L'ESSENTIEL Votre magazine paroissial - Unités pastorales du Grand-Fribourg - UP Saint-Joseph
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L'ESSENTIEL Cahier romand Une piété itinérante Votre magazine paroissial Éditorial Des vacances ressourçantes ? Unités pastorales du Grand-Fribourg UP Notre-Dame, UP Saint-Joseph JUILLET-AOÛT 2021 | BIMESTRIEL NO 4 UNE PUBLICATION SAINT-AUGUSTIN
É D I TO R I A L Sommaire Des vacances 02 Éditorial 03-10 Dossier Familles ressourçantes ? I-VIII Cahier romand 11-12 Le coin des enfants 13 Vie religieuse 14-15 Art et foi 16-17 Reportage 18 Diaconie 19 Décanat 20 UP pratique PAR L’ABBÉ ALEXIS MORARD, DOYEN PHOTOS : PIXABAY, AM Comment abordons-nous ces deuxièmes vacances d’été sous l’ère Covid ? Avons-nous fait émerger une liberté qui s’épanouit en dépit des contraintes ? Un philosophe romain, qui n’est autre que l’empereur Marc Aurèle, a des paroles de sagesse qui nous font redire que tout n’est pas dans la plage ou la balade : c’est un pèlerinage en direction du cœur qui nous ressourcera... IMPRESSUM Éditeur Nulle part l’homme ne trouve de retraite plus tranquille Saint-Augustin SA, case postale 51, que dans sa propre âme. 1890 Saint-Maurice Directeur général Yvon Duboule « Ils se cherchent des retraites, chaumières rustiques, rivages des mers, mon- Rédacteur en chef Nicolas Maury tagnes : toi aussi, tu te livres d’habitude à un vif désir de pareils biens. Or, c’est Secrétariat là le fait d’un homme ignorant et inhabile, puisqu’il t’est permis, à l’heure que Tél. 024 486 05 25 | fax 024 486 05 36 E-mail: bpf@staugustin.ch tu veux, de te retirer dans toi-même. Nulle part l’homme n’a de retraite plus Rédaction locale tranquille, moins troublée par les affaires, que celle qu’il trouve dans son âme, Véronique Benz, Pérolles 38, 1700 Fribourg particulièrement si l’on a en soi-même de ces choses dont la contemplation E-mail : veronique.benz@cath-fr.ch suffit pour nous faire jouir à l’instant du calme parfait […]. Donne-toi donc Équipe de rédaction sans cesse cette retraite, et, là, redeviens toi-même. Trouve-toi de ces maximes Véronique Benz – Elodie Lebreton courtes, fondamentales, qui, au premier abord, suffiront à rendre la sérénité à Jean-Marie Monnerat – Aurelia Pellizzari Danièle Pernet – Dominique Rimaz – Paul Salles ton âme et à te renvoyer en état de supporter avec résignation tout ce monde où Maquette Essencedesign SA, Lausanne tu feras retour. » * Bel été ! Photo de couverture Journée cantonale des servants de messe. Photo : João Carita * Marc Aurèle, Pensées, in Les Stoïciens, trad. E. Bréhier, Paris, La pléiade, Gallimard, 1962, IV. 2 U N I T É S PASTO R A L E S D U G R A N D - F R I B O U RG
FA M I L L E S La famille dans tous ses états Une approche biblique Ce que nous vivons dans nos familles nous met parfois dans tous nos états, nous agite, nous déplace, nous dépasse, nous fait souffrir. C’est alors que l’on peut s’ouvrir à l’inattendu, à l’autre, au Tout Autre. PAR MONIQUE DORSAZ | PHOTOS : PIXABAY Le terme « famille » plutôt le réel de situations alambiquées, Dans la Bible, on ne trouve pas exacte- souffrantes, et en fait assez ordinaires. ment le mot « famille ». On parle plutôt de Justement, Dieu vient à la rencontre de ces maison, clan ou tribu. La famille biblique réalités, il fait avec et se révèle au travers. est une entité plus large que la famille Dieu assume nos plans B ! Souvent même nucléaire à laquelle nous pensons sponta- c’est dans les épreuves que tout se joue, que nément aujourd’hui. Dans les Écritures, la Dieu se dit, se laisse rencontrer et peut agir. famille est une réalité concrète et ouverte qui évoque la cohabitation et la mise au Intérêt de la Bible pour la relation monde. homme-femme Dès le début et jusqu’à la fin, la Bible s’in- Diversité des situations et états de vie téresse de façon très particulière à la ren- Dans la Bible on trouve beaucoup de diver- contre entre l’homme et la femme et à leur sité. Dieu intègre toutes sortes de situations relation. « Dieu créa l’homme à son image, familiales dans son projet. Les prophètes homme et femme il les créa » (Genèse de l’Ancienne Alliance, ou même les ascen- 1, 27). Dieu dit encore : « Il n’est pas bon dants de Jésus ne sont pas toujours dans que l’homme soit seul, je vais lui faire un une situation « normale » ou « idéale » : secours, comme un vis-à-vis. » (Genèse 2, stérilité (Genèse 18), veuvage (Ezéchiel 24, 18) Une rencontre homme-femme, c’est 15-27), infidélité (Osée 1-3), manipula- mystérieux : elle dit quelque chose de tion (2e livre de Samuel 11), prostitution Dieu, comme témoigne saint Paul (Epître (Josué 2) sont finalement des situations aux Éphésiens 5, 22-23). Ça c’est l’objectif, assez communes. Et c’est peut-être ce que le plan d’ensemble. Reste que dans la réa- l’on peut retenir en premier : la famille lité concrète des histoires des personnages dans la Bible n’est pas un idéal, mais bibliques, c’est moins évident : Abraham peine à reconnaître que Sara est sa femme (Genèse 12, 20), Jacob est fou amoureux de Rachel, mais se retrouve avec deux femmes (Genèse 9, 18ss), la femme de Potiphar tombe amoureuse de Joseph (Genèse 39, 7ss), Elqana aime sa femme qui est stérile (1er livre de Samuel 1, 5), Abigaïl est mariée avec un fou puis rencontre David (1er livre de Samuel 25, 3). David commet l’adul- tère avec Bethsabée (2e livre de Samuel 11, 2-4), Joseph le juste est invité à épouser une femme enceinte et la Samaritaine que Jésus rencontre et qui évangélise tout son village a déjà eu plusieurs maris... Dieu assume même les plans C ! Les parents et les enfants Dans la Bible, on parle aussi volontiers de « fécondité ». C’est d’ailleurs la première Parole que Dieu adresse à l’homme et à Dieu intègre toutes sortes de situations familiales dans son projet. la femme : « Fructifiez et multipliez-vous » U N I T É S PASTO R A L E S D U G R A N D - F R I B O U RG 3
