La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier - n 2191 - Les Fiches du Cinéma

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La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier - n 2191 - Les Fiches du Cinéma
n°2191

         La Fille au bracelet
                                    de Stéphane Demoustier

                                              Rencontre avec
                                      Amjad Abu Alala
                              pour Tu mourras à 20 ans

         N°2191 • 12 FÉVRIER 2020
La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier - n 2191 - Les Fiches du Cinéma
SOMMAIRE
Ducobu 3                           RETAR
                                        D   H
de Élie Semoun

          FILMS DU 12 FÉVRIER 2020
Chats par-ci, chats par-là                  HH
Film collectif
Deux                                        HHH
de Filippo Meneghetti
La Fille au bracelet                        HHH
de Stéphane Demoustier
Mamacita                                    HHH
de José Pablo Estrada Torrescano
Mickey and the Bear                         HHH
de Annabelle Attanasio
Le Prince oublié                            m
de Michel Hazanavicius
Queen & Slim                                H
de Melina Matsoukas
Sonic                                       m
de Jeff Fowler
Toutes les vies de Kojin                    HH
de Diako Yazdani
Tu mourras à 20 ans                         HHH
de Amjad Abu Alala
Rencontre avec Amjad Abu Alala
Un divan à Tunis                            HHH
de Manele Labidi
La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier - n 2191 - Les Fiches du Cinéma
Ducobu 3
de Élie Semoun

C’est la rentrée à l’école Saint-Potache, et Ducobu                                                                                                   COMÉDIE
                                                                                                                                                        Famille
voit arriver dans sa classe un nouveau roi de la triche...
Ce troisième volet, ni antipathique ni vraiment                                              u GÉNÉRIQUE
inspiré, distrait mais passe à côté du potentiel                                             Avec : Élie Semoun (le professeur Latouche), Émilie Caen
narratif et comique des situations qu’il propose.                                            (Mademoiselle Rateau), Frédérique Bel (Adeline Gratin), Loïc
                                                                                             Legendre (Hervé Ducobu), Mathys Gros (Ducobu), Leelo Eyme
                                                                                             (Léonie Gratin), Chad Ebengue (TGV), Léopold Moati (Willie),
                                                                                             François Levantal (le directeur), Florent Peyre (le présentateur),
                                                                                             Gérard Jugnot (Kitrish).
                                                                                             Scénario : Guy Laurent, Marc & Philippe de Chauveron et Élie
                                                                                             Semoun D’après : la série de bandes dessinées L’Élève Ducobu
                                                                                             de Zidrou et Godi (créée en 1992) et le film L’Élève Ducobu de
                                                                                             Philippe de Chauveron (2011) Images : Christian Abomnes
                                                                                             Montage : Sandro Lavezzi 1er assistant réal. : Jean-André Silvestro
                                                                                             Scripte : Laora Bardos-Feltoronyi Son : Pascal Jasmes Décors :
                                                                                             Tom Darmstaedter Costumes : Frédérique Leroy Maquillage :
                                                                                             Rachel Beeckmans Production : Les Films du Premier et Les
                                                                                             Films du 24 Coproduction : uMedia et TF1 Films Production
                                                                                             Producteur : Romain Rojtman Producteur exécutif : Benjamin
                                                                                             Hess Distributeur : UGC.
       © Marc Bossaert / Les Films du Premier - Les Films du 24 - uMedia - TF1 Films Prod.

     H       L’Élève Ducobu, premier film tiré de la bande
dessinée de Godi et Zidrou, avait le mérite de faire l’éloge
des nombreuses compétences d’un enfant considéré
par l’institution scolaire comme un cancre. S’il ne savait                                                     90 minutes. France, 2019
pas ses tables de multiplications, il était le seul parmi                                                    Sortie France : 5 février 2020
ses camarades à savoir construire une cabane et faire
                                                                                             u RÉSUMÉ
du feu, les sauvant ainsi à la fin du film. Les Vacances
                                                                                             C’est la rentrée. Le directeur de l’école Saint-Potache
de Ducobu, nettement en-dessous, ne renouvelait pas                                          dit aux professeurs qu’il n’y a plus d’argent pour rénover
vraiment le personnage. Dans ce troisième opus, la terreur                                   l’établissement, qui tombe en ruine. En classe, Ducobu est
de l’école Saint-Potache fait face à un roi de la triche aussi                               défié par un nouveau, surnommé TGV, qui dit être le roi de
doué que lui, ce qui le déstabilise. Mais cette rivalité fait                                la triche, notamment grâce à des lunettes connectées qui
long feu et le scénario ne profite pas assez du potentiel de                                 lui donnent les réponses. La triche à l’ancienne de Ducobu
cette situation nouvelle. On aurait pu imaginer un amusant                                   ne trompe plus Monsieur Latouche, son professeur, et
western scolaire du type : “Cette classe est trop petite                                     les zéros pleuvent. Un autre nouveau, Willy, chante très bien
                                                                                             et plaît aux filles de la classe, dont Léonie que Ducobu aime
pour nous deux”. Étrangement, le film passe à côté et
                                                                                             en secret. Mademoiselle Rateau propose de présenter Willy
préfère se concentrer sur une histoire de télé-crochet que                                   à un télé-crochet où le gagnant obtient de l’argent pour son
Ducobu entend remporter afin de sauver Saint-Potache                                         école. Ducobu et TGV, jaloux, s’allient contre Willy.
de la ruine. Cette idée n’est pas non plus très bien exploitée.
                                                                                             SUITE... La mère de Léonie et le père de Ducobu vivent
Les différents concurrents se ressemblent trop et chantent                                   une idylle. Léonie dit à Ducobu que sa mère n’aime que
de la même façon. On aurait aimé une galerie de personnages                                  les rappeurs musclés, ce qu’il répète à son père. Ce dernier
plus bigarrée. En réalité, les seuls moments vraiment                                        va alors acheter un produit à base d’hormones pour se
amusants du film reposent sur les épaules d’Élie Semoun,                                     muscler. Le vendeur dit à Ducobu que s’il en prend, il va
qui s’est visiblement fait plaisir en campant une fois                                       muer. Ducobu et TGV font des gâteaux avec le produit et en
de plus Monsieur Latouche, sa mère acariâtre, ainsi                                          donnent à Willy, qui mue et perd sa belle voix. Mais Ducobu
qu’un autre personnage des plus effrayants. Comme                                            veut sauver l’école. Grâce à une machine qui fait chanter
                                                                                             juste créée par TGV, il montre à tous qu’il peut remplacer
réalisateur, il signe une mise en scène plutôt passe-partout,
                                                                                             Willy. Il arrive en finale du concours mais la machine se
proche de celle des deux premiers volets, avec ceci dit                                      détraque et la triche est dévoilée. Ducobu dit alors devant
quelques sympathiques passages flirtant avec le fantastique.                                 les caméras qu’il a triché pour sauver son école, ce qui
Un film pas inoubliable donc, mais qui distraira probablement                                déclenche des promesses de dons de la France entière.
les enfants.  _G.R.                                                                          Puis il dit à Léonie qu’il l’aime. Elle l’embrasse.

                                  Visa d’exploitation : 151297. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 503 copies.

