La Gazette de Courtrai - Stad Kortrijk
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Courtrai - 2018 Édition SPÉCIALE La Gazette de Courtrai - Souvenirs de la Grande Guerre - Avis au lecteur! Courtrai durant les premiers mois Les troubles en Europe de l’Est au l’Autriche-Hongrie à la Serbie de l’occupation cours de l’été 1914 ne passent pas inquiètent le citoyen courtraisien. non plus inaperçus à Courtrai. Tous les pigeons sont réquisitionnés métiers à lin, du coton hydrophile Vers le 20 juillet 1915, sur ordre du L’Allemagne finit par déclarer la et enfermés dans les grands et de la soie. Tout ce qui est commandant, tous les habitants L’assassinat de François-Ferdinand guerre à la Belgique le 4 août 1914. entrepôts de lin de la Beheerstraat. utilisable est réquisitionné en de la ville, hommes, femmes et et la déclaration de guerre de Si, après l’ordre de réquisition, échange de « coupons », payables enfants de plus de 15 ans, doivent un pigeon est découvert chez une en partie en espèces, en partie être en possession d’un certificat personne, cette dernière risque après la guerre. Courroies d’identité, pourvu d’un portrait de Les Courtraisiens sont très inquiets une peine très sévère, voire d’être d’entraînement, machines, outils : l’intéressé, d’une signature et de la et implorent les faveurs de Notre- fusillée les Allemands s’approprient tout profession. Personne n’est autorisé Dame de Groeninge. Cette statue, dans les usines à l’arrêt. Tous les à quitter la ville sans laissez-passer. qui se trouve aujourd’hui en cuivres sont également saisis. Le prix des transports a l’église Saint-Michel, est réputée L’industrie s’est rapidement arrêtée. considérablement augmenté. miraculeuse. Dès le début de l’occupation, les Un billet de 3e classe coûte 0,10 Les troupes flamandes auraient autorités allemandes inspectent centime du kilomètre. Un voyage invoqué cette Vierge à l’enfant du toutes les usines pour dresser Malgré la misère, le chômage et les à destination de Bruxelles coûte XIIIe siècle lors de la Bataille des l’inventaire de toutes les matières privations à endurer, la population donc 17,50 francs au lieu de 4,95 Éperons d’Or. premières et toiles « en magasin ». courtraisienne garde son calme et francs. Le 23 août 1914, les citoyens de Le lin brut et le coton sont les évite dans la mesure du possible Courtrai implorent à nouveau la premiers à en faire les frais. Peu toute promiscuité avec l’ennemi. Source : Kortrijks Oorlogsblad, février 1918, statue miraculeuse, cette fois lors de temps après, c’est le tour des numéro 6 de la procession de Notre-Dame de Groeninge, qui sort pour la première fois depuis 1866. Plus de 20 000 personnes participent au cortège à travers la Décès du bourgmestre August Reynaert ville. Lorsque l’occupant allemand envahit Courtrai le 18 octobre, c’est situation ne tarde pas à évoluer. Avant de terminer, je ne peux occupants, a su raison garder. triste martyr pour son amour de la au bourgmestre Auguste Reynaert L’heure en vigueur en Allemagne m’empêcher de prononcer Je me souviens encore de ses ville et de ses habitants. qu’il revient de maintenir l’ordre. est instaurée, les civils doivent quelques mots à propos de notre appels au calme et à l’acceptation Il fait imprimer des brochures afin cantonner des soldats, le couvre- bourgmestre August Reynaert. Il douloureuse de la situation de Nos ennemis eux-mêmes ont de rassurer la population et de feu est imposé. De plus, il est avait nourri de grands projets pour l’époque, placardés dans tous les considéré qu’il était de leur devoir l’inciter à rester calme. interdit d’entretenir des contacts notre bien chère ville de Courtrai, coins de la ville. de rendre hommage à la mémoire Durant ces premiers jours, la avec les Alliés. mais