Choc démographique et les entreprises : peut-on compter sur l'immigration pour en atténuer les effets? - Association des économistes ...
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Choc démographique et les entreprises : peut-on compter sur l’immigration pour en atténuer les effets? Brahim Boudarbat École de relations industrielles – Université de Montréal, CIRANO Congrès 2012 - Association des économistes québécois « La prospérité au Québec, nos choix pour y arriver »
Contenu de la présentation : • Contexte • Situation des immigrants sur le marché du travail • Propositions pour améliorer cette intégration Brahim Boudarbat
1. Contexte • Même si l’immigration est un champ de compétence partagé entre les gouvernements fédéral et provinciaux, le Québec a pendant longtemps été la seule province canadienne activement engagée dans ce domaine : « À partir des années 60, à l’époque où il accomplit sa Révolution tranquille, le Québec comprend qu’il doit maîtriser ce facteur de développement démographique, linguistique, social, économique et culturel » (Robert, 2005, p. 70). Brahim Boudarbat
Graphique 1 – Évolution du nombre total d’immigrants et de leur part dans la population au Québec, 1951-2006 900 000 851 560 800 000 706 965 700 000 591 210 600 000 522 150 468 930 500 000 388 449 400 000 300 000 228 923 200 000 100 000 5,6% 7,4% 7,8% 8,2% 8,7% 9,9% 11,5% 0 1951 1961 1971 1981 1991 2001 2006 Source : MICC Brahim Boudarbat
Graphique 2 – Évolution de la part des immigrants dans la population active au Québec (%) 14 13 13,2 12 10,45 11 10,19 10 11,2 9 9,69 Pourcentage 8 7 6 5 4 3 2 1 0 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 Source : Recensement du Canada (1981-2001), Institut de la statistique du Québec (2006-2011) Brahim Boudarbat
2. Situation des immigrants sur le marché du travail Brahim Boudarbat
Graphique 3 – Taux de chômage des immigrants de 15-64 ans 16 Québec 14 12,9 12,8 12 Taux de chômage (%) 10 Ontario 9,0 8 8,1 6,9 6 5,0 4 2 Colombie-Britannique 0 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Source : Calculs de l’auteur à partir des fichiers de l’Enquête sur la population active Brahim Boudarbat
Graphique 4 – Rapport des taux de chômage des immigrants et des natifs chez les 15-64 ans 2,0 Québec 1,8 1,82 1,75 1,6 Ontario Rapport 1,4 1,2 1,13 1,21 1,09 1,0 1,09 Colombie-Britannique 0,8 0,6 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Source : Calculs de l’auteur à partir des fichiers de l’Enquête sur la population active Brahim Boudarbat
Graphique 5 – Taux de surqualification dans l’emploi chez les 15- 64 ans ayant un diplôme d'études postsecondaires, 2011 (%) 60 54,0 52,1 50,4 50 40,6 38,8 40 34,4 Pourcentage 30 20 10 0 Québec Ontario Colombie-Britannique Natifs Immigrants Source : Calculs de l’auteur à partir des fichiers de l’Enquête sur la population active Brahim Boudarbat
• Les immigrants constituent un groupe très hétérogène à plusieurs égards : Catégorie d’immigration Âge à l’immigration; durée depuis l’immigration Région d’origine, culture, réseaux Niveau et lieu des études Connaissances linguistiques • Les résultats du marché du travail varient-ils en fonction des ces caractéristiques? Brahim Boudarbat
Graphique 6 – Taux d’emploi des immigrants de 15 à 64 ans selon l’âge au moment de l’immigration, Québec 2006 75 Non-immigrants 70 Taux d'emploi (%) 65 60 Immigrants 55 50 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 Àge à l'immigration Source : Calculs de l’auteur à partir des fichiers du recensement de 2006 Brahim Boudarbat
Graphique 7 – Taux de surqualification dans l’emploi chez les 15-64 ans diplômés des études postsecondaires, Québec, 2006 60 Immigrants 50 40 Pourcentage 30 Non-immigrants 20 10 0 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 Âge à l'immigration Source : Calculs de l’auteur à partir des fichiers du recensement de 2006 Brahim Boudarbat
Graphique 8 – Taux de chômage des immigrants de 15 à 64 ans selon le lieu d’obtention du diplôme postsecondaire, Québec 2006 25 Immigrants arrivés entre 18 et 29 ans 23,4 Immigrants arrivés après à 30 ans ou plus 20 18,6 16,3 14,4 Pourcentage 15 12,0 12,1 11,3 10,5 10,5 10 7,9 8,1 6,9 7,3 5,8 5 0 Canada États-Unis Europe de Europe de Amériques Afrique Asie l'Ouest l'Est (sauf É.-U.) Source : Calculs de l’auteur à partir des fichiers du recensement de 2006 Brahim Boudarbat
Tableau 1 – Situation des immigrants africains et asiatiques de 15 à 64 ans ayant un diplôme postsecondaire & arrivés à 18 ans ou plus, Québec en 2006 Lieu de naissance Lieu Afrique Asie d’obtention du Taux Taux de Taux Taux de diplôme d’emploi surqual. d’emploi surqual. Canada 74,0 38,7 74,2 35,5 Europe-Ouest 74,1 36,1 75,2 38,7 États-Unis – – 71,7 29,2 Afrique 60,1 59,5 – – Asie – – 62,3 65,0