FA M I L L E S (Genèse 1, 28). Mais quand on lit la suite, 14, 26). Quant à avoir des frères, on voit on voit que cela se passe difficilement. Les bien que là aussi, c’est parfois compliqué, et matriarches sont presque toutes stériles. ce depuis le début avec Caïn et Abel, mais Qu’y a-t-il à apprendre à travers toutes encore avec Isaac et Ismaël, Jacob et Esaü, ces histoires de stérilité ? Peut-être que Joseph et ses frères, David et ses frères,… Dieu veut venir remplir nos incapacités Quant à Jésus, il pose la question de « qui humaines et leur donner une perspective sont mes frères ? » (Matthieu 12, 48)… et que lui seul peut donner. il nous dit ensuite que nous sommes tous L’homme On voit aussi des parents qui luttent pour frères (Matthieu 23, 8). abandonnera la vie de leur enfant. Hagar doit fuir Dans la Bible, il y a un parti pris pour la au désert et pleure pour son fils Ismaël réalité. Les relations homme-femme, les son père et sa mère (Genèse 21). La Cananéenne lutte pour sa relations entre frères sont considérées dans pour s’attacher fille malade (Matthieu 15, 21-28), le Centu- leur complexité et dépeintes avec réalisme. à sa femme. rion pour son enfant-serviteur (Matthieu On n’a pas peur d’évoquer ces réalités dif- 8, 5-13). Jésus dira d’eux qu’ils ont une ficiles, c’est justement là que Dieu devra grande foi. Avoir la foi ce serait donc lutter être convoqué. Dans les Évangiles, Jésus pour la vie de l’autre et laisser Dieu en pla- va au-devant des uns et se laisse aborder cer une ! La Bible nous montre comment par les autres quelle que soit leur situa- les parents font tout pour leur enfant et tion matrimoniale et familiale. Il offre aussi comment ils doivent les laisser aller. un accueil inconditionnel aux personnes Nous trouvons à répétition la scène d’un blessées par la vie. Dieu veut venir à notre père qui « envoie » son fils : Abraham ren- rencontre pour nous sauver. Il vient là où voie Ismaël (Genèse 21, 10 ss), Isaac envoie l’on pourrait avoir envie qu’il ne vienne Jacob (Genèse 28, 5), Jacob envoie Joseph pas, ces lieux que l’on penserait indignes (Genèse 37, 13), Jessé envoie David (1er livre de Dieu. C’est justement là qu’il veut aussi de Samuel 17, 17). nous rejoindre. La relation avec nos propres parents est Les mêmes mots sont utilisés pour parler aussi un défi ; Joseph, par exemple, va de Dieu prendre soin du vieux Jacob pendant 17 ans Si les mêmes mots sont utilisés pour dire en Égypte (Genèse 37, 2 ; 47, 28). Ruth s’oc- la réalité des relations humaines, « père », cupe de sa belle-mère et Tobie de son père « fils », « époux-épouse », « frères » et les âgé. Les parents, il faut aussi s’en détacher, réalités de Dieu, c’est parce que tout amour ceci est affirmé depuis le texte de la créa- humain trouve en Dieu sa source et sa deu- tion : « l’homme abandonnera son père xième naissance. Les choses humaines sont et sa mère pour s’attacher à sa femme » habitées par ce qui se vit en Dieu. Celui qui (Genèse 2, 24). Jésus lui-même aura des écoute la Parole est amené à comprendre paroles difficiles par rapport aux per- encore plus profondément ce que signifie sonnes de sa famille et aux parents (Luc être fils, être père, mère, épouse, etc. – Que la relation parent-enfant soit belle ou difficile, elle nous ouvre à un autre Père qui veille sur nous. – Les relations fraternelles ou de cousinage ne constituent pas le tout de notre vie, nous pouvons être amenés à découvrir des liens de fraternité plus forts que les liens du sang. C’est une réalité très présente dans le Nouveau Testament. Nous avons une multitude de « plus que frères ». – Si nous accordons tant de prix aux « noces humaines », c’est parce qu’elles sont habitées par un projet plus grand. Elles s’intègrent dans le grand projet des noces de Dieu avec l’humanité. Jésus le célibataire s’est souvent présenté comme « l’époux », nous sommes faits pour entrer avec lui dans ces noces éternelles auxquelles tous sont largement invi- tés : « Heureux les invités aux noces de Se mettre à l’écoute de la Parole pour comprendre plus profondément ce que signifie être fils, père, l’agneau .» (Apocalypse 19, 9) mère, époux et épouse. 4 U N I T É S PASTO R A L E S D U G R A N D - F R I B O U RG
FA M I L L E S Les fiançailles Le mot « fiançailles » évoque pour beaucoup un rite désuet ou alors une demande en mariage romantique officialisée par une bague. Pourtant, ce temps de discernement est une étape qui mériterait d’être revalorisée dans le cheminement vers le mariage. Il s’agit d’une période déterminée durant laquelle les fiancés mûrissent leur projet commun tout en restant libres de s’engager ou non dans le mariage, c’est une voie pour faire grandir et mûrir l’amour dans un couple en approfondissant la connaissance mutuelle. PAR ADELINE WERMELINGER | PHOTOS : PIXABAY, ISTOCK À l’image de l’Alliance de Dieu avec son velle inaugurée par le mariage. La pro- peuple (Osée 2, 16-25), le temps des fian- messe de s’aimer pour la vie se prépare, elle çailles est un temps d’« apprivoisement » ne peut être tenue que si les futurs époux réciproque, où les futurs époux bâtissent savent à quoi ils s’engagent et le choisissent et consolident la relation en apprenant la librement. Cela n’est possible que s’ils ont confiance, en prenant le temps de la for- laissé ce désir mûrir en eux et entre eux. mation et du discernement. Si l’engage- Quelqu’un pour qui la fidélité n’est pas une ment dans le mariage peut faire peur, une nécessité durant les fiançailles aura certai- relation nécessite des étapes pour avan- nement de la peine à aimer exclusivement cer. La célébration des fiançailles permet la même personne tout le reste de sa vie. aux couples qui se posent la question du Les fiançailles sont également un temps mariage de marquer concrètement leur de découverte de l’engagement à venir. Il désir, sans s’engager encore définitivement, commence à être vécu durant cette période mais en faisant déjà un pas de plus. L’Église et prendra son sens plénier avec le sacre- catholique propose un rituel de bénédic- ment du mariage. tion qui peut également se dérouler dans l’intimité des familles. C’est l’occasion de Un sacramental mettre son couple sous le regard de Dieu, La célébration des fiançailles est un sacra- de le remercier pour le chemin parcouru et mental et non un sacrement comme le de lui confier la suite. mariage. « Les sacramentaux ne confèrent Sans être un « pré-mariage », le temps des pas la grâce de l’Esprit Saint à la manière fiançailles pose les bases de cette vie nou- des sacrements, mais par la prière de U N I T É S PASTO R A L E S D U G R A N D - F R I B O U RG 5
