L'impact économique des chats et chiens errants sur l'industrie touristique - Par Diana Webster Mai 2013
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L'impact économique des chats et chiens errants sur l'industrie touristique Par Diana Webster Mai 2013
Remerciements Che Green, Humane Research Council Jean Cloutier, Air Transat Keith Lawless, Air Transat Jami Latham, Charitywise Inc. Tracey Buyce, Tracey Buyce Photography Laura Cull, Hope for Healing Alex Pacheco and Maria Papazian, 600 Million Stray Dogs Need You Diana Diskin, Esq. Contacts Diana Webster Diana@humaneadvisor.com www.humaneadvisor.com 2013. Produit par Diana Webster et CANDi International. Tous droits réservés Photo de couverture : Les chiens errants de manger du pain. Photo gracieuseté de SPAP, Pape’été, French Polynesia. 2
Introduction Imaginez-vous, par une belle journée de vos vacances tant attendues et méritées, dans un de ces paradis tropicaux qui vous faisaient rêver. Le ciel dégagé, et l'eau turquoise vous invitent à une agréable promenade en famille sur la plage de sable blanc qui longe votre hôtel de luxe. Les enfants s'égayent dans les vagues tandis que vote épouse ramasse des coquillages. Tout à coup, un chien surgit de derrière un palmier, remuant la queue. Alors qu'il s'approche, vous constatez qu'il s'agit manifestement d'un chien errant, maladif, famélique et pelé. Vos enfants lèvent les yeux vers vous et vous demandent d'aider ce chien, mais vous êtes en vacances, à l'étranger, et ne savez pas quoi faire. Après avoir donné au chien un peu d'eau, et quelques restes de pique-nique trouvés au fond de votre sac de plage, vous le laissez derrière vous à contrecoeur, et regagnez votre hôtel, votre femme et vos enfants en larmes, le cœur brisé, et cette belle journée gâchée par ce spectacle. Vous questionnez le concierge de l'hôtel à propos de ce chien errant, mais il n'a que des excuses à vous offrir. L'image de ce chien abandonné et affamé hante le reste de vos vacances, et même une fois rentrés, il reste pour votre famille indissolublement lié à vos souvenirs de vacances dans cet hôtel de luxe dans un coin exotique. Pour de nombreux touristes, la rencontre avec des chats ou des chiens manifestement à l'état d'errance – faméliques, malades, en souffrance - au cours de leurs vacances, laisse une impression négative et durable. De récentes recherches ont montré qu'après une telle expérience, beaucoup d'entre eux sont alors moins susceptibles de retourner vers cette même destination, et qu'ils ont tendance à évoquer l'incident auprès de leurs amis, de leurs familles, de leurs collègues, et à témoigner sur des sites de voyageurs. Certains touristes refusent même de s'envoler vers certaines destinations parce qu'ils ne veulent pas être confrontés à des chats errants ou des chiens en souffrance, ou parce qu'ils ont entendu que le pays en question exerçait des méthodes inhumaines de contrôle des populations d'animaux errants, en procédant à des massacres- une solution à la fois inefficace, peu pratique et immorale. Ces touristes représentent un nombre conséquent de consommateurs socialement engagés, susceptibles de «voter avec leur portefeuille » afin d'éviter d'être confrontés à ces animaux qui souffrent - et qui influencent donc potentiellement les bénéfices des agences de voyages, et l'économie des zones touristiques au sens large. Ce rapport est la présentation d'une recherche montrant l'impact économique effectif sur le tourisme de l'expérience de ces vacanciers, confrontés aux chats et chiens errants. Nous évoquerons également les raisons fondamentales qui rendent tout à fait rentable pour les compagnies touristiques, et les administrations des zones touristiques, d'aider les animaux errants en montant des programmes qui contrôlent de façon humaine leur densité de population, en appliquant la seule solution éthiquement valable qu'est la stérilisation. Et au-delà du tourisme en lui-même, une attitude humaine est la juste conduite à tenir envers les animaux, l'environnement et la communauté. 3
La compassion, un facteur-clé dans les choix des touristes Les chats et chiens errants peuvent-ils vraiment influencer les choix de millions de touristes en matière de voyage?1 C'est en tout cas ce que démontrent les résultats d'une enquête2 menée auprès de plus de 1200 touristes américains et canadiens, par CANDi International 3, une association à but non lucratif présente aux USA et au Canada, et par l'HRC (Humane Research Council)4, une association américaine pour la recherche, également à but non lucratif. Cette étude ne révèle pas seulement que la présence de chats et chiens errants a un effet mesurable sur le vécu d'un nombre conséquent de vacanciers, mais également que ce vécu va venir influencer leurs futurs projets de voyages, particulièrement en ce qui concerne des destinations où les animaux errants font autant partie du décor que les pina coladas, les chaises longues ou l'auto-bronzant. Si l'on va plus loin, les recherches montrent en général que les consommateurs n'investissent que là où ils se reconnaissent: deux tiers (66%) des consommateurs issus de vingt-six pays, affirment qu'ils préfèrent acheter des produits et des services auprès d'entreprises qui mettent en œuvre des programmes à caractère social.5 Réduire la souffrance chez les chats et chiens errants dans les régions touristiques est une façon de s'engager socialement, en ce qu'il s'agit d'améliorer la santé et la sécurité des communautés locales, et aussi le vécu de bien des touristes, qui rapportent combien le fait de voir des animaux en détresse pendant leur séjour, laisse un goût amer à leurs souvenirs vacances.6 En substance, et compte tenu de la compétition croissante entre voyagistes, le traitement humainement digne des chats et chiens errants dans les régions touristiques mériterait de figurer dans l'équation de l'industrie touristique pour