La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier - n 2191 - Les Fiches du Cinéma
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n°2191 La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier Rencontre avec Amjad Abu Alala pour Tu mourras à 20 ans N°2191 • 12 FÉVRIER 2020
SOMMAIRE Ducobu 3 RETAR D H de Élie Semoun FILMS DU 12 FÉVRIER 2020 Chats par-ci, chats par-là HH Film collectif Deux HHH de Filippo Meneghetti La Fille au bracelet HHH de Stéphane Demoustier Mamacita HHH de José Pablo Estrada Torrescano Mickey and the Bear HHH de Annabelle Attanasio Le Prince oublié m de Michel Hazanavicius Queen & Slim H de Melina Matsoukas Sonic m de Jeff Fowler Toutes les vies de Kojin HH de Diako Yazdani Tu mourras à 20 ans HHH de Amjad Abu Alala Rencontre avec Amjad Abu Alala Un divan à Tunis HHH de Manele Labidi
Ducobu 3 de Élie Semoun C’est la rentrée à l’école Saint-Potache, et Ducobu COMÉDIE Famille voit arriver dans sa classe un nouveau roi de la triche... Ce troisième volet, ni antipathique ni vraiment u GÉNÉRIQUE inspiré, distrait mais passe à côté du potentiel Avec : Élie Semoun (le professeur Latouche), Émilie Caen narratif et comique des situations qu’il propose. (Mademoiselle Rateau), Frédérique Bel (Adeline Gratin), Loïc Legendre (Hervé Ducobu), Mathys Gros (Ducobu), Leelo Eyme (Léonie Gratin), Chad Ebengue (TGV), Léopold Moati (Willie), François Levantal (le directeur), Florent Peyre (le présentateur), Gérard Jugnot (Kitrish). Scénario : Guy Laurent, Marc & Philippe de Chauveron et Élie Semoun D’après : la série de bandes dessinées L’Élève Ducobu de Zidrou et Godi (créée en 1992) et le film L’Élève Ducobu de Philippe de Chauveron (2011) Images : Christian Abomnes Montage : Sandro Lavezzi 1er assistant réal. : Jean-André Silvestro Scripte : Laora Bardos-Feltoronyi Son : Pascal Jasmes Décors : Tom Darmstaedter Costumes : Frédérique Leroy Maquillage : Rachel Beeckmans Production : Les Films du Premier et Les Films du 24 Coproduction : uMedia et TF1 Films Production Producteur : Romain Rojtman Producteur exécutif : Benjamin Hess Distributeur : UGC. © Marc Bossaert / Les Films du Premier - Les Films du 24 - uMedia - TF1 Films Prod. H L’Élève Ducobu, premier film tiré de la bande dessinée de Godi et Zidrou, avait le mérite de faire l’éloge des nombreuses compétences d’un enfant considéré par l’institution scolaire comme un cancre. S’il ne savait 90 minutes. France, 2019 pas ses tables de multiplications, il était le seul parmi Sortie France : 5 février 2020 ses camarades à savoir construire une cabane et faire u RÉSUMÉ du feu, les sauvant ainsi à la fin du film. Les Vacances C’est la rentrée. Le directeur de l’école Saint-Potache de Ducobu, nettement en-dessous, ne renouvelait pas dit aux professeurs qu’il n’y a plus d’argent pour rénover vraiment le personnage. Dans ce troisième opus, la terreur l’établissement, qui tombe en ruine. En classe, Ducobu est de l’école Saint-Potache fait face à un roi de la triche aussi défié par un nouveau, surnommé TGV, qui dit être le roi de doué que lui, ce qui le déstabilise. Mais cette rivalité fait la triche, notamment grâce à des lunettes connectées qui long feu et le scénario ne profite pas assez du potentiel de lui donnent les réponses. La triche à l’ancienne de Ducobu cette situation nouvelle. On aurait pu imaginer un amusant ne trompe plus Monsieur Latouche, son professeur, et western scolaire du type : “Cette classe est trop petite les zéros pleuvent. Un autre nouveau, Willy, chante très bien et plaît aux filles de la classe, dont Léonie que Ducobu aime pour nous deux”. Étrangement, le film passe à côté et en secret. Mademoiselle Rateau propose de présenter Willy préfère se concentrer sur une histoire de télé-crochet que à un télé-crochet où le gagnant obtient de l’argent pour son Ducobu entend remporter afin de sauver Saint-Potache école. Ducobu et TGV, jaloux, s’allient contre Willy. de la ruine. Cette idée n’est pas non plus très bien exploitée. SUITE... La mère de Léonie et le père de Ducobu vivent Les différents concurrents se ressemblent trop et chantent une idylle. Léonie dit à Ducobu que sa mère n’aime que de la même façon. On aurait aimé une galerie de personnages les rappeurs musclés, ce qu’il répète à son père. Ce dernier plus bigarrée. En réalité, les seuls moments vraiment va alors acheter un produit à base d’hormones pour se amusants du film reposent sur les épaules d’Élie Semoun, muscler. Le vendeur dit à Ducobu que s’il en prend, il va qui s’est visiblement fait plaisir en campant une fois muer. Ducobu et TGV font des gâteaux avec le produit et en de plus Monsieur Latouche, sa mère acariâtre, ainsi donnent à Willy, qui mue et perd sa belle voix. Mais Ducobu qu’un autre personnage des plus effrayants. Comme veut sauver l’école. Grâce à une machine qui fait chanter juste créée par TGV, il montre à tous qu’il peut remplacer réalisateur, il signe une mise en scène plutôt passe-partout, Willy. Il arrive en finale du concours mais la machine se proche de celle des deux premiers volets, avec ceci dit détraque et la triche est dévoilée. Ducobu dit alors devant quelques sympathiques passages flirtant avec le fantastique. les caméras qu’il a triché pour sauver son école, ce qui Un film pas inoubliable donc, mais qui distraira probablement déclenche des promesses de dons de la France entière. les enfants. _G.R. Puis il dit à Léonie qu’il l’aime. Elle l’embrasse. Visa d’exploitation : 151297. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 503 copies. 3 © les Fiches du Cinéma 2019
