L'éthique et la recherche en collaboration avec les communautés autochtones - Ethics Hub
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L’éthique et la recherche en collaboration avec les communautés autochtones Marc G. Stevenson Réseau de gestion durable des forêts 3-03 Civil Engineering Building Université de l’Alberta Edmonton (Alberta) T6G 2G7 CANADA Téléphone : (780) 492-6659 Télécopieur : (780) 492-8160 Courriel : info@sfmnetwork.ca Site Internet : www.sfmnetwork.ca SW-COC-003506
PARTENAIRES ET MEMBRES ASSOCIÉS DU RÉSEAU GDF — AOÛT 2009 ORGANISMES SUBVENTIONNAIRES ÉTABLISSEMENTS PARTENAIRES LE RÉSEAU DE GESTION DURABLE DES FORÊTS • Programme des Réseaux de centres d’excellence (RCE) • Université de l’Alberta • Conseil de recherches en sciences humaines (Établissement hôte et partenaire financier) Fondé en 1995, le Réseau de gestion durable des forêts (Réseau GDF) est un organisme sans but lucratif consacré à du Canada (CRSH) • Collège Mont Royal la recherche et situé à l’Université de l’Alberta, à Edmonton au Canada. • Conseil de recherches en sciences naturelles • Université Concordia et en génie du Canada (CRSNG) • Université Dalhousie La mission du Réseau GDF comporte les objectifs suivants : • Université de Calgary • Mettre sur pied un programme de recherche universitaire, interdisciplinaire et reconnu sur la scène internationale; • Université de Guelph • Créer des réseaux de partenaires regroupant des chercheurs ainsi que des représentants de l’industrie, des PARTENAIRES FINANCIERS • Université de la Colombie-Britannique gouvernements, des groupes autochtones et des organisations non gouvernementales; GOUVERNEMENTS • Université de la Saskatchewan • Offrir des approches novatrices en transfert des connaissances; • Environnement Canada • Université de Lethbridge • Former des scientifiques et des praticiens chevronnés qui sauront relever les défis posés par la gestion des • Gouvernement de l’Alberta • Université de Moncton ressources naturelles. Alberta Sustainable Resource Development • Université de Montréal • Gouvernement de la Colombie-Britannique • Université de Regina La contribution du programme des Réseaux de centres d’excellence (RCE), une initiative parrainée par le Conseil de Ministry of Forests and Range • Université de Sherbrooke recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, par le Conseil de recherches en sciences humaines du • Gouvernement du Manitoba • Université de Toronto Canada et par les Instituts de recherche en santé du Canada, constitue environ 60 % du budget annuel de Department of Conservation • Université de Victoria 7 millions de dollars du Réseau GDF. L’Université de l’Alberta, la Fondation Biocap Canada (par l’entremise de • Gouvernement de Terre-Neuve et du Labrador • Université de Waterloo l’entreprise conjointe Réseau GDF et la Fondation BIOCAP Canada) ainsi que des représentants de l’industrie Department of Natural Resources • Université de Western Ontario forestière, des gouvernements, des groupes autochtones et des organisations non gouvernementales comptent au • Gouvernement de l’Ontario • Université de Winnipeg nombre des autres partenaires financiers. Ministère des Richesses naturelles • Université d’Ottawa • Gouvernement du Québec • Université du Québec à Chicoutimi Ministère des Ressources naturelles et de la • Université du Québec à Montréal PROGRAMME DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES ET Faune • Université du Québec à Rimouski EXPLOITATION DES TECHNOLOGIES • Gouvernement du Yukon • Université du Québec à Trois-Rivières Department of Energy, Mines and Resources • Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue Le Réseau GDF a réalisé quelque 334 projets de recherche entre 1995 et 2008. Ces projets ont contribué à • Parcs Canada – Direction de l’intégrité écologique • Université du Manitoba l’avancement des connaissances et à la compréhension de plusieurs aspects de l’écosystème des forêts boréales, • Service canadien des forêts • Université du Nouveau-Brunswick ont fournit des possibilités uniques de formation tant pour les étudiants de premier cycle que ceux du deuxième et • Université du Nord de la Colombie-Britannique du troisième cycle et ont contribué à la formation d’un réseau de partenaires pancanadiens regroupant chercheurs, ENTREPRISES • Université Lakehead gouvernements, compagnies forestières et communautés autochtones. • AbitibiBowater Inc. • Université Laval • Ainsworth Lumber Co. Ltd. • Université McGill Le programme de recherche du Réseau GDF a été conçu pour aider l’industrie forestière à faire la transition d’une • Alberta-Pacific Forest Industries Inc. • Université Memorial de Terre-Neuve foresterie à rendement soutenu à une approche de gestion durable des forêts. Deux éléments s’avèrent essentiels à • Canadian Forest Products Ltd. • Université Royal Roads cette transition : • Daishowa-Marubeni International Ltd. • Université Ryerson • L’élaboration de stratégies et de méthodes pour promouvoir la durabilité écologique, économique et sociale; • J.D. Irving, Limited • Université Simon Fraser • Le transfert des connaissances et des technologies en vue d’informer les décisionnaires et d’influencer les • LP Canada Ltd. • Université Thompson Rivers pratiques de gestion forestière. • Manning Diversified Forest Products Ltd. • Université Trent • Tembec Inc. • Université Wilfrid-Laurier Pour réussir le transfert de ces connaissances, la recherche réalisée par le Réseau doit être acheminée aux • Tolko Industries Ltd. partenaires par différents moyens. Le programme de Transfert des connaissances et d’exploitation des technologies • Weyerhaeuser Company Ltd. (TCET) élabore une série de méthodes pour faciliter le transfert des connaissances aux