CONSTATS AUJOURD'HUI, SOLUTIONS POUR - AtelierMer -Erosion littorale
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A te li e r M e r – Ero s i o n li tto ra le C O N S T A T S A U J O U R D ' H U I , S O LU T I O N S P O U R DEM A IN MISE A JOUR LE 21.11.2018 OUVERTURE Laurent Parzy, France Nature Environnement Alpes Maritimes Bienvenue aux intervenants et aux présents. L'érosion littorale est une thématique d'actualité : Changement climatique Evènements météo violents, qui deviennent plus fréquents... L'érosion est relativement peu évoquée sur Méditerranée ; l'océan apparaît plus touché. Aujourd'hui, on dispose d'un "historique" : qu'est qu'on fait, qu'est ce qu'on peut faire. ER O S I O N LI T T O R ALE : D E Q U O I P A R LE T O N ? E GILLI, GEOLOGUE – KARSTOLOGUE, UNIV. PARIS 8 Se reporter au diaporama projeté (https://fnepaca.fr/wp-content/uploads/2018/10/20181011-egilli_erosion-littoral.pdf) Quelques généralités sur érosion des littoraux. 4 acteurs : Mer, qui apporte puissance, Terre, qui va être grignotée, ou au contraire apporter des matériaux au niveau du trait de côte Climat, qui définit tempêtes, pluviométrie... Homme, acteur et victime (enjeux). Notre région parait calme, mais n'est pas pour autant à l'abri des grosses tempêtes (ex : Anna, mai 2010). Des épisodes de cette ampleur se traduisent par des dégâts pouvant être importants. Le trait de côte peut être défini comme la liaison entre domaine continental et marin, en équilibre. Sa position dépend du niveau marin (dépendant entre autres de cycles astronomiques), il évolue selon le grignotage ou l'apport de sédiments. Comparaison imagée : le littoral est comme un compte en banque, comme un budget avec crédit (= apport de sable par courants marins, galets par les cours d'eau, où les falaises s'effondrent, ce qu'apporte la mer, du vent, ce qu'apporte l'homme, qui a une action non négligeable). Débit = tout ce qui est arraché à la faveur des tempêtes, des courants, du vent, les terrains qui glissent dans la mer, glissements de terrain dans les canyons sous marins, abrasion ou dissolution (assez réduite). Et surtout, exploitation par l'homme de ce milieu marin (sables, galets...). Réseau Eau & Mer > atelier Erosion > novembre 2018 > 1
La mer apparait comme un re-distributeur de sédiments, avec comme moteur les vagues, la houle déterminées par les vents dominants (ici, Mistral, vent d'est). La côte est plus sensible au vent d'Est. Courants qui agissent sur les côtes, continents qui apportent des matériaux : un équilibre se crée entre apports et enlèvements. On peut "s'amuser" à modifier le système en construisant des digues : on bloque des sédiments d'un côté, et une érosion se manifeste de l'autre côté. Dans notre région, la houle forte est en provenance de l'est, le littoral est plutôt orienté Sud-ouest / Nord Est. Le secteur Antibes – Villeneuve Loubet prend de plein fouet les plus grosses tempêtes. La zone de Nice n'est pas complètement épargnée. Le reste l'est relativement. La nature de la roche va beaucoup compter : roches calcaires assez résistantes. Les zones les plus embêtantes sont celles où les alluvions sont apportées par les cours d'eau. Les plages dans le secteur maralpin sont constituées de galets. Beaucoup des plages sont anthropiques ; on n'a pas du tout les mêmes problématiques que sur l'océan. Ex : les zones à enjeux importants et problèmes d'érosion même mineurs ont un impact sur l'économie. Ainsi, les plages érodées pendant des périodes de tempêtes, les matériaux enlevés impliquent de recharger pour abriter les touristes : Plage de Nice, des millions de touristes chaque été. Plage qui s'érode chaque année. Recharges artificielles. Nice (1976 – 2005) 558 000 m3 qui sont apportés (provenance : Paillons ?) Place Salis à Antibes : pas de plage en 1956, plage réalisée artificiellement à partir de sable de Madagascar, rechargée chaque année avec 200 m3 de sable pour contrecarrer l'érosion. Villeneuve Loubet 260 m3 de sable en 2004 (carrières de Biot). Il y a des zones à enjeux : ici touristiques mais c'est une économie majeure dans la région. La route 6098 longe littoral et régulièrement menacée par érosion ; de même la voie ferrée juste à côté. Etudes faites : des zones identifiées comme à risque majeur. Donc des enjeux, un aléa