion. Cela fait Combien de fois n’enten-
partie des nombreuses tendances dons-nous pas dans les inter-
qui tendent à remplir le vide. » 2 views, le mot relativement ? « Le
taux de probabilité est relative-
Ce constat semble se vérifier ment faible. La tendance est relati-
dans les conversations du « Café vement en hausse. » Et la réponse
Selon le philosophe Zygmunt Bauman, du commerce ». J’entendais mes aux questions est souvent : « Oui
il n’y a plus de bien commun, ce qui voisins de table disserter sur et non. » Difficile dans ces condi-
gouverne la politique est désormais l’écologie. Aujourd’hui, ce n’est tions de faire émerger une vérité !
l’émotion.
plus les dix commandements qui Pourtant, si l’on prend la question
nous aident à faire un examen de l’existence de Dieu, il faudra
de conscience. Il faudra s’exami- dire oui ou non. L’un aura tort,
ner sur le nouveau dogme qui a l’autre raison. Il n’y aura pas de
lui aussi ses règles : tu ne voyage- juste milieu.
ras plus en avion, tu ne laisseras
plus couler l’eau quand tu te laves Rod Dreher ajoute : « Je crois que
les dents, tu n’imprimeras plus les chrétiens doivent aller dans
tes documents numériques, etc. le monde. Mais dans un monde
Voilà les nouveaux péchés et pour postchrétien, hostile au christia-
ceux-là il n’y aura aucune absolu- nisme, je crois qu’il faut avoir une
tion. Par contre, tricher, mentir, foi solide, appuyée sur une forma-
tromper son conjoint deviennent tion intellectuelle. On ne peut pas
des péchés secondaires ! aller au combat désarmé ! »
Relativisme et émotion « Soit on est dans le vent, soit on
Un autre constat est posé par Rod crée le courant », disait souvent le
Rod Dreher affirme que le monde n’est Dreher, journaliste et écrivain regretté Mgr Joseph Roduit. N’y
plus chrétien à cause de l’avènement américain dans son livre Com- a-t-il pas ici un vent d’optimisme
de la société de consommation. ment être chrétien dans un monde que tout baptisé conscient de sa
qui ne l’est plus ? L’auteur affirme responsabilité dans l’avènement
que le monde n’est plus chrétien à d’un monde plus juste et fraternel
cause de l’avènement de la société est invité à faire souffler ? Comme
de consommation, des nouvelles le dit le psaume 36, 3-4 : « Fais
technologies et du relativisme. confiance au Seigneur, agis bien,
« Tout cela fait qu’il est de plus en habite la terre et reste fidèle ; mets
2 Chantal Delsol, La fin plus difficile de vivre avec la vérité ta joie dans le Seigneur : il com-
de la Chrétienté, octobre 2021. chrétienne dans le monde. Dans blera les désirs de ton cœur. »
AV R I L 20 2 2 V
C E Q U’E N D I T L A B I B L E
Rendre compte avec douceur PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT
(1 Pierre 3, 15-16)
PHOTO : PIXABAY
A bien des égards, en ce début situation contemporaine, « que
du 3 e millénaire, nous nous ce soit avec douceur et respect,
retrouvons dans la situation des en toute bonne conscience, afin
premières communautés chré- que, sur le point même où l’on
tiennes immergées et perdues vous interpelle – voire calom-
dans une société qui allie indif- nie – soient confondus ceux qui
férence et hostilité face à la foi et décrient votre bonne conduite
qui donne l’impression de vouloir dans le Christ » (1 Pierre 3, 15-16).
– et pouvoir – se passer de Dieu.
La petite voix de l’Evangile paraît Le cadre de l’époque est entière-
complètement noyée et le chris- ment marqué par les persécutions
tianisme, totalement ex-culturé dont les communautés ecclésiales
(exclu de la culture). étaient l’objet de la part des auto-
rités de l’empire et des tenants des
L’invitation de la première lettre religions païennes, car les bapti-
de Pierre aux chrétiens de la sés constituaient une menace
Rome impériale du Ier siècle, pour eux. Ces velléités d’exter-
puisque tel est le contexte de mination n’ont hélas pas disparu
l’épître pétrinienne, résonne de nos jours et dans bien des
donc avec une particulière acuité endroits sur la planète, revendi-
à nos oreilles postmodernes du quer son appartenance au Christ
XXIe siècle : « Soyons toujours équivaut encore à risquer sa vie.