Graphique 9 – Taux d’emploi des immigrants de 15 à 64 ans selon les connaissances linguistiques, Québec en 2006 80% Français et anglais 70% Anglais seulement 60% Taux d'emploi 50% Français seulement 40% 30% Ni français ni anglais 20% 0-1 4-5 8-9 12-13 16-17 20-21 24-25 28-29 32-33 36-37 40-41 44-45 48-49 Âge à l'immigration Source : Calculs de l’auteur à partir des fichiers du recensement de 2006 Brahim Boudarbat
3. Propositions pour améliorer l’intégration des immigrants au marché du travail • À quel niveau doit-on intervenir pour produire les meilleurs résultats possibles? (on peut intervenir à plusieurs niveaux en même temps) : – En amont du problème (sélection) • Prioriser les profils qui s’intègrent plus facilement – En aval du problème (après l’immigration) • Identifier et éliminer les obstacles à l’emploi – Ou : créer un nouveau système d’immigration plus efficace (en parallèle ou non avec le système actuel). Brahim Boudarbat
Proposition 1 Resserrer les critères de sélection de manière à favoriser les candidats les plus susceptibles de réussir leur intégration économique tout en assurant un traitement rapide de leurs demandes d’immigration. Brahim Boudarbat
Immigrant « idéal » : • Arrive à l’âge de 0-8 ans ou 20-30 ans • Détient un diplôme canadien, américain ou européen • Connaît les deux langues officielles. Brahim Boudarbat
Modifications à apporter à la grille de sélection : 1. Âge : • Fortement prioriser le groupe 20-30 ans (prévoir le délai de traitement des demandes) • Imposer un plafond d’âge pour le dépôt d’une demande d’immigration • Exiger d’avoir une offre d’emploi valable pour les candidats qui ne satisfont pas le critère de l’âge. Brahim Boudarbat
2. Scolarité : • Inclure le lieu d’obtention du diplôme dans la grille de sélection (favoriser les diplômés des établissements européens et américains) • Alternativement : étendre le « Programme de l’expérience québécoise » aux étudiants inscrits dans les universités européennes et américaines. Brahim Boudarbat
3. Connaissances linguistiques : • Imposer des exigences minimales relatives aux langues d’usage sur le marché du travail québécois (selon l’emploi que l’immigrant a l’intention d’exercer) – introduire un test de langue obligatoire. Brahim Boudarbat
4. Délai de traitement des demandes : • Accélérer le traitement des demandes des candidats à haut potentiel d’intégration en mobilisant plus de ressources et en abandonnant la règle du « premier arrivé, premier servi » – système à vitesse variable qui lie la place dans la file d’attente au nombre de points obtenus au regard de la grille de sélection. Brahim Boudarbat
Avantages : • Attraction de candidats présentant un fort potentiel d’intégration au marché du travail – augmentation de l’apport de l’immigration sur le plan économique et réduction du besoin pour des interventions en aval de l’immigration • Attraction d’immigrants très jeunes – resteraient sur le marché du travail pendant une longue période – ont un horizon suffisant pour s’ajuster à la situation sur ce marché – acceptent plus facilement de repartir à zéro – leurs enfants seront nés ici (la 2e génération est le groupe qui affiche les meilleurs résultats). Brahim Boudarbat
Inconvénients : • Bassin de recrutement des immigrants possiblement limité – Seulement 6 % des immigrants demandeurs principaux admis en 2011 au Canada provenaient de la catégorie de l’expérience canadienne (créée en 2008), mais ce pourcentage est en croissance et beaucoup de candidats de cette catégorie sont dans la liste d’attente • Aucun contrôle sur les personnes à charge ou parrainées – À noter que la catégorie de l’expérience canadienne est la seule à compter plus de demandeurs principaux que de personnes à charge • Impact important sur la composition ethnique des immigrants (exemple de l’expérience australienne) – Ceci risque de susciter un débat éthique sur la possible discrimination exercée en fonction de l’origine du diplôme, de l’âge et des connaissances linguistiques dans le cadre des politiques d’immigration. Brahim Boudarbat
Proposition 2 Restructurer et rendre plus opérationnel l’ensemble des services d’information et d’aide à l’emploi des nouveaux arrivants dans le but de permettre à ces derniers d’accéder rapidement à leur premier emploi au Québec. Brahim Boudarbat
Rappel : • L’Accord Canada-Québec de 1991 confère au Québec la responsabilité d’accueillir et d’intégrer les nouveaux immigrants (283 M$ en transferts fédéraux pour 2012-2013) • C’est la direction privilégiée par le gouvernement (budget 2012-2013) • Principaux problèmes ou difficultés rencontrés par les nouveaux arrivants pour trouver un emploi au Québec : – Manque d’expérience canadienne (72 %) – Problèmes de langue (50 %) – Absence de recommandation de la part d’un employeur canadien (46 %) – Non-reconnaissance des compétences étrangères (44 %) – Absence de contact dans le marché de l’emploi (43 %) Brahim Boudarbat