la catastrophe mondiale L’âge avancé, impuissant face à de ce grand homme, qui était « actuelle a brisé cet élan et sonné le toutes ces exactions, son pauvre l’âme » de Courtrai. glas de ses nobles ambitions. Je le corps a rendu les armes et notre Ses obsèques (27/07/1915) furent revois constamment sur la brèche. cher bourgmestre et homme du aussi l’une des plus belles Avec toute la force de sa grande peuple a succombé à sa tâche le manifestations de respect et de âme, il s’est opposé aux injustices 22 juillet 1915, malgré sa volonté deuil. de nos oppresseurs, jusqu’à surhumaine. Une grande âme a quitté ce bas l’abnégation. monde pour monter au ciel où Peu de temps après, il a été pris en La nouvelle de sa mort, après un l’attend la récompense d’une otage à l’hôtel de ville, où on lui court malaise, a recouvert la ville grande justice. a interdit de rentrer chez lui. En d‘un épais linceul de douleur. On toutes circonstances, il a imposé avait espéré jusqu’à la fin et son sa volonté à nos ennemis et les a décès était un incident public. Qu’il repose en paix. obligés à l’admirer et à le respecter. On a oublié l’occupation, la triste réalité du moment, pour faire face C’est aussi grâce à lui que la à la perte irréparable que Courtrai Source : Kortrijks Oorlogsblad, février 1918, population de Courtrai, rendue venait de subir. Il est mort au numéro 6 nerveuse et déprimée par champ d’honneur, vaincu par les les injustices de ses perfides soucis, victime de la guerre, en
Courtrai - 2018 Édition SPÉCIALE Appel au calme et à la vigilance Déportés Bien que les contacts avec les Après la restitution de leur On oublie souvent le sort pour le front en Belgique ou en Parfois, femme et enfants étaient Alliés soient expressément dépouille, un long cortège les des nombreux déportés de la France. D’autres étaient envoyés incarcérés si le mari n’était pas interdits, certains civils n’en a accompagnés le 24 août 1919 Première Guerre mondiale. Des dans des camps en Allemagne. retrouvé. Beaucoup de ces pauvres ont cure et transmettent des vers leur dernière demeure milliers de Courtraisiens ont été Souvent, ils étaient déplacés bougres ne sont jamais revenus. informations sensibles aux au cimetière Saint-Jean (Sint- réquisitionnés comme Zivilarbeiter pendant quelques semaines, mais Des communes de l’entité comme Britanniques et aux Français. Janskerkhof). (photo) pour le travail obligatoire en cela pouvait aussi durer plusieurs Aalbeke et Rollegem, ont payé Allemagne. La grande majorité mois. La déportation ne s’est pas un lourd tribut. Six habitants de Des citoyens montent notamment Evarist De Geyter, le super espion, a été affectée à la construction toujours déroulée sans heurts. Rollegem n’ont pas survécu au dans la tour de l’église Saint- a eu la vie sauve. Sa fille avait été de nouvelles routes et voies de Les hommes ont souvent résisté. travail forcé. À Aalbeke, ce sont Michel pour repérer les avions. tuée dans le bombardement de chemin de fer. Heule a été le théâtre d’émeutes pas moins de 125 habitants qui la place. L’occupant allemand a Les Courtraisiens devaient se au départ. Beaucoup ont essayé ont été déportés. À Courtrai, 91 Plusieurs cheminots espionnent et estimé qu’il avait déjà été assez présenter à la caserne du régiment d’entrer dans la clandestinité pour hommes sont morts à la tâche transmettent des renseignements puni. Il a été gracié. situé à la Minister Vanden éviter la déportation. Les mesures en déportation ; 458 travailleurs importants. Maurice Hofman et Peereboomlaan. De là, ils partaient de rétorsion étaient terribles. forcés sont rentrés meurtris dans Achille Coigné ont ainsi passé des Les citoyens trouvaient souvent leur chair. renseignements sur les aéroports la parade pour s’opposer aux