prêts à rendre compte de l’espé-
rance qui nous habite, devant Reste que dans nos contrées
quiconque nous en demande occidentales, « l’apologétique »
raison. » Mais, ajoute le texte, et – c’est-à-dire l’art de proposer
cela vaut également pour notre la foi (apo logos) à ceux qui s’en
détournent ou l’ignorent tota-
lement – prend une particulière
actualité. Le terme a mauvaise
presse, car il est considéré comme
un plaidoyer défensif et identi-
taire. En réalité, il correspond
au témoignage positif de celles
et ceux qui ont expérimenté que
vivre avec Jésus n’est pas la même
chose que vivre sans lui, ainsi que
le proclame l’exhortation La joie
de l’Evangile du pape François
(n. 266) et donc qu’il s’agit d’of-
frir au monde, avec délicatesse et
sans prosélytisme « la diaconie
de la vérité », en faisant connaître
Selon la première lettre de Pierre, il s’agit de rendre compte de l’espérance l’espérance portée par la Bonne
qui habite les chrétiens. Nouvelle.
VI L’E SS E N T I E L
L E PA P E A D I T…
« Ni les premiers,
ni les plus écoutés »
François recommande une attention toute particulière à la religiosité populaire.
PAR THIERRY SCHELLING | PHOTO : PXHERE
Changement d’époque lecture. Et François prône le dia-
Le pape François l’a répété : logue avec cette diversité sous nos
« Nous (L’Eglise catholique, ndlr) fenêtres, pour toucher les cœurs
ne sommes plus en chrétienté, avant tout dans le témoignage
nous ne le sommes plus ! Nous ne sincère et modeste de notre foi.
sommes plus les seuls aujourd’hui On est loin des processions tape-
à produire la culture, ni les pre- à-l’œil !
miers, ni les plus écoutés. » Et cela
requiert un changement de men- Religiosité du peuple
talité qui prend du temps et qui Enfin, François recommande
n’est jamais un acquis mais un une attention toute particulière
devenir, un chemin. Seulement à la religiosité populaire, à la
en connaissant et en aimant ce façon qu’ont les gens d’exprimer
monde dans lequel nous vivons, spontanément leurs croyances,
alors nous pouvons évangéliser leur spiritualité, leur foi. Même
Nous ne sommes plus plus adéquatement sans faire ni si pas toujours correspondantes
les seuls aujourd’hui les perroquets ni les bulldozers ! « aux normes », elles sont expres-
à produire la culture. Dans la sobriété. On est loin des sions premières et profondes dans
Pape François ovins de Panurge ! leur cœur. C’est en les accueillant
comme telles qu’on peut ensuite
Multiculturalité partir d’elles pour se (re)connec-
Une deuxième caractéristique de ter à l’Evangile, ferment infini de
ce monde : sa pluriculturalité, iné- conversion, même pour le plus
luctable et inhérente notamment grand mystique !
à la vie urbaine, premier biotope
où l’on constate la « déchristiani- Cela rappelle un Jésus qui ren-
sation » selon l’ancien modèle de contra une Samaritaine…
AV R I L 20 2 2 VII
CA RT E B L A N C H E D I O C É SA I N E
Comment se réjouir Dans cette rubrique, L’Essentiel propose aux Evêques
de Pâques ?
des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg,
à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représen-
tants de s’exprimer sur le sujet de leur choix. Ce mois,
c’est Céline Ruffieux qui prend la plume.
PAR CÉLINE RUFFIEUX, REPRÉSENTANTE DE L’ÉVÊQUE À FRIBOURG
PHOTO : CATH.CH
A peine sortis de la pandémie, posé sur cet autre qui pense ne
nous voilà confrontés à une autre rien mériter, par un sourire gra-
violence, celle de la guerre, à deux tuit à ce passant ou ce collègue,
pas de chez nous. Des temps de par un mot qui va relever celui qui
désert qui semblent se superposer est tombé. Changeons le monde !
les uns aux autres, qui semblent Le Carême ne se comprend
s’éterniser, sans porte de sortie. qu’en regard de Pâques. Rappe-
Que faire alors du Carême, cet lons-nous : « La joie de l’Evangile
autre temps de désert ? Comment remplit le cœur et toute la vie de
se réjouir de Pâques ? ceux qui rencontrent Jésus. Ceux
qui se laissent sauver par lui sont
Notre foi et nos rites sont notre libérés du péché, de la tristesse,
essentiel, c’est ce qui nous du vide intérieur, de l’isolement.