et des parades pour essayer de contre carrer les effets de mer sur continent. Le problème qui se pose (pas encore trop en Méditerranée) est la question du rapport entre coût des enjeux à protéger et coût des travaux pour la protection de ces enjeux. Ex : le Signal en Gironde : travaux de confortement, ré-ensablement de la plage, mais jusqu'à quand ? le coût des travaux devient supérieur au cout des immeubles. Quelle solution ? évacuer, détruire ou laisser détruire, déplacer les enjeux plus à l'intérieur des terres devant inéluctabilité du phénomène, laissons la nature suivre son cours. C'est une forme d'adaptation. Les difficultés sont celles du coût, mais aussi les impacts des travaux sur l'environnement. Si on cherche à protéger une plage avec une digue, on va mettre la digue dans le milieu marin où il y a une faune – flore protégée. A Monaco, déplacement des posidonies. Autre parade possible = agir sur la cause c'est à dire sur la houle (dispositif réducteur de houle). Le géologue raisonne sur une échelle de temps qui n'est pas celle des hommes. L'érosion est un phénomène normal, classique. Dans ces environnements connus, nous sommes dans des phases en perpétuelle évolution. C'est le problème de l'homme qui est fixiste, mais il faut s'adapter. Aujourd'hui s'ajoute le défi de la remontée niveau mer induite par l'évolution climatique. Ca fait 20 000 ans que ca se réchauffe. Le trait de côte a pu se mettre en place car le réchauffement était stabilisé pendant 6 000/8 000 ans. Aujourd'hui, il se poursuit à nouveau. Les parts de l'homme et de la nature sont difficiles à quantifier, le constat est là : la mer monte. Tout ce qu'on a vu va être augmenté par ce facteur nouveau. Quand mer à niv 0, elle va grignoter encore plus loin à l'intérieur des terres. Tout ca se modélise. Réseau Eau & Mer > atelier Erosion > novembre 2018 > 2
Difficultés aujourd'hui : on ne sait pas à quelle vitesse mer monte ni à quelle hauteur la trouver dans quelques années. Quels paramètres, quelles valeurs dans quelques années ? (RECHERCHE KART ODYSSEE MENEE 2016-17). Au stade de l'Eemien (stade 5E), l'humanité (Néandertal) a connu ce réchauffement (à l'époque, peu d'industrie : silex !), et cette phase de réchauffement climatique a connu l'eau à une hauteur supérieure à celle connue aujourd'hui. Il y a 125 000 ans, on constate l'existence d'un pic de réchauffement. Ces pics de réchauffement et les glaciations qui succèdent sont des phénomènes observés à peu près tous les 100 000 ans (déjà 9 ou 10 dans le passé, qui ont mené l'eau au niveau qu'on connait voire au dessus, et qui ont aussi amené l'eau à un niveau nettement inférieur pour le dernier (-100 / - 120 m)). Comment ce réchauffement s'est terminé : quelles vitesses, quelles amplitudes ? Les littoraux calcaires (grottes ou encoches marines) sont de très bons enregistreurs de paléo- environnements. En fin de montée des températures, on a un plateau avec petite dépression au milieu, et ensuite un pic terminal extrêmement brutal et une chute de température conduisant rapidement à la glaciation suivante. Ce plateau terminal ressemblant étrangement au plateau que nous connaissons nous : depuis 20 000 ans, réchauffement progressif, un petit creux et aujourd'hui c'est en train de repartir. Est-ce que le pic que nous observons ici va être semblable au pic de l'Eemien ? pic final de l'Eémien (stade 5 e ou MIS 5.5) (Hearty et al., 2007) Si on veut protéger les enjeux, faire des travaux... il faut avoir une idée des valeurs qu'on va avoir : montée de la mer de 1 cm, 10 cm / an ? Cette mission de recherche a été montée avec différents partenaires ; la zone d'étude comprend notre bassin méditerranéen. La mission a observé dans des grottes marines des niveaux de performation des moules lithophages datant de 125 000 ans, très bien conservés dans les grottes. On a retrouvé ces niveaux de Réseau Eau & Mer > atelier Erosion > novembre 2018 > 3
