La maladie de Lyme au Québec - Profession Santé
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Volume 57 – n° 3 Juin 2010 À VOS SOINS Millepertuis et contraceptifs oraux La maladie de Lyme au Québec LES PAGES BLEUES Le syndrome des jambes sans repos AVEZ-VOUS ENTENDU PARLER DE... La desvenlafaxine WWW.PROFESSIONSANTEQUEBEC.CA PP 40070230 1200, avenue McGill College, bureau 800, Montréal (QC) H3B 4G7
ÉDITORIAL Gène On a parfois de la gêne, on a assurément tou- ce que le pharmacien de pratique privée Directrice de la rédaction Caroline Baril jours des gènes et c’est pourquoi il faut parler puisse identifier quel exon est défectueux Rédactrice en chef de génomique. Si la génomique est une chez sa patiente et, en conséquence, qu’il Hélène-M. Blanchette, B. Pharm. science un peu obscure pour le commun des puisse rédiger une opinion pharmaceutique Rédacteur en chef adjoint mortels, elle a évolué quand même significa- visant à modifier la dose d’un médicament. Jean-François Guévin, B. Pharm., M.B.A., Pharm. D. tivement depuis une dizaine d’années, et Cependant, on pourra s’attendre à ce que, à la Adjointe à la directrice de la rédaction Mélanie Alain maintenant, tant en médecine qu’en pharma- suite de résultats obtenus dans un laboratoire Direction artistique cie, on a vu des changements dans la pratique ou même en autodiagnostic, la posologie Dino Peressini et on verra des innovations de pratique. On d’un médicament qu’un patient doit prendre Graphiste s’est repu des nombreuses familles de cyto- doive être ajustée. Bien sûr, même si la science Jocelyne Demers chromes, en y voyant l’univers ultime de avance, les coûts des nouvelles technologies métabolisation. Mais on est encore bien igno- peuvent être un frein à leur utilisation, mais le Directeur des rédactions, Groupe Santé Rick Campbell rant quant à la réelle diversité métabolique et patient/client nous amènera à devoir les génomique. On ne peut plus être certain de utiliser. Comité de rédaction rien quand on fournit un médicament à un En même temps qu’on aura l’éclairage de la AVEZ-VOUS ENTENDU PARLER DE... patient. génomique dans nos décisions thérapeuti- Isabelle Giroux, B. Pharm. M. Sc. Dominique Harvey, B. Pharm. Si la pharmacothérapie a grandement évo- ques, on aura aussi des patients mieux infor- À VOS SOINS lué dans le sens d’une multiplication des més. Paradoxalement, à la découverte de Sonia Lacasse, B. Pharm. molécules actives, elle commence à peine à concepts scientifiques de plus en plus pous- Sophie Grondin, B. Pharm. M. Sc. tenir compte des aspects génomiques propres sés, la démocratisation de l’information À VOTRE SERVICE SANS ORDONNANCE Nancy Desmarais, B. Pharm. à des patients. Comment arriver à mieux scientifique fournit au patient les instru- Julie Martineau, B. Pharm. identifier les risques d’une pharmacothéra- ments de sa propre prise en charge, et c’est DE LA MÈRE AU NOURRISSON pie, ou encore mieux, la nécessité d’une phar- lui qui sera l’entrepreneur innovateur qui Caroline Morin, B. Pharm., M. Sc. macothérapie chez des patients dont on ne cherchera à obtenir les services des fournis- D’UNE PAGE À L’AUTRE voit que la barrière externe (la peau) ? Si des seurs qu’il aura choisis. C’est le patient inno- Isabelle Boisclair, B. Pharm., M. Sc. Nicolas Paquette-Lamontagne, B. Pharm., M. Sc., M.B.A. tests urinaires ou sanguins existent pour vateur qui s’en vient. C’est l’impulsion que le INFOROUTE mesurer certains indices biochimiques, la patient fournit au système de santé qui va Jean-François Bussières, B. Pharm., M. Sc., M.B.A. commercialisation de plus en plus impor- faire que l’excellence sera atteinte. Le patient/ LES PAGES BLEUES tante de tests visant à détecter des polymor- client ne se contentera plus de services de Chantal Duquet, B. Pharm., M. Sc. phismes modifiera assurément la pratique moindre qualité, de délais impensables ou de Ingrid Wagner, B. Pharm. des médecins et des pharmaciens. La phar- faux-semblants politiques. Il est probable PHARMACOVIGILANCE Marie Larouche, B. Pharm., M. Sc. macothérapie devra s’adapter au patient, et que cela conduira à un système à deux vites- Christine Hamel, B. Pharm., M. Sc. non l’inverse. Actuellement, parce que les ses, dans le sens où ce ne sont pas tous les PLACE AUX QUESTIONS médicaments généralement utilisés le sont en patients qui voudront savoir si leur polymor- Élyse Desmeules, B. Pharm. vertu de données probantes qui établissent phisme est important dans le traitement QUELQUES CONSEILS SUR... leur efficacité, les résultats de leur utilisation pharmacologique prescrit. Est-ce qu’on doit Julie Véronneau, B. Pharm. sont mesurés sur de larges groupes de s’en surprendre ? Non. Dans tous les cas, le SANTÉ PUBLIQUE Suzie Lavallée, B. Pharm. patients. À l’intérieur de ces groupes, on sait centre du système de soins sera encore plus Membre honoraire peu de choses sur les individus, autrement véritablement le patient/client que ses pro- Georges Roy, M. Pharm. que par l’identification statistique de certains, fessionnels de la santé. Certains patients s’ex- puisqu’ils perçoivent des effets indésirables. primeront sur leurs nécessités individuelles Impression Imprimeries Transcontinental On peut parler alors d’une pratique phar- avec moins de gêne. Québec Pharmacie est publié maceutique personnalisée qui tient compte à La pharmacogénomique n’est donc que le 8 fois l’an par Rogers Media. la fois des besoins exprimés par le patient, du début d’une ère nouvelle en pharmacie. Je ne diagnostic et du plan de traitement faits par le crois pas me tromper en pensant que le phar- Vous pouvez consulter notre politique environnementale à : médecin et d’une individualisation de la macien de demain, comme son collègue www.leseditionsrogers.ca/about_rogers/ pharmacothérapie et de son suivi. Fini le suivi médecin de demain, sera beaucoup plus pré- environmental.htm universalisé basé sur une ligne directrice qui occupé par ce que son patient est et peut être, n’évolue que très lentement parce que basée au point où les conseils écrits qu’on peut Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement sur des populations très larges. C’est évident remettre ne seront plus du tout pertinents ni du Canada par l’entremise du Fonds du Canada pour les périodiques (FCP) pour nos activités d’édition. que chaque humain porte son propre génome universels. qui l’individualise complètement. C’est tout aussi évident que la « pharmacogénothéra- pie » prendra de plus en plus de place. Des exemples de grande spécificité de la cible exis- tent déjà, spécificité qui tient compte des mutations exprimées dans le génome de cer- tains patients. Bien sûr, on ne s’attendra pas à WWW.PROFESSIONSANTE.CA JUIN 2010 VOL. 57 N° 3 QUÉBEC PHARMACIE 3