« reconnecte » à ce qui fait de Avec Jésus Christ, la joie naît et
nous des femmes et des hommes renaît toujours. »1
debout, capables de laisser passer
la lumière de Dieu à travers soi, Malgré les violences du monde
capables de vivre chaque nou- et les difficultés de la vie, nous
avons reçu ce don ineffable de
Face à la peur et aux angoisses, face à la violence pouvoir se laisser sauver par le
des hommes, nous sommes pleins d’Espérance Christ. Qu’en faisons-nous alors ?
et d’Amour. La force de la solidarité, de la prière Pouvons-nous en témoigner
et de la compassion sont forces de vie toujours dans chacun des actes que nous
renouvelées. posons, dans chaque décision que
veau jour comme une Pâques où nous prenons ? Savons-nous être
la vie l’emporte sur la mort. Face dans la gratitude et l’émerveille-
à la peur et aux angoisses, face ment ?
à la violence des hommes, nous
sommes pleins d’Espérance et « Béni soit Dieu, le Père de notre
d’Amour. La force de la solida- Seigneur Jésus-Christ, qui, selon
rité, de la prière et de la compas- sa grande miséricorde, nous a
sion sont forces de vie toujours régénérés, pour une espérance
renouvelées. vivante, par la résurrection de
Jésus-Christ d’entre les morts. »
Jour après jour, pas après pas (1 Pierre 1, 3)
sur ce chemin vers Pâques, nous
pouvons changer le monde. Par 1 Pape François. La joie de l’Evangile –
un regard plein de bienveillance, Exhortation apostolique. 2013.
VIII L’E SS E N T I E LJ E UX , J E U N E S E T H U M O U R
PAR MARIE-CLAUDE FOLLONIER
Question d’enfant Humour
Le lapin de Pâques, Un évêque vient trouver un prêtre en mission
un symbole chrétien ? au Cameroun. Il est très impressionné de ce
que le prêtre a réalisé sur place : un immense
Les mythologies de hôpital, deux grandes écoles. Il lui demande
nombreux peuples ont où il a trouvé l’argent pour le financement.
une déesse du printemps Le prêtre est gêné et préfère ne pas répondre.
et de la fertilité associée L’évêque, au nom de l’obéissance, lui somme
parfois au lapin dont la de dire la vérité :
femelle peut avoir deux – Vous voyez ce château. Il est habité par
portées en même temps. un milliardaire qui m’a promis de payer les
Dans les pays germa- écoles et l’hôpital si je baptisais son chien.
niques, ce ne sont pas – Et vous l’avez fait ? C’est inadmissible. La
faim ne justifie pas les moyens !
les cloches qui ramènent
Très en colère, l’évêque va se coucher. La nuit
les œufs de Pâques, mais bien les lapins.
portant conseil, au déjeuner, Monseigneur,
Les enfants leur construisent un nid. Lapin, qui a aussi besoin d’argent pour son diocèse,
cloche ou colombe, tout se mélange et s’adresse au prêtre :
se confond pour rendre compte de l’abon- – Pourriez-vous demander au milliardaire
dance de Vie offerte par la Résurrection. s’il envisage de confirmer son chien ?
PAR PASCAL ORTELLI PAR CALIXTE DUBOSSON
AV R I L 20 2 2 IXS M A L L TA L K … AV EC É L I SA B E T H PA R M E N T I E R
La tendresse Elisabeth Parmentier a pris ses fonctions de doyenne
du Père de la faculté de théologie de Genève en juillet dernier.
Rencontre avec la première femme nommée à la tête de
cette vénérable institution depuis sa création.
PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER
En tant que première doyenne Pourquoi un tel besoin de sacré,
de la faculté, quels sont les pro- aujourd’hui, dans nos sociétés
jets que vous souhaitez particu- laïques ?
lièrement mettre en œuvre ? Le monde de plus en plus ratio-
Que la théologie devienne acces- nalisé, tourné vers la réflexion
sible et compréhensible par tous. cartésienne et technologique,
C’est un concept que la plupart pousse l’être humain à recher-
de nos contemporains ne com- cher quelque chose de plus pro-
Mon premier but prennent plus, car ils ne savent fond. Cette quête spirituelle
et celui de tous pas ce que cela recouvre. Mon habite l’être humain. Les reli-
les enseignants de la premier but et celui de tous les gions traditionnelles ont souvent
faculté est de montrer enseignants de la faculté est été décevantes du fait de leur ins-
de montrer la pertinence de la titutionnalisation. Malheureuse-
la pertinence de la
théologie aujourd’hui dans les ment, ce besoin de spirituel étant
théologie, aujourd’hui, questions du monde. Toutes les souvent identifié aux Eglises, il
dans les questions questions qui « agitent » l’être y a rejet. Les gens pensent alors
du monde. humain touchent à la théologie. qu’il n’y a plus rien d’intéressant
à rechercher dans cette direction.
