L'éthique et la recherche en collaboration avec les communautés autochtones - Ethics Hub

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L'éthique et la recherche en collaboration avec les communautés autochtones - Ethics Hub
L’éthique et la recherche en
                                            collaboration avec les
                                          communautés autochtones

                                                 Marc G. Stevenson

Réseau de gestion durable des forêts
      3-03 Civil Engineering Building
          Université de l’Alberta
      Edmonton (Alberta) T6G 2G7
                 CANADA
        Téléphone : (780) 492-6659
       Télécopieur : (780) 492-8160
       Courriel : info@sfmnetwork.ca
    Site Internet : www.sfmnetwork.ca

                         SW-COC-003506
L'éthique et la recherche en collaboration avec les communautés autochtones - Ethics Hub
PARTENAIRES ET MEMBRES ASSOCIÉS DU RÉSEAU GDF — AOÛT 2009

                                                                                                                          ORGANISMES SUBVENTIONNAIRES                                ÉTABLISSEMENTS PARTENAIRES
LE RÉSEAU DE GESTION DURABLE DES FORÊTS                                                                                   • Programme des Réseaux de centres d’excellence (RCE)      • Université de l’Alberta
                                                                                                                                  • Conseil de recherches en sciences humaines               (Établissement hôte et partenaire financier)
Fondé en 1995, le Réseau de gestion durable des forêts (Réseau GDF) est un organisme sans but lucratif consacré à
                                                                                                                                    du Canada (CRSH)                                 • Collège Mont Royal
la recherche et situé à l’Université de l’Alberta, à Edmonton au Canada.
                                                                                                                                  • Conseil de recherches en sciences naturelles     • Université Concordia
                                                                                                                                    et en génie du Canada (CRSNG)                    • Université Dalhousie
La mission du Réseau GDF comporte les objectifs suivants :
                                                                                                                                                                                     • Université de Calgary
• Mettre sur pied un programme de recherche universitaire, interdisciplinaire et reconnu sur la scène internationale;
                                                                                                                                                                                     • Université de Guelph
• Créer des réseaux de partenaires regroupant des chercheurs ainsi que des représentants de l’industrie, des              PARTENAIRES FINANCIERS                                     • Université de la Colombie-Britannique
  gouvernements, des groupes autochtones et des organisations non gouvernementales;                                       GOUVERNEMENTS                                              • Université de la Saskatchewan
• Offrir des approches novatrices en transfert des connaissances;                                                         • Environnement Canada                                     • Université de Lethbridge
• Former des scientifiques et des praticiens chevronnés qui sauront relever les défis posés par la gestion des            • Gouvernement de l’Alberta                                • Université de Moncton
  ressources naturelles.                                                                                                          Alberta Sustainable Resource Development           • Université de Montréal
                                                                                                                          • Gouvernement de la Colombie-Britannique                  • Université de Regina
La contribution du programme des Réseaux de centres d’excellence (RCE), une initiative parrainée par le Conseil de                Ministry of Forests and Range                      • Université de Sherbrooke
recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, par le Conseil de recherches en sciences humaines du             • Gouvernement du Manitoba                                 • Université de Toronto
Canada et par les Instituts de recherche en santé du Canada, constitue environ 60 % du budget annuel de                           Department of Conservation                         • Université de Victoria
7 millions de dollars du Réseau GDF. L’Université de l’Alberta, la Fondation Biocap Canada (par l’entremise de            • Gouvernement de Terre-Neuve et du Labrador               • Université de Waterloo
l’entreprise conjointe Réseau GDF et la Fondation BIOCAP Canada) ainsi que des représentants de l’industrie                       Department of Natural Resources                    • Université de Western Ontario
forestière, des gouvernements, des groupes autochtones et des organisations non gouvernementales comptent au              • Gouvernement de l’Ontario                                • Université de Winnipeg
nombre des autres partenaires financiers.                                                                                         Ministère des Richesses naturelles                 • Université d’Ottawa
                                                                                                                          • Gouvernement du Québec                                   • Université du Québec à Chicoutimi
                                                                                                                                  Ministère des Ressources naturelles et de la       • Université du Québec à Montréal
PROGRAMME DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES ET                                                                                       Faune                                              • Université du Québec à Rimouski
EXPLOITATION DES TECHNOLOGIES                                                                                             • Gouvernement du Yukon                                    • Université du Québec à Trois-Rivières
                                                                                                                                  Department of Energy, Mines and Resources          • Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Le Réseau GDF a réalisé quelque 334 projets de recherche entre 1995 et 2008. Ces projets ont contribué à                  • Parcs Canada – Direction de l’intégrité écologique       • Université du Manitoba