Chats par-ci, chats par là Film collectif Le chat est l’animal familier et familial par excellence. AVENTURES Enfants Comme lui, Le Tigre et son maître , La Pêche miraculeuse, La Poule, le chat, et autres bestioles, et u GÉNÉRIQUE Bamboule sont consensuels et familiaux et œuvrent 1. Le Tigre et son maître de Fabrice Luang-Vija à la paix des ménages le dimanche après-midi. (9’40 - France - Belgique, 2019) 2. La Pêche miraculeuse de Fabrice Luang-Vija (7’ - France - Belgique, 2019) 3. La Poule, le chat et autres bestioles de Fabrice Luang-Vija (27’20 - France - Suisse, 2019) 4. Bamboule de Émilie Pigeard (9’14 - France - Belgique, 2018) Avec : 1. Frédéric Clou (le tigre), Jérémie Petrus (le chat) 4. Valentine Lapière. Scénario : Fabrice Luang-Vija Montage : Fabrice Luang-Vija Animation : Célia Tisserant, Célia Tocco, Raphaëlle Prud’homme, Nina Prévautel, Émilie Pigeard et Fabrice Luang-Vija (1), Émilie Pigeard et Fabrice Luang-Vija (2), Célia Tisserant, Célia Tocco, Célia Brisot, Oanna Schyrr, Stéphane Nappez, Jérôme Metraux, Morgane Bodganoff et Zoé Wahle (3), Émilie Pigeard (4) Musique : YeP* (1), Nathanaël Bergèse (2), Christophe Jacquelin (3), Jean- Marc Fort (4) Son : Nils Fauth (1, 2), Philippe Fontaine (4) Décors : © Gebeka Films Flora Taverner (1), Cindy Lo (4) Production : Les Films du Nord Coproduction : La Boîte,... Productions (1, 2, 4), Pictanovo (1, 3), Nadasdy Film, Fargo et RTS (3) Distributeur : Gebeka Films. HH Ce programme de quatre courts métrages prend comme fil conducteur le félin de nos canapés, souvent moins gardien du foyer que peluche chasseuse de souris ou de bouts de ficelle. Le premier film adapte un conte chinois qui joue sur 56 minutes. France - Belgique - Suisse, 2018-2019 l’inversion d’un rapport de force : le chat est le prédateur de Sortie France : 12 février 2020 la jungle alors que le tigre se fait peureux mistigri. Dommage u RÉSUMÉ que Le Tigre et son maître tombe dans la facilité d’un parlé “jeune”. La Pêche miraculeuse entre dans un système 1. Un tigre s’attire les moqueries des autres animaux : hyperbolique de l’absurde qui décale de façon hilarante il ne sait pas chasser. Il aperçoit un chat. Celui-ci se moque méchamment du tigre lorsqu’il comprend l’inaptitude de ces jeux scolaires “à relier” fonctionnant par association celui-ci. Le chat accepte cependant de lui apprendre. Mais logique. La Poule, le chat, et autres bestioles s’amuse avec les insultes du chat ont blessé le tigre, qui a la rancœur la fable animalière et ses titres à rallonge (Le Lion, le singe et tenace : il course le chat qui se réfugie dans un arbre. Malin, les deux ânes, etc) et pousse cette addition sans fin jusqu’au le chat a omis d’apprendre au tigre à grimper aux arbres. non-sens. Il déjoue l’anthropomorphisme en reprenant C’est ainsi que les tigres, “en dépit de leur force et de leur une jolie idée déjà utilisé par Prokoviev dans Pierre et le loup, agilité, aux arbres n’ont jamais su grimper”. qui attribue à chaque animal le son d’un instrument. Au 2. Un homme pêche dans une barque avec son chat. contraire, le quatrième film transpose un sujet de société Il attrape un poisson et le donne au chat. Arrive une mouette : le pêcheur lui donne un deuxième poisson. Et ainsi de - l’obésité - d’une manière qui aurait questionné Bettelheim : suite, jusqu’à ce que l’homme pêche Pinocchio : surgit une chatte a des bébés, se fait castrer, et devient grosse. une baleine qui avale le pantin, le pêcheur, le chat et “Je suis peut-être une grosse chatte, mais je suis une chatte la barque, puis les recrache. L’homme ouvre une boîte de heureuse”, finit par dire Bambou avec la conviction de sardines. Le chat le regarde. la dénégation. Les idées scénaristiques parfois surprenantes 3. Un renard capture une poule ; un chat et les poussins de ces courts métrages amuseront les enfants comme partent la rechercher. Ils croisent un éléphant, un vautour, les adultes, et se démarquent d’une partie de la production un requin, un ours blanc, vont dans un désert brûlant puis de films d’animation pour enfants, trop souvent insipide. polaire, et rentrent au bercail. 4. Bambou est la chatte adorée de la maison. Quand elle a On peut émettre une réserve sur le graphisme, qui reste des chatons, ses propriétaires décident de la castrer. Après assez conventionnel, voire volontairement régressif dans l’opération, Bambou se met à grossir et devient “Bamboule”. le cas de Bamboule. Les interludes en noir et blanc, Ses propriétaires la mettent au régime mais elle ne maigrit évoquant les chats de Dubout, sont en revanche plus pas : elle a juste “la dalle”. Finalement, Bambou décide que intéressants. _A.B-G. son poids n’est pas un problème. Visa d’exploitation : 149556. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 90 copies. 4 © les Fiches du Cinéma 2019
Deux de Filippo Meneghetti Un mélodrame tout en délicatesse sur une histoire MÉLODRAME Adultes / Adolescents d’amour entre deux femmes, leur relation à la famille et à la maladie. Portée par ses actrices, un scénario u GÉNÉRIQUE bien travaillé et une mise en scène inspirée, Avec : Barbara Sukowa (Nina), Martine Chevallier (Madeleine), cette œuvre saura à coup sûr toucher son public. Léa Drucker (Anne), Jérôme Varanfrain (Frédéric), Daniel Trubert (André), Hervé Sogne (Monsieur Brémond), Tara Donnell (Joséphine), Eugénie Anselin (Christiane), Muriel Benazeraf (Muriel), Alice Lagarde (Laetitia), Augustin Reyes (Théo), Véronique Fauconnet (l’infirmière), Aude-Laurence Clermont Biver (l’infirmière à l’hôpital), Denis Jousselin (le directeur de la maison de retraite). Scénario : Filippo Meneghetti et Malysone Bovorasmy, avec la collaboration de Florence Vignon Images : Aurélien Marra Montage : Ronan Tronchot 1er assistant réal. : Brice Morin Scripte : Nadia Masri Musique : Michèle Menini Son : Céline Bodson Décors : Laurie Colson Costumes : Magdalena Labuz Maquillage : Katja Reinert Casting : Brigitte Moidon et Valérie Pangrazzi Production : Paprika Films Coproduction : Tarantula, Artémis Productions, VOO & BeTV et Shelter Prod Producteurs : Pierre-Emmanuel Fleurantin et Laurent Baujard Coproducteurs : Élise Andre, Donato Rotunno et Patrick & Stéphane Quinet © Paprika Films - Tarantula - Artémis Prod. Producteur associé : Philippe Logie Dir. de production : Vincent Canart Distributeur : Sophie Dulac Distribution. HHH Deux est le premier long métrage de jeune réalisateur italien Filippo Meneghetti. Il débute en montrant une femme faire sa