L'Éthique de l'hospitalité en maison de retraite - Martine Chotard-Verne - Publibook

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Martine Chotard-Verne

L’Éthique de l’hospitalité
  en maison de retraite

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 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2011
Remerciements

   Je remercie mes professeurs d’université de Paris-Est
Créteil qui m’ont accompagné tout au long de ce master en
Sciences Humaines et Sociales – Gérontologie, Direction
d’Organisations.
Bernadette Puijalon pour m’avoir permis de finaliser ce
travail de recherche
Jacqueline Trincaz pour m’avoir permis de finaliser ce
cursus universitaire.
Suzanne Rameix pour les cours qu’elle nous a prodigués,
pour les conférences qu’elle nous consacre lors de nos
regroupements du G12.
Colette Verne, ma maman, pour avoir accepté d’effectuer
la relecture de ce travail et d’y avoir apporté son éclairage
d’ancienne étudiante universitaire, sa connaissance du
milieu gériatrique en tant qu’ancienne directrice de maison
de retraite et son regard de bénévole à la Maison Jeanne
d’Arc de Vico. Pour toute son implication dans ce travail
un très grand merci.
Sophie Ingwiller, psychologue en maison de retraite, pour
avoir accepté de lire ce travail en tant que candide.
Gérard Joubert et Jean Claude Stefanini pour m’avoir au-
torisé l’étude de leur projet et permis d’illustrer mes
propos en prenant leur établissement en exemple.
Corinne Ricci pour m’avoir introduit auprès de deux rési-
dentes afin de pouvoir réaliser mes entretiens.

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Introduction

   L’entrée en institution est une étape traumatisante pour
les personnes âgées car elles vont se retrouver face à
d’autres personnes âgées qui vont leur renvoyer une image
de leur propre vieillissement.
   « Les vieux » dans la dernière étape de sa vie doivent
s’adapter à leur perte d’autonomie, à la baisse de l’estime
de soi, au rejet de la société, à la solitude.
   « Les vieux » se sentent inutiles car ils ne sont plus li-
bres de leurs choix et ne maîtrisent plus leurs actes.
   De ce fait, ils vont être dans l’impossibilité de recevoir
et de donner.

   « La vieillesse est un crime puni d’exclusion » écrit
Jean Maisondieu dans Le Crépuscule de la raison1, et
poursuit dans « L’Apartheid de l’âge » : « Notre culture
pratique l’apartheid de l’âge… » : c’est le vieillisme.
   Afin de modifier ce regard négatif sur la vieillesse et de
protéger l’accueil des personnes âgées dépendantes, le
législateur a souhaité, dans une volonté d’éthique, à enca-
drer l’accueil en structure par la loi de 2002.
   Pour autant, la mise en place du cadre normatif, de la
loi du 1er janvier 2002, transformera-t-elle les lieux
d’accueil en « substitut de domicile », en un véritable
« chez-soi » ?

   La maison de retraite est un lieu d’hospitalité qui ac-
cueille et reçoit, et qui permet au résident de recevoir. Les

1
    Jean Maisondieu, Le Crépusule de la raison, Paris, Bayard, 2001.

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E.H.P.A.D2 sont des lieux d’hébergement, c’est la raison
pour laquelle les studios des résidents seront des substituts
de domicile et non des domiciles, car ils ne permettent pas
que la vie à domicile soit reproduite dans sa totalité.
L’E.H.P.A.D ne fournit pas seulement le gîte et le couvert
mais a pour mission l’accueil du grand âge, du handicap.

   L’entrée en établissement est une étape douloureuse
pour la personne âgée et sa famille, surtout si elle
s’effectue dans l’urgence. L’institution est alors vécue
comme la seule alternative possible. Lorsque l’on ac-
cueille une personne âgée en établissement, on y accueille
également son entourage auquel il faudra expliquer que la
maison de retraite est un lieu d’accueil, un lieu de vie, un
lieu d’échange, un lieu d’activités, afin d’offrir une qualité
de vie aux résidents.

   Le Robert de poche définit « la maison de retraite »
comme un espace, « lieu ou l’on se retire ». Elle serait
donc un lieu, où l’on va se mettre en retrait de la vie so-
ciale, du monde.

   Dans cet ouvrage, je vais, dans le premier chapitre
éclairer le regard du lecteur sur l’évolution de l’éthique, de
l’antiquité à nos jours, au travers des regards de philoso-
phes et de notre cadre législatif.
   Dans un second temps, j’analyserai l’influence de
l’histoire de l’hospitalité au travers des siècles sur les élé-
ments de l’accueil.
   Dans le troisième chapitre, je ferai un résumé succinct
du cadre législatif, de son évolution au cours du dernier
siècle à nos jours, ce qui a amené les politiques à légiférer
sur la politique gérontologique.
   Pour terminer cette partie, j’aborderai la vie en maison
de retraite, de l’admission à l’intégration des résidents.
2
    E.H.PA.D : Établissement pour personnes âgées dépendantes

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Pour limiter ce travail, j’ai volontairement exclu cer-
tains points de réflexions tels que l’accompagnement en
fin de vie, le rapport à la mort, la sexualité en maison de
retraite, l’approche architecturale, etc.