Comment ramener la théologie Les Eglises sont comme les êtres
au cœur de la société et ne pas la humains, avec leurs limites, mais
confiner aux auditoires univer- cela n’amoindrit pas la qualité de
sitaires ? leur message.
On pense souvent que les facul-
tés de théologie sont des lieux En tant que spécialiste de théo-
pour former des pasteurs ou des logie féministe, quel est le rôle
catéchètes, alors que nous nous de la théologie dans la place
adressons à un auditoire bien accordée aux femmes ?
plus large. Les gens cherchent un La transmission du christianisme
sens au monde, à leur vie. Toute a été adaptée aux cultures en
cette catégorie de personnes place. Pour être accepté, le chris-
est en recherche de réflexion de tianisme a coupé le côté nouveau
qualité par rapport à la vie. Pour et révolutionnaire du message
former les esprits à l’interpré- de Jésus-Christ. Dans la plupart
tation du monde d’aujourd’hui, des sociétés dans lesquelles le
nous proposons tout un éventail christianisme s’est développé, les
de disciplines pour montrer en hommes étaient dans la vie active
quoi la théologie a toujours sa et les femmes au foyer et il s’est
pertinence. accommodé à cela. Les lectures
Elisabeth Parmentier. féministes des textes bibliques
X L’E SS E N T I E LS M A L L TA L K … AV EC É L I SA B E T H PA R M E N T I E R
essaient de les relire au-delà de le texte est réellement plus ouvert
ce que la tradition a « enrobé » que ce que la tradition en a fait.
autour. En regardant vraiment les Elle a polarisé sur un seul aspect
mots et les expressions utilisées, alors que les textes, dans leur sens
premier, brisent les stéréotypes.
Que pensez-vous de l’idée de
l’Eglise protestante de Genève
de « démasculiniser » Dieu ?
Je pense que la question centrale
est mal comprise du grand public.
En réalité, il ne s’agit pas de caser
Dieu dans un attribut masculin
ou féminin. Dès le début de la
tradition chrétienne et de l’An-
cien Testament, il a toujours été
clair qu’Il est au-delà de toutes les
images. Ce qui se trouve derrière
cette demande, du côté catho-
lique comme protestant, est d’in-
sister sur la relation aimante de
Dieu avec les humains, avec des
analogies comme la miséricorde
et la tendresse, classiquement
attribuées au féminin, peut-
être à tort. Certaines femmes
expliquent qu’être absentes du
langage condamne à l’invisibi-
lité. Il est important qu’il n’y ait
pas de polarisation entre le fémi-
nin et le masculin, mais que cette
diversité de langage soit présente.
Et cette diversité est nécessaire,
car aucune comparaison ne veut
« décrire » Dieu, mais est langage
de relation. Malheureusement
avec des titres comme « démascu-
liniser Dieu » nous nous trouvons
La théologienne a pris ses fonctions de doyenne en 2018. en plein dans les clichés.
Biographie express
Née en 1961 à Strasbourg, Elisabeth Parmentier est une théologienne protestante française et
professeure de théologie pratique à l’université de Genève. Spécialiste d’œcuménisme et de
théologie féministe, elle a pris ses fonctions de doyenne en 2018.
AV R I L 20 2 2 XIAU F I L D E L’A RT R E L I G I E UX
Vitraux du Père … chapelle Notre-Dame-de-Compassion
Kim En Joong… (Martigny)
PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER
La chapelle de La Bâtiaz à Martigny est depuis longtemps un lieu de
prière et de pèlerinage pour la région. Les nombreux exvoto datant des
XVIIIe et XIXe siècles qui ornent les murs de l’édifice consacré à Notre
Dame de Compassion en sont un témoignage. Lors de la restauration
de 2012, Léonard Gianadda1 est sollicité. Il offre alors des vitraux du
Père Kim En Joong.
Né en Corée en 1940, l’artiste est élevé dans la tradition taoïste. Il étu-
die les beaux-arts à Séoul et enseigne le dessin au séminaire de la ville.
