L'ESSENTIEL Votre magazine paroissial - Unités pastorales du Grand-Fribourg - UP Saint-Joseph

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L'ESSENTIEL
Cahier
romand
Une piété
itinérante
                  Votre magazine paroissial
Éditorial
Des vacances
ressourçantes ?   Unités pastorales du Grand-Fribourg
                  UP Notre-Dame, UP Saint-Joseph

                  JUILLET-AOÛT 2021 | BIMESTRIEL NO 4   UNE PUBLICATION SAINT-AUGUSTIN
L'ESSENTIEL Votre magazine paroissial - Unités pastorales du Grand-Fribourg - UP Saint-Joseph
É D I TO R I A L

Sommaire                                         Des vacances
02            Éditorial
03-10 Dossier Familles
                                                 ressourçantes ?
I-VIII        Cahier romand

11-12         Le coin des enfants
13            Vie religieuse
14-15         Art et foi
16-17         Reportage
18            Diaconie
19            Décanat
20            UP pratique

                                                 PAR L’ABBÉ ALEXIS MORARD, DOYEN
                                                 PHOTOS : PIXABAY, AM

                                                 Comment abordons-nous ces deuxièmes vacances d’été
                                                 sous l’ère Covid ? Avons-nous fait émerger une liberté qui
                                                 s’épanouit en dépit des contraintes ? Un philosophe romain,
                                                 qui n’est autre que l’empereur Marc Aurèle, a des paroles de
                                                 sagesse qui nous font redire que tout n’est pas dans la plage ou
                                                 la balade : c’est un pèlerinage en direction du cœur qui nous
                                                 ressourcera...
IMPRESSUM

Éditeur
                                                         Nulle part l’homme ne trouve de retraite plus tranquille
Saint-Augustin SA, case postale 51,                                      que dans sa propre âme.
1890 Saint-Maurice
Directeur général Yvon Duboule
                                                 « Ils se cherchent des retraites, chaumières rustiques, rivages des mers, mon-
Rédacteur en chef Nicolas Maury
                                                 tagnes : toi aussi, tu te livres d’habitude à un vif désir de pareils biens. Or, c’est
Secrétariat
                                                 là le fait d’un homme ignorant et inhabile, puisqu’il t’est permis, à l’heure que
Tél. 024 486 05 25 | fax 024 486 05 36
E-mail: bpf@staugustin.ch                        tu veux, de te retirer dans toi-même. Nulle part l’homme n’a de retraite plus
Rédaction locale
                                                 tranquille, moins troublée par les affaires, que celle qu’il trouve dans son âme,
Véronique Benz, Pérolles 38, 1700 Fribourg       particulièrement si l’on a en soi-même de ces choses dont la contemplation
E-mail : veronique.benz@cath-fr.ch               suffit pour nous faire jouir à l’instant du calme parfait […]. Donne-toi donc
Équipe de rédaction                              sans cesse cette retraite, et, là, redeviens toi-même. Trouve-toi de ces maximes
Véronique Benz – Elodie Lebreton                 courtes, fondamentales, qui, au premier abord, suffiront à rendre la sérénité à
Jean-Marie Monnerat – Aurelia Pellizzari
Danièle Pernet – Dominique Rimaz – Paul Salles   ton âme et à te renvoyer en état de supporter avec résignation tout ce monde où
Maquette Essencedesign SA, Lausanne
                                                 tu feras retour. » *
                                                                                               Bel été !
Photo de couverture
Journée cantonale des servants de messe.
Photo : João Carita                              *   Marc Aurèle, Pensées, in Les Stoïciens, trad. E. Bréhier, Paris, La pléiade, Gallimard, 1962, IV.

2                                                U N I T É S PASTO R A L E S D U G R A N D - F R I B O U RG
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FA M I L L E S

                                                       La famille
                                                       dans tous ses états
                                                       Une approche biblique

                                                       Ce que nous vivons dans nos familles nous met parfois dans
                                                       tous nos états, nous agite, nous déplace, nous dépasse, nous
                                                       fait souffrir. C’est alors que l’on peut s’ouvrir à l’inattendu,
                                                       à l’autre, au Tout Autre.

                                                       PAR MONIQUE DORSAZ | PHOTOS : PIXABAY

                                                       Le terme « famille »                                    plutôt le réel de situations alambiquées,
                                                       Dans la Bible, on ne trouve pas exacte-                 souffrantes, et en fait assez ordinaires.
                                                       ment le mot « famille ». On parle plutôt de             Justement, Dieu vient à la rencontre de ces
                                                       maison, clan ou tribu. La famille biblique              réalités, il fait avec et se révèle au travers.
                                                       est une entité plus large que la famille                Dieu assume nos plans B ! Souvent même
                                                       nucléaire à laquelle nous pensons sponta-               c’est dans les épreuves que tout se joue, que
                                                       nément aujourd’hui. Dans les Écritures, la              Dieu se dit, se laisse rencontrer et peut agir.
                                                       famille est une réalité concrète et ouverte
                                                       qui évoque la cohabitation et la mise au                Intérêt de la Bible pour la relation
                                                       monde.                                                  homme-femme
                                                                                                               Dès le début et jusqu’à la fin, la Bible s’in-
                                                       Diversité des situations et états de vie                téresse de façon très particulière à la ren-
                                                       Dans la Bible on trouve beaucoup de diver-              contre entre l’homme et la femme et à leur
                                                       sité. Dieu intègre toutes sortes de situations          relation. « Dieu créa l’homme à son image,
                                                       familiales dans son projet. Les prophètes               homme et femme il les créa » (Genèse
                                                       de l’Ancienne Alliance, ou même les ascen-              1, 27). Dieu dit encore : « Il n’est pas bon
                                                       dants de Jésus ne sont pas toujours dans                que l’homme soit seul, je vais lui faire un
                                                       une situation « normale » ou « idéale » :               secours, comme un vis-à-vis. » (Genèse 2,
                                                       stérilité (Genèse 18), veuvage (Ezéchiel 24,            18) Une rencontre homme-femme, c’est
                                                       15-27), infidélité (Osée 1-3), manipula-                mystérieux : elle dit quelque chose de
                                                       tion (2e livre de Samuel 11), prostitution              Dieu, comme témoigne saint Paul (Epître
                                                       (Josué 2) sont finalement des situations                aux Éphésiens 5, 22-23). Ça c’est l’objectif,
                                                       assez communes. Et c’est peut-être ce que               le plan d’ensemble. Reste que dans la réa-
                                                       l’on peut retenir en premier : la famille               lité concrète des histoires des personnages
                                                       dans la Bible n’est pas un idéal, mais                  bibliques, c’est moins évident : Abraham
                                                                                                               peine à reconnaître que Sara est sa femme
                                                                                                               (Genèse 12, 20), Jacob est fou amoureux de
                                                                                                               Rachel, mais se retrouve avec deux femmes
                                                                                                               (Genèse 9, 18ss), la femme de Potiphar
                                                                                                               tombe amoureuse de Joseph (Genèse 39,
                                                                                                               7ss), Elqana aime sa femme qui est stérile
                                                                                                               (1er livre de Samuel 1, 5), Abigaïl est mariée
                                                                                                               avec un fou puis rencontre David (1er livre
                                                                                                               de Samuel 25, 3). David commet l’adul-
                                                                                                               tère avec Bethsabée (2e livre de Samuel 11,
                                                                                                               2-4), Joseph le juste est invité à épouser une
                                                                                                               femme enceinte et la Samaritaine que Jésus
                                                                                                               rencontre et qui évangélise tout son village
                                                                                                               a déjà eu plusieurs maris... Dieu assume
                                                                                                               même les plans C !