l’avancement des connaissances et à la compréhension de plusieurs aspects de l’écosystème des forêts boréales,            • Service canadien des forêts                              • Université du Nouveau-Brunswick
ont fournit des possibilités uniques de formation tant pour les étudiants de premier cycle que ceux du deuxième et
                                                                                                                                                                                     • Université du Nord de la Colombie-Britannique
du troisième cycle et ont contribué à la formation d’un réseau de partenaires pancanadiens regroupant chercheurs,         ENTREPRISES
                                                                                                                                                                                     • Université Lakehead
gouvernements, compagnies forestières et communautés autochtones.                                                         • AbitibiBowater Inc.
                                                                                                                                                                                     • Université Laval
                                                                                                                          • Ainsworth Lumber Co. Ltd.
                                                                                                                                                                                     • Université McGill
Le programme de recherche du Réseau GDF a été conçu pour aider l’industrie forestière à faire la transition d’une         • Alberta-Pacific Forest Industries Inc.
                                                                                                                                                                                     • Université Memorial de Terre-Neuve
foresterie à rendement soutenu à une approche de gestion durable des forêts. Deux éléments s’avèrent essentiels à         • Canadian Forest Products Ltd.
                                                                                                                                                                                     • Université Royal Roads
cette transition :                                                                                                        • Daishowa-Marubeni International Ltd.
                                                                                                                                                                                     • Université Ryerson
• L’élaboration de stratégies et de méthodes pour promouvoir la durabilité écologique, économique et sociale;             • J.D. Irving, Limited
                                                                                                                                                                                     • Université Simon Fraser
• Le transfert des connaissances et des technologies en vue d’informer les décisionnaires et d’influencer les             • LP Canada Ltd.
                                                                                                                                                                                     • Université Thompson Rivers
  pratiques de gestion forestière.                                                                                        • Manning Diversified Forest Products Ltd.
                                                                                                                                                                                     • Université Trent
                                                                                                                          • Tembec Inc.
                                                                                                                                                                                     • Université Wilfrid-Laurier
Pour réussir le transfert de ces connaissances, la recherche réalisée par le Réseau doit être acheminée aux               • Tolko Industries Ltd.
partenaires par différents moyens. Le programme de Transfert des connaissances et d’exploitation des technologies         • Weyerhaeuser Company Ltd.
(TCET) élabore une série de méthodes pour faciliter le transfert des connaissances aux partenaires du Réseau. Les                                                                    MEMBRES ASSOCIÉS
                                                                                                                          GROUPES AUTOCHTONES
besoins de chacun des partenaires varient grandement, allant des différences dans les mécanismes institutionnels                                                                     • Association nationale de foresterie autochtone
ou des philosophies d’entreprise jusqu’à leurs capacités d’interpréter des renseignements techniques et de mettre en      • Bande indienne de Kamloops
                                                                                                                          • Conseil national des Métis                               • Forest Ecosystem Science Co-operative
œuvre leur application pratique. Un assortiment de stratégies et de méthodes est donc nécessaire pour faciliter le                                                                   • Forêt modèle du lac Abitibi
transfert des connaissances à différentes échelles et à un public varié.                                                  • Première Nation crie de Moose
                                                                                                                          • Première Nation de Heart Lake                            • Forêt modèle du Manitoba
                                                                                                                          • Premières Nations de l’Alberta signataires du Traité 8   • Institut canadien de recherche en génie forestier
Les documents du programme TCET constituent un des éléments du processus de diffusion des connaissances et                                                                             du Canada
tente de synthétiser et d’incorporer les résultats de recherches menées par le Réseau, et par d’autres organismes         ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES                         • Institut forestier du Canada
ailleurs au Canada, à l’intérieur d’une approche systémique de gestion durable des forêts en vue d’aider les              • Canards Illimités Canada
forestiers, les planificateurs et les biologistes dans l’élaboration de nouvelles approches de planification de gestion
et de pratiques forestières.
PARTENAIRES ET MEMBRES ASSOCIÉS DU RÉSEAU GDF — AOÛT 2009

