L'impact économique des chats et chiens errants sur l'industrie touristique - Par Diana Webster Mai 2013

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L'impact économique des chats et chiens errants sur l'industrie touristique - Par Diana Webster Mai 2013
L'impact économique des chats et chiens
    errants sur l'industrie touristique
            Par Diana Webster
                Mai 2013
Remerciements

Che Green, Humane Research Council
Jean Cloutier, Air Transat
Keith Lawless, Air Transat
Jami Latham, Charitywise Inc.
Tracey Buyce, Tracey Buyce Photography
Laura Cull, Hope for Healing
Alex Pacheco and Maria Papazian, 600 Million Stray Dogs Need You
Diana Diskin, Esq.

Contacts
Diana Webster
Diana@humaneadvisor.com
www.humaneadvisor.com

2013. Produit par Diana Webster et CANDi International. Tous droits réservés

Photo de couverture : Les chiens errants de manger du pain. Photo gracieuseté de SPAP, Pape’été,
French Polynesia.

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Introduction

Imaginez-vous, par une belle journée de vos vacances tant attendues et méritées, dans un de ces
paradis tropicaux qui vous faisaient rêver. Le ciel dégagé, et l'eau turquoise vous invitent à une
agréable promenade en famille sur la plage de sable blanc qui longe votre hôtel de luxe. Les
enfants s'égayent dans les vagues tandis que vote épouse ramasse des coquillages. Tout à coup,
un chien surgit de derrière un palmier, remuant la queue. Alors qu'il s'approche, vous constatez
qu'il s'agit manifestement d'un chien errant, maladif, famélique et pelé. Vos enfants lèvent les
yeux vers vous et vous demandent d'aider ce chien, mais vous êtes en vacances, à l'étranger, et ne
savez pas quoi faire.

Après avoir donné au chien un peu d'eau, et quelques restes de pique-nique trouvés au fond de
votre sac de plage, vous le laissez derrière vous à contrecoeur, et regagnez votre hôtel, votre
femme et vos enfants en larmes, le cœur brisé, et cette belle journée gâchée par ce spectacle.
Vous questionnez le concierge de l'hôtel à propos de ce chien errant, mais il n'a que des excuses à
vous offrir. L'image de ce chien abandonné et affamé hante le reste de vos vacances, et même une
fois rentrés, il reste pour votre famille indissolublement lié à vos souvenirs de vacances dans cet
hôtel de luxe dans un coin exotique.

Pour de nombreux touristes, la rencontre avec des chats ou des chiens manifestement à l'état
d'errance – faméliques, malades, en souffrance - au cours de leurs vacances, laisse une impression
négative et durable. De récentes recherches ont montré qu'après une telle expérience, beaucoup
d'entre eux sont alors moins susceptibles de retourner vers cette même destination, et qu'ils ont
tendance à évoquer l'incident auprès de leurs amis, de leurs familles, de leurs collègues, et à
témoigner sur des sites de voyageurs. Certains touristes refusent même de s'envoler vers
certaines destinations parce qu'ils ne veulent pas être confrontés à des chats errants ou des chiens
en souffrance, ou parce qu'ils ont entendu que le pays en question exerçait des méthodes
inhumaines de contrôle des populations d'animaux errants, en procédant à des massacres- une
solution à la fois inefficace, peu pratique et immorale. Ces touristes représentent un nombre
conséquent de consommateurs socialement engagés, susceptibles de «voter avec leur
portefeuille » afin d'éviter d'être confrontés à ces animaux qui souffrent - et qui influencent donc
potentiellement les bénéfices des agences de voyages, et l'économie des zones touristiques au
sens large.

Ce rapport est la présentation d'une recherche montrant l'impact économique effectif sur le
tourisme de l'expérience de ces vacanciers, confrontés aux chats et chiens errants. Nous
évoquerons également les raisons fondamentales qui rendent tout à fait rentable pour les
compagnies touristiques, et les administrations des zones touristiques, d'aider les animaux errants
en montant des programmes qui contrôlent de façon humaine leur densité de population, en
appliquant la seule solution éthiquement valable qu'est la stérilisation.
Et au-delà du tourisme en lui-même, une attitude humaine est la juste conduite à tenir envers les
animaux, l'environnement et la communauté.

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La compassion, un facteur-clé dans les choix des touristes

Les chats et chiens errants peuvent-ils vraiment influencer les choix de millions de touristes en
matière de voyage?1 C'est en tout cas ce que démontrent les résultats d'une enquête2 menée
auprès de plus de 1200 touristes américains et canadiens, par CANDi International 3, une
association à but non lucratif présente aux USA et au Canada, et par l'HRC (Humane Research
Council)4, une association américaine pour la recherche, également à but non lucratif. Cette étude
ne révèle pas seulement que la présence de chats et chiens errants a un effet mesurable sur le
vécu d'un nombre conséquent de vacanciers, mais également que ce vécu va venir influencer leurs
futurs projets de voyages, particulièrement en ce qui concerne des destinations où les animaux
errants font autant partie du décor que les pina coladas, les chaises longues ou l'auto-bronzant.

Si l'on va plus loin, les recherches montrent en général que les consommateurs n'investissent que
là où ils se reconnaissent: deux tiers (66%) des consommateurs issus de vingt-six pays, affirment
qu'ils préfèrent acheter des produits et des services auprès d'entreprises qui mettent en œuvre
des programmes à caractère social.5 Réduire la souffrance chez les chats et chiens errants dans les
régions touristiques est une façon de s'engager socialement, en ce qu'il s'agit d'améliorer la santé
et la sécurité des communautés locales, et aussi le vécu de bien des touristes, qui rapportent
combien le fait de voir des animaux en détresse pendant leur séjour, laisse un goût amer à leurs
souvenirs vacances.6

En substance, et compte tenu de la compétition croissante entre voyagistes, le traitement
humainement digne des chats et chiens errants dans les régions touristiques mériterait de figurer
dans l'équation de l'industrie touristique pour de nombreux pays dépendant du tourisme comme
d'une composante majeure de leur produit intérieur brut (PIB). Les données de l'étude menée par
CANDi/HRC ne donnent qu'un aperçu de ce que pensent les touristes, mais indiquent clairement
un impact grandissant de la présence des animaux errants sur la question même du tourisme.