partenaires du Réseau. Les MEMBRES ASSOCIÉS GROUPES AUTOCHTONES besoins de chacun des partenaires varient grandement, allant des différences dans les mécanismes institutionnels • Association nationale de foresterie autochtone ou des philosophies d’entreprise jusqu’à leurs capacités d’interpréter des renseignements techniques et de mettre en • Bande indienne de Kamloops • Conseil national des Métis • Forest Ecosystem Science Co-operative œuvre leur application pratique. Un assortiment de stratégies et de méthodes est donc nécessaire pour faciliter le • Forêt modèle du lac Abitibi transfert des connaissances à différentes échelles et à un public varié. • Première Nation crie de Moose • Première Nation de Heart Lake • Forêt modèle du Manitoba • Premières Nations de l’Alberta signataires du Traité 8 • Institut canadien de recherche en génie forestier Les documents du programme TCET constituent un des éléments du processus de diffusion des connaissances et du Canada tente de synthétiser et d’incorporer les résultats de recherches menées par le Réseau, et par d’autres organismes ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES • Institut forestier du Canada ailleurs au Canada, à l’intérieur d’une approche systémique de gestion durable des forêts en vue d’aider les • Canards Illimités Canada forestiers, les planificateurs et les biologistes dans l’élaboration de nouvelles approches de planification de gestion et de pratiques forestières.
PARTENAIRES ET MEMBRES ASSOCIÉS DU RÉSEAU GDF — AOÛT 2009 ORGANISMES SUBVENTIONNAIRES ÉTABLISSEMENTS PARTENAIRES LE RÉSEAU DE GESTION DURABLE DES FORÊTS • Programme des Réseaux de centres d’excellence (RCE) • Université de l’Alberta • Conseil de recherches en sciences humaines (Établissement hôte et partenaire financier) Fondé en 1995, le Réseau de gestion durable des forêts (Réseau GDF) est un organisme sans but lucratif consacré à du Canada (CRSH) • Collège Mont Royal la recherche et situé à l’Université de l’Alberta, à Edmonton au Canada. • Conseil de recherches en sciences naturelles • Université Concordia et en génie du Canada (CRSNG) • Université Dalhousie La mission du Réseau GDF comporte les objectifs suivants : • Université de Calgary • Mettre sur pied un programme de recherche universitaire, interdisciplinaire et reconnu sur la scène internationale; • Université de Guelph • Créer des réseaux de partenaires regroupant des chercheurs ainsi que des représentants de l’industrie, des PARTENAIRES FINANCIERS • Université de la Colombie-Britannique gouvernements, des groupes autochtones et des organisations non gouvernementales; GOUVERNEMENTS • Université de la Saskatchewan • Offrir des approches novatrices en transfert des connaissances; • Environnement Canada • Université de Lethbridge • Former des scientifiques et des praticiens chevronnés qui sauront relever les défis posés par la gestion des • Gouvernement de l’Alberta • Université de Moncton ressources naturelles. Alberta Sustainable Resource Development • Université de Montréal • Gouvernement de la Colombie-Britannique • Université de Regina La contribution du programme des Réseaux de centres d’excellence (RCE), une initiative parrainée par le Conseil de Ministry of Forests and Range • Université de Sherbrooke recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, par le Conseil de recherches en sciences humaines du • Gouvernement du Manitoba • Université de Toronto Canada et par les Instituts de recherche en santé du Canada, constitue environ 60 % du budget annuel de Department of Conservation • Université de Victoria 7 millions de dollars du Réseau GDF. L’Université de l’Alberta, la Fondation Biocap Canada (par l’entremise de • Gouvernement de Terre-Neuve et du Labrador • Université de Waterloo l’entreprise conjointe Réseau GDF et la Fondation BIOCAP Canada) ainsi que des représentants de l’industrie Department of Natural Resources • Université de Western Ontario forestière, des gouvernements, des groupes autochtones et des organisations non gouvernementales comptent au • Gouvernement de l’Ontario • Université de Winnipeg nombre des autres partenaires financiers. Ministère des Richesses naturelles • Université d’Ottawa • Gouvernement du Québec • Université du Québec à Chicoutimi Ministère des Ressources naturelles et de la • Université du Québec à Montréal PROGRAMME DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES ET Faune • Université du Québec à Rimouski EXPLOITATION DES TECHNOLOGIES • Gouvernement du Yukon • Université du Québec à Trois-Rivières Department of Energy, Mines and Resources • Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue Le Réseau GDF a réalisé quelque 334 projets de recherche entre 1995 et 2008. Ces projets ont contribué à • Parcs Canada – Direction de l’intégrité écologique • Université du Manitoba l’avancement des connaissances et à la compréhension de plusieurs aspects de l’écosystème des forêts boréales, • Service canadien des forêts • Université du Nouveau-Brunswick ont fournit des possibilités uniques de formation tant pour les étudiants de premier cycle que ceux du deuxième et • Université du Nord de la Colombie-Britannique du troisième cycle et ont contribué à la formation d’un réseau de partenaires pancanadiens regroupant chercheurs, ENTREPRISES • Université Lakehead gouvernements, compagnies forestières et communautés autochtones. • AbitibiBowater Inc. • Université Laval • Ainsworth Lumber Co. Ltd. • Université McGill Le programme de recherche du Réseau GDF a été conçu pour aider l’industrie forestière à faire la transition d’une • Alberta-Pacific Forest Industries Inc. • Université Memorial de Terre-Neuve foresterie à rendement soutenu à une approche de gestion durable des forêts. Deux éléments s’avèrent