SOMMAIRE Volume 57 – n° 3 – juin 2010 Vous trouverez les questions de formation continue Pour toute information à la fin de chacun des articles. 1200, avenue McGill College, bureau 800 Montréal (Québec) H3B 4G7 Téléphone : 514 845-5141 3 Télécopieur : 514 843-2183 Quebecpharmacie@rci.rogers.com ÉDITORIAL Changements d’adresses et abonnements Gêne 7 Pour les pharmaciens par téléphone : 514 284-9588 par télécopie : 514 284-3420 À VOS SOINS par courriel : ordrepharm@opq.org Pour les non-pharmaciens Millepertuis et diminution de l’efficacité H`".)%(,('!&)-(H`W".)%(,('!&%,& des contraceptifs oraux 11 Tarifs : Canada : 69 $ par année, 103 $ pour 2 ans, 8 $ l’exemplaire. Tarif de groupe/vrac : 55,20 $. (min. 6 exemplaires). PLACE AUX QUESTIONS États-Unis et international (abonnement individuel seul.) : 110 $ par année. Taxes en vigueur non comprises. Antibiotiques contre la conjonctivite Éditrice Groupe Santé, Québec bactérienne en pédiatrie 15 Directrice des ventes pour le Québec Caroline Bélisle 514 843-2569 (Montréal) À VOTRE SERVICE SANS ORDONNANCE Publicité/Ventes pharmaceutiques Josée Plante 514 843-2953 (Montréal) Troubles digestifs traités par l’automédication 20 Pauline Shanks 514 843-2558 (Montréal) Norman Cook 416 764-3918 (Toronto) Stephen Kranabetter 416 764-3822 (Toronto) AVEZ-VOUS ENTENDU PARLER DE... Sara Mills 416 764-4150 (Toronto) Teresa Tsuji 416 764-3905 (Toronto) La desvenlafaxine (PristiqMD) Petites annonces Sylvle-Anne Breton 514 843-2132 31 LES PAGES BLEUES Directrice de la coordination Syndrome des jambes sans repos et de la production publicitaire Sylvie Graveson 514 843-2565 41 Coordonnatrice de la production Rosalina Lento 514 843-2557 SANTÉ PUBLIQUE Coordonnateur du MSG Claude Larochelle 514 843-2114 La maladie de Lyme Directeur de la diffusion, groupe B2B au Québec Keith Fulford 416 764-3878 keith.fulford@rci.rogers.com Coordonnatrice de la diffusion Francine Beauchamp 514 843-2594 44 francine.beauchamp@rci.rogers.com Éditeur exécutif et Directeur général, PHARMACOVIGILANCE Opérations et développement des affaires Jean Goulet Mise à niveau en pharmacovigilance Président et chef de la direction de Rogers Media inc. Anthony P. Viner Président des Éditions Rogers Media 51 D’UNE PAGE À L’AUTRE Brian Segal Impact économique des interventions Premier vice-président, Publicationsd’affaires et professionnelles cliniques du pharmacien John Milne Vice-président senior Michael J. Fox Vice-présidents DANS CE NUMÉRO Q Imme Chee Wah, Patrick Renard Vice-président – Production MISE À JOUR DIABÈTE 2010 John Hall Directeur des opérations de publications Sean McCluskey Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec, Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0826-9874. Toutes les annonces de produits pharmaceutiques sur ordonnance ont été approuvées par le Conseil consultatif de publicité pharmaceutique. Envoi de poste – publications, convention nº 40070230. WWW.PROFESSIONSANTE.CA JUIN 2010 VOL. 57 N° 3 QUÉBEC PHARMACIE 5
À VOS SOINS Millepertuis et diminution de l’efficacité des contraceptifs oraux S.T., 28 ans, se présente au comptoir des renseignements pharmaceutiques pour voir le pharmacien. Elle prend un contraceptif oral à faible teneur en œstrogène (AlesseMD) depuis plus d’un an, sans problème. Depuis quelques jours, elle présente des saignements entre ses règles, ce qui l’inquiète beaucoup. Après l’avoir interrogée, vous apprenez qu’elle prend du millepertuis 300 mg tid depuis quelques semaines pour remplacer son Citalopram (20 mg die), étant donné qu’elle voulait quelque chose de plus naturel pour traiter sa dépression. Discussion teur au niveau de la fente synaptique, ce qui Texte rédigé par Mélanie B. Gravel, étudiante Le millepertuis (Hypericum perforatum ou pourrait causer un éventuel syndrome en pharmacie, 2e année de Pharm. D., St. John’s Wort) est une plante de la famille sérotoninergique1,3. Université de Montréal, et Jonathan Rouisse, des hypéricacées dont on utilise surtout les Concernant les contraceptifs oraux, l’inter- pharmacien, Pharmacie Claude Saucier, parties aériennes pour leurs vertus thérapeu- action est tout aussi présente et la documen- Nicole Héroux et Catherine Bertrand. tiques1. Ses utilisations sont variées et com- tation scientifique, bien que peu volumi- prennent notamment la dépression, l’anxiété neuse, abonde dans ce sens. En résumé, Révision : Sonia Lacasse, B. Pharm. et le syndrome prémenstruel. En effet, plu- l’ajout de millepertuis à la prise d’un contra- sieurs études ont démontré l’efficacité du ceptif entraîne une modification de diffé- Texte original soumis le 12 mars 2010. millepertuis dans le traitement de la dépres- rents paramètres pharmacocinétiques, telle sion légère à modérée, celui-ci étant supé- qu’une augmentation de la clairance du pro- Texte final remis le 23 mars 2010. rieur au placebo et comparable aux antidé- gestatif, une diminution du temps de demi- presseurs1,2,3. Son activité pharmacologique vie de l’éthinyl estradiol et une diminution proviendrait en majeure partie de l’hyperfo- de l’exposition totale au contraceptif (réduc- rine. Ainsi, son efficacité dans le traitement tion de l’aire sous la courbe de l’ordre de 13 de la dépression serait due à une inhibition à 15 %)3-6. Le mécanisme impliqué serait une du recaptage de la norépinéphrine, de la augmentation de l’expression de la Pgp et dopamine et de la sérotonine1,2. Ce produit une induction du CYP3A41,3-6. Ainsi, même de santé naturel contient aussi de l’hypéri- si ces modifications varient d’une étude à cine. On a déjà cru que celle-ci était respon- l’autre, on a constaté qu’une majorité d’entre sable des effets thérapeutiques du milleper- elles entraînait une augmentation du risque tuis, mais c’est bel et bien l’hyperforine qui de saignement pendant le cycle menstruel, ce en est la source1,3. qui peut indiquer une diminution de la Contrairement aux croyances des patients, concentration plasmatique du contraceptif le millepertuis n’est pas plus sécuritaire parce et créer de l’inconfort chez les patientes, aug- qu’il est naturel ! Effectivement, le