                                                                                        3                                              © les Fiches du Cinéma 2019
La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier - n 2191 - Les Fiches du Cinéma
Chats par-ci, chats par là
Film collectif

Le chat est l’animal familier et familial par excellence.                                                                            AVENTURES
                                                                                                                                         Enfants
Comme lui, Le Tigre et son maître , La Pêche
miraculeuse, La Poule, le chat, et autres bestioles, et                    u GÉNÉRIQUE
Bamboule sont consensuels et familiaux et œuvrent                          1. Le Tigre et son maître de Fabrice Luang-Vija
à la paix des ménages le dimanche après-midi.                              (9’40 - France - Belgique, 2019)
                                                                           2. La Pêche miraculeuse de Fabrice Luang-Vija
                                                                           (7’ - France - Belgique, 2019)
                                                                           3. La Poule, le chat et autres bestioles de Fabrice Luang-Vija
                                                                           (27’20 - France - Suisse, 2019)
                                                                           4. Bamboule de Émilie Pigeard (9’14 - France - Belgique, 2018)
                                                                           Avec : 1. Frédéric Clou (le tigre), Jérémie Petrus (le chat) 4. Valentine
                                                                           Lapière.
                                                                           Scénario : Fabrice Luang-Vija Montage : Fabrice Luang-Vija
                                                                           Animation : Célia Tisserant, Célia Tocco, Raphaëlle Prud’homme,
                                                                           Nina Prévautel, Émilie Pigeard et Fabrice Luang-Vija (1), Émilie
                                                                           Pigeard et Fabrice Luang-Vija (2), Célia Tisserant, Célia Tocco,
                                                                           Célia Brisot, Oanna Schyrr, Stéphane Nappez, Jérôme Metraux,
                                                                           Morgane Bodganoff et Zoé Wahle (3), Émilie Pigeard (4) Musique :
                                                                           YeP* (1), Nathanaël Bergèse (2), Christophe Jacquelin (3), Jean-
                                                                           Marc Fort (4) Son : Nils Fauth (1, 2), Philippe Fontaine (4) Décors :
                                                        © Gebeka Films     Flora Taverner (1), Cindy Lo (4) Production : Les Films du Nord
                                                                           Coproduction : La Boîte,... Productions (1, 2, 4), Pictanovo (1, 3),
                                                                           Nadasdy Film, Fargo et RTS (3) Distributeur : Gebeka Films.
    HH         Ce programme de quatre courts métrages prend
comme fil conducteur le félin de nos canapés, souvent moins
gardien du foyer que peluche chasseuse de souris ou de bouts
de ficelle. Le premier film adapte un conte chinois qui joue sur                56 minutes. France - Belgique - Suisse, 2018-2019
l’inversion d’un rapport de force : le chat est le prédateur de                          Sortie France : 12 février 2020
la jungle alors que le tigre se fait peureux mistigri. Dommage
                                                                           u RÉSUMÉ
que Le Tigre et son maître tombe dans la facilité d’un parlé
“jeune”. La Pêche miraculeuse entre dans un système                        1. Un tigre s’attire les moqueries des autres animaux :
hyperbolique de l’absurde qui décale de façon hilarante                    il ne sait pas chasser. Il aperçoit un chat. Celui-ci se moque
                                                                           méchamment du tigre lorsqu’il comprend l’inaptitude de
ces jeux scolaires “à relier” fonctionnant par association
                                                                           celui-ci. Le chat accepte cependant de lui apprendre. Mais
logique. La Poule, le chat, et autres bestioles s’amuse avec               les insultes du chat ont blessé le tigre, qui a la rancœur
la fable animalière et ses titres à rallonge (Le Lion, le singe et         tenace : il course le chat qui se réfugie dans un arbre. Malin,
les deux ânes, etc) et pousse cette addition sans fin jusqu’au             le chat a omis d’apprendre au tigre à grimper aux arbres.
non-sens. Il déjoue l’anthropomorphisme en reprenant                       C’est ainsi que les tigres, “en dépit de leur force et de leur
une jolie idée déjà utilisé par Prokoviev dans Pierre et le loup,          agilité, aux arbres n’ont jamais su grimper”.
qui attribue à chaque animal le son d’un instrument. Au                    2. Un homme pêche dans une barque avec son chat.
contraire, le quatrième film transpose un sujet de société                 Il attrape un poisson et le donne au chat. Arrive une mouette :
                                                                           le pêcheur lui donne un deuxième poisson. Et ainsi de
- l’obésité - d’une manière qui aurait questionné Bettelheim :
                                                                           suite, jusqu’à ce que l’homme pêche Pinocchio : surgit
une chatte a des bébés, se fait castrer, et devient grosse.                une baleine qui avale le pantin, le pêcheur, le chat et
“Je suis peut-être une grosse chatte, mais je suis une chatte              la barque, puis les recrache. L’homme ouvre une boîte de
heureuse”, finit par dire Bambou avec la conviction de                     sardines. Le chat le regarde.
la dénégation. Les idées scénaristiques parfois surprenantes               3. Un renard capture une poule ; un chat et les poussins
de ces courts métrages amuseront les enfants comme                         partent la rechercher. Ils croisent un éléphant, un vautour,
les adultes, et se démarquent d’une partie de la production                un requin, un ours blanc, vont dans un désert brûlant puis
de films d’animation pour enfants, trop souvent insipide.                  polaire, et rentrent au bercail.
                                                                           4. Bambou est la chatte adorée de la maison. Quand elle a
On peut émettre une réserve sur le graphisme, qui reste
                                                                           des chatons, ses propriétaires décident de la castrer. Après
assez conventionnel, voire volontairement régressif dans                   l’opération, Bambou se met à grossir et devient “Bamboule”.
le cas de Bamboule. Les interludes en noir et blanc,                       Ses propriétaires la mettent au régime mais elle ne maigrit
évoquant les chats de Dubout, sont en revanche plus                        pas : elle a juste “la dalle”. Finalement, Bambou décide que
intéressants. _A.B-G.                                                      son poids n’est pas un problème.

                           Visa d’exploitation : 149556. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 90 copies.

                                                                    4                                                    © les Fiches du Cinéma 2019
La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier - n 2191 - Les Fiches du Cinéma
Deux
de Filippo Meneghetti

