L'histoire de la musique hongroise - MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES BUDAPEST
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MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES BUDAPEST No 1/2001 L’histoire de la musique hongroise tique, du mode d’interprétation et de Grâce à la richesse de ses programmes musicaux, à l’excellence de l’extension géographique des chansons ses artistes de réputation mondiale, la Hongrie a, dans ce domaine, qui y appartiennent. On range donc dans accédé à un rang nettement supérieur à ses proportions parmi tant cette catégorie les complaintes de pays pouvant se prévaloir de longues traditions musicales. Cette antérieures à la conquête du pays (896), petite nation a en effet mérité d’être qualifiée de «grande puis- les musettes et les danses de porchers d’o- sance» en la matière. Compte tenu de son histoire orageuse, émail- rigine médiévale, ainsi que les airs majeurs et mineurs du XVIIIe siècle. lée d’épisodes tragiques ayant également influé sur l’évolution de sa Sur la musique des siècles antérieurs à vie musicale, il ne lui était pas aisé d’y parvenir. Cependant, l’ab- la fondation de l’Etat hongrois en l’an sence de conditions propices à son développement permanent ne 1000, nous ne disposons pratiquement pouvait entraver que momentanément la voie du progrès : les musi- pas d’informations. Nous ne pouvons ciens doués ont de tout temps réussi à surmonter les difficultés et à que soupçonner comment étaient les faire participer le pays à l’activité musicale de l’Europe. chants rituels récités par les chamans ou les épopées perpétuant la mémoire des ancêtres. Les mélopées funéraires nous D ans les incessantes tempêtes de coupole, une forme close, de longues ramènent aux temps précédant la con- l’histoire hongroise, les docu- séries mélodiques et une grande étendue, quête : les complaintes pentatoniques ments relatifs aux débuts de la diffère fondamentalement du précédent proviennent de Transylvanie et les dia- musique nationale (notes, instruments) «style ancien». En effet, ce dernier pos- toniques sont répandues sur tout le terri- furent pour la plupart détruits. Ainsi les sède une ligne mélodique descendante, toire hongrois. A l’origine, ces airs ne ser- musicologues intéressés par cette époque indépendamment de la date, de la théma- vaient pas uniquement à pleurer les lointaine doivent-ils s’appuyer sur des sources de seconde main ou les résultats d’autres disciplines (archéologie, linguis- tique, etc.). Comme en Hongrie la musique savante évolue dès sa naissance en étroite symbiose avec la musique folkorique, seule l’étude de cette dernière permet de remonter aux origines perdues dans la nuit des temps. C’est que la musique folklorique a su préserver au fil des siècles l’essence ou du moins le style des airs anciens. La ligne mélodique, l’é- tendue, les syllabes, l’agrément et le mode d’interprétation des chansons popu- laires conservées jusqu’à nos jours trahissent assez bien leur époque his- torique et, malgré les légères modifica- tions survenues au cours des siècles, les variantes d’aujourd’hui ont les mêmes caractéristiques, bien reconnaissables, que les originaux. Le «nouveau style» né à la charnière du XIXe et du XXe siècle, qui se carac- térise par une structure ascendante à Missel avec notes de musique (XIVe siècle)
morts, mais ils étaient également associés en présence et avec le concours du peu- la musique lyrique la plus perfectionnée à différents textes rituels ou épiques. ple jette les bases d’une même culture de l’âge de la chevalerie s’y enracina Ainsi les chants dits héroïques, relatant la musicale partout dans le pays. également. vie, les faits glorieux et la mort des héros, Moins nombreux sont les monu- Les grands changements devaient être récités sous une forme simi- ments de la musique laïque ayant sub- économiques et sociaux du bas moyen laire. sisté de cette époque. En l’absence de âge influent également sur l’évolution de Dans la deuxième moitié du Xe siè- notes d’origine, nous en sommes réduits la vie musicale. A côté des anciens centres cle, les Hongrois s’intégrèrent dans la à l’utilisation de sources littéraires et ecclésiastiques, de nouvelles cités se met- riche trame culturelle de l’Europe. Pour folkloriques. Les noms de personnes et tent à prospérer et la culture jouit d’un nos ancêtres, le principal défi consistait de lieux figurant dans nos documents prestige croissant. La tradition antérieure à assimiler les nouvelles valeurs et à médiévaux se réfèrent souvent à des de la musique grégorienne subsiste, mais atteindre un niveau culturel plus élevé, instruments de musique et à des instru- le besoin de chanter en plusieurs parties tout en conservant leurs propres spéci- mentistes (Sípos, Dobos, Igricfalva, se fait de plus en plus sentir. Au début, les ficités et sans renoncer à leur identité. R e g t e l e k , airs grégoriens sont interprétés à deux Du point de vue de l’évolution de la voix, puis étoffés de courts textes poé- musique hongroise, l’adoption, la propa- tiques. Cette pratique existe dès gation et le renforcement du les XIIIe-XIVe siècles. christianisme eurent un L’enrichissement des airs rôle de toute première autonomes