Afin d'évaluer l'impact potentiel de la présence de chats et chiens errants (exclusivement)7 sur leur
vécu de voyageur , et sur leurs futurs achats en matière de voyages, l'association CANDi et le HRC
ont mené une enquête auprès de 1200 touristes américains et canadiens. On demandait à ces
touristes s'il leur était arrivé de rencontrer des chats et chiens errants, l'effet qu'avait produit sur
eux cette ou ces expérience(s), et l'impact que cela aurait sur leurs futures décisions en matière de
voyage. L'enquête comprenait également des question ouvertes sur les expériences les plus
récentes de vacanciers confrontés aux chats et chiens errants, sur les destinations que certains
avaient rejetées pour cette raison, et sur ce qu'ils feraient s'ils étaient confrontés à une telle
expérience.

Sans surprise, près de deux tiers des personnes à avoir répondu avaient effectivement vu des
chats ou des chiens errants lors de leur dernières vacances hors des Etats-unis ou du Canada, plus
précisément 63% des voyageurs américains, et 61% des canadiens. Et près de 650 des participants
ayant répondu, avaient des commentaires à faire sur des chats ou chiens errants qu'ils avaient pu
voir lors de leurs voyages. Bien que tous les commentaires recueillis n'aient pas trahi une
perception négative de ces animaux, le simple fait que ces voyageurs éprouvent le besoin de
s'exprimer sur le sujet, dénote de façon frappante combien la présence de ces animaux errants
s'était imprimée fortement dans le vécu psychologique qu'ils avaient du lieu qu'ils avaient visité.

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Voici quelques exemples de commentaires qui ont pu être relevés :

    « Il y a «énormément de chiens errants à St Martin. La plupart sont rendus inoffensifs par
     la chaleur, mais n'empêche que ça fait peur, parce que tu ne sais pas s'ils sont méchants ou
     pas » (femme, âge : 55-64)

    « Il y avait plein d'animaux errants à Kathmandou, au Népal. La plupart étaient à l'état
     sauvage, pas domestiques, et beaucoup avaient des maladies (ça se voyait à leur peau). On
     m'avait bien dit ne ne pas les toucher ou les approcher, qu'ils étaient très sales, et aussi
     probablement porteurs de plein de maladies. Donc ça faisait plutôt peine de les voir, et de
     savoir qu'ils se reproduisaient comme ça n'importe comment, parce qu'aucun n'était castré
     » (femme age : 20-24)

    « Il y avait tellement de chiens errants que la nuit, on n'osait pas marcher dans les coins
     peu fréquentés » (homme, âge 45-54)

    « Un jour qu'on traversait un quartier très pauvre de Mexico en voiture, on a vu plein de
     chien errants. Ca a eu un effet très négatif sur moi. J'ADORE les animaux. Alors être logée
     dans un superbe hôtel 5 étoiles et tomber au bout de 30 minutes de voyage sur des chiens
     mourant de faim, c'était vraiment dur » (femme, âge 18-24)

    « l'hôtel où on logeait était peuplé de chats sauvages. L'hôtel avait mis en place un point de
     ravitaillement pour eux et les nourrissait régulièrement. Les chats étaient aussi capturés
     pour pouvoir les stériliser/castrer, et puis relâchés. C'était bien de voir comment cet hôtel
     prenait soin de ces animaux » (femme, âge 55-64, Canada)

    « Je m'étais offert un voyage sur l'île de Porto Rico. Alors qu'on se promenait à travers l'île,
     j'ai vu beaucoup de chats et de chiens errants. Ils étaient tout pelés, maigres et affamés.
     C'était vraiment horrible à voir. Je me sentais mal quand je les regardais, et j'ai eu les
     larmes aux yeux à plusieurs reprises. J'en voyais tellement, je voulais arrêter la voiture pour
     aider tous ceux que je pouvais. C'était vraiment une expérience très triste » (homme, âge
     25-34)

    « J'ai vu plein de chats sauvages, mais qui avaient l'air plutôt bien entretenus » (femme,
     âge 65 et plus)

    « Juste à la sortie de l'hôtel où je logeais, il y avait un groupe de chiens errants. Même s'ils
     n'entraient pas dans l'enceinte de l'hôtel, aller à pied en dehors se montrait difficile. La
     seule fois où j'ai essayé d'aller faire une balade à pied en dehors de l'hôtel, je me suis
     retrouvée presque immédiatement cernée par plusieurs chiens errants. Heureusement, un
     des gardiens de l'hôtel avait vu ce qui se passait et m'a aidée à me débarrasser des chiens »
     (femme, âge 18-24)

A la lecture de ces commentaires, on voit émerger nettement deux principales inquiétudes chez
les voyageurs concernant la rencontre avec des chats et chiens errants lors de leur séjour. En
premier lieu, ceux-ci se sont sentis inquiets quant à leur propre sécurité, et au fait que les animaux

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errants puissent être dangereux. Cependant la préoccupation très majoritairement citée touchait
plutôt à l'impact émotionnel d'avoir vu des animaux en souffrance pendant leurs vacances.
En fait, le maximum de réponses (34%) à été obtenu chez les participants lorsqu'on les interrogeait
quant à leur vécu de cette expérience qui les a bouleversés. Ces préoccupations montrent
clairement que la présence de chats et chiens errants peut affecter négativement le vécu des
vacanciers, et par conséquent leurs futures prises de décisions financières en matière de voyage.