de nombreux pays dépendant du tourisme comme d'une composante majeure de leur produit intérieur brut (PIB). Les données de l'étude menée par CANDi/HRC ne donnent qu'un aperçu de ce que pensent les touristes, mais indiquent clairement un impact grandissant de la présence des animaux errants sur la question même du tourisme. Afin d'évaluer l'impact potentiel de la présence de chats et chiens errants (exclusivement)7 sur leur vécu de voyageur , et sur leurs futurs achats en matière de voyages, l'association CANDi et le HRC ont mené une enquête auprès de 1200 touristes américains et canadiens. On demandait à ces touristes s'il leur était arrivé de rencontrer des chats et chiens errants, l'effet qu'avait produit sur eux cette ou ces expérience(s), et l'impact que cela aurait sur leurs futures décisions en matière de voyage. L'enquête comprenait également des question ouvertes sur les expériences les plus récentes de vacanciers confrontés aux chats et chiens errants, sur les destinations que certains avaient rejetées pour cette raison, et sur ce qu'ils feraient s'ils étaient confrontés à une telle expérience. Sans surprise, près de deux tiers des personnes à avoir répondu avaient effectivement vu des chats ou des chiens errants lors de leur dernières vacances hors des Etats-unis ou du Canada, plus précisément 63% des voyageurs américains, et 61% des canadiens. Et près de 650 des participants ayant répondu, avaient des commentaires à faire sur des chats ou chiens errants qu'ils avaient pu voir lors de leurs voyages. Bien que tous les commentaires recueillis n'aient pas trahi une perception négative de ces animaux, le simple fait que ces voyageurs éprouvent le besoin de s'exprimer sur le sujet, dénote de façon frappante combien la présence de ces animaux errants s'était imprimée fortement dans le vécu psychologique qu'ils avaient du lieu qu'ils avaient visité. 4
Voici quelques exemples de commentaires qui ont pu être relevés : « Il y a «énormément de chiens errants à St Martin. La plupart sont rendus inoffensifs par la chaleur, mais n'empêche que ça fait peur, parce que tu ne sais pas s'ils sont méchants ou pas » (femme, âge : 55-64) « Il y avait plein d'animaux errants à Kathmandou, au Népal. La plupart étaient à l'état sauvage, pas domestiques, et beaucoup avaient des maladies (ça se voyait à leur peau). On m'avait bien dit ne ne pas les toucher ou les approcher, qu'ils étaient très sales, et aussi probablement porteurs de plein de maladies. Donc ça faisait plutôt peine de les voir, et de savoir qu'ils se reproduisaient comme ça n'importe comment, parce qu'aucun n'était castré » (femme age : 20-24) « Il y avait tellement de chiens errants que la nuit, on n'osait pas marcher dans les coins peu fréquentés » (homme, âge 45-54) « Un jour qu'on traversait un quartier très pauvre de Mexico en voiture, on a vu plein de chien errants. Ca a eu un effet très négatif sur moi. J'ADORE les animaux. Alors être logée dans un superbe hôtel 5 étoiles et tomber au bout de 30 minutes de voyage sur des chiens mourant de faim, c'était vraiment dur » (femme, âge 18-24) « l'hôtel où on logeait était peuplé de chats sauvages. L'hôtel avait mis en place un point de ravitaillement pour eux et les nourrissait régulièrement. Les chats étaient aussi capturés pour pouvoir les stériliser/castrer, et puis relâchés. C'était bien de voir comment cet hôtel prenait soin de ces animaux » (femme, âge 55-64, Canada) « Je m'étais offert un voyage sur l'île de Porto Rico. Alors qu'on se promenait à travers l'île, j'ai vu beaucoup de chats et de chiens errants. Ils étaient tout pelés, maigres et affamés. C'était vraiment horrible à voir. Je me sentais mal quand je les regardais, et j'ai eu les larmes aux yeux à plusieurs reprises. J'en voyais tellement, je voulais arrêter la voiture pour aider tous ceux que je pouvais. C'était vraiment une expérience très triste » (homme, âge 25-34) « J'ai vu plein de chats sauvages, mais qui avaient l'air plutôt bien entretenus » (femme, âge 65 et plus) « Juste à la sortie de l'hôtel où je logeais, il y avait un groupe de chiens errants. Même s'ils n'entraient pas dans l'enceinte de l'hôtel, aller à pied en dehors se montrait difficile. La seule fois où j'ai essayé d'aller faire une balade à pied en dehors de l'hôtel, je me suis retrouvée presque immédiatement cernée par plusieurs chiens errants. Heureusement, un des gardiens de l'hôtel avait vu ce qui se passait et m'a aidée à me débarrasser des chiens » (femme, âge 18-24) A la lecture de ces commentaires, on voit émerger nettement deux principales inquiétudes chez les voyageurs concernant la rencontre avec des chats et chiens errants lors de leur séjour. En premier lieu, ceux-ci se sont sentis inquiets quant à leur propre sécurité, et au fait que les animaux 5
errants puissent être dangereux. Cependant la préoccupation très majoritairement citée touchait plutôt à l'impact émotionnel d'avoir vu des animaux en souffrance pendant leurs vacances. En fait, le maximum de réponses (34%) à été obtenu chez les participants lorsqu'on les interrogeait quant à leur vécu de cette expérience qui les a bouleversés. Ces préoccupations montrent clairement que la présence de chats et chiens errants peut affecter négativement le vécu des vacanciers, et par conséquent leurs futures prises de décisions financières en matière de voyage. De plus, le fait de voir des animaux errants semblerait pousser une part non négligeable des participants à aller plus loin en agissant. Environ un tiers ont dit qu'ils en parleraient à leur hôtel ou leur lieu d'hébergement (34%), et/ou aux agences de voyages et compagnies de tourisme (31%). On relèvera aussi qu'environ la même proportion seraient poussés à partager leur expérience sur les réseaux sociaux (29%), et/ou à décourager leur famille et amis de choisir la destination en question (25%). 