de deux à importance : c’est grâce à ce trois autres parties courant spirituel que s’y cadencées aboutit à enracinèrent les chants gré- une polyphonie goriens, sommet de l’art encore plus raffinée. suprême contemporain à Aux cours royales et une partie. L’autre facteur pontificales, on peut essentiel à mentionner est entendre alors des l’école médiévale qui a oeuvres composées imposé le respect de la dans le style le plus «musica» dans toute la moderne des motets sphère culturelle. Dans le hollandais. cadre des cours dispensés M a t h i a s quotidiennement, les élèves Hunyadi (1458- devaient retenir des cen- 1490) fut l’un des taines de chants religieux et, souverains les plus à travers ceux-ci, l’écriture, riches et les plus cul- la lecture des notes et aussi la tivés d’Europe dans la théorie musicale. A cet seconde moitié du XVe égard, le système siècle. Le choeur de scolaire instauré à sa chapelle royale se l’échelle nationale composait de 40 est homogène. musiciens et – Qu’ils fréquentent comme le rapporte les classes gérées le chef de la chorale par les cathédrales papale en visite à ou les plus petits Buda – il soutenait la villages, les élèves comparaison, quant étudient pour l’essen- Sebestyén Stulhoff a terminé en 1770 la construction de l’orgue de l’Abbaye à son effectif et à son tiel le même pro- bénédictine de Tihany niveau, avec les gramme liturgique et musical. C’est etc.), ce qui indique l’extension de la ensembles de la Cour pontificale ou de la ainsi que se forme une variante typique- musique de fête et de divertissement. Cour de Bourgogne. A la Cour de ment hongroise de la musique grégo- Les souverains de Hongrie accueillent Mathias, on jouait aussi de la musique de rienne. Un nombre croissant de livres volontiers des musiciens étrangers à leur chambre, dont les partitions n’ont mal- de choeurs et de manuscrits illustrés cour. Plus d’un trouvère ou heureusement pas été conservées. Les adoptent une écriture musicale spéciale- Minnesänger de renom séjourna dans les compositeurs et les interprètes devaient ment hongroise. Nous pouvons palais des rois de Hongrie. Gaucelm être probablement des artistes étrangers, affirmer avec certitude que, dans la Faidit et Peire Vidal arrivèrent vers 1198 en premier lieu italiens et flamands. C’est Hongrie médiévale, la connaissance de à la Cour d’Emeric (1196-1204) avec la que le roi, soucieux de maintenir un la musique fait partie de la culture suite de sa jeune épouse d’Aragon. niveau élevé, engagea de nombreux musi- générale et que, en dépit d’une scolarité Oswald von Wolkenstein (1377-1445) ciens étrangers célèbres, dont le compos- obligatoire inexistante, la récitation vécut en Hongrie sous le règne de iteur flamand Jacques Barbireau (vers quotidienne de choeurs dans les églises Sigismond (1387-1437). Cela montre que 1408-1491), le luthiste italien Pietro Bono 2 L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE HONGROISE
(1417-1497) et le fameux chanteur-com- positeur Johannes Stockem, vraisem- blablement membre de l’orchestre de Mathias de 1481 à 1487. C’est cet univers musical varié d’une richesse foisonnante qui s’effondre à la suite de l’occupation ottomane (1524- 1686), entraînant la division du pays en trois parties. Sur les territoires du centre administré par les autorités turques, la vie musicale avait pratiquement cessé. Après avoir agonisé durant quelques décennies, les chants grégoriens se sont définitive- ment tus au début du XVIIe siècle. L’entrée en scène des premiers réfor- mateurs protestants aux alentours de 1540 donne une nouvelle chance à la musique homophonique de qualité. Au départ, ce sont les anciens chants liturgiques latins qui sont traduits en hongrois, puis la pratique protestante impose les cantiques populaires à plusieurs strophes, propres à être enton- Dans le chateau Esterházy de Fertôd, la vie musicale était dirigée par Joseph Haydn › nés par l’ensemble des fidèles. L’apparition des contes en vers à une artistique supérieure, dont la pratique 1571), István Báthori (1581-1586) et voix date aussi de ces années-là. Ceux-ci s’épanouit au bas moyen âge ne peut sub- surtout Zsigmond Báthori (1588-1598) – racontent en versets («chroniques») des sister que dans quelques endroits isolés, est connu aux quatre coins du globe et épisodes historiques, des paraboles tout d’abord à la cour des princes de beaucoup de musiciens étrangers de bibliques et des histoires galantes. Leur Transylvanie. En louvoyant habilement renom travaillent dans leur cour ou leur mélodie était transmise surtout par la tra- entre l’empereur habsbourgeois et le sul- dédicacent des compositions. Parmi les dition orale mais, de ces temps, on pos- tan, la Principauté de Transylvanie, for- plus célèbres citons Palestrina (vers 1525 sède heureusement deux livres de mée à l’est du pays, accède à une relative – 1594), l’auteur du premier manuel musique imprimés dont l’un (1554) con- autonomie et contribue amplement au d’orgue, Girolamo Diruta (vers 1550 – ?), tient les chroniques du jongleur bien maintien de l’idée d’une Hongrie sou- Lassus (vers 1532 – 1594) et son élève d’o- connu, Sebestyén Tinódi. veraine. C’est à cela que sert notamment rigine italienne, Giovanni Battista Mosto Dans la musique hongroise des XVIe- l’imitation nostalgique des cours médié- (vers 1550 – 1596), dont le premier XVIIe siècles, l’homophonie devient la vales. Le mécénat des princes de recueil paru à Venise s’intitule Madrigaux règle. La musique savante d’une valeur Transylvanie – Jean-Sigismond (1559- de Gyulafehérvár, comme pour rappeler L’empereur d’Autriche et roi de Hongrie François-Joseph I er a également assisté au concert de Ferenc Liszt, feté par toute l’Europe › L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE HONGROISE 3