                                                                                                               Les parents et les enfants
                                                                                                               Dans la Bible, on parle aussi volontiers de
                                                                                                               « fécondité ». C’est d’ailleurs la première
                                                                                                               Parole que Dieu adresse à l’homme et à
Dieu intègre toutes sortes de situations familiales dans son projet.                                           la femme : « Fructifiez et multipliez-vous »

                                                       U N I T É S PASTO R A L E S D U G R A N D - F R I B O U RG                                           3
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FA M I L L E S

                                                      (Genèse 1, 28). Mais quand on lit la suite,             14, 26). Quant à avoir des frères, on voit
                                                      on voit que cela se passe difficilement. Les            bien que là aussi, c’est parfois compliqué, et
                                                      matriarches sont presque toutes stériles.               ce depuis le début avec Caïn et Abel, mais
                                                      Qu’y a-t-il à apprendre à travers toutes                encore avec Isaac et Ismaël, Jacob et Esaü,
                                                      ces histoires de stérilité ? Peut-être que              Joseph et ses frères, David et ses frères,…
                                                      Dieu veut venir remplir nos incapacités                 Quant à Jésus, il pose la question de « qui
                                                      humaines et leur donner une perspective                 sont mes frères ? » (Matthieu 12, 48)… et
                                                      que lui seul peut donner.                               il nous dit ensuite que nous sommes tous
     L’homme                                          On voit aussi des parents qui luttent pour              frères (Matthieu 23, 8).
     abandonnera                                      la vie de leur enfant. Hagar doit fuir                  Dans la Bible, il y a un parti pris pour la
                                                      au désert et pleure pour son fils Ismaël                réalité. Les relations homme-femme, les
     son père et sa mère                              (Genèse 21). La Cananéenne lutte pour sa                relations entre frères sont considérées dans
     pour s’attacher                                  fille malade (Matthieu 15, 21-28), le Centu-            leur complexité et dépeintes avec réalisme.
     à sa femme.                                      rion pour son enfant-serviteur (Matthieu                On n’a pas peur d’évoquer ces réalités dif-
                                                      8, 5-13). Jésus dira d’eux qu’ils ont une               ficiles, c’est justement là que Dieu devra
                                                      grande foi. Avoir la foi ce serait donc lutter          être convoqué. Dans les Évangiles, Jésus
                                                      pour la vie de l’autre et laisser Dieu en pla-          va au-devant des uns et se laisse aborder
                                                      cer une ! La Bible nous montre comment                  par les autres quelle que soit leur situa-
                                                      les parents font tout pour leur enfant et               tion matrimoniale et familiale. Il offre
                                                      aussi comment ils doivent les laisser aller.            un accueil inconditionnel aux personnes
                                                      Nous trouvons à répétition la scène d’un                blessées par la vie. Dieu veut venir à notre
                                                      père qui « envoie » son fils : Abraham ren-             rencontre pour nous sauver. Il vient là où
                                                      voie Ismaël (Genèse 21, 10 ss), Isaac envoie            l’on pourrait avoir envie qu’il ne vienne
                                                      Jacob (Genèse 28, 5), Jacob envoie Joseph               pas, ces lieux que l’on penserait indignes
                                                      (Genèse 37, 13), Jessé envoie David (1er livre          de Dieu. C’est justement là qu’il veut aussi
                                                      de Samuel 17, 17).                                      nous rejoindre.

                                                      La relation avec nos propres parents est                Les mêmes mots sont utilisés pour parler
                                                      aussi un défi ; Joseph, par exemple, va                 de Dieu
                                                      prendre soin du vieux Jacob pendant 17 ans              Si les mêmes mots sont utilisés pour dire
                                                      en Égypte (Genèse 37, 2 ; 47, 28). Ruth s’oc-           la réalité des relations humaines, « père »,
                                                      cupe de sa belle-mère et Tobie de son père              « fils », « époux-épouse », « frères » et les
                                                      âgé. Les parents, il faut aussi s’en détacher,          réalités de Dieu, c’est parce que tout amour
                                                      ceci est affirmé depuis le texte de la créa-            humain trouve en Dieu sa source et sa deu-
                                                      tion : « l’homme abandonnera son père                   xième naissance. Les choses humaines sont
                                                      et sa mère pour s’attacher à sa femme »                 habitées par ce qui se vit en Dieu. Celui qui
                                                      (Genèse 2, 24). Jésus lui-même aura des                 écoute la Parole est amené à comprendre
                                                      paroles difficiles par rapport aux per-                 encore plus profondément ce que signifie
                                                      sonnes de sa famille et aux parents (Luc                être fils, être père, mère, épouse, etc.

                                                                                                              – Que la relation parent-enfant soit belle
                                                                                                                ou difficile, elle nous ouvre à un autre
                                                                                                                Père qui veille sur nous.
                                                                                                              – Les relations fraternelles ou de cousinage
                                                                                                                ne constituent pas le tout de notre vie,
                                                                                                                nous pouvons être amenés à découvrir
                                                                                                                des liens de fraternité plus forts que
                                                                                                                les liens du sang. C’est une réalité très
                                                                                                                présente dans le Nouveau Testament.
                                                                                                                Nous avons une multitude de « plus que
                                                                                                                frères ».
                                                                                                              – Si nous accordons tant de prix aux
                                                                                                                « noces humaines », c’est parce qu’elles
                                                                                                                sont habitées par un projet plus grand.
                                                                                                                Elles s’intègrent dans le grand projet des
                                                                                                                noces de Dieu avec l’humanité. Jésus le
                                                                                                                célibataire s’est souvent présenté comme
                                                                                                                « l’époux », nous sommes faits pour
                                                                                                                entrer avec lui dans ces noces éternelles
                                                                                                                auxquelles tous sont largement invi-
                                                                                                                tés : « Heureux les invités aux noces de
Se mettre à l’écoute de la Parole pour comprendre plus profondément ce que signifie être fils, père,            l’agneau .» (Apocalypse 19, 9)
mère, époux et épouse.

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Les fiançailles
Le mot « fiançailles » évoque pour beaucoup un rite désuet
ou alors une demande en mariage romantique officialisée
par une bague. Pourtant, ce temps de discernement est une
étape qui mériterait d’être revalorisée dans le cheminement
vers le mariage. Il s’agit d’une période déterminée durant
laquelle les fiancés mûrissent leur projet commun tout en
restant libres de s’engager ou non dans le mariage, c’est une
voie pour faire grandir et mûrir l’amour dans un couple en
approfondissant la connaissance mutuelle.