De plus, le fait de voir des animaux errants semblerait pousser une part non négligeable des
participants à aller plus loin en agissant. Environ un tiers ont dit qu'ils en parleraient à leur hôtel
ou leur lieu d'hébergement (34%), et/ou aux agences de voyages et compagnies de tourisme
(31%). On relèvera aussi qu'environ la même proportion seraient poussés à partager leur
expérience sur les réseaux sociaux (29%), et/ou à décourager leur famille et amis de choisir la
destination en question (25%). 22% seraient prêts à partager cette expérience sur TripAdvisor, ou
Virtual Tourist, et 17% sur un autre site. Un bilan datant de 2012 croisant des statistiques des
médias sociaux et de l'industrie touristique mentionne que 92% de l'ensemble des
consommateurs disent se fier à la parole et aux recommandations de leur famille et amis plus qu'à
n'importe quelle forme de publicité, et que 70% considèrent les commentaires en ligne sur les
sites dédiés comme la seconde source d'information la plus fiable.8 Cette donnée est
particulièrement significative pour l'industrie du voyage (tours opérateurs, compagnies aériennes,
hôtels/hébergements, et destinations touristiques), un marché hautement compétitif, qui dépend
donc substantiellement du discours tenu par les voyageurs pour attirer de nouveaux clients et les
satisfaire afin qu'ils reviennent.

Le prix de la compassion – Implications dans les résultats de l'industrie touristique.

Malgré le climat économique chaotique de ces dernières années, il est clair que deux marchés
demeurent pourtant plutôt stables, voire même presque en expansion : l'industrie du
voyage/tourisme, et celle des animaux de compagnie. Les voyages – ces vacances ou congés tant
attendus- figurent en tête de la liste de nos priorités. Les baby-boomers à le retraite, et les
générations X, Y ou Z en quête d'aventure, ont rendu le monde accessible, pour satisfaire leur
besoin de découverte et de nouvelles expériences. Et l'industrie du voyage récolte les fruits de
notre aspiration à sillonner les routes, les airs et les océans de notre fabuleuse planète.
Concrètement, le voyage et le tourisme représentaient 9,1% du PIB mondial en 2011, d'après le
WTTC (World Travel and Tourism Council/ conseil mondial du voyage et du tourisme). 9 Le WTTC
s'attend également à ce que cette croissance reste positive et à long terme, et ce malgré les défis
actuels de l'économie globale.10

Et notre société en général devient de plus en plus passionnée de ses compagnons à quatre
pattes. Le marché global dédié aux animaux de compagnie continue de croître, et ce malgré des
conditions économiques mondiales qui jouent les montagnes russes, avec un bond en avant qui lui
a fait atteindre un budget de 94 milliards de dollars en 2012.11 Les analystes prédisent que les
ventes vont continuer de grimper sur les cinq prochaines années, particulièrement sur les marchés
des pays émergents tels que l'Inde et le Brésil, qui rejoignent maintenant la tête du peloton, leurs
revenus croissants leur permettant désormais de s'offrir des animaux de compagnie. 12

Les Etats-Unis et le Canada, reconnus pour être fous de leurs animaux domestiques, caracolent en
tête des ventes liées à l'industrie globale des animaux de compagnie : les Etats-unis affichent ainsi
un budget dédié de 56.7 milliards de dollars en 2011,13 alors que le Canada atteint la somme
respectable de 3.6 milliards de dollars en 2010, et un marché prévisionnel pour 2015 de 4.9
                                                                                                     6
milliards de dollars.14 Tout cela représente un sacré paquet de litière, de colliers et de jouets qui
couinent. Cette contribution croissante au marché des animaux de compagnie signe ce qu'on
appelle dans l'industrie « l'humanisation de l'animal ». Paula Flores, directrice du Global Petcare
Research (recherche globale sur les soins aux animaux) pour Euromonitor explique que « la
tendance qu'on observe actuellement, à traiter les animaux de compagnie comme des membres
de la famille, se retrouve dans l'apparition croissante de produits tels que les menus « gourmets »
pour chats et chiens. Un autre cap est franchi dans la tendance avec des produits tels que des
reproduction de leur maison en modèle réduits offerts par des maîtres à leur chien, ou la première
chaîne de télévision canine.15

Ces deux facteurs économiques et leurs moteurs de croissance (le désir croissant de voyager et
l'humanisation de l'animal) indiquent que les décisions d'achats des touristes pourrait être
influencées par leur amour des animaux. Ainsi, par exemple, une part non négligeable des
voyageurs (41%) disent qu'ils seraient moins susceptibles à l'avenir de se rendre dans des régions
où l'on trouve beaucoup de chats et chiens errants. Or, 41% de mille voyageurs, cela fait 410
vacanciers découragés de retourner sur un lieu de séjour à cause des chats et chiens errants.
En 2012, d'après les chiffres du Département de Commerce Américain, et du Bureau de l'Industrie
du Voyage et du Tourisme, 10 231 372 visiteurs américains s'étaient déjà rendus au Mexique.16
Pour le Canada, plus de 1.000.000 de touristes canadiens ont voyagé au Mexique de Janvier à Juin
2012.17

En extrapolant ces chiffres on voit que plus de 4 millions de voyageurs américains sont moins
susceptibles de se rendre au Mexique en raison de préoccupations liées aux chats et chiens
errants. Les tour opérateurs, les compagnies aériennes, les hôtels et les bureaux locaux de
tourisme, qui s'évertuent à générer chez les touristes un discours positif et l'envie de revenir, 18
devraient se pencher sérieusement sur ces projections, et en évaluer les ramifications potentielles.
Ainsi, de nombreux hôtels considèrent que les clients récurrents constituent la « base de leur
fonds de commerce », d'après Robert Mandelbaum, qui travaille pour la PFK Hospitality
research.19

