La libération des oiseaux

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        La libération des oiseaux,
  Bertrand Solet, ill. Marcelino Truong, Rue du monde, 2004

        Comme l’explique l’auteur, Bertrand Solet, dans différents entretiens, ce livre est un
récit autobiographique. La narration à la première personne et l’utilisation du présent de
l’indicatif facilitent l’identification du lecteur. L’ouvrage comporte une petite centaine de
pages. Le texte lui-même, rythmé par une trentaine d’illustrations, se développe sur soixante-
dix pages avec une police de 18 et une pagination très aérée. L’histoire est racontée
simplement et, avec un accompagnement adapté, peut convenir très bien à des CE2 de fin
d’année scolaire. En outre, on n’oubliera pas qu’il n’est pas obligatoire de lire un livre in
extenso, qu’on peut avoir recours à des résumés de chapitres, ainsi qu’à des lectures offertes
par l’enseignant. L’analyse et les pistes présentées ne sont, comme toujours, que des
propositions que chacun suivra ou pas, transformera, améliorera au vu de son expérience, de
ses goûts et surtout de ses élèves.

        Sept chapitres déroulent une narration chronologique qui ne pose pas de difficulté
majeure, même si tout n’est pas dit et que l’implicite peut parfois poser quelques problèmes
de compréhension. C’est en anticipant ces petits obstacles qu’on facilitera l’appropriation du
texte par les élèves. Ils n’en auront que plus de plaisir à réussir le quizz qui leur sera proposé
sur les sentiers du plateau des Hurtières.

         Un des aspects de la lecture littéraire consiste à émettre des hypothèses, à se poser des
questions auxquelles la découverte progressive du texte permet de répondre. Un aller retour
permanent entre indices, hypothèses et vérifications, construit l’interprétation du texte comme
le développe Umberto Eco dans Lector in faubula, reprenant à son compte et pour la
littérature en particulier les théories de Jauss et Yser pour l’interprétation dans l’art en
général.
         Afin de ménager à chaque élève son propre parcours interprétatif, il est intéressant de
le munir d’un outil qui l’aidera à organiser sa compréhension. Ce peut être ce qu’on appelle
un cahier de littérature, un portfolio ou simplement le cahier de brouillon. Les notes prises
constituent un écrit de travail qui ne nécessite aucune correction de l’enseignant, mais qui se
présente comme une aide à l’organisation pour certains, une relance dans le questionnement
pour d’autres. Il s’agit de fait d’un excellent outil de différenciation. Il aide l’enfant dans sa
démarche individuelle, il sert de support aux échanges avec les pairs, il alimente la rédaction
de traces collectives.

L’AUTEUR
        Bertrand Solet dont on peut consulter le site pour davantage d’informations :
http://bertrandsolet.free.fr/
        Il est né en 1933, issu d’une famille d’émigrés russes : son vrai nom est Soletchnik.
Pendant la guerre 39-45, alors qu’il est réfugié en zone libre, il est atteint de poliomyélite. Il
comble son inactivité par la lecture. Après guerre, il essaie puis délaisse le journalisme pour
devenir documentaliste dans une grande entreprise de commerce international, ce qui l’amène
à beaucoup voyager. Comme beaucoup d’auteurs, après avoir lu des histoires à ses trois
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garçons, il décide de les écrire lui-même. Il se découvre une véritable passion, en particulier
pour le roman historique. Il a obtenu de nombreux prix qui couronnent un vrai talent. Parmi
ses plus grandes réussites lisibles par nos élèves : Les prisonniers de Pompéi, Seuil, 2008 ; En
Egypte avec Napoléon, Nouveau Monde Jeunesse, 2008 ; Juliette et la flibuste, éd. Les 400
coups, 2007 ; Chasseurs d’esclaves, Père Castor Flammarion, 2005 ; Vercingétorix, Pocket,
2001 ; Jehan de Loin, Hachette, 1987. Son état de santé ne lui permet malheureusement plus
de beaucoup se déplacer. Il regrette beaucoup de ne pas être des nôtres cette année sur le
plateau des Hurtières.