22% seraient prêts à partager cette expérience sur TripAdvisor, ou Virtual Tourist, et 17% sur un autre site. Un bilan datant de 2012 croisant des statistiques des médias sociaux et de l'industrie touristique mentionne que 92% de l'ensemble des consommateurs disent se fier à la parole et aux recommandations de leur famille et amis plus qu'à n'importe quelle forme de publicité, et que 70% considèrent les commentaires en ligne sur les sites dédiés comme la seconde source d'information la plus fiable.8 Cette donnée est particulièrement significative pour l'industrie du voyage (tours opérateurs, compagnies aériennes, hôtels/hébergements, et destinations touristiques), un marché hautement compétitif, qui dépend donc substantiellement du discours tenu par les voyageurs pour attirer de nouveaux clients et les satisfaire afin qu'ils reviennent. Le prix de la compassion – Implications dans les résultats de l'industrie touristique. Malgré le climat économique chaotique de ces dernières années, il est clair que deux marchés demeurent pourtant plutôt stables, voire même presque en expansion : l'industrie du voyage/tourisme, et celle des animaux de compagnie. Les voyages – ces vacances ou congés tant attendus- figurent en tête de la liste de nos priorités. Les baby-boomers à le retraite, et les générations X, Y ou Z en quête d'aventure, ont rendu le monde accessible, pour satisfaire leur besoin de découverte et de nouvelles expériences. Et l'industrie du voyage récolte les fruits de notre aspiration à sillonner les routes, les airs et les océans de notre fabuleuse planète. Concrètement, le voyage et le tourisme représentaient 9,1% du PIB mondial en 2011, d'après le WTTC (World Travel and Tourism Council/ conseil mondial du voyage et du tourisme). 9 Le WTTC s'attend également à ce que cette croissance reste positive et à long terme, et ce malgré les défis actuels de l'économie globale.10 Et notre société en général devient de plus en plus passionnée de ses compagnons à quatre pattes. Le marché global dédié aux animaux de compagnie continue de croître, et ce malgré des conditions économiques mondiales qui jouent les montagnes russes, avec un bond en avant qui lui a fait atteindre un budget de 94 milliards de dollars en 2012.11 Les analystes prédisent que les ventes vont continuer de grimper sur les cinq prochaines années, particulièrement sur les marchés des pays émergents tels que l'Inde et le Brésil, qui rejoignent maintenant la tête du peloton, leurs revenus croissants leur permettant désormais de s'offrir des animaux de compagnie. 12 Les Etats-Unis et le Canada, reconnus pour être fous de leurs animaux domestiques, caracolent en tête des ventes liées à l'industrie globale des animaux de compagnie : les Etats-unis affichent ainsi un budget dédié de 56.7 milliards de dollars en 2011,13 alors que le Canada atteint la somme respectable de 3.6 milliards de dollars en 2010, et un marché prévisionnel pour 2015 de 4.9 6
milliards de dollars.14 Tout cela représente un sacré paquet de litière, de colliers et de jouets qui couinent. Cette contribution croissante au marché des animaux de compagnie signe ce qu'on appelle dans l'industrie « l'humanisation de l'animal ». Paula Flores, directrice du Global Petcare Research (recherche globale sur les soins aux animaux) pour Euromonitor explique que « la tendance qu'on observe actuellement, à traiter les animaux de compagnie comme des membres de la famille, se retrouve dans l'apparition croissante de produits tels que les menus « gourmets » pour chats et chiens. Un autre cap est franchi dans la tendance avec des produits tels que des reproduction de leur maison en modèle réduits offerts par des maîtres à leur chien, ou la première chaîne de télévision canine.15 Ces deux facteurs économiques et leurs moteurs de croissance (le désir croissant de voyager et l'humanisation de l'animal) indiquent que les décisions d'achats des touristes pourrait être influencées par leur amour des animaux. Ainsi, par exemple, une part non négligeable des voyageurs (41%) disent qu'ils seraient moins susceptibles à l'avenir de se rendre dans des régions où l'on trouve beaucoup de chats et chiens errants. Or, 41% de mille voyageurs, cela fait 410 vacanciers découragés de retourner sur un lieu de séjour à cause des chats et chiens errants. En 2012, d'après les chiffres du Département de Commerce Américain, et du Bureau de l'Industrie du Voyage et du Tourisme, 10 231 372 visiteurs américains s'étaient déjà rendus au Mexique.16 Pour le Canada, plus de 1.000.000 de touristes canadiens ont voyagé au Mexique de Janvier à Juin 2012.17 En extrapolant ces chiffres on voit que plus de 4 millions de voyageurs américains sont moins susceptibles de se rendre au Mexique en raison de préoccupations liées aux chats et chiens errants. Les tour opérateurs, les compagnies aériennes, les hôtels et les bureaux locaux de tourisme, qui s'évertuent à générer chez les touristes un discours positif et l'envie de revenir, 18 devraient se pencher sérieusement sur ces projections, et en évaluer les ramifications potentielles. Ainsi, de nombreux hôtels considèrent que les clients récurrents constituent la « base de leur fonds de commerce », d'après Robert Mandelbaum, qui travaille pour la PFK Hospitality research.19 Et même, beaucoup de voyageurs (7%) peuvent nommer les destinations où ils refuseraient catégoriquement de se rendre à cause des chats et chiens errants. Parmi les voyageur qui signalaient qu'ils éviteraient certains lieux de vacances parce qu'ils avaient vu des animaux abandonnés, le Mexique était le plus souvent cité comme l'endroit où ils ne souhaiteraient pas se rendre. (voir figure 1) Figure 1 Mexique 19% Inde 16% Asie ou pays asiatiques (sauf Inde) 16% Aucune ou « pas sûr » 9% Oui (non précisé) 5% « pays du tiers monde » 4% Réponses à la question : « pouvez-vous préciser quelles destinations vous voudriez éviter en raison de la présence de chats et chiens errants » En d'autres mots, ce n'est pas seulement une poignée, mais des millions de voyageurs qui non seulement tiennent à se renseigner sur la présence éventuelle de chats et chiens errants, mais qui 7