essentiels à • Canadian Forest Products Ltd. • Université Royal Roads cette transition : • Daishowa-Marubeni International Ltd. • Université Ryerson • L’élaboration de stratégies et de méthodes pour promouvoir la durabilité écologique, économique et sociale; • J.D. Irving, Limited • Université Simon Fraser • Le transfert des connaissances et des technologies en vue d’informer les décisionnaires et d’influencer les • LP Canada Ltd. • Université Thompson Rivers pratiques de gestion forestière. • Manning Diversified Forest Products Ltd. • Université Trent • Tembec Inc. • Université Wilfrid-Laurier Pour réussir le transfert de ces connaissances, la recherche réalisée par le Réseau doit être acheminée aux • Tolko Industries Ltd. partenaires par différents moyens. Le programme de Transfert des connaissances et d’exploitation des technologies • Weyerhaeuser Company Ltd. (TCET) élabore une série de méthodes pour faciliter le transfert des connaissances aux partenaires du Réseau. Les MEMBRES ASSOCIÉS GROUPES AUTOCHTONES besoins de chacun des partenaires varient grandement, allant des différences dans les mécanismes institutionnels • Association nationale de foresterie autochtone ou des philosophies d’entreprise jusqu’à leurs capacités d’interpréter des renseignements techniques et de mettre en • Bande indienne de Kamloops • Conseil national des Métis • Forest Ecosystem Science Co-operative œuvre leur application pratique. Un assortiment de stratégies et de méthodes est donc nécessaire pour faciliter le • Forêt modèle du lac Abitibi transfert des connaissances à différentes échelles et à un public varié. • Première Nation crie de Moose • Première Nation de Heart Lake • Forêt modèle du Manitoba • Premières Nations de l’Alberta signataires du Traité 8 • Institut canadien de recherche en génie forestier Les documents du programme TCET constituent un des éléments du processus de diffusion des connaissances et du Canada tente de synthétiser et d’incorporer les résultats de recherches menées par le Réseau, et par d’autres organismes ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES • Institut forestier du Canada ailleurs au Canada, à l’intérieur d’une approche systémique de gestion durable des forêts en vue d’aider les • Canards Illimités Canada forestiers, les planificateurs et les biologistes dans l’élaboration de nouvelles approches de planification de gestion et de pratiques forestières.
Programme Transfert des connaissances et exploitation des technologies (TCET) Réseau de gestion durable des forêts L’éthique et la recherche en collaboration avec les communautés autochtones Par Marc G. Stevenson1 1 All Nations Services, mandk@telusplanet.net Réseau de gestion durable des forêts 1
© 2010, Réseau de gestion durable des forêts Cette publication peut être reproduite en tout ou en partie à des fins non commerciales sans autorisation, sous réserve d’une mention complète de la source. La reproduction de cette publication en tout ou en partie à toute autre fin, y compris la vente ou la distribution commerciale, exige une autorisation écrite préalable du Réseau de gestion durable des forêts. La valeur ou la pérennité des renseignements ou liens dans la présente publication ne font l’objet d’aucune garantie explicite ou implicite. Les opinions, conclusions et recommandations exprimées dans la présente publication sont celles de leurs auteurs et ne doivent pas être interprétées comme étant celles du Réseau de gestion durable des forêts. Référence : Stevenson, M.G. 2010. L’éthique et la recherche en collaboration avec les communautés autochtones. Traduit de l’anglais, titre original : Ethics and Research with Aboriginal Communities. Réseau de gestion durable des forêts, Edmonton, Alberta, 18 p. ISBN # 978-1-55261-238-5 Imprimé au Canada This publication is also available in English Publié en mars 2010 2 Réseau de gestion durable des forêts
Préface Ce document est inspiré des principes d’éthique qui ont été abordés dans le cadre d’un chapitre rédigé par Marc G. Stevenson intitulé « Negotiating Research Relationships with Aboriginal Communities: Ethical Considerations and Principles » (Stevenson 2009). Le lecteur est encouragé à consulter cet ouvrage afin de mieux comprendre le contexte initial dans lequel ces principes d’éthique ont été présentés. Ces principes ont été définis en ayant pour objectif d’accompagner les chercheurs et les partenaires de recherche qui mènent des études auxquelles prennent part les peuples autochtones. L’intention derrière ces principes est de promouvoir une recherche qui soit appropriée, tant au plan scientifique que culturel, qui vise le maintien des valeurs et des traditions autochtones et qui soit bénéfique et stimulante pour les communautés autochtones et scientifiques canadiennes. L’adhésion à ces principes, dans un contexte de recherche, facilitera également la réconciliation des droits et des champs d’intérêts autochtones avec ceux des autres Canadiens. Les principes ont été écrits principalement à l’intention des chercheurs qui œuvrent à la fois dans les sciences sociales et naturelles et qui n’ont pas ou peu de connaissances sur les cultures et les problématiques autochtones. Par ailleurs, ils ne sont pas écrits dans l’optique de se substituer aux recommandations des politiques qui concernent les communautés autochtones du Canada. Plusieurs gouvernements, organisations et communautés de Premières Nations et de Métis ont déjà esquissé leurs propres principes, lignes directrices, protocoles et codes de conduite à l’attention des chercheurs. Les principes éthiques2 présentés ici abordent les considérations particulières qui émergent lorsque les chercheurs réalisent des projets de recherche qui nécessitent la participation des peuples