Les premières mesures de l’ Hymne hongrois Portrait de Ferenc Erkel en 1861 que ses magnifiques compositions poly- de la musique religieuse que la bour- à 15 membres, chanteurs, cordes, orga- phoniques étaient destinées à la Chorale geoisie instruite des villes frontalières au niste et chef d’orchestre, complétés par de la Cour de Transylvanie. développement dynamique de la les gardiens de la tour (instruments à L’activité de l’excellent luthiste et Hongrie dite royale (le Nord, le Haut vent), présentent des motets Renaissance compositeur Bálint Bakfark (1506 ? – Pays et la Transdanubie occidentale), à quatre ou cinq parties, des «concertos», 1576) se déploie également à cette sous administration habsbourgeoise, voire même un peu plus tard des époque. Le premier volume de ses oeu- entre en contact avec la culture musicale morceaux religieux de style baroque. vres paraît à Lyon (1553) et le deuxième européenne. Ces contacts peuvent être A la fin du XVIIe siècle, la vie cul- à Cracovie (1565). Dans le titre de ses attestés notamment dans la vie musicale turelle du pays en ruine, libéré d’une publications, il assume fièrement ses de l’ancienne Pozsony (auj. Bratislava), occupation ottomane de 150 ans, a racines transylvaines. Virtuose fêté de de Sopron, de Bártfa (auj. Bardejov) et de besoin d’être restaurée à son tour. Sur le son instrument, Bakfark jouit des faveurs Lôcse (auj. Levoca). Les autorités ecclé- plan musical, cette restauration exige l’ac- de monarques européens, suscite l’éloge siastiques (évêques, chapitres) et la direc- climatation du nouveau baroque des poètes. Son art contribue de manière tion municipale emploient des musiciens européen et, par conséquent, l’adoption décisive à l’éclosion, à l’émancipation de correctement formés et rémunérés dans de modèles étrangers, ainsi que l’invita- la musique instrumentale en Hongrie. les églises et lors des festivités locales. Les tion d’un grand nombre de musiciens C’est avant tout par l’intermédiaire «capella» composées de 8 à 10 puis de 10 étrangers. A compter du XVIIIe siècle, les Portrait cubiste de Bartók dans les années 1920 Scène du ballet Le Prince de bois 4 L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE HONGROISE
Zoltán Kodály chez lui Scène du vaudeville Háry János évêchés se mettent à agrémenter la le plus important de l’époque. Les dants continuèrent à s’occuper de liturgie de musique viennoise baroque et évêchés de Pécs, Veszprém, l’orchestre, et se produisirent, à partir de classique, puis apparaissent les oeuvres de Szombathely, Székesfehérvár, Eger et 1727, sous la baguette du célèbre com- compositeurs hongrois bien formés. Várad, reconstruits après l’expulsion de positeur viennois Gregor Joseph Werner L’impressionnante collection de notes de l’occupant turc, ont un répertoire et des (1693-1766), auquel succéda en 1761 pour la cathédrale de Gyôr contient entre modes de fonctionnement tout aussi près de trente ans Joseph Haydn. Cette autres des opus signés Antonio Caldara riches et variés. vie musicale effervescente, loin de carac- (1670-1736), Johann Baptist Vanhal La protection de la musique savante tériser l’ensemble du pays, se limitait à (1739-1813), Joseph (1732-1809) et fut assumée surtout par les Eglises et les une sphère restreinte de la société. Faute Michael (1737-1806) Haydn, Wolfgang membres de la haute aristocratie, au pre- d’avoir bénéficié d’une formation musi- Amadeus Mozart (1756-1791), Karl mier rang desquels la famille Esterházy. cale moderne, les classes moyennes cul- Ditters von Dittersdorf (1739-1799) et Le prince Pál Esterházy (1635-1713) créa tivées manifestaient souvent de l’hostilité Johann Albrechtsberger (1736-1809), qui un orchestre à Kismarton (Eisenstadt) et à l’égard de la musique savante. passa quelques années à Gyôr. A partir de publia sous son nom un recueil de 55 can- A la charnière des XVIIIe-XIXe siè- 1766, l’orchestre de la cathédrale de Gyôr tates religieuses intitulé Harmonia cles se créent dans la moitié ouest de est dirigé par Benedek Istvánffy (1733- Caelestis, le premier document de la l’Europe les conditions d’un système 1778), le compositeur hongrois peut-être musique baroque hongroise. Ses descen- bourgeois évolué. Pour les peuples L’éminent compositeur et professeur Ferenc Farkas fete ses 70 ans dans le cercle de › ses anciens élèves, devenus ensuite ses collègues – Attila Bozay, Zsolt Durkó, György Béla Bartók aux Etats-Unis Kurtág, Emil Petrovics, Lajos Vass, Sándor Szokolay et Miklós Kocsár L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE HONGROISE 5