milleper- mentant le risque d’arrêt du contraceptif de tuis, grâce à l’hyperforine, est un puissant leur part3-6. Même si, à ce jour, aucune étude inducteur de plusieurs isoenzymes du cyto- n’a été en mesure d’identifier une diminu- chrome P450, principalement le 3A4, de tion significative de l’efficacité des contra- même que de la glycoprotéine P (Pgp)1,3-6. ceptifs oraux, il faut garder à L’induction survient lors d’une prise chroni- l’esprit qu’il existe plusieurs que de suppléments, soit généralement pen- données scientifiques qui dant plus de 10 jours au cours desquels l’hy- abondent dans ce sens. perforine est standardisée à plus de 1 % Une étude a permis (l’induction causée par des suppléments qui d’observer une acti- en contiennent moins ne serait pas significa- v ité folliculaire tive)3,7. Par conséquent, la concentration accrue associée à plasmatique de plusieurs médicaments peut une augmentation s’en trouver diminuée. Un des exemples les sérique de la proges- mieux documentés est l’ajout de millepertuis térone, traduisant à la prise de cyclosporine, ce qui a entraîné ainsi une potentielle ovula- une diminution de la concentration de tion, bien que cela n’ait pas été cyclosporine à des niveaux sous-thérapeuti- statistiquement significatif4. ques pouvant mener à un éventuel rejet du En plus de ces considérations greffon1,3. D’un autre côté, sur le plan phar- théoriques, il existe quelques macodynamique, le millepertuis, s’il est asso- rapports de cas de grossesses non cié à un médicament ayant un effet sur la planifiées. Le pharmacien se doit sérotonine (par exemple, les inhibiteurs donc de déconseiller l’usage conco- sélectifs du recaptage de la sérotonine), peut mitant du millepertuis et des contra- augmenter la quantité de ce neurotransmet- ceptifs oraux. WWW.PROFESSIONSANTE.CA JUIN 2010 VOL. 57 N° 3 QUÉBEC PHARMACIE 7
À VOS SOINS pour un traitement d’automédication, soit le S S.T. présente des saignements entre ses règles et elle se sent un peu déprimée. millepertuis. Cependant, après quelques semaines d’utilisation, elle a présenté des O Femme âgée de 28 ans. Elle prend un contraceptif oral (Alesse) depuis plus d’un an. Elle effets indésirables, soit des saignements irré- a commencé à prendre du millepertuis (300 mg TID) il y a quelques semaines en guliers durant son cycle menstruel, malgré la remplacement de son Citalopram. prise régulière de son contraceptif oral. En effet, le millepertuis pourrait augmen- A Certaines données suggèrent qu’il existe une interaction potentielle entre le millepertuis ter le métabolisme de l’œstrogène et du pro- et les contraceptifs oraux. Puisque le millepertuis pourrait diminuer l’efficacité des gestatif, rendant leur activité contraceptive contraceptifs oraux, il est généralement recommandé d’en cesser la prise afin d’éviter potentiellement moins efficace. J’ai recom- l’inefficacité de la contraception. mandé à Mme S.T. de cesser le millepertuis pour remédier à la situation et d’utiliser une P N Cesser le millepertuis autre méthode de contraception pour le N Suggérer une autre protection pour le reste du cycle reste du cycle. N Rédiger une opinion pharmaceutique Ayant cessé le Citalopram, Mme S.T. se N Recommander de consulter son médecin afin de recevoir une thérapie permettant retrouve aujourd’hui sans traitement pour de traiter sa dépression soigner sa dépression. Étant donné que ses N Faire un suivi téléphonique avec la patiente (dans 1 mois) symptômes sont toujours présents, il serait, à mon avis, approprié de recommencer le Citalopram ou de prendre un autre Présentement, l’Ordre des pharmaciens du Acte pharmaceutique facturable antidépresseur. Québec étudie la possibilité de placer le Opinion pharmaceutique; interaction : inter- J’espère que ces renseignements vous millepertuis dans l’annexe 2 du Règlement rompre la prise d’un produit pharmaceuti- seront utiles et que vous pourrez les joindre sur les conditions et modalités de vente des que disponible pour autotraitement (DIN : au dossier de Mme S.T. Toutefois, si vous médicaments au Québec. Cela permettrait 00999670). aviez besoin d’informations complémentai- sans doute aux pharmaciens de mieux gérer res, n’hésitez pas à communiquer avec moi et les interactions et diminuerait les risques Opinion pharmaceutique il me fera plaisir, Docteur, d’échanger à nou- pour les patients. En attendant, la vigilance Docteur, veau avec vous. des pharmaciens est primordiale et rensei- Je désire porter à votre attention certains ren- gner les patients est important afin de seignements concernant Mme S.T. Professionnellement, les sensibiliser à l’innocuité des produits Malgré la prescription de Citalopram pour Le Pharmacien naturels. N traiter sa dépression, Mme S.T. a préféré opter Références 1. Jellin JM, Gregory PJ, Batz F, et coll. Pharmacist’s Letter/Prescriber’s Letter Natural 6. Pfrunder A, Schiesser M, Gerber S, et coll. Interaction of St John’s Wort with low- Medecines Comprehensive Database. 11e éd. Stockton, CA : Therapeutic Research dose oral contraceptive therapy : A randomized controlled trial. Journal of Clinical Faculty, 2009; 1495-505. Pharmacology, 2003; 56: 683-90. 2. Lawvere S, Mahoney MC. St. John’s Wort. American Family Physician, 2005; 72; 7. Will-Shahab L, Bauer S, Kunter U, et coll. St John’s Wort extract does not alter the 2249-2254. pharmacokinetics of low-dose oral contraceptive. European Journal of Clinical Phar- 3. Borelli F, Izzo AA. Herb-Drug Interactions with St John’s Wort (Hypericum perfora- macology, 2009; 65: 287-94. tum) : An Update on Clinical Observations. The AAPS Journal, 2009; 11; 710-27. 8. Schwarz UI, Büschel B, Kirch W. Unwanted pregnancy on self-medication with St 4. Murphy PA, Kern SE, Stanczyk F, et coll. Interaction of St. John’s Wort with Oral John’s Wort despite hormonal contraception. Br J Clin Pharmacol, 2003; 55: 112-3. Contraceptives : Effects on the Pharmacokinetics of norethindrone and ethinylestra- diol, ovaria activity and breakthrough bleeding. Contraception, 2005; 71; 402-8. 5. Hall SD, Wang Z, Huang S, et coll. The Interaction between St John’s Wort and an Oral Contraceptive. Clinical Pharmacology and Therapeutics, December 2003; 74: 525-35. QUESTION DE FORMATION CONTINUE 1) Lequel de ces énoncés est vrai ? A. L’induction enzymatique causée par C. Puisqu’il n’a pas été démontré que le E. L’Ordre des pharmaciens du Québec le millepertuis se produit rapide- millepertuis diminue de façon étudie actuellement la possibilité de ment, soit en une à deux journées significative l’efficacité des contra- placer le millepertuis dans l’annexe 2 après la première dose. ceptifs oraux, une patiente sous du Règlement sur les conditions et B. C’est l’hypéricine qui est responsable contraceptif oral peut utiliser le modalités de vente des médica- de l’efficacité du millepertuis dans le millepertuis sans inquiétude. ments au Québec. traitement de la dépression légère à D. L’augmentation du métabolisme des modérée. médicaments est la seule interaction possible avec le millepertuis. Veuillez reporter votre réponse dans le formulaire de la page 78 c 8 QUÉBEC PHARMACIE VOL. 57 N° 3 JUIN 2010