évitent même certains pays s'ils ont connaissance que les animaux errants y sont un problème. Pour des destinations qui comptent essentiellement sur l'argent du tourisme pour leur équilibre fiscal, comme les communautés touristiques au Mexique, les Caraïbes, et beaucoup d'autres lieux en Europe et en Asie, ces chiffres pourraient ni plus ni moins faire la différence entre prospérité et catastrophe économique, compte tenu de l'incertitude du climat économique actuel. Les autres coûts pour la communauté Au-delà du tourisme, ce que coûtent les chats et chiens errants a déjà un impact sur l'économie locale des destinations touristiques, car ceux-ci affectent l'environnement, et perturbent des écosystèmes délicats, l'agriculture locale, et l'élevage. Les écosystèmes de ces destinations tropicales qui enchantent les touristes par leur flore et leur faune exotiques, sont profondément altérées par les animaux errants, les chats abandonnés à l'état sauvage qui sont des prédateurs tout trouvés pour les oiseaux, les petits mammifères et les lézards.20 A long terme, « un couple de chats ayant deux portées par an, peut exponentiellement produire jusqu'à 420000 félins en sept ans. Les chats errants sont donc, simplement du fait de leur nombre, en compétition directe avec la faune sauvage locale, pour le territoire et les réserves de nourriture » explique le Dr Mark Trotman, des services vétérinaires du Ministère de l'agriculture et du développement rural de la Barbade. La destruction de la biodiversité par les animaux errants représente un coût significatif pour la communauté au niveau local comme au niveau global. La National Wildlife Federation (Fédération Nationale de la Vie sauvage) (NWF) précise que « la biodiversité nous permet de vivre heureux et en bonne santé. Elle nous offre tout un éventail de nourriture et de matériaux, et contribue à l'économie. Sans cette diversité de pollinisateurs, de plantes, de sols, nos supermarchés auraient beaucoup moins de produits à proposer ».21 La clé pour préserver tout écosystème est une gestion contrôlée par l'homme des chats errants, afin de prévenir la pertes d'espèces indigènes jouant le rôle de pollinisateurs. Amos Bien, du Programme des Nations Unies pour l'Environnement, a exploré les bénéfices économiques qu'il y a à protéger la biodiversité dans un effort pour tendre vers un « tourisme vert », et il a montré que chacune de ce genre d'initiatives amenait le meilleur retour sur investissement possible. « Investir du capital pour rendre le secteur du tourisme plus vert, peut très vite être rentabilisé par les économies alors réalisées sur les frais engagés, qui incluent non seulement le coût des initiatives « vertes », mais aussi les effets socio-économiques des pertes du secteur touristique » avance Bien. Dans l'un des exemples qu'il cite -une destination ensoleillée et touristique d'Espagne- Bien a observé que « les économies effectuées en réduisant grâce à des programmes « verts » les frais engagés, comparées à la mise de fonds, est de l'ordre de 174 pour cent (amélioration des bâtiments hôteliers), à 707 pour cent (Conservation de la Biodiversité).22 Ceci montre que mettre de l'argent dans des programmes visant à gérer de façon humaine les populations de chats sauvages est une initiative qui mérite qu'on y investisse des moyens. A propos de l'impact communautaire des chats et chiens errants, le Dr Trotman évoque les régions caribéennes où les chiens errants qui se déplacent généralement en meute, poursuivent et tuent régulièrement du bétail. Il affirme que les dommages infligés au marché de l'agriculture locale sont problématiques, et sont à prendre en compte quand il s'agit de l'impact économique des programmes pour la cause animale dans ces régions.23 8
De plus, Organisation mondiale de la Santé (l'OMS ) (1996) estime que 25000 à 27000 animaux destinés à la consommation domestique (i.e. le bétail) contractent la rage par exposition aux chiens ou à d'autres vecteurs de cette maladie. Si les chiens ne représentent pas des prédateurs très menaçants pour la faune sauvage africaine, les léopards, les lions, et les hyènes eux, s'attaquent aux chiens. Et la prédation de ces carnivores sur les chiens crée un risque de transmission de la rage, de la maladie de Carré, et de la parvovirose.24 L'ensemble de ces impacts économiques directs et indirects liés aux chats et chiens errants sont à considérer sérieusement non seulement au niveau local par les communautés affectées, mais aussi plus largement par l'industrie du tourisme dont les revenus sont liés à la santé, la sécurité et le bien-être de ces régions. Les bénéfices globaux – Vers une amélioration des zones touristiques Les raisons pour lesquelles les acteurs du marché du tourisme devraient prendre soin des communautés des zones touristiques peuvent sembler évidentes, mais trop souvent ces vérités flagrantes se perdent de vue dans une poursuite par les entreprises d'objectifs plus généraux. D'après l'ONG (organisation non gouvernementale) Pro Poor Tourism, quatre faits méritent d'être pris en compte: 1. Le tourisme, plus que bien des industries, dépend de la stabilité du cadre d'activité dans une zone touristique donnée. 