PAR ADELINE WERMELINGER | PHOTOS : PIXABAY, ISTOCK

À l’image de l’Alliance de Dieu avec son                velle inaugurée par le mariage. La pro-
peuple (Osée 2, 16-25), le temps des fian-              messe de s’aimer pour la vie se prépare, elle
çailles est un temps d’« apprivoisement »               ne peut être tenue que si les futurs époux
réciproque, où les futurs époux bâtissent               savent à quoi ils s’engagent et le choisissent
et consolident la relation en apprenant la              librement. Cela n’est possible que s’ils ont
confiance, en prenant le temps de la for-               laissé ce désir mûrir en eux et entre eux.
mation et du discernement. Si l’engage-                 Quelqu’un pour qui la fidélité n’est pas une
ment dans le mariage peut faire peur, une               nécessité durant les fiançailles aura certai-
relation nécessite des étapes pour avan-                nement de la peine à aimer exclusivement
cer. La célébration des fiançailles permet              la même personne tout le reste de sa vie.
aux couples qui se posent la question du                Les fiançailles sont également un temps
mariage de marquer concrètement leur                    de découverte de l’engagement à venir. Il
désir, sans s’engager encore définitivement,            commence à être vécu durant cette période
mais en faisant déjà un pas de plus. L’Église           et prendra son sens plénier avec le sacre-
catholique propose un rituel de bénédic-                ment du mariage.
tion qui peut également se dérouler dans
l’intimité des familles. C’est l’occasion de            Un sacramental
mettre son couple sous le regard de Dieu,               La célébration des fiançailles est un sacra-
de le remercier pour le chemin parcouru et              mental et non un sacrement comme le
de lui confier la suite.                                mariage. « Les sacramentaux ne confèrent
Sans être un « pré-mariage », le temps des              pas la grâce de l’Esprit Saint à la manière
fiançailles pose les bases de cette vie nou-            des sacrements, mais par la prière de

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                                   l’Église ils préparent à recevoir la grâce              Une formation humaine et spirituelle
                                   et disposent à y coopérer. » (Catéchisme                Dans l’exhortation apostolique Amoris
                                   de l’Église catholique – CEC 1670) Cette                Laetitia, le pape François rappelle l’impor-
                                   célébration, du fait de la prière des fian-             tance de la préparation au mariage en tant
                                   cés qui se mettent en chemin sous le                    que formation humaine et spirituelle, pour
    La célébration                 regard du Christ, les « prépare à recevoir              « faire grandir l’amour réciproque » (AL,
    des fiançailles                la grâce » du sacrement de mariage et les               n° 208) et « découvrir la valeur et la
                                   « dispose à y coopérer » par la préparation             richesse du mariage » (AL, n° 205). C’est
    permet aux couples             pratique et spirituelle et l’accompagne-                également un lieu de « nouvelle évangéli-
    qui se posent                  ment dont ils bénéficient de et au sein de              sation » : l’amour qui unit les futurs époux
    la question du mariage         l’Église. Les deux parties que comprend la              reflète l’Amour de Dieu pour eux. Il s’agit
                                   célébration vont dans ce sens. En premier               certainement là d’un enjeu pastoral de
    de marquer concrètement        lieu, la bénédiction comme signe sacré.                 notre temps, et l’année « Famille Amo-
    leur désir.                    La démarche des fiancés s’inscrit dans un               ris Laetitia » nous y rend attentifs. Cela
                                   projet commun, avec Dieu. Cela sera signi-              implique un accompagnement des couples
                                   fié par la lecture de la Parole de Dieu. Nous           durant leur préparation au mariage mais
                                   l’avons relevé, l’alliance de Dieu avec son             aussi après la célébration et un investisse-
                                   peuple peut être mise en parallèle avec la              ment de la part de la communauté ecclé-
                                   démarche des fiançailles. Pour le peuple                siale tout entière. Le temps des fiançailles
                                   d’Israël, les années de « fiançailles » ont             renforce les liens entre les futurs époux,
                                   été un temps de bénédiction. La célébra-                rend leur couple plus fort, leur donne de
                                   tion des fiançailles s’inscrit donc dans la             s’aimer davantage, les prépare au don total
                                   logique de l’Alliance que Dieu renouvelle               d’eux-mêmes qu’ils manifesteront dans
                                   avec son peuple à travers l’amour des fian-             les consentements, leur fait découvrir la
                                   cés. Dans un second temps, les fiancés                  beauté des sacrements – et en particulier
                                   feront monter vers Dieu leur action de                  de celui qui les unira – leur permet de vivre
                                   grâce. Le temps des fiançailles est un temps            dans la joie, la tendresse et la sérénité leur
                                   joyeux ; cependant, les obstacles font partie           préparation au mariage et de mettre leur
                                   du chemin.                                              cheminement entier sous le regard bien-
                                                                                           veillant de Dieu.

                Amoris Laetitia, la joie de l'amour
                Le 19 mars 2016, le Pape nous offrait Amoris Laetitia. Cinq ans plus tard, l’année de la famille
                voulue par François est une invitation à découvrir ou approfondir ce document qui rejoint de
                manière très concrète les couples et les familles au cœur de leur vécu.
                Mercredi 22 septembre 2021, de 20h à 21h au Boulevard de Pérolles 38 à Fribourg.
                Animation : Adeline Wermelinger et Bertrand Georges.
                Renseignements : pastorale.desfamilles@cath-fr.ch, 026 426 34 84.

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                           Vivre la messe en famille

Messe avec les familles à l’église Saint-Paul au Schoenberg.

                           PAR PAUL SALLES | PHOTO : CHRISTOPH VON SIEBENTHAL

                           Tous ceux qui ont des enfants à la maison               leurs ce dimanche-là. Il s’agit plutôt pour la
                           (ou qui en ont eu) savent qu’il n’est sou-              communauté paroissiale de mettre les bou-
                           vent pas aisé de motiver ses jeunes à venir             chées doubles pour accueillir ceux et celles
                           à la messe. Et quand ils sont là, la partici-           qui hésitent à venir les rejoindre justement
                           pation à l’eucharistie peut relever davan-              parce qu’elles sont des familles.
                           tage au chemin de croix qu’au banquet
                           des noces célestes : entre les nourrissons              Favoriser la participation
                           qui pleurent, les bambins qui courent, qui              Dans nos paroisses, plusieurs formules
                           parlent ou qui ont faim, et les adolescents             cohabitent : une animation spéciale de la
                           qui font la moue… c’est parfois difficile.              liturgie de la Parole en dehors de l’église,
                           Me revient encore en mémoire la discus-                 des homélies adaptées, des chants adaptés,
                           sion récente avec un père de famille qui se             des chorales d’enfants ou de familles, les
                           réjouit de pouvoir enfin disposer d’un peu              groupes de servants de messe… toutes
                           d’attention pour écouter l’homélie et prier             ces formes, avec leurs avantages et leurs
                           en silence après la communion depuis que                inconvénients, traduisent surtout le sou-
                           ses enfants sont grands !                               hait de favoriser une participation active à
                                                                                   la célébration, quel que soit l’âge. Au-delà,
                           Et pourtant… si l’Église vit de l’Eucha-                elles permettent de favoriser la croissance
                           ristie comme ferment de sa communion,                   de la vie spirituelle de tous : que chacun
                           et si nos familles sont de petites Églises              puisse trouver les conditions qui lui per-
                           domestiques, ô combien la participation                 mettent de se laisser rejoindre par la Parole
                           en famille à l’eucharistie est importante en            de Dieu, de présenter ses prières, de dépo-
                           vue de l’unité de nos familles. Il y a là un            ser ses fardeaux, de goûter à la joie d’une
                           effort tout particulier que nos communau-               communauté accueillante, de communier
                           tés paroissiales doivent réaliser pour facili-          fructueusement au Pain de Vie.
                           ter cette participation en famille à la messe
                           dominicale. C’est en ce sens que, depuis de             Dans toutes nos paroisses, à un rythme
                           nombreuses années, ont fleuri dans nos                  plus ou moins régulier, de telles proposi-
                           paroisses des « messes en familles », ou                tions existent. Des équipes portent l’ani-
                           « messes des familles ». Annoncées comme                mation de ces messes et, parce qu’avec les
                           telles, elles n’ont pas pour but de prévenir            familles les renouvellements de généra-
                           les personnes qui apprécient le calme et le             tions sont rapides et fréquents, ces équipes
                           silence de passer leur chemin et d’aller ail-           ont toujours besoin de renfort.