PLACE AUX QUESTIONS Quels antibiotiques privilégier en pédiatrie dans le traitement de la conjonctivite bactérienne ? Généralement causée par Hæmophilus influenzæ, Streptococcus pneumoniæ, Moraxella catarrhalis et Staphylococcus aureus, la conjoncti- vite bactérienne se distingue d’une infection virale ou d’une allergie par la présence d’un écoulement purulent. Autres signes présents : hypérémie, œdème des paupières et cils collés au réveil1. Des méthodes non pharmacologiques, comme éviter l’exposition à la fumée de cigarette, au vent et aux autres irritants, et l’application de compresses humides tièdes plusieurs fois par jour contribuent à en diminuer les symptômes incommodants. Comme une résolution spontanée survient stéroïde, est déconseillé en pédiatrie, sauf Texte rédigé par Joëlle Rhéaume-Majeau, fréquemment en 10 à 14 jours et que l’utilisa- dans certains cas, à la suite de l’examen par B. Pharm., Pharmacie Vandergoten tion des antibiotiques ophtalmiques n’a pas un ophtalmologiste. En effet, si l’infection est et Zaccara, Saint-Eustache. été entièrement documentée chez les nourris- d’origine virale, il pourrait y avoir augmen- sons, on peut s’interroger sur la pertinence du tation des symptômes2. Texte original soumis le 18 février 2010. traitement1. Or, le traitement a plusieurs buts : atténuer le risque de contagion, minimiser les Polymyxine B/triméthoprime Texte final remis le 1er mars 2010. répercussions pour l’enfant (retrait de la gar- (PolytrimMD) derie ou de l’école, apparition d’une otite Une étude réalisée en 2008 comparant la rapi- Révision : Geneviève Duperron, B. Pharm., moyenne), diminuer les coûts engendrés pour dité d’action du PolytrimMD avec celle du et Élyse Desmeules, B. Pharm. les parents (gardienne, congé du travail) et VigamoxMD a démontré qu’après 48 heures de permettre d’établir un nouveau diagnostic si traitement, seulement 44 % des enfants traités aucune amélioration n’est notée dans un délai par le Polytrim quatre fois par jour, compara- de 48 heures1. tivement à 81 % de ceux traités par le Viga- Les classes thérapeutiques utilisées sont mox trois fois par jour, présentaient une nombreuses et puisqu’une analyse de culture résolution complète des symptômes oculai- est rarement faite, un bon traitement doit res3. Ainsi, bien que peu coûteux, on emploie avoir un spectre d’action large, peu de résis- rarement le Polytrim, sauf peut-être en cas tance et une faible toxicité oculaire, et permet- d’affection très légère. tre un horaire d’administration simple. La pommade est une forme pharmaceutique à Chloramphénicol (PentamycetinMD) privilégier en pédiatrie puisqu’elle a l’avantage Malgré une excellente efficacité, selon certai- de ne pas être diluée par les larmes. nes études, et peu de résistance associée, il n’est pas un premier choix de traitement, sur- Traitement sans ordonnance tout chez le nouveau-né, en raison de sa toxi- Cette section inclut la polymyxine B avec gra- cité potentielle4,5. Entre autres, il peut provo- micidine (PolysporinMD gouttes et généri- quer une aplasie médullaire et un « gray baby ques) et la polymyxine B et bacitracine (Polys- syndrome », phénomène rare mais sérieux porinMD onguent et génériques). s’expliquant par le fait que les enzymes hépa- Options de traitement en vente libre peu tiques nécessaires à son métabolisme sont dispendieuses, ces associations offrent l’avan- immatures et qu’il y a un risque d’accumula- tage d’une protection intéressante contre les tion de l’antibiotique pouvant occasionner, bactéries Gram-négatives grâce à la poly- entre autres, hypotension, cyanose et collap- myxine B et contre les Gram-positives grâce à sus cardiovasculaire6. la gramicidine et à la bacitracine (plus effi- cace). Elles permettent dans plusieurs cas Aminoglycosides d’éviter les consultations non nécessaires en Cette classe thérapeutique inclut : Garamy- clinique médicale. cinMD, TobrexMD, Optimyxin PlusMD, Neospo- rinMD et SoframycineMD. Sulfacétamide sodique Elle jouit d’un large spectre antimicrobien, (Bleph 10MD, DiosulfMD) mais, pourtant, sa popularité diminue au pro- C’est la première classe d’antibiotiques à fit d’autres agents (p. ex., fluoroquinolones), avoir été utilisée, mais compte tenu de la étant donné une augmentation de la résis- résistance marquée des bactéries Gram-posi- tance des bactéries Gram-positives. Contrai- tives, la sensation de brûlure à l’instillation et rement aux formulations orales qui ont un les cas d’allergie qui lui sont associés, elle potentiel toxique (neuro/oto/néphrotoxicité), n’est plus employée en première ligne1. Il les préparations ophtalmiques sont générale- existe une formulation mixte contenant aussi ment bien tolérées1. Cependant, dans l’opti- de la prednisolone, le BlephamideMD, mais que d’une utilisation en néonatalité, la vigi- son usage, tout comme celui de toutes les lance est de mise étant donné le métabolisme formulations associant un antibiotique et un immature de l’enfant. WWW.PROFESSIONSANTE.CA JUIN 2010 VOL. 57 N° 3 QUÉBEC PHARMACIE 11