toilette, alors qu’une autre la regarde avec tendresse. Sans qu’une parole soit prononcée, 95 minutes. France - Luxembourg - Belgique, 2019 le lien amoureux qui existe entre elles est parfaitement Sortie France : 12 février 2020 retranscrit. Cette présentation d’une relation homosexuelle u RÉSUMÉ entre deux femmes est faite avec beaucoup de délicatesse Madeleine et Nina, deux femmes d’une soixantaine et sans aucune vulgarité. Les six années qui ont été d’années, sont secrètement en couple. Après le décès du nécessaires à l’écriture du scénario original ont permis mari de Madeleine, les portes de leurs appartements qui se de faire passer les émotions sans que les personnages font face sont toujours ouvertes, figurant une sorte de grand aient besoin de paroles superflues. Cette éloquence appartement privatisant le dernier étage de l’immeuble. silencieuse est imposée dans la seconde partie du film à Elles envisagent à présent de s’installer à Rome, où elles Martine Chevallier, qui incarne Madeleine. En opposition se sont rencontrées. Madeleine doit donc dire à ses enfants à Nina, interprétée par Barbara Sukowa, qui se démène qu’elle veut vendre son appartement et partir avec Nina, qui n’est pour eux qu’une voisine. Mais elle n’arrive pas pour rester à ses côtés, elle se retrouve paralysée et à avouer son secret à sa fille Anne, ni à son fils Frédéric, ne s’exprime qu’à travers de petits mouvements physiques qui s’attache au souvenir de son père. De son côté, Nina - ouvrir plus ou moins les yeux par exemple. Elle semble poursuit les préparatifs de leur projet, Madeleine lui disant alors devenir plus exigeante que lorsqu’elle disposait de que tout va bien. Lorsque son mensonge est découvert, tous ses moyens. Les deux appartements qui se font face le stress de Madeleine est si fort qu’elle est victime au dernier étage de l’immeuble traduisent habilement l’état d’une crise cardiaque qui la cloue sur un lit d’hôpital. de la relation entre elles aux différents moments du film. SUITE... Le couple subit une insupportable séparation Ce sont avant tous les portes qui représentent la séparation car la famille de Madeleine n’est pas au courant de leur du couple. Leur fermeture dégage une violence qui nous relation. Nina fait tout son possible pour rester auprès de plonge un peu du côté du thriller - ce jeu sur les portes fait Madeleine, qui s’affaiblit. Des obstacles se dressent sans parfois penser à Jusqu’à la garde où l’on espérait qu’elles cesse : d’abord l’infirmière, puis Anne, qui souhaite que sa mère recouvre la santé. Malgré l’affection qu’elle porte à sa restent fermées, avec déjà Léa Drucker à l’affiche et mère, Léa, qui ne peut accepter cette homosexualité apprise à la clé le César de la meilleure actrice. Même s’il peut laisser par hasard, rompt brutalement le contact avec Nina. Plus une petite impression de déjà vu, ce mélodrame amoureux tard, au centre de soin où elle a été transférée, Madeleine touchera à coup sûr le spectateur à la façon de ces musiques téléphone à Nina pour qu’elle vienne la chercher. Elles populaires qui le parsèment. _K.M. partent pour retrouver leur appartement du dernier étage.. Visa d’exploitation : 137594. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 5 © les Fiches du Cinéma 2019
La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier En liberté conditionnelle, Lise porte un bracelet FILM DE PROCÈS Adultes / Adolescents électronique pour témoigner lors du procès où elle est accusée de meurtre. Ce long métrage très réaliste u GÉNÉRIQUE réussit à maintenir la tension grâce à une mise Avec : Mélissa Guers (Lise), Roschdy Zem (Bruno), Chiara Mastroianni en scène sans chichi et des acteurs très impliqués. (Céline), Annie Mercier (l’avocate), Anaïs Demoustier (l’avocate générale), Carlo Ferrante (l’avocat des parties civiles), Pascal- Pierre Garbarini (le président), Paul Aïssaoui-Cuvelier (Jules), Anne Paulicevich (la mère de Flora), Victoria Jadot (Noémie), Mikaël Halimi (Nathan), Léo Moreau (Diego). Scénario : Stéphane Demoustier Images : Sylvain Verdet Montage : Damien Maestraggi 1er assistant réal. : Guilhem Amesland Scripte : Bénédicte Kermadec Musique : Carla Pallone Son : Emmanuel Bonnat, Julie Brenta et Emmanuel de Boissieu Décors : Catherine Cosme Costumes : Anne-Sophie Gledhill Maquillage : Pascal Thiollier Casting : Marine Albert et Brigitte Moidon Production déléguée : Petit Film Coproduction : Frakas Productions, France 3 Cinéma, RTBF et Proximus Producteur délégué : Jean des Forêts Productrice exécutive : Amélie Jacquis Coproducteurs : Cassandre Warnauts et Jean-Yves Roubin Dir. de production : Thomas Jaubert Distributeur : Le Pacte. © Matthieu Ponchel / Petit Film - FraKas Prod. - France 3 Cinéma HHH Chez les Demoustier, le cinéma est une affaire de famille. Deux ans après avoir filmé ses rejetons dans les rues de Paris (Allons enfants), Stéphane Demoustier revient à la fiction traditionnelle et filme sa sœur Anaïs dans 96 minutes. France - Belgique, 2019 La Fille au bracelet, un film de procès dans lequel l’actrice Sortie France : 12 février 2020 quitte ses costumes d’époque et ses chemisiers à fleurs u RÉSUMÉ pour endosser la robe d’un substitut du procureur. Un rôle Alors qu’elle est sur la plage avec ses parents et son petit dans lequel elle excelle, parfaite d’agressivité contenue, frère, Jules, Lise est arrêtée. Deux ans plus tard, en liberté face à des acteurs tout aussi convaincants, des impeccables conditionnelle avec un bracelet électronique, elle se prépare Roschdy Zem et Chiara Mastroianni à la révélation pour son procès. Elle se présente devant les assises, du film, Melissa Guers, en passant par Annie Mercier soutenue par son père, Bruno. L’avocate générale l’accuse qui en avocate de la défense trouve un rôle à la mesure d’être responsable de la mort violente de son amie Flora de son talent. À chacune de ses interventions, elle envahit au lendemain d’une fête. l’image de sa voix râpeuse quand l’accusée, Lise, reste SUITE... Lise peine à donner