                                                                                                                          ORGANISMES SUBVENTIONNAIRES                                ÉTABLISSEMENTS PARTENAIRES
LE RÉSEAU DE GESTION DURABLE DES FORÊTS                                                                                   • Programme des Réseaux de centres d’excellence (RCE)      • Université de l’Alberta
                                                                                                                                  • Conseil de recherches en sciences humaines               (Établissement hôte et partenaire financier)
Fondé en 1995, le Réseau de gestion durable des forêts (Réseau GDF) est un organisme sans but lucratif consacré à
                                                                                                                                    du Canada (CRSH)                                 • Collège Mont Royal
la recherche et situé à l’Université de l’Alberta, à Edmonton au Canada.
                                                                                                                                  • Conseil de recherches en sciences naturelles     • Université Concordia
                                                                                                                                    et en génie du Canada (CRSNG)                    • Université Dalhousie
La mission du Réseau GDF comporte les objectifs suivants :
                                                                                                                                                                                     • Université de Calgary
• Mettre sur pied un programme de recherche universitaire, interdisciplinaire et reconnu sur la scène internationale;
                                                                                                                                                                                     • Université de Guelph
• Créer des réseaux de partenaires regroupant des chercheurs ainsi que des représentants de l’industrie, des              PARTENAIRES FINANCIERS                                     • Université de la Colombie-Britannique
  gouvernements, des groupes autochtones et des organisations non gouvernementales;                                       GOUVERNEMENTS                                              • Université de la Saskatchewan
• Offrir des approches novatrices en transfert des connaissances;                                                         • Environnement Canada                                     • Université de Lethbridge
• Former des scientifiques et des praticiens chevronnés qui sauront relever les défis posés par la gestion des            • Gouvernement de l’Alberta                                • Université de Moncton
  ressources naturelles.                                                                                                          Alberta Sustainable Resource Development           • Université de Montréal
                                                                                                                          • Gouvernement de la Colombie-Britannique                  • Université de Regina
La contribution du programme des Réseaux de centres d’excellence (RCE), une initiative parrainée par le Conseil de                Ministry of Forests and Range                      • Université de Sherbrooke
recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, par le Conseil de recherches en sciences humaines du             • Gouvernement du Manitoba                                 • Université de Toronto
Canada et par les Instituts de recherche en santé du Canada, constitue environ 60 % du budget annuel de                           Department of Conservation                         • Université de Victoria
7 millions de dollars du Réseau GDF. L’Université de l’Alberta, la Fondation Biocap Canada (par l’entremise de            • Gouvernement de Terre-Neuve et du Labrador               • Université de Waterloo
l’entreprise conjointe Réseau GDF et la Fondation BIOCAP Canada) ainsi que des représentants de l’industrie                       Department of Natural Resources                    • Université de Western Ontario
forestière, des gouvernements, des groupes autochtones et des organisations non gouvernementales comptent au              • Gouvernement de l’Ontario                                • Université de Winnipeg
nombre des autres partenaires financiers.                                                                                         Ministère des Richesses naturelles                 • Université d’Ottawa
                                                                                                                          • Gouvernement du Québec                                   • Université du Québec à Chicoutimi
                                                                                                                                  Ministère des Ressources naturelles et de la       • Université du Québec à Montréal
PROGRAMME DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES ET                                                                                       Faune                                              • Université du Québec à Rimouski
EXPLOITATION DES TECHNOLOGIES                                                                                             • Gouvernement du Yukon                                    • Université du Québec à Trois-Rivières
                                                                                                                                  Department of Energy, Mines and Resources          • Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Le Réseau GDF a réalisé quelque 334 projets de recherche entre 1995 et 2008. Ces projets ont contribué à                  • Parcs Canada – Direction de l’intégrité écologique       • Université du Manitoba
l’avancement des connaissances et à la compréhension de plusieurs aspects de l’écosystème des forêts boréales,            • Service canadien des forêts                              • Université du Nouveau-Brunswick
ont fournit des possibilités uniques de formation tant pour les étudiants de premier cycle que ceux du deuxième et
                                                                                                                                                                                     • Université du Nord de la Colombie-Britannique
du troisième cycle et ont contribué à la formation d’un réseau de partenaires pancanadiens regroupant chercheurs,         ENTREPRISES
                                                                                                                                                                                     • Université Lakehead
gouvernements, compagnies forestières et communautés autochtones.                                                         • AbitibiBowater Inc.
                                                                                                                                                                                     • Université Laval
                                                                                                                          • Ainsworth Lumber Co. Ltd.
                                                                                                                                                                                     • Université McGill
Le programme de recherche du Réseau GDF a été conçu pour aider l’industrie forestière à faire la transition d’une         • Alberta-Pacific Forest Industries Inc.
                                                                                                                                                                                     • Université Memorial de Terre-Neuve
foresterie à rendement soutenu à une approche de gestion durable des forêts. Deux éléments s’avèrent essentiels à         • Canadian Forest Products Ltd.
                                                                                                                                                                                     • Université Royal Roads
cette transition :                                                                                                        • Daishowa-Marubeni International Ltd.
                                                                                                                                                                                     • Université Ryerson
• L’élaboration de stratégies et de méthodes pour promouvoir la durabilité écologique, économique et sociale;             • J.D. Irving, Limited
                                                                                                                                                                                     • Université Simon Fraser
• Le transfert des connaissances et des technologies en vue d’informer les décisionnaires et d’influencer les             • LP Canada Ltd.
                                                                                                                                                                                     • Université Thompson Rivers
  pratiques de gestion forestière.                                                                                        • Manning Diversified Forest Products Ltd.
                                                                                                                                                                                     • Université Trent
                                                                                                                          • Tembec Inc.
                                                                                                                                                                                     • Université Wilfrid-Laurier
Pour réussir le transfert de ces connaissances, la recherche réalisée par le Réseau doit être acheminée aux               • Tolko Industries Ltd.
partenaires par différents moyens. Le programme de Transfert des connaissances et d’exploitation des technologies         • Weyerhaeuser Company Ltd.
(TCET) élabore une série de méthodes pour faciliter le transfert des connaissances aux partenaires du Réseau. Les                                                                    MEMBRES ASSOCIÉS
                                                                                                                          GROUPES AUTOCHTONES
besoins de chacun des partenaires varient grandement, allant des différences dans les mécanismes institutionnels                                                                     • Association nationale de foresterie autochtone
ou des philosophies d’entreprise jusqu’à leurs capacités d’interpréter des renseignements techniques et de mettre en      • Bande indienne de Kamloops
                                                                                                                          • Conseil national des Métis                               • Forest Ecosystem Science Co-operative
œuvre leur application pratique. Un assortiment de stratégies et de méthodes est donc nécessaire pour faciliter le                                                                   • Forêt modèle du lac Abitibi
transfert des connaissances à différentes échelles et à un public varié.                                                  • Première Nation crie de Moose
                                                                                                                          • Première Nation de Heart Lake                            • Forêt modèle du Manitoba
                                                                                                                          • Premières Nations de l’Alberta signataires du Traité 8   • Institut canadien de recherche en génie forestier
Les documents du programme TCET constituent un des éléments du processus de diffusion des connaissances et                                                                             du Canada
tente de synthétiser et d’incorporer les résultats de recherches menées par le Réseau, et par d’autres organismes         ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES                         • Institut forestier du Canada
ailleurs au Canada, à l’intérieur d’une approche systémique de gestion durable des forêts en vue d’aider les              • Canards Illimités Canada
forestiers, les planificateurs et les biologistes dans l’élaboration de nouvelles approches de planification de gestion
et de pratiques forestières.
Programme Transfert des connaissances et exploitation des technologies (TCET)
                     Réseau de gestion durable des forêts