PLACE AUX QUESTIONS Macrolides (érythromycine en Depuis les années 1990, les fluoroquinolo- Discussion onguent) nes de deuxième génération, l’ofloxacine et Les fluoroquinolones de quatrième généra- L’érythromycine 0,5 % est une solution de la ciprofloxacine, sont utilisées dans le traite- tion sont recommandées par certains experts traitement sécuritaire et elle est d’ailleurs uti- ment des infections ophtalmiques. Ces anti- comme traitement de premier recours, sur- lisée dans les hôpitaux comme prophylaxie biotiques au large spectre (Gram-positives et tout dans le cas des infections sévères, étant contre l’ophtalmie néonatale à Neisseria négatives) sont plus dispendieux, mais ils ont donné leur grande efficacité, mais, dans le cas gonorrhoea1. Son spectre d’action contre les l’avantage de protéger contre Pseudomonas d’une infection mineure prise au début des bactéries Gram-positives et certains atypi- et Hæmophilus, en plus d’être disponibles en symptômes, le PolysporinMD, l’érythromycine ques, son faible coût et sa forme pharmaceu- onguents dans le cas du Ciloxan 0,3 %. ou le FucithalmicMD seraient des options de tique en font un choix de traitement intéres- Quant aux fluoroquinolones de quatrième traitement valables. sant pour les cas bénins7. génération, la moxifloxacine (la seule fluoro- quinolone qui soit exempte de chlorure de Conclusion Acide fusidique (FucithalmicMD) benzalkonium comme agent de conserva- Quel que soit l’antibiotique privilégié, puis- Couvrant S. aureus, S. pneumoniae et tion, donc moins irritante) et la gatifloxa- que l’absorption systémique présente un plus H. influenzae, ce collyre visqueux est souvent cine, elles disposent du meilleur spectre anti- grand risque chez le nourrisson en raison de prescrit en pédiatrie. Bien que des études microbien contre S. aureus, contre les l’immaturité de ses voies métaboliques, un quantitatives de bactériologie n’aient pas été infections résistantes aux macrolides et aussi enseignement adéquat sur son administration menées chez des enfants de moins de deux ans, contre Chlamydia et Hæmophilus. Parmi les doit être offert aux parents. Ainsi, une seule l’administration biquotidienne, son spectre rares études d’innocuité menées chez les goutte doit être instillée à la fois directement d’action et sa forme pharmaceutique en font nouveau-nés, il s’en trouve une qui démon- dans l’œil ou, si l’enfant est agité, il peut être un agent intéressant5. Les effets indésirables tre que le Vigamox est parfaitement toléré9. couché sur le dos et l’on mettra alors une ou chez les enfants de moins de deux ans seraient Cette classe thérapeutique devrait être réser- deux gouttes dans le coin intérieur de son œil semblables à ceux qui se produisent chez les vée au traitement des infections sévères, fermé. L’occlusion du conduit naso-lacrymal enfants plus vieux (sensation de brûlure pas- comme celles à Pseudomonas. Par ailleurs, la durant trois à quatre minutes réduira l’ab- sagère et irritation lors de l’administration)8. bésifloxacine, une autre quinolone, a été lan- sorption systémique et la toxicité jusqu’à cée sur le marché en janvier dernier et elle 40 %. Quant aux doses à utiliser, il est suggéré Fluoroquinolones s’est révélée efficace et sécuritaire lors des de réduire celle pour adulte de moitié chez les Parmi les fluoroquinolones, on retrouve : études cliniques menées chez les enfants enfants de 0 à 2 ans, d’un tiers chez les 2 à OcufloxMD, CiloxanMD,VigamoxMD, ZymarMD d’un an et plus10 . 3 ans, puis d’administrer la dose adulte chez et BesivanceMD. les 3 ans et plus7. N Références 1. Lichtenstein S.J. The Diagnosis and Treatment of 4. Buznach N, Dagan R, Greenberg D. Clinical and 7. Myers T.M., Wallace D.K., Johnson S.M. Ophtalmic Bacterial Conjunctivitis in Pediatric Patients. [En Bacterial Characteristics of Acute Bacterial Conjuncti- Medications in Pediatric Patients. [En ligne.] Meds- ligne.] Medscape; juin 2008 (document consulté le vitis in Children in the Antibiotic Resistance Era. The cape; juin 2005 (document consulté le 14 février 14 février 2010). cme.medscape.com/viewarti- Pediatric Infectious Disease Journal 2005; 24 (9): 2010). www.medscape.com/viewarticle/504199. cle/575864 8. Monographie du Fucithalmic dans le CPS. 823-8. 9. Silver LH, Woodside AM, Montgomery DB. Clinical 2. Tarabishy AB, Jeng BH. Bacterial conjunctivitis : A 5. Normann EK, Bakken O, Peltola J, Andreàsson B, Safety of Moxifloxacin Ophthalmic Solution 0.5 % review for internists. Cleveland Clinic Journal of Medi- Buhl S, et coll. Treatment of acute neonatal bacterial (VIGAMOX) in Pediatric and Nonpediatric Patients cine 2008; 75(7): 507-12. conjunctivitis : A comparison of fucidic acid to chlo- With Bacterial Conjunctivitis. Surv Ophthalmol 2005; 3. Granet DB, Dorfman M, Stroman D, Cockrum P. A ramphenicol eye drops. Acta Ophthalmol Scand 50:S55–S63. multicenter comparison of polymixin B sulfate/tri- 2002; 80: 183-7. 10. Monographie du Besivance dans le CPS. methoprim opthalmic solution and moxifloxacin in the speed of clinical efficacy for the treatment of bac- 6. Laferrière C, Marks M. Chloramphenicol : Properties terial conjunctivitis. J Pediatr Ophthalmol Strabismus and clinical use. The Pediatric Infectious Disease Jour- 2008 Nov-Dec; 45(6): 340-9. nal 1982; 1(4): 257-64. QUESTION DE FORMATION CONTINUE 2) Laquelle des affirmations suivan- B. Le chloramphénicol est utilisé D. Pour traiter les infections plus tes est fausse ? fréquemment pour traiter les sévères chez les jeunes enfants, A. La conjonctivite bactérienne se conjonctivites bactériennes chez les le Vigamox est un choix intéressant, résout généralement en 10 à jeunes enfants étant donné le peu de car il semble très bien toléré et peu 14 jours sans traitement, mais le résistance des bactéries à son endroit. de bactéries y sont résistantes. risque de contagion, ainsi que les C. L’onguent d’érythromycine apparaît E. Puisque l’absorption systémique peut conséquences pour les parents comme un excellent choix de avoir des répercussions plus justifient souvent l’essai d’un traitement de la conjonctivite importantes chez l’enfant, il convient antibiotique. bactérienne peu sévère chez le de bien expliquer aux parents nourrisson, vu son innocuité établie comment administrer les gouttes chez cette clientèle. ophtalmiques. Veuillez reporter votre réponse dans le formulaire de la page 78 c 12 QUÉBEC PHARMACIE VOL. 57 N° 3 JUIN 2010
