Le bailleur doit passer à la caisse - Droit au logement - Asloca

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Le bailleur doit passer à la caisse - Droit au logement - Asloca
Droit au logement
Le journal de l’ASLOCA

                                                                                 1006 LAUSANNE
                                                                    POSTCODE 1

                                                                                       JAB
                                                                    TIRé à 88 700 ExEMPLAIRES
                                                                    N0 189 / AvRIL 2009
                                                                    JOURNAL DE L’ASLOCA
                                                                    DROIT AU LOGEMENT
                                                      Dossier:
Verissimo

                                                     l’amiante
                                                                    1006 LAUSANNE
                                                                    RUE JEAN-JACqUES-CART 8
                                                                    FéDéRATION ROMANDE
                                                                    ASLOCA

                                                    tue... encore
        JurispruDence                               auJourD’Hui
        le remplacement Des toiles De tente usées

        Le bailleur
        doit passer à la caisse
Le bailleur doit passer à la caisse - Droit au logement - Asloca
éDitorial
assainissement Des immeubles D’Habitation: l’Heure a sonné

                            par Carlo Sommaruga, secrétaire général, Asloca romande

L
       es émissions de CO2 proviennent pour 40% du         subventionnement par les cantons, ce sont 200 millions
       parc immobilier. Toutes les analyses – publi-       de francs qui sont à disposition. Il n’empêche, cela
       ques ou privées – concordent. Ce sont environ       reste maigre.
1,5 million de bâtiments, principalement construits
entre 1950 et 1980, qui doivent être assainis énergé-   Rudolph Strahm, ancien Monsieur Prix, évoquait ré-
tiquement.                                              cemment la nécessité d’investir en Suisse un milliard de
                                                        francs de subventions pour couvrir 25% des investisse-
Cet assainissement immobilier constitue un très grand ments dans l’assainissement des immeubles et stimuler
potentiel de réduction de CO 2. Il permettrait à la ainsi l’économie. Cela est toujours nettement moins que
Suisse de mieux se placer aux regards des objectifs de les 66 milliards de francs pour sauver UBS.
Kyoto.
                                                        Après une bataille politique intense, le Parlement a
L’assainissement a également un énorme impact quant décidé lors de sa dernière session – plus précisément
à la réduction de la dépendance en matière d’éner- le vendredi 20 mars 2009 – d’affecter 200 millions de
gie fossile. En effet, les 1,5 million de bâtiments qui francs de la taxe CO2 à l’assainissement. Cela corres-
consomment entre 18 et 20 litres de mazout par m2 pond au total à 2 milliards sur 10 ans. Cela devrait
pourraient voir diminuer leur consommation à 6-7 li- générer 8 milliards de travaux.
tres par m2 en faisant des travaux de rénovation. Avec Il n’y a plus qu’à lancer les chantiers!
le standard Minergie, il serait même possible d’attein-
dre une consommation de 4 litres par m2.                  sommaire
Enfin, vu la tendance inexorable à la hausse du prix du     suisse
                                                            PAGE 03      Pourquoi le taux hypothécaire de référence
pétrole, l’assainissement énergétique réduit la facture                  ne baissse pas?
individuelle des charges de chauffage et eau chaude
du locataire. L’assainissement des bâtiments partici-       JurispruDence
                                                            PAGE 04      Le bailleur doit payer les toiles de tente usées
pe donc aussi à long terme à la garantie du pouvoir
d’achat des familles.                                       Fribourg
                                                            PAGE 05      Un état des lieux très cocasse
En Suisse, l’assainissement est d’une lenteur incroya-      VauD
ble. Son taux ne dépasse pas 1% pour les immeubles          PAGE 06      EVAM, un bailleur comme les autres, enfin presque!
d’habitation. Avec 3000 projets par an soutenus par la
Fondation climatique, il faudrait 500 ans pour réno-        Dossier
                                                            PAGES 08-11 L’amiante, fléau de nos immeubles
ver le parc immobilier helvétique!
                                                            genèVe
Certes, lors du premier paquet conjoncturel, le             PAGES 12-13 Le nouveau règlement de la gérance de la Ville
Parlement a augmenté les crédits fédéraux pour              Valais
l’assainissement de 14 à 100 millions de francs. Certes,    PAGE 14      Le Valais découvre la colocation
avec le mécanisme du doublement obligatoire du