   L’éthique et la recherche en
       collaboration avec les
    communautés autochtones

                                                Par

                                      Marc G. Stevenson1

1 All Nations Services, mandk@telusplanet.net

                                                      Réseau de gestion durable des forêts   1
© 2010, Réseau de gestion durable des forêts

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    Référence : Stevenson, M.G. 2010. L’éthique et la recherche en collaboration
                avec les communautés autochtones. Traduit de l’anglais, titre
                original : Ethics and Research with Aboriginal Communities.
                Réseau de gestion durable des forêts, Edmonton, Alberta, 18 p.

    ISBN # 978-1-55261-238-5
    Imprimé au Canada
    This publication is also available in English
    Publié en mars 2010

2   Réseau de gestion durable des forêts
Préface
Ce document est inspiré des principes d’éthique qui ont été abordés dans le cadre
d’un chapitre rédigé par Marc G. Stevenson intitulé « Negotiating Research
Relationships with Aboriginal Communities: Ethical Considerations and Principles »
(Stevenson 2009). Le lecteur est encouragé à consulter cet ouvrage afin de mieux
comprendre le contexte initial dans lequel ces principes d’éthique ont été
présentés. Ces principes ont été définis en ayant pour objectif d’accompagner les
chercheurs et les partenaires de recherche qui mènent des études auxquelles
prennent part les peuples autochtones. L’intention derrière ces principes est de
promouvoir une recherche qui soit appropriée, tant au plan scientifique que
culturel, qui vise le maintien des valeurs et des traditions autochtones et qui soit
bénéfique et stimulante pour les communautés autochtones et scientifiques
canadiennes. L’adhésion à ces principes, dans un contexte de recherche, facilitera
également la réconciliation des droits et des champs d’intérêts autochtones avec
ceux des autres Canadiens.

Les principes ont été écrits principalement à l’intention des chercheurs qui œuvrent
à la fois dans les sciences sociales et naturelles et qui n’ont pas ou peu de
connaissances sur les cultures et les problématiques autochtones. Par ailleurs, ils ne
sont pas écrits dans l’optique de se substituer aux recommandations des politiques
qui concernent les communautés autochtones du Canada. Plusieurs
gouvernements, organisations et communautés de Premières Nations et de Métis
ont déjà esquissé leurs propres principes, lignes directrices, protocoles et codes de
conduite à l’attention des chercheurs. Les principes éthiques2 présentés ici
abordent les considérations particulières qui émergent lorsque les chercheurs
réalisent des projets de recherche qui nécessitent la participation des peuples
autochtones canadiens et ils devraient être appliqués par tous ceux qui considèrent
mener de telles études.

Les principes d’éthique présentés dans le présent document ont été développés
spécialement pour la recherche auprès des peuples autochtones et ils émanent
d’expériences de terrain acquises depuis plusieurs années par l’auteur qui a réalisé,
depuis plus de 10 ans, de nombreux projets de recherche liés aux peuples
autochtones dans le cadre des activités du Réseau de gestion durable des forêts. Il
est à noter que ces principes empruntent de nombreux éléments aux lignes
directrices et aux principes de recherche développés par d’autres organismes et
initiatives (voir Annexe B). Bien que plusieurs de ces principes et de ces lignes
directrices convergent vers les mêmes éléments, le document « Lignes directrices
des IRSC pour la recherche en santé chez les peuples autochtones » (IRSC 2007)
demeure particulièrement intéressant puisqu’il a été développé par un groupe de
travail sur l’éthique autochtone qui a été instauré à la suite d’une stratégie de
consultation nationale menée auprès de plus de 500 personnes provenant des
communautés autochtones et scientifiques. Les chercheurs sont donc encouragés à
consulter également ces lignes directrices ainsi que d’autres politiques de
réglementation, notamment celles des trois conseils (CRSNG-CRSH-IRSC), qui

2 Pour Brant Castellano, l’éthique « réfère aux règles de conduite qui expriment et renforcissent des valeurs
 culturelles et sociales importantes au sein d’une société » (Brant Castellano 2004:99). Donc, « l’éthique, les
 règles du bon comportement, sont intimement reliées à qui vous êtes, aux valeurs profondes auxquelles
 vous adhérez et à votre compréhension de la place que vous occupez dans la dimension spirituelle de la
 réalité » (2004:103).

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concernent la recherche auprès des peuples autochtones. Les principes qui suivent
    représentent l’essentiel et vont même plus loin que ceux que l’on retrouve dans les
    lignes directrices qui ont été développées jusqu’à présent. Ils sont présentés avec
    l’intention de permettre et de faciliter – et non pas de supprimer ou d’entraver – la
    mise en œuvre de projets de recherche éthiques et mutuellement bénéfiques avec
    les peuples et communautés autochtones. Comme le rappelle Linda Smith (1999:15)
    dans Decolonizing Methodologies, il n’est plus acceptable de voir des chercheurs :
             [TRADUCTION]
             « …considérer les valeurs et les croyances, les pratiques et les coutumes des
             communautés indigènes comme des entraves à la recherche ou comme des
             coutumes exotiques auxquelles les chercheurs doivent se familiariser pour être à
             même de mener leur travail sans causer d’offenses. Les méthodologies indigènes
             abordent les protocoles culturels, les valeurs et les comportements comme des
             parties intégrales de la méthodologie. Ce sont des « facteurs » qui doivent être
             intégrés de façon explicite au sein de la recherche, qui doivent faire l’objet de
             réflexions approfondies, qui doivent être déclarés ouvertement dans la
             planification des projets de recherche, qui doivent être discutés dans les résultats
             finaux des études et qui doivent être retransmis à la communauté de façon
             appropriée et dans un langage compréhensible. »

    Il faut souligner que les principes présentés dans ce document ne sont pas des
    lignes directrices à proprement parler, ni un manuel d’instruction pour savoir
    « comment faire » ou une liste de vérification à l’emploi des chercheurs. Ce sont
    simplement des principes qui devraient être appliqués lors de la conception, de la
    planification et de la mise en œuvre de projets de recherche qui comprennent des
    partenariats ou qui concernent les peuples autochtones. De plus, ce genre de
    recherche doit nécessairement comporter une entente de recherche ayant été
    négociée tôt dans le processus de développement du projet auprès des
    représentants qui sont responsables de la communauté autochtone concernée. Bien
    que de nombreuses discussions aient eu lieu au sujet du besoin d’établir des lignes
    directrices nationales (CRSH 2003), il est pressenti que la solution devrait résider
    dans la création de protocoles de recherche efficaces à l’échelle locale afin de
    pouvoir accommoder les différences culturelles qui existent entre les différents
    peuples autochtones (par exemple, pour les Blackfoot (Siksika Nation),
    l’approbation doit être obtenue auprès des individus responsables et non auprès
    des représentants politiques de la communauté alors que pour d’autres
    communautés autochtones, l’approbation doit provenir des familles responsables
    de différents types de savoir). En réalité, les lignes directrices qui concernent la
    recherche avec les communautés autochtones doivent être négociées au cas par
    cas et doivent être incluses au sein de l’entente de recherche. Cette approche
    prend en compte le besoin d’ouverture et de coopération nécessaire à la quête de
    nouvelles connaissances, et ce, sans prescrire un protocole qui pourrait en entraver
    l’acquisition. L’intention derrière ces principes consiste à munir les chercheurs
    d’une liste d’enjeux éthiques qui doivent être considérés lorsqu’ils négocient et
    développent des relations de recherche équitables avec les peuples et les
    communautés autochtones.