Un mélodrame tout en délicatesse sur une histoire                                                                                       MÉLODRAME
                                                                                                                                Adultes / Adolescents
d’amour entre deux femmes, leur relation à la famille
et à la maladie. Portée par ses actrices, un scénario                            u GÉNÉRIQUE
bien travaillé et une mise en scène inspirée,                                    Avec : Barbara Sukowa (Nina), Martine Chevallier (Madeleine),
cette œuvre saura à coup sûr toucher son public.                                 Léa Drucker (Anne), Jérôme Varanfrain (Frédéric), Daniel Trubert
                                                                                 (André), Hervé Sogne (Monsieur Brémond), Tara Donnell (Joséphine),
                                                                                 Eugénie Anselin (Christiane), Muriel Benazeraf (Muriel), Alice
                                                                                 Lagarde (Laetitia), Augustin Reyes (Théo), Véronique Fauconnet
                                                                                 (l’infirmière), Aude-Laurence Clermont Biver (l’infirmière à l’hôpital),
                                                                                 Denis Jousselin (le directeur de la maison de retraite).
                                                                                 Scénario : Filippo Meneghetti et Malysone Bovorasmy, avec
                                                                                 la collaboration de Florence Vignon Images : Aurélien Marra
                                                                                 Montage : Ronan Tronchot 1er assistant réal. : Brice Morin
                                                                                 Scripte : Nadia Masri Musique : Michèle Menini Son : Céline
                                                                                 Bodson Décors : Laurie Colson Costumes : Magdalena Labuz
                                                                                 Maquillage : Katja Reinert Casting : Brigitte Moidon et Valérie
                                                                                 Pangrazzi Production : Paprika Films Coproduction : Tarantula,
                                                                                 Artémis Productions, VOO & BeTV et Shelter Prod Producteurs :
                                                                                 Pierre-Emmanuel Fleurantin et Laurent Baujard Coproducteurs :
                                                                                 Élise Andre, Donato Rotunno et Patrick & Stéphane Quinet
                                   © Paprika Films - Tarantula - Artémis Prod.   Producteur associé : Philippe Logie Dir. de production : Vincent
                                                                                 Canart Distributeur : Sophie Dulac Distribution.
   HHH        Deux est le premier long métrage de jeune
réalisateur italien Filippo Meneghetti. Il débute en montrant
une femme faire sa toilette, alors qu’une autre la regarde
avec tendresse. Sans qu’une parole soit prononcée,                                   95 minutes. France - Luxembourg - Belgique, 2019
le lien amoureux qui existe entre elles est parfaitement                                      Sortie France : 12 février 2020
retranscrit. Cette présentation d’une relation homosexuelle
                                                                                 u RÉSUMÉ
entre deux femmes est faite avec beaucoup de délicatesse
                                                                                 Madeleine et Nina, deux femmes d’une soixantaine
et sans aucune vulgarité. Les six années qui ont été                             d’années, sont secrètement en couple. Après le décès du
nécessaires à l’écriture du scénario original ont permis                         mari de Madeleine, les portes de leurs appartements qui se
de faire passer les émotions sans que les personnages                            font face sont toujours ouvertes, figurant une sorte de grand
aient besoin de paroles superflues. Cette éloquence                              appartement privatisant le dernier étage de l’immeuble.
silencieuse est imposée dans la seconde partie du film à                         Elles envisagent à présent de s’installer à Rome, où elles
Martine Chevallier, qui incarne Madeleine. En opposition                         se sont rencontrées. Madeleine doit donc dire à ses enfants
à Nina, interprétée par Barbara Sukowa, qui se démène                            qu’elle veut vendre son appartement et partir avec Nina,
                                                                                 qui n’est pour eux qu’une voisine. Mais elle n’arrive pas
pour rester à ses côtés, elle se retrouve paralysée et
                                                                                 à avouer son secret à sa fille Anne, ni à son fils Frédéric,
ne s’exprime qu’à travers de petits mouvements physiques                         qui s’attache au souvenir de son père. De son côté, Nina
- ouvrir plus ou moins les yeux par exemple. Elle semble                         poursuit les préparatifs de leur projet, Madeleine lui disant
alors devenir plus exigeante que lorsqu’elle disposait de                        que tout va bien. Lorsque son mensonge est découvert,
tous ses moyens. Les deux appartements qui se font face                          le stress de Madeleine est si fort qu’elle est victime
au dernier étage de l’immeuble traduisent habilement l’état                      d’une crise cardiaque qui la cloue sur un lit d’hôpital.
de la relation entre elles aux différents moments du film.                       SUITE... Le couple subit une insupportable séparation
Ce sont avant tous les portes qui représentent la séparation                     car la famille de Madeleine n’est pas au courant de leur
du couple. Leur fermeture dégage une violence qui nous                           relation. Nina fait tout son possible pour rester auprès de
plonge un peu du côté du thriller - ce jeu sur les portes fait                   Madeleine, qui s’affaiblit. Des obstacles se dressent sans
parfois penser à Jusqu’à la garde où l’on espérait qu’elles                      cesse : d’abord l’infirmière, puis Anne, qui souhaite que sa
                                                                                 mère recouvre la santé. Malgré l’affection qu’elle porte à sa
restent fermées, avec déjà Léa Drucker à l’affiche et
                                                                                 mère, Léa, qui ne peut accepter cette homosexualité apprise
à la clé le César de la meilleure actrice. Même s’il peut laisser                par hasard, rompt brutalement le contact avec Nina. Plus
une petite impression de déjà vu, ce mélodrame amoureux                          tard, au centre de soin où elle a été transférée, Madeleine
touchera à coup sûr le spectateur à la façon de ces musiques                     téléphone à Nina pour qu’elle vienne la chercher. Elles
populaires qui le parsèment. _K.M.                                               partent pour retrouver leur appartement du dernier étage..

                               Visa d’exploitation : 137594. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                            5                                                  © les Fiches du Cinéma 2019
La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier - n 2191 - Les Fiches du Cinéma
La Fille au bracelet
de Stéphane Demoustier

En liberté conditionnelle, Lise porte un bracelet                                                                                     FILM DE PROCÈS
                                                                                                                                   Adultes / Adolescents
électronique pour témoigner lors du procès où elle
est accusée de meurtre. Ce long métrage très réaliste                                  u GÉNÉRIQUE
réussit à maintenir la tension grâce à une mise                                        Avec : Mélissa Guers (Lise), Roschdy Zem (Bruno), Chiara Mastroianni
en scène sans chichi et des acteurs très impliqués.                                    (Céline), Annie Mercier (l’avocate), Anaïs Demoustier (l’avocate
                                                                                       générale), Carlo Ferrante (l’avocat des parties civiles), Pascal-
                                                                                       Pierre Garbarini (le président), Paul Aïssaoui-Cuvelier (Jules),
                                                                                       Anne Paulicevich (la mère de Flora), Victoria Jadot (Noémie),
                                                                                       Mikaël Halimi (Nathan), Léo Moreau (Diego).
                                                                                       Scénario : Stéphane Demoustier Images : Sylvain Verdet
                                                                                       Montage : Damien Maestraggi 1er assistant réal. : Guilhem
                                                                                       Amesland Scripte : Bénédicte Kermadec Musique : Carla Pallone
                                                                                       Son : Emmanuel Bonnat, Julie Brenta et Emmanuel de Boissieu
                                                                                       Décors : Catherine Cosme Costumes : Anne-Sophie Gledhill
                                                                                       Maquillage : Pascal Thiollier Casting : Marine Albert et Brigitte
                                                                                       Moidon Production déléguée : Petit Film Coproduction : Frakas
                                                                                       Productions, France 3 Cinéma, RTBF et Proximus Producteur
                                                                                       délégué : Jean des Forêts Productrice exécutive : Amélie Jacquis
                                                                                       Coproducteurs : Cassandre Warnauts et Jean-Yves Roubin Dir. de
                                                                                       production : Thomas Jaubert Distributeur : Le Pacte.
                    © Matthieu Ponchel / Petit Film - FraKas Prod. - France 3 Cinéma