de Bissegem et Heule, le trafic diktats des forces d’occupation ferroviaire et le dépôt de munitions allemandes. Le drapeau tricolore d’Aalbeke. Autant de héros qui ont belge était interdit. Qu’à cela ne bravé les interdictions au péril tienne, les étendards marcheraient de leur vie. Six de ces espions en rue. À titre d’exemple, un papa courtraisiens, dont Hofman et habillait systématiquement ses Coigné, seront finalement fusillés à trois enfants en noir, jaune et Gand par des Allemands. rouge. Divers Evarist De Geyter Le mariage Employé des chemins de fer, de guerre Du fait des réquisitions de tous les produits, l’agriculture est dans une situation difficile. Il n’y a pas de fumier, pas d’engrais, presque pas de bétail. Evarist De Geyter recueillait Ne restent que les rares chevaux jugés inaptes au service militaire. La toutes les informations possibles La fille du pharmacien D.... population de gallinacés est en déclin et leurs propriétaires sont obligés de sur les mouvements des troupes a épousé un officier boche de donner deux œufs par semaine et par poule au Comité d’approvisionnement. allemandes sur le réseau la garnison Baden-Baden. Le Source : Kortrijks Oorlogsblad n° 8 - septembre 1918 ferroviaire. patriotisme de nos concitoyens se Il avait installé un poste mesure au franc mépris dont le Les espèces, l’or, l’argent, le cuivre sont devenus des denrées rares. Ceux d’observation à son domicile gentil couple et le père D.... sont qui peuvent se rendre chez les paysans avec une pièce d’or sont certains situé le long de la voie ferrée à l’objet. Le faire-part de mariage d’acheter l’une ou l’autre chose à moitié prix. Tout se paie en « billets de Courtrai. De là, il transmettait des est, bien entendu, resté lettre nécessité » ou en billets en franc belge imprimés par la Société Générale informations cruciales aux Alliés. morte. Même ses meilleurs amis de Belgique. Les marks sont aussi en circulation. En 1917, il finit par être arrêté n’ont pas daigné y répondre. L’un par les Allemands. Il échappa au d’entre eux, croisant le pharmacien Beaucoup portent des vêtements rapiécés. Auparavant, les couvertures peloton d’exécution et fut détenu sur la Grand-Place, l’a salué d’un étaient teintes et transformées en pardessus et en manteaux. C’est en captivité en Allemagne jusqu’à retentissant « Baden-Baden ». à présent aussi interdit. Les toiles à matelas sont aussi souvent la fin de la guerre. Le lendemain, il était convoqué découpées pour en faire des vêtements. On fabrique des sabots en bois Source : Spioneren voor het vaderland - De à la Kommandantur et prié de et morceaux de tapis. Ceux qui portent des chaussures attirent tous les memoires van Evarist De Geyter 1914-1918 présenter ses excuses. Mais sans se regards sur leur passage. démonter, l’ami de toujours s’est Les Allemands mettaient en garde leurs «camarades» contenté de rétorquer à l’officier : Beaucoup de jeunes officiers issus de l’aristocratie boche sont planqués contre les espions et diffusaient des tracts de conseils. « Depuis quand est-il interdit dans les services communaux : ils mènent une vie dissolue et chaque de prononcer le nom d’une ville soir, c’est la fête au « Damier » ou à « Ons Huis ». allemande ? » Hilarité générale... Et notre Les raids aériens survolent souvent la ville, qui est ravagée en certains compatriote a été autorisé à partir. endroits. Le couvent des pères des Sacrés-Cœurs de Picpus sur le L’histoire faisait le tour de toute Pottelberg est rasé, tout comme l’un des jardins paysagers de la la ville et Baden-Baden était sur Nieuwstraat et le magasin de meubles « La Bonne Source » au coin de la toutes lèvres. Leistraat. Une volée de mitraille s’abat sur la nouvelle caserne occupée Pour faire taire le « scandale », par les