FA M I L L E S l’Église ils préparent à recevoir la grâce Une formation humaine et spirituelle et disposent à y coopérer. » (Catéchisme Dans l’exhortation apostolique Amoris de l’Église catholique – CEC 1670) Cette Laetitia, le pape François rappelle l’impor- célébration, du fait de la prière des fian- tance de la préparation au mariage en tant cés qui se mettent en chemin sous le que formation humaine et spirituelle, pour La célébration regard du Christ, les « prépare à recevoir « faire grandir l’amour réciproque » (AL, des fiançailles la grâce » du sacrement de mariage et les n° 208) et « découvrir la valeur et la « dispose à y coopérer » par la préparation richesse du mariage » (AL, n° 205). C’est permet aux couples pratique et spirituelle et l’accompagne- également un lieu de « nouvelle évangéli- qui se posent ment dont ils bénéficient de et au sein de sation » : l’amour qui unit les futurs époux la question du mariage l’Église. Les deux parties que comprend la reflète l’Amour de Dieu pour eux. Il s’agit célébration vont dans ce sens. En premier certainement là d’un enjeu pastoral de de marquer concrètement lieu, la bénédiction comme signe sacré. notre temps, et l’année « Famille Amo- leur désir. La démarche des fiancés s’inscrit dans un ris Laetitia » nous y rend attentifs. Cela projet commun, avec Dieu. Cela sera signi- implique un accompagnement des couples fié par la lecture de la Parole de Dieu. Nous durant leur préparation au mariage mais l’avons relevé, l’alliance de Dieu avec son aussi après la célébration et un investisse- peuple peut être mise en parallèle avec la ment de la part de la communauté ecclé- démarche des fiançailles. Pour le peuple siale tout entière. Le temps des fiançailles d’Israël, les années de « fiançailles » ont renforce les liens entre les futurs époux, été un temps de bénédiction. La célébra- rend leur couple plus fort, leur donne de tion des fiançailles s’inscrit donc dans la s’aimer davantage, les prépare au don total logique de l’Alliance que Dieu renouvelle d’eux-mêmes qu’ils manifesteront dans avec son peuple à travers l’amour des fian- les consentements, leur fait découvrir la cés. Dans un second temps, les fiancés beauté des sacrements – et en particulier feront monter vers Dieu leur action de de celui qui les unira – leur permet de vivre grâce. Le temps des fiançailles est un temps dans la joie, la tendresse et la sérénité leur joyeux ; cependant, les obstacles font partie préparation au mariage et de mettre leur du chemin. cheminement entier sous le regard bien- veillant de Dieu. Amoris Laetitia, la joie de l'amour Le 19 mars 2016, le Pape nous offrait Amoris Laetitia. Cinq ans plus tard, l’année de la famille voulue par François est une invitation à découvrir ou approfondir ce document qui rejoint de manière très concrète les couples et les familles au cœur de leur vécu. Mercredi 22 septembre 2021, de 20h à 21h au Boulevard de Pérolles 38 à Fribourg. Animation : Adeline Wermelinger et Bertrand Georges. Renseignements : pastorale.desfamilles@cath-fr.ch, 026 426 34 84. 6 U N I T É S PASTO R A L E S D U G R A N D - F R I B O U RG
FA M I L L E S Vivre la messe en famille Messe avec les familles à l’église Saint-Paul au Schoenberg. PAR PAUL SALLES | PHOTO : CHRISTOPH VON SIEBENTHAL Tous ceux qui ont des enfants à la maison leurs ce dimanche-là. Il s’agit plutôt pour la (ou qui en ont eu) savent qu’il n’est sou- communauté paroissiale de mettre les bou- vent pas aisé de motiver ses jeunes à venir chées doubles pour accueillir ceux et celles à la messe. Et quand ils sont là, la partici- qui hésitent à venir les rejoindre justement pation à l’eucharistie peut relever davan- parce qu’elles sont des familles. tage au chemin de croix qu’au banquet des noces célestes : entre les nourrissons Favoriser la participation qui pleurent, les bambins qui courent, qui Dans nos paroisses, plusieurs formules parlent ou qui ont faim, et les adolescents cohabitent : une animation spéciale de la qui font la moue… c’est parfois difficile. liturgie de la Parole en dehors de l’église, Me revient encore en mémoire la discus- des homélies adaptées, des chants adaptés, sion récente avec un père de famille qui se des chorales d’enfants ou de familles, les réjouit de pouvoir enfin disposer d’un peu groupes de servants de messe… toutes d’attention pour écouter l’homélie et prier ces formes, avec leurs avantages et leurs en silence après la communion depuis que inconvénients, traduisent surtout le sou- ses enfants sont grands ! hait de favoriser une participation active à la célébration, quel que soit l’âge. Au-delà, Et pourtant… si l’Église vit de l’Eucha- elles permettent de favoriser la croissance ristie comme ferment de sa communion, de la vie spirituelle de tous : que chacun et si nos familles sont de petites Églises puisse trouver les conditions qui lui per- domestiques, ô combien la participation mettent de se laisser rejoindre par la Parole en famille à l’eucharistie est importante en de Dieu, de présenter ses prières, de dépo- vue de l’unité de nos familles. Il y a là un ser ses fardeaux, de goûter à la joie d’une effort tout particulier que nos communau- communauté accueillante, de communier tés paroissiales doivent réaliser pour facili- fructueusement au Pain de Vie. ter cette participation en famille à la messe dominicale. C’est en ce sens que, depuis de Dans toutes nos paroisses, à un rythme nombreuses années, ont fleuri dans nos plus ou moins régulier, de telles proposi- paroisses des « messes en familles », ou tions existent. Des équipes portent l’ani- « messes des familles ». Annoncées comme mation de ces messes et, parce qu’avec les telles, elles n’ont pas pour but de prévenir familles les renouvellements de généra- les personnes qui apprécient le calme et le tions sont rapides et fréquents, ces équipes silence de passer leur chemin et d’aller ail- ont toujours besoin de renfort. U N I T É S PASTO R A L E S D U G R A N D - F R I B O U RG 7