perforation en France à 5 m de haut. Ex. à Alghero : cette grotte envahie par la mer a enregistré tous niveaux marins de l'Eemien qu'on voit sur les parois de la grotte. On a pu montrer Un très bon enregistrement des niveaux marins dans ces grottes, Un niveau connu par l'homme de Néandertal, niveau qui n'a pas dépassé 5m mais c'est déjà important ! Des phases d'arrêt et de reprise qui se succèdent. Si on travaille sur les phases séparant 2 phases de stationnement, on a des vitesses de remontée de la mer qui peuvent être considérables : jusqu'à 4 cm par an. Imaginez les conséquences sur nos littoraux et sur les aménagements si on se trouvait confronté rapidement à ces valeurs. L'étude a permis aussi de mettre en évidences des failles actives, puisque les niveaux marins qu'on a observés à l'ouest du Var sont différents des niveaux observés à l'est, ce qui signifie que la ville de Nice, Menton etc. sont en train de se soulever. Est-ce transposable au réchauffement qu'on connait aujourd'hui ? La question ouverte, mais ce qu'apporte l'équipe de Kart Odyssée est aussi valable que les modèles proposés par GIEC et labo. Ce qu'on peut voir, c'est que le réchauffement, si on se réfère au passé, nous donne un forçage naturel (lié aux paramètres de rotation de la terre autour du soleil) qui pourrait nous permettre d'imaginer un niveau de 2 à 3 m au dessus du niveau actuel pour l'horizon 2100. Ce sont des valeurs qu'on retrouve aussi avec les modèles, proposés par les gens qui travaillent eux sur le forçage anthropique (càd en partant du principe que le CO2 dans l'atmosphère, CO2 d'origine anthropique), là on a des valeurs qui vont de 40 cm à 2 m en 2100. Question subsidiaire : si on additionne les 2 phénomènes, on risque d'avoir des valeurs encore plus importantes. Schéma avec plateforme aéroportuaire de Nice... il y a une réflexion à conduire si on veut protéger nos enjeux pour un horizon pas si éloigné que ca. Quand on a de gros aménagements ou gros travaux à faire, il faut une réflexion sur au moins 50 ans, voire une 100aine d'années... Même avec 3m, la forme du littoral ne change pas de façon considérable, mais il y a un certain nombre d'enjeux littoraux qui peuvent être fortement impactés. On a des réflexions à conduire là-dessus, je vais grignoter la classe politique... Gouverner c'est prévoir, donc il faut prendre en compte ce nouveau paramètre submersion marine liée à l'évolution climatique... Pour l'OIN, on a eu un déclassement de zones inondables, passées de rouges à bleu. Un PPRI a été mis en place, une zone réputée constructible pourtant inondée en 2015. Conclu : on a effectivement localement des pb d'érosion, qu'on est capable de gérer, avec différents procédés. Grosse difficulté = montée du niveau de la mer, conséquences que ca va avoir sur littoraux et couts qu'auront les parades nécessaires pour contrer ces phénomènes (ex du littoral atlantique qui recule les enjeux à mesure de l'avancée de la mer). Les travaux de M. Gilli sont à retrouver sur : https://www.researchgate.net/publication/323291009_Karstodyssee_2016_Analyse_des_marqueurs_eustatiques_tecto niques_et_tsunamiques_dans_les_karsts_littoraux_mediterraneens Et http://gilli.fr/karstodyssee/index.php/objectif/ Réseau Eau & Mer > atelier Erosion > novembre 2018 > 4
U N E ET U D E D E L'EV O LU T I O N D U T R A I T D E CO T E (20 0 7 ) C MARRO, SMIAGE. Réalisation par le département d'une étude sur l'évolution du trait de côte. 3 objectifs étaient assignés à cette étude : Acquérir une connaissance globale de la problématique à des échelles cohérentes (notamment au niveau de chaque cellule hydrosédimentaire à et les phénomènes affectant le littoral Définir les risques (croisement aléa – vulnérabilité), qui a débouché en partie sur le porté-à- connaissance du Préfet, notifié aux communes en 2017 Identifier les secteurs sensibles et créer un outil d'aide à la décision. Quel bilan de l'évolution du trait de côte ? Travail réalisé à partir de photos aériennes. Entre 1950 et 2004, le bilan est plutôt positif, c'est-à-dire qu'on constate un gain de la surface terrestre sur l'espace maritime d'~260 000 m², malgré les aménagements. Sur la période 1983 – 2004, le gain est de 36 000 m². Le bilan de cette phase est faiblement positif car le gain est du à l'élargissement artificiel des plages. Or cette artificialisation est de plus en plus soumise aux tempêtes, et le chargement des plages est une opération onéreuse pour les collectivités territoriales. Donc, on fait aujourd'hui à minima pour maintenir la stabilité des cellules hydrosédimentaires. La difficulté de l'établissement de tels bilans est de positionner le trait