des précisions sur l’heure de son silencieuse. Cette indifférence apparente face aux très départ de chez Flora le jour du crime. Le soir, elle disparaît. Son lourdes charges retenues contre elle - l’adolescente est père la retrouve devant la maison de Flora. À la barre, Bruno soupçonnée d’avoir poignardé à de multiples reprises sa décrit une adolescente autrefois joyeuse. L’avocate générale diffuse une vidéo montrant Lise faire une fellation à meilleure amie, Flora - joue pour beaucoup dans l’atmosphère un camarade, Nathan, lequel témoigne ensuite. Il était devenu, de ce drame judiciaire réussi, filmé dans les décors atypiques après cet épisode filmé par Flora, le petit ami de cette dernière. du tribunal de Nantes, avec ses murs couleur de sang qui Quand Flora avait diffusé la vidéo sur les réseaux sociaux, Lise renforcent la mise en scène des confrontations entre avocats l’avait menacée de mort, et les amies s’étaient brouillées. et témoins. Stéphane Demoustier demande au spectateur Le père supporte mal ces révélations. L’avocate générale de se ranger du côté des parents, qui découvrent que leur présente un set de couteaux de la maison de campagne de fille adorée, sage, studieuse, épanouie, menait en parallèle Lise. L’une des lames, correspondant au calibre utilisé contre une sexualité compliquée. Le film dessine peu à peu Flora, est manquante. La mère, Céline, est interrogée et défend sa fille. Mais, face aux révélations - Lise avait également le portrait d’une adolescence où à l’heure de YouPorn, sexe des relations sexuelles avec Flora -, elle en vient à douter. et sentiments se mêlent de façon tortueuse, malsaine. Les parents et Jules passent le week-end à la maison de Lise leur a échappé. La mécanique du procès enclenchée, vacances, qu’ils vont vendre. Jules retrouve le couteau la rupture semble inéluctable. Le verdict est rendu. Le doute manquant dans une caisse à outils. Il est appelé à témoigner. demeure. _M.Q. Les avocats présentent leurs plaidoiries. Lise est acquittée. Visa d’exploitation : 147814. Format : 1,66 - Couleur - Son : Dolby SRD. 6 © les Fiches du Cinéma 2019
Mamacita (Mamacita) de José Pablo Estrada Torrescano Pour tenir sa promesse d’ado, le réalisateur revient au DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents Mexique tourner un film sur sa grand-mère Mamacita. Au fil des confidences va apparaître un monde de u GÉNÉRIQUE souffrances enfouies. Plus que le portrait d’une femme, Avec : Ma. “Mamacita” del Carmen Torrescano, José Pablo Estrada celui d’une société et in fine de notre temps. Captivant. Torrescano. Images : Juan Sánchez Tamez Montage : Mechthild Barth Musique : Tom Blankenberg Son : Tom Blankenberg Production : Fruitmarker Kultur and Medien GmbH Producteurs : José Pablo Estrada Torrescano et Arne Birkenstock Coproducteurs : Raoul Nadalet et Tom Blankenberg Distributeur : Platano Films. © Fruitmaker 75 minutes. Mexique - Allemagne, 2018 HHH Pour son premier long métrage, le réalisateur, Sortie France : 12 février 2020 monteur et scénariste mexicain José Pablo Estrada Torrescano trousse un documentaire dont on redoute, Mère de huit enfants dont six filles ayant toutes repris aux premières images, qu’il serve d’alibi à une exhibition son activité (sauf Patty, la mère du réalisateur, nombriliste mais qui, in fine, nous laisse (c’est ici positif) décédée de maladie quand celui-ci avait 13 ans), sur un sentiment de sidération et de questionnement. Et si elle trimballa inconsciemment cet inceste primal et la mise en images n’a rien d’original, la formidable construction un sentiment d’abandon qu’elle mua en une irrésistible du récit nous mène, quant à elle, de l’apparence des choses volonté de réussir, masquant, sous des dehors au fond le plus obscur du sentiment, sur une tension quasi clinquants, son inextinguible besoin d’amour en policière. La trame ? Après avoir étudié le cinéma en Europe, domination, emprise et dureté (elle battit ses enfants José Pablo décide de réaliser, sur la vie de sa grand-mère et petits-enfants à coups de ceinturon comme elle Maria Carmen (Mamacita), le film qu’elle lui avait demandé le fut elle-même par son grand-père). Le tout à l’aune quand il était jeune ado. Âgée aujourd’hui de 95 ans, elle d’une foi en Dieu matinée de croyances aux fantômes. est devenue richissime en créant, dans les années 1960, Le film rend parfaitement compte de cet oxymore un empire basé sur un “système scientifique d’amaigrissement” existentiel, où le mensonge et les faux-semblants et de soins de beauté promettant aux femmes émancipation servirent de remparts contre des vérités trop lourdes et vie éternelle. Il lui rend donc visite, pendant Noël, dans à supporter et où la beauté du corps qui fit sa richesse la luxueuse villa où elle vit aussi recluse que son monde se pallia la laideur du désert affectif qui l’appauvrit. rétrécit dans sa tête. Entre archives privées et entretiens avec Si on y ajoute le choc né de l’opposition entre les temps elle, ses proches, ses fidèles domestiques et les infirmières, de sa “splendeur” et son actuelle déchéance, on pense le réalisateur va mettre au jour une vie secrètement aussi à Norma Desmond, la mythique héroïne du sublime douloureuse que brillante en superficie, un paradoxe qui Sunset Boulevard (1950). Mais surtout, qu’est-ce ce va guider l’ensemble. On apprend ainsi que, demi-frère et qui nous taraude tant ? C’est que - autre paradoxe -, demi-sœur, ses parents se marièrent après que le grand- bien que née dans les années 1920, Mamacita incarne, père général en eut obtenu l’autorisation du Vatican contre à travers ce portrait intense - plus que touchant 5 000 pièces d’or. Puis, que la mère fut cloîtrée dans une et passionnant, et à défaut de nous mettre en tour pour folie. Son père ayant fui, Mamacita grandit entre empathie -, la dureté, l’égoïsme, la superficialité un amour fantasmatique pour cet aïeul tyrannique mais et l’orgueil de notre propre présent, donnant à cultivé et son mépris pour un mari qu’elle épousa enceinte à l’ensemble une inattendue, troublante et universelle l’âge de 15 ans, et qui “ne sut pas la sortir de la médiocrité”. intemporalité. _G.To. Visa d’exploitation : 152519. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 10 copies (vo). 7 © les Fiches du Cinéma 2019