FA M I L L E S Journée cantonale des Samedi 12 juin, près de 300 servants de messe (enfants et adolescents) de tout le canton ont participé à un rallye biblique à travers la ville de Fribourg. Jeux, pique-nique, rencontres et célébration de la messe par Mgr Charles Morerod dans les jardins de la commanderie Saint-Jean. Retour en photos sur une journée mémorable. PHOTOS : JOÃO CARITA 8 U N I T É S PASTO R A L E S D U G R A N D - F R I B O U RG
FA M I L L E S servants de messe Art funéraire Grabmalkunst MARBRERIE ST-LEONARD SA - 1700 FRIBOURG Rue de Morat 54A Livres – Objets – Ornements d’église – Habits liturgiques Tél. 026 322 23 81 Rue de Lausanne 88 – 1700 Fribourg – Tél. 026 322 36 82 Fax 026 322 23 84 www.staugustin.ch www.msl-sa.ch E-mail msl-sa@bluewin.ch U N I T É S PASTO R A L E S D U G R A N D - F R I B O U RG 9
FA M I L L E S Les lectures de l’été En lien avec le thème de ce numéro de l’été, La Doc, librairie et médiathèque de l’Église catholique vous propose les livres suivants : Familles : qu’en dit la Bible ? Collectif sous la direction de François-Xavier Amherdt Coll. Les Cahiers de l’ABC 4 – Éditions Saint-Augustin, Saint-Maurice 2016 La Bible ne cherche pas à donner une image « lisse » des relations de couples ou de familles. Au contraire, de l’Ancien au Nouveau Testament, en passant par la sainte Famille elle-même, elle offre une pluralité de situations fami- liales, très en phase avec le contexte actuel. Ce cahier de l’ABC propose de revisiter à la lumière des Écritures les rela- tions familiales de base : que signifie être frère et sœur, époux et épouse, fils et fille, père et mère… ? À travers des figures de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament, le parcours suggéré ouvre à des formes de paternité, de filiation et de fraternité en dehors des liens du sang. En fin de compte, ce sont ceux qui écoutent et pratiquent la Parole qui deviennent les proches de Jésus, et constituent l’Église-famille. La famille entre éducation chrétienne et proposition de la foi François-Xavier Amherdt et Roland Lacroix Coll. Perspectives pastorales 13 – Éditions Saint-Augustin, Saint-Maurice 2020 « La Bible considère la famille comme le lieu de la catéchèse des enfants. Cela est illustré dans la description de la célébration pascale juive (Deutéronome 6, 20-25). Ainsi la famille est l’espace où les parents deviennent les premiers maîtres de la foi pour leurs enfants. C’est une œuvre artisa- nale, personnalisée. » Ce qu’affirme le pape François au début de son exhortation sur le couple et la famille Amoris Laetitia (n. 16), et qu’il traduit par des indications pastorales précises, ne manque pas de prendre en compte l’actuelle réalité socio-culturelle européenne, en vertu de laquelle différents modèles de familles sont apparus et le processus de transmission d’une génération à l’autre est entré dans une crise profonde. C’est à ce problème décisif pour la communication de la foi qu’a choisi de réfléchir l’Équipe européenne de catéchèse, lors de son Congrès de juin 2017 à Madrid. L’ouvrage en reprend les éléments clés, tant du point de vue de la sociologie et de la théologie biblique de la famille, que de celui pédagogique de la transmission de la foi dans la ligne de La joie de l’Évangile et de La joie de l’amour du pontife argentin. Avec la proposition passionnante de modèles de catéchèse familiale en plusieurs pays européens (Allemagne, France, Italie, Suisse, Angleterre, Espagne et Pologne). La famille, un bonheur à construire. La foi en famille Christine Ponsard Éditions Edifa-Mame, Paris 2008 Une famille heureuse, c’est une fondation solide sur le mariage et la grâce d’être parents pour accueillir et guider les enfants qui leur sont confiés. Ce livre aborde tous les registres d’une vie familiale fondée sur la vérité de l’Évangile. Un véritable trésor pour vivre la foi en famille. L’auteure a assuré, pendant près de dix-sept ans, la chronique « La foi en famille » dans Famille chrétienne. Avec douceur et force, rigueur et charité, elle trouve les mots justes pour aider les familles à vivre de l’Évangile et à le faire rayonner. 10 U N I T É S PASTO R A L E S D U G R A N D - F R I B O U RG
L' E SS E N T I E L | CA H I E R RO M A N D | J U I L L E T-AO Û T 20 2 1 Une piété itinérante Les signes et rituels revêtent aussi une grande importance. ÉDITORIAL Un déplacement intérieur PAR MGR JEAN-MARIE LOVEY, ÉVÊQUE DE SION PHOTOS : VÉRONIQUE BADER ET CATH.CH Les gens du voyage, comme on peut conti- autre niveau que ça bouge. L’expérience nuer aimablement de les appeler sont habituelle de leurs déplacements leur a donc des itinérants. D’étape en étape ils appris à organiser d’autres déplacements, établissent leur camp, à la merci de notre tout intérieurs. Quand une démarche accueil. Mais leur vie est comme un mou- se substitue à la marche, on est en plein vement perpétuel. registre de pèlerinage. C’est la Parole de Dieu qui les met ainsi en route. Faudrait-il Chaque année, le pèlerinage est attendu nous en étonner ? Comme nous ils sont comme une expérience spirituelle forte. enfants d’Abraham, l’itinérant ; fils d’un Et, paradoxe, tandis que le terme pèleri- Dieu qui s’est fait voyageur à la merci de nage renvoie à la notion de déplacement, notre accueil. de pérégrination, eux les itinérants s’ar- rêtent, une semaine durant à l’ombre de Alors, quand ils frappent à la porte des l’abbaye d’Einsiedeln. Le pèlerinage per- municipalités, des cantons, pour une place drait-il son sens en se figeant ainsi sur de stationnement, savons-nous leur recon- la prairie ? Certainement pas. C’est à un naître le droit d’être accueillis ? SOMMAIRE V Au fil de l’art religieux : Emaux de la Création, I Editorial : Un déplacement intérieur église Saint-Victor, Ollon II-III Eclairage : Une foi en mouvement VI-VII Small talk… : … avec Shafique Keshavjee IV Ce qu’en dit la Bible : Tous•tes en itinérance En famille : Une année avec saint Joseph Le Pape a dit… : Fratelli tutti VIII Sur la Via Jacobi : Fribourg – Payerne IMPRESSUM : Editeur Saint-Augustin SA, case postale 51, 1890 Saint-Maurice Directeur général Yvon Duboule Rédacteur en chef | Secrétaire de rédaction Nicolas Maury | bpf@staugustin.ch | Tél. 024 486 05 25 Abonnements adressage@staugustin.ch | Tél. 024 486 05 39 Rédaction romande Myriam Bettens | Chanoine Calixte Dubosson | Bénédicte Jollès | Nicolas Maury | Pascal Ortelli | Abbé Thierry Schelling Collaborateurs externes Abbé François-Xavier Amherdt | Amandine Beffa | Chantal Salamin Maquette Essencedesign SA, Lausanne | ESA, Saint-Maurice Prochain numéro Moins pour plus
ÉC L A I R AG E Une foi Souvent mal aimés, car méconnus, les Yéniches, Sinti et Ma- en mouvement nouches ont subi nombre de discriminations durant des siècles. En 2016, afin de vaincre les préjugés, le Conseil fédé- ral leur a promis d’être reconnus en tant que minorités na- tionales sous leurs appellations correctes et non plus en tant que « gens du voyage ». Mais la route reste longue pour cette population empreinte d’une piété hors du commun. L’intégration dans la vie paroissiale reste très souvent associée aux liens d’amitié. PAR MYRIAM BETTENS PHOTOS : VERA RÜTTIMANN ET DR « Il est réellement présent avec nous tous les voyageurs. L’aumônerie propose des for- jours. C’est une lumière d’espoir qui nous mations bibliques pour adultes, des par- Ces itinérants sont fait avancer. » Vivre sans Dieu est impen- cours catéchétiques – selon leur culture, sable pour Patrick Birchler et la majorité qui fait naturellement des liens –, offre une proches de la marche des membres de sa communauté. Une présence sur les aires de stationnement, dont parle Jésus. constatation que partagent Christoph Al- organise les traditionnels pèlerinages Ils sont dans brecht et sa collègue Aude Morisod, tous annuels et s’occupe de maintenir un lien le mouvement, deux engagés dans l’Aumônerie catholique vivant avec les paroisses sédentaires. « L’ex- suisse des gens du voyage. Qui fut créée périence de coexistence et d’accueil dans dans cette dynamique en 2003 par la Conférence des évêques de nombreuses paroisses de Suisse est très de l’inattendu. suisses en tant que « paroisse non territo- positive », affirme Christoph Albrecht. Il Vincent Roos, curé d’Ouchy riale », afin de s’adapter au mode de vie des note néanmoins que cette intégration dans Qui sont les « gens du voyage » ? En Suisse, la population d’origine yéniche est estimée à 35'000 personnes, dont la plupart sont sédentaires. Depuis la fin du XIXe siècle, les autorités, avec parfois la complicité de l’Eglise, ont tenté de réprimer leur mode de vie itinérant en les contraignant à se sédentariser. Ce n’est qu’en 1995 que la Suisse a reconnu les Yéniches, les Sinti et Manouches en tant que minorités nationales. Aujourd’hui, environ 5000 personnes ont conservé ce mode de vie itinérant. Cependant, le nomadisme joue un rôle identitaire essentiel pour ces communautés. La plupart de ceux qui se déplacent encore passent l’hiver sur une aire de séjour, leurs enfants vont à l’école du lieu et les familles sont enregistrées à la commune. Au retour de la belle saison, ils parcourent la Suisse pour rencontrer leurs clients. Les Yéniches, les Sinti et Manouches suisses exercent souvent des métiers traditionnels à titre indépendant. Toutefois, la fondation « Assurer l’avenir des gens du voyage suisses », souligne que la crise du coronavirus a affecté durement ces communautés : le manque de travail « ne leur permet plus de garantir suffisamment de revenus pour couvrir leurs frais courants ». II CA H I E R RO M A N D
ÉC L A I R AG E la vie paroissiale reste très souvent associée Lexique aux liens d’amitié noués avec le prêtre du terminologique lieu. Yéniches, Sinti, Roms, Tsiganes, Ma- L’étincelle divine nouches, Kalé, Gitans, voyageurs, sont Luc de Raemy, prêtre à Payerne, en autant de termes pour définir les per- témoigne. « J’ai noué une amitié avec une sonnes qui se rattachent à la grande famille yéniche lorsque j’étais jeune curé. famille « tsigane ». C’était il y a vingt-cinq ans. Depuis, ils Yéniche : ils constituent un groupe en m’ont suivi dans chacune de mes affec- soi parlant sa propre langue et vivent tations. Aujourd’hui, ils fréquentent la dans toute l’Europe, principalement messe dominicale et m’appellent pour des en Allemagne, en Belgique, en Hol- sacrements ou des funérailles. » Mais ce lande, en Suisse, en Autriche et en n’est un secret pour personne, la relation France. entre la communauté yéniche de Suisse et Aude Morisod, de l’Aumônerie catholique suisse Sinti et Manouches : les Manouches l’Eglise demeure lestée d’un passif « dou- des gens du voyage. (régions d’Europe francophones) et loureux et honteux », selon Christoph les Sinti (dans les régions germano- Albrecht. Jusque dans les années 1970, les spontanéité occupe une place prépondé- phones et italophones) sont les des- autorités ont tenté d’éradiquer la culture rante. Lors d’une demande de baptême, cendants des Roms qui ont émigré en nomade, en utilisant