de côte : où mettre la ligne ? A également été réalisé un inventaire des solutions de lutte : systèmes doux, passifs ou nouvelles solutions. Cet ensemble a abouti à des outils d'aide à la décision. Le Département n'a pas été plus loin à l'époque, car il n'avait pas la compétence sur les aménagements littoraux (détenue par les Communes). Aujourd'hui, avec la compétence GEMAPI, ce qui est lié au trait de côte, mais aussi au risque inondation, relève des intercommunalités (Métropole NCA, CARF, CASA, CA Pays de Lérins…). Ce bloc de compétences GEMAPI est délégué aux intercommunalités qui peuvent le déléguer au SMIAGE. Concernant les travaux à mener : le CD en porte lui-même (ex : route de Villeneuve-Loubet – Antibes), de même les intercommunalités. La difficulté réside dans l'anticipation, qui doit être maximale. Pour l'évolution du trait de côte comme pour les ouvrages de lutte contre les inondations, on estime et réalise les travaux au mieux en fonction d'une connaissance actuelle : un PAPI validé à un instant T des projections difficiles avec le changement climatique des enjeux économiques forts des enjeux à protéger (voies et infrastructures, habitats, enjeux économiques)… les coûts sont énormes (en millions / dizaines de millions d'€). Quels impacts sur la biodiversité ou les installations humaines ? On est mieux outillé par rapport au risque inondation, avec les PAPI ou PPRI, qui permettent d'identifier les risques, cibler des actions (mise en défens, réduction de vulnérabilité, ZEC, renaturalisation) et prendre en compte le risque dans les documents d'urbanisme. Sur le sujet submersion marine, on est en retard, d'autant que ce phénomène est moins marqué qu'en Atlantique. Ca commence à arriver par rapport à la protection des plages : réalisées dans les 70' / 80', elles ont besoin aujourd'hui d'une remise en état. Le PàC du Préfet cartographie des zones à risque de submersion : Quantification des dommages qui pourraient être subis Analyses multicritères ou coûts – bénéfices : quel retour sur investissement ? Réseau Eau & Mer > atelier Erosion > novembre 2018 > 5
Quelle leçon pouvons-nous retenir des politiques et travaux menés il y a quelques décennies ? Après les crues de la Brague en 2015, on commence à détruire certaines habitations construites en zone à risque. Il y a donc évolution, mais c'est à coût très élevé. Le fonds Barnier (alimenté par des prélèvements sur les assurances que tout le monde paye) est de plus en plus sollicité mais n'est pas extensible ! Il va falloir faire des choix On attend un décret sur les risques inondation et les possibilités d'aménagement dans les zones à risque, qui devrait complexifier l'aménagement des zones rouges et bleues inscrites aux PPR. On constate une prise de conscience de ces questions, mais il reste difficile d'agir sur des aménagements antérieurs, car il faut poursuivre la protection optimale des populations concernées. L'augmentation du niveau de la mer risque t elle d'entraîner une remontée du biseau salé ? Ce point n'est pas abordé dans l'étude du CD. Le SMIAGE réalise un suivi de la nappe du Var (~60 piézomètres, et des piézomètres à l'aéroport de Nice). Pour l'instant, pas d'intrusion saline constatée. Il faut limiter les prélèvements en bord de mer en raison de leur impact surtout à ce niveau. Dans le bassin du Var, des demandes pour la géothermie. La problématique est une nouvelle fois celle des conflits possibles entre usages. Où mettre le curseur entre les usages ? A la demande des élus, cette étude est à actualiser, en 2019 ou 2020. A NOTER : L'APPLI "RIVAGES" LANCEE PAR LE CEREMA Développée pour les smartphones Android, Rivages vise une utilisation simplet pour un suivi participatif du trait de côte. Tous les promeneurs sur la plage peuvent : De relever le trait de côte en marchant le long de la limite des vagues. De prendre des photos de la plage pendant le relevé du tracé. D’envoyer automatiquement les tracés par mail à la fin du relevé. En savoir plus : Les pages du CEREMA : https://www.cerema.fr/fr/actualites/vacances-contribuez-au-suivi-du-trait-cote-application et http://www.geolittoral.developpement-durable.gouv.fr/l-utilisation-de-l-application-a1006.html Les reportages TV de France 3 (https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/var/var-rivages-appli- qui-permet-aux-particuliers-mesurer-erosion-plages-1547080.html) et de Nice Matin (https://www.dailymotion.com/video/x6s1jee) L'application est gratuite, anonyme et disponible sur le Play Store (https://play.google.com/store/apps/details?id=fr.cerema.rivages&hl=fr). T A B LE R O N D E : CO N S T A T S ET EXP ER I EN CES D A N S LES T ER R I T O IR ES DIDIER LAURENT, VILLE D'ANTIBES Se reporter au diaporama projeté (https://fnepaca.fr/wp-content/uploads/2018/10/20181011-antibes_f-n-e-final-diapos_2.pdf) La commune possède 23km de côtes, séparés en 2 baies par le Cap d'Antibes : La baie des anges à l'est, soumise au vent d'Est et à l'influence des fleuves côtiers, Golfe Juan les Pins à l'ouest, plus fermé, avec des bassins versants plus petits, des vallons, des plages protégées. L'approche de la Commune a été de comprendre son littoral, notamment la courantologie, les apports sédimentaires et le vivant (quels habitats marins présents). Une cartographie des biocénoses a permis Réseau Eau & Mer > atelier Erosion > novembre 2018 > 6
d'identifier un herbier de posidonies (rappel de l'intérêt biologique de l'herbier, et son rôle dans le maintien du trait de côte : maintien et piégeage des sédiments au sol et en suspension, amortissement de la houle). A Antibes – Juan les Pins, le constat est qu'en 1924, le littoral était déjà artificialisé (voies ferrées en haut de plage). Depuis on a beaucoup construit : haut de plage construit créant des points durs, épis à fonctions diverses, ouvrages qui ont modifié la courantologie sur les plages. Dans le cadre des contrats de baie et avec le Conseil départemental, a été réalisée une étude : étude du trait de côte : modélisation, moyens à mettre en œuvre pour maîtriser le trait de côte étude des impacts des ouvrages existants ou imaginés. Sur le territoire, il y a des zones en érosion, d'autres en accrétion, avec des plages qui sont rechargées depuis longtemps. Ces études ont permis d'évaluer différents scenarii, de les tester grâce à la modélisation, d'évaluer les positions possibles des équipements et leurs impacts. Le territoire se répartit en 9 cellules hydrosédimentaires. Sur Juan les Pins, il n'est pas possible de mettre en œuvre des ouvrages. Le seul moyen de maintenir le trait de côte est l'apport de matériaux, apport qui doit être aussi léger que possible et étudié (dans sa granulométrie et dans ses impacts). Le renouvellement des concessions est l'occasion de démolir des ouvrages (pontons…) qui perturbent le littoral. PIERRE FARNOLE, SOCIETE BIO-BAMB Illustration : voir le reportage de France 3 Une barrière de bambou pour lutter contre la houle à Villeneuve Loubet, février 2018 (https://www.youtube.com/watch?v=6OahC_qlm3k). Le projet présenté ici est une expérience portée par le CD 06, avec une convention avec la société Bio-Bamb pour la conduite et le CNRS pour le suivi scientifique. Lancé en 2016, le projet prend place entre Marina – Baie des Anges et Antibes, sur une portion de littoral en recul. Sur ce site, différentes modélisations sont menées, pour tester les aménagements possibles et tenter de rétablir un équilibre sur une plage où il n'y avait plus d'apport sédimentaire. Le sédiment est essentiel : il permet le maintien de la plage. Ici, le sédiment est un mélange de galets en haute plage, puis sable et gravier. C'est un environnement qui change régulièrement, avec des alternances de zones à sable, à gravier… traduisant la dynamique de la plage. Observation : un processus régressif continu de l'ensemble de ce littoral. Le Département lance une étude de maîtrise d'œuvre pour protéger la plage. Or les travaux sont lourds, chers et impactant pour les écosystèmes côtiers. Il a accepté l'idée de tester le concept de protection inspiré des herbiers de posidonies. Ces herbiers sont de grandes herbes qui ont un effet amortisseur de la houle. Re- bamb reproduit ce même principe, mais avec des bambous. Le système est composé de bambous très gros (utilisés en construction), un bois naturel très résistant, de culture facile et à croissance rapide, qui présente l'avantage d'être imputrescible dans l'eau de mer. Le système testé ici comprend 4 rangées de 100 m de long, les tiges de bambous de 12 cm de diamètre et 4 m de haut étant espacées de 2m. Ces