À VOTRE SERVICE SANS ORDONNANCE Les troubles digestifs traités par l’automédication Un lendemain de vins et fromages ? Une nuit difficile après un repas copieux ? Un excès de café en plus du stress occasionné par un examen ? Bien que certaines personnes soient plus à risque, tout le monde peut souffrir de troubles digestifs à un moment donné. Les symptômes sont généralement temporaires et pourront être éliminés une fois la cause trouvée. Par contre, certains sont suffisamment incommodants pour que les patients consultent un pharmacien. Les troubles digestifs peuvent inclure des vent présenter un pyrosis léger, mais ce Texte rédigé par Marie-Pierre Quirion, étudiante brûlures d’estomac, du reflux gastro-œso- symptôme peut cacher un problème plus en 3e année du Pharm. D., Université de Montréal. phagien (RGO), le météorisme, l’éructation important, tels l’œsophagite de Barrett, et les flatulences. l’œsophagite érosive ou, rarement, un Texte soumis le 15 octobre 2009. Avec le passage de l’annexe I à l’annexe II adénocarcinome4. pour la ranitidine 150 mg et la famotidine Le RGO, aussi nommé « reflux d’acide » ou Texte final remis le 30 décembre 2009. 20 mg, de nouvelles options intéressantes « régurgitation acide », se décrit par de l’aci- s’ajoutent à l’éventail de médicaments en dité qui remonte dans l’œsophage jusqu’à la Révision : Nancy Desmarais, B. Pharm. (Pharmacie vente libre (MVL) pour le traitement des dif- gorge5,6,7. Il est causé par l’ouverture sponta- Jean-François Martel) et Julie Martineau, B. Pharm. férents troubles digestifs, plus particulière- née du sphincter œsophagien inférieur (SOI) (Pharmacie J. Martineau, J. Riberdy et associés). ment la dyspepsie, les brûlures d’estomac et ou par sa fermeture incomplète, permettant le RGO. Nous réviserons donc la liste des au contenu gastrique de refluer dans l’œso- Remerciements : Stéphanie Saint-Louis, pharma- MVL pour les troubles digestifs, ainsi que les phage. Le patient peut ainsi être interrogé sur cienne, pour son aide précieuse et sa patience. principaux éléments d’une consultation sur la présence d’un goût acide au fond de la le sujet. L’éructation, le météorisme et les fla- bouche5. Non traité, le RGO peut causer une tulences ont été traités dans la rubrique « À ulcération de l’œsophage. Il est qualifié de votre service sans ordonnance » du numéro léger lorsque la fréquence est faible (moins de Québec Pharmacie de juillet-août 2004 et de trois fois par semaine), de courte durée et ne feront pas l’objet de cet article. de faible intensité, ou si la qualité de vie du patient n’est pas diminuée. Il devient modéré 1. Évaluer l’état du patient à sévère ou pathologique lorsqu’il se présente (qui, quoi et depuis quand ?) plus de trois fois par semaine, qu’il dure plus La dyspepsie n’est pas une pathologie en soi, longtemps, est plus intense et que la qualité mais un regroupement de symptômes non de vie est affectée5,8. Certains patients peu- spécifiques qui peuvent survenir seuls ou en vent présenter un RGO léger qui cacherait en association. Les brûlures d’estomac (pyro- réalité un problème plus important. Les sis), le reflux d’acide, les éructations, les bal- fumeurs, les patients obèses et les femmes lonnements abdominaux, les nausées, la enceintes sont plus à risque de souffrir de satiété précoce et la sensation de digestion reflux9. anormale et/ou lente sont les symptômes qui peuvent se manifester1. Les causes possibles 2. Vérifier les médicaments de la dyspepsie sont le RGO, l’ulcère gastri- d’ordonnance et MVL (dont les que et duodénal et, très rarement, le cancer PSN) déjà essayés, leur quantité de l’estomac1,2. et leur forme Les brûlures d’estomac ou le pyrosis peu- Un médecin a-t-il été consulté ? Il faut adres- vent se présenter comme une douleur au ser à leur médecin les patients chez qui les quadrant supérieur de l’abdomen. C’est une symptômes persistent depuis plus de sensation de brûlure au niveau du sternum deux semaines malgré l’usage de MVL ou pouvant irradier à la gorge et durer quelques chez qui les brûlures d’estomac sont similai- heures. Cette douleur peut s’aggraver après res à des symptômes d’angine, qui persistent avoir mangé et peut parfois irradier dans le 30 minutes après la prise d’antiacides. Les dos et ressembler à un malaise cardiaque3. En patients qui présentent des signes alarmants effet, certains symptômes peuvent ressem- (perte de poids, anémie, anorexie, dysphagie, bler à de l’angine de poitrine et être de nature etc.) devraient aussi être évalués 2,10. En cardiaque. Ainsi, un patient qui n’est pas d’autres mots, dans un contexte d’automédi- soulagé dans les 30 minutes suivant la prise cation, seules les personnes ayant un reflux d’un antiacide devrait être dirigé vers son léger occasionnel, soit moins de trois fois par médecin. Le pyrosis peut survenir à la suite semaine, devraient être traitées10. Dans le cas d’une gastrite, d’un repas ou d’un stress du pyrosis, il faut noter que la fréquence et la quelconque. De plus, certains patients peu- gravité des brûlures ne corrèlent pas avec la WWW.PROFESSIONSANTE.CA JUIN 2010 VOL. 57 N° 3 QUÉBEC PHARMACIE 15
À VOTRE SERVICE SANS ORDONNANCE présence ou l’étendue d’une atteinte de la N si possible et si connue, éliminer la et favoriser la relaxation du sphincter muqueuse œsophagienne10. cause; œsophagien inférieur (SOI), permettant N éviter les aliments et les breuvages aggra- ainsi à l’acide gastrique de refluer; 3. Choisir la meilleure option en vants (chocolat, menthe, agrumes, tomates, N minimiser le stress; fonction du patient et de ses aliments gras ou épicés, alcool, café, etc.; N perdre du poids, si approprié; caractéristiques N éviter les repas copieux, manger de plus N éviter de manger trois heures avant le Mesures non pharmacologiques petites portions et plus fréquemment; coucher et de se pencher en avant; Bien qu’une réponse aux mesures non phar- N éviter, si possible, les médicaments irri- N soulever de six à huit pouces la tête du lit macologiques ne soit pas possible chez tous tants, tels qu’anti-inflammatoires, acide à l’aide d’une planche de 4 x 4 ou en ajou- les patients, elles devraient être proposées acétylsalicylique (AAS), corticostéroïdes, tant un sous-matelas en mousse; l’ajout dans le cas de la dyspepsie et du RGO afin fer, potassium, bisphosphonates; d’oreillers ne ferait qu’augmenter la pres- que le patient utilise celles qui fonctionnent N cesser de fumer : le tabac inhibe la salive sion intragastrique, et les symptômes pour lui. Parmi les modifications à qui sert de tampon majeur. Le tabac pour- n’en seraient pas améliorés; proposer3,5,9,10 : rait aussi stimuler la production d’acide N éviter de porter des vêtements serrés. Tableau I Antiacides et anti-H2 (non exhaustif) Produits Mg2+ Al+ CaCO3 NaHCO3 Subsalicyclate Alginate Ranitidine Famotidine de bismuth de sodium ANTIACIDES Gaviscon liquide 20 mg/ml 50 mg/ml Gaviscon Régulier 40 mg 200 mg Gaviscon Extra-Fort 63 ml 313 mg Pepto-Bismol comprimé 262 mg Pepto-Bismol Extra-Fort liquide 35,2 mg/ml Pepto-Bismol Original à croquer 350 