L’ILLUSTRATEUR
        Marcelino Truong qui possède un site tout en image qu’on peut proposer aux élèves
pour les familiariser avec son style aux ocres harmonieux, à l’ambiance asiatique très
présente : http://www.marcelinotruong.com/index.html
        Il est né en 1957 à Manille d’un père diplomate vietnamien et d’une mère originaire de
Saint Malo. De trois à six ans il vit au Vietnam les premiers temps de la guerre qu’il raconte
dans son roman graphique Une si jolie petite guerre, Denoël, 2012. Comme il le raconte lui-
même, il n’était pas « du côté des gentils dans l’idéologie de gauche occidentale » : sa famille
est catholique et donc dans le mauvais camp de la guerre du Vietnam. Pour autant, et même
s’il n’a pas assisté directement à des scènes de combat, il a vécu sa petite enfance dans la
crainte des attentats à travers l’anxiété de sa mère en particulier. Lui-même se rappelle de
crises d’angoisse nocturnes. Toute la famille émigre ensuite à Londres pour revenir à Saint
Malo où Marcelino Truong passe son bac. Il obtient l’agrégation d’anglais et enseigne peu de
temps au lycée Louis Armand de Chambéry…
Artistiquement, il s’inscrit initialement dans la bande dessinée et publie ses premières
histoires chez l’éditeur Métal Hurlant. Le dragon de bambou, en co-écriture avec Francis
Leroi et édité par L’Echo des Savanes remporte un franc succès lors de l’édition 1991
d’Etonnants Voyageurs à Saint Malo. Il raconte un épisode oriental de la vie d’André
Malraux.
Marcelino Truong travaille aussi pour la mode et la publicité. Il dessine pour la presse :
Libération, Marianne, ELLE. Depuis 2002, il n’hésite pas à signer texte et illustration, en
particulier dans des albums qui évoquent le Vietnam historique : Fleur d’eau aux éditions
Gautier Languereau (2002), La carambole d’or aux éditions Picquier (2008). Dans Les trois
samouraïs sans foi ni loi, (Gautier Languereau, 2008) c’est bien sûr le Japon qui est visité.
Pour davantage connaître Marcelino Truong, vous pouvez encore écouter l’émission
L’humeur vagabonde de Kathleen Evin du jeudi 13 décembre 2012 :
http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=522431

COUVERTURE
        Le titre peut sembler énigmatique, même si l’illustration offre quelques indices.
L’enfant et la femme qui agitent joyeusement un drapeau bleu blanc rouge, l’homme avec le
fusil en bandoulière, l’autre homme en arrière plan qui lève les bras en l’air en souriant, le
casque allemand au sol, sont autant d’éléments qui permettent l’hypothèse que les hostilités
ont cessé. Les pigeons – colombes qui coupent le dessin dans une diagonale gauche droite
reprennent le titre et incitent le lecteur à ouvrir le livre, en même temps qu’ils symbolisent la
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paix à la manière de Braque ou Picasso. Le lecteur découvrira par la suite que ces oiseaux ne
sont pas simplement figuratifs, mais que le protagoniste, Laurent, entretient une relation
particulière avec eux. Ce qui lui ménage un espace d’enfance, de fragilité, de pureté, au milieu
des épreuves qu’il va traverser.

CHAPITRE 1 p. 7 à 19.
DES AVIONS ET DES POMMES DE TERRE
Juin 1944
         Le titre du chapitre peut sembler énigmatique et donner lieu à diverses interprétations
selon que l’on aura ou pas étudié préalablement la période historique.
         L’indication temporelle nécessite une contextualisation connexe. Le travail en Histoire
permettra aux élèves de se faire une idée plus précise de ce qui se noue dans ce chapitre
initial. On peut envisager d’avoir étudié la période historique en amont afin que les
connaissances facilitent la compréhension ; on peut aussi imaginer que le texte soit l’occasion
de découvrir les faits historiques dans une démarche d’enquête autour du livre.

Des questions que l’on peut se poser :
    Pourquoi le narrateur est-il séparé de ses parents ?
    Pourquoi Jeanne et Gustave doivent-ils passer pour son oncle et sa tante ?
    Pourquoi les paroles de Mme Evrard troublent-elles Laurent ?
    Pourquoi les uns pratiquent-ils le marché noir et les autres non ?
    Pourquoi Gustave part-il en vélo vers la forêt ?