rangées sont installées à 100 m du bord de plage, par 6 m de fond et immergées à 1 m sous le niveau de la mer. Les tiges de bambous ont une faible emprise sur le fond marin : elles sont flottantes, attachées à des ancres implantées dans le sol. Ainsi, la structure ne perturbe pas les mouvements naturels de transport sédimentaires, et n'a pas d'impact paysager. L'objectif recherché est d'amortir légèrement la houle et ses effets, de créer une barre de pré-déferlement et un espace où le sable peut s'accumuler entre plage et récif. Ce système a été installé après différents tests en canal à houle. Il a été mis en place sur site en février 2018 et a fait l'objet de 2 premiers suivis (bathymétrie, trait de côte suivi par drone). Un premier bilan interviendra après 1 an. Réseau Eau & Mer > atelier Erosion > novembre 2018 > 7
Le projet total comprend la pose, le suivi du récif pendant 3 ans, l'enlèvement et la remise en état du site, pour un coût total de 330 000 € pris en charge par le Département. LEA QUARTA, FRANCE NATURE ENVIRONNEMENT ALPES MARITIMES L'étude de 2 documents : SCoT de la Communauté d'agglomération Riviera Française et PLU métropolitain, a été conduite avec comme point de comparaison le SCoT du la Communauté de Communes Golfe de St Tropez (SCoT GST). Le SCoT est un document de planification stratégique, tandis que le PLU métropolitain est un outil de politique urbaine et territoriale. Les 2 documents se composent d'un rapport de présentation (avec évaluation initiale de l'environnement), un plan d'aménagement et de développement durable (PADD), et un document de force juridique (document d'orientation et d'objectifs (pour le SCoT) et règlement (pour le PLU)). Deux politiques publiques s'intéressent à l'érosion côtière : La directive Inondation (2007) transcrite dans la loi du 12.07.2010, concerne tous types d'inondation La stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte, établie en 2012, propose une approche différente, non centrée sur la lutte contre la mer. En outre, le gouvernement ou des parlementaires proposent des lois visant à offrir aux collectivités des outils d'aménagement du territoire et des cadres juridiques les plus adaptés pour mieux prendre en compte le recul du trait de côte. Par ex, la sénatrice Carton imagine un régime transitoire d'indemnisation en cas d'interdiction d'habitation, interdiction résultant d'un risque de recul du trait de côte (c'est typiquement le cas du Signal, en Gironde). Le SCoT GST (qui a servi d'"étalon") a fait le choix d'avoir un volet littoral et maritime (VLM) valant schéma de mise en valeur de la mer (SMVM), choix favorisé par la présence de l'observatoire du milieu marin de longue date sur ce territoire. Comment définir un SMVM : Un périmètre libre en mer, supérieur à celui du seul SCoT ; pour GST le périmètre retenu s'étend à 3 milles marins : c'est l'espace où s'exerce la majorité des usages en mer. Son contenu est précisé par le Code de l'Urbanisme Il vise la protection des milieux et la conciliation des usages dans une volonté de cohérence Le choix d'un SMVM doit être justifié au regard des particularités locales. La prise en compte des risques côtiers ne nécessite pas un SMVM ; celui-ci permet une prise en compte approfondie si les particularités locales le nécessitent. Quels sont les exemples d'une bonne prise en compte du trait de côte ? Cannes a procédé au rétablissement de promenades en bord de mer et au recul d'habitations. Le problème aujourd'hui est que les plages sont vues sous un angle économique. Or il y a un ensemble à prendre en compte : l'aspect économique, mais aussi la pression démographique sur les plages et le rechargement. Constat : les analyses coûts – bénéfices conduisent souvent à choisir l'enrochement, alors qu'il faudrait plutôt reculer les habitations. LOÏC SINQUIN, COMMANDANT DU PORT DE NICE – DDTM 06 Il semble que la mer puisse apporter des solutions aux différents problèmes évoqués cet après midi : Eau potable : possibilité de désaliniser l'eau de mer, quitte à mettre l'usine de désalinisation sur une barge si la place manque à terre Gestion des alluvions du Var : possibilité de draguer les fonds pour récupérer ces alluvions Réseau Eau & Mer > atelier Erosion > novembre 2018 > 8