4   Réseau de gestion durable des forêts
Espace éthique et partenariats de recherche
Il est de plus en plus commun, dans le paysage universitaire canadien, de
considérer les peuples autochtones en tant que partenaires de recherche et non
plus seulement en tant que sujets de recherche. Ce sens du partenariat repose sur
la reconnaissance du fait que le rôle des communautés autochtones a évolué au
sein de la société canadienne et il encourage une progression mutuelle où chacun
trouvera son intérêt et pourra tirer profit (de la recherche) d’une façon qui assure le
respect des droits et de l’espace éthique propres à chacune des parties. Ainsi, la
capacité de bâtir des partenariats de recherche entre les communautés
universitaires et autochtones canadiennes doit être fondée sur « un engagement
mutuel en ce qui a trait aux buts communs de la recherche, aux schémas
innovateurs qui n’ont jamais vraiment été essayés et aux démarches en
collaboration qui, par leur énergie propre et leur volet créatif, pourraient constituer
un effort énergique mais tout en douceur contre tout rapport colonial ou
inéquitable résiduel » (CRSH 2003:18).

Le fait de reconnaître que les peuples autochtones, avec leur savoir, leurs valeurs,
leurs connaissances et leur compréhension, peuvent contribuer significativement au
concept de durabilité de notre environnement naturel demeure un motif suffisant
pour encourager les partenariats de recherche axés sur les enjeux
environnementaux. Les principes qui sont proposés visent à promouvoir la création
d’un « espace éthique » qui permette ce type de partenariat et à favoriser des
changements au sein des institutions et des partenariats qui réussissent mal dans
cette voie. La rencontre de deux ou de plusieurs communautés culturelles, par
exemple lorsque des chercheurs non autochtones mènent des projets qui requièrent
la participation des peuples autochtones, nécessite souvent une réconciliation des
différences de savoir qui doit se faire en assurant le respect et la protection de
l’espace éthique de chacun. Il est particulièrement important que les chercheurs
occidentaux respectent, comprennent et reconnaissent la validité de l’espace
éthique autochtone (IRSC 2007) et qu’ils puissent accepter les impacts potentiels de
leur recherche sur cet espace éthique de même que sur les droits des peuples
autochtones à l’autodétermination.

L’approche du wampum à deux rangs : une métaphore
Le wampum à deux rangs (Two Row Wampum, figure 1) illustre les principes de
partenariats de recherche éthiques entre des gens de cultures différentes. Les deux
rangées représentent chaque peuple qui se déplace de façon parallèle l’un par
rapport à l’autre, chacun étant distinct dans ses propres droits et ni l’un ni l’autre
n’essayant d’influencer la voie de l’autre (Stevenson et Webb 2003). C’est une
métaphore des relations internationales qui jette les bases des relations entre les
peuples. Il s’agit aussi d’une théorie de l’éthique lorsqu’on parle de respect, de
dignité, d’honnêteté et de bonté en tant que principes pour créer des relations : « Il
faut se rappeler que l’espace entre les deux rangées représente une place pour le
dialogue, la discussion et les débats […] » (David Newhouse dans CRSH 2003:20).

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Le défi de tous les partenariats de recherche avec les peuples autochtones est de
    « veiller à ce que suffisamment de temps, d’argent et d’énergie soient investis pour
    que les systèmes de connaissance autochtones reprennent plus fortement racine
    pour leur propre compte » (CRSH 2003:20).

    Figure 1.      La ceinture wampum à deux rangs

    L’engagement à changer les paradigmes de recherche est une autre pierre angulaire
    pour tout partenariat de recherche avec des communautés autochtones. La
    recherche qui est fondée sur un paradigme au sein duquel les partenaires de
    recherche externes identifient et cherchent des solutions à des problèmes ou des
    enjeux auxquels les communautés autochtones sont confrontées est révolue et l’on
    doit maintenant se tourner vers un paradigme où les communautés autochtones
    identifient les enjeux, mènent la recherche et trouvent les solutions par eux-mêmes
    (CRSH 2003). Ce changement demande de l’attention ainsi qu’un engagement à
    construire une capacité locale de recherche. Cette approche n’est pas seulement
    éthique, elle est aussi remplie de sens, car qui est le mieux placé pour évaluer et
    identifier précisément les problèmes de même que pour envisager, construire et
    mettre en œuvre des solutions pour y remédier, sinon les communautés
    autochtones elles-mêmes?

    Principes d’éthique3
    A.         La recherche qui implique des sujets ou des
               communautés autochtones doit être menée en
               partenariat avec ceux-ci
    Une approche de recherche qui implique des sujets ou des communautés
    autochtones et qui est menée en partenariat doit reconnaître l’indépendance et
    l’intégrité du peuple autochtone et doit faire en sorte que la recherche soit
    équitable. Il est important de formaliser le respect mutuel au sein d’une entente de
    façon à ce que les projets de recherche puissent être menés dans un climat de
    compréhension entre les personnes concernées et où les attentes puissent être
    partagées. Les chercheurs doivent également être prêts à accepter le refus de leur
    proposition de recherche.