C’est là qu’il découvre la religion catholique, notamment grâce à ses
élèves. Il est baptisé en 1967 et devient dominicain quelques années
plus tard. Il est connu comme le peintre blanc de la lumière.
Mon travail est d’être chasseur
de ténèbres. Kim En Joong
L’œuvre de Kim En Joong est pensée comme l’irruption
de la lumière dans les ténèbres. Il affirmait ainsi dans
une émission sur KTO, en mai 2016 : « Mon travail est
d’être chasseur de ténèbres. » L’artiste fait le choix de
ne pas nécessairement donner de légende ou d’explica-
tions pour laisser chacun libre de son interprétation. Il
perçoit néanmoins son œuvre comme une invitation à
découvrir Dieu. Il utilise son art pour prêcher, dans la
lignée de ses prédécesseurs de l’Ordre des Prêcheurs
qui utilisaient leurs mots. Il fait sienne une phrase de
Stendhal selon qui la beauté est comme une promesse
du bonheur.
Kim En Joong explique : « Les parties blanches sont
importantes dans ma peinture et elles sont un héritage
de ma culture coréenne. Peut-être sont-elles l’essentiel
de mes créations. Ce qui compte dans une œuvre d’art,
en musique, au théâtre, en littérature ou en poésie, c’est
la résonance. C’est le rôle des grandes parties blanches.
Cela renvoie au mystère, à l’écho en nous. […] L’espace
libre n’est pas vide, mais plénitude. »2
1 Ecouter Léonard Gianadda présenter les vitraux :
www.gianadda.ch/a_decouvrir_aussi/vitraux_de_martigny/kim/
2 Les vitraux des chapelles de Martigny,
L’œuvre est une invitation à découvrir Dieu. Fondation Pierre Gianadda, 2014, p. 63.
XII L’E SS E N T I E LPA RO L E S D E J E U N E S, PA RO L E AUX J E U N E S
A tour de rôle, des jeunes de divers cantons romands
Soif de sacré profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet
qui les intéresse. Au tour du Fribourgeois Antoine Bern-
hard de prendre la plume.
PAR ANTOINE BERNHARD | PHOTOS : DR
Vendredi saint, l’an dernier. de cœur pour tout symbole de
J’entre dans une église valaisanne l’Amour du Christ nous suffit ?
pour l’office. Je prends au passage Avant d’être déchristianisé, notre
le petit livret proposé aux fidèles monde a perdu tout sens du sacré,
pour accompagner la liturgie. de la verticalité. Mais notre Eglise
Quelle n’est pas ma surprise ? semble parfois être la première à
L’illustration qui accompagne les tout désacraliser, et à tous les
textes liturgiques n’est pas une niveaux. Il faut désormais être
Antoine Bernhard icône, une croix ou quelque autre cool, en phase avec le monde.
(20 ans). symbole religieux, mais le dessin Il faut tout aplatir, arrondir les
mignon d’un enfant tenant un angles, communier au progres-
ballon en forme de cœur. sisme obligatoire. Malheureu-
sement, quand l’Eglise donne
Ainsi, alors que l’Eglise s’ap- l’impression d’avoir pour seul
prête à vivre la solennité la plus projet que celui d’être le reflet
importante du calendrier litur- flétri d’un monde sans repères,
gique, que nous lisons les textes je ne m’y reconnais plus et avec
de la Passion du Christ, mort moi de nombreux jeunes que je
pour racheter nos fautes, alors côtoie.
que les catholiques du monde
se préparent pour Pâques, nous Nos contemporains – les jeunes
n’avons rien d’autre à proposer en particulier – ont soif de sacré,
qu’un symbole frelaté. Ce petit Si l’Eglise n’en est plus le pour-
enfant avec son ballon, ce n’est voyeur, où le trouveront-ils ? De
pas l’Amour du Christ. C’est une plus en plus nombreux sont ceux
image, produite par notre société d’entre nous qui retrouvent l’ex-
consumériste, qui ne représente pression du sacré dans la célébra-
qu’un amour pauvre et mièvre, tion du rite tridentin. Loin d’une
à la mode bisounours. Non, crispation passéiste – comme cer-
l’Amour du Christ s’est d’abord tains voudraient le faire accroire
manifesté pour nous sur la croix, – il y a là une soif authentique de
là où un Dieu fait homme a vérité qui devrait enseigner toute
accepté de souffrir pour nous. l’Eglise.