   HHH        Chez les Demoustier, le cinéma est une affaire
de famille. Deux ans après avoir filmé ses rejetons dans
les rues de Paris (Allons enfants), Stéphane Demoustier
revient à la fiction traditionnelle et filme sa sœur Anaïs dans                                     96 minutes. France - Belgique, 2019
La Fille au bracelet, un film de procès dans lequel l’actrice                                          Sortie France : 12 février 2020
quitte ses costumes d’époque et ses chemisiers à fleurs
                                                                                       u RÉSUMÉ
pour endosser la robe d’un substitut du procureur. Un rôle
                                                                                       Alors qu’elle est sur la plage avec ses parents et son petit
dans lequel elle excelle, parfaite d’agressivité contenue,                             frère, Jules, Lise est arrêtée. Deux ans plus tard, en liberté
face à des acteurs tout aussi convaincants, des impeccables                            conditionnelle avec un bracelet électronique, elle se prépare
Roschdy Zem et Chiara Mastroianni à la révélation                                      pour son procès. Elle se présente devant les assises,
du film, Melissa Guers, en passant par Annie Mercier                                   soutenue par son père, Bruno. L’avocate générale l’accuse
qui en avocate de la défense trouve un rôle à la mesure                                d’être responsable de la mort violente de son amie Flora
de son talent. À chacune de ses interventions, elle envahit                            au lendemain d’une fête.
l’image de sa voix râpeuse quand l’accusée, Lise, reste                                SUITE... Lise peine à donner des précisions sur l’heure de son
silencieuse. Cette indifférence apparente face aux très                                départ de chez Flora le jour du crime. Le soir, elle disparaît. Son
lourdes charges retenues contre elle - l’adolescente est                               père la retrouve devant la maison de Flora. À la barre, Bruno
soupçonnée d’avoir poignardé à de multiples reprises sa                                décrit une adolescente autrefois joyeuse. L’avocate générale
                                                                                       diffuse une vidéo montrant Lise faire une fellation à
meilleure amie, Flora - joue pour beaucoup dans l’atmosphère
                                                                                       un camarade, Nathan, lequel témoigne ensuite. Il était devenu,
de ce drame judiciaire réussi, filmé dans les décors atypiques                         après cet épisode filmé par Flora, le petit ami de cette dernière.
du tribunal de Nantes, avec ses murs couleur de sang qui                               Quand Flora avait diffusé la vidéo sur les réseaux sociaux, Lise
renforcent la mise en scène des confrontations entre avocats                           l’avait menacée de mort, et les amies s’étaient brouillées.
et témoins. Stéphane Demoustier demande au spectateur                                  Le père supporte mal ces révélations. L’avocate générale
de se ranger du côté des parents, qui découvrent que leur                              présente un set de couteaux de la maison de campagne de
fille adorée, sage, studieuse, épanouie, menait en parallèle                           Lise. L’une des lames, correspondant au calibre utilisé contre
une sexualité compliquée. Le film dessine peu à peu                                    Flora, est manquante. La mère, Céline, est interrogée et
                                                                                       défend sa fille. Mais, face aux révélations - Lise avait également
le portrait d’une adolescence où à l’heure de YouPorn, sexe
                                                                                       des relations sexuelles avec Flora -, elle en vient à douter.
et sentiments se mêlent de façon tortueuse, malsaine.                                  Les parents et Jules passent le week-end à la maison de
Lise leur a échappé. La mécanique du procès enclenchée,                                vacances, qu’ils vont vendre. Jules retrouve le couteau
la rupture semble inéluctable. Le verdict est rendu. Le doute                          manquant dans une caisse à outils. Il est appelé à témoigner.
demeure. _M.Q.                                                                         Les avocats présentent leurs plaidoiries. Lise est acquittée.

                                    Visa d’exploitation : 147814. Format : 1,66 - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                                  6                                               © les Fiches du Cinéma 2019
La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier - n 2191 - Les Fiches du Cinéma
Mamacita          (Mamacita)
de José Pablo Estrada Torrescano

Pour tenir sa promesse d’ado, le réalisateur revient au                                                                  DOCUMENTAIRE
                                                                                                                     Adultes / Adolescents
Mexique tourner un film sur sa grand-mère Mamacita.
Au fil des confidences va apparaître un monde de                            u GÉNÉRIQUE
souffrances enfouies. Plus que le portrait d’une femme,                     Avec : Ma. “Mamacita” del Carmen Torrescano, José Pablo Estrada
celui d’une société et in fine de notre temps. Captivant.                   Torrescano.
                                                                            Images : Juan Sánchez Tamez Montage : Mechthild Barth
                                                                            Musique : Tom Blankenberg Son : Tom Blankenberg Production :
                                                                            Fruitmarker Kultur and Medien GmbH Producteurs : José Pablo
                                                                            Estrada Torrescano et Arne Birkenstock Coproducteurs : Raoul
                                                                            Nadalet et Tom Blankenberg Distributeur : Platano Films.

                                                           © Fruitmaker

                                                                                      75 minutes. Mexique - Allemagne, 2018
   HHH       Pour son premier long métrage, le réalisateur,                               Sortie France : 12 février 2020
monteur et scénariste mexicain José Pablo Estrada
Torrescano trousse un documentaire dont on redoute,                         Mère de huit enfants dont six filles ayant toutes repris
aux premières images, qu’il serve d’alibi à une exhibition                  son activité (sauf Patty, la mère du réalisateur,
nombriliste mais qui, in fine, nous laisse (c’est ici positif)              décédée de maladie quand celui-ci avait 13 ans),
sur un sentiment de sidération et de questionnement. Et si                  elle trimballa inconsciemment cet inceste primal et
la mise en images n’a rien d’original, la formidable construction           un sentiment d’abandon qu’elle mua en une irrésistible
du récit nous mène, quant à elle, de l’apparence des choses                 volonté de réussir, masquant,  sous des dehors
au fond le plus obscur du sentiment, sur une tension quasi                  clinquants, son inextinguible besoin d’amour en
policière. La trame ? Après avoir étudié le cinéma en Europe,               domination, emprise et dureté (elle battit ses enfants
José Pablo décide de réaliser, sur la vie de sa grand-mère                  et petits-enfants à coups de ceinturon comme elle
Maria Carmen (Mamacita), le film qu’elle lui avait demandé                  le fut elle-même par son grand-père). Le tout à l’aune
quand il était jeune ado. Âgée aujourd’hui de 95 ans, elle                  d’une foi en Dieu matinée de croyances aux fantômes.
est devenue richissime en créant, dans les années 1960,                     Le film rend parfaitement compte de cet oxymore
un empire basé sur un “système scientifique d’amaigrissement”               existentiel, où le mensonge et les faux-semblants
et de soins de beauté promettant aux femmes émancipation                    servirent de remparts contre des vérités trop lourdes
et vie éternelle. Il lui rend donc visite, pendant Noël, dans               à supporter et où la beauté du corps qui fit sa richesse
la luxueuse villa où elle vit aussi recluse que son monde se                pallia la laideur du désert affectif qui l’appauvrit.
rétrécit dans sa tête. Entre archives privées et entretiens avec            Si on y ajoute le choc né de l’opposition entre les temps
elle, ses proches, ses fidèles domestiques et les infirmières,              de sa “splendeur” et son actuelle déchéance, on pense
le réalisateur va mettre au jour une vie secrètement aussi                  à Norma Desmond, la mythique héroïne du sublime
douloureuse que brillante en superficie, un paradoxe qui                    Sunset Boulevard (1950). Mais surtout, qu’est-ce ce
va guider l’ensemble. On apprend ainsi que, demi-frère et                   qui nous taraude tant ? C’est que - autre paradoxe -,
demi-sœur, ses parents se marièrent après que le grand-                     bien que née dans les années 1920, Mamacita incarne,
père général en eut obtenu l’autorisation du Vatican contre                 à travers ce portrait intense - plus que touchant
5 000 pièces d’or. Puis, que la mère fut cloîtrée dans une                  et passionnant, et à défaut de nous mettre en
tour pour folie. Son père ayant fui, Mamacita grandit entre                 empathie -, la dureté, l’égoïsme, la superficialité
un amour fantasmatique pour cet aïeul tyrannique mais                       et l’orgueil de notre propre présent, donnant à
cultivé et son mépris pour un mari qu’elle épousa enceinte à                l’ensemble une inattendue, troublante et universelle
l’âge de 15 ans, et qui “ne sut pas la sortir de la médiocrité”.            intemporalité. _G.To.