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                            Journée cantonale des
    Samedi 12 juin, près de 300 servants de messe (enfants
    et adolescents) de tout le canton ont participé à un rallye
    biblique à travers la ville de Fribourg. Jeux, pique-nique,
    rencontres et célébration de la messe par Mgr Charles
    Morerod dans les jardins de la commanderie Saint-Jean.
    Retour en photos sur une journée mémorable.
    PHOTOS : JOÃO CARITA

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servants de messe

                                                                                        Art funéraire
                                                                                        Grabmalkunst
                                                                                        MARBRERIE ST-LEONARD
                                                                                        SA - 1700 FRIBOURG
                                                                                        Rue de Morat 54A
   Livres – Objets – Ornements d’église – Habits liturgiques                            Tél. 026 322 23 81
      Rue de Lausanne 88 – 1700 Fribourg – Tél. 026 322 36 82                           Fax 026 322 23 84
                       www.staugustin.ch                                                www.msl-sa.ch
                                                                                        E-mail msl-sa@bluewin.ch

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                                             Les lectures de l’été
                                             En lien avec le thème de ce numéro de l’été, La Doc, librairie
                                             et médiathèque de l’Église catholique vous propose les livres
                                             suivants :

                          Familles : qu’en dit la Bible ?
                          Collectif sous la direction de François-Xavier Amherdt
                          Coll. Les Cahiers de l’ABC 4 – Éditions Saint-Augustin, Saint-Maurice 2016
                          La Bible ne cherche pas à donner une image « lisse » des relations de couples
                          ou de familles. Au contraire, de l’Ancien au Nouveau Testament, en passant
                          par la sainte Famille elle-même, elle offre une pluralité de situations fami-
                          liales, très en phase avec le contexte actuel.
                          Ce cahier de l’ABC propose de revisiter à la lumière des Écritures les rela-
                          tions familiales de base : que signifie être frère et sœur, époux et épouse, fils
                          et fille, père et mère… ? À travers des figures de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament, le
                          parcours suggéré ouvre à des formes de paternité, de filiation et de fraternité en dehors des liens
                          du sang. En fin de compte, ce sont ceux qui écoutent et pratiquent la Parole qui deviennent les
                          proches de Jésus, et constituent l’Église-famille.

     La famille entre éducation chrétienne et proposition de la foi
     François-Xavier Amherdt et Roland Lacroix
     Coll. Perspectives pastorales 13 – Éditions Saint-Augustin, Saint-Maurice 2020
     « La Bible considère la famille comme le lieu de la catéchèse des enfants. Cela est illustré dans la
     description de la célébration pascale juive (Deutéronome 6, 20-25). Ainsi la famille est l’espace où
     les parents deviennent les premiers maîtres de la foi pour leurs enfants. C’est une œuvre artisa-
     nale, personnalisée. »
     Ce qu’affirme le pape François au début de son exhortation sur le couple et la famille Amoris
     Laetitia (n. 16), et qu’il traduit par des indications pastorales précises, ne manque pas de prendre
     en compte l’actuelle réalité socio-culturelle européenne, en vertu de laquelle différents modèles de familles sont
     apparus et le processus de transmission d’une génération à l’autre est entré dans une crise profonde.
     C’est à ce problème décisif pour la communication de la foi qu’a choisi de réfléchir l’Équipe européenne de catéchèse,
     lors de son Congrès de juin 2017 à Madrid.
     L’ouvrage en reprend les éléments clés, tant du point de vue de la sociologie et de la théologie biblique de la famille,
     que de celui pédagogique de la transmission de la foi dans la ligne de La joie de l’Évangile et de La joie de l’amour du
     pontife argentin. Avec la proposition passionnante de modèles de catéchèse familiale en plusieurs pays européens
     (Allemagne, France, Italie, Suisse, Angleterre, Espagne et Pologne).

                          La famille, un bonheur à construire.
                          La foi en famille
                          Christine Ponsard
                          Éditions Edifa-Mame, Paris 2008
                          Une famille heureuse, c’est une fondation solide sur le mariage et la grâce
                          d’être parents pour accueillir et guider les enfants qui leur sont confiés.
                          Ce livre aborde tous les registres d’une vie familiale fondée sur la vérité de
                          l’Évangile. Un véritable trésor pour vivre la foi en famille. L’auteure a assuré,
                          pendant près de dix-sept ans, la chronique « La foi en famille » dans Famille
                          chrétienne. Avec douceur et force, rigueur et charité, elle trouve les mots justes pour aider les
                          familles à vivre de l’Évangile et à le faire rayonner.

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 Une piété itinérante

  Les signes et rituels revêtent aussi une grande importance.

                                                             ÉDITORIAL
Un déplacement
       intérieur

                                                             PAR MGR JEAN-MARIE LOVEY, ÉVÊQUE DE SION
                                                             PHOTOS : VÉRONIQUE BADER ET CATH.CH

                                                             Les gens du voyage, comme on peut conti-                   autre niveau que ça bouge. L’expérience
                                                             nuer aimablement de les appeler sont                       habituelle de leurs déplacements leur a
                                                             donc des itinérants. D’étape en étape ils                  appris à organiser d’autres déplacements,
                                                             établissent leur camp, à la merci de notre                 tout intérieurs. Quand une démarche
                                                             accueil. Mais leur vie est comme un mou-                   se substitue à la marche, on est en plein
                                                             vement perpétuel.                                          registre de pèlerinage. C’est la Parole de
                                                                                                                        Dieu qui les met ainsi en route. Faudrait-il
                                                             Chaque année, le pèlerinage est attendu                    nous en étonner ? Comme nous ils sont
                                                             comme une expérience spirituelle forte.                    enfants d’Abraham, l’itinérant ; fils d’un
                                                             Et, paradoxe, tandis que le terme pèleri-                  Dieu qui s’est fait voyageur à la merci de
                                                             nage renvoie à la notion de déplacement,                   notre accueil.
                                                             de pérégrination, eux les itinérants s’ar-
                                                             rêtent, une semaine durant à l’ombre de                    Alors, quand ils frappent à la porte des
                                                             l’abbaye d’Einsiedeln. Le pèlerinage per-                  municipalités, des cantons, pour une place
                                                             drait-il son sens en se figeant ainsi sur                  de stationnement, savons-nous leur recon-
                                                             la prairie ? Certainement pas. C’est à un                  naître le droit d’être accueillis ?