Il s’agit donc de : • Renforcer les programmes qui permettent aux immigrants de maîtriser les langues officielles • Réorganiser les services d’aide à l’emploi et les confier à des personnes compétentes afin de permettre aux immigrants d’accéder rapidement à un premier emploi convenable et d’acquérir une expérience professionnelle d’ici (il existe présentement une multitude d'intervenants) : – Information, orientation, formation sur les techniques de recherche d’emploi, etc. – Intermédiation entre employeurs et immigrants à la recherche d’emploi (séances de réseautage, salons de l’emploi, etc.) – Stages en milieu du travail, formations de relais • Inciter les immigrants à la mobilité géographique, (si nécessaire) à réorienter leur carrière, à retourner aux études, à considérer l’emploi autonome, etc. (leur accorder des incitatifs?) • Inciter les employeurs privés – surtout les PME - à s’ouvrir aux immigrants (plusieurs, par leur propre initiative, ont déjà choisi d’aider les immigrants à s’intégrer au marché du travail). Brahim Boudarbat
Il serait peut-être utile de créer un point de chute unique pour les immigrants : par exemple, un Centre d’aide à l’emploi pour personnes immigrantes (au sein d’Emploi- Québec). Brahim Boudarbat
Avantages : • Augmenter l’employabilité des immigrants • Responsabiliser les immigrants en mettant à leur disposition les ressources nécessaires Brahim Boudarbat
Inconvénients : • Des interventions efficaces sont généralement coûteuses, ce qui limite le nombre de bénéficiaires • La population immigrante et ses besoins sont très hétérogènes • Certains objectifs sont difficiles à atteindre (exemple : maîtrise d’une nouvelle langue après un certain âge) • Certains obstacles sont difficiles à surmonter (instruction de moindre qualité dans le pays d’origine, culture, etc.) • Les interventions risquent de profiter à des personnes qui n’en ont pas vraiment besoin. Brahim Boudarbat
Proposition 3 Mettre en place un système d’immigration en deux étapes. Dans la première étape, les candidats acceptés reçoivent un permis de séjour temporaire. Ensuite, la résidence permanente est accordée uniquement à ceux qui démontrent leur capacité à s’intégrer au marché du travail québécois. Brahim Boudarbat
• Ce système est semblable à celui des travailleurs étrangers, sauf que les candidats doivent satisfaire des critères de sélection et ne sont pas obligés d’avoir une offre d’emploi pour obtenir le permis de séjour. • Il s’agit d’accorder le droit d’établissement pour une durée fixe (deux ans par exemple, renouvelable au besoin) Brahim Boudarbat
• La performance du candidat est évaluée au terme de la période. Sur la base de cette évaluation, le gouvernement accorde la résidence permanente, renouvelle le permis de séjour pour une deuxième période, ou met fin au droit d’établissement (certains auront quitté avant). • Les exigences pour la résidence permanente doivent être clairement annoncées par le gouvernement et acceptées par les candidats. Exemples : durée de l’emploi pendant la période de référence, emploi dans le domaine de formation, revenu d’emploi, utilisation des programmes de sécurité de revenu, etc. Brahim Boudarbat
Inconvénients : • Requiert la collaboration du gouvernement fédéral pour l’octroi/renouvellement des visas et le renvoi des personnes non retenues (nouvel accord Canada-Québec?). • Pourrait être coûteux à gérer (faudrait évaluer le coût net) • N’a pas de contrôle sur les personnes à charge ou parrainées • Problématique des personnes qui refusent de retourner dans leur pays d’origine. Brahim Boudarbat
Graphique 10 – Évolution de l’effectif des résidents permanents et temporaires – Canada 1998-2011 350 000 Nouveaux résidents 300 000 permanents +11% / année 250 000 +2,8% / année +8,2% / année 200 000 150 000 Étudiants étrangers (effectif au 1er déc.) 100 000 Travailleurs temporaires (effectif au 1er déc.) 50 000 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 Source : Citoyenneté et Immigration Canada Brahim Boudarbat
Avantages : • Centrer les politiques d’immigration sur des objectifs économiques • Décourager ceux qui ont l’intention d’immigrer pour des raisons non économiques ou qui savent qu’ils ont peu de chance de trouver un emploi (atténuer l’effet d’attraction exercé par l’État providence) – amener les immigrants à y penser deux fois avant d’entreprendre les démarches d’immigration – faire de l’intégration au marché du travail leur première préoccupation • Réduire le recours aux programmes de sécurité de revenu (très élevé les première années suivant l’arrivée). Brahim Boudarbat
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