Boches et fait plusieurs victimes allemandes. D.... n’a rien trouvé de mieux Source : Kortrijks Oorlogsblad n° 7 – juillet 1918 que d’aller pleurnicher auprès de son gendre, qui a réclamé qu’une sanction soit prise auprès de la Certificat d’identité Kommandantur. Dès 1915, les forces d’occupation allemandes instaurent la carte Finalement, le plaisantin fut d’identité, qui n’existait pas en Belgique jusqu’alors. De prime abord, condamné à une légère peine et les la carte d’identité ou le certificat d’identité n’est destiné qu’aux Courtraisiens durent se résoudre hommes âgés de 16 à 45 ans afin de pouvoir vérifier s’ils travaillent à maudire le traître en silence et à ou non. Les chômeurs peuvent alors être mis au travail pour les boycotter sa pharmacie. Allemands. « Vers le 20 juillet 1915, sur ordre du Kommandeur, tous les habitants de la ville, hommes, femmes et enfants de plus de 15 Source : Kortrijks Oorlogsblad n° 6 - ans, doivent être en possession d’un certificat d’identité, pourvu d’un février 1918 portrait de l’intéressé, d’une signature et de la profession. Personne n’est autorisé à quitter la ville sans laissez-passer. »
Courtrai - 2018 Édition SPÉCIALE Sous les barbelés jusqu’à l’abri antiaérien. Témoignage de Rachel Van Nieuwenhuyse réquisitionnent. « Heureusement, Entrée dans les ordres Rekolettenstraat à Courtrai. » nous avions un voisin qui était La famille de Sœur Rachel a été agriculteur et qui avait un À quatorze ans, Rachel savait déjà relativement épargnée pendant la grand abri antiaérien. Ma mère qu’elle voulait entrer dans les Seconde Guerre mondiale. « Deux m’a souvent raconté que nous ordres. « En 1939, j’ai rejoint les de mes frères (les quatre autres rampions sous les barbelés pour Sœurs de la Charité à Heule. La étaient encore trop jeunes) ont été entrer dans la cave. Avec l’enfant même année, je suis allée travailler envoyés dans des camps de travail en bas âge que j’étais à l’époque, comme infirmière à l’hôpital allemands. Livinus en est revenu c’était tout sauf simple pour mes de Roulers. Pendant les deux avec de terribles maux de dos ; parents. Tielt a été relativement premières années, c’était difficile Marcel en est heureusement sorti épargnée pendant la guerre à cause de la maladie, mais après indemne : il a choisi de s’évader et il n’y a pas eu beaucoup de cela, j’y ai encore travaillé pendant pour rentrer à la maison. » bombardements. Ce n’est qu’après la huit ans. Je me rappelle avoir Après la fin de la Seconde Guerre fin de la guerre et pour ma première soigné sur un an 46 patients qui mondiale, Sœur Rachel a entamé communion que j’ai pu aller à avaient tous subi une opération une belle carrière d’infirmière, l’école. C’était toute une histoire àde l’estomac avec le docteur après avoir suivi une formation de l’époque, parce que nous vivions à laMeulenaere. Un seul d’entre eux trois ans à l’institut Sint-Niklaas campagne, loin de l’école. » en est mort. Cela en dit long sur à Courtrai en 1949. Elle a travaillé les capacités incroyables de ce pendant de nombreuses années à Le père de Rachel a travaillé « aux médecin qui, plus tard, est allé la Croix Jaune et Blanche et était tramways » pendant quarante ans ; travailler au Congo. » toujours sur les routes, d’abord sa mère est restée femme au foyer. La guerre a mis les sœurs à rude à vélo, puis au volant de sa « Ensemble, ils formaient une grande épreuve, « mais elles ont eu la Coccinelle ». « J’étais heureuse de À pas moins de 104 printemps, choses : ma grand-mère avait famille, qui a connu pas mal de chance que nous avions déjà me rendre utile ». Rachel Van Nieuwenhuyse est la accouché cinq fois, mais seul le coups du sort. 35 couvents rien qu’en Flandre Elle est toujours aussi fière de doyenne de Courtrai. La « Sœur