Représentation de l’opérette Princesse csárdás, au théatre Gárdonyi Géza d’Eger › trouvons des airs combinant les har- célèbre premier violon János Bihari monies et les formes occidentales avec les (1764-1827) – accèdent à la notoriété traditions de l’ancienne musique de danse d’abord chez eux puis, à partir des années hongroise. Ces danses dites de recrute- 1830, grâce à des mécènes hongrois, à l’é- ment (verboung) sont agrémentées d’élé- tranger également. Dans la première ments décoratifs et rythmiques spéci- moitié du siècle, presque tous les com- fiquement hongrois. Exécutées par des positeurs hongrois ou vivant en Hongrie hommes, elles servirent initialement à – János Lavotta (1764-1820), Antal recruter des soldats mais, plus tard, on les Csermák (1774-1822), Márk Rózsavölgyi retrouve comme un genre autonome, (1789-1848), Ignác Ruzitska (1777-1833), point de départ d’un langage musical Joseph Bengráf (1745?-1791), Ferdinand moderne formé au XIXe siècle. Etant Kauer (1751-1831) – signent des donné que cette musique était jouée en Verboungs, des Danses hongroises ou des premier lieu par des orchestres tsiganes, Chansons hongroises. Les éléments du beaucoup l’identifièrent à la musique tsi- style propre aux verboungs passent gane, erreur que l’ouvrage de Ferenc ensuite dans la musique vocale, tandis Liszt, paru en 1859 à Paris sous le titre que les rythmes et les agréments carac- Tsiganes et musique tsigane en Hongrie, ne térisant auparavant le genre instrumental Imre Kálmán avec sa famille fit que renforcer. Pourtant, elle n’a rien à s’infiltrent dans la musique de scène, voir avec le folklore proprement tsigane, l’opéra et le lied, notamment chez Béni patrimoine des masses tziganes non musi- d’Europe centrale et orientale, cette pério- ciennes. de correspond au réveil de la conscience La musique tsigane authentique est à nationale. Les couches nobiliaires, princi- caractère proprement vocal et les paroles pale force des Lumières hongroises, esti- brassent généralement le hongrois et le ment également important de préserver rom. En revanche, les musiciens tsiganes le caractère national de la culture. Où jouent partout les mélodies de leur envi- pouvaient-elles le trouver s’agissant de la ronnement, adoptent les instruments et musique ? La musique savante des siècles le mode d’interprétation caractéristiques précédents en effet n’avait rien de spé- de la région donnée. Au XIXe siècle aussi, cialement hongrois. C’est cette spécificité un nombre croissant d’éléments emprun- que certains pensent pouvoir découvrir tés à la musique savante furent assimilés dans la musique populiste imitant les airs et combinés avec la musique de danse folkloriques : ils écoutent donc avec hongroise des époques antérieures. Le plaisir les chansons et les lieds de ce type. mode d’interprétation typique, Il y avait cependant un autre matériel capricieux et pathétique, des musiciens de musique «nationale» plus concret et tsiganes est capable de transfigurer n’im- plus prestigieux : la musique de danse de porte quel air simple en «musique tsi- la fin du XVIIIe siècle. Dans les collec- gane». tions de musique instrumentale, nous Les plus virtuoses d’entre eux – tel le Ferenc Lehár 6 L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE HONGROISE
Egressy (1814-1851), Gusztáv Szénfy Kolozsvár, puis également dans d’autres (1819-1875), Kálmán Simonffy (1832- villes, on présente régulièrement des 1881) et d’autres. Ces motifs joueront un opéras et la musique de chambre jouée rôle également important dans l’innova- devant un auditoire forcément restreint tion de la musique de chambre et des oeu- cède peu à peu la place à des concerts vres symphoniques. Dans l’esprit des publics payants, comme cela se pratique gens d’alors, le verboung adhère à l’image aujourd’hui. La dynamisation de la vie de la Hongrie, d’où la tendance de musicale entraîne le développement de plusieurs grands compositeurs étrangers l’art de la scène et de la formation des – dont Joseph Haydn, Ludwig van musiciens. Beethoven (1770-1827), Wolfgang Après plusieurs tentatives Amadeus Mozart, Carl Maria von Weber infructueuses pour synthétiser le ver- (1786-1826), Hector Berlioz (1803-1869), boung et la musique savante européenne Johannes Brahms (1833-1897) – à intro- de haut niveau, le grand compositeur duire dans leurs oeuvres une couleur hongrois Ferenc Erkel (1810-1893) réus- hongroise, très à la mode à l’époque, par sit cet exploit dans la première moitié du l’utilisation de la tonalité des verboungs. XIXe siècle. C’est dans ses oeuvres Le morceau le plus connu né de cette (Hunyadi László, Bánk bán) que l’opéra Le compositeur et musicologue inspiration est la Marche de Rákóczi de commence à s’exprimer en hongrois dans László Lajtha Berlioz. Le romantisme hongrois, pour lequel le caractère national se concentre dans la poésie populaire ennoblie, célèbre dans le verboung, élevé au rang de musique savante, la naissance de la nouvelle musique nationale. A côté du verboung, la musique savante européenne de haut niveau se répand aussi naturellement dans les grandes villes de Hongrie. On y voit s’ouvrir de plus en plus d’établissements musicaux et se produire des interprètes de renom devant un public toujours plus nombreux. Au cours du XIXe siècle se propage largement l’habitude d’organiser des soirées musicales «de chambre», on assiste à la fondation de conservatoires municipaux, à l’édition de partitions, à la fabrication d’instruments de musique, à la parution de périodiques spécialisés, et la fréquentation des salles de concert aug- Annie Fischer, l’une des plus éminentes Le cours de perfectionnement du pianiste parmi les pianistes hongrois du XXe siècle György Cziffra au chateau Festetics de › mente. A Pozsony, Sopron, Pest, Keszthely Exercices en commun – Dezsô Ránki et Zoltán Kocsis à 18 Le concert commun de János Ferencsik et Yehudi Menuhin à ans en 1970 Budapest, en 1964 L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE HONGROISE 7