Et même, beaucoup de voyageurs (7%) peuvent nommer les destinations où ils refuseraient
catégoriquement de se rendre à cause des chats et chiens errants. Parmi les voyageur qui
signalaient qu'ils éviteraient certains lieux de vacances parce qu'ils avaient vu des animaux
abandonnés, le Mexique était le plus souvent cité comme l'endroit où ils ne souhaiteraient pas se
rendre. (voir figure 1)

Figure 1

 Mexique                                          19%
 Inde                                             16%
 Asie ou pays asiatiques (sauf Inde)              16%
 Aucune ou « pas sûr »                            9%
 Oui (non précisé)                                5%
 « pays du tiers monde »                          4%

Réponses à la question : « pouvez-vous préciser quelles destinations vous voudriez éviter en raison de la présence
                                          de chats et chiens errants »

En d'autres mots, ce n'est pas seulement une poignée, mais des millions de voyageurs qui non
seulement tiennent à se renseigner sur la présence éventuelle de chats et chiens errants, mais qui
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évitent même certains pays s'ils ont connaissance que les animaux errants y sont un problème.
Pour des destinations qui comptent essentiellement sur l'argent du tourisme pour leur équilibre
fiscal, comme les communautés touristiques au Mexique, les Caraïbes, et beaucoup d'autres lieux
en Europe et en Asie, ces chiffres pourraient ni plus ni moins faire la différence entre prospérité et
catastrophe économique, compte tenu de l'incertitude du climat économique actuel.

Les autres coûts pour la communauté

Au-delà du tourisme, ce que coûtent les chats et chiens errants a déjà un impact sur l'économie
locale des destinations touristiques, car ceux-ci affectent l'environnement, et perturbent des
écosystèmes délicats, l'agriculture locale, et l'élevage.

Les écosystèmes de ces destinations tropicales qui enchantent les touristes par leur flore et leur
faune exotiques, sont profondément altérées par les animaux errants, les chats abandonnés à
l'état sauvage qui sont des prédateurs tout trouvés pour les oiseaux, les petits mammifères et les
lézards.20 A long terme, « un couple de chats ayant deux portées par an, peut exponentiellement
produire jusqu'à 420000 félins en sept ans. Les chats errants sont donc, simplement du fait de
leur nombre, en compétition directe avec la faune sauvage locale, pour le territoire et les réserves
de nourriture » explique le Dr Mark Trotman, des services vétérinaires du Ministère de
l'agriculture et du développement rural de la Barbade.

La destruction de la biodiversité par les animaux errants représente un coût significatif pour la
communauté au niveau local comme au niveau global. La National Wildlife Federation (Fédération
Nationale de la Vie sauvage) (NWF) précise que « la biodiversité nous permet de vivre heureux et
en bonne santé. Elle nous offre tout un éventail de nourriture et de matériaux, et contribue à
l'économie. Sans cette diversité de pollinisateurs, de plantes, de sols, nos supermarchés auraient
beaucoup moins de produits à proposer ».21 La clé pour préserver tout écosystème est une gestion
contrôlée par l'homme des chats errants, afin de prévenir la pertes d'espèces indigènes jouant le
rôle de pollinisateurs.

Amos Bien, du Programme des Nations Unies pour l'Environnement, a exploré les bénéfices
économiques qu'il y a à protéger la biodiversité dans un effort pour tendre vers un « tourisme
vert », et il a montré que chacune de ce genre d'initiatives amenait le meilleur retour sur
investissement possible. « Investir du capital pour rendre le secteur du tourisme plus vert, peut
très vite être rentabilisé par les économies alors réalisées sur les frais engagés, qui incluent non
seulement le coût des initiatives « vertes », mais aussi les effets socio-économiques des pertes du
secteur touristique » avance Bien. Dans l'un des exemples qu'il cite -une destination ensoleillée et
touristique d'Espagne- Bien a observé que « les économies effectuées en réduisant grâce à des
programmes « verts » les frais engagés, comparées à la mise de fonds, est de l'ordre de 174 pour
cent (amélioration des bâtiments hôteliers), à 707 pour cent (Conservation de la Biodiversité).22
Ceci montre que mettre de l'argent dans des programmes visant à gérer de façon humaine les
populations de chats sauvages est une initiative qui mérite qu'on y investisse des moyens.

A propos de l'impact communautaire des chats et chiens errants, le Dr Trotman évoque les régions
caribéennes où les chiens errants qui se déplacent généralement en meute, poursuivent et tuent
régulièrement du bétail. Il affirme que les dommages infligés au marché de l'agriculture locale
sont problématiques, et sont à prendre en compte quand il s'agit de l'impact économique des
programmes pour la cause animale dans ces régions.23
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De plus, Organisation mondiale de la Santé (l'OMS ) (1996) estime que 25000 à 27000 animaux
destinés à la consommation domestique (i.e. le bétail) contractent la rage par exposition aux
chiens ou à d'autres vecteurs de cette maladie. Si les chiens ne représentent pas des prédateurs
très menaçants pour la faune sauvage africaine, les léopards, les lions, et les hyènes eux,
s'attaquent aux chiens. Et la prédation de ces carnivores sur les chiens crée un risque de
transmission de la rage, de la maladie de Carré, et de la parvovirose.24

L'ensemble de ces impacts économiques directs et indirects liés aux chats et chiens errants sont à
considérer sérieusement non seulement au niveau local par les communautés affectées, mais
aussi plus largement par l'industrie du tourisme dont les revenus sont liés à la santé, la sécurité et
le bien-être de ces régions.