  SOMMAIRE
                                                                                              V          Au fil de l’art religieux : Emaux de la Création,
  I        Editorial : Un déplacement intérieur                                                          église Saint-Victor, Ollon
  II-III   Eclairage : Une foi en mouvement                                                   VI-VII Small talk… : … avec Shafique Keshavjee
  IV       Ce qu’en dit la Bible : Tous•tes en itinérance                                            En famille : Une année avec saint Joseph
           Le Pape a dit… : Fratelli tutti                                                    VIII       Sur la Via Jacobi : Fribourg – Payerne

  IMPRESSUM : Editeur Saint-Augustin SA, case postale 51, 1890 Saint-Maurice Directeur général Yvon Duboule Rédacteur en chef | Secrétaire de rédaction
  Nicolas Maury | bpf@staugustin.ch | Tél. 024 486 05 25 Abonnements adressage@staugustin.ch | Tél. 024 486 05 39 Rédaction romande Myriam Bettens | Chanoine Calixte
  Dubosson | Bénédicte Jollès | Nicolas Maury | Pascal Ortelli | Abbé Thierry Schelling Collaborateurs externes Abbé François-Xavier Amherdt | Amandine Beffa | Chantal Salamin
  Maquette Essencedesign SA, Lausanne | ESA, Saint-Maurice Prochain numéro Moins pour plus
ÉC L A I R AG E

      Une foi                                   Souvent mal aimés, car méconnus, les Yéniches, Sinti et Ma-

en mouvement                                    nouches ont subi nombre de discriminations durant des
                                                siècles. En 2016, afin de vaincre les préjugés, le Conseil fédé-
                                                ral leur a promis d’être reconnus en tant que minorités na-
                                                tionales sous leurs appellations correctes et non plus en tant
                                                que « gens du voyage ». Mais la route reste longue pour cette
                                                population empreinte d’une piété hors du commun.

                                                L’intégration dans la vie paroissiale reste très souvent associée aux liens d’amitié.

                                                PAR MYRIAM BETTENS
                                                PHOTOS : VERA RÜTTIMANN ET DR

                                                « Il est réellement présent avec nous tous les           voyageurs. L’aumônerie propose des for-
                                                jours. C’est une lumière d’espoir qui nous               mations bibliques pour adultes, des par-
        Ces itinérants sont                     fait avancer. » Vivre sans Dieu est impen-               cours catéchétiques – selon leur culture,
                                                sable pour Patrick Birchler et la majorité               qui fait naturellement des liens –, offre une
        proches de la marche                    des membres de sa communauté. Une                        présence sur les aires de stationnement,
        dont parle Jésus.                       constatation que partagent Christoph Al­-                organise les traditionnels pèlerinages
        Ils sont dans                           brecht et sa collègue Aude Morisod, tous                 annuels et s’occupe de maintenir un lien
         le mouvement,                          deux engagés dans l’Aumônerie catholique                 vivant avec les paroisses sédentaires. « L’ex-
                                                suisse des gens du voyage. Qui fut créée                 périence de coexistence et d’accueil dans
        dans cette dynamique                    en 2003 par la Conférence des évêques                    de nombreuses paroisses de Suisse est très
        de l’inattendu.                         suisses en tant que « paroisse non territo-              positive », affirme Christoph Albrecht. Il
        Vincent Roos, curé d’Ouchy              riale », afin de s’adapter au mode de vie des            note néanmoins que cette intégration dans

      Qui sont les « gens du voyage » ?
      En Suisse, la population d’origine yéniche est estimée à 35'000 personnes, dont la plupart sont sédentaires. Depuis la fin
      du XIXe siècle, les autorités, avec parfois la complicité de l’Eglise, ont tenté de réprimer leur mode de vie itinérant en les
      contraignant à se sédentariser. Ce n’est qu’en 1995 que la Suisse a reconnu les Yéniches, les Sinti et Manouches en tant
      que minorités nationales. Aujourd’hui, environ 5000 personnes ont conservé ce mode de vie itinérant. Cependant, le
      nomadisme joue un rôle identitaire essentiel pour ces communautés. La plupart de ceux qui se déplacent encore passent
      l’hiver sur une aire de séjour, leurs enfants vont à l’école du lieu et les familles sont enregistrées à la commune. Au retour
      de la belle saison, ils parcourent la Suisse pour rencontrer leurs clients. Les Yéniches, les Sinti et Manouches suisses
      exercent souvent des métiers traditionnels à titre indépendant. Toutefois, la fondation « Assurer l’avenir des gens du
      voyage suisses », souligne que la crise du coronavirus a affecté durement ces communautés : le manque de travail « ne leur
      permet plus de garantir suffisamment de revenus pour couvrir leurs frais courants ».

 II                                             CA H I E R RO M A N D
ÉC L A I R AG E

                                            la vie paroissiale reste très souvent associée
Lexique                                     aux liens d’amitié noués avec le prêtre du
terminologique                              lieu.