2. Le tourisme est particulièrement vulnérable à l'instabilité locale ou internationale 3. Le tourisme vers les pays pauvres se développe 4. Les tendances du marché révèlent une conscience croissante des problèmes économiques chez les consommateurs.25 En ce qui concerne l'impact des chats et chiens errants sur les communautés touristiques locales, ces facteurs jouent un rôle important, dans la mise en lien des bénéfices économiques qu'apporte une prise en charge humaine des animaux errants avec l'amélioration apportée à la communauté, et donc l'intérêt d'investir dans la construction de destinations touristiques fortes. Par exemple, un environnement stable (en termes de services communautaires tels que un accès fiable à l'électricité, à l'eau potable et à une nourriture sans risques sanitaires, un logement approprié, un accès à des services de santé fiables, et une protection contre la criminalité) peut être considéré comme la base indispensable pour prétendre au statut de destination touristique. Or, il apparaît clairement dans les résultats de l'enquête que de nombreux touristes se sentent inquiets pour leur sécurité lorsqu'ils rencontrent des chats et chiens errants. Pourtant, il semble y avoir comme un manque de conscience de la part de l'industrie du tourisme, et des communautés touristiques locales, du fait que la prise en charge humaine et le contrôle des populations d'animaux errants a une part importante dans la stabilité communautaire. Un programme de protection animal bien mené et géré de façon humaine, ajoute non seulement à l'attrait d'une destination, et pose la communauté comme un partenaire responsable pour les compagnies touristiques, mais cela apporte à la communauté elle-même les avantages d'une sécurité et d'une santé accrues. 9
Un tel programme donne de plus aux voyageurs qui se sentent concernés par les problématiques socio-économiques une raison supplémentaire de choisir une destination. Et les consommateurs socialement responsables dépensent leur argent là où leurs convictions se trouvent respectées, comme l'explique le rapport de Nielsen, datant de mars 2012, sur la responsabilité sociale globale.26 Ainsi, deux tiers (66%) des consommateurs à travers le monde, disent qu'ils préfèrent acheter des produits et des services à les compagnies qui ont mis en place des programmes à caractère social. Cette préférence s'étend à d'autres domaines: ils préfèrent également travailler pour ces mêmes entreprises (62%), et investir chez elles (59%). Une plus petite partie, mais quand même près de la moitié (46%), disent qu'ils sont prêts à payer plus pour les produits et les services de ces entreprises.27 Sans surprise, 45% des consommateurs socialement responsables pensent que les entreprises devraient soutenir la cause de la protection des animaux.28 En Amérique du Nord, la protection animale se trouve au 5ème rang du classement des dix causes importantes socialement que les entreprises devraient soutenir.29 Ces consommateurs socialement responsables, souhaitant « voter avec leur portefeuille » représentent une opportunité pour les entreprises de diriger leur efforts en matière de responsabilité sociale vers des projets faisant vraiment la différence pour les communautés locales, en soutenant les programme de prise en charge humaine des chats et chiens errants. Aider les animaux aide les hommes Les pays développés, où l'on trouve souvent des complexes hôteliers et des attractions de luxe, sont aussi touchés par le fléau des populations de chiens laissés à l'abandon, entraînant des problèmes quant au bien-être des ces animaux, et à la santé publique. Les chiens errants sont touchés par une forte mortalité, par la malnutrition, le manque de nourriture, la maladie et la maltraitance ; ils représentent 99% des cas de transmission de la rage au niveau mondial (OMS 2004) et sont associés à plus de soixante autres maladies zoonotiques (Beck 2000, Reece 2005). Les problèmes sociaux supplémentaires liés aux chiens errants comprennent les accidents de la route, les bagarres, le bruit, les enfants mordus, la contamination fécale, les poubelles éventrées, et la reproduction incontrôlée.30 Des campagnes comme le programme « collier rouge » mené par la Société Mondiale de Protection des Animaux, visent la vaccination antirabique pour protéger les communautés et pour mettre fin aux massacres de chiens comme solution d'éradication de la rage.31 Toutes les organisations de santé majeures engagées dans le contrôle de la rage32 « s'accordent sur le fait que tuer les chiens de permet par de contrôler l'épidémie de rage canine, et n'a donc aucun impact sur la réduction des cas de rage chez l'homme. »33 « Des colliers, pas la cruauté » est le slogan de campagne inspiré par les efforts de la BAWA (Bali Animal Welfare Association/ Association Balinoise pour le bien-être animal) pour mettre fin aux massacres inutiles, en faisant porter aux chiens errants de cette région touristique, ayant été vaccinés contre la rage, un collier rouge, afin qu'ils puissent être identifiés et afin de leur éviter d'être abattus sauvagement pour lutter contre l'épidémie. Cet effort de compassion a été couronné de succès puisque après que 210 000 chiens ont été vaccinés, on a observé pour la région touristique tropicale balinaise un déclin de 48% des cas de rage contractés par l'homme et de 45% des cas de rage canine.34 10
Bien que des agences de santé internationale et des organisations pour le bien-être animal se soient entièrement polarisées sur l'éradication des maladies zoonotiques (transmissibles de l'animal à l'homme) les plus mortelles, telles que la rage, en raison de l'état physique déplorable dans lequel se trouve la plupart de chiens errants; une multitude d'autres maladies zoonotiques liés aux animaux errants menacent la santé et la sécurité des populations locales et des touristes. Par exemple l'Ascaris, la maladie de Lyme, et le typhus à tiques (tous deux véhiculés par les morsures de tiques), ainsi que d'autres maladies parasitaires comme la gale, la teigne et la toxoplasmose, peuvent se transmettre des chiens errants aux humains.35 Le coût engendré par ces problèmes sanitaires sur les populations locales n'a pas été chiffré, mais a un impact significatif sur les collectivités des zones touristiques. Il existe aussi des preuves significatives que le traitement inhumain infligé aux animaux est un indicateur