mg 262 mg Maalox à croquer 600 mg Maalox à croquer, formulation nuit 500 mg 200 mg Maalox Extra-Fort à croquer 1000 mg Maalox Régulier liquide 40 mg/ml 40 mg/ml Maalox Extra-Fort liquide 80 mg/ml 80 mg/ml Maalox Multi-action liquide 35 mg/ml Phillips, Lait de magnésie usp 80 mg/ml Pepcid Complet, 165 mg 800 mg 10 mg Double action, à croquer Tums 750 mg 750 mg Tums 500 mg 500 mg Tums 1000 mg 1000 mg Diovol Plus (suspension) (par 5 ml) 200 mg 165 mg Diovol Plus (co croq.) 100 mg 300 mg Diovol Plus Action rapide (co croq. ) 200 mg 200 mg Rolaids Régulier 110 mg 550 mg Rolaids Bouchées tendres 1177 mg Rolaids Plus Soulagement des gaz 1177 mg Alka Seltzer AAS (effervescent) 1916 mg Eno Salt (effervescent) Gelusil (co croq.) 200 mg 153 mg ANTI-H2 Zantac 75 mg 75 mg Zantac 150 mg 150 mg Pepcid AC 10 mg Pepcid AC (concentration maximale) 20 mg Légende : Mg2+ : magnésium; Al+ : aluminium; CaCO3 : carbonate de calcium; NaHCO3 : bicarbonate de sodium; MgCO3 : carbonate de magnésium; Al(OH)3 : hydroxyde d’aluminium 16 QUÉBEC PHARMACIE VOL. 57 N° 3 JUIN 2010
Les troubles digestifs traités par l’automédication Mesures pharmacologiques prolongée des MVL pourrait ainsi retarder le pour soulager les symptômes de brûlure Le tableau I comprend l’arsenal thérapeuti- diagnostic et le traitement approprié de ces d’estomac5. que offert en vente libre à ce jour. Voici quel- pathologies. Les antiacides regroupent les produits faits ques règles générales d’utilisation et appro- de sels de calcium, d’aluminium, de magné- ches personnalisées. Les antiacides sium ou de sodium, ou d’une combinaison Rappelons qu’il est possible de soulager ces Lors de brûlures d’estomac mineures et de de ceux-ci4. Ils neutralisent l’acidité dans l’es- différentes affections à l’aide de produits en RGO léger et occasionnel, les antiacides peu- tomac et, par le fait même, inhibent la pep- vente libre pendant un maximum de deux vent être proposés aux patients pour soula- sine qui peut endommager l’œsophage lors semaines. Si ces maux sont chroniques, les ger rapidement leurs symptômes (début du reflux 12. L’activité diminuée de cette patients doivent être adressés à leur médecin. d’action < 30 minutes) pendant 20 à enzyme est par ailleurs plus marquée avec En fait, il peut s’agir de troubles fonctionnels 60 minutes lorsque pris à jeun ou jusqu’à l’aluminium et le calcium puisque ces der- ou de symptômes d’un trouble sous-jacent, trois heures s’ils sont pris pendant le repas ou niers s’absorbent à elle4. Dans le cas de reflux, tel qu’un ulcère, la bactérie Helicobacter une heure après4,9,10. Ils représentent généra- l’effet des antiacides s’explique surtout par pylori ou même un carcinome. L’utilisation lement un traitement de première intention leur « adhérence » à la paroi œsophagienne pour ensuite neutraliser, pendant au moins 90 minutes après ingestion, l’acide qui se trouve dans ce tube4,9. De hautes doses sont nécessaires afin d’augmenter significative- ment le pH gastrique, contrairement aux Posologie Remarques inhibiteurs des pompes à protons qui, eux, diminuent le taux de sécrétion acide. Cepen- dant, une dose excessive d’antiacide peut 10-20 ml si symptôme (max. 80 ml/jr) mener à la surproduction de bicarbonate. 2-4 cos (max. 16 co/jr) Boire beaucoup d’eau L’excès de bicarbonate sera ensuite absorbé 2-4 cos si symptôme (max. 12/jr) Boire beaucoup d’eau dans le duodénum, activant la production 2 comprimés si symptôme Noircissement possible de la langue et des selles; d’acide gastrique et occasionnant de l’acidité 30 ml si symptôme à éviter chez les enfants, car peut rebond4. 2 cos si symptôme causer le syndrome de Rye Chaque sel renferme des particularités. Le 2-3 cos si symptôme (max. 12/jr) Boire beaucoup d’eau calcium se retrouve sous forme de carbonate 2-3 cos le jour et 3-4 cos la Boire beaucoup d’eau et se dissout lentement dans l’estomac pour nuit si symptôme (max. 8/jr) former du chlorure de calcium, du dioxyde 1-2 cos si symptôme (max. 8/jr) Boire beaucoup d’eau de carbone et de l’eau. Environ 90 % du 10-20 ml si symptôme (max. 80 ml/jr) Boire beaucoup d’eau chlorure de calcium formé est converti en 10-20 ml si symptôme (max. 60 ml/jr) Boire beaucoup d’eau sel de calcium insoluble ne pouvant être 30 ml si symptôme (max. 120 ml/jr) Peut causer le noircissement de la langue et absorbé, ce qui pourrait causer de la des selles; à éviter chez les enfants constipation4. 5-15 ml si symptôme Boire beaucoup d’eau Le sodium, lui, est vendu en sels de bicar- 1 co si symptôme et un 2e si soulagement partiel Contre-indiqué pour les personnes bonate. C’est l’antiacide qui agit le plus rapi- OU 1 co en prév. (max. 2/jr) avec des problèmes rénaux dement. Étant donné la rapidité d’action du 2-3 cos prn (max. 10 cos/jr) dioxyde de carbone formé, les effets indési- 2-4 cos prn (max. 16 cos/jr) rables du bicarbonate de sodium sont les fla- 1-2 co prn (max. 8 cos/jr) tulences, les éructations et la distension gas- 2-4 c à t prn entre les repas et hs Sans sucre trique. Par ailleurs, l’excès de bicarbonate 2-4 cos prn entre les repas Contient aussi MgCO3 en gel co-déshydraté peut causer une légère alcalinisation de et hs (max. 16 cos/jr) et 184 mg d’Al(OH)3 l’urine en plus, possiblement, d’une alcalose 2-4 cos prn entre les repas et hs (max. 16 cos/jr) métabolique. Le bicarbonate de sodium ne 1-2 pastilles prn (max. 14/jr) devrait pas être recommandé en raison de sa 1-2 bouchées prn (max. 6/jr) quantité élevée de sodium4. 1-2 cos prn (max. 6/jr) Le magnésium, ou plus précisément l’hy- 2 cos dissous q4h prn (max. 8 cos/jr) AAS 325 mg droxyde de magnésium, réagit rapidement Dissoudre un sachet dans 6 oz après un repas Citrate de sodium 2680 mg/5 g/dose; avec l’acide gastrique pour former du chlo- et hs (max. 5/jr) renferme 855 mg de sodium rure de magnésium qui est excrété par les 2-4 cos qid entre les repas et hs reins4. Quant à l’hydroxyde d’aluminium, il se 1 co prn, répéter après 1 heure prn (max. 2 cos/jr) dissout lentement dans l’estomac en réagis- 1 co 30-60 min avant le déjeuner (max. 2 cos/jr) sant avec l’acide gastrique. Quinze à 30 % du 1 co 10-15 min avant un repas, répéter chlorure d’aluminium formé lors de cette si les symptômes réapparaissent (max. 2 cos/jr) réaction est excrété par les reins. 1 co 10-15 min avant un repas, répéter Étant donné le risque d’accumulation, on si les symptômes réapparaissent (max. 2 cos/jr) évitera l’hydroxyde de magnésium et l’hy- droxyde d’aluminium chez les insuffisants rénaux4. WWW.PROFESSIONSANTE.CA JUIN 2010 VOL. 57 N° 3 QUÉBEC PHARMACIE 17