massivement la il est toujours sous-entendu que cela doit Europe centrale au XVe siècle. Kalé et Gitans : présents en Espagne, violence et les placements forcés. « Reti- se faire rapidement. » Les signes et rituels au Portugal, dans le Sud et le Sud- rés systématiquement de leurs familles revêtent aussi une grande importance. Ouest de la France. (les enfants) étaient placés dans des ins- Luc de Raemy présume que cela tient au Roms : les Roms sont originaires d’In- titutions catholiques, des ordres […] qui fait que la communauté a conservé les de, qu’ils quittent au Xe siècle environ, travaillaient étroitement avec l’œuvre traditions qui avaient cours pour tous les puis ils émigrent principalement vers d’entraide des Enfants de la grand-route », catholiques, mais qui se sont perdues avec l’Europe. La langue romani a des ra- mentionne la fondation « Assurer l'ave- la sécularisation. cines sanskrites. nir des gens du voyage suisses ». Malgré Vincent Roos, ancien prêtre de Versoix Tsiganes : terme générique désignant cela, Patrick Birchler porte un tout autre et actuel curé d’Ouchy, dont les contacts l’ensemble de ces familles de peuples. regard sur ces événements. « L’Eglise est avec les gens du voyage étaient réguliers, Voyageurs : synonyme employé pour faite d’êtres humains. Ils sont fautifs, avance une autre supposition. « Ces signes « gens du voyage ». mais pas Dieu. L’Eglise reste ce qu’elle est. sont des balises sur la route. Ils constituent Il y a des moments où elle nous plaira et une stabilité dans un quotidien toujours d’autres moins. Par contre, la foi restera en mouvement. » Il poursuit le fil de sa la même. La confiance en Dieu persistera. pensée : « Les horizons qui sont les leurs Elle est l’étincelle qui brûle tout au long changent à tout instant. Avancer signi- de votre vie et qui nous fait sentir que fie aussi changer ses horizons. Ces iti- nous sommes accompagnés, quoi qu’il se nérants sont proches de la marche dont passe. » parle Jésus. Ils sont dans le mouvement, dans cette dynamique de l’inattendu. Et En chemin avec le Christ qu’est-ce que la résurrection du Christ si La confiance en Dieu En effet, pour Ludovic Nobel, prêtre et ce n’est de l’inattendu ! Les voyageurs sont est l’étincelle qui nous enseignant à l’Université de Fribourg, perpétuellement sur la route, et qui mieux fait sentir que nous l’Eglise reste toujours perçue positive- que le Christ nous parle du chemin ? Il le ment. Lui-même originaire de la com- personnifie même, en disant : "Je suis le sommes accompagnés, munauté yéniche, il réaffirme la centralité chemin, la vérité et la vie." Je crois que quoi qu’il se passe. de la pratique de foi dans leur quotidien, nous avons bien des choses à apprendre Patrick Birchler avec toutefois quelques différences. « La d’eux. » « Nous faisons partie de l’Eglise » Une des préoccupations de la communauté des voyageurs concerne l’offre d’aires de séjour et de passage. Comme en témoignent les enquêtes réalisées par la fondation « Assurer l’avenir des gens du voyage suisses », le nombre de places s’est massivement réduit. Cela surtout en Suisse romande, en Suisse orientale et en Suisse italienne. Et Patrick Birchler ne manque pas de le souligner : « Nous faisons partie intégrante de l’Eglise et souhaitons trouver des emplacements stables. Cela nous permettrait d’y vivre et aussi de nous rassembler au nom de notre foi et de notre Eglise. » Déjà soutenu dans cette démarche par Mgr Lovey, évêque accompagnateur des gens du voyage au sein de la CES, le voyageur réitère son appel à la population : « Si des gens nous lisent et possèdent un terrain à louer avec un accès à l’eau et à l’électricité, ils peuvent prendre contact avec l’aumônerie. Cela nous serait d’une aide précieuse. » Une manière d’une part, d’aller à la rencontre de cette communauté et d’autre part, de leur donner les moyens de pérenniser leur culture. CA H I E R RO M A N D III
C E Q U’E N D I T L A B I B L E Tous·tes PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT | PHOTO : DR en itinérance « Car nous n’avons pas ici-bas de cité per- manente, mais nous recherchons celle de Celles et ceux dont l’existence est une per- pétuelle itinérance nous rappellent ainsi l’avenir. » (Hébreux 13, 14) Dans la récapi- à tous, par leur mode de vie paradoxal, tulation inscrite dans son Appendice final, que même si la terre est splendide (voir l’auteur de l’épître aux Hébreux nous invite Loué sois-tu du pontife argentin), nous à suivre le Christ grand-prêtre, à « sortir » y sommes en exil. Notre vraie demeure de notre habitat confortable et de la mai- est dans le sein du Père, avec l’Esprit (cf. son de notre monde, à l’exemple de Jésus Hébreux 11, 11.14-16). Nous pouvons déjà qui a souffert sa Passion hors de la porte et anticiper cet état ultime en demeurant des murailles de Jérusalem (13, 12). dans le Fils, par l’amour et la prière et l’ob- C’est à cette « sortie en Eglise » que nous servation de sa Parole, pour que le Père et convie sans cesse le pape François, notam- le Fils viennent faire leur demeure en nous ment dans son exhortation apostolique La (Jean 14, 23). joie de l’Evangile (n. 20-24). Ainsi, nous Mais rien ne sert d’accumuler des pourrons offrir le véritable sacrifice en richesses, des villas et des Rolls Royce : tout temps, le fruit des lèvres et du cœur nous ne les emporterons pas au-delà de qui confessent le nom du Fils, avec la mise notre trépas (cf. Luc 12, 13-21). Quand en commun des ressources terrestres pour nous réf léchissons à la condition des les partager avec l’ensemble de nos frères et gens du voyage, nous constatons qu’ils sœurs (cf. Hébreux 13, 15-16 ; l’encyclique emmènent avec eux, dans leurs humbles Fratelli tutti). roulottes, tous leurs biens et leurs posses- Notre vraie patrie « se trouve dans les sions. Et que leur fortune est constituée par cieux », précise Paul (Philippiens 3, 20), là leurs