majeur dans la violence envers d'autres être humains. D'après l'HSUS (Humane Society of the United States/société humaniste des Etats-Unis) « les actes de cruauté envers les animaux sont reliés à toute une variété d'autres crimes, notamment la violence envers autrui, les crimes de propriété, ou les problèmes de drogue ou de conduites déviantes » (Arluke & Luke, 1997).36 Un peu plus loin, l'HSUS cite une recherche menée par le Conseil national de Sécurité Scolaire, le Ministère Américain de l'Education, l'Association Américaine de Psychologie, et le Conseil National de Prévention de la Criminalité, montrant que la cruauté envers les animaux est un signe d'alerte chez les jeunes à risque, et indique que les enfant présentant ce type de comportement étaient potentiellement à risque pour eux-mêmes et pour autrui. De plus, la violence physique chronique chez les élèves de sexe masculin au cours élémentaire, augmente leurs chances de continuer à exercer de la violence physique de manière durable, ainsi qu'à présenter d'autres formes non- violentes de délinquance pendant l'adolescence, la cruauté envers les animaux étant une forme significative d'agression physique. (Broidy et al. 2003)37 Les victimes de violence domestique peuvent également témoigner du fait que la maltraitance envers les animaux est un signe avant-coureur de la maltraitance physique effective envers des membre de la famille. Frank Ascione, chercheur universitaire, professeur à l'Ecole Supérieure de travail social pour la connexion Humain-Animal, à l'Université de Denver (University of Denver Graduate School of Social Work Institute for Human-Animal Connection), soutient cette thèse en l'appuyant de nombreuses recherches et études qui montrent clairement qu'il existe des liens entre maltraitance envers animaux, violence domestique, et maltraitance à enfant.38 Qu'est-ce que tout cela signifie pour les destinations touristiques aux prises avec la gestion humaine de leurs populations de chats et chiens errants? L'éducation à un traitement plus humain des animaux peut faire la différence en donnant à ces zones touristique un outil concernant les sources cachées de violence potentielle de la part de membres de la communauté, en développement une conscience du lien entre ces comportements violents et les crimes envers d'autres personnes, dont la maltraitance domestique et sur enfant. Cette prise de conscience mène à des changements positifs pour les hommes comme pour les animaux. Associer la compassion à l'efficacité en matière de coût, pour des produits touristiques plus attractifs. Il y a une prise de conscience croissante du besoin pour les agences de voyages, les 11
administrations des destinations touristiques et les ONG, de s'intéresser à la gestion humaine des chats et chiens errants dans les zones touristiques. Plusieurs compagnies de voyage parmi les plus cotées, ont fait un pas vers la prise d'initiatives visant à aider les communautés locales à prendre soin avec compassion de leurs animaux errants. Par exemple, Air Transat, une division de Transat AT Inc., actuellement leader des compagnies aériennes canadiennes, transportant chaque année plus de trois millions de passagers vers soixante des destinations les plus courues à travers le monde, est un contributeur majeur au succès de la clinique de stérilisation/castration implantée par CANDi International dans la zone de complexes touristiques de Cancun au Mexique. 39 Concernée par l'idée d'aider les communautés qu'elle sert, et consciente que la présence des chats et chiens errants peut affecter l'expérience de voyage de leurs passagers, Air Transat a permis grâce à son soutien de stériliser ou castrer plus de 5000 chats et chiens depuis l'ouverture de leur clinique en 2008. L'engagement d'Air Transat au service des clients s'étend même jusqu'à investir dans la recherche sur l'impact des chats et chiens errants sur le séjour de vacances de leurs passagers, en finançant l'enquête CANDi/HRC sur laquelle est basé ce rapport, le but étant pour cette entreprise, de mieux cerner les opinions de leurs clients.40 CANDi International s'est aussi mise en partenariat avec l'ACTA (l'Association des Agences de Voyage Canadiennes) afin de communiquer auprès des 14 000 voyagistes professionnels membres de leur association, sur les moyens que les touristes ont de se rendre utiles. 41 L'ACTA s'est jointe au projet en réaction directe aux retours exprimés par des centaines de leurs clients. CANDi International a également récemment mis en place un partenariat avec les hôtels et complexes hôteliers de la chaîne internationale Riu, qui compte plus de 100 propriétés dans le monde.42 Comme preuve d'engagement de leur responsabilité sociale dans les zones touristiques où sont implantées leurs propriétés, les Hotels Riu proposent un logement à des vétérinaires volontaires, et financent le personnel et l'entretien d'infrastructures destinées aux chats errants (appelées Cafés des chats), liées à plusieurs de leurs propriétés, l'une d'elles se trouvant à Playa del Carmen au Mexique. Dans le même esprit, le groupe Thomas Cook plc, un autre voyagiste international majeur, inclut le bien-être des animaux dans ses efforts de développement durable, et a développé une « Politique d'Entreprise Pour le Bien-être Animal » avec des stratégies qui prennent en compte l'impact que le tourisme peut avoir sur les animaux.43 Voilà des exemples marquants que les compagnies touristiques peuvent servir de modèle à d'autres affaires commerciales, en leur montrant comment intégrer de telles initiatives à leur cadre de travail. Parmi les autres ONG internationales qui ouvrent la voie à des vacances « amies des animaux » on trouve aussi : l'organisation espagnole pour le bien-être animal, la Fondation pour l'Adoption, la FAADA (Sponsoring et défense des animaux), qui propose un guide de tourisme responsable aux vacanciers;44 