Les bénéfices globaux – Vers une amélioration des zones touristiques

Les raisons pour lesquelles les acteurs du marché du tourisme devraient prendre soin des
communautés des zones touristiques peuvent sembler évidentes, mais trop souvent ces vérités
flagrantes se perdent de vue dans une poursuite par les entreprises d'objectifs plus généraux.
D'après l'ONG (organisation non gouvernementale) Pro Poor Tourism, quatre faits méritent d'être
pris en compte:

       1. Le tourisme, plus que bien des industries, dépend de la stabilité du cadre d'activité
          dans une zone touristique donnée.
       2. Le tourisme est particulièrement vulnérable à l'instabilité locale ou internationale
       3. Le tourisme vers les pays pauvres se développe
       4. Les tendances du marché révèlent une conscience croissante des problèmes
          économiques chez les consommateurs.25

En ce qui concerne l'impact des chats et chiens errants sur les communautés touristiques locales,
ces facteurs jouent un rôle important, dans la mise en lien des bénéfices économiques qu'apporte
une prise en charge humaine des animaux errants avec l'amélioration apportée à la communauté,
et donc l'intérêt d'investir dans la construction de destinations touristiques fortes.

Par exemple, un environnement stable (en termes de services communautaires tels que un accès
fiable à l'électricité, à l'eau potable et à une nourriture sans risques sanitaires, un logement
approprié, un accès à des services de santé fiables, et une protection contre la criminalité) peut
être considéré comme la base indispensable pour prétendre au statut de destination touristique.

Or, il apparaît clairement dans les résultats de l'enquête que de nombreux touristes se sentent
inquiets pour leur sécurité lorsqu'ils rencontrent des chats et chiens errants. Pourtant, il semble y
avoir comme un manque de conscience de la part de l'industrie du tourisme, et des communautés
touristiques locales, du fait que la prise en charge humaine et le contrôle des populations
d'animaux errants a une part importante dans la stabilité communautaire. Un programme de
protection animal bien mené et géré de façon humaine, ajoute non seulement à l'attrait d'une
destination, et pose la communauté comme un partenaire responsable pour les compagnies
touristiques, mais cela apporte à la communauté elle-même les avantages d'une sécurité et d'une
santé accrues.

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Un tel programme donne de plus aux voyageurs qui se sentent concernés par les problématiques
socio-économiques une raison supplémentaire de choisir une destination. Et les consommateurs
socialement responsables dépensent leur argent là où leurs convictions se trouvent respectées,
comme l'explique le rapport de Nielsen, datant de mars 2012, sur la responsabilité sociale
globale.26 Ainsi, deux tiers (66%) des consommateurs à travers le monde, disent qu'ils préfèrent
acheter des produits et des services à les compagnies qui ont mis en place des programmes à
caractère social.

Cette préférence s'étend à d'autres domaines: ils préfèrent également travailler pour ces mêmes
entreprises (62%), et investir chez elles (59%). Une plus petite partie, mais quand même près de la
moitié (46%), disent qu'ils sont prêts à payer plus pour les produits et les services de ces
entreprises.27 Sans surprise, 45% des consommateurs socialement responsables pensent que les
entreprises devraient soutenir la cause de la protection des animaux.28 En Amérique du Nord, la
protection animale se trouve au 5ème rang du classement des dix causes importantes socialement
que les entreprises devraient soutenir.29 Ces consommateurs socialement responsables,
souhaitant « voter avec leur portefeuille » représentent une opportunité pour les entreprises de
diriger leur efforts en matière de responsabilité sociale vers des projets faisant vraiment la
différence pour les communautés locales, en soutenant les programme de prise en charge
humaine des chats et chiens errants.

Aider les animaux aide les hommes

Les pays développés, où l'on trouve souvent des complexes hôteliers et des attractions de luxe,
sont aussi touchés par le fléau des populations de chiens laissés à l'abandon, entraînant des
problèmes quant au bien-être des ces animaux, et à la santé publique. Les chiens errants sont
touchés par une forte mortalité, par la malnutrition, le manque de nourriture, la maladie et la
maltraitance ; ils représentent 99% des cas de transmission de la rage au niveau mondial (OMS
2004) et sont associés à plus de soixante autres maladies zoonotiques (Beck 2000, Reece 2005).
Les problèmes sociaux supplémentaires liés aux chiens errants comprennent les accidents de la
route, les bagarres, le bruit, les enfants mordus, la contamination fécale, les poubelles éventrées,
et la reproduction incontrôlée.30

Des campagnes comme le programme « collier rouge » mené par la Société Mondiale de
Protection des Animaux, visent la vaccination antirabique pour protéger les communautés et pour
mettre fin aux massacres de chiens comme solution d'éradication de la rage.31 Toutes les
organisations de santé majeures engagées dans le contrôle de la rage32 « s'accordent sur le fait
que tuer les chiens de permet par de contrôler l'épidémie de rage canine, et n'a donc aucun
impact sur la réduction des cas de rage chez l'homme. »33

« Des colliers, pas la cruauté » est le slogan de campagne inspiré par les efforts de la BAWA (Bali
Animal Welfare Association/ Association Balinoise pour le bien-être animal) pour mettre fin aux
massacres inutiles, en faisant porter aux chiens errants de cette région touristique, ayant été
vaccinés contre la rage, un collier rouge, afin qu'ils puissent être identifiés et afin de leur éviter
d'être abattus sauvagement pour lutter contre l'épidémie. Cet effort de compassion a été
couronné de succès puisque après que 210 000 chiens ont été vaccinés, on a observé pour la
région touristique tropicale balinaise un déclin de 48% des cas de rage contractés par l'homme et
de 45% des cas de rage canine.34
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Bien que des agences de santé internationale et des organisations pour le bien-être animal se
soient entièrement polarisées sur l'éradication des maladies zoonotiques (transmissibles de
l'animal à l'homme) les plus mortelles, telles que la rage, en raison de l'état physique déplorable
dans lequel se trouve la plupart de chiens errants; une multitude d'autres maladies zoonotiques
liés aux animaux errants menacent la santé et la sécurité des populations locales et des touristes.
Par exemple l'Ascaris, la maladie de Lyme, et le typhus à tiques (tous deux véhiculés par les
morsures de tiques), ainsi que d'autres maladies parasitaires comme la gale, la teigne et la
toxoplasmose, peuvent se transmettre des chiens errants aux humains.35 Le coût engendré par ces
problèmes sanitaires sur les populations locales n'a pas été chiffré, mais a un impact significatif sur
les collectivités des zones touristiques.