Mickey and the Bear (Mickey and the Bear) de Annabelle Attanasio Mickey, une jeune adolescente américaine, est CHRONIQUE Adultes / Adolescents traversée par de nombreux désirs, tous remis en question par son père, vétéran accroc aux opiacés. u GÉNÉRIQUE Un premier film à la beauté brute, porté par Avec : Camila Morrone (Mickey Peck), James Badge Dale (Hank une excellente jeune actrice en devenir. Peck), Calvin Demba (Wyatt Hughes), Ben Rosenfield (Aron Church), Rebecca Henderson (Leslee Watkins), Gabriel Vega (Otis), Rob Grabow (le photographe). Scénario : Annabelle Attanasio Images : Conor Murphy Montage : Henry Hayes 1er assistant réal. : Damon J. Taylor Scripte : Gaby Patterson Musique : Brian McOmber et Angel Deradoorian Son : Hunter Berk Décors : Katie Fleming Costumes : Lucy Hawkins Dir. artistique : Tessla Hastings Maquillage : Libby Rose Casting : Avy Kaufman Production : Thick Media et Bad Chemicals Production associée : Shorelight Pictures Producteurs : Anja Murmann, Sabine Schenk, Lizzie Shapiro et Taylor Shung Coproducteurs : Jeri Rafter et Gus Deardoff Distributeur : Wayna Pitch. © Wayna Pitch HHH Présenté au festival de Cannes à l’ACID, à Deauville ainsi qu’au festival South by Southwest, Mickey and the Bear est un premier film qui porte un joli nom, laissant imaginer un conte entre une adolescente et un animal tout mignon. 89 minutes. États-Unis, 2019 La désillusion frappe très vite, lorsque l’on découvre que Sortie France : 12 février 2020 l’ours en question est un père totalement hors de contrôle, u RÉSUMÉ tantôt père aimant, tantôt prédateur ne pouvant survivre Mickey vit dans le Montana avec son père, un vétéran accro sans l’aide de sa fille. Tous les éléments sont présents pour aux opiacés, bien connu de la police puisque sa fille est croire qu’il s’agit d’une histoire que l’on connaît par cœur souvent en charge de le récupérer. Elle est en couple avec et pourtant, la réalisatrice Annabelle Attanasio (autrefois Aron, qui profite de leur situation pour consommer son devant la caméra, notamment dans The Knick, la série oxycodone. Elle travaille en tant que taxidermiste à côté de de Steven Soderbergh) nourrit son intrigue de nombreux ses études, et espère secrètement partir à l’université de détails qui font toute la différence. Mais avant d’en venir à San Diego : un projet qui lui tient de plus en plus à cœur, ces détails, soulignons une évidence : Camila Morrone (dont notamment depuis l’arrivée d’un nouveau garçon, Wyatt, qui tente de la séduire... la performance rappelle énormément la pétillante Brigette Lundy-Paine et son rôle dans la série Atypical) porte le film SUITE... Le père de Mickey enchaîne les mauvaises avec son rôle d’adolescente heurtée par la détresse de son descentes (jusqu’à en oublier l’anniversaire de sa fille) et échappe même de peu à la mort, sauvé par Mickey qui père et l’amour qu’elle lui porte. Un conflit qui brise le cœur veillait sur lui. L’adolescente prend de la distance avec son mais qui ne flirte à aucun moment avec le mélodrame ou copain Aron et se rapproche de Wyatt : ils flirtent ensemble, le pathos, ne laissant transparaître qu’une vérité amère, sans puis finissent par s’embrasser, se motivant l’un et l’autre artifices. Il y a dans Mickey and the Bear une force tranquille, pour leurs études. Son père insiste pour qu’ils partent intelligemment mise en scène et qui évolue subtilement chasser tous les trois : il manque de se noyer, et Wyatt dans les décors - le Montana, le travail de taxidermiste, le sauve, ce qui le vexe. Dans sa colère, il frappe violemment le logement partagé entre la fille et son père - et une attention Wyatt, qui prend ses distances. Mickey a pour objectif de particulière à la photographie qui marque d’autant plus débloquer le compte que sa mère décédée lui a laissé, mais une fois à la banque, elle apprend que son père lui les esprits. Les seconds rôles sont eux aussi riches en écriture, a pris tout son argent, et qu’il ne lui reste plus rien. Ils se et l’interprétation du père instable et fou amoureux de sa fille disputent mais le lendemain, Mickey retrouve son père à - James Badge Dale - est saisissante, traduisant non sans l’hôpital, alité. Une fois chez eux, son père dérape à nouveau risque mais avec réussite une relation ambiguë qui marque en se comportant avec sa fille comme si elle était sa femme. les fondements de ce récit à la fois attachant et corrosif. _F.F. Paniquée, elle prend la fuite. Visa d’exploitation : 152317. Format : 1,66 - Couleur - Son : Dolby SRD. 8 © les Fiches du Cinéma 2019
Le Prince oublié de Michel Hazanavicius Djibi élève seul sa fille, à qui, chaque soir, à l’heure CONTE Famille du coucher, il raconte des histoires dont ils sont les héros. Mais celle-ci grandit... Conte familial loupé u GÉNÉRIQUE dans les grandes largeurs, ce Prince oublié confirme Avec : Omar Sy (Djibi), Bérénice Bejo (Clotilde / la femme à que le cinéma de Hazanavicius est en crise. la porte), François Damiens (Pritprout), Sarah Gaye (Sofia, à 12 ans / la princesse), Keyla Fala (Sofia, à 8 ans / la princesse), Néotis Ronzon (Max / le nouveau prince), Henri Giey (le frère de Max), Oudesh Hoop (le maharajah), Bruni Makaya (le grand). Scénario : Bruno Merle, Noé Debré et Michel Hazanavicius, d’après un scénario de Bruno Merle Images : Guillaume Schiffman Montage : Anne-Sophie Bion 1er assistant réal. : Joseph Rapp Scripte : Isabelle Ribis Musique : Howard Shore Son : Gurwal Coïc-Gallas Décors : Laurent Ott Costumes : Sabrina Riccardi Effets spéciaux : Guy Monbillard et Sefian Benssalem Maquillage : Mélanie Queyrel Carreno et Mathilde Josset Casting : Stéphane Touitou Production : Prélude Producteurs : Philippe Rousselet et Jonathan Blumental Producteur exécutif : Daniel Delume Coproducteurs : Ardavan Safaee, Nicolas Dumont, Christophe Toulemonde, Fabrice Delville et Patrick Vandenbosch Distributeur : Pathé. © Prélude - Pathé - StudioCanal - TF1 Films Prod. - Belga Films Prod. - Korokoro m Force est de constater que, depuis The Search (2014), quelque chose s’est détraqué dans le cinéma de Michel Hazanavicius - ce que confirme hélas ce Prince oublié, mol agencement d’emprunts qu’échoue à faire siens le cinéaste. Pour 105 minutes. France - Belgique, 2019 le dire vite, ce serait donc tout à la fois Le Magnifique de de Broca Sortie France : 12 février 2020 (deux récits, l’un réaliste et l’autre fantasmatique, fruit de u RÉSUMÉ l’imagination d’un personnage, alternent et participent Veuf, Djibi élève seul sa fille de douze ans, Sofia. Chaque d’une même progression dramatique), des emprunts à Pixar, soir, il lui raconte les aventures d’un prince qui a ses traits, Toy Story (que deviennent les héros de notre enfance lorsque et qui, se défaisant de son ennemi Pritprout, sauve la princesse nous grandissons ?) et Monstres & Cie (l’imaginaire envisagé - qui a les traits de Sofia. Dans ce monde imaginaire, comme le produit d’une industrie du divertissement) une fois la fillette endormie, les interprètes quittent le studio notamment... et l’occasion, pour l’auteur, d’une relecture et retournent à leurs occupations... Sofia entre au collège d’un certain nombre de motifs de son œuvre, The Artist en et sympathise avec un camarade, Max. Djibi et Sofia premier lieu - le goût pour la fabrique des images (les “bedtime rencontrent une nouvelle voisine, Clotilde. Le soir-même, les portes du studio du monde imaginaire sont bloquées : stories” d’une fillette sont tournées en studio), un héros frappé Sofia ne veut plus des histoires de son père... Le lendemain, d’obsolescence (dans The Artist une star du muet à l’arrivée du l’histoire reprend, mais on refuse au Prince l’accès au parlant - ici un père déchu de son statut de héros à l’entrée de sa plateau : le Nouveau Prince, qui a les traits de Max, l’a fille dans l’adolescence)... Le cinéma d’Hazanavicius a remplacé. Le Prince rencontre la Femme à la porte - elle a toujours procédé de la relecture d’images (du Grand les traits de Clotilde -, aussitôt jetée aux oubliettes. détournement à The Artist, en passant par les OSS 117), SUITE... Djibi repousse les avances de Clotilde. Jaloux, le Prince d’une mise en tension entre une approche à plat, scrupuleuse sans et Pritprout enlèvent le Nouveau Prince. Djibi découvre que être déférente, de la citation, et sa critique - ou son détournement. Sofia est partie, sans son autorisation, à l’anniversaire de Ici, faute de pouvoir d’adosser à un régime d’images préexistant Max : il est pris d’une colère qui a pour effet de dérégler (le muet hollywoodien tardif, les séries B d’espionnage sixties...), le monde imaginaire. Pritprout jette le Prince et le Nouveau il perd à la fois forme et sens du récit. Sans référent filmique précis, Prince aux oubliettes. Les amis de Max se moquent de Sofia. Max ne la défend pas. Le Prince et le Nouveau Prince il n’a plus d’identité propre. Banal dans les scènes quotidiennes, sortent des oubliettes. Djibi et Clotilde partent chercher kitsch dans les embardées merveilleuses - mais sans travailler Sofia, que Max, pris de remords, embrasse. Le Prince et ce kitsch d’une façon qui lui serait propre -, porté par un Omar Pritprout s’effacent. 15 ans plus tard. Djibi et Clotilde vivent Sy à la palette limitée, le film ne peut compter que sur François ensemble. Djibi raconte une histoire au nouveau-né de Sofia. Damiens pour arracher quelques sourires. _T.F. Le monde imaginaire renaît. Visa d’exploitation : 148567. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 650 copies. 9 © les Fiches du Cinéma 2019
Queen & Slim (Queen & Slim) de Melina Matsoukas Queen & Slim se voudrait un grand film de résistance. ROAD MOVIE Adultes / Adolescents Mais le sujet est plus que survolé, la mise en scène est indigente, l’émotion ne se cristallise que chez u GÉNÉRIQUE les seconds rôles, et le tout ne dépasse jamais la pénible Avec : Daniel Kaluuya (Slim), Jodie Turner-Smith (Queen), Bokeem cavalcade de deux archétypes inconséquents. Woodbine (l’oncle Earl), Chloë Sevigny (Mrs. Shepherd), Flea (Mr. Shepherd), Sturgill Simpson (l’officier Reed), Indya Moore (Goddess), Benito Martinez (le shérif Edgar), Jahi Diallo Winston (Junior), Bryant Tardy (Chubby), Thomas Gossom Jr. (le père de Slim), Melanie Halfkenny (Naomi), Brian Thornton (le chef du SWAT), Ety Dylan (Bullhorn), Regina Swanson, Soledad O’Brien (elle-même), Gayle King (elle-même), Gralen Bryant Banks, Dickson Obahor, Joseph Poliquin, Karen Kaia Livers, Bertret E. Boyd II. Scénario : Lena Waithe, d’après une idée de James Frey et Lena Waithe Images : Tat Radcliffe Montage : Pete Beaudreau 1er assistant réal. : H.H. Cooper Scripte : Eva Z. Cabrera Musique : Devonté Hynes Son : Johnny Kubelka, Chris Welcker, Frank A. Montaño et Shayna Brown Décors : Karen Murphy Costumes : Shiona L. Turini Effets visuels : Leo Bovell Dir. artistique : Spencer Davison et Jeremy Woolsey Maquillage : Ma Kalaadevi Ananda Casting : Carmen Cuba Production : Makeready, De La Revolución © Royalty Holdings Films, Hillman Grad et 3 Black Dot Pour : Universal Pictures Production associée : Bron Creative Producteurs : James Frey, Lena Waithe, Melina Matsoukas, Michelle Knudsen, Etrew C. H Si Queen & Slim s’inspire d’un film, ce n’est pas Coles, Brad Weston et Pamela Abdy Coproductrice : Todd Cohen tant de Bonnie and Clyde (pourtant expressément cité au détour Distributeur : Universal Pictures. d’une scène) que de Spring Breakers. Le film controversé d’Harmony Korine a semble-t-il essaimé sur toute 132 minutes. Canada - États-Unis, 2019 une représentation d’un certain cinéma indépendant (les mêmes Sortie France : 12 février 2020 résurgences de style se retrouvent dans Waves) un “modus u RÉSUMÉ filmandi” de l’outre-monde américain. Queen & Slim ne vaut Queen, avocate, et