Yéniches, Sinti, Roms, Tsiganes, Ma-        L’étincelle divine
nouches, Kalé, Gitans, voyageurs, sont      Luc de Raemy, prêtre à Payerne, en
autant de termes pour définir les per-      témoigne. « J’ai noué une amitié avec une
sonnes qui se rattachent à la grande        famille yéniche lorsque j’étais jeune curé.
famille « tsigane ».                        C’était il y a vingt-cinq ans. Depuis, ils
Yéniche : ils constituent un groupe en      m’ont suivi dans chacune de mes affec-
soi parlant sa propre langue et vivent      tations. Aujourd’hui, ils fréquentent la
dans toute l’Europe, principalement         messe dominicale et m’appellent pour des
en Allemagne, en Belgique, en Hol-          sacrements ou des funérailles. » Mais ce
lande, en Suisse, en Autriche et en         n’est un secret pour personne, la relation
France.                                     entre la communauté yéniche de Suisse et         Aude Morisod, de l’Aumônerie catholique suisse
Sinti et Manouches : les Manouches          l’Eglise demeure lestée d’un passif « dou-       des gens du voyage.
(régions d’Europe francophones) et
                                            loureux et honteux », selon Christoph
les Sinti (dans les régions germano-
                                            Albrecht. Jusque dans les années 1970, les       spontanéité occupe une place prépondé-
phones et italophones) sont les des-
                                            autorités ont tenté d’éradiquer la culture       rante. Lors d’une demande de baptême,
cendants des Roms qui ont émigré en
                                            nomade, en utilisant massivement la              il est toujours sous-entendu que cela doit
Europe centrale au XVe siècle.
Kalé et Gitans : présents en Espagne,
                                            violence et les placements forcés. « Reti-       se faire rapidement. » Les signes et rituels
au Portugal, dans le Sud et le Sud-         rés systématiquement de leurs familles           revêtent aussi une grande importance.
Ouest de la France.                         (les enfants) étaient placés dans des ins-       Luc de Raemy présume que cela tient au
Roms : les Roms sont originaires d’In-      titutions catholiques, des ordres […] qui        fait que la communauté a conservé les
de, qu’ils quittent au Xe siècle environ,   travaillaient étroitement avec l’œuvre           traditions qui avaient cours pour tous les
puis ils émigrent principalement vers       d’entraide des Enfants de la grand-route »,      catholiques, mais qui se sont perdues avec
l’Europe. La langue romani a des ra-        mentionne la fondation « Assurer l'ave-          la sécularisation.
cines sanskrites.                           nir des gens du voyage suisses ». Malgré         Vincent Roos, ancien prêtre de Versoix
Tsiganes : terme générique désignant        cela, Patrick Birchler porte un tout autre       et actuel curé d’Ouchy, dont les contacts
l’ensemble de ces familles de peuples.      regard sur ces événements. « L’Eglise est        avec les gens du voyage étaient réguliers,
Voyageurs : synonyme employé pour           faite d’êtres humains. Ils sont fautifs,         avance une autre supposition. « Ces signes
« gens du voyage ».                         mais pas Dieu. L’Eglise reste ce qu’elle est.    sont des balises sur la route. Ils constituent
                                            Il y a des moments où elle nous plaira et        une stabilité dans un quotidien toujours
                                            d’autres moins. Par contre, la foi restera       en mouvement. » Il poursuit le fil de sa
                                            la même. La confiance en Dieu persistera.        pensée : « Les horizons qui sont les leurs
                                            Elle est l’étincelle qui brûle tout au long      changent à tout instant. Avancer signi-
                                            de votre vie et qui nous fait sentir que         fie aussi changer ses horizons. Ces iti-
                                            nous sommes accompagnés, quoi qu’il se           nérants sont proches de la marche dont
                                            passe. »                                         parle Jésus. Ils sont dans le mouvement,
                                                                                             dans cette dynamique de l’inattendu. Et
                                            En chemin avec le Christ                         qu’est-ce que la résurrection du Christ si
   La confiance en Dieu                     En effet, pour Ludovic Nobel, prêtre et          ce n’est de l’inattendu ! Les voyageurs sont
   est l’étincelle qui nous                 enseignant à l’Université de Fribourg,           perpétuellement sur la route, et qui mieux
   fait sentir que nous                     l’Eglise reste toujours perçue positive-         que le Christ nous parle du chemin ? Il le
                                            ment. Lui-même originaire de la com-             personnifie même, en disant : "Je suis le
   sommes accompagnés,                      munauté yéniche, il réaffirme la centralité      chemin, la vérité et la vie." Je crois que
   quoi qu’il se passe.                     de la pratique de foi dans leur quotidien,       nous avons bien des choses à apprendre
   Patrick Birchler                         avec toutefois quelques différences. « La        d’eux. »

« Nous faisons partie de l’Eglise »
Une des préoccupations de la communauté des voyageurs concerne l’offre d’aires de séjour et de passage. Comme en
témoignent les enquêtes réalisées par la fondation « Assurer l’avenir des gens du voyage suisses », le nombre de places
s’est massivement réduit. Cela surtout en Suisse romande, en Suisse orientale et en Suisse italienne. Et Patrick Birchler ne
manque pas de le souligner : « Nous faisons partie intégrante de l’Eglise et souhaitons trouver des emplacements stables.
Cela nous permettrait d’y vivre et aussi de nous rassembler au nom de notre foi et de notre Eglise. » Déjà soutenu dans
cette démarche par Mgr Lovey, évêque accompagnateur des gens du voyage au sein de la CES, le voyageur réitère son
appel à la population : « Si des gens nous lisent et possèdent un terrain à louer avec un accès à l’eau et à l’électricité, ils
peuvent prendre contact avec l’aumônerie. Cela nous serait d’une aide précieuse. » Une manière d’une part, d’aller à la
rencontre de cette communauté et d’autre part, de leur donner les moyens de pérenniser leur culture.

                                            CA H I E R RO M A N D                                                                         III
C E Q U’E N D I T L A B I B L E

      Tous·tes                                          PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT | PHOTO : DR

en itinérance                                           « Car nous n’avons pas ici-bas de cité per-
                                                        manente, mais nous recherchons celle de
                                                                                                            Celles et ceux dont l’existence est une per-
                                                                                                            pétuelle itinérance nous rappellent ainsi
                                                        l’avenir. » (Hébreux 13, 14) Dans la récapi-        à tous, par leur mode de vie paradoxal,
                                                        tulation inscrite dans son Appendice final,         que même si la terre est splendide (voir
                                                        l’auteur de l’épître aux Hébreux nous invite        Loué sois-tu du pontife argentin), nous
                                                        à suivre le Christ grand-prêtre, à « sortir »       y sommes en exil. Notre vraie demeure
                                                        de notre habitat confortable et de la mai-          est dans le sein du Père, avec l’Esprit (cf.
                                                        son de notre monde, à l’exemple de Jésus            Hébreux 11, 11.14-16). Nous pouvons déjà
                                                        qui a souffert sa Passion hors de la porte et       anticiper cet état ultime en demeurant
                                                        des murailles de Jérusalem (13, 12).                dans le Fils, par l’amour et la prière et l’ob-
                                                        C’est à cette « sortie en Eglise » que nous         servation de sa Parole, pour que le Père et
                                                        convie sans cesse le pape François, notam-          le Fils viennent faire leur demeure en nous
                                                        ment dans son exhortation apostolique La            (Jean 14, 23).
                                                        joie de l’Evangile (n. 20-24). Ainsi, nous          Mais rien ne sert d’accumuler des
                                                        pourrons offrir le véritable sacrifice en           richesses, des villas et des Rolls Royce :
                                                        tout temps, le fruit des lèvres et du cœur          nous ne les emporterons pas au-delà de
                                                        qui confessent le nom du Fils, avec la mise         notre trépas (cf. Luc 12, 13-21). Quand
                                                        en commun des ressources terrestres pour            nous réf léchissons à la condition des
                                                        les partager avec l’ensemble de nos frères et       gens du voyage, nous constatons qu’ils
                                                        sœurs (cf. Hébreux 13, 15-16 ; l’encyclique         emmènent avec eux, dans leurs humbles
                                                        Fratelli tutti).                                    roulottes, tous leurs biens et leurs posses-
                                                        Notre vraie patrie « se trouve dans les             sions. Et que leur fortune est constituée par
                                                        cieux », précise Paul (Philippiens 3, 20), là       leurs compétences, leur esprit de famille et
                                                        où l’ancre du salut a pénétré, au-delà du           leurs enfants. De pays en pays, de place en
                                                        voile du saint des saints, dans le temple           place, jusqu’en la ville éternelle.
   Sortons de notre monde confortable, à l’image de     définitif, que notre précurseur Jésus a soli-       Puissent les voyages estivaux – s’ils
   Jésus qui a souffert sa Passion hors des murailles   dement établie et plantée sur le rivage de la       peuvent avoir lieu – nous exhorter à y
   de Jérusalem.                                        vie éternelle (cf. Hébreux 6, 19-20).               tendre !