         3 Voir annexe A pour obtenir une liste des principes éthiques.

6   Réseau de gestion durable des forêts
B.      Le processus de recherche doit être transparent, ce qui
        nécessite une divulgation complète de l’information et
        un consentement éclairé
Les peuples et les communautés autochtones qui participent à la recherche doivent
être pleinement informés de la nature et de l’ampleur des projets de recherche, ce
qui comprend une divulgation des objectifs, des commanditaires, des méthodes et
de l’engagement attendu de la part de la communauté. Les consultations initiales
menées auprès de la communauté autochtone devraient établir qui sont les
personnes qui prennent parole pour la communauté et qui ont l’autorité pour le
faire. Les premiers contacts peuvent être établis par une lettre d’intention remise
aux autorités de la communauté qui exprime les idées, les sujets et les objectifs de
la recherche et ils devraient être suivis d’une rencontre formelle.

Les chercheurs doivent obtenir un consentement complet et éclairé de la part des
autorités locales de même que de la part de tous les groupes ou de toutes les
personnes qui participent au projet de recherche. Le consentement des personnes
participantes doit être obtenu et confirmé avant que celui-ci commence et il doit
être maintenu tout au long du projet, au fur et à mesure qu’il évolue. Les chercheurs
doivent respecter les droits de la communauté de même que les membres qui
choisissent de ne pas participer au projet et ceux-ci ne doivent pas exercer de
pression ou de coercition, même de façon subtile, pour influencer la participation.

L’objectif qui repose derrière la divulgation complète de l’information et l’obtention
d’un consentement éclairé est de s’assurer que les participants autochtones
comprennent bien l’objectif du projet de recherche ainsi que l’importance et la
nature de leur participation. Ceci inclut :

        •    Le degré d’engagement;

        •    Les bénéfices et les risques encourus par la communauté ou
             par les individus;

        •    Le montant et le type de rémunération;

        •    L’ampleur de l’engagement lors de la production, l’analyse et
             la validation des résultats de recherche;

        •    La propriété et le contrôle de l’information/des données qui
             résultent du processus de recherche;

        •    L’accès aux résultats de recherche par de tierces parties;

        •    L’étendue des droits d’auteurs pour toute publication qui
             découle du projet de recherche, etc.

La communauté sera rassurée sur la transparence du processus de recherche si on
lui garantit une divulgation complète de tous les changements qui seront apportés
au plan de recherche ou à toute entente qui pourrait avoir des impacts sur les
membres de la communauté, et cette transparence favorisera d’autant plus les
bonnes relations de travail.

                                                    Réseau de gestion durable des forêts   7
C.       Les chercheurs doivent reconnaître et accomplir les
             obligations sociales appropriées
             [TRADUCTION]
             « Une recherche qui se veut objective en maintenant une distance entre les
             chercheurs et les personnes qui détiennent l’information enfreint l’éthique
             autochtone qui encourage les relations réciproques et la validation collective. Si
             les chercheurs exercent un contrôle sur la production de connaissances en
             collectant l’information lors de brèves rencontres, ils brisent la relation de
             dialogue entre les sources humaines et non humaines et empêchent la
             transformation des observations ou de l’information en un savoir contextualisé »
             (Brant Castellano 2004:105).

    La plupart des activités qui ont cours dans les communautés autochtones, incluant
    la recherche, se déroulent dans un contexte social, et les partenariats de recherche
    avec les peuples autochtones sont d’abord et avant tout des relations sociales. En
    conséquence, les partenariats de recherche entraînent des obligations, des
    privilèges et des responsabilités. La plupart du temps, les communautés
    autochtones qui montrent une certaine résistance vis-à-vis des chercheurs qui
    proviennent de l’extérieur réagissent ainsi car ces derniers n’ont pas su
    comprendre, respecter et honorer ce fait. Les structures sociales et les relations qui
    existent au sein des communautés autochtones (incluant le capital social interne et
    externe) doivent être respectées et protégées et elles ne doivent pas être affectées
    au cours du projet de recherche. Les chercheurs doivent respecter la vie privée et la
    dignité des individus, les protocoles locaux ainsi que tous les droits individuels ou
    collectifs des peuples autochtones.

    Les relations de recherche ne doivent pas être de nature coercitive ou exploitante.
    Elles devraient plutôt être développées et nourries dans l’intérêt des communautés
    universitaires et autochtones. Les chercheurs devraient être conscients de leur
    responsabilité et de leur imputabilité accrue vis-à-vis de la communauté lorsqu’ils
    se lancent dans des relations de recherche avec les peuples autochtones (IRSC
    2007). Les chercheurs doivent coopérer avec la communauté autochtone afin de
    protéger cette dernière, tout comme ses citoyens, des impacts négatifs qui
    pourraient découler de la divulgation des résultats ou des données du projet auprès
    du grand public. En parallèle, les chercheurs qui travaillent avec les communautés
    autochtones ont aussi l’obligation de partager leurs résultats, leurs connaissances et
    leur expertise afin de créer un environnement d’apprentissage mutuel et
    bidirectionnel au cours du projet de recherche et de renforcer les aptitudes locales
    durant le processus de recherche.

    Les peuples autochtones sont de plus en plus prêts à s’engager à titre de partenaires
    dans des projets de recherche basés sur le savoir traditionnel autochtone en
    utilisant les méthodologies autochtones en plus de celles qui émergent des
    interactions avec les traditions intellectuelles non autochtones. Les chercheurs
    bénéficient du fait d’engager les peuples autochtones et d’avoir accès à leur savoir
    au cours du processus de recherche. En retour, ceux-ci devraient réaliser tous les
    efforts nécessaires pour transférer aux peuples et aux communautés autochtones les
    compétences et les connaissances qui renforcent leur autonomie durant le

8   Réseau de gestion durable des forêts
processus de recherche. Les chercheurs autochtones compétents s’avèrent être une
ressource inestimable et irremplaçable qui offre l’opportunité de développer des
idées uniques et des solutions adaptées aux enjeux auxquels sont confrontées les
communautés autochtones.