Slim, caissier, dînent ensemble dans d’ailleurs rien - ou pas grand-chose - en tant que film de cavale : un restaurant. C’est un rendez-vous Tinder. Ils sont tous les deux les héros sont outrageusement archétypaux, campés sur leurs noirs. Sur le chemin du retour, ils sont arrêtés par la police. positions dualistes comme pour asseoir l’irréfléchi de leur fuite Le contrôle de routine dérape : le policier tire sur Queen. (la foi contre la raison, la bonhomie contre la retenue, la “black Slim récupère le pistolet et tue le policier. Ils fuient, mais excellence” contre la petite vie rangée). Le film, trop branlant et tombent en panne. Ils sont aidés par un shérif, qui finit vaniteux pour se remettre en question, dilue une réflexion sociale par les reconnaître. Ils sont alors obligés de dérober sa et raciale salutaire dans une kermesse bigarrée, faite de clips, voiture. En s’arrêtant pour manger, ils se rendent compte qu’une caméra a tout filmé, et qu’ils sont un symbole de rébellion de plans-séquences et de flou artistique douteux (le summum pour la communauté afro-américaine. Ils poursuivent leur étant atteint lorsqu’une scène de sexe entre nos deux fuyards route jusqu’à la Nouvelle-Orléans, chez l’oncle de Queen. se trouve enchevêtrée dans une manifestation qui tourne très SUITE... Celui-ci, ancien soldat devenu souteneur, les héberge, mal - drôle de manière de figurer l’inconséquence d’anti-héros leur prête sa voiture et de l’argent, et leur recommande qui vont pourtant vivre un chemin de croix affreusement long). un homme qui pourra les faire s’envoler pour Cuba. Poursuivant La ligne de fuite de Queen & Slim n’est alors qu’un simple leur route, soutenus par la communauté, Queen et Slim se portfolio des États du Sud, que deux gravures de modes rapprochent en dansant dans une boîte. Mais ils retombent traversent sans se soucier de rien, serait-ce d’eux-mêmes en panne. Là, le garagiste, noir, qui les reconnaît mais - il faut bien que le scénario avance. Ce qu’il y a à sauver dans ne cautionne pas leurs actes, demande à son fils de ce grand clip pauvret réside donc dans l’héritage figuratif du les emmener faire un tour. Celui-ci, adolescent, indique film de Korine cité plus haut, et réduit au rang de silhouettes : qu’il ira manifester en leur soutien, en ville, le lendemain, et les prend en photo. Or, le jour d’après, il tire à bout portant une échappée tubulaire dans la folie néon du rap américain sur un policier. Queen et Slim arrivent chez l’ami de l’oncle, - dans les alcôves d’une “traphouse” de la Nouvelle-Orléans, qui les cache alors que la maison est cernée par la police. dans les dents en or et les fusils d’assaut, dans une douce Ils s’échappent et retrouvent la personne qui doit les faire folie, qui, elle, dans la vraie vie, est bien synonyme d’injustice passer en avion. Mais, sur le tarmac, la police est là : c’est et de résistance. _C.D. un traquenard. Ils sont tués et deviennent des icônes. Visa d’exploitation : 152299. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 10 © les Fiches du Cinéma 2019
Sonic Le Film (Sonic the Hedgehog) de Jeff Fowler Précédée d’une réputation déjà peu rassurante, ACTION Famille cette adaptation (très) libre se contente de lieux communs pour divertir sa cible première : le jeune u GÉNÉRIQUE public. Aussi inoffensif que paresseux, le résultat Avec la voix originale de : Ben Schwartz (Sonic). désarçonne surtout par sa laideur visuelle. Et la voix française de : Malik Bentalha (Sonic). Et avec : James Marsden (Tom Wachowski), Tika Sumpter (Maddie Wachowski), Jim Carrey (le docteur Ivo Robotnik), Neal McDonough (le major Bennington), Adam Pally (Billy Robb), Tom Butler (le commandant Walters). Scénario : Pat Casey et Josh Miller D’après : le jeu vidéo édité par Sega (1991) Images : Stephen F. Windon Montage : Stacey Schroeder et Debra Neil-Fisher Réal. 2e équipe : Peter Lyons Collister 1er assistant réal. : Justin Muller Musique : Junkie XL Son : Tim Walston Décors : Sean Haworth Costumes : Debra McGuire Effets spéciaux : Alex Burdett Effets visuels : Chris Uyede et Ged Wright Dir. artistique : Grant Van Der Slagt Maquillage : Sofia Phillips et Laura Calvo Casting : Jeanne McCarthy, Nicole Abellera et Leslie Woo Production : Original Film, Marza Animation Planet et Blur Studio Pour : Paramount Pictures Production associée : Sega Sammy Group Producteurs : © Paramount Neal H. Moritz, Toby Ascher, Toru Nakahara et Takeshi Ito Producteurs délégués : Hajime & Haruki Satomi, Masanao Maeda, Nan Morales, Tim Miller et Jeff Fowler Productrice m Sans réelle surprise, Sonic rejoint la longue associée : Mie Onishi Distributeur : Paramount Pictures. liste des regrettables adaptations cinématographiques de jeux vidéo. Le film de Jeff Flower se détache de son modèle pour offrir une aventure plus terrienne et dépeindre, 100 minutes. Canada - Japon - États-Unis, 2019 au passage, un héros anthropomorphique davantage Sortie France : 12 février 2020 unidimensionnel. Par ce simple choix, c’est l’essentiel u RÉSUMÉ de la richesse de la saga vidéoludique qui est ici évacué. San Francisco, de nos jours. Sonic est poursuivi par le Dr Il est alors surtout question d’initiation, d’amitié ou encore Robotnik. Des années plus tôt... Sonic est un très jeune d’accomplissement... tout un programme parfaitement hérisson doté d’une super-vitesse. Il vit dans un autre calibré pour la famille. Mais à systématiquement sous- monde, élevé par une chouette. Traqué pour ses pouvoirs, il estimer les exigences et les attentes de ses spectateurs, est envoyé sur Terre à l’aide d’un anneau magique. Il y grandit le projet ne fait qu’accumuler les fautes de goûts. Du scénario en restant caché des humains. Il passe ses journées à observer revu à la baisse à la distribution quasi impuissante, personne Tom, le shérif de Greenville, et sa petite amie Maddie. ne semble croire à l’éventualité de réussite. Reste alors Un soir, Tom annonce sa mutation pour San Francisco. Sonic observe le bonheur du couple avec envie. Triste