Nous nous posons la question :
comment être chrétien dans un
L’Amour
monde qui ne l’est plus ? La ques-
tion devrait plutôt être : sommes- du Christ s’est d’abord
nous encore chrétiens ? Que dire manifesté pour nous
A Pâques, le symbolisme est important. de notre foi, si un ballon en forme sur la croix.
AV R I L 20 2 2 XIIIZO O M SU R…
Le mouvement De nombreuses communautés composées de religieux ou de laïcs sont
des Focolari
présentes en Suisse romande, comme autant de témoins de la vitalité et
de la diversité de l’Eglise. Ce mois-ci, cap sur les Focolari.
PAR PASCAL ORTELLI | PHOTO : DR
Fondatrice : Jeune institutrice, Chiara Lubich (1920-2008) initie, en pleine guerre, un
nouveau style de vie au service de l’unité et d’une fraternité universelle renouvelée, en
s’inspirant des principes de l’Evangile, en écho avec les valeurs présentes dans d’autres
religions et cultures.
Dates clés :
1943 : une première communauté démarre à Trente. Les habitants l’appellent focolare
(de l’italien « foyer »), car l’amour y circule comme dans une famille. Le nom est resté ;
1948 : l’écrivain et journaliste Igino Giordani devient le premier focolarino (sorte de laïc
consacré) marié et un grand promoteur du mouvement à l’internationale ;
1962 : le pape Jean XXIII reconnaît officiellement le mouvement ;
1987 : les Focolari, par le biais de leur organisation « Humanité Nouvelle » sont reconnus
comme ONG par l’ONU ;
1998 : Chiara Lubich reçoit le Prix européen des droits de l’homme.
Organisation : Le mouvement, présidé par une femme d’après ses statuts, est présent
dans 182 pays. En Suisse, il compte environ 1000 membres et est en contact avec quelque
20'000 personnes. Les formes d’engagements sont variées (rassemblement de jeunes,
journée de formation pour les familles et groupes locaux de partages, volontariat, etc.).
Les focolarini s’engagent à maintenir le « feu » allumé et vivent en petite communauté de
laïcs, tout en travaillant dans le monde et en mettant en commun ce qu’ils possèdent.
Mission : Vivre l’unité dans la diversité, en contribuant à davantage de fraternité dans
le monde.
Présence en Suisse :
A Zurich s’ouvre un premier focolare en 1961 puis à Genève, Lugano et Berne.
A Baar démarre en 1975 un centre de formation qui regroupe aujourd’hui la cité pilote
« Pierre angulaire ».
A Montet, un centre international assure depuis 1981 la formation des jeunes qui sou-
haitent entrer dans un focolare.
Une particularité : En 1962, en voyant l’abbaye d’Einsiedeln, Chiara Lubich a l’idée de
créer des cités-pilotes composées de maisons, lieux de travail et d’école témoignant de
l’idéal d’unité du mouvement.
Pour aller plus loin : focolari.ch
« Le mouvement des Focolari, c’est… »
PAR PAUL LEGRAND, FOCOLARINO À MONTET
… répondre à l’appel du Christ : « Viens, suis-moi ! Laisse tout pour moi ! Vis
ce que j’ai demandé : "là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom,
je suis au milieu d’eux" » (Mt 18, 20). Après l’avoir vécu en Italie, Belgique,
Kenya, Congo, je le vis maintenant avec une centaine de personnes de 35
nations à Montet dont la moitié, des jeunes, porteront ce feu de l’Evangile
vécu dans les différents continents au terme de leur année vécue ici.
XIV L’E SS E N T I E LFA I R E R EC E T T E
On ne peut pas dire que les épinards soient le plat préfé-
Nettoyage
de printemps
ré des enfants… Or, le Jeudi saint on n’y coupe pas et on
vous dit pourquoi.
PAR MYRIAM BETTENS désignerait les personnes libérées
PHOTO : DR de leurs péchés par la confession
et l’absolution, qui étaient ainsi
Sous nos latitudes, le jeudi précé- renouvelées, redevenues du « bois
dant Pâques est appelé Jeudi saint, vert » selon la compréhension de
logique me direz-vous. Il marque l’Evangile de Luc. Cette interpré-
le début du Triduum pascal, c’est- tation semble n’être apparue qu’au
à-dire les trois jours de Pâques XVIIe siècle. Plusieurs thèses s’af-
célébrant la Passion et la Résur- frontent pour expliquer l’origine
rection de Jésus. Il commémore de cette appellation.