Il existe aussi des preuves significatives que le traitement inhumain infligé aux animaux est un
indicateur majeur dans la violence envers d'autres être humains. D'après l'HSUS (Humane Society
of the United States/société humaniste des Etats-Unis) « les actes de cruauté envers les animaux
sont reliés à toute une variété d'autres crimes, notamment la violence envers autrui, les crimes de
propriété, ou les problèmes de drogue ou de conduites déviantes » (Arluke & Luke, 1997).36

Un peu plus loin, l'HSUS cite une recherche menée par le Conseil national de Sécurité Scolaire, le
Ministère Américain de l'Education, l'Association Américaine de Psychologie, et le Conseil National
de Prévention de la Criminalité, montrant que la cruauté envers les animaux est un signe d'alerte
chez les jeunes à risque, et indique que les enfant présentant ce type de comportement étaient
potentiellement à risque pour eux-mêmes et pour autrui. De plus, la violence physique chronique
chez les élèves de sexe masculin au cours élémentaire, augmente leurs chances de continuer à
exercer de la violence physique de manière durable, ainsi qu'à présenter d'autres formes non-
violentes de délinquance pendant l'adolescence, la cruauté envers les animaux étant une forme
significative d'agression physique. (Broidy et al. 2003)37

Les victimes de violence domestique peuvent également témoigner du fait que la maltraitance
envers les animaux est un signe avant-coureur de la maltraitance physique effective envers des
membre de la famille. Frank Ascione, chercheur universitaire, professeur à l'Ecole Supérieure de
travail social pour la connexion Humain-Animal, à l'Université de Denver (University of Denver
Graduate School of Social Work Institute for Human-Animal Connection), soutient cette thèse en
l'appuyant de nombreuses recherches et études qui montrent clairement qu'il existe des liens
entre maltraitance envers animaux, violence domestique, et maltraitance à enfant.38

Qu'est-ce que tout cela signifie pour les destinations touristiques aux prises avec la gestion
humaine de leurs populations de chats et chiens errants? L'éducation à un traitement plus humain
des animaux peut faire la différence en donnant à ces zones touristique un outil concernant les
sources cachées de violence potentielle de la part de membres de la communauté, en
développement une conscience du lien entre ces comportements violents et les crimes envers
d'autres personnes, dont la maltraitance domestique et sur enfant. Cette prise de conscience
mène à des changements positifs pour les hommes comme pour les animaux.

Associer la compassion à l'efficacité en matière de coût, pour des produits
touristiques plus attractifs.

Il y a une prise de conscience croissante du besoin pour les agences de voyages, les

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administrations des destinations touristiques et les ONG, de s'intéresser à la gestion humaine des
chats et chiens errants dans les zones touristiques. Plusieurs compagnies de voyage parmi les plus
cotées, ont fait un pas vers la prise d'initiatives visant à aider les communautés locales à prendre
soin avec compassion de leurs animaux errants. Par exemple, Air Transat, une division de Transat
AT Inc., actuellement leader des compagnies aériennes canadiennes, transportant chaque année
plus de trois millions de passagers vers soixante des destinations les plus courues à travers le
monde, est un contributeur majeur au succès de la clinique de stérilisation/castration implantée
par CANDi International dans la zone de complexes touristiques de Cancun au Mexique. 39

Concernée par l'idée d'aider les communautés qu'elle sert, et consciente que la présence des chats
et chiens errants peut affecter l'expérience de voyage de leurs passagers, Air Transat a permis
grâce à son soutien de stériliser ou castrer plus de 5000 chats et chiens depuis l'ouverture de leur
clinique en 2008. L'engagement d'Air Transat au service des clients s'étend même jusqu'à investir
dans la recherche sur l'impact des chats et chiens errants sur le séjour de vacances de leurs
passagers, en finançant l'enquête CANDi/HRC sur laquelle est basé ce rapport, le but étant pour
cette entreprise, de mieux cerner les opinions de leurs clients.40

CANDi International s'est aussi mise en partenariat avec l'ACTA (l'Association des Agences de
Voyage Canadiennes) afin de communiquer auprès des 14 000 voyagistes professionnels membres
de leur association, sur les moyens que les touristes ont de se rendre utiles. 41 L'ACTA s'est jointe
au projet en réaction directe aux retours exprimés par des centaines de leurs clients. CANDi
International a également récemment mis en place un partenariat avec les hôtels et complexes
hôteliers de la chaîne internationale Riu, qui compte plus de 100 propriétés dans le monde.42
Comme preuve d'engagement de leur responsabilité sociale dans les zones touristiques où sont
implantées leurs propriétés, les Hotels Riu proposent un logement à des vétérinaires volontaires,
et financent le personnel et l'entretien d'infrastructures destinées aux chats errants (appelées
Cafés des chats), liées à plusieurs de leurs propriétés, l'une d'elles se trouvant à Playa del Carmen
au Mexique. Dans le même esprit, le groupe Thomas Cook plc, un autre voyagiste international
majeur, inclut le bien-être des animaux dans ses efforts de développement durable, et a
développé une « Politique d'Entreprise Pour le Bien-être Animal » avec des stratégies qui prennent
en compte l'impact que le tourisme peut avoir sur les animaux.43 Voilà des exemples marquants
que les compagnies touristiques peuvent servir de modèle à d'autres affaires commerciales, en
leur montrant comment intégrer de telles initiatives à leur cadre de travail.