Sir George Solti était fier de son origine hongroise Le duo de Placido Domingo et Andrea Rost à leur concert de Budapest un langage musical en tous points com- parable à celui des compositions d’Europe occidentale. Il n’est pas dû au hasard que les critiques étrangers de l’époque attirent l’attention sur le style un peu italien de Bánk bán. Le succès des oeuvres d’Erkel s’explique – outre leur actualité politique – par l’utilisation habile d’un langage musical hongrois, créé pour caractériser ses scènes «hon- groises» et sa combinaison ingénieuse avec les styles français et italien. L’épanouissement de la nouvelle musique savante hongroise s’attache au nom de Ferenc Liszt (1811-1886) qui, dans les années 1830-1840, subjugua toute l’Europe par ses exceptionnelles qualités de pianiste et de compositeur. Découvrant ses racines lors des inonda- L’orchestre tzigane de 100 membres, qui a tions de Pest en 1838, il donne ensuite feté en 2000 les dix ans de sa fondation, › plusieurs concerts dans son pays natal. A sauvegarde et enrichit les traditions partir de cette date, il contribuera de diverses façons au développement de la pelle Károly Goldmark (1830-1915), qui vie musicale hongroise : sur la scène, par doit sa renommée internationale avant ses compositions, par l’acceptation d’un tout à ses opéras. rôle public, et même par une aide Dans la deuxième moitié du XIXe matérielle. Liszt était en outre un citoyen siècle, le niveau de la vie musicale à du monde aux vues larges, capable d’ex- Budapest atteint celui des métropoles de primer ses sentiments patriotiques à un l’Europe occidentale développée. Son niveau digne des plus grandes figures de opéra, ses orchestres, ses salles de con- l’histoire universelle de la musique. Dans cert et les chefs d’orchestre qui y tra- ses oeuvres, le romantisme européen le vaillent – entre autres Artur Nikisch plus abouti et les traditions hongroises se (1855-1922) et Gustav Mahler (1860- fondent parfaitement. C’est ainsi que, 1911) – font de la capitale hongroise un grâce aux opus de Liszt, l’héritage musi- haut lieu de la musique européenne. Des cal hongrois du XIXe siècle entra dans le bancs de son Académie de Musique sor- patrimoine universel de la musique. A tent d’excellents musiciens, capables de côté de Liszt, le deuxième compositeur triompher plus tard sur les podiums du Márta Sebestyén, interprète de chansons hongrois le plus connu de ces temps s’ap- monde entier, et l’on assiste à la nais- populaires 8 L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE HONGROISE
L’opéra rock Etienne le roi, de Levente Szörényi et János Bródy, a L’un des artistes les plus originaux du jazz hongrois, été présenté en 1983 Károly Binder coles saisonniers (celles des journaliers) et de musiciens de niveau international ne le service miliaire obligatoire passé loin s’accompagne pas d’un nombre appro- du sol natal contribuent également à la prié de professeurs de musique qualifiés propagation des nouvelles chansons po- dans les écoles du pays, surtout en pulaires. L’apparition d’un style nouveau province. En s’efforçant d’y remédier, à dans la musique populaire ne signifie pas la fin des années 1890, il se tourne vers la nécessairement la destruction, l’oubli des musique nationale authentique sous l’in- anciens. Ainsi l’illustre ethnographe Béla fluence de Béla Vikár. De 1905 à 1914, il Vikár (1859-1945) découvre encore une parcourt le Haut Pays et la Transylvanie culture musicale variée et vivace dans tel à la recherche de chansons folkloriques ou tel village choisi pour en recueillir les qui transformeront ensuite sa vision du vestiges. monde en tant qu’homme et musicien. A Au début du XXe siècle, les inter- partir de là, sa vocation déclarée sera de prètes hongrois de la musique ont un recueillir et d’étudier le patrimoine fol- public local sensible et cultivé. Le «va-et- klorique hongrois, puis de l’intégrer dans vient» des artistes autochtones et la culture quotidienne au moyen de l’édu- étrangers facilite le renforcement d’une cation scolaire. culture de la scène à même de relayer les En sa qualité de compositeur, Kodály valeurs traditionnelles et de rester combine les traditions postromantiques ouverte aux courants musicaux mo- avec l’univers des chants folkloriques dernes. Au tournant de notre siècle, le hongrois. Après 1920, il compose essen- genre musical le plus populaire est tiellement des oeuvres vocales, la plupart l’opérette. Aux pièces viennoises créées d’entre elles pour choeurs, ainsi que deux sur le modèle de la grande opérette