la WSPA (World Society for the Protection of Animals /Société Mondiale de Protection des Animaux), qui propose aux touristes un formulaire en ligne pour signaler les cas de cruauté envers les animaux sur leur lieu de vacances;45 la SPANA ( Society for the Protection of Animals Abroad / Société de Protection des Animaux à l'Etranger), un organisme qui a publié un guide du tourisme éthique envers les animaux;46 sans oublier la campagne « pour un tourisme juste » de Care for the Wild afin d'engager les voyagistes à faire la promesse qu'ils favorisent un tourisme responsable et « ami des animaux ».47 Bien que nous insistions sur ces organismes particuliers, il y a une conscience croissante concernant tous les animaux impactés par le tourisme, et pas seulement les chats et chiens errants, et toutes persuadent les compagnies touristiques, et les gouvernements locaux, de se pencher sur de nouveaux produits et expériences de voyage qui soient « amis des animaux » pour 12
les touristes pour qui cela compte ; modèle qui peut effectivement être étendu à une prise en charge plus humaine des chats et chiens errants. Le rôle des entreprises de voyage pour obtenir le soutien des gouvernements envers les chats et chiens errants Que ce soit pour améliorer le vécu de leur vacanciers, ou parce qu'ils reconnaissent leur responsabilité sociale en tant qu'entreprise, ces compagnies au milliard de dollars de budget, et ces associations pour le voyage (comme Air Transat, l' ACTA, et les Hôtels Riu) reconnaissent tous l'importance d'un traitement plus humain des animaux dans les zones touristiques où ils interviennent. De plus, leur soutien peut aller encore plus loin lorsqu'ils poussent les gouvernement locaux des régions à s'allier à leurs efforts pour une gestion humaine des populations de chats et chiens errants. Tous ces organismes ont un impact économique énorme sur les communautés locales, auxquelles ils apportent des millions de dollars liés aux touristes, et c'est pourquoi beaucoup de compagnies touristiques sont considérées comme des partenaires clés pour les économies locales. Les ramifications politiques de cette influence gagnée en aidant à la promotion du traitement humain des animaux ne doivent pas être sous-estimées. En travaillant avec les gouvernements locaux, ces corporations peuvent créer un changement durable pour les chats et chiens errants et pour les communautés en mettant en avant combien cela attirera de visiteurs suppl émentaires et améliorera les revenus des municipalités. Et même, en se basant sur les préférences exprimées par les touristes dans l'enquête CANDi/HRC, les compagnies touristiques devraient en fait reconnaître comme un véritable impératif pour leurs affaires, le fait de se lancer dans ces discussions. Soyons réalistes, il est tout à fait humain que le désir de faire de bonnes actions soit toujours sous- tendu par un intérêt quelconque (« qu'est-ce que j'en retire? »). Donc si les compagnies de voyages et les régions touristiques tiennent compte des données de cette enquête, réalisent que les petits ruisseaux font les grandes rivières, et mettent en place des actions immédiates, elles induiront des changements à une échelle jusqu'ici inconnue pour les destinations touristiques. Tout ceci apportera une aide plus qu'indispensable aux animaux et aux collectivités ayant peu de ressources pour mettre en place par elles-mêmes des solutions humaines satisfaisantes. Les massacres ne sont PAS la solution Les chats et chiens parasites et errants coûtent aux gouvernements à travers le monde des milliards de dollars chaque année en fonds perdus et en investissements dans des programmes inefficaces de contrôle des populations. On estime que pour les seuls Etats-Unis, des milliards de dollars d'impôts sont dépensés tous les dix ans pour le contrôle de la population canine, soit des millions de chiens, en bonne santé mais abandonnés, euthanasiés chaque année.48 Hélas, les collectivités des pays en développement tentent aujourd'hui de résoudre la question des chats et chiens errants par de nombreuses méthodes souvent inhumaines et qui toutes finissent par se révéler inadéquates pour faire face au problème. Par exemple l'électrocution, la noyade, l'empoisonnement, la pendaison, et encore d'autres méthodes d'euthanasie inimaginables, sont courantes dans les pays en développement où se trouvent les zones touristiques les plus prisées. 13
Les pires de ces massacres et de ces éliminations systématiques d'animaux errants ont lieu quand ces populations deviennent ingérables ou juste avant la saison touristique ou avant certains événements exceptionnels. Nombres de ces tueries ont été mises en évidence, comme celle révélée par la PETA concernant les projets du gouvernement ukrainien pour se débarrasser des chats et chiens errants avant le championnat de football de l'Euro 2012 qui y avait lieu.49 Les compagnies touristiques et les gouvernements qui sponsorisent et tirent profit de ces événements se doivent d'être proactifs et de changer leur façon de « travailler » pour que les entreprises et les communautés locales ne soient pas pénalisées économiquement par le fait d'être stigmatisées comme des bourreaux et aussi pour protéger les animaux d'une telle barbarie. La plupart des touristes ignorent que les massacres continuent dans les régions touristiques de nombreux pays juste avant que le pic de fréquentation ne démarre pour la saison. Ces tueries se renouvellent régulièrement, et utilisent souvent des méthodes barbares pour éliminer le plus d'animaux errants possible à moindre frais. Dans certains endroits, des récompenses sont offertes sous forme d'abattements fiscaux ou de primes versées directement, ce qui entraîne la mort de beaucoup d'animaux errants, mais aussi le sacrifice d'animaux de compagnies pour en tirer de l'argent.50 Ces solutions ne sont pas seulement inhumaines; elles ne fonctionnent