Parmi les autres ONG internationales qui ouvrent la voie à des vacances « amies des animaux » on
trouve aussi : l'organisation espagnole pour le bien-être animal, la Fondation pour l'Adoption, la
FAADA (Sponsoring et défense des animaux), qui propose un guide de tourisme responsable aux
vacanciers;44 la WSPA (World Society for the Protection of Animals /Société Mondiale de
Protection des Animaux), qui propose aux touristes un formulaire en ligne pour signaler les cas de
cruauté envers les animaux sur leur lieu de vacances;45 la SPANA ( Society for the Protection of
Animals Abroad / Société de Protection des Animaux à l'Etranger), un organisme qui a publié un
guide du tourisme éthique envers les animaux;46 sans oublier la campagne « pour un tourisme
juste » de Care for the Wild afin d'engager les voyagistes à faire la promesse qu'ils favorisent un
tourisme responsable et « ami des animaux ».47

Bien que nous insistions sur ces organismes particuliers, il y a une conscience croissante
concernant tous les animaux impactés par le tourisme, et pas seulement les chats et chiens
errants, et toutes persuadent les compagnies touristiques, et les gouvernements locaux, de se
pencher sur de nouveaux produits et expériences de voyage qui soient « amis des animaux » pour
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les touristes pour qui cela compte ; modèle qui peut effectivement être étendu à une prise en
charge plus humaine des chats et chiens errants.

Le rôle des entreprises de voyage pour obtenir le soutien des gouvernements
envers les chats et chiens errants

Que ce soit pour améliorer le vécu de leur vacanciers, ou parce qu'ils reconnaissent leur
responsabilité sociale en tant qu'entreprise, ces compagnies au milliard de dollars de budget, et
ces associations pour le voyage (comme Air Transat, l' ACTA, et les Hôtels Riu) reconnaissent tous
l'importance d'un traitement plus humain des animaux dans les zones touristiques où ils
interviennent. De plus, leur soutien peut aller encore plus loin lorsqu'ils poussent les
gouvernement locaux des régions à s'allier à leurs efforts pour une gestion humaine des
populations de chats et chiens errants. Tous ces organismes ont un impact économique énorme
sur les communautés locales, auxquelles ils apportent des millions de dollars liés aux touristes, et
c'est pourquoi beaucoup de compagnies touristiques sont considérées comme des partenaires clés
pour les économies locales.

Les ramifications politiques de cette influence gagnée en aidant à la promotion du traitement
humain des animaux ne doivent pas être sous-estimées. En travaillant avec les gouvernements
locaux, ces corporations peuvent créer un changement durable pour les chats et chiens errants et
pour les communautés en mettant en avant combien cela attirera de visiteurs suppl émentaires et
améliorera les revenus des municipalités. Et même, en se basant sur les préférences exprimées
par les touristes dans l'enquête CANDi/HRC, les compagnies touristiques devraient en fait
reconnaître comme un véritable impératif pour leurs affaires, le fait de se lancer dans ces
discussions.

Soyons réalistes, il est tout à fait humain que le désir de faire de bonnes actions soit toujours sous-
tendu par un intérêt quelconque (« qu'est-ce que j'en retire? »). Donc si les compagnies de
voyages et les régions touristiques tiennent compte des données de cette enquête, réalisent que
les petits ruisseaux font les grandes rivières, et mettent en place des actions immédiates, elles
induiront des changements à une échelle jusqu'ici inconnue pour les destinations touristiques.
Tout ceci apportera une aide plus qu'indispensable aux animaux et aux collectivités ayant peu de
ressources pour mettre en place par elles-mêmes des solutions humaines satisfaisantes.

Les massacres ne sont PAS la solution

Les chats et chiens parasites et errants coûtent aux gouvernements à travers le monde des
milliards de dollars chaque année en fonds perdus et en investissements dans des programmes
inefficaces de contrôle des populations. On estime que pour les seuls Etats-Unis, des milliards de
dollars d'impôts sont dépensés tous les dix ans pour le contrôle de la population canine, soit des
millions de chiens, en bonne santé mais abandonnés, euthanasiés chaque année.48
Hélas, les collectivités des pays en développement tentent aujourd'hui de résoudre la question
des chats et chiens errants par de nombreuses méthodes souvent inhumaines et qui toutes
finissent par se révéler inadéquates pour faire face au problème. Par exemple l'électrocution, la
noyade, l'empoisonnement, la pendaison, et encore d'autres méthodes d'euthanasie
inimaginables, sont courantes dans les pays en développement où se trouvent les zones
touristiques les plus prisées.

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Les pires de ces massacres et de ces éliminations systématiques d'animaux errants ont lieu quand
ces populations deviennent ingérables ou juste avant la saison touristique ou avant certains
événements exceptionnels. Nombres de ces tueries ont été mises en évidence, comme celle
révélée par la PETA concernant les projets du gouvernement ukrainien pour se débarrasser des
chats et chiens errants avant le championnat de football de l'Euro 2012 qui y avait lieu.49
Les compagnies touristiques et les gouvernements qui sponsorisent et tirent profit de ces
événements se doivent d'être proactifs et de changer leur façon de « travailler » pour que les
entreprises et les communautés locales ne soient pas pénalisées économiquement par le fait
d'être stigmatisées comme des bourreaux et aussi pour protéger les animaux d'une telle barbarie.