Des faits liés au contexte historique :
    Le débarquement
    Radio Londres
    Le général de Gaulle
    Le marché noir
    Les tickets d’alimentation
    Le maquis
    Le STO

Des éléments d’identification au protagoniste :
    La peur : des Allemands, des bombardements anglais
    La séparation d’avec les parents
    La relation aux animaux : les oies, les pigeons, les petits oiseaux
    Les adultes qu’on n’aime pas
    Le travail des enfants pour aider, les travaux de la ferme

Lister les personnages. Rédiger leur carte d’identité.
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CHAPITRE 2 p. 21 à 35
LE FEU
        Le titre du chapitre et ses premiers mots – « Le malheur » – en donnent la tonalité.
        Le thème de la peur revient encore avec des expressions qui mériteront d’être relevées
puis explicitées : « Je voudrais que la terre m’engloutisse » ; « l’épouvante m’envahit » ; « je
claque des dents », « la force me manque pour me lever et fuir. » ; « Mon short est mouillé
entre mes cuisses » ; « Ma poitrine s’emballe » ; « Je galope, je galope ». D’autres
expressions seront à collecter tout au long de l’histoire.
        On peut demander aux élèves de lister les mots et les expressions qu’ils connaissent,
de les classer dans un ordre croissant, de la frayeur à la terreur.
        Lexique de l’incendie : flammes, fumée, brasier… Une métaphore : « une nuée de
griffes rouges ». Ne pas hésiter à lire dans Quatre-vingt treize de Victor Hugo la description
horrifique de l’incendie
        Vérifier que les anaphores sont maîtrisées : Jeanne et Gustave, les fermiers.
       Ainsi que la pronominalisation : Où vont-ils les emmener ?

   Des questions que l’on peut se poser :
    Que vont devenir Jeanne et Gustave ?
    Que va-t-il arriver à Laurent ?
   Répertorier les nouveaux personnages : Antoine, Capitaine, Linette.

        Combler un « blanc » du texte : p. 28. L’épisode du tank atteint son paroxysme dans
le cri de l’enfant. Le changement de paragraphe accentué par un saut de ligne conduit le
lecteur à l’instant où le garçon reprend connaissance. Que s’est-il passé entre ces deux
moments ?

        Relation à l’Histoire générale et locale : les exactions de l’armée allemande
(Hermillon, Argentine, Plateau des Hurtières), l’organisation des maquis, la jeunesse des
résistants, la participation des femmes, l’approvisionnement des maquisards.

CHAPITRE 3 p. 37 à 49
IL FAUT FUIR ENCORE
        La vie du maquis au quotidien : jeunesse et insouciance d’Antoine versus sérieux et
responsabilité du Capitaine. Avoir vingt ans dans les Aurès est le titre d’un film remarquable
de René Vautier. Avoir vingt ans en temps de guerre peut être un axe de réflexion pour les
élèves, que viendront étayer des témoignages locaux. La guerre comme une plaisanterie, un
jeu, une aventure presque virtuelle, comme la raconte Antoine p. 39. Ce sera une bonne
occasion d’établir une relation avec le départ de très jeunes gens vers la Syrie. On pourra lire
ou faire lire aux élèves, en complément, No pasaran , le jeu de Christian Lehmann, l’école
des loisirs, 1996.
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Des aspects matériels de la résistance : l’armement (des mitraillettes face aux tanks et aux
mitrailleuses), le poste émetteur, la vie quotidienne (éplucher les légumes, faire la
vaisselle,…).

Rôle et importance de la Résistance : p. 43.

CHAPITRE 4 p. 51 à 67
LE RETOUR
         « Es-tu juif ? » p. 56 : Au-delà de l’angoisse d’être un enfant seul, existe aussi le
risque de passer pour un enfant juif caché. Lire Sauve-toi Elie ! d’Elisabeth Brami, ill.
Bernard Jeunet, Seuil, 2003.
         « la police s’agite énormément, les Allemands aussi » p. 56 : complicité entre la police
française et les troupes allemandes. La position de la société française entre la collaboration,
la résistance, le « ni, ni ». Consulter à ce sujet les documents mis en ligne par l’usep.

         Le train, moyen de communication précieux mais aussi risqué pour les résistants. Voir
les propos de la mère p. 60. Lire l’album Vapeurs de Résistance, Fabian Grégoire, l’école des
loisirs, 1998. Cet album avait été choisi pour l’édition 2011 des Chemins de la Mémoire.
         L’armée des ombres, roman de Joseph Kessel (1943) et film de Jean-Pierre Melville
(1969) et des inconnus : Laurent passe de mains en mains généreuses. La peur est toujours
présente (épisode du contrôle des papiers p. 63, la fouille p. 64), mais la réunion des âmes de
bonne volonté le ramène vers ses parents. Noter que ce ne fut pas de tous les enfants isolés
pendant la guerre, en particulier pendant l’exode de 1940.
         On pourra dénombrer et nommer tous les maillons de la chaîne qui permettent à
Laurent de retrouver sa famille.