autochtones canadiens et ils devraient être appliqués par tous ceux qui considèrent mener de telles études. Les principes d’éthique présentés dans le présent document ont été développés spécialement pour la recherche auprès des peuples autochtones et ils émanent d’expériences de terrain acquises depuis plusieurs années par l’auteur qui a réalisé, depuis plus de 10 ans, de nombreux projets de recherche liés aux peuples autochtones dans le cadre des activités du Réseau de gestion durable des forêts. Il est à noter que ces principes empruntent de nombreux éléments aux lignes directrices et aux principes de recherche développés par d’autres organismes et initiatives (voir Annexe B). Bien que plusieurs de ces principes et de ces lignes directrices convergent vers les mêmes éléments, le document « Lignes directrices des IRSC pour la recherche en santé chez les peuples autochtones » (IRSC 2007) demeure particulièrement intéressant puisqu’il a été développé par un groupe de travail sur l’éthique autochtone qui a été instauré à la suite d’une stratégie de consultation nationale menée auprès de plus de 500 personnes provenant des communautés autochtones et scientifiques. Les chercheurs sont donc encouragés à consulter également ces lignes directrices ainsi que d’autres politiques de réglementation, notamment celles des trois conseils (CRSNG-CRSH-IRSC), qui 2 Pour Brant Castellano, l’éthique « réfère aux règles de conduite qui expriment et renforcissent des valeurs culturelles et sociales importantes au sein d’une société » (Brant Castellano 2004:99). Donc, « l’éthique, les règles du bon comportement, sont intimement reliées à qui vous êtes, aux valeurs profondes auxquelles vous adhérez et à votre compréhension de la place que vous occupez dans la dimension spirituelle de la réalité » (2004:103). Réseau de gestion durable des forêts 3
concernent la recherche auprès des peuples autochtones. Les principes qui suivent représentent l’essentiel et vont même plus loin que ceux que l’on retrouve dans les lignes directrices qui ont été développées jusqu’à présent. Ils sont présentés avec l’intention de permettre et de faciliter – et non pas de supprimer ou d’entraver – la mise en œuvre de projets de recherche éthiques et mutuellement bénéfiques avec les peuples et communautés autochtones. Comme le rappelle Linda Smith (1999:15) dans Decolonizing Methodologies, il n’est plus acceptable de voir des chercheurs : [TRADUCTION] « …considérer les valeurs et les croyances, les pratiques et les coutumes des communautés indigènes comme des entraves à la recherche ou comme des coutumes exotiques auxquelles les chercheurs doivent se familiariser pour être à même de mener leur travail sans causer d’offenses. Les méthodologies indigènes abordent les protocoles culturels, les valeurs et les comportements comme des parties intégrales de la méthodologie. Ce sont des « facteurs » qui doivent être intégrés de façon explicite au sein de la recherche, qui doivent faire l’objet de réflexions approfondies, qui doivent être déclarés ouvertement dans la planification des projets de recherche, qui doivent être discutés dans les résultats finaux des études et qui doivent être retransmis à la communauté de façon appropriée et dans un langage compréhensible. » Il faut souligner que les principes présentés dans ce document ne sont pas des lignes directrices à proprement parler, ni un manuel d’instruction pour savoir « comment faire » ou une liste de vérification à l’emploi des chercheurs. Ce sont simplement des principes qui devraient être appliqués lors de la conception, de la planification et de la mise en œuvre de projets de recherche qui comprennent des partenariats ou qui concernent les peuples autochtones. De plus, ce genre de recherche doit nécessairement comporter une entente de recherche ayant été négociée tôt dans le processus de développement du projet auprès des représentants qui sont responsables de la communauté autochtone concernée. Bien que de nombreuses discussions aient eu lieu au sujet du besoin d’établir des lignes directrices nationales (CRSH 2003), il est pressenti que la solution devrait résider dans la création de protocoles de recherche efficaces à l’échelle locale afin de pouvoir accommoder les différences culturelles qui existent entre les différents peuples autochtones (par exemple, pour les Blackfoot (Siksika Nation), l’approbation doit être obtenue auprès des individus responsables et non auprès des représentants politiques de la communauté alors que pour d’autres communautés autochtones, l’approbation doit provenir des familles responsables de différents types de savoir). En réalité, les lignes directrices qui concernent la recherche avec les communautés autochtones doivent être négociées au cas par cas et doivent être incluses au sein de l’entente de recherche. Cette approche prend en compte le besoin d’ouverture et de coopération nécessaire à la quête de nouvelles connaissances, et ce, sans prescrire un protocole qui pourrait en entraver l’acquisition. L’intention derrière ces principes consiste à munir les chercheurs d’une liste d’enjeux éthiques qui doivent être considérés lorsqu’ils négocient et développent des relations de recherche équitables avec les peuples et les communautés autochtones. 4 Réseau de gestion durable des forêts