                         Visa d’exploitation : 152519. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 10 copies (vo).

                                                                     7                                              © les Fiches du Cinéma 2019
La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier - n 2191 - Les Fiches du Cinéma
Mickey and the Bear (Mickey and the Bear)
de Annabelle Attanasio

Mickey, une jeune adolescente américaine, est                                                                                  CHRONIQUE
                                                                                                                      Adultes / Adolescents
traversée par de nombreux désirs, tous remis en
question par son père, vétéran accroc aux opiacés.                         u GÉNÉRIQUE
Un premier film à la beauté brute, porté par                               Avec : Camila Morrone (Mickey Peck), James Badge Dale (Hank
une excellente jeune actrice en devenir.                                   Peck), Calvin Demba (Wyatt Hughes), Ben Rosenfield (Aron
                                                                           Church), Rebecca Henderson (Leslee Watkins), Gabriel Vega
                                                                           (Otis), Rob Grabow (le photographe).
                                                                           Scénario : Annabelle Attanasio Images : Conor Murphy Montage :
                                                                           Henry Hayes 1er assistant réal. : Damon J. Taylor Scripte : Gaby
                                                                           Patterson Musique : Brian McOmber et Angel Deradoorian Son :
                                                                           Hunter Berk Décors : Katie Fleming Costumes : Lucy Hawkins Dir.
                                                                           artistique : Tessla Hastings Maquillage : Libby Rose Casting : Avy
                                                                           Kaufman Production : Thick Media et Bad Chemicals Production
                                                                           associée : Shorelight Pictures Producteurs : Anja Murmann,
                                                                           Sabine Schenk, Lizzie Shapiro et Taylor Shung Coproducteurs :
                                                                           Jeri Rafter et Gus Deardoff Distributeur : Wayna Pitch.

                                                          © Wayna Pitch

   HHH          Présenté au festival de Cannes à l’ACID, à Deauville
ainsi qu’au festival South by Southwest, Mickey and the Bear
est un premier film qui porte un joli nom, laissant imaginer
un conte entre une adolescente et un animal tout mignon.                                    89 minutes. États-Unis, 2019
La désillusion frappe très vite, lorsque l’on découvre que                                 Sortie France : 12 février 2020
l’ours en question est un père totalement hors de contrôle,
                                                                           u RÉSUMÉ
tantôt père aimant, tantôt prédateur ne pouvant survivre
                                                                           Mickey vit dans le Montana avec son père, un vétéran accro
sans l’aide de sa fille. Tous les éléments sont présents pour              aux opiacés, bien connu de la police puisque sa fille est
croire qu’il s’agit d’une histoire que l’on connaît par cœur               souvent en charge de le récupérer. Elle est en couple avec
et pourtant, la réalisatrice Annabelle Attanasio (autrefois                Aron, qui profite de leur situation pour consommer son
devant la caméra, notamment dans The Knick, la série                       oxycodone. Elle travaille en tant que taxidermiste à côté de
de Steven Soderbergh) nourrit son intrigue de nombreux                     ses études, et espère secrètement partir à l’université de
détails qui font toute la différence. Mais avant d’en venir à              San Diego : un projet qui lui tient de plus en plus à cœur,
ces détails, soulignons une évidence : Camila Morrone (dont                notamment depuis l’arrivée d’un nouveau garçon, Wyatt,
                                                                           qui tente de la séduire...
la performance rappelle énormément la pétillante Brigette
Lundy-Paine et son rôle dans la série Atypical) porte le film              SUITE... Le père de Mickey enchaîne les mauvaises
avec son rôle d’adolescente heurtée par la détresse de son                 descentes (jusqu’à en oublier l’anniversaire de sa fille)
                                                                           et échappe même de peu à la mort, sauvé par Mickey qui
père et l’amour qu’elle lui porte. Un conflit qui brise le cœur
                                                                           veillait sur lui. L’adolescente prend de la distance avec son
mais qui ne flirte à aucun moment avec le mélodrame ou                     copain Aron et se rapproche de Wyatt : ils flirtent ensemble,
le pathos, ne laissant transparaître qu’une vérité amère, sans             puis finissent par s’embrasser, se motivant l’un et l’autre
artifices. Il y a dans Mickey and the Bear une force tranquille,           pour leurs études. Son père insiste pour qu’ils partent
intelligemment mise en scène et qui évolue subtilement                     chasser tous les trois : il manque de se noyer, et Wyatt
dans les décors - le Montana, le travail de taxidermiste,                  le sauve, ce qui le vexe. Dans sa colère, il frappe violemment
le logement partagé entre la fille et son père - et une attention          Wyatt, qui prend ses distances. Mickey a pour objectif de
particulière à la photographie qui marque d’autant plus                    débloquer le compte que sa mère décédée lui a laissé,
                                                                           mais une fois à la banque, elle apprend que son père lui
les esprits. Les seconds rôles sont eux aussi riches en écriture,
                                                                           a pris tout son argent, et qu’il ne lui reste plus rien. Ils se
et l’interprétation du père instable et fou amoureux de sa fille           disputent mais le lendemain, Mickey retrouve son père à
- James Badge Dale - est saisissante, traduisant non sans                  l’hôpital, alité. Une fois chez eux, son père dérape à nouveau
risque mais avec réussite une relation ambiguë qui marque                  en se comportant avec sa fille comme si elle était sa femme.
les fondements de ce récit à la fois attachant et corrosif. _F.F.          Paniquée, elle prend la fuite.

                                 Visa d’exploitation : 152317. Format : 1,66 - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                     8                                               © les Fiches du Cinéma 2019
La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier - n 2191 - Les Fiches du Cinéma
Le Prince oublié
de Michel Hazanavicius

Djibi élève seul sa fille, à qui, chaque soir, à l’heure                                                                                                     CONTE
                                                                                                                                                             Famille
du coucher, il raconte des histoires dont ils sont
les héros. Mais celle-ci grandit... Conte familial loupé                                       u GÉNÉRIQUE
dans les grandes largeurs, ce Prince oublié confirme                                           Avec : Omar Sy (Djibi), Bérénice Bejo (Clotilde / la femme à
que le cinéma de Hazanavicius est en crise.                                                    la porte), François Damiens (Pritprout), Sarah Gaye (Sofia, à 12 ans /
                                                                                               la princesse), Keyla Fala (Sofia, à 8 ans / la princesse), Néotis
                                                                                               Ronzon (Max / le nouveau prince), Henri Giey (le frère de Max),
                                                                                               Oudesh Hoop (le maharajah), Bruni Makaya (le grand).
                                                                                               Scénario : Bruno Merle, Noé Debré et Michel Hazanavicius,
                                                                                               d’après un scénario de Bruno Merle Images : Guillaume
                                                                                               Schiffman Montage : Anne-Sophie Bion 1er assistant réal. : Joseph
                                                                                               Rapp Scripte : Isabelle Ribis Musique : Howard Shore Son :
                                                                                               Gurwal Coïc-Gallas Décors : Laurent Ott Costumes : Sabrina
                                                                                               Riccardi Effets spéciaux : Guy Monbillard et Sefian Benssalem
                                                                                               Maquillage : Mélanie Queyrel Carreno et Mathilde Josset Casting :
                                                                                               Stéphane Touitou Production : Prélude Producteurs : Philippe
                                                                                               Rousselet et Jonathan Blumental Producteur exécutif : Daniel
                                                                                               Delume Coproducteurs : Ardavan Safaee, Nicolas Dumont,
                                                                                               Christophe Toulemonde, Fabrice Delville et Patrick Vandenbosch
                                                                                               Distributeur : Pathé.
            © Prélude - Pathé - StudioCanal - TF1 Films Prod. - Belga Films Prod. - Korokoro