compétences, leur esprit de famille et où l’ancre du salut a pénétré, au-delà du leurs enfants. De pays en pays, de place en voile du saint des saints, dans le temple place, jusqu’en la ville éternelle. Sortons de notre monde confortable, à l’image de définitif, que notre précurseur Jésus a soli- Puissent les voyages estivaux – s’ils Jésus qui a souffert sa Passion hors des murailles dement établie et plantée sur le rivage de la peuvent avoir lieu – nous exhorter à y de Jérusalem. vie éternelle (cf. Hébreux 6, 19-20). tendre ! L E PA P E A D I T… PAR THIERRY SCHELLING | PHOTO : CIRIC dans toutes ses prises de position, lui le fils Fratelli tutti… de migrants italiens hébergés en Argen- … e sorelle, cela va sans dire. Dans sa tine… dernière encyclique sur la fraternité et l’amitié sociale (2020), François liste Droits et devoirs parmi les ombres d’un monde fermé le Et de rappeler notre tâche en tant que chré- mauvais traitement des migrants, consi- tiens vis-à-vis des migrants : « accueillir, dérés comme « second class ». Or, « une protéger, promouvoir et intégrer » (n. 129) personne et un peuple ne sont féconds que en visant la notion de citoyenneté pour ces s’ils savent de manière créative s’ouvrir personnes, leur donnant la dignité de « don- aux autres » (n. 41). C’est le leitmotiv du Pape neur » et « receveur », c’est-à-dire respectant leurs droits et devoirs selon le droit à migrer pour une vie meilleure… « Inter-rencontre » fructifère Dans la rencontre interculturelle qui suit l’accueil d’un migrant, il faut y « faire jaillir quelque chose de nouveau […] (pour ne pas risquer) de se retrouver victime d’une sclé- rose culturelle » (n. 134). La peur du migrant, du voyageur, de l’al- lophone, peut en partie s’expliquer par le non-enracinement dans un substrat local : « Il n’est possible d’accueillir celui qui est différent et de recevoir son apport original que dans la mesure où je suis ancré dans mon peuple, avec sa culture. » (n. 143) Un Leitmotiv du Pape : « Une personne, un peuple ne sont féconds que s’ils savent de appel à mieux se connaître, pour mieux (re) manière créative s’ouvrir aux autres. » connaître l’autre… IV CA H I E R RO M A N D
AU F I L D E L’A RT R E L I G I E UX … église Saint-Victor, Ollon Emaux de la Création, Jean Prahin… PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER « Au commencement, Dieu créa… » Le sixième jour, Dieu crée ceux qui Ces quelques mots ouvrent le champ de habitent la terre ferme : les animaux tous les possibles. Et ce sont eux qui ont et l’être humain. L’être humain est au guidé Jean Prahin : l’œuvre qu’il a réali- cœur de l’œuvre, comme il est au cœur sée pour l’église d’Ollon est un extraordi- de la création. Le mouvement n’est pas naire hymne à la création. Elle nous invite égocentrique, mais tourné vers l’extérieur. à ouvrir notre Bible et à méditer le récit Il semble que la vie part du centre pour fondateur. se répandre dans chaque coin, réponse à l’invitation du Créateur : « Remplissez la Tourné vers l’extérieur terre. » (Gn 1, 28) L’être humain est béni Le deuxième jour, Dieu sépare les eaux du pour bénir à son tour. dessus et les eaux du dessous. Ces eaux du ciel et de la terre sont représentées par les Harmonie des origines bandes bleutées en haut et en bas. Le cercle qui entoure les êtres vivants Le troisième jour, Dieu fait paraître la semble symboliser cette harmonie des terre ferme et fait pousser les arbres et les origines, lorsque chacun avait sa place et buissons. A première vue très similaires, son rôle à jouer. Mais il résume aussi le les végétaux de Prahin révèlent peu à peu mouvement Créateur, partant de la main leurs différences. de Dieu pour y retourner. Tel le souffle qui Le quatrième jour, Dieu crée les grands planait sur les eaux (Gn 1, 2), souffle qui luminaires qui rythment les jours et les ne retourne pas au Père sans avoir porté années. Ils sont fixés à gauche et à droite du fruit. dans la bande de ciel. Le cinquième jour, Dieu remplit le ciel « Cela était beau » et la mer d’une myriade d’êtres vivants. En hébreu, le même mot signifie à la fois Poissons, coquillages, étoiles de mer pour beau et bon. « Et Dieu vit tout ce qu’il avait les eaux de la terre ; oiseaux pour les eaux fait ; et voici : cela était très bon. » (Gn 1, du ciel. L’œuvre de Prahin commence à 31) Et l’artiste vit que cela était beau. prendre vie. L’œuvre de Jean Prahin est un hymne à la création. CA H I E R RO M A N D V
S M A L L TA L K … AV EC S H A F I Q U E K E S H AVJ E E Une interview Le dernier ouvrage de Shafique Keshavjee, La Couronne et virale les virus - Et si Einstein avait raison ? 1 propose un autre éclai- rage sur la crise actuelle en convoquant les trésors de sagesse des grandes religions. A cette occasion, le pasteur et théolo- gien, nous livre aussi son regard sur la pandémie, la grâce divine et la fin du (d’un) monde. PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER Ce que nos contemporains demandent ailleurs, j’ai reçu beaucoup plus de sou- « c’est une spiritualité universelle soft », tien que ce que les médias laissent penser. selon vos propos. N’est-ce pas un peu ce Le sujet me tient à cœur. Je continue de que vous proposez avec ce livre ? penser qu’un des très grands défis à venir Une « spiritualité soft » met toutes les pour l’Occident, parmi d’autres, concerne convictions sur un plan d’égalité. Tel n’est l’islam politique et je persiste à croire que pas mon propos. Je cherche à rejoindre des beaucoup de personnes ne le voient pas personnes en recherche constatant qu’il encore. existe des éléments de sagesse dans toutes 1 Editions Saint-Augustin, 2021. les traditions. Mon intention n’est pas de La pandémie nous a donné le souci des faire un peu de taoïsme, un peu de Jésus plus faibles. Vous évoquez la sélection et un peu d’hindouisme. L’affirmation très surnaturelle comme étant la réussite des claire qui traverse