oratorios (Psalmus Hungaricus, Te Deum française sereine, divertissante, mais un de Buda), deux opéras (János Háry, Veillée peu mièvre – de Franz Suppé (1819-1895) sicule) et de nombreux morceaux pour L’opéra rock dont le sujet est l’histoire du et de Johann Strauss fils (1825-1899) – solistes. Sa célébrité mondiale est due, chef des Huns a été présenté en 1993 succèdent bientôt des oeuvres hongroises outre ses compositions, à sa méthode de qualité, composées par Ferenc Lehár pégagogique dans l’enseignement de la sance de la critique musicale et de la (1870-1948), Imre Kálmán (1882-1953) et musique. Il a souvent insisté dans ses musicologie. Jenô Huszka (1875-1960), qui ne études sur le rôle capital de la musique – La chanson hongroise de type nou- tarderont pas à accéder à la renommée d’une part folklorique véhiculant les tra- veau prendra forme à la faveur de l’ul- mondiale et dont la popularité ne s’est ditions nationales, d’autre part savante de time essor de la culture populaire dans les pratiquement pas démentie jusqu’à nos haut niveau – dans la formation de la per- dernières décennies du XIXe siècle, au jours. sonnalité, dans la vie et l’échelle des moment où, comme dans la plupart des En dépit de la diversité de la vie musi- valeurs de l’homme cultivé et bien équili- pays occidentaux, la musique folklorique cale hongroise, dans les années 1920 bré. C’est la raison pour laquelle il con- est sur le point de disparaître. Les grandes Zoltán Kodály (1882-1967) relève et cri- sacra tant d’énergie aux questions rela- migrations inhérentes aux travaux agri- tique le fait que l’existence d’un opéra et tives à l’éducation musicale des enfants et L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE HONGROISE 9
de la jeunesse et composa tant d’oeuvres en premier lieu des opus de Kodály et de György Ligeti (1923- ), décidèrent de visant à réaliser ses objectifs didactiques Bartók. s’expatrier. D’autres, tel László Lajtha en la matière. Le style de composition de Leó (1892-1963) d’orientation profrançaise, La synthèse universelle de la musique Weiner (1885-1960) porte l’empreinte à optèrent pour l’exil intérieur. Dans les moderne et des traditions musicales hon- la fois des maîtres romantiques et de la compositions de Pál Járdányi (1920- groises est liée au nom de Béla Bartók musique populaire hongroise. Maints 1966), disparu prématurément, nous (1881-1945), l’une des plus grandes fi- instrumentistes de renommée mondiale pouvons déceler les traces de son attache- gures de l’histoire de la musique, dont honorent leur maître en cet éminent ment à la musique populaire, tandis que l’oeuvre constitue une importante com- enseignant de la musique de chambre. certains, comme György Kósa (1897- posante du patrimoine musical mondial. Kodály et Bartók ont exercé une 1984), réussirent à se forger un style indi- Jeune, il débuta comme pianiste au talent influence déterminante sur toute la viduel et pourtant limpide. exceptionnel et compositeur plein de musique hongroise du XXe siècle. C’est La prévoyance de l’Etat et le besoin promesses. Son intérêt se dirige aussi, dès leur activité qui a marqué la nature de la d’une musique accessible à tous se mani- 1905, vers la musique folklorique, ce qui vie musicale ainsi que la production de la festèrent non seulement dans le domaine l’incite à entreprendre des voyages d’ex- jeune génération de compositeurs. de la composition, mais aussi dans celui ploration en Transylvanie, en Durant le régime socialiste instauré à des concerts et de la pédagogie musicale. Transdanubie, mais aussi dans les pays l’issue de la Seconde Guerre mondiale, La politique culturelle officielle encou- voisins de la Hongrie. En tant que l’idéologie officielle veilla au respect de la rage l’entrée en scène des musiciens ama- pianiste de notoriété mondiale, il effectua des tournées en Hongrie, aux quatre coins de l’Europe et même aux Etats- Unis d’Amérique. C’était un génie doté d’une capacité de travail incroyable. Il notait régulièrement, 8 à 10 heures par semaine au minimum, des mélodies po- pulaires, donnait souvent des concerts et composa des oeuvres importantes. La musique de Bartók est une «créa- tion moderne». Allant au-delà des tona- lités des siècles précédents, l’artiste libéra, à l’instar de ses confrères occidentaux, les douze sons du système tonal, à la recherche de nouveaux principes d’a- gencement musical. Ce sont les motifs fondamentaux et les schémas rythmiques des chants populaires étudiés par Bartók qui lui fournirent la clé de la solution. Parmi ses compositions les plus célèbres mentionnons trois pièces destinées à la scène (un opéra intitulé le Château de Barbe-Bleue, un ballet, le Prince de Bois, et une pantomime, le Mandarin mer- veilleux), des cycles symphoniques, six Le luthier Tibor Semmelweis montre à son Le tableau Jeune fille au violoncelle de quatuors à cordes, la Cantata profana, élève les tours de main permettant de Róbert Berény (1928) est l’une des oeuvres trois concertos pour piano, un Concerto remettre à neuf un violoncelle les plus connues de la peinture hongroise pour violon, une Musique pour cordes, per- du XXe siècle cussion et célesta, la série d’exercices pour musique classique, mais il