aussi l’institution par Jésus-Christ
du sacrement de l’Eucharistie, lors Le canon du rite romain prévoit le
de son dernier repas avant son blanc comme couleur liturgique
arrestation. Quant aux épinards ? du Jeudi saint, or il n’existait pas
On y vient ! de réglementation en la matière
avant le XVIe siècle. Il est donc
Ce jeudi n’est « saint » que dans possible que ce nom de Gründon-
les langues romanes et en anglais. nerstag soit né de l’utilisation du
Dans les pays scandinaves et en vert lors de la liturgie. Une autre
néerlandais, il sera « blanc » ou interprétation dérive ce nom du
« pur », en relation à la couleur terme greinen, les pleurs et gémis-
Découvrez la recette liturgique de cette fête. Dans sements des pénitents du Jeudi
avec ce QR Code. les régions germanophones, on saint auraient donné, par réinter-
nomme ce jour Gründonnerstag, prétation étymologique populaire,
littéralement : « Jeudi vert ». Cette Grüner Donnerstag, puis l’appel-
appellation est attestée déjà depuis lation actuelle. La dernière justi-
le XIIIe siècle, bien que son origine fication en appelle à la coutume,
ne soit pas claire. L’explication attestée depuis le XIVe siècle, de
la plus courante fait intervenir manger des légumes particulière-
la racine latine de ce nom, Dies ment verts et des herbes nouvelles
viridium, le « jour des verts ». Il le Jeudi saint. A la fois conforme
aux prescriptions du jeûne de
Carême, elle était aussi liée à
l’idée préchrétienne selon laquelle
cela permettait de « nettoyer » le
corps des impuretés accumulées
et d’absorber la force du prin-
temps. Aujourd’hui encore, dans
de nombreuses régions germano-
phones et en Alsace, il est d’usage
de manger « la soupe du Jeudi
saint » ou… des épinards accom-
Dans les régions allemandes, on nomme le Jeudi saint Gründonnerstag : Jeudi vert. pagnés d’un œuf.
AV R I L 20 2 2 XVL A S É L ECT I O N D E L’E SS E N T I E L
En librairie… PAR CALIXTE DUBOSSON ET LA LIBRAIRIE SAINT-AUGUSTIN
L’esprit inversif du Christ
Marc Cholin
Et si on relisait les Evangiles en observant comment Jésus introduit une
inversion radicale en percevant Dieu d’abord, puis les êtres humains ?
Telle est la proposition de Marc Cholin. L’auteur revisite ainsi la bonne
nouvelle du christianisme avec de nombreuses formules fortes sur
des passages que l’on croit pourtant connaître par cœur. Le Notre
Père, l’image et la ressemblance avec Dieu, la Genèse et l’histoire de la
pomme, notre rapport au temps. Le chapitre sur le pardon propose de nouvelles façons
d’envisager le sacrement de la confession, plus en adéquation avec notre époque. Ce livre
est un vrai régal. A conseiller à tous ceux qui ronronnent dans leur foi.
Editions Salvator, Fr. 27.40
Résister au mensonge
Rod Dreher
Un beau programme de lutte contre ceux que Rod Dreher nomme les
« saboteurs du royaume de Dieu », qui met le lecteur en haleine du début
à la fin. Un bon antidote au marasme ambiant, capable de réveiller l’ar-
deur et la fougue des baptisés endormis, car, prévient l’auteur, « les dis-
sidents chrétiens ne pourront organiser la résistance que si leurs yeux
se dessillent et voient enfin la véritable nature et les méthodes de l’idéologie totalitaire ».
Un ouvrage pour les soirées au coin du feu.
Editions Artège, Fr. 27.90
Devota La vie profonde
Allali – Bertorello – Stoffel Jean-Guilhem Xerri
A la fin du IIIe siècle, sous le Psychanalyste et coach, ancien
règne de Dioclétien, la persécu- interne des Hôpitaux de Paris,
tion contre les chrétiens redouble Jean-Guilhem Xerri propose
d’intensité. Tandis qu’à Rome, depuis plusieurs années de s’in-
les chrétiens ont peur, en Corse, dans son village téresser non seulement à la santé
de Mariana, vit une jeune fille sous la protection physique et psychique, mais aussi
d’Euticus, un notable converti à la religion du à la santé spirituelle. A l’occasion de la publica-
Christ. Mais l’arrivée du préfet Barbarus marque tion de son nouveau livre, il évoque comment
la fin de cette existence tranquille : notre héroïne vivre plus intensément, plus profondément et
va être arrêtée, torturée et assassinée avant que surtout plus librement, dans le quotidien parfois
miraculeusement, son corps n’arrive sur une morose que nous traversons.
barque jusqu’aux rivages de l’actuelle Princi- Editions Le Cerf, Fr. 30.60
pauté de Monaco. Cette BD retrace la vie de cette
vierge et martyre qui est à la fois patronne de la
A commander sur :
Corse et de la Principauté de Monaco.