tout le livre, c’est la cen- plus fragiles. C’est-à-dire ? tralité du Christ ! Dans une perspective darwinienne, les plus forts gagnent, donc aucune raison de Il est beaucoup question de virus (péché) sauver les plus faibles. Notre société est et de couronnes (grâce) dans votre livre, tiraillée entre cette logique et la tradition mais vous dites détester les discours sur judéo-chrétienne qui dit tout autre chose. une « grâce à bon marché ». Il y a un renversement des valeurs dans Cette grâce, critiquée par le théologien la tradition biblique. Dans la Bible, Dieu Bonhoeffer, est celle d’un Dieu qui aime choisit les plus faibles pour confondre les tout le monde, pardonne tout, accepte tout forts et il protège les plus faibles pour les sans aucune exigence. Il n’y a là aucun rendre forts. appel à dire que la grâce nous met en route. Je crois profondément que le Christ Quels sont selon vous, aujourd’hui, les nous accueille tels que nous sommes, et virus qui détruisent l’Amour et la Vie ? que cette grâce nous entraîne dans un L’autocentrement est un virus très dan- processus radical de changement. gereux. Nous peinons à nous décentrer pour aller vers plus grand que soi, ou Vous revenez dans cet ouvrage sur les vers autre que soi. Concernant l’Occi propos tenus dans L’Islam conquérant, dent, le plus grave danger serait de per- ce qui vous a valu beaucoup de critiques dre le trésor qu’est la foi chrétienne. virulentes… L’héritage judéo-chrétien a fait vivre Il y a eu des critiques très virulentes, sur- l’Occident et, bien vécu, il peut guérir nos tout de réformés libéraux et de certains sociétés. Cette intuition d’Einstein a ins- Shafique Keshavjee est né au Kenya. acteurs du dialogue interreligieux. Par piré ce livre. La pandémie, signe de fin du (d’un) monde ? Certains croyants entrevoient dans la pandémie les signes de fin du monde décrits dans l’Apocalypse. Une position que Shafique Keshavjee peine à partager complètement. « Il y a certes un processus similaire à ce qu’on trouve dans l’Apoca- lypse, mais il demeure toute la question de son interprétation. Nos sociétés ont vécu de nombreux bouleversements (guerres mondiales, crises), mais de là à dire qu’un nouveau monde a réellement commencé après eux... Des prises de conscience fortes ont lieu dans de multiples milieux. Cela dit, le mystère de la liberté humaine subsiste : dès que le monde ira mieux, retournerons-nous à nos travers ou entendrons-nous l’appel à respecter la sainteté de la vie ? Les crises sont toujours un appel à nous arrêter et à revenir à la Source de la vie. » Quant à l’Apocalypse, le « mystère de Dieu s’y exprime. A la fois dans son amour et la mise en lumière de nos dysfonctionnements. D’une certaine manière, Dieu se retire pour laisser à l’humanité le loisir d’aller jusqu’au bout de ses orientations déviantes. Cela afin de mieux révéler le vide qui ap- pelle sa Présence ». Le théologien relève que ce processus de mise en lumière de nos péchés (virus) comporte toujours un horizon de libération et de révélation de la grâce de Dieu (la Couronne). VI CA H I E R RO M A N D
S M A L L TA L K … AV EC S H A F I Q U E K E S H AVJ E E Biographie express Les dates qui ont marqué Shafique Keshavjee. 1955 : Naissance au Kenya dans une famille indienne ismaélienne. 1963 : Arrivée en Suisse. 1974 : Adhésion au Christ lors d’un voyage en Inde. 1983 : Mariage avec Mireille, puis naissance de quatre garçons. 1991 : Consécration comme pasteur à la cathédrale de Lausanne. 1993-2010 : A côté de l’engagement pastoral (ministère œcuménique et interreligieux), enseignement dans divers milieux universitaires. L’auteur, pasteur et théologien croit profondément « que le Christ nous accueille tels que nous 1998-2021 : Travail d'écriture. sommes ». E N FA M I L L E Il y a quelques mois, le Pape a ouvert une année consacrée à Une année avec saint Joseph saint Joseph, patron des familles et des travailleurs. Mécon- nu, ce grand saint est un soutien particulier pour traverser les périodes troublées. PAR BÉNÉDICTE DROUIN-JOLLÈS | PHOTO : DR Le Pape veut « dépoussiérer » saint Joseph ; « Chaque malade, chaque pauvre, chaque sa décision de le remettre à l’honneur est père de famille soucieux, chaque époux le fruit d’une méditation mûrie pendant inquiet est un enfant dont Joseph se pré- le premier confinement. Il nous la par- occupe... » Il est tellement discret qu’on tage dans la lettre Patris corde. Beaucoup peut l’oublier. « Il nous rappelle que tous comme Mgr Alain de Raemy l’ont remar- ceux qui sont apparemment en "deuxième quée et saluée. « Comme toutes les lettres, ligne" jouent un rôle inégalé dans l’histoire elle pourra être lue et relue, ce ne sera pas du salut. » Joseph, père adoptif du fils de du temps perdu, je Dieu est aussi l’époux et protecteur de la n’ai jamais vu en Vierge Marie. Dommage d’aller vers l’un si peu de pages un ou l’autre sans le rencontrer. si grand condensé de sagesse chré- A une époque où la paternité est parfois tienne... Il est tout difficile à assumer sereinement, le Pape sauf compliqué, propose celle de cet homme qui reçoit sa écrit aux jeunes force et sa tendresse de Dieu. Malgré les l’évêque auxiliaire contrariétés, il avance confiant et obéis- du diocèse de Lau- sant et les surmonte avec un « courage sanne, Genève et créatif ». A l’heure où les relations entre Fribourg. » hommes et femmes sont parfois tour- mentées, le Pape montre en exemple cet Le pape François homme empreint de respect et de délica- présente Joseph, tesse, fidèle et présent malgré les difficul- un peu comme un tés. Tout comme Marie à l’annonciation, grand-père livre ses il croit à l’appel reçu de Dieu. Qu’il nous Jésus dans les bras de Joseph, dans une œuvre de trésors à ses enfants aide à avancer avec la même confiance au Guido Reni. et petits-enfants. cœur de nos familles. CA H I E R RO M A N D VII
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