fallut admettre teurs et cette aspiration correspond à la piano Microcosme, le Divertimento pour l’orientation imposée par l’Etat (en concrétisation de la devise lancée par cordes et le Concerto pour orchestre sym- somme le parti communiste). Ce dernier Kodály : «Que la musique soit à tous !» phonique. subventionna les recherches folkloriques Dans l’enseignement de la musique, prio- Contemporain de Bartók et de et la musicologie en échange de l’accepta- rité sera accordée aux chants fol- Kodály, leur frère d’armes dans la lutte tion de sa dictature sur le plan tant per- kloriques, à leurs arrangements et aux menée en faveur du renouveau de la sonnel que professionnel. En isolant les choeurs simples de style populaire. Le musique hongroise, Ernô Dohnányi compositeurs des courants de la musique mouvement choral qui s’épanouit alors (1877-1960), devenu directeur des princi- moderne, les responsables de la politique permet vraiment à de larges couches de se paux établissements musicaux de culturelle souhaitaient voir et entendre familiariser avec la musique. Budapest -l’Académie de Musique et la une musique populaire conservatrice et A mesure que l’emprise de l’Etat se Société philharmonique – et après avoir «facile à comprendre». relâche à partir des années 1960, les dans sa jeunesse parcouru une brillante Pour fuir l’oppression, quelques com- artistes hongrois voient s’ouvrir devant carrière de pianiste, oeuvra beaucoup à la positeurs talentueux des années 1950, par eux la possibilité d’entretenir des con- propagation de la musique de son temps, exemple Sándor Veress (1907-1992), tacts avec la vie musicale moderne 10 L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE HONGROISE
d’outre-frontières. Ils découvrent et sui- sont à l’origine d’une nouvelle tendance tion des musiciens n’ont débuté que dans vent peu à peu les courants d’abord dodé- musicale s’inspirant des modèles les années 1970. Le jazz hongrois a, caphonique, puis sériel, aléatoire et enfin étrangers auparavant inconnus en depuis lors, acquis une célébrité consi- minimaliste. Hongrie – Erik Satie (1866-1925), John dérable à l’intérieur et à l’extérieur du L’oeuvre des maîtres créateurs d’é- Cage (1912-1992). Ces interprètes actifs pays. Aux festivals, aux concerts et sur les cole, par exemple Ferenc Farkas (1905- ont mis un accent tout particulier sur la disques on a vu surgir d’excellents solistes 2000) et Endre Szervánszky (1911-1977), création d’un réseau de musiciens capa- (Balázs Berkes, Károly Binder, László trahit, outre l’influence de Bartók, celle bles d’exécuter des morceaux contempo- Dés, Csaba Deseô, Antal Lakatos, Aladár de la dodécaphonie. C’est sous cet impact rains et d’un public de connaisseurs. A Pege, György Szabados, Béla Szakcsi double que débute la carrière de György partir des années 1970, leur présence à Lakatos, Rudolf Tomsits, György Kurtág (1926- ), actuellement le composi- des festivals de musique contemporaine à Vukán) et ensembles de niveau interna- teur hongrois peut-être le plus connu à l’étranger (Automne de Varsovie, tional (Benkó Dixieland Band, Kõszegi, l’étranger. Les deux élèves de Kodály – Darmstadt, etc.) constitue une chance Super Trió). Rudolf Maros (1917-1982) et András inouïe pour la jeunesse hongroise mélo- Le climat de détente des années 1970 Szôllôsy (1921- ) – font partie des créa- mane. dans le domaine de la politique intérieure teurs les plus originaux de leur généra- Les membres du dernier groupe de crée des conditions favorables au démar- tion. Les représentants hongrois les plus compositeurs apparus dans les années rage du mouvement des maisons de danse fertiles de l’opéra – et de l’art vocal en 1980 – György Orbán (1947- ), János en Hongrie. Ferenc Sebô (1947-) et Béla L’Opéra de Budapest, conçu par l’architecte Miklós Ybl et construit en 1887, est non seulement la théatre de représentations musicales › prestigieuses, mais abrite également des manifestations sociales et des bals général – s’appellent Emil Petrovics Vajda (1949- ), György Selmeczi (1952-) Halmos (1946-) ont fondé la leur sur des (1930- ) et Sándor Szokolay (1931- ) et et Miklós Csemiczky (1954-) – ressusci- chansons recueillies dans de petits vil- aux côtés de Sándor Balassa (1935- ), tent les styles et les genres d’autrefois lages isolés de la culture moderne, avant d’Attila Bozay (1939-1999) et de Zsolt dans leurs morceaux à l’accent nostal- tout en Transylvanie, et un jeu tradition- Durkó (1934-1997), ils ont beaucoup fait gique, d’un accès relativement aisé. nel appris auprès de musiciens locaux. Le pour la création d’un langage musical Pareillement à la musique classique réveil de la musique et des danses du fol- moderne en Hongrie. Quant à János moderne, le jazz n’a occupé, lui aussi, que klore hongrois attire surtout la jeunesse Decsényi (1927- ), József Sári (1935-) et récemment la place qui lui revient sur les urbaine, ce qui favorise l’émergence et le József Soproni (1930-), ils sont en train de podiums des salles de concert et dans les succès de nombreux ensembles jouant créer un oeuvre cohérent, fondé sur une écoles hongroises. Bien que bon nombre une authentique musique populaire pratique sûre du métier. de solistes ou d’ensembles de jazz réputés (Kolinda, Mákvirág, Muzsikás, Téka, Les membres du Nouveau Studio s’activent dans le pays depuis le début de Vízöntô, Vujicsics) et de chanteurs Hongrois, formé en 1970 – Zoltán Jeney notre siècle, les programmes organisés, puisant dans ce même répertoire (Ilona (1943-), László Sáry (1940-), László les concerts financièrement soutenus par Budai, Laura Faragó, Éva Ferencz, Irén Vidovszky (1944-), Barnabás Dukay les établissements musicaux, les clubs, Lovász, Márta Sebestyén et Katalin (1950- ), Zsolt Serei (1954- ) et d’autres – l’édition régulière du disque, la forma- Szvorák). L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE HONGROISE 11