                                                        L E PA P E A D I T…

                                                        PAR THIERRY SCHELLING | PHOTO : CIRIC               dans toutes ses prises de position, lui le fils
Fratelli tutti…

                                                                                                            de migrants italiens hébergés en Argen-
                                                        … e sorelle, cela va sans dire. Dans sa             tine…
                                                        dernière encyclique sur la fraternité et
                                                        l’amitié sociale (2020), François liste             Droits et devoirs
                                                        parmi les ombres d’un monde fermé le                Et de rappeler notre tâche en tant que chré-
                                                        mauvais traitement des migrants, consi-             tiens vis-à-vis des migrants : « accueillir,
                                                        dérés comme « second class ». Or, « une             protéger, promouvoir et intégrer » (n. 129)
                                                        personne et un peuple ne sont féconds que           en visant la notion de citoyenneté pour ces
                                                        s’ils savent de manière créative s’ouvrir           personnes, leur donnant la dignité de « don-
                                                        aux autres » (n. 41). C’est le leit­motiv du Pape   neur » et « receveur », c’est-à-dire respectant
                                                                                                            leurs droits et devoirs selon le droit à migrer
                                                                                                            pour une vie meilleure…

                                                                                                            « Inter-rencontre » fructifère
                                                                                                            Dans la rencontre interculturelle qui suit
                                                                                                            l’accueil d’un migrant, il faut y « faire jaillir
                                                                                                            quelque chose de nouveau […] (pour ne pas
                                                                                                            risquer) de se retrouver victime d’une sclé-
                                                                                                            rose culturelle » (n. 134).
                                                                                                            La peur du migrant, du voyageur, de l’al-
                                                                                                            lophone, peut en partie s’expliquer par le
                                                                                                            non-enracinement dans un substrat local :
                                                                                                            « Il n’est possible d’accueillir celui qui est
                                                                                                            différent et de recevoir son apport original
                                                                                                            que dans la mesure où je suis ancré dans
                                                                                                            mon peuple, avec sa culture. » (n. 143) Un
                      Leitmotiv du Pape : « Une personne, un peuple ne sont féconds que s’ils savent de     appel à mieux se connaître, pour mieux (re)
                      manière créative s’ouvrir aux autres. »                                               connaître l’autre…

   IV                                                   CA H I E R RO M A N D
AU F I L D E L’A RT R E L I G I E UX

                                                       … église Saint-Victor, Ollon
Emaux de la Création,
       Jean Prahin…                                    PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

                                                       « Au commencement, Dieu créa… »                 Le sixième jour, Dieu crée ceux qui
                                                       Ces quelques mots ouvrent le champ de           habitent la terre ferme : les animaux
                                                       tous les possibles. Et ce sont eux qui ont      et l’être humain. L’être humain est au
                                                       guidé Jean Prahin : l’œuvre qu’il a réali-      cœur de l’œuvre, comme il est au cœur
                                                       sée pour l’église d’Ollon est un extraordi-     de la création. Le mouvement n’est pas
                                                       naire hymne à la création. Elle nous invite     égocentrique, mais tourné vers l’extérieur.
                                                       à ouvrir notre Bible et à méditer le récit      Il semble que la vie part du centre pour
                                                       fondateur.                                      se répandre dans chaque coin, réponse à
                                                                                                       l’invitation du Créateur : « Remplissez la
                                                       Tourné vers l’extérieur                         terre. » (Gn 1, 28) L’être humain est béni
                                                       Le deuxième jour, Dieu sépare les eaux du       pour bénir à son tour.
                                                       dessus et les eaux du dessous. Ces eaux du
                                                       ciel et de la terre sont représentées par les   Harmonie des origines
                                                       bandes bleutées en haut et en bas.              Le cercle qui entoure les êtres vivants
                                                       Le troisième jour, Dieu fait paraître la        semble symboliser cette harmonie des
                                                       terre ferme et fait pousser les arbres et les   origines, lorsque chacun avait sa place et
                                                       buissons. A première vue très similaires,       son rôle à jouer. Mais il résume aussi le
                                                       les végétaux de Prahin révèlent peu à peu       mouvement Créateur, partant de la main
                                                       leurs différences.                              de Dieu pour y retourner. Tel le souffle qui
                                                       Le quatrième jour, Dieu crée les grands         planait sur les eaux (Gn 1, 2), souffle qui
                                                       luminaires qui rythment les jours et les        ne retourne pas au Père sans avoir porté
                                                       années. Ils sont fixés à gauche et à droite     du fruit.
                                                       dans la bande de ciel.
                                                       Le cinquième jour, Dieu remplit le ciel         « Cela était beau »
                                                       et la mer d’une myriade d’êtres vivants.        En hébreu, le même mot signifie à la fois
                                                       Poissons, coquillages, étoiles de mer pour      beau et bon. « Et Dieu vit tout ce qu’il avait
                                                       les eaux de la terre ; oiseaux pour les eaux    fait ; et voici : cela était très bon. » (Gn 1,
                                                       du ciel. L’œuvre de Prahin commence à           31) Et l’artiste vit que cela était beau.
                                                       prendre vie.

  L’œuvre de Jean Prahin est un hymne à la création.

                                                       CA H I E R RO M A N D                                                                        V
S M A L L TA L K … AV EC S H A F I Q U E K E S H AVJ E E

Une interview                                    Le dernier ouvrage de Shafique Keshavjee, La Couronne et

        virale                                   les virus - Et si Einstein avait raison ? 1 propose un autre éclai-
                                                 rage sur la crise actuelle en convoquant les trésors de sagesse
                                                 des grandes religions. A cette occasion, le pasteur et théolo-
                                                 gien, nous livre aussi son regard sur la pandémie, la grâce
                                                 divine et la fin du (d’un) monde.
                                                 PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER

                                                 Ce que nos contemporains demandent                     ailleurs, j’ai reçu beaucoup plus de sou-
                                                 « c’est une spiritualité universelle soft »,           tien que ce que les médias laissent penser.
                                                 selon vos propos. N’est-ce pas un peu ce               Le sujet me tient à cœur. Je continue de
                                                 que vous proposez avec ce livre ?                      penser qu’un des très grands défis à venir
                                                 Une « spiritualité soft » met toutes les               pour l’Occident, parmi d’autres, concerne
                                                 convictions sur un plan d’égalité. Tel n’est           l’islam politique et je persiste à croire que
                                                 pas mon propos. Je cherche à rejoindre des             beaucoup de personnes ne le voient pas
                                                 personnes en recherche constatant qu’il                encore.
                                                 existe des éléments de sagesse dans toutes
 1     Editions Saint-Augustin, 2021.            les traditions. Mon intention n’est pas de             La pandémie nous a donné le souci des
                                                 faire un peu de taoïsme, un peu de Jésus               plus faibles. Vous évoquez la sélection
                                                 et un peu d’hindouisme. L’affirmation très             surnaturelle comme étant la réussite des
                                                 claire qui traverse tout le livre, c’est la cen-       plus fragiles. C’est-à-dire ?
                                                 tralité du Christ !                                    Dans une perspective darwi­nienne, les
                                                                                                        plus forts gagnent, donc aucune raison de
                                                 Il est beaucoup question de virus (péché)              sauver les plus faibles. Notre société est
                                                 et de couronnes (grâce) dans votre livre,              tiraillée entre cette logique et la tradition
                                                 mais vous dites détester les discours sur              judéo-chrétienne qui dit tout autre chose.
                                                 une « grâce à bon marché ».                            Il y a un renversement des valeurs dans
                                                 Cette grâce, critiquée par le théologien               la tradition biblique. Dans la Bible, Dieu
                                                 Bonhoeffer, est celle d’un Dieu qui aime               choisit les plus faibles pour confondre les
                                                 tout le monde, pardonne tout, accepte tout             forts et il protège les plus faibles pour les
                                                 sans aucune exigence. Il n’y a là aucun                rendre forts.
                                                 appel à dire que la grâce nous met en
                                                 route. Je crois profondément que le Christ             Quels sont selon vous, aujour­d’hui, les
                                                 nous accueille tels que nous sommes, et                virus qui détruisent l’Amour et la Vie ?
                                                 que cette grâce nous entraîne dans un                  L’autocentrement est un virus très dan-
                                                 processus radical de changement.                       gereux. Nous peinons à nous décentrer
                                                                                                        pour aller vers plus grand que soi, ou
                                                 Vous revenez dans cet ouvrage sur les                  vers autre que soi. Concernant l’Occi­
                                                 propos tenus dans L’Islam conquérant,                  dent, le plus grave danger serait de per­-
                                                 ce qui vous a valu beaucoup de critiques               dre le trésor qu’est la foi chrétienne.
                                                 virulentes…                                            L’héritage judéo-chrétien a fait vivre
                                                 Il y a eu des critiques très virulentes, sur-          l’Occident et, bien vécu, il peut guérir nos
                                                 tout de réformés libéraux et de certains               sociétés. Cette intuition d’Einstein a ins-
 Shafique Keshavjee est né au Kenya.             acteurs du dialogue interreligieux. Par                piré ce livre.

       La pandémie, signe de fin du (d’un) monde ?
       Certains croyants entrevoient dans la pandémie les signes de fin du monde décrits dans l’Apocalypse. Une position que
       Shafique Keshavjee peine à partager complètement. « Il y a certes un processus similaire à ce qu’on trouve dans l’Apoca-
       lypse, mais il demeure toute la question de son interprétation. Nos sociétés ont vécu de nombreux bouleversements
       (guerres mondiales, crises), mais de là à dire qu’un nouveau monde a réellement commencé après eux... Des prises de
       conscience fortes ont lieu dans de multiples milieux. Cela dit, le mystère de la liberté humaine subsiste : dès que le monde
       ira mieux, retournerons-nous à nos travers ou entendrons-nous l’appel à respecter la sainteté de la vie ? Les crises sont
       toujours un appel à nous arrêter et à revenir à la Source de la vie. » Quant à l’Apocalypse, le « mystère de Dieu s’y exprime.
       A la fois dans son amour et la mise en lumière de nos dysfonctionnements. D’une certaine manière, Dieu se retire pour
       laisser à l’humanité le loisir d’aller jusqu’au bout de ses orientations déviantes. Cela afin de mieux révéler le vide qui ap-
       pelle sa Présence ». Le théologien relève que ce processus de mise en lumière de nos péchés (virus) comporte toujours
       un horizon de libération et de révélation de la grâce de Dieu (la Couronne).

 VI                                              CA H I E R RO M A N D
S M A L L TA L K … AV EC S H A F I Q U E K E S H AVJ E E

                                                                                                                   Biographie express
                                                                                                                   Les dates qui ont marqué Shafique
                                                                                                                   Keshavjee.
                                                                                                                   1955 : Naissance au Kenya dans une
                                                                                                                   famille indienne ismaélienne.
                                                                                                                   1963 : Arrivée en Suisse.
                                                                                                                   1974 : Adhésion au Christ lors d’un
                                                                                                                   voyage en Inde.
                                                                                                                   1983 : Mariage avec Mireille, puis
                                                                                                                   naissance de quatre garçons.
                                                                                                                   1991 : Consécration comme pasteur
                                                                                                                   à la cathédrale de Lausanne.
                                                                                                                   1993-2010 : A côté de l’engagement
                                                                                                                   pastoral (ministère œcuménique
                                                                                                                   et interreligieux), enseignement
                                                                                                                   dans divers milieux universitaires.

  L’auteur, pasteur et théologien croit profondément « que le Christ nous accueille tels que nous                  1998-2021 : Travail d'écriture.
  sommes ».

                                                        E N FA M I L L E

                                                        Il y a quelques mois, le Pape a ouvert une année consacrée à
       Une année
avec saint Joseph

                                                        saint Joseph, patron des familles et des travailleurs. Mécon-
                                                        nu, ce grand saint est un soutien particulier pour traverser
                                                        les périodes troublées.
                                                        PAR BÉNÉDICTE DROUIN-JOLLÈS | PHOTO : DR

                                                        Le Pape veut « dépoussiérer » saint Joseph ;           « Chaque malade, chaque pauvre, chaque
                                                        sa décision de le remettre à l’honneur est             père de famille soucieux, chaque époux
                                                        le fruit d’une méditation mûrie pendant                inquiet est un enfant dont Joseph se pré-
                                                        le premier confinement. Il nous la par-                occupe... » Il est tellement discret qu’on
                                                        tage dans la lettre Patris corde. Beaucoup             peut l’oublier. « Il nous rappelle que tous
                                                        comme Mgr Alain de Raemy l’ont remar-                  ceux qui sont apparemment en "deuxième
                                                        quée et saluée. « Comme toutes les lettres,            ligne" jouent un rôle inégalé dans l’histoire
                                                        elle pourra être lue et relue, ce ne sera pas          du salut. » Joseph, père adoptif du fils de
                                                                                 du temps perdu, je            Dieu est aussi l’époux et protecteur de la
                                                                                 n’ai jamais vu en             Vierge Marie. Dommage d’aller vers l’un
                                                                                 si peu de pages un            ou l’autre sans le rencontrer.
                                                                                 si grand condensé
                                                                                 de sagesse chré-              A une époque où la paternité est parfois
                                                                                 tienne... Il est tout         difficile à assumer sereinement, le Pape
                                                                                 sauf compliqué,               propose celle de cet homme qui reçoit sa
                                                                                 écrit aux jeunes              force et sa tendresse de Dieu. Malgré les
                                                                                 l’évêque auxiliaire           contrariétés, il avance confiant et obéis-
                                                                                 du diocèse de Lau-            sant et les surmonte avec un « courage
                                                                                 sanne, Genève et              créatif ». A l’heure où les relations entre
                                                                                 Fribourg. »                   hommes et femmes sont parfois tour-
                                                                                                               mentées, le Pape montre en exemple cet
                                                                                    Le pape François           homme empreint de respect et de délica-
                                                                                    présente Joseph,           tesse, fidèle et présent malgré les difficul-
                                                                                    un peu comme un            tés. Tout comme Marie à l’annonciation,
                                                                                    grand-père livre ses       il croit à l’appel reçu de Dieu. Qu’il nous
                             Jésus dans les bras de Joseph, dans une œuvre de       trésors à ses enfants      aide à avancer avec la même confiance au
                             Guido Reni.                                            et petits-enfants.         cœur de nos familles.

                                                        CA H I E R RO M A N D                                                                            VII
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