pas, parce qu'elles ne s'attaquent pas à la source du problème : la reproduction incontrôlée.51 L'ICAM (Coalition Internationale pour la Gestion des Animaux de Compagnie), un groupe composé des principales organisations pour le bien-être animal, 52 avance que « tuer des chiens errants n'est pas s'en prendre à la source du problème, et il faut donc recommencer sans cesse ».53 Ces massacres peuvent même contribuer à accroître les populations, puisque les animaux restants ont accès à plus de ressources et se reproduisent donc plus rapidement.54 Hélas, l'électrochoc que reçoivent les communautés touristiques à la lecture des données de l'enquête présentée plus haut – à savoir que les touristes sont moins susceptibles de fréquenter les destinations où l'on peut rencontrer des animaux errants- pourrait avoir pour effet de leur faire envisager les éliminations de masse de chats et chiens errants comme une solution. Cependant, en plus d'être brutales, inhumaines, et de faire une publicité négative à ces destinations, ces massacres ne sont qu'un pis-aller à court terme, la solution à long terme pour réguler les population de chats et chiens errants étant la stérilisation. Mais beaucoup de pays ayant des ressources limitées pensent à tort qu'ils n'ont pas les moyens de mener sur le long terme des programmes de stérilisation dans leurs communautés. Pourtant, la stérilisation n'est pas seulement rentable en termes de coûts, elle est une solution définitive. En fait, beaucoup d'ONG s'occupant des chats et chiens errants dans les régions touristiques ont très nettement réduit les coût des opérations de stérilisation ou de castration en utilisant les fonds récoltés.55 Et le développement prometteur de contraceptifs oraux pour chats et chiens pourrait encore abaisser ces coûts. 600 Million Stray Dogs Need You, (600 millions de chiens errants ont besoin de vous) une organisation lancée par le co-fondateur de la PETA, Alex Pacheco, met en avant le fait que des essais cliniques sont actuellement en cours pour développer un aliment contraceptif pour chien révolutionnaire, qui devrait être suivi d'une formule équivalente pour les chats.56 Imaginons qu'un pays parmi les premières destinations touristiques mondiales, comme le 14
Mexique, déjà considéré comme leader pour l'éradication de la rage, coopère avec les ONG pour soutenir ces programmes de stérilisation et investir dans ces nouvelles technologies prometteuses de nourriture contraceptive pour chiens. Les populations de chats et chiens errants disparaîtraient en quelques années. Un tel investissement serait immédiatement rentable en attirant plus de touristes et en profitant aux communautés locales. Bien qu'il n'y ait pour le moment aucun chiffre rendu public pour évaluer le coût des massacre d'animaux et des euthanasies barbares, on peut faire l'hypothèse que le coût opérationnel pour se débarrasser régulièrement de millions de chats et de chiens revient bien plus cher aux communautés au fil du temps que celui de mener des programmes de stérilisation à long terme qui résolvent définitivement pour la collectivité le problème des chats et chiens errants. Conclusion De nos jours, la plupart d'entre nous peuvent voyager où ils veulent à travers le monde, en cliquant simplement sur la touche « entrée » d'un voyagiste en ligne, et en faisant leurs valises. Les possibilités de destinations et les moyens de voyager sont devenus incroyablement nombreux. D'après les données de l'enquête CANDi/HRC cependant, 41% d'entre nous, soit des millions de touristes concernés, sont moins susceptibles de choisir des destinations où ils ont été témoins de la souffrance des chats et chiens errants, et 7% n'envisageraient même absolument pas se rendre dans ces endroits pour leurs vacances. En outre de nombreux touristes comptent chercher des opportunités de voyage dans leur propre pays ou dans des régions où ils savent que des mesures de sécurité sont prises par rapport à ces animaux errants. Ainsi, les voyageurs en quête d'un séjour sous les tropiques, mais où il y ait moins de chats et chiens errants se tourneraient plutôt vers des destinations comme Hawaï, où des programmes sont en place pour promouvoir une prise en charge plus humaine de tous les animaux errants. Pour les compagnies touristiques, les implications sont claires – aider les chats et les chiens errants sur les lieux touristiques est complètement cohérent sur le plan financier. Les entreprises peuvent satisfaire leurs clients en incluant la prise en charge humaine des animaux errants dans une politique de responsabilité sociale, et en travaillant avec les zones touristiques pour mettre en place des solutions à la fois rentables sur le long terme et humaines pour réduire leur population d'animaux errants et prendre soin des animaux déjà en souffrance. Les implications économiques de ces solutions vont bien plus loin que de faire plaisir aux touristes : la gestion humaine des populations de chats et chiens errants améliore l'environnement en préservant la biodiversité, protège la santé et la sécurité des touristes et des membres de la communauté dans les lieux touristiques, ménage les intérêts de l'agriculture, et soutient l'éducation et la prise de conscience que la violence envers les animaux peut mener à la violence envers autrui. En montrant aux touristes qu'elles se préoccupent des chats et chiens errants, les compagnies pourraient éviter à des millions de clients de réserver auprès d'une agence de voyage concurrente ou changer l'état d'esprit de milliers et de milliers de touristes qui vont ainsi changer de projet et de destination. Mais le plus important, c'est qu'avec l'aide de l'industrie touristique, les chats et les chiens qui souffrent dans les plus beaux endroits touristiques de la planète, pourront avoir enfin la chance de vivre la vie qu'ils méritent. 15
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