D.      Nécessité de créer un espace éthique pour les
        communautés et les connaissances autochtones en
        recherche
        [TRADUCTION]
        « Les chercheurs, en tant que transmetteurs de savoir, sont des gens qui ont le
        pouvoir de construire des arguments légitimes en faveur ou contre certaines idées,
        théories ou pratiques. Ils sont des collecteurs d’information et des producteurs de
        sens pouvant être utilisés en faveur ou au détriment des intérêts autochtones »
        (University of Victoria 2003).

Le savoir autochtone (savoir traditionnel, savoir indigène, etc.) doit être considéré
comme un savoir unique et valable, qui possède ses propres fonctions et processus
de validation. Puisqu’on porte de plus en plus attention à l’acquisition du savoir
autochtone, et que cette acquisition se produit sur de plus en plus grandes
étendues géographiques, il serait important de réaliser que le savoir détenu par
plusieurs peuples autochtones se présente et existe en dehors du cadre de la
science positiviste. Les peuples non autochtones qui ont acquis une culture ou
une éducation inscrite dans la tradition scientifique ont eu tendance à percevoir
les autres systèmes de savoir comme étant anecdotiques ou inférieurs. Toutefois, la
« science » possède elle aussi des prémisses fondées sur un système de valeur, et
aucun système ni aucune vision du monde ne peut affirmer avoir le monopole sur
la vérité. Nous avons plutôt besoin d’une diversité de visions et de voix pour faire
face aux défis qui sont à portée de main et pour développer des relations durables
avec l’environnement naturel. Les chercheurs ont l’obligation de maintenir et de
protéger l’intégrité et le contexte du savoir autochtone qui a été acquis au cours du
processus de recherche. Les chercheurs qui désirent avoir accès au savoir
autochtone au cours de leur projet de recherche doivent respecter tout protocole
formel local ou autre (régional) en vigueur.

Il est souvent risqué, lorsqu’on tente de rendre des connaissances complexes plus
digestes, de séparer le savoir autochtone local du contexte dans lequel il s’inscrit.
Plus particulièrement, les chercheurs doivent éviter de sélectionner, de sortir de
leur contexte et de transformer les connaissances ou l’information détenue par les
peuples autochtones de façon à obtenir une forme plus acceptable du point de vue
des pratiques scientifiques usuelles. En même temps, l’authenticité ou la validité
des connaissances autochtones, qu’elles soient ou non de transmission orale, doit
être évaluée avec les moyens de validation appropriés et approuvés par les
membres de la communauté et ne doit pas dépendre des méthodologies et des
critères approuvés du point de vue de la science.

Les chercheurs doivent reconnaître et surtout éviter le mauvais usage ou l’abus du
pouvoir qu’ils détiennent lors de leur relation avec les peuples autochtones. Les
chercheurs se trouvent enrichis par les systèmes économiques, d’éducation,

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politiques et autres dont ils font partie. De plus, ils ignorent souvent qu’ils
     occupent une fonction de pouvoir et d’influence pour les autochtones et les autres
     personnes vulnérables qu’ils engagent. Les règles de l’engagement doivent être
     négociées et non pas déterminées ou présumées unilatéralement par une des
     parties au cours du processus de recherche. Par exemple, on doit négocier, au
     même titre que toutes les règles d’engagement qui s’appliquent pour le projet de
     recherche, la langue utilisée pour exprimer et décrire les connaissances et les
     concepts autochtones. La relation qui est créée entre les savoirs scientifiques et
     autochtones doit permettre aux deux corpus de connaissances de posséder leur
     propre espace éthique au sein duquel ils peuvent fonctionner indépendamment, et,
     lorsque souhaité, fonctionner ensemble dans un esprit de respect mutuel, de co-
     existence et de coopération.

     Il a déjà été mentionné que les règles de l’engagement dans le processus de
     recherche doivent être négociées et non pas déterminées par une seule des parties;
     plus particulièrement, la langue utilisée. La langue, les connaissances ainsi que les
     valeurs et les traditions culturelles des peuples autochtones sont fortement liées à
     l’utilisation de l’environnement. Les activités de recherche devraient être planifiées
     de manière à renforcer, et non pas à éroder, les richesses humaines, intellectuelles,
     sociales et culturelles des communautés autochtones ainsi que leurs interrelations.
     Les chercheurs ont également une obligation morale envers les autochtones, et
     envers la société en général, qui consiste à leur offrir la possibilité de contribuer au
     processus de recherche par leur langue, leurs concepts et leur compréhension
     uniques en leur genre. En fait, les chercheurs ont peut-être l’obligation toute
     spéciale de supporter les peuples autochtones dans la reconfiguration des
     institutions actuelles ainsi que dans le développement de nouvelles institutions qui
     créeraient un espace éthique pour leurs connaissances et pour les détenteurs de ce
     savoir lorsqu’il est question de recherche, de politique et de prises de décision
     concernant l’environnement.

     E.       Les partenariats de recherche doivent être négociés
              « La collecte d’information ainsi que son utilisation subséquente sont des activités
              essentiellement politiques. Par le passé, les peuples autochtones n’ont pas toujours
              été consultés sur la nature de l’information à collecter, sur qui devrait rassembler
              cette information, sur qui devrait en être responsable ni sur qui devrait y avoir
              accès. Dans un tel contexte, il se peut que l’information acquise soit ou ne soit
              pas pertinente relativement aux questionnements, aux priorités et aux
              préoccupations des peuples autochtones. La collecte de données a donc
              rencontré de la résistance de la part de certains parce qu’elle a fréquemment été
              imposée par des autorités externes. » (Commission royale sur les peuples
              autochtones 1996).