Espace éthique et partenariats de recherche Il est de plus en plus commun, dans le paysage universitaire canadien, de considérer les peuples autochtones en tant que partenaires de recherche et non plus seulement en tant que sujets de recherche. Ce sens du partenariat repose sur la reconnaissance du fait que le rôle des communautés autochtones a évolué au sein de la société canadienne et il encourage une progression mutuelle où chacun trouvera son intérêt et pourra tirer profit (de la recherche) d’une façon qui assure le respect des droits et de l’espace éthique propres à chacune des parties. Ainsi, la capacité de bâtir des partenariats de recherche entre les communautés universitaires et autochtones canadiennes doit être fondée sur « un engagement mutuel en ce qui a trait aux buts communs de la recherche, aux schémas innovateurs qui n’ont jamais vraiment été essayés et aux démarches en collaboration qui, par leur énergie propre et leur volet créatif, pourraient constituer un effort énergique mais tout en douceur contre tout rapport colonial ou inéquitable résiduel » (CRSH 2003:18). Le fait de reconnaître que les peuples autochtones, avec leur savoir, leurs valeurs, leurs connaissances et leur compréhension, peuvent contribuer significativement au concept de durabilité de notre environnement naturel demeure un motif suffisant pour encourager les partenariats de recherche axés sur les enjeux environnementaux. Les principes qui sont proposés visent à promouvoir la création d’un « espace éthique » qui permette ce type de partenariat et à favoriser des changements au sein des institutions et des partenariats qui réussissent mal dans cette voie. La rencontre de deux ou de plusieurs communautés culturelles, par exemple lorsque des chercheurs non autochtones mènent des projets qui requièrent la participation des peuples autochtones, nécessite souvent une réconciliation des différences de savoir qui doit se faire en assurant le respect et la protection de l’espace éthique de chacun. Il est particulièrement important que les chercheurs occidentaux respectent, comprennent et reconnaissent la validité de l’espace éthique autochtone (IRSC 2007) et qu’ils puissent accepter les impacts potentiels de leur recherche sur cet espace éthique de même que sur les droits des peuples autochtones à l’autodétermination. L’approche du wampum à deux rangs : une métaphore Le wampum à deux rangs (Two Row Wampum, figure 1) illustre les principes de partenariats de recherche éthiques entre des gens de cultures différentes. Les deux rangées représentent chaque peuple qui se déplace de façon parallèle l’un par rapport à l’autre, chacun étant distinct dans ses propres droits et ni l’un ni l’autre n’essayant d’influencer la voie de l’autre (Stevenson et Webb 2003). C’est une métaphore des relations internationales qui jette les bases des relations entre les peuples. Il s’agit aussi d’une théorie de l’éthique lorsqu’on parle de respect, de dignité, d’honnêteté et de bonté en tant que principes pour créer des relations : « Il faut se rappeler que l’espace entre les deux rangées représente une place pour le dialogue, la discussion et les débats […] » (David Newhouse dans CRSH 2003:20). Réseau de gestion durable des forêts 5
Le défi de tous les partenariats de recherche avec les peuples autochtones est de « veiller à ce que suffisamment de temps, d’argent et d’énergie soient investis pour que les systèmes de connaissance autochtones reprennent plus fortement racine pour leur propre compte » (CRSH 2003:20). Figure 1. La ceinture wampum à deux rangs L’engagement à changer les paradigmes de recherche est une autre pierre angulaire pour tout partenariat de recherche avec des communautés autochtones. La recherche qui est fondée sur un paradigme au sein duquel les partenaires de recherche externes identifient et cherchent des solutions à des problèmes ou des enjeux auxquels les communautés autochtones sont confrontées est révolue et l’on doit maintenant se tourner vers un paradigme où les communautés autochtones identifient les enjeux, mènent la recherche et trouvent les solutions par eux-mêmes (CRSH 2003). Ce changement demande de l’attention ainsi qu’un engagement à construire une capacité locale de recherche. Cette approche n’est pas seulement éthique, elle est aussi remplie de sens, car qui est le mieux placé pour évaluer et identifier précisément les problèmes de même que pour envisager, construire et mettre en œuvre des solutions pour y remédier, sinon les communautés autochtones elles-mêmes? Principes d’éthique3 A. La recherche qui implique des sujets ou des communautés autochtones doit être menée en partenariat avec ceux-ci Une approche de recherche qui implique des sujets ou des communautés autochtones et qui est menée en partenariat doit reconnaître l’indépendance et l’intégrité du peuple autochtone et doit faire en sorte que la recherche soit équitable. Il est important de formaliser le respect mutuel au sein d’une entente de façon à ce que les projets de recherche puissent être menés dans un climat de compréhension entre les personnes concernées et où les attentes puissent être partagées. Les chercheurs doivent également être prêts à accepter le refus de leur proposition de recherche. 3 Voir annexe A pour obtenir une liste des principes éthiques. 6 Réseau de gestion durable des forêts