quatrième enfant avait survécu. occidentale. Elles ont fui par n’avoir pas eu un seul jour de de la Charité » a connu les deux Après le mariage, mes parents sont « Pendant la Première Guerre précaution et ont pu s’installer maladie en 20 ans. guerres mondiales et a encore des allés habiter ensemble à la ferme, mondiale, ma mère a donné dans un endroit plus sûr. Nous En mai 2018, elle a fêté son 104e réminiscences de cette époque. où nous avions notamment deux naissance à deux filles, qui sont avons été témoins de beaucoup anniversaire. Elle est encore très « Je suis née au début de la vaches. » malheureusement toutes deux de choses durant cette période, alerte et lucide pour son âge. Elle Première Guerre mondiale, se mortes du croup alors qu’elles avaient mais heureusement, nous n’en ne parvient plus à marcher, mais rappelle l’affable et énergique Première communion à peine deux ans, en 1917 et 1919. Le avons pas fait personnellement cela ne la dérange pas. « J’étais religieuse. Nous habitions à deuil s’est quelque peu atténué avec les frais. Cela aurait pu être heureuse de me rendre utile ». l’époque la ferme de mes grands- Rachel a à peine 2 ans et demi la naissance de ma sœur Lydie en différent, car neuf « Sœurs de la parents à Tielt. Ma mère était quand les Allemands font irruption 1925. J’avais aussi six frères. » Foi » sont mortes en 1944 dans le Bart Vancauwenberghe enfant unique, par la force des dans la ferme familiale et la bombardement du couvent de la In Memoriam Charles de Beer André De Vaere Franc-maçon et médecin au front Pianiste virtuose André Devaere était un grand artiste. Né à Ciney en 1876, Charles de son destin. En rentrant de son Bien qu’encore dans la fleur de l’âge, Beer, jeune médecin, s’installe à service au front, il est touché il transmettait déjà ce que seuls les Courtrai en 1902. Il est très actif par l’explosion d’une grenade. Il grands sont à même de faire couler : des dans de nombreuses associations décède sur place, à 42 ans, un peu torrents d’émotion. libérales et a été plusieurs fois moins de quatre mois avant la Il était le fils d’un organiste, l’aîné de candidat aux élections. Dès libération. 10 enfants. Pianiste de premier ordre, 1906, il est également le premier auréolé des plus grandes distinctions président de la loge maçonnique En 1934, l’hôpital militaire au Conservatoire de Bruxelles, De Vaere « L’Amitié » de Courtrai. Les d’Ostende est baptisé en son a été indéniablement appelé à briller premières années de la Grande honneur, mais le complexe a comme aucun autre artiste de notre Guerre, de Beer reste à Courtrai. malheureusement disparu en scène flamande. Les francs-maçons de L’Amitié 1993. Flanders Fields lui a rendu Courtrai était fière de son enfant sont contraints, par la force des hommage lors d’une exposition en prodige et la Flandre nourrissait en lui choses, de cesser leurs activités, 2013-2014. de grandes espérances. mais en coulisses, ils parviennent à garder leur école laïque ouverte. Bron: Alain Cornet Las ! André est mort pour la patrie. Quand, en 1916, l’occupant durcit Il succomba à ses blessures le 14 sa ligne, le docteur de Beer décide novembre 1914 dans un hôpital de Calais. de s’engager dans l’armée belge. Pendant plus de deux ans, il sert Source : Kortrijks Oorlogsblad n° 7 – juillet 1918 comme médecin dans l’infanterie des tranchées du front. Au cours de cette période, il rejoint la loge maçonnique provisoire La Patrie I, qui opère depuis La Panne. Pour La Patrie I aussi, l’éducation laïque revêt une grande importance. Elle est étroitement associée à la création d’une école à Booitshoeke, l’école de l’armée de terre. Le 12 juillet 1918, le docteur de Beer a rendez-vous avec