   La seconde partie portera d’une part sur des récits de
vie, des partages d’expériences professionnelles, des étu-
des de cas, des analyses de projets institutionnels et des
exemples mis en place dans ses quatre structures.
   Ce travail de réflexion se terminera par une ouverture
vers de nouvelles pistes à suivre en matière d’éthique de
l’hospitalité.
   J’approfondirai les différentes pistes de réflexions qui
peuvent permettre de faire d’un substitut de domicile un
véritable « comme chez soi ».

   Pour ce faire, ce travail de recherche s’appuiera, d’une
part, sur l’ouvrage de Suzanne Rameix « Les fondements
philosophiques de l’éthique médicale », d’autre part, sur
des textes du « Dictionnaire de l’Hospitalité », ainsi que
sur l’ouvrage de Flaubert : « Julien l’hospitalier ». Ce
travail de recherche a été enrichi par de nombreux articles
de journaux professionnels et à des informations collectées
sur Internet.

   Cet ouvrage fait suite à mon mémoire de recherche qui
portait sur la place de « l’éthique de l’hospitalité » en
structure d’accueil pour personnes âgées dépendantes.

   Dans ce travail je me suis interrogée sur plusieurs ques-
tions :
      - Qu’est-ce qui a été mis en place dans nos institu-
        tions au niveau de l’accueil depuis la promulgation
        de la loi de 2002 ?

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- Quelles difficultés les contraintes de cette loi po-
       sent-elles aux institutions ?
     - Quelle est la place de chaque acteur dans la rela-
       tion d’accueil ?

  Et bien d’autres questions qui seront abordées dans les
pages qui vont suivre.

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Première partie
Introduction de la première partie

       « Aucun homme de génie, aucun saint, aucun Dieu
     ne peut enseigner à un homme comment il doit vivre.
    Chacun doit découvrir en lui-même sa propre sagesse,
                                    La science secrète de l’âme.
                                               Maurice Magre

   Le premier chapitre de cette première partie abordera
des approches théoriques portant sur les différents con-
cepts éthiques développés au fil du temps par des
philosophes, des sociologues, des psychologues ou des
anthropologues.

   Le second chapitre retracera l’histoire de l’hospitalité
de l’antique Grèce à nos jours.

   On essayera de comprendre au travers de cette histoire
de l’hospitalité, les conséquences qui ont influencé
l’accueil des personnes âgées jusqu’au début du
XXe siècle.

   Le troisième chapitre montrera comment à partir de
l’histoire de nos lieux d’accueil, un cadre législatif est
venu modifier et encadrer l’accueil des personnes âgées en
structure.

   Le dernier chapitre portera sur l’accueil des résidents en
Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dé-
pendantes (EHPAD).

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Chapitre I

L’éthique
    « Le besoin d’appartenance, qui renforce le sentiment
  d’appartenir, de faire partie d’un groupe de semblables,
            nous fait passer de l’individu à la personne »

                                              Jacques Salomé

   Dans cette partie, il sera régulièrement fait référence au
travail de Suzanne Rameix, philosophe – professeur
d’université à Paris-Est Créteil, au travers de son ouvrage
Les fondements philosophiques de l’éthique médicale,
paru en 1998 aux éditions Ellipses dans la collection
« Sciences humaines en médecine », qui a guidé ma ré-
flexion dans mon travail de recherche et que je citerai de
nombreuses fois dans cet ouvrage.

Quelques définitions
   Étymologiquement le mot "éthique" est un synonyme
d’origine grecque de "morale".
   Depuis son origine, l’ambivalence de l’éthique a tou-
jours existé.

   Dans l’antiquité, ce mot grec avait déjà une double ra-
cine ayant chacune une signification bien distincte, avec
deux orthographes différentes.

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Le mot êthikos, d’origine grecque, est devenu dans la
langue française, le mot « éthique », qui peut être soit un
adjectif masculin, soit un nom féminin singulier.

   Ce mot êthikos, se traduit par « moral ».
   L’èthos signifie la vertu, le côté de l’excellence de la
personne, la vertu ayant comme but de conduire l’être hu-
main vers la perfection. Cet aspect du mot renvoie aux
valeurs, à leur appréciation, à la réflexion, et s’approche
de l’éthique téléologique.
   L’èthos concerne les mœurs, les coutumes, les habitu-
des. Cet aspect du mot s’appuie sur les faits, les devoirs,
les lois et les règles et s’approche de l’éthique déontologi-
que.

   En français, l’adjectif masculin du mot « éthique »
concerne les mœurs et les principes de la morale, tandis
que le mot féminin porte sur ce qui deviendra la science de
la morale : éthique médicale, éthique biomédicale, éthique
du management, éthique des organisations, éthique de
l’hospitalité, éthique du consentement, etc.

   De nos jours, la notion de la « morale » a perdu de sa
connotation péjorative pour une approche plus philosophi-
que et théorique.
   Tandis que la morale est un ensemble de règles ou de
lois ayant un caractère universel, irréductible, voire éter-
nel, l’éthique s’attache aux valeurs et se détermine de
manière relative dans le temps et dans l’espace, en fonc-
tion de la communauté humaine à laquelle elle s’intéresse.

   L’éthique renvoie d’une part aux fondements de la mo-
rale, réflexion philosophique sur la moralité, et d’autre
part, à un ensemble de règles codifiées que sont les bonnes
pratiques.

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