À VOTRE SERVICE SANS ORDONNANCE Les anti-H2 ger les brûlures d’estomac (p. ex., Pepto-Bis- sodium), qui ont une teneur importante en On retrouve aussi en vente libre les antihista- molMD et Maalox Multi-ActionMD). Ces for- sodium et sont absorbés systémiquement, miniques H2, ou anti-H2, tels que la famoti- mulations sont à éviter puisqu’elles irritent devraient être évités chez les patients hyper- dine et la ranitidine. Les récepteurs H2 l’estomac. Le subsalicylate de bismuth, tout tendus ou en présence d’insuffisance retrouvés sur les cellules pariétales de l’esto- comme l’AAS, est à éviter chez les moins de cardiaque4. mac sont, eux aussi, responsables de la sécré- 18 ans. tion d’acide9. Leur blocage permet de dimi- Insuffisance pancréatique nuer le taux de sécrétion d’acide dans les Acide alginique Chez ces patients, il faut éviter les antiacides 1-2 heures après administration, et ce, pen- L’acide alginique constitue une barrière à base de calcium ou de magnésium puisque dant quelques heures9. Ceux-ci permettent mécanique en formant une mousse qui ces sels aggravent la stéathorrée normale- un soulagement de plus longue durée, mais empêche le contenu de l’estomac de remon- ment présente chez ces sujets. Par contre, avec un début d’action plus lent. C’est pour- ter vers l’œsophage, protégeant ainsi la l’hydroxyde d’aluminium est adéquat quoi on les prendra généralement une heure muqueuse. L’acide alginique devient alors puisqu’il diminuerait la présence de graisse avant le repas5,9. Ils sont utiles pour prévenir utile à ceux qui présentent un reflux et, dans les selles. la dyspepsie, en particulier le pyrosis et le lorsqu’accompagné d’un antiacide, il se prend RGO, lorsqu’un repas riche et copieux est immédiatement après le repas, si présence de Insuffisance hépatique envisagé. pyrosis ou de reflux, et au coucher lorsque le Dans le cas des patients ayant une insuffi- La ranitidine en vente libre se trouve sous reflux se manifeste la nuit9. sance hépatique, les doses de ranitidine pour- forme de comprimés de 75 ou 150 mg et, raient être réduites puisque cette dernière est pour prévenir les symptômes, devrait nor- Approches personnalisées métabolisée par le foie, contrairement aux malement être administrée 30 à 60 minutes sur les troubles digestifs autres anti-H26. D’anciennes études suggé- avant le repas ou la boisson pouvant occa- Vous trouverez au tableau II un résumé de la raient la diminution de la dose lors d’une sionner un reflux ou des brûlures d’esto- médication suggérée pour chacune des situa- insuffisance hépatique sévère sans toutefois mac6,11. Quant à la famotidine, la dose est de tions particulières. apporter davantage de précisions quant à cet 10 mg 30-60 minutes avant le repas, en pré- ajustement. La monographie du ZantacMD, vention, avec un maximum de deux compri- Insuffisance rénale elle, ne mentionne aucun ajustement pour més par jour ou un comprimé de 20 mg. Les Chez les patients insuffisants rénaux, on pré- ces sujets. Cependant, elle souligne que des doses d’anti-H2 doivent être diminuées en férera les chélateurs de phosphate en tant troubles hépatiques majoritairement réver- présence d’une insuffisance rénale modérée qu’antiacides. Le plus approprié pour cette sibles ont été rapportés par l’administration à sévère. clientèle serait le carbonate de calcium, plu- per os de la ranitidine. Dans ce cas, la raniti- On peut retrouver les antiacides et les anti- tôt que l’hydroxyde d’aluminium, puisque ce dine doit être arrêtée13. H2 dans une même formulation assurant un dernier pourrait s’accumuler. Ces deux sels soulagement rapide (15 minutes) et de lon- sont normalement utilisés chez ces patients Pédiatrie gue durée (6-8 heures)9,12. Ce type de formu- pour diminuer le niveau de phosphate séri- Évitez tout produit renfermant de l’acide lation empêche mécaniquement l’acide de que. Le sel de calcium est normalement salicylique. En général, on référera nos jeu- l’estomac de remonter dans l’œsophage et administré en mangeant pour chélater le nes patients au médecin afin de trouver la permet de neutraliser l’acide. Rappelons que phosphate alimentaire4. Pour les patients cause du problème digestif et de le traiter ces associations ne sont avantageuses que souffrant d’insuffisance rénale sévère, la dose adéquatement. En revanche, les enfants de pour un usage sporadique et non comme maximale de ranitidine de 150 mg per os par 12 ans et plus peuvent être traités par des prophylaxie du pyrosis9. jour est recommandée13. MVL à moins qu’ils ne souffrent de symptô- mes importants14. Subsalicylate de bismuth Hypertension ou insuffisance cardiaque On trouve aussi le subsalicylate de bismuth Plusieurs antiacides (p. ex., bicarbonate de Polypharmacie dans des formulations permettant de soula- sodium, citrate de sodium ou alginate de La modification du pH gastrique est à l’ori- gine de plusieurs interactions médicament- médicament puisque l’ionisation (p. ex., Tableau II nitrofurantoïne) et la dissolution de certains Approche personnalisée4,6,13,14 médicaments (p. ex., pénicillines) sont affec- tées, modifiant ainsi leur taux d’absorption. Cas À privilégier Les acides faibles sont davantage ionisables Brûlures d’estomac et reflux anticipés Anti-H2 ou acide alginique en association et ainsi moins bien absorbés, tandis que les (ex. : repas épicé) bases faibles sont moins ionisables, donc Symptômes nocturnes Anti-H2 davantage absorbées. Dans d’autres cas, l’in- Insuffisance rénale Carbonate de calcium teraction consiste en la complexation des ou hydroxyde d’aluminium (2e choix) sels, sauf le bicarbonate de sodium, avec les Hypertension ou insuffisance cardiaque Éviter les antiacides contenant du sodium médicaments4 (p. ex., phénytoïne, certains Insuffisance pancréatique Hydroxyde d’aluminium antibiotiques). Il faut ainsi espacer de Insuffisance hépatique n dose de ranitidine deux heures la prise du médicament sur Pédiatrie MVL seulement chez r 12 ans ordonnance avec ces médicaments. Polypharmacie Espacer de 2 h la prise des autres médicaments L’absorption de la lévodopa est augmentée avec les antiacides par les antiacides pour une autre raison que les deux premières : les antiacides modifient 18 QUÉBEC PHARMACIE VOL. 57 N° 3 JUIN 2010
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