Courtrai - 2018 Édition SPÉCIALE Meurtre de La fin... VICTORIE! militaire à Heule Lassitude, pénuries alimentaires et défaites multiples: la révolte Werner, un jeune soldat couve dans les villes allemandes En octobre 1918, l’armée d’installer plusieurs ponts sur la aux libérateurs et essaient de quadragénaire, était affecté à la et ne tarde pas à gagner l’armée. britannique tente de franchir la Lys Lys entre Courtrai et Harelbeke. les recevoir au mieux, avec en Kommandantur courtraisienne. L’empereur Guillaume II est dans ce qui deviendra la bataille de Les troupes britanniques apothéose, la fête de la libération Comme tout bon soldat, il aimait destitué par le gouvernement Courtrai. approchent de Marke et engagent du 28 octobre. aller boire un verre dans une le 9 novembre 1918 et se réfugie Le 15 octobre 1918, les premières le combat autour de Kooigem. Les auberge à l’écart de la ville et fit aux Pays-Bas. L’empereur étant troupes alliées atteignent Heule. troupes alliées gagnent du terrain Le lieutenant-général Watts passe la connaissance de sa charmante maintenant écarté, le Précédées d’un bombardement sous différents angles. en revue les troupes sur la grand- aubergiste, Emma Sabbe. Le gouvernement peut signer violent, elles s’engagent dans la place au son de la Marseillaise, jeune militaire fricotait également l’armistice avec les Alliés. Kortrijkstraat jusqu’à Overleie, Les Canadiens tentent une du God Save the Queen et de la avec d’autres femmes fort L’acte de capitulation est signé où elles sont arrêtées sur la rive percée par Harelbeke. Enfin, Brabançonne. Il fait don à Courtrai accortes, reléguant l’aubergiste le 11 novembre 1918 dans un gauche. les premières troupes alliées de l’étendard du régiment qui a énamourée au second plan de ses wagon à Compiègne. En juin 1919, Les Allemands qui battent en parviennent sur la grand-place à 11 libéré la ville. préoccupations sentimentales. le traité de Versailles allait imposer retraite font sauter tous les ponts heures le 19 octobre 1918. Verte de jalousie, elle ourdit un des conditions draconiennes aux sur la Lys. Après 4 ans d’occupation, plan pour assassiner l’amant vaincus. Les Français voulaient Les Courtraisiens font éclater Courtrai est à nouveau une infidèle. Après le dîner, elle l’attira châtier les Allemands et leur Dans l’intervalle, on tente leur joie. Ils offrent du café ville libre. dans la grange où le pauvre bougre imposèrent de lourdes réparations fut accueilli par plusieurs coups pour dommages de guerre. de hache sur la tête. Le valet lui avait fendu le crâne. Le corps fut Les Allemands ne tardèrent pas jeté dans un étang des environs. à qualifier ce Traité de Diktat de Les empreintes de pas finirent par Versailles. Il recelait en lui les trahir les criminels. germes de la Seconde Guerre mondiale. Les lettres perdues du front Pendant la Première Guerre mondiale, un sac postal a été perdu à Scherpenheuvel. Ledit sac a refait surface cent ans plus tard. Les lettres de guerre ont fini par être remises aux héritiers. L’enquête a fait l’objet d’une rubrique dans l’émission de télévision flamande « Iedereen Beroemd ». Le sac postal contenait deux lettres « courtraisiennes ». (cf. site Internet) Visite du Roi ! Toute la ville est en effervescence. véhicules font leur apparition. au mont Kemmel en a décidé Tout d’abord, le souverain passe en Sous les acclamations de la foule, autrement. Le général Jack reçoit revue la 9e Division sur le terrain le roi Albert, la reine et le princedonc la famille royale à dîner. d’aviation de Harelbeke et est Léopold sortent des voitures. Pendant le repas, Mme Goethals censé arriver à 11 heures. Partout résonnent les cris de « Van Volsem dit : « Sire, vous ignorez Vive le roi », « Leve de koning », «sans doute que vous mangez Malgré la pluie, une grande foule Vive la