      m          Force est de constater que, depuis The Search
(2014), quelque chose s’est détraqué dans le cinéma de Michel
Hazanavicius - ce que confirme hélas ce Prince oublié, mol
agencement d’emprunts qu’échoue à faire siens le cinéaste. Pour                                            105 minutes. France - Belgique, 2019
le dire vite, ce serait donc tout à la fois Le Magnifique de de Broca                                         Sortie France : 12 février 2020
(deux récits, l’un réaliste et l’autre fantasmatique, fruit de
                                                                                               u RÉSUMÉ
l’imagination d’un personnage, alternent et participent
                                                                                               Veuf, Djibi élève seul sa fille de douze ans, Sofia. Chaque
d’une même progression dramatique), des emprunts à Pixar,                                      soir, il lui raconte les aventures d’un prince qui a ses traits,
Toy Story (que deviennent les héros de notre enfance lorsque                                   et qui, se défaisant de son ennemi Pritprout, sauve la princesse
nous grandissons ?) et Monstres & Cie (l’imaginaire envisagé                                   - qui a les traits de Sofia. Dans ce monde imaginaire,
comme le produit d’une industrie du divertissement)                                            une fois la fillette endormie, les interprètes quittent le studio
notamment... et l’occasion, pour l’auteur, d’une relecture                                     et retournent à leurs occupations... Sofia entre au collège
d’un certain nombre de motifs de son œuvre, The Artist en                                      et sympathise avec un camarade, Max. Djibi et Sofia
premier lieu - le goût pour la fabrique des images (les “bedtime                               rencontrent une nouvelle voisine, Clotilde. Le soir-même,
                                                                                               les portes du studio du monde imaginaire sont bloquées :
stories” d’une fillette sont tournées en studio), un héros frappé                              Sofia ne veut plus des histoires de son père... Le lendemain,
d’obsolescence (dans The Artist une star du muet à l’arrivée du                                l’histoire reprend, mais on refuse au Prince l’accès au
parlant - ici un père déchu de son statut de héros à l’entrée de sa                            plateau : le Nouveau Prince, qui a les traits de Max, l’a
fille dans l’adolescence)... Le cinéma d’Hazanavicius a                                        remplacé. Le Prince rencontre la Femme à la porte - elle a
toujours procédé de la relecture d’images (du Grand                                            les traits de Clotilde -, aussitôt jetée aux oubliettes.
détournement à The Artist, en passant par les OSS 117),                                        SUITE... Djibi repousse les avances de Clotilde. Jaloux, le Prince
d’une mise en tension entre une approche à plat, scrupuleuse sans                              et Pritprout enlèvent le Nouveau Prince. Djibi découvre que
être déférente, de la citation, et sa critique - ou son détournement.                          Sofia est partie, sans son autorisation, à l’anniversaire de
Ici, faute de pouvoir d’adosser à un régime d’images préexistant                               Max : il est pris d’une colère qui a pour effet de dérégler
(le muet hollywoodien tardif, les séries B d’espionnage sixties...),                           le monde imaginaire. Pritprout jette le Prince et le Nouveau
il perd à la fois forme et sens du récit. Sans référent filmique précis,                       Prince aux oubliettes. Les amis de Max se moquent de
                                                                                               Sofia. Max ne la défend pas. Le Prince et le Nouveau Prince
il n’a plus d’identité propre. Banal dans les scènes quotidiennes,
                                                                                               sortent des oubliettes. Djibi et Clotilde partent chercher
kitsch dans les embardées merveilleuses - mais sans travailler                                 Sofia, que Max, pris de remords, embrasse. Le Prince et
ce kitsch d’une façon qui lui serait propre -, porté par un Omar                               Pritprout s’effacent. 15 ans plus tard. Djibi et Clotilde vivent
Sy à la palette limitée, le film ne peut compter que sur François                              ensemble. Djibi raconte une histoire au nouveau-né de Sofia.
Damiens pour arracher quelques sourires. _T.F.                                                 Le monde imaginaire renaît.

                                  Visa d’exploitation : 148567. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 650 copies.

                                                                                          9                                                © les Fiches du Cinéma 2019
La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier - n 2191 - Les Fiches du Cinéma
Queen & Slim (Queen & Slim)
de Melina Matsoukas