et un Jim Carrey toujours aussi cabotin. En roue libre, l’acteur seul, il provoque, par accident, une onde de choc plongeant gesticule, grimace, crie, danse et mime dans une vaine la contrée dans l’obscurité. Alerté, le Pentagone dépêche tentative de préserver l’attention des jeunes spectateurs. le redouté Dr Robotnik sur les lieux. La traque commence. Il est l’unique cache-misère d’un spectacle à la substance SUITE... Dans son garage, Tom surprend Sonic, qui s’apprête à navrante... et à l’enveloppe toute aussi embarrassante. quitter la Terre avec ses anneaux. Le shérif immobilise Car si la médiocrité de l’ensemble peut in fine laisser le hérisson, dont les anneaux atterrissent par erreur à San de marbre, c’est avant tout son aspect visuel qui crispe. Francisco. Au réveil, Sonic demande de l’aide à Tom. Surpris Un constat qui ne fait que confirmer des craintes par le Dr Robotnik, Tom et Sonic s’enfuient. En route pour San précédemment manifestées lors de la diffusion de la première Francisco, le duo fait connaissance. Plus tard, le Dr Robotnik bande-annonce du film, en avril 2019 - en dévoilant un Sonic blesse Sonic. À San Francisco, Tom et Maddie soignent méconnaissable, cette dernière avait horrifié les fans de le hérisson et l’aident à retrouver ses anneaux. Le trio est alors intercepté par Dr Robotnik. De nos jours : Sonic affronte la première heure, si bien que l’équipe s’est retrouvée le Dr Robotnik, avec l’aide de ses anneaux. La poursuite se contrainte de revoir le look du hérisson. Sans réelle inventivité clôt à Greenville. Avec l’aide de ses nouveaux amis, Sonic libère ni efforts d’incrustation, les effets visuels contribuent à sa puissance et envoie le Dr Robotnik dans un autre monde. Tom la laideur du long métrage. Peu de choses donc à se mettre et Maddie finissent par installer Sonic, heureux, chez eux. sous la dent. _S.H. Perdu dans l’univers, le Dr Robotnik prépare sa revanche... Visa d’exploitation : 151901. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 600 copies (vo / vf). 11 © les Fiches du Cinéma 2019
Toutes les vies de Kojin de Diako Yazdani Il ne fait pas bon être gay au Kurdistan irakien. Diako DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents Yazdani filme Kojin, un jeune homme incroyablement courageux, rencontrant divers interlocuteurs pour u GÉNÉRIQUE parler d’homosexualité. C’est drôle, effrayant, Avec : Kojin. terrible, et passionnant de bout en bout. Images : Diako Yazdani Montage : Florence Bresson Musique : Wassim Halal Son : Diako Yazdani Production : L’Atelier Documentaire Producteur : Raphaël Pillosio Distributeur : Rouge Distribution. © L’Atelier Doc. 87 minutes. France, 2019 HH Au Kurdistan irakien, une mosquée. De nombreux Sortie France : 12 février 2020 hommes prient. Un enfant bâille. Toute l’ironie et la malice de Diako Yazdani sont déjà contenues dans cette pas trop ce qu’est l’homosexualité, et ils ont eux aussi scène liminaire à la fois simple, évidente et totalement bien des clichés dans l’esprit, mais ça ne les empêche cinématographique. En voix off, le réalisateur nous pas d’interroger Kojin avec respect, de montrer dit avoir été, jusqu’à l’âge de 18 ans, un musulman intégriste. une réelle bienveillance à son égard, et de lui dire Il souhaitait à l’époque la peine de mort pour les homosexuels. - à l’inverse de tant d’autres personnages du film - Sur des images de vie quotidienne de chez lui, filmant que Dieu n’a pas de problème avec lui. À mesure rues, marché, parties de dominos, il poursuit, racontant que l’on voit Kojin se confronter à divers comment il s’éloigna ensuite de la religion, et comment ses interlocuteurs plus ou moins inquiétants, on découvre yeux s’ouvrirent sur la question LGBT notamment lorsqu’il une personnalité attachante et d’un courage - assista au calvaire d’un ami, renié par sa famille et contraint redisons-le - incommensurable. Ignorant lui aussi à quitter son pays en raison de son orientation sexuelle. les différences entre homosexualité et transidentité, Suit un édifiant micro-trottoir où l’on constate l’ignorance il formule le projet de subir une opération de et la confusion mentale des intervenants au sujet des “gays”. réassignation sexuelle. Il réalisera ensuite qu’il L’auteur nous présente ensuite Kojin, un ami de 22 ans, n’y a songé que pour ne plus avoir à endurer les homo et qui, invraisemblablement courageux, accepte commentaires agressifs des autres, et non par choix de faire un film avec lui sur l’homophobie dans un pays véritable. Outre son contenu - le film est passionnant où l’on risque la mort si l’on n’entre pas dans les cases et ne vous lâche pas jusqu’à la dernière minute - de l’hétéro-normativité. N’en disons pas trop sur la suite le long métrage propose quelques belles idées du film, qui réserve son lot de scènes proprement incroyables, de cinéma, telle ce parallèle entre Kojin jouant du telles celles se déroulant chez cet imam spécialiste tambour traditionnel en haut d’une colline dominant de la “médecine prophétique” et tranquille défenseur la ville, et les mille et un tambours d’une “Gay de Daesh. Bien souvent, on se pince, ne sachant s’il Pride” parisienne à laquelle participe le cinéaste. faut rire ou blêmir face à de semblables manifestations On retiendra également le climax du récit : ce débat d’obscurantisme, de haine crétine, de traditionalisme entre Kojin et cinq hommes, dont quatre ne parlent criminel. Heureusement, le film ne se contente pas d’un état que de tuer les homos. La fin du documentaire, des lieux à charge. Une des belles idées du documentariste terrible, montre malheureusement que l’exil n’est est de présenter Kojin à sa propre famille, et de voir ce qu’il pas forcément synonyme de liberté, et que l’Europe se passe. Certes, le père et la mère de Yazdani ne savent ne se soucie guère des réfugiés LGBT. _G.R. Visa d’exploitation : 148380. Format : 1,77 - Couleur - Son : Stéréo. 90 copies. 12 © les Fiches du Cinéma 2019
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