● librairievs@staugustin.ch
Editions Plein vent, Fr. 24.70 ● librairiefr@staugustin.ch
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XV I L’E SS E N T I E LMots croisés d’avril
PAR MICHEL REY-BELLET
Horizontalement : Verticalement :
1. On les comprend mieux avec des tableaux - Porte 1. Il travaille dans les bouches - Initiales mati-
ouverte sur le futur. 2. Enorme succès - Elle est très nales. 2. Une moitié de cochon - Boit sans modé-
attachée au palais. 3. Dehors ! - Elle est flottante ration. 3. Forme d’avoir - Pas le bon cheval - Elles
en cuisine - Osselets de l’oreille. 4. Coupe tout en se chantent en solo. 4. Bouillie du Mali - Segustero
deux - Devant la patronne - Province et prénom d’aujourd’hui - Il a droit à un siège. 5. Parodie - Elle
arméniens. 5. Très légère - Vue rapide. 6. C’est le n’est pas à un jour près - Arbre bien droit - Contracté.
hic - Hollandais chantant - Il vide l’église. 7. Sage- 6. Inflammation de la rate - Antique conducteur de
homme - Pratiques. 8. Mince bordure - Bredouil- char. 7. Boisson de salon - Ses papiers sont tou-
ler. 9. Quasi sur la paille - Partie de la tenaille du jours au parfum. 8. C’est-à-dire en bref - Rendant
forgeron - Etendue de cailloux. 10. Mère des Titans hommage - Elle fut aimée autrefois. 9. A l’intérieur
- Parfois brut ou naïf - Arme de Roland. 11. Métal du méat - Manifestation d’ados - Il ne se dit pas sans
radioactif - Mis en miettes. 12. Futur officier fran- mal. 10. Invisibles à l’œil mais sensibles sur la peau
çais - Presque à ébullition. 13. Ne reconnaît rien - Mises en bière. 11. Tel un parlement à Bruxelles
- Cétacé - Chaîne culturelle. 14. Un air de ressem- - Mettant en place. 12. Sous le pont Mirabeau -
blance - Il peut avaler n’importe quoi. 15. Modérée Jumeaux dans la bonne - Signe à côté. 13. Guide
- Hommes à femmes. pour tracer - Gondolé - Démolir par la critique.
14. Agencement - Ecriture rapide. 15. Bien enve-
Solution de mars : MARBRE loppées derrière - Equipe un voilier - Deux de plus.
L’E SS E N T I E L saint-augus t i n.c hJAB
CH - 1890 Saint-Maurice
PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER
Résurrection
Seigneur, je te remercie pour ce que je vis actuellement,
tel que c’est !
Je te loue, car cette situation permet à la TOUTE-PUISSANCE
de ta Résurrection de se manifester. Seigneur Tout-Puissant,
je veux te dire maintenant de tout mon cœur et de toute mon
âme : Je reçois ta GLOIRE PASCALE, ta puissance, ton amour
totalement GRATUIT, ta lumière céleste À TRAVERS tous
mes soucis, mes tracas, mes attentes déçues, mes angoisses
nombreuses, mes tensions, ma peur de demain, mon manque
de foi, ma détresse, mon émotivité perturbée, mes insécurités,
mes faiblesses, mes nombreux péchés, mes maladies physiques
et spirituelles, mes pensées, mes paroles, mes actions…
Oui Seigneur ! Je me réjouis maintenant de tout ce qui me per-
turbe, car toutes mes blessures, erreurs, maladies, péchés sont
des lieux d’où jaillit la puissance de TA RÉSURRECTION.
Quelle joie Seigneur ! Car de mes ténèbres, jaillit
TA LUMIÈRE ; de mes nombreux péchés, surgissent tes grâces
abondantes ; de ma faiblesse, apparaît ta force surnaturelle;
de mes pauvretés, s’active ton Royaume de Gloire éternelle.
Seigneur Dieu, je suis dans l’allégresse, car se prolonge en moi
la joie pascale, l’éclatement de ta victoire sur la mort au matin
de Pâques. Gloire à toi !
Amen !
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