B. Le processus de recherche doit être transparent, ce qui nécessite une divulgation complète de l’information et un consentement éclairé Les peuples et les communautés autochtones qui participent à la recherche doivent être pleinement informés de la nature et de l’ampleur des projets de recherche, ce qui comprend une divulgation des objectifs, des commanditaires, des méthodes et de l’engagement attendu de la part de la communauté. Les consultations initiales menées auprès de la communauté autochtone devraient établir qui sont les personnes qui prennent parole pour la communauté et qui ont l’autorité pour le faire. Les premiers contacts peuvent être établis par une lettre d’intention remise aux autorités de la communauté qui exprime les idées, les sujets et les objectifs de la recherche et ils devraient être suivis d’une rencontre formelle. Les chercheurs doivent obtenir un consentement complet et éclairé de la part des autorités locales de même que de la part de tous les groupes ou de toutes les personnes qui participent au projet de recherche. Le consentement des personnes participantes doit être obtenu et confirmé avant que celui-ci commence et il doit être maintenu tout au long du projet, au fur et à mesure qu’il évolue. Les chercheurs doivent respecter les droits de la communauté de même que les membres qui choisissent de ne pas participer au projet et ceux-ci ne doivent pas exercer de pression ou de coercition, même de façon subtile, pour influencer la participation. L’objectif qui repose derrière la divulgation complète de l’information et l’obtention d’un consentement éclairé est de s’assurer que les participants autochtones comprennent bien l’objectif du projet de recherche ainsi que l’importance et la nature de leur participation. Ceci inclut : • Le degré d’engagement; • Les bénéfices et les risques encourus par la communauté ou par les individus; • Le montant et le type de rémunération; • L’ampleur de l’engagement lors de la production, l’analyse et la validation des résultats de recherche; • La propriété et le contrôle de l’information/des données qui résultent du processus de recherche; • L’accès aux résultats de recherche par de tierces parties; • L’étendue des droits d’auteurs pour toute publication qui découle du projet de recherche, etc. La communauté sera rassurée sur la transparence du processus de recherche si on lui garantit une divulgation complète de tous les changements qui seront apportés au plan de recherche ou à toute entente qui pourrait avoir des impacts sur les membres de la communauté, et cette transparence favorisera d’autant plus les bonnes relations de travail. Réseau de gestion durable des forêts 7
C. Les chercheurs doivent reconnaître et accomplir les obligations sociales appropriées [TRADUCTION] « Une recherche qui se veut objective en maintenant une distance entre les chercheurs et les personnes qui détiennent l’information enfreint l’éthique autochtone qui encourage les relations réciproques et la validation collective. Si les chercheurs exercent un contrôle sur la production de connaissances en collectant l’information lors de brèves rencontres, ils brisent la relation de dialogue entre les sources humaines et non humaines et empêchent la transformation des observations ou de l’information en un savoir contextualisé » (Brant Castellano 2004:105). La plupart des activités qui ont cours dans les communautés autochtones, incluant la recherche, se déroulent dans un contexte social, et les partenariats de recherche avec les peuples autochtones sont d’abord et avant tout des relations sociales. En conséquence, les partenariats de recherche entraînent des obligations, des privilèges et des responsabilités. La plupart du temps, les communautés autochtones qui montrent une certaine résistance vis-à-vis des chercheurs qui proviennent de l’extérieur réagissent ainsi car ces derniers n’ont pas su comprendre, respecter et honorer ce fait. Les structures sociales et les relations qui existent au sein des communautés autochtones (incluant le capital social interne et externe) doivent être respectées et protégées et elles ne doivent pas être affectées au cours du projet de recherche. Les chercheurs doivent respecter la vie privée et la dignité des individus, les protocoles locaux ainsi que tous les droits individuels ou collectifs des peuples autochtones. Les relations de recherche ne doivent pas être de nature coercitive ou exploitante. Elles devraient plutôt être développées et nourries dans l’intérêt des communautés universitaires et autochtones. Les chercheurs devraient être conscients de leur responsabilité et de leur imputabilité accrue vis-à-vis de la communauté lorsqu’ils se lancent dans des relations de recherche avec les peuples autochtones (IRSC 2007). Les chercheurs doivent coopérer avec la communauté autochtone afin de protéger cette dernière, tout comme ses citoyens, des impacts négatifs qui pourraient découler de la divulgation des résultats ou des données du projet auprès du grand public. En parallèle, les chercheurs qui travaillent avec les communautés autochtones ont aussi l’obligation de partager leurs résultats, leurs connaissances et leur expertise afin de créer un environnement d’apprentissage mutuel et bidirectionnel au cours du projet de recherche et de renforcer les aptitudes locales durant le processus de recherche. Les peuples autochtones sont de plus en plus prêts à s’engager à titre de partenaires dans des projets de recherche basés sur le savoir traditionnel autochtone en utilisant les méthodologies autochtones en plus de celles qui émergent des interactions avec les traditions intellectuelles non autochtones. Les chercheurs bénéficient du fait d’engager les peuples autochtones et d’avoir accès à leur savoir au cours du processus de recherche. En retour, ceux-ci devraient réaliser tous les efforts nécessaires pour transférer aux peuples et aux communautés autochtones les compétences et les connaissances qui renforcent leur autonomie durant le 8 Réseau de gestion durable des forêts