Queen & Slim se voudrait un grand film de résistance.                                                                            ROAD MOVIE
                                                                                                                         Adultes / Adolescents
Mais le sujet est plus que survolé, la mise en scène
est indigente, l’émotion ne se cristallise que chez                        u GÉNÉRIQUE
les seconds rôles, et le tout ne dépasse jamais la pénible                 Avec : Daniel Kaluuya (Slim), Jodie Turner-Smith (Queen), Bokeem
cavalcade de deux archétypes inconséquents.                                Woodbine (l’oncle Earl), Chloë Sevigny (Mrs. Shepherd), Flea
                                                                           (Mr. Shepherd), Sturgill Simpson (l’officier Reed), Indya Moore
                                                                           (Goddess), Benito Martinez (le shérif Edgar), Jahi Diallo Winston
                                                                           (Junior), Bryant Tardy (Chubby), Thomas Gossom Jr. (le père de Slim),
                                                                           Melanie Halfkenny (Naomi), Brian Thornton (le chef du SWAT), Ety
                                                                           Dylan (Bullhorn), Regina Swanson, Soledad O’Brien (elle-même),
                                                                           Gayle King (elle-même), Gralen Bryant Banks, Dickson Obahor,
                                                                           Joseph Poliquin, Karen Kaia Livers, Bertret E. Boyd II.
                                                                           Scénario : Lena Waithe, d’après une idée de James Frey et
                                                                           Lena Waithe Images : Tat Radcliffe Montage : Pete Beaudreau
                                                                           1er assistant réal. : H.H. Cooper Scripte : Eva Z. Cabrera Musique :
                                                                           Devonté Hynes Son : Johnny Kubelka, Chris Welcker, Frank A.
                                                                           Montaño et Shayna Brown Décors : Karen Murphy Costumes :
                                                                           Shiona L. Turini Effets visuels : Leo Bovell Dir. artistique : Spencer
                                                                           Davison et Jeremy Woolsey Maquillage : Ma Kalaadevi Ananda
                                                                           Casting : Carmen Cuba Production : Makeready, De La Revolución
                                                      © Royalty Holdings   Films, Hillman Grad et 3 Black Dot Pour : Universal Pictures
                                                                           Production associée : Bron Creative Producteurs : James Frey,
                                                                           Lena Waithe, Melina Matsoukas, Michelle Knudsen, Etrew C.
      H        Si Queen & Slim s’inspire d’un film, ce n’est pas
                                                                           Coles, Brad Weston et Pamela Abdy Coproductrice : Todd Cohen
tant de Bonnie and Clyde (pourtant expressément cité au détour
                                                                           Distributeur : Universal Pictures.
d’une scène) que de Spring Breakers. Le film controversé
d’Harmony Korine a semble-t-il essaimé sur toute                                      132 minutes. Canada - États-Unis, 2019
une représentation d’un certain cinéma indépendant (les mêmes                             Sortie France : 12 février 2020
résurgences de style se retrouvent dans Waves) un “modus
                                                                           u RÉSUMÉ
filmandi” de l’outre-monde américain. Queen & Slim ne vaut
                                                                           Queen, avocate, et Slim, caissier, dînent ensemble dans
d’ailleurs rien - ou pas grand-chose - en tant que film de cavale :        un restaurant. C’est un rendez-vous Tinder. Ils sont tous les deux
les héros sont outrageusement archétypaux, campés sur leurs                noirs. Sur le chemin du retour, ils sont arrêtés par la police.
positions dualistes comme pour asseoir l’irréfléchi de leur fuite          Le contrôle de routine dérape : le policier tire sur Queen.
(la foi contre la raison, la bonhomie contre la retenue, la “black         Slim récupère le pistolet et tue le policier. Ils fuient, mais
excellence” contre la petite vie rangée). Le film, trop branlant et        tombent en panne. Ils sont aidés par un shérif, qui finit
vaniteux pour se remettre en question, dilue une réflexion sociale         par les reconnaître. Ils sont alors obligés de dérober sa
et raciale salutaire dans une kermesse bigarrée, faite de clips,           voiture. En s’arrêtant pour manger, ils se rendent compte
                                                                           qu’une caméra a tout filmé, et qu’ils sont un symbole de rébellion
de plans-séquences et de flou artistique douteux (le summum
                                                                           pour la communauté afro-américaine. Ils poursuivent leur
étant atteint lorsqu’une scène de sexe entre nos deux fuyards              route jusqu’à la Nouvelle-Orléans, chez l’oncle de Queen.
se trouve enchevêtrée dans une manifestation qui tourne très
                                                                           SUITE... Celui-ci, ancien soldat devenu souteneur, les héberge,
mal - drôle de manière de figurer l’inconséquence d’anti-héros
                                                                           leur prête sa voiture et de l’argent, et leur recommande
qui vont pourtant vivre un chemin de croix affreusement long).             un homme qui pourra les faire s’envoler pour Cuba. Poursuivant
La ligne de fuite de Queen & Slim n’est alors qu’un simple                 leur route, soutenus par la communauté, Queen et Slim se
portfolio des États du Sud, que deux gravures de modes                     rapprochent en dansant dans une boîte. Mais ils retombent
traversent sans se soucier de rien, serait-ce d’eux-mêmes                  en panne. Là, le garagiste, noir, qui les reconnaît mais
- il faut bien que le scénario avance. Ce qu’il y a à sauver dans          ne cautionne pas leurs actes, demande à son fils de
ce grand clip pauvret réside donc dans l’héritage figuratif du             les emmener faire un tour. Celui-ci, adolescent, indique
film de Korine cité plus haut, et réduit au rang de silhouettes :          qu’il ira manifester en leur soutien, en ville, le lendemain, et
                                                                           les prend en photo. Or, le jour d’après, il tire à bout portant
une échappée tubulaire dans la folie néon du rap américain
                                                                           sur un policier. Queen et Slim arrivent chez l’ami de l’oncle,
- dans les alcôves d’une “traphouse” de la Nouvelle-Orléans,               qui les cache alors que la maison est cernée par la police.
dans les dents en or et les fusils d’assaut, dans une douce                Ils s’échappent et retrouvent la personne qui doit les faire
folie, qui, elle, dans la vraie vie, est bien synonyme d’injustice         passer en avion. Mais, sur le tarmac, la police est là : c’est
et de résistance. _C.D.                                                    un traquenard. Ils sont tués et deviennent des icônes.

                                Visa d’exploitation : 152299. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                     10                                                © les Fiches du Cinéma 2019
Sonic Le Film (Sonic the Hedgehog)
de Jeff Fowler

Précédée d’une réputation déjà peu rassurante,                                                                                           ACTION
                                                                                                                                         Famille
cette adaptation (très) libre se contente de lieux
communs pour divertir sa cible première : le jeune                          u GÉNÉRIQUE
public. Aussi inoffensif que paresseux, le résultat                         Avec la voix originale de : Ben Schwartz (Sonic).
désarçonne surtout par sa laideur visuelle.                                 Et la voix française de : Malik Bentalha (Sonic).
                                                                            Et avec : James Marsden (Tom Wachowski), Tika Sumpter (Maddie
                                                                            Wachowski), Jim Carrey (le docteur Ivo Robotnik), Neal McDonough
                                                                            (le major Bennington), Adam Pally (Billy Robb), Tom Butler
                                                                            (le commandant Walters).
                                                                            Scénario : Pat Casey et Josh Miller D’après : le jeu vidéo édité
                                                                            par Sega (1991) Images : Stephen F. Windon Montage : Stacey
                                                                            Schroeder et Debra Neil-Fisher Réal. 2e équipe : Peter Lyons
                                                                            Collister 1er assistant réal. : Justin Muller Musique : Junkie XL
                                                                            Son : Tim Walston Décors : Sean Haworth Costumes : Debra
                                                                            McGuire Effets spéciaux : Alex Burdett Effets visuels : Chris
                                                                            Uyede et Ged Wright Dir. artistique : Grant Van Der Slagt
                                                                            Maquillage : Sofia Phillips et Laura Calvo Casting : Jeanne
                                                                            McCarthy, Nicole Abellera et Leslie Woo Production : Original
                                                                            Film, Marza Animation Planet et Blur Studio Pour : Paramount
                                                                            Pictures Production associée : Sega Sammy Group Producteurs :
                                                           © Paramount      Neal H. Moritz, Toby Ascher, Toru Nakahara et Takeshi Ito
                                                                            Producteurs délégués : Hajime & Haruki Satomi, Masanao
                                                                            Maeda, Nan Morales, Tim Miller et Jeff Fowler Productrice
     m        Sans réelle surprise, Sonic rejoint la longue
                                                                            associée : Mie Onishi Distributeur : Paramount Pictures.
liste des regrettables adaptations cinématographiques de
jeux vidéo. Le film de Jeff Flower se détache de son modèle
pour offrir une aventure plus terrienne et dépeindre,                             100 minutes. Canada - Japon - États-Unis, 2019
au passage, un héros anthropomorphique davantage                                          Sortie France : 12 février 2020
unidimensionnel. Par ce simple choix, c’est l’essentiel
                                                                            u RÉSUMÉ
de la richesse de la saga vidéoludique qui est ici évacué.
                                                                            San Francisco, de nos jours. Sonic est poursuivi par le Dr
Il est alors surtout question d’initiation, d’amitié ou encore              Robotnik. Des années plus tôt... Sonic est un très jeune
d’accomplissement... tout un programme parfaitement                         hérisson doté d’une super-vitesse. Il vit dans un autre
calibré pour la famille. Mais à systématiquement sous-                      monde, élevé par une chouette. Traqué pour ses pouvoirs, il
estimer les exigences et les attentes de ses spectateurs,                   est envoyé sur Terre à l’aide d’un anneau magique. Il y grandit
le projet ne fait qu’accumuler les fautes de goûts. Du scénario             en restant caché des humains. Il passe ses journées à observer
revu à la baisse à la distribution quasi impuissante, personne              Tom, le shérif de Greenville, et sa petite amie Maddie.
ne semble croire à l’éventualité de réussite. Reste alors                   Un soir, Tom annonce sa mutation pour San Francisco.
                                                                            Sonic observe le bonheur du couple avec envie. Triste et
un Jim Carrey toujours aussi cabotin. En roue libre, l’acteur
                                                                            seul, il provoque, par accident, une onde de choc plongeant
gesticule, grimace, crie, danse et mime dans une vaine                      la contrée dans l’obscurité. Alerté, le Pentagone dépêche
tentative de préserver l’attention des jeunes spectateurs.                  le redouté Dr Robotnik sur les lieux. La traque commence.
Il est l’unique cache-misère d’un spectacle à la substance
                                                                            SUITE... Dans son garage, Tom surprend Sonic, qui s’apprête à
navrante... et à l’enveloppe toute aussi embarrassante.                     quitter la Terre avec ses anneaux. Le shérif immobilise
Car si la médiocrité de l’ensemble peut in fine laisser                     le hérisson, dont les anneaux atterrissent par erreur à San
de marbre, c’est avant tout son aspect visuel qui crispe.                   Francisco. Au réveil, Sonic demande de l’aide à Tom. Surpris
Un constat qui ne fait que confirmer des craintes                           par le Dr Robotnik, Tom et Sonic s’enfuient. En route pour San
précédemment manifestées lors de la diffusion de la première                Francisco, le duo fait connaissance. Plus tard, le Dr Robotnik
bande-annonce du film, en avril 2019 - en dévoilant un Sonic                blesse Sonic. À San Francisco, Tom et Maddie soignent
méconnaissable, cette dernière avait horrifié les fans de                   le hérisson et l’aident à retrouver ses anneaux. Le trio est alors
                                                                            intercepté par Dr Robotnik. De nos jours : Sonic affronte
la première heure, si bien que l’équipe s’est retrouvée
                                                                            le Dr Robotnik, avec l’aide de ses anneaux. La poursuite se
contrainte de revoir le look du hérisson. Sans réelle inventivité           clôt à Greenville. Avec l’aide de ses nouveaux amis, Sonic libère
ni efforts d’incrustation, les effets visuels contribuent à                 sa puissance et envoie le Dr Robotnik dans un autre monde. Tom
la laideur du long métrage. Peu de choses donc à se mettre                  et Maddie finissent par installer Sonic, heureux, chez eux.
sous la dent. _S.H.                                                         Perdu dans l’univers, le Dr Robotnik prépare sa revanche...

