L'Éthique de l'hospitalité en maison de retraite - Martine Chotard-Verne - Publibook
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Martine Chotard-Verne L’Éthique de l’hospitalité en maison de retraite Publibook
Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55 IDDN.FR.010.0115699.000.R.P.2010.030.31500 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2011
Remerciements Je remercie mes professeurs d’université de Paris-Est Créteil qui m’ont accompagné tout au long de ce master en Sciences Humaines et Sociales – Gérontologie, Direction d’Organisations. Bernadette Puijalon pour m’avoir permis de finaliser ce travail de recherche Jacqueline Trincaz pour m’avoir permis de finaliser ce cursus universitaire. Suzanne Rameix pour les cours qu’elle nous a prodigués, pour les conférences qu’elle nous consacre lors de nos regroupements du G12. Colette Verne, ma maman, pour avoir accepté d’effectuer la relecture de ce travail et d’y avoir apporté son éclairage d’ancienne étudiante universitaire, sa connaissance du milieu gériatrique en tant qu’ancienne directrice de maison de retraite et son regard de bénévole à la Maison Jeanne d’Arc de Vico. Pour toute son implication dans ce travail un très grand merci. Sophie Ingwiller, psychologue en maison de retraite, pour avoir accepté de lire ce travail en tant que candide. Gérard Joubert et Jean Claude Stefanini pour m’avoir au- torisé l’étude de leur projet et permis d’illustrer mes propos en prenant leur établissement en exemple. Corinne Ricci pour m’avoir introduit auprès de deux rési- dentes afin de pouvoir réaliser mes entretiens. 7
Introduction L’entrée en institution est une étape traumatisante pour les personnes âgées car elles vont se retrouver face à d’autres personnes âgées qui vont leur renvoyer une image de leur propre vieillissement. « Les vieux » dans la dernière étape de sa vie doivent s’adapter à leur perte d’autonomie, à la baisse de l’estime de soi, au rejet de la société, à la solitude. « Les vieux » se sentent inutiles car ils ne sont plus li- bres de leurs choix et ne maîtrisent plus leurs actes. De ce fait, ils vont être dans l’impossibilité de recevoir et de donner. « La vieillesse est un crime puni d’exclusion » écrit Jean Maisondieu dans Le Crépuscule de la raison1, et poursuit dans « L’Apartheid de l’âge » : « Notre culture pratique l’apartheid de l’âge… » : c’est le vieillisme. Afin de modifier ce regard négatif sur la vieillesse et de protéger l’accueil des personnes âgées dépendantes, le législateur a souhaité, dans une volonté d’éthique, à enca- drer l’accueil en structure par la loi de 2002. Pour autant, la mise en place du cadre normatif, de la loi du 1er janvier 2002, transformera-t-elle les lieux d’accueil en « substitut de domicile », en un véritable « chez-soi » ? La maison de retraite est un lieu d’hospitalité qui ac- cueille et reçoit, et qui permet au résident de recevoir. Les 1 Jean Maisondieu, Le Crépusule de la raison, Paris, Bayard, 2001. 9
E.H.P.A.D2 sont des lieux d’hébergement, c’est la raison pour laquelle les studios des résidents seront des substituts de domicile et non des domiciles, car ils ne permettent pas que la vie à domicile soit reproduite dans sa totalité. L’E.H.P.A.D ne fournit pas seulement le gîte et le couvert mais a pour mission l’accueil du grand âge, du handicap. L’entrée en établissement est une étape douloureuse pour la personne âgée et sa famille, surtout si elle s’effectue dans l’urgence. L’institution est alors vécue comme la seule alternative possible. Lorsque l’on ac- cueille une personne âgée en établissement, on y accueille également son entourage auquel il faudra expliquer que la maison de retraite est un lieu d’accueil, un lieu de vie, un lieu d’échange, un lieu d’activités, afin d’offrir une qualité de vie aux résidents. Le Robert de poche définit « la maison de retraite » comme un espace, « lieu ou l’on se retire ». Elle serait donc un lieu, où l’on va se mettre en retrait de la vie so- ciale, du monde. Dans cet ouvrage, je vais, dans le premier chapitre éclairer le regard du lecteur sur l’évolution de l’éthique, de l’antiquité à nos jours, au travers des regards de philoso- phes et de notre cadre législatif. Dans un second temps, j’analyserai l’influence de l’histoire de l’hospitalité au travers des siècles sur les élé- ments de l’accueil. Dans le troisième chapitre, je ferai un résumé succinct du cadre législatif, de son évolution au cours du dernier siècle à nos jours, ce qui a amené les politiques à légiférer sur la politique gérontologique. Pour terminer cette partie, j’aborderai la vie en maison de retraite, de l’admission à l’intégration des résidents. 2 E.H.PA.D : Établissement pour personnes âgées dépendantes 10