processus de recherche. Les chercheurs autochtones compétents s’avèrent être une ressource inestimable et irremplaçable qui offre l’opportunité de développer des idées uniques et des solutions adaptées aux enjeux auxquels sont confrontées les communautés autochtones. D. Nécessité de créer un espace éthique pour les communautés et les connaissances autochtones en recherche [TRADUCTION] « Les chercheurs, en tant que transmetteurs de savoir, sont des gens qui ont le pouvoir de construire des arguments légitimes en faveur ou contre certaines idées, théories ou pratiques. Ils sont des collecteurs d’information et des producteurs de sens pouvant être utilisés en faveur ou au détriment des intérêts autochtones » (University of Victoria 2003). Le savoir autochtone (savoir traditionnel, savoir indigène, etc.) doit être considéré comme un savoir unique et valable, qui possède ses propres fonctions et processus de validation. Puisqu’on porte de plus en plus attention à l’acquisition du savoir autochtone, et que cette acquisition se produit sur de plus en plus grandes étendues géographiques, il serait important de réaliser que le savoir détenu par plusieurs peuples autochtones se présente et existe en dehors du cadre de la science positiviste. Les peuples non autochtones qui ont acquis une culture ou une éducation inscrite dans la tradition scientifique ont eu tendance à percevoir les autres systèmes de savoir comme étant anecdotiques ou inférieurs. Toutefois, la « science » possède elle aussi des prémisses fondées sur un système de valeur, et aucun système ni aucune vision du monde ne peut affirmer avoir le monopole sur la vérité. Nous avons plutôt besoin d’une diversité de visions et de voix pour faire face aux défis qui sont à portée de main et pour développer des relations durables avec l’environnement naturel. Les chercheurs ont l’obligation de maintenir et de protéger l’intégrité et le contexte du savoir autochtone qui a été acquis au cours du processus de recherche. Les chercheurs qui désirent avoir accès au savoir autochtone au cours de leur projet de recherche doivent respecter tout protocole formel local ou autre (régional) en vigueur. Il est souvent risqué, lorsqu’on tente de rendre des connaissances complexes plus digestes, de séparer le savoir autochtone local du contexte dans lequel il s’inscrit. Plus particulièrement, les chercheurs doivent éviter de sélectionner, de sortir de leur contexte et de transformer les connaissances ou l’information détenue par les peuples autochtones de façon à obtenir une forme plus acceptable du point de vue des pratiques scientifiques usuelles. En même temps, l’authenticité ou la validité des connaissances autochtones, qu’elles soient ou non de transmission orale, doit être évaluée avec les moyens de validation appropriés et approuvés par les membres de la communauté et ne doit pas dépendre des méthodologies et des critères approuvés du point de vue de la science. Les chercheurs doivent reconnaître et surtout éviter le mauvais usage ou l’abus du pouvoir qu’ils détiennent lors de leur relation avec les peuples autochtones. Les chercheurs se trouvent enrichis par les systèmes économiques, d’éducation, Réseau de gestion durable des forêts 9
politiques et autres dont ils font partie. De plus, ils ignorent souvent qu’ils occupent une fonction de pouvoir et d’influence pour les autochtones et les autres personnes vulnérables qu’ils engagent. Les règles de l’engagement doivent être négociées et non pas déterminées ou présumées unilatéralement par une des parties au cours du processus de recherche. Par exemple, on doit négocier, au même titre que toutes les règles d’engagement qui s’appliquent pour le projet de recherche, la langue utilisée pour exprimer et décrire les connaissances et les concepts autochtones. La relation qui est créée entre les savoirs scientifiques et autochtones doit permettre aux deux corpus de connaissances de posséder leur propre espace éthique au sein duquel ils peuvent fonctionner indépendamment, et, lorsque souhaité, fonctionner ensemble dans un esprit de respect mutuel, de co- existence et de coopération. Il a déjà été mentionné que les règles de l’engagement dans le processus de recherche doivent être négociées et non pas déterminées par une seule des parties; plus particulièrement, la langue utilisée. La langue, les connaissances ainsi que les valeurs et les traditions culturelles des peuples autochtones sont fortement liées à l’utilisation de l’environnement. Les activités de recherche devraient être planifiées de manière à renforcer, et non pas à éroder, les richesses humaines, intellectuelles, sociales et culturelles des communautés autochtones ainsi que leurs interrelations. Les chercheurs ont également une obligation morale envers les autochtones, et envers la société en général, qui consiste à leur offrir la possibilité de contribuer au processus de recherche par leur langue, leurs concepts et leur compréhension uniques en leur genre. En fait, les chercheurs ont peut-être l’obligation toute spéciale de supporter les peuples autochtones dans la reconfiguration des institutions actuelles ainsi que dans le développement de nouvelles institutions qui créeraient un espace éthique pour leurs connaissances et pour les détenteurs de ce savoir lorsqu’il est question de recherche, de politique et de prises de décision concernant l’environnement. E. Les partenariats de recherche doivent être négociés « La collecte d’information ainsi que son utilisation subséquente sont des activités essentiellement politiques. Par le passé, les peuples autochtones n’ont pas toujours été consultés sur la nature de l’information à collecter, sur qui devrait rassembler cette information, sur qui devrait en être responsable ni sur qui devrait y avoir accès. Dans un tel contexte, il se peut que l’information acquise soit ou ne soit pas pertinente relativement aux questionnements, aux priorités et aux préoccupations des peuples autochtones. La collecte de données a donc rencontré de la résistance de la part de certains parce qu’elle a fréquemment été imposée par des autorités externes. » (Commission royale sur les peuples autochtones 1996). Les partenariats de recherche avec les peuples et les communautés autochtones seront toujours risqués si ceux-ci ne sont pas établis dans un esprit de négociation. Les programmes de recherche qui ont été développés et imposés de façon unilatérale ont été un échec dans le passé et ils ont laissé derrière eux des partenariats non réconciliés. Parce que la recherche est inévitablement une affaire 10 Réseau de gestion durable des forêts