     Les partenariats de recherche avec les peuples et les communautés autochtones
     seront toujours risqués si ceux-ci ne sont pas établis dans un esprit de négociation.
     Les programmes de recherche qui ont été développés et imposés de façon
     unilatérale ont été un échec dans le passé et ils ont laissé derrière eux des
     partenariats non réconciliés. Parce que la recherche est inévitablement une affaire

10   Réseau de gestion durable des forêts
politique, l’espace éthique qui est requis pour assurer l’engagement des peuples
autochtones et la transmission de leurs connaissances au cours du processus de
recherche doit être négocié nation par nation. Le but des négociations est de
trouver une voie qui soit mutuellement acceptée et à partir de laquelle la recherche
sera menée dans le meilleur intérêt des deux parties. Les chercheurs doivent
comprendre les attentes de la communauté autochtone. Ces attentes doivent faire
l’objet d’une entente et ils doivent s’efforcer d’y répondre selon le meilleur de leurs
capacités. Les ententes de recherche devraient être négociées et formalisées avec
les autorités appropriées au sein de la communauté, et ce, préalablement au
commencement du projet de recherche.

Il existe toujours le risque que certains chercheurs détenant peu d’expérience auprès
des communautés autochtones imposent leurs propres questions de recherche et
leurs méthodologies. Les peuples autochtones se sont plaints à propos du manque
de compréhension vis-à-vis d’eux et de leurs connaissances traditionnelles, du
manque de bénéfices qu’ils ont pu tirer des projets de recherche et du manque de
contrôle sur la propriété intellectuelle et culturelle de la part de certains agents de
recherche provenant de l’extérieur. Ces tendances semblent heureusement en voie
de disparaître et les chercheurs se perçoivent de plus en plus non pas comme des
experts externes, mais plutôt comme des partenaires engagés qui désirent s’assurer
que les projets de recherche apportent des bénéfices directs aux nations et aux
communautés autochtones. En parallèle, les peuples autochtones ne souhaitent plus
être des sujets ou des participants passifs, ils désirent plutôt devenir des partenaires
de recherche à part entière. Les questions de recherche sont de plus en plus
formulées avec l’intention de répondre aux besoins, aux intérêts et aux
préoccupations des autochtones en plus de ceux du chercheur. Plus ces deux
visions de la recherche se rapprocheront, plus le processus de recherche sera
enrichissant et habilitant et plus le potentiel de création de connaissances, d’idées et
de solutions novatrices à des enjeux importants sera grand.

Voici les principales modalités4 qui pourraient être considérées au cours du
développement des ententes de recherche avec les peuples et les
communautés autochtones :

           a. Participation des autochtones au processus de
              planification et à la mise en œuvre du projet de
              recherche
                Les chercheurs qui effectuent des recherches au sein des
                communautés autochtones doivent travailler en collaboration
                pour établir les procédures permettant aux représentants de la
                communauté de participer à la conception, à la planification,
                à la mise en œuvre et à l’évaluation du projet de recherche,
                tout en spécifiant les particularités associées à chacune de
                ces étapes.

4 Voir l’annexe A pour une liste sommaire des modalités à considérer.

                                                                  Réseau de gestion durable des forêts   11
b. Partage des bénéfices et rémunération pour la
                 participation au projet de recherche
                  Les peuples et les communautés autochtones devraient
                  recevoir des bénéfices justes et équitables pour leur
                  participation aux activités de recherche. Le partage des
                  bénéfices devrait être vu comme une façon de renforcer
                  l’autonomie des communautés autochtones et devrait être
                  équitable tant entre les groupes qu’au sein des groupes. Ceci
                  devrait comprendre des honoraires pour les aînés, des
                  salaires et des périodes de paie pour le personnel
                  responsable des projets, des formations pour les membres de
                  la communauté, etc. Les individus qui contribuent au projet
                  par le partage de leurs connaissances devraient être payés
                  pour leur expertise et leur temps, et non pas pour leurs
                  connaissances ou les informations qu’ils détiennent. Le savoir
                  n’est pas une marchandise et plusieurs peuples autochtones
                  ont le sentiment d’avoir une obligation morale de le partager.

              c. Représentation juste et équitable de la communauté
                  Les chercheurs qui effectuent des études dans les
                  communautés doivent s’assurer de couvrir un échantillon
                  représentatif des expériences et des perceptions de la
                  communauté. Sans cela, les résultats de la recherche
                  pourraient être biaisés et les tensions sociales au sein de la
                  communauté pourraient être exacerbées. Plus
                  particulièrement, la diversité des points de vue présents au
                  sein de la communauté devrait être représentée de façon
                  juste, en incluant les points de vue spécifiques selon l’âge, le
                  sexe, le statut social et la situation économique des individus.
                  Il est important que les directeurs de recherche apprennent à
                  détecter les points sensibles qui peuvent être dissimulés dans
                  la dynamique sociale de toute communauté et à faire preuve
                  de discrétion en anticipant l’information qui devrait être
                  révélée de façon confidentielle ou qui pourrait détériorer les
                  relations au sein de la communauté.

              d. Représentation des connaissances et de la vision
                 autochtones
                  Les responsables des projets de recherche devraient fournir
                  tous les efforts raisonnables nécessaires pour déterminer les
                  meilleurs moyens pour représenter ou dévoiler leurs
                  connaissances en fonction de ce qui est souhaité par les
                  citoyens de la communauté autochtone, tant au plan collectif
                  qu’individuel. Les chercheurs ont l’obligation morale de
                  s’informer à propos des impacts ou des implications

12   Réseau de gestion durable des forêts
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