Pour limiter ce travail, j’ai volontairement exclu cer- tains points de réflexions tels que l’accompagnement en fin de vie, le rapport à la mort, la sexualité en maison de retraite, l’approche architecturale, etc. La seconde partie portera d’une part sur des récits de vie, des partages d’expériences professionnelles, des étu- des de cas, des analyses de projets institutionnels et des exemples mis en place dans ses quatre structures. Ce travail de réflexion se terminera par une ouverture vers de nouvelles pistes à suivre en matière d’éthique de l’hospitalité. J’approfondirai les différentes pistes de réflexions qui peuvent permettre de faire d’un substitut de domicile un véritable « comme chez soi ». Pour ce faire, ce travail de recherche s’appuiera, d’une part, sur l’ouvrage de Suzanne Rameix « Les fondements philosophiques de l’éthique médicale », d’autre part, sur des textes du « Dictionnaire de l’Hospitalité », ainsi que sur l’ouvrage de Flaubert : « Julien l’hospitalier ». Ce travail de recherche a été enrichi par de nombreux articles de journaux professionnels et à des informations collectées sur Internet. Cet ouvrage fait suite à mon mémoire de recherche qui portait sur la place de « l’éthique de l’hospitalité » en structure d’accueil pour personnes âgées dépendantes. Dans ce travail je me suis interrogée sur plusieurs ques- tions : - Qu’est-ce qui a été mis en place dans nos institu- tions au niveau de l’accueil depuis la promulgation de la loi de 2002 ? 11
- Quelles difficultés les contraintes de cette loi po- sent-elles aux institutions ? - Quelle est la place de chaque acteur dans la rela- tion d’accueil ? Et bien d’autres questions qui seront abordées dans les pages qui vont suivre. 12
Première partie
Introduction de la première partie « Aucun homme de génie, aucun saint, aucun Dieu ne peut enseigner à un homme comment il doit vivre. Chacun doit découvrir en lui-même sa propre sagesse, La science secrète de l’âme. Maurice Magre Le premier chapitre de cette première partie abordera des approches théoriques portant sur les différents con- cepts éthiques développés au fil du temps par des philosophes, des sociologues, des psychologues ou des anthropologues. Le second chapitre retracera l’histoire de l’hospitalité de l’antique Grèce à nos jours. On essayera de comprendre au travers de cette histoire de l’hospitalité, les conséquences qui ont influencé l’accueil des personnes âgées jusqu’au début du XXe siècle. Le troisième chapitre montrera comment à partir de l’histoire de nos lieux d’accueil, un cadre législatif est venu modifier et encadrer l’accueil des personnes âgées en structure. Le dernier chapitre portera sur l’accueil des résidents en Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dé- pendantes (EHPAD). 15
Chapitre I L’éthique « Le besoin d’appartenance, qui renforce le sentiment d’appartenir, de faire partie d’un groupe de semblables, nous fait passer de l’individu à la personne » Jacques Salomé Dans cette partie, il sera régulièrement fait référence au travail de Suzanne Rameix, philosophe – professeur d’université à Paris-Est Créteil, au travers de son ouvrage Les fondements philosophiques de l’éthique médicale, paru en 1998 aux éditions Ellipses dans la collection « Sciences humaines en médecine », qui a guidé ma ré- flexion dans mon travail de recherche et que je citerai de nombreuses fois dans cet ouvrage. Quelques définitions Étymologiquement le mot "éthique" est un synonyme d’origine grecque de "morale". Depuis son origine, l’ambivalence de l’éthique a tou- jours existé. Dans l’antiquité, ce mot grec avait déjà une double ra- cine ayant chacune une signification bien distincte, avec deux orthographes différentes. 17
Le mot êthikos, d’origine grecque, est devenu dans la langue française, le mot « éthique », qui peut être soit un adjectif masculin, soit un nom féminin singulier. Ce mot êthikos, se traduit par « moral ». L’èthos signifie la vertu, le côté de l’excellence de la personne, la vertu ayant comme but de conduire l’être hu- main vers la perfection. Cet aspect du mot renvoie aux valeurs, à leur appréciation, à la réflexion, et s’approche de l’éthique téléologique. L’èthos concerne les mœurs, les coutumes, les habitu- des. Cet aspect du mot s’appuie sur les faits, les devoirs, les lois et les règles et s’approche de l’éthique déontologi- que. En français, l’adjectif masculin du mot « éthique » concerne les mœurs et les principes de la morale, tandis que le mot féminin porte sur ce qui deviendra la science de la morale : éthique médicale, éthique biomédicale, éthique du management, éthique des organisations, éthique de l’hospitalité, éthique du consentement, etc. De nos jours, la notion de la « morale » a perdu de sa connotation péjorative pour une approche plus philosophi- que et théorique. Tandis que la morale est un ensemble de règles ou de lois ayant un caractère universel, irréductible, voire éter- nel, l’éthique s’attache aux valeurs et se détermine de manière relative dans le temps et dans l’espace, en fonc- tion de la communauté humaine à laquelle elle s’intéresse. L’éthique renvoie d’une part aux fondements de la mo- rale, réflexion philosophique sur la moralité, et d’autre part, à un ensemble de règles codifiées que sont les bonnes pratiques. 18
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