Le progrès technique de la fin du XXe populaires (Levente Szörényi-János subventions centrales a imposé à tous les siècle – la muliplication des supports Bródy : Kelemen le maçon, Etienne le établissements musicaux le devoir de réu- musicaux de plus en plus performants – roi, Anna Fehér, László et Edua, nir eux-mêmes les conditions matérielles relègue au second plan la musique live L’excommunié ; Levente Szörényi- de leur fonctionnement, d’où la nécessité tout en créant parallèlement les possibi- Sándor Lezsák : Attila ; László Tolcsvay- de trouver des sponsors et des mécènes. lités de pratiquer la musique électronique. Péter Müller : L’Evangile selon Marie) Sans doute les phénomènes susmention- Notre vie musicale fortement poli- Malgré une plus grande liberté que nés caractérisent-ils ce domaine un peu tisée a subi des transformations sérieuses par le passé, la musique classique, à l’ins- partout dans le monde. lors du changement de régime de 1989. tar d’autres disciplines artistiques ou de la Nonobstant les difficultés des décen- Les vents nou- nies précé- veaux com- dentes, nous mencèrent à pouvons être souffler encore fiers de ce que la plut tôt dans la Hongrie est con- musique légère : sidérée à l’é- dès les années tranger comme 1960, le rock un haut lieu de devint l’un des la musique et symboles de la que bon nom- résistance poli- bre d’artistes de tique. Ce style, renom témoi- jusque-là sévère- gnent du niveau ment condamné élevé de la cul- et donc pra- ture musicale tiquement hongroise, dont ignoré des gens, le compositeur fut enrichi d’une de musique de couleur et d’un film Miklós contenu spé- Rózsa (1907- cialement hon- 1995, les chefs grois par des d’orchestre ensembles (Illés, Antal Doráti O m e g a , (1906-1988) et Lokomotiv Gt, György Solti Fonográf) et des La fresque d’Aladár Kôrösfôi Kriesch, intitulée Le jet d’eau des arts, orne le batiment de (1912-1997), le › solistes (Klári l’Université des arts musicaux, qui porte le nom de Ferenc Liszt violoniste et chef Katona, Zsuzsa d’orchestre Koncz, Kati Kovács, Sarolta Zalatnay, littérature, ne peut elle non plus échap- Sándor Végh (1912-1997), le violoniste Péter Máté) sortis de l’anonymat lors des per à la politisation. Les acteurs de la Loránd Fenyves (1918- ), le compositeur festivals et des compétitions «Qui sait scène musicale se livrent aussi des com- et chef d’orchestre Péter Eötvös (1944- ), quoi?». A partir du milieu de la décennie bats pour les faveurs du public et des les pianistes György Cziffra (1921-1994), 1980, la musique rock revient à la mode, médias. Le passage à l’économie de Zoltán Kocsis (1952 – ), Dezsô Ránki cette fois sous une forme dramatique. Les marché a conduit à la transformation du (1951- ), András Schiff (1953- ), le violon- opéras et les oratorios nés de cette inspi- système institutionnel : après 1990, l’Etat celliste Miklós Perényi (1948- ), les ration (pareillement aux opéras nationaux a perdu sa position de monopole dans chanteurs Éva Marton (1943- ), Szilvia du XIXe siècle) s’illustrent moins par l’organisation des concerts, l’édition Sass (1951- ), László Polgár (1947- ), leurs qualités musicales que par leurs musicale et le financement des ensembles Andrea Rost (1962- ). sujets avant tout historiques, religieux et artistiques. La baisse spectaculaire des Ágnes Dobszay Les numéros parus en français depuis – La défense nationale hongroise – L’enseignement en Hongrie 1996 dans la série de publications – Politique étrangère de la Hongrie, – La Hongrie et ses habitants DOSSIERS SUR LA HONGRIE membre de l’OTAN – Les fêtes nationales de la (reproduits sur le site Internet du – Au seuil du nouveau millénaire République de Hongrie ministère) – Les relations entre la Hongrie et – Les symboles nationaux de la l’Union européenne République de Hongrie – Mesures centrales destinées à pro- – La Hongrie et le Conseil de l’Europe – Mille ans de culture hongroise mouvoir l’intégration des Tsiganes – Le chemin des Hongrois de – Les champions olimpiques hongrois de Hongrie l’Orient à leur patrie actuelle – La République de Hongrie – Minorités nationales et ethniques – La Hongrie et l’OTAN – Minorités nationales et ethniques en Hongrie – La révolution hongroise de 1956 en Hongrie – L’histoire de la Hongrie – Contribution hongroise à la cul- – Lauréats d’origine hongroise du – Les Eglises historiques de Hongrie ture universelle prix Nobel Adresse Internet du Ministère des Affaires étrangères de la République de Hongrie: http://www.mfa.gov.hu
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