CHAPITRE 5
MAMAN, PARIS
Juillet 1944
        Evocation du « réseau de Résistance des chemins de fer » : visionner La bataille du
rail, film de René Clément (1946). Un aperçu intéressant offert par l’INA :
http://www.ina.fr/video/AFE99000000/la-bataille-du-rail-video.html
        Et tant que vous êtes sur ce magnifique site des archives de l’audiovisuelle, offrez-
vous une petite E formation en suivant l’entretien avec Germaine Tillon, une de nos plus
illustres résistantes : http://www.ina.fr/video/CPB90005253/germaine-tillion-1ere-partie-
video.html

       L’alerte et le bombardement p. 74 et 75. Pour de plus amples informations sur cette
thématique, avec en particulier le bombardement de Chambéry le 26 mai 1944, consulter les
documents USEP de 2010 ainsi que le site des Archives départementales : http://www.savoie-
archives.fr/2921-bombardement-de-chambery-1944-.htm             et      http://www.savoie-
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archives.fr/archives73/expo_savoie_des_ombres/pano20/pages/06-11-bombchy-coupe-
photo9.html

       Le rationnement et les tickets d’alimentation p. 77. Consulter les documents mis en
ligne par l’usep lors de la précédente édition. Bien faire descendre le curseur pour avoir une
bonne idée de toute la documentation à disposition : http://www.ligue-
enseignement73.org/chemins-memoire-2014

CHAPITRE 6
LA BARRICADE
Août 1944
         L’épisode de la libération de Paris et des barricades via l’archive cinématographique :
http://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu00001/la-liberation-de-paris-1-premiers-
combats.html
http://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu00002/la-liberation-de-paris-2-tous-aux-
barricades.html
         Vous pouvez aussi consulter le site d’un collège qui offre d’intéressants documents
photographiques :
http://mapage.noos.fr/moulinhg01/Histoire/2.guerre.mondiale/France2ndegm/liberation.paris.
sommaire.html

        Le retour du père : forte identification avec l’illustrateur, Marcelino Truong, dont le
père était souvent absent en raison de voyages diplomatiques, tandis que sa famille vivait une
situation de guerre à Saigon. Voir son roman graphique Une si jolie petite guerre, Denoël,
2012.

        Les FFI : rappeler le rôle de Jean Moulin dans l’unification des différents réseaux ainsi
que l’importance de cette action qui permet au général De Gaulle de se présenter comme un
véritable interlocuteur vis-à-vis des Alliés, en particulier de Roosevelt qui ne veut pas
entendre parler de lui pendant longtemps.

         Pour les témoignages sur la Résistance, consulter les archives organisées par FR3 :
http://lesresistances.france3.fr/documentaire-limousin

        La grève des cheminots le 10 août, le débarquement en Provence le 15 août p. 89.
Situer les événements locaux par rapport à la chronologie nationale.

CHAPITRE 7
LA FIN DE L’HISTOIRE
Avril 1946
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       « Paris n’a pas brûlé » dont il est déjà question au chapitre précédent : rappeler
l’épisode où le général Von Choltitz, gouverneur militaire du Grand Paris, qui capitule le 25
août devant le général Leclerc, sans avoir mis à exécution l’ordre de Hitler de brûler Paris.

De Gaulle descend les Champs Elysées : https://www.youtube.com/watch?v=xcR2EXE2qbY
Images couleurs américaines : https://www.youtube.com/watch?v=--sP33JgbB4

       Rappel des différents acteurs de l’histoire. De l’intérêt à construire des fiches
d’identité dès le début de la lecture.

       Les perspectives de l’après-guerre : ici l’espoir des deux jeunes gens que sont devenus
Laurent et Nora. Mais aussi, le Conseil National de la Résistance et le Programme d’Action
de la Résistance du 15 mars 1944 que l’on consultera avec profit sur le site de l’usep.

        Les élèves s’identifieront facilement à ce récit autobiographique, aux aventures
palpitantes que vit Laurent, à ses peurs, à ses joies. Eux aussi, même si les circonstances sont
moins dramatiques, vivent des instants heureux ou malheureux. Ce sera l’occasion d’en
parler, d’écrire. Peut-être que certains ont fui des zones de combat et sont heureux de vivre
chez nous : ils auront certainement des choses à dire qui intéresseront leurs camarades. Ceux-
ci, pour peu qu’ils regardent les informations télévisées sont confrontées à des abominations
dont il est important de pouvoir parler à l’école, dans un lieu où la raison doit l’emporter sur
les passions partisanes, un endroit où la mesure doit conduire au respect de tous dans le
respect de la loi. Après les attentats du mois de janvier, c’est une mission délicate qui est la
nôtre. Nous devons aux générations futures de nous en saisir résolument. Bon courage à tous.
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