La plupart des touristes ignorent que les massacres continuent dans les régions touristiques de
nombreux pays juste avant que le pic de fréquentation ne démarre pour la saison. Ces tueries se
renouvellent régulièrement, et utilisent souvent des méthodes barbares pour éliminer le plus
d'animaux errants possible à moindre frais. Dans certains endroits, des récompenses sont offertes
sous forme d'abattements fiscaux ou de primes versées directement, ce qui entraîne la mort de
beaucoup d'animaux errants, mais aussi le sacrifice d'animaux de compagnies pour en tirer de
l'argent.50

Ces solutions ne sont pas seulement inhumaines; elles ne fonctionnent pas, parce qu'elles ne
s'attaquent pas à la source du problème : la reproduction incontrôlée.51 L'ICAM (Coalition
Internationale pour la Gestion des Animaux de Compagnie), un groupe composé des principales
organisations pour le bien-être animal, 52 avance que « tuer des chiens errants n'est pas s'en
prendre à la source du problème, et il faut donc recommencer sans cesse ».53 Ces massacres
peuvent même contribuer à accroître les populations, puisque les animaux restants ont accès à
plus de ressources et se reproduisent donc plus rapidement.54

Hélas, l'électrochoc que reçoivent les communautés touristiques à la lecture des données de
l'enquête présentée plus haut – à savoir que les touristes sont moins susceptibles de fréquenter
les destinations où l'on peut rencontrer des animaux errants- pourrait avoir pour effet de leur faire
envisager les éliminations de masse de chats et chiens errants comme une solution.

Cependant, en plus d'être brutales, inhumaines, et de faire une publicité négative à ces
destinations, ces massacres ne sont qu'un pis-aller à court terme, la solution à long terme pour
réguler les population de chats et chiens errants étant la stérilisation. Mais beaucoup de pays
ayant des ressources limitées pensent à tort qu'ils n'ont pas les moyens de mener sur le long
terme des programmes de stérilisation dans leurs communautés. Pourtant, la stérilisation n'est
pas seulement rentable en termes de coûts, elle est une solution définitive.

En fait, beaucoup d'ONG s'occupant des chats et chiens errants dans les régions touristiques ont
très nettement réduit les coût des opérations de stérilisation ou de castration en utilisant les fonds
récoltés.55 Et le développement prometteur de contraceptifs oraux pour chats et chiens pourrait
encore abaisser ces coûts. 600 Million Stray Dogs Need You, (600 millions de chiens errants ont
besoin de vous) une organisation lancée par le co-fondateur de la PETA, Alex Pacheco, met en
avant le fait que des essais cliniques sont actuellement en cours pour développer un aliment
contraceptif pour chien révolutionnaire, qui devrait être suivi d'une formule équivalente pour les
chats.56

Imaginons qu'un pays parmi les premières destinations touristiques mondiales, comme le
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Mexique, déjà considéré comme leader pour l'éradication de la rage, coopère avec les ONG pour
soutenir ces programmes de stérilisation et investir dans ces nouvelles technologies prometteuses
de nourriture contraceptive pour chiens.

Les populations de chats et chiens errants disparaîtraient en quelques années. Un tel
investissement serait immédiatement rentable en attirant plus de touristes et en profitant aux
communautés locales. Bien qu'il n'y ait pour le moment aucun chiffre rendu public pour évaluer le
coût des massacre d'animaux et des euthanasies barbares, on peut faire l'hypothèse que le coût
opérationnel pour se débarrasser régulièrement de millions de chats et de chiens revient bien plus
cher aux communautés au fil du temps que celui de mener des programmes de stérilisation à long
terme qui résolvent définitivement pour la collectivité le problème des chats et chiens errants.

Conclusion

De nos jours, la plupart d'entre nous peuvent voyager où ils veulent à travers le monde, en
cliquant simplement sur la touche « entrée » d'un voyagiste en ligne, et en faisant leurs valises.
Les possibilités de destinations et les moyens de voyager sont devenus incroyablement
nombreux. D'après les données de l'enquête CANDi/HRC cependant, 41% d'entre nous, soit des
millions de touristes concernés, sont moins susceptibles de choisir des destinations où ils ont été
témoins de la souffrance des chats et chiens errants, et 7% n'envisageraient même absolument
pas se rendre dans ces endroits pour leurs vacances. En outre de nombreux touristes comptent
chercher des opportunités de voyage dans leur propre pays ou dans des régions où ils savent que
des mesures de sécurité sont prises par rapport à ces animaux errants. Ainsi, les voyageurs en
quête d'un séjour sous les tropiques, mais où il y ait moins de chats et chiens errants se
tourneraient plutôt vers des destinations comme Hawaï, où des programmes sont en place pour
promouvoir une prise en charge plus humaine de tous les animaux errants.

Pour les compagnies touristiques, les implications sont claires – aider les chats et les chiens errants
sur les lieux touristiques est complètement cohérent sur le plan financier. Les entreprises peuvent
satisfaire leurs clients en incluant la prise en charge humaine des animaux errants dans une
politique de responsabilité sociale, et en travaillant avec les zones touristiques pour mettre en
place des solutions à la fois rentables sur le long terme et humaines pour réduire leur population
d'animaux errants et prendre soin des animaux déjà en souffrance. Les implications économiques
de ces solutions vont bien plus loin que de faire plaisir aux touristes : la gestion humaine des
populations de chats et chiens errants améliore l'environnement en préservant la biodiversité,
protège la santé et la sécurité des touristes et des membres de la communauté dans les lieux
touristiques, ménage les intérêts de l'agriculture, et soutient l'éducation et la prise de conscience
que la violence envers les animaux peut mener à la violence envers autrui.

En montrant aux touristes qu'elles se préoccupent des chats et chiens errants, les compagnies
pourraient éviter à des millions de clients de réserver auprès d'une agence de voyage concurrente
ou changer l'état d'esprit de milliers et de milliers de touristes qui vont ainsi changer de projet et
de destination. Mais le plus important, c'est qu'avec l'aide de l'industrie touristique, les chats et
les chiens qui souffrent dans les plus beaux endroits touristiques de la planète, pourront avoir
enfin la chance de vivre la vie qu'ils méritent.

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