Belgique ». aujourd’hui sur mes cuivres. » En Annonce s’est massée près de la maison d’Alberic Goethals, au numéro 23 La fanfare entonne la effet, les cuivres en question étaient encore cachés sous le plancher. sur la grand-place, pour attendre Brabançonne. Le souverain fait Quand le roi remercie ses hôtes pour Le 7 octobre 2018, nous commémorerons la libération de Courtrai. l’arrivée de la famille royale. Détail le salut militaire et serre la main le bon vin, elle répond : « C’est le La ville sera libérée par un char de la Première Guerre mondiale, bouleversant, le fils Goethals, des autorités françaises et des vin que nous avons emmuré pour le des motards et des véhicules de la Seconde Guerre mondiale. Les pilote d’avion, a trouvé la mort un porte-drapeaux. La reine sourit. mettre à l’abri des Allemands et que harmonies de Courtrai agrémenteront la cérémonie avec le Field mois auparavant en mission. L’enthousiasme est à son comble. nous avons ressorti rien que pour Marshal Haig’s Own Pipes & Drums. La gendarmerie belge et la police Le service d’ordre ne parvient plus Vous, Sire. » Envie d’y assister ? anglaise éprouvent toutes les à contenir la foule. Le convoi entrera en ville à 9h45 par la Doornikstraat. peines du monde à contenir la La reine est également très Suivez le cortège et rendez hommage aux combattants morts pour la foule. Avec deux heures de retard Dans la maison d’Alberic surprise de constater que tant de patrie en compagnie des édiles communaux. sur l’horaire, la fanfare arrive Goethals, le général anglais Jack, civils sont restés à Courtrai. enfin, précédée des drapeaux commandant de la 28e brigade, Pendant ce temps, la foule belge, français et britannique. se voit remettre une distinction attend patiemment le départ En savoir plus À 13 heures, une sonnerie de honorifique par le roi. Il aurait du cortège royal à 14h30 par la · www.kortrijk.be/oorlogswandeling clairon retentit. Venant de dû la recevoir dès le mois d’avril, Groeningestraat, la grand-place et · Parcours pédestre « Souvenirs de la Grande Guerre à Courtrai » à la Harelbeeksestraat, quatre mais l’offensive allemande la Leiestraat. télécharger sur www.kortrijk.be/oorlogswandeling · www.kortrijkbezet14-18.be Jacques Goethals Pilote courtraisien Colophon Chevalier de l’Ordre de Léopold à bord d’un Spad pendant un Une réalisation de : Veerle de Zegher, Connie Janssens Communication/Protocole avec palme. Chevalier de l’Ordre de combat aérien après avoir abattu et Gauthier Renard Citymarketing/Tourisme Ville de Courtrai la Couronne avec palme. Croix de un avion ennemi 10 jours avant la Mise en page : Connie Janssens, Yves Debaes guerre (avec 4 citations). libération de Courtrai. Photos : Photothèque Ville de Courtrai, Kattoo Hillewaere Ouvrages consultés : Gazette van Kortrijk, Het Vlaamsche Nieuws et Kortrijks Oorlogsblad : période 14-18 | Van Hoonacker Egied, Kortrijk 14-18, Een stad tijdens de eerste Sous-lieutenant, pilote militaire, Chaque pilote faisait peindre un wereldoorlog. (Kortrijk, 1994) | Roelstraete Johan et rédaction. Heule 900; Heule 1111-2011. volontaire ayant participé à signe distinctif sur son avion. Les (Heule, 2011) | Lachaert Pieter-Jan & Van Der Fraenen Jan, Spioneren voor het vaderland: de l’ensemble de la campagne, se coéquipiers pouvaient ainsi se memoires van Evarist De Geyter (Courtrai, 2011) | www.kortrijkbezet14-18.be distingue comme pilote de chasse. reconnaître en vol. Remerciements à : Ignace Van Canneyt, Erfgoed Scherpenheuvel vzw Publication : juillet 2018 Mort au champ d’honneur le 9 Le Nieuport 23 de Jacques Éditeur responsable : Vincent Van Quickenborne, Grote Markt 54 Kortrijk octobre 1918 à Hazenwind-Stade Goethals arborait un aigle.
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