                      Visa d’exploitation : 151901. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 600 copies (vo / vf).

                                                                   11                                                   © les Fiches du Cinéma 2019
Toutes les vies de Kojin
de Diako Yazdani

Il ne fait pas bon être gay au Kurdistan irakien. Diako                                                                 DOCUMENTAIRE
                                                                                                                    Adultes / Adolescents
Yazdani filme Kojin, un jeune homme incroyablement
courageux, rencontrant divers interlocuteurs pour                          u GÉNÉRIQUE
parler d’homosexualité. C’est drôle, effrayant,                            Avec : Kojin.
terrible, et passionnant de bout en bout.                                  Images : Diako Yazdani Montage : Florence Bresson Musique :
                                                                           Wassim Halal Son : Diako Yazdani Production : L’Atelier
                                                                           Documentaire Producteur : Raphaël Pillosio Distributeur : Rouge
                                                                           Distribution.

                                                        © L’Atelier Doc.

                                                                                             87 minutes. France, 2019
    HH        Au Kurdistan irakien, une mosquée. De nombreux                               Sortie France : 12 février 2020
hommes prient. Un enfant bâille. Toute l’ironie et la malice
de Diako Yazdani sont déjà contenues dans cette                            pas trop ce qu’est l’homosexualité, et ils ont eux aussi
scène liminaire à la fois simple, évidente et totalement                   bien des clichés dans l’esprit, mais ça ne les empêche
cinématographique. En voix off, le réalisateur nous                        pas d’interroger Kojin avec respect, de montrer
dit avoir été, jusqu’à l’âge de 18 ans, un musulman intégriste.            une réelle bienveillance à son égard, et de lui dire
Il souhaitait à l’époque la peine de mort pour les homosexuels.            - à l’inverse de tant d’autres personnages du film -
Sur des images de vie quotidienne de chez lui, filmant                     que Dieu n’a pas de problème avec lui. À mesure
rues, marché, parties de dominos, il poursuit, racontant                   que l’on voit Kojin se confronter à divers
comment il s’éloigna ensuite de la religion, et comment ses                interlocuteurs plus ou moins inquiétants, on découvre
yeux s’ouvrirent sur la question LGBT notamment lorsqu’il                  une personnalité attachante et d’un courage -
assista au calvaire d’un ami, renié par sa famille et contraint            redisons-le - incommensurable. Ignorant lui aussi
à quitter son pays en raison de son orientation sexuelle.                  les différences entre homosexualité et transidentité,
Suit un édifiant micro-trottoir où l’on constate l’ignorance               il formule le projet de subir une opération de
et la confusion mentale des intervenants au sujet des “gays”.              réassignation sexuelle. Il réalisera ensuite qu’il
L’auteur nous présente ensuite Kojin, un ami de 22 ans,                    n’y a songé que pour ne plus avoir à endurer les
homo et qui, invraisemblablement courageux, accepte                        commentaires agressifs des autres, et non par choix
de faire un film avec lui sur l’homophobie dans un pays                    véritable. Outre son contenu - le film est passionnant
où l’on risque la mort si l’on n’entre pas dans les cases                  et ne vous lâche pas jusqu’à la dernière minute -
de l’hétéro-normativité. N’en disons pas trop sur la suite                 le long métrage propose quelques belles idées
du film, qui réserve son lot de scènes proprement incroyables,             de cinéma, telle ce parallèle entre Kojin jouant du
telles celles se déroulant chez cet imam spécialiste                       tambour traditionnel en haut d’une colline dominant
de la “médecine prophétique” et tranquille défenseur                       la ville, et les mille et un tambours d’une “Gay
de Daesh. Bien souvent, on se pince, ne sachant s’il                       Pride” parisienne à laquelle participe le cinéaste.
faut rire ou blêmir face à de semblables manifestations                    On retiendra également le climax du récit : ce débat
d’obscurantisme, de haine crétine, de traditionalisme                      entre Kojin et cinq hommes, dont quatre ne parlent
criminel. Heureusement, le film ne se contente pas d’un état               que de tuer les homos. La fin du documentaire,
des lieux à charge. Une des belles idées du documentariste                 terrible, montre malheureusement que l’exil n’est
est de présenter Kojin à sa propre famille, et de voir ce qu’il            pas forcément synonyme de liberté, et que l’Europe
se passe. Certes, le père et la mère de Yazdani ne savent                  ne se soucie guère des réfugiés LGBT. _G.R.

                            Visa d’exploitation : 148380. Format : 1,77 - Couleur - Son : Stéréo. 90 copies.

                                                                     12                                            © les Fiches du Cinéma 2019
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