Transports de personnes et de marchandises : possibilité de transports maritimes (navettes maritimes, cabotage par Ro-Ro...) Constat : le département sature, de nombreux indicateurs sont "au rouge" pour différentes problématiques (transports, emplois, logements, immigration, développement...). En terme de transports plus spécifiquement, le territoire apparaît dépendant des territoires voisins pour de nombreux items : vivres, construction, avitaillement... et présente les faiblesses suivantes : Multiplication des acteurs en charge des transports en commun routiers desservant les Alpes- Maritimes, étalement urbain défavorable à l'usage des transports collectifs, faiblesse des réseaux urbains, saturation de l'autoroute A8, seule armature routière Est-Ouest, absence d'une liaison ferroviaire grande vitesse reliant la métropole Côte d'Azur aux métropoles voisines, à Paris, à l'Europe du Nord et aux autres métropoles de l'arc méditerranéen. Difficultés de la circulation ferroviaire locale, Absence de coordination transfrontalière pour les déplacements domicile-travail. Il y a 30/40 ans, les autorités avaient déjà identifié que le territoire rencontrerait un "mur" à l'horizon 2025, mais depuis, rien n'a été fait ni même de réflexion entamée... En matière portuaire, le constat n'est guère plus encourageant : le port de Nice est le seul port de commerce que possède encore le territoire départemental et il est déjà saturé. Les autres ports du département sont dédiés à la plaisance (dont 4 qui accueillent des croisières au mouillage). Au regard de ces constats, la DDTM fait la proposition que soit lancée une vraie réflexion sur un outil portuaire départemental afin de répondre aux enjeux logistiques du département : Accueil des grands navires propres, à motorisation GNL Avitaillement de navires plus petits Raccordement multimodal aux autres axes de transports (passagers, fret) Etablissement des espaces logistiques nécessaires Amélioration des conditions de sécurité et de sûreté. La DDTM souligne combien à ce stade rien n'est arrêté : il s'agit bien d'entamer une réflexion et de réfléchir également aux enjeux environnementaux : Le site étudié est à ce jour le dernier connu pour ce type d'implantation, en raison de son positionnement (proximité autoroute, aéroport) et des enjeux écologiques moindres (peu de cymodocées) Proposition d'ajouter une extension derrière le port existant de St Laurent (le nouveau port serait caché derrière) Proposition d'un port sur digues flottantes (plus grande facilité d'adaptation aux évolutions du niveau de la mer). Disposer d'un port public constitue enfin une opportunité en terme de financement : en effet, il pourra être financé par les compagnies l'utilisant (a contrario d'un port privé, financé sur subventions publiques, et ne servant qu'aux propriétaires de bateau). Réseau Eau & Mer > atelier Erosion > novembre 2018 > 9
CO N CLU S I O N : Q U ELLES P R ECO N I S A T I O N S FA I R E A U X D ECI D EU R S ? Un participant souligne l'impuissance de l'homme : "on a beau mettre en œuvre un certain nombre de solutions potentielles, on n'est absolument maître de rien ! De façon naturelle, on ne peut pas arriver à lutter contre ce phénomène." Les intervenants proposent les pistes qu'il semble nécessaire de suivre : se mettre dans une philosophie d'adaptation et non pas de lutte : anticiper l'évolution du trait de côte, reculer autant que possible les enjeux ou adapter les installations. L'humanité apparait aujourd'hui extrêmement fixiste, dans un monde et une nature pourtant en perpétuelle évolution. Or l'homme a déjà connu d'importants changements climatiques (réchauffement, glaciation) et avait su s'adapter. réfléchir à la durée de vie des actions et se projeter : il faut changer d'échelle de réflexion, travailler à moyen et long terme et non sur des durées de mandat électif. acquérir et diffuser des connaissances, de disposer des structures et outils de recherche (centres et laboratoires de recherche, université) : il s'agit de bien comprendre le phénomène à des échelles locales. Se faire écouter des bonnes personnes ou organismes (ex : l'Union Européenne, sur la question des pollutions atmosphériques par les navires). Réseau Eau & Mer > atelier Erosion > novembre 2018 > 10
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