politique, l’espace éthique qui est requis pour assurer l’engagement des peuples autochtones et la transmission de leurs connaissances au cours du processus de recherche doit être négocié nation par nation. Le but des négociations est de trouver une voie qui soit mutuellement acceptée et à partir de laquelle la recherche sera menée dans le meilleur intérêt des deux parties. Les chercheurs doivent comprendre les attentes de la communauté autochtone. Ces attentes doivent faire l’objet d’une entente et ils doivent s’efforcer d’y répondre selon le meilleur de leurs capacités. Les ententes de recherche devraient être négociées et formalisées avec les autorités appropriées au sein de la communauté, et ce, préalablement au commencement du projet de recherche. Il existe toujours le risque que certains chercheurs détenant peu d’expérience auprès des communautés autochtones imposent leurs propres questions de recherche et leurs méthodologies. Les peuples autochtones se sont plaints à propos du manque de compréhension vis-à-vis d’eux et de leurs connaissances traditionnelles, du manque de bénéfices qu’ils ont pu tirer des projets de recherche et du manque de contrôle sur la propriété intellectuelle et culturelle de la part de certains agents de recherche provenant de l’extérieur. Ces tendances semblent heureusement en voie de disparaître et les chercheurs se perçoivent de plus en plus non pas comme des experts externes, mais plutôt comme des partenaires engagés qui désirent s’assurer que les projets de recherche apportent des bénéfices directs aux nations et aux communautés autochtones. En parallèle, les peuples autochtones ne souhaitent plus être des sujets ou des participants passifs, ils désirent plutôt devenir des partenaires de recherche à part entière. Les questions de recherche sont de plus en plus formulées avec l’intention de répondre aux besoins, aux intérêts et aux préoccupations des autochtones en plus de ceux du chercheur. Plus ces deux visions de la recherche se rapprocheront, plus le processus de recherche sera enrichissant et habilitant et plus le potentiel de création de connaissances, d’idées et de solutions novatrices à des enjeux importants sera grand. Voici les principales modalités4 qui pourraient être considérées au cours du développement des ententes de recherche avec les peuples et les communautés autochtones : a. Participation des autochtones au processus de planification et à la mise en œuvre du projet de recherche Les chercheurs qui effectuent des recherches au sein des communautés autochtones doivent travailler en collaboration pour établir les procédures permettant aux représentants de la communauté de participer à la conception, à la planification, à la mise en œuvre et à l’évaluation du projet de recherche, tout en spécifiant les particularités associées à chacune de ces étapes. 4 Voir l’annexe A pour une liste sommaire des modalités à considérer. Réseau de gestion durable des forêts 11
b. Partage des bénéfices et rémunération pour la participation au projet de recherche Les peuples et les communautés autochtones devraient recevoir des bénéfices justes et équitables pour leur participation aux activités de recherche. Le partage des bénéfices devrait être vu comme une façon de renforcer l’autonomie des communautés autochtones et devrait être équitable tant entre les groupes qu’au sein des groupes. Ceci devrait comprendre des honoraires pour les aînés, des salaires et des périodes de paie pour le personnel responsable des projets, des formations pour les membres de la communauté, etc. Les individus qui contribuent au projet par le partage de leurs connaissances devraient être payés pour leur expertise et leur temps, et non pas pour leurs connaissances ou les informations qu’ils détiennent. Le savoir n’est pas une marchandise et plusieurs peuples autochtones ont le sentiment d’avoir une obligation morale de le partager. c. Représentation juste et équitable de la communauté Les chercheurs qui effectuent des études dans les communautés doivent s’assurer de couvrir un échantillon représentatif des expériences et des perceptions de la communauté. Sans cela, les résultats de la recherche pourraient être biaisés et les tensions sociales au sein de la communauté pourraient être exacerbées. Plus particulièrement, la diversité des points de vue présents au sein de la communauté devrait être représentée de façon juste, en incluant les points de vue spécifiques selon l’âge, le sexe, le statut social et la situation économique des individus. Il est important que les directeurs de recherche apprennent à détecter les points sensibles qui peuvent être dissimulés dans la dynamique sociale de toute communauté et à faire preuve de discrétion en anticipant l’information qui devrait être révélée de façon confidentielle ou qui pourrait détériorer les relations au sein de la communauté. d. Représentation des connaissances et de la vision autochtones Les responsables des projets de recherche devraient fournir tous les efforts raisonnables nécessaires pour déterminer les meilleurs moyens pour représenter ou dévoiler leurs connaissances en fonction de ce qui est souhaité par les citoyens de la communauté autochtone, tant au plan collectif qu’individuel. Les chercheurs ont l’obligation morale de s’informer à propos des impacts ou des implications 12 Réseau de gestion durable des forêts
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