2 – DROIT AU LOGEMENT – N° 189 AVRIL 2009
Le bailleur doit passer à la caisse - Droit au logement - Asloca
suisse
taux De réFérence et taux HypotHécaire, la DiFFérence

          Un puissant
          mécanisme de lissage
Alors que les taux hypothécaires ne cessent de
                                                                      C’est la proportion importante     mique, le lissage se fait sur une
dégringoler, le taux de référence applicable aux                      des hypothèques à taux fixe        baisse des taux.
loyers ne bouge pas d’un iota. Explications.                          qui est à l’origine de cet effet
                                                                      de lissage inattendu. En restant   LES VARIATIONS BRUSQUES
La chose était inimaginable il y   moyenne du taux de toutes les      valable pendant de long mois       Il apparaît que le mécanisme en
a seulement 24 mois. Les taux      hypothèques à taux variable et     ou pendant des années, les hy-     place depuis le 1er janvier 2008
directeurs fixés par les banques   à taux fixe de l’ensemble des      pothèques à taux fixe stabili-     brise de fait les conséquences
centrales – taux d’intérêt         instituts bancaires du pays.       sent ainsi le taux de référence,   négatives du lien entre les
pratiqué par les banques           Ce taux est publié une fois par    malgré la modification rapide      loyers et le taux hypothécaire. Il
centrales en faveur des banques    trimestre par l’Office fédéral     des taux variables. Le lissage     n’y a pas de variation brusque.
commerciales – plongent. Ainsi,    du logement (OFL). Il a été        que l’ASLOCA proposait dans        Cela étant, la contestation
la FED américaine, la BCE          publié la première fois le 1er     son initiative «loyers loyaux»     des hausses qui sont notifiées
européenne ou la BNS suisse,       septembre 2008 et s’élevait        n’aurait probablement pas fait     actuellement est une nécessité
toutes annoncent des taux          alors à 3,5%. Depuis cette date,   mieux. Le résultat après 9 mois    impérative. En effet, selon
directeurs se situant entre 0%     malgré la décrue généralisée des   de publication du taux de ré-      les circonstances, le locataire
et 0,5%. Emprunter de l’argent     taux, le taux de référence n’a     férence – en pleine crise ban-     peut solliciter un calcul de
à la Banque nationale suisse       pas bougé.                         caire et économique – aboutit      rendement de l’objet loué.
(BNS) ne coûtera bientôt plus                                         au maintien du taux à 3,5%.        Or ce calcul prend en compte
rien. Les banques commerciales     A CAUSE DES TAUX FIXES             La première baisse du taux de      les frais financiers effectifs
accordent     aujourd’hui    des   La moyenne pondérée des taux       référence pour les loyers, pour-   encourus par le propriétaire.
prêts hypothécaires avec des       d’intérêt variables et fixes des   rait survenir, même si de faible   Compte tenu de la faiblesse des
taux d’intérêts variables à        crédits hypothécaires, prise en    amplitude, en juin 2009. Alors     taux hypothécaires, cela peut
2,875% et fixes sur deux ans à     compte par l’OFL, génère un        même que le mécanisme était        aboutir au rejet de la hausse du
1,6% ou 1,7%. Cette sensible       puissant effet de lissage sur le   destiné à juguler les hausses      loyer.
décrue des taux hypothécaires      taux moyen qui sert de référen-    rapides des taux hypothécaires,                   Carlo Sommaruga
– qui pourrait être encore plus    ce pour la fixation des loyers.    avec la crise bancaire et écono-
importante si les banques le
voulaient vraiment – n’a plus
d’impact direct et immédiat sur
les loyers.

PAS D’IMPACT
SUR LES LOYERS
En effet, le 1er janvier 2008
est entrée en vigueur une
modification de l’ordonnance
sur le bail à loyer et le bail à
ferme (OBLF). Elle modifie
et uniformise pour toute la
Suisse le taux hypothécaire
de référence applicable aux
loyers. Fini le taux variable
des hypothèques en premier
rang pratiqué par les banques
cantonales qui montait et
descendait rapidement avec
un impact immédiat sur les
loyers. Le taux de référence est
calculé depuis 15 mois sur la

                                                                                        N° 189 AVRIL 2009 – DROIT AU LOGEMENT – 3
Le bailleur doit passer à la caisse - Droit au logement - Asloca
JurispruDence
le remplacement Des toiles De tente usées

          A la charge
          des propriétaires
Selon le Code des obligations et contrairement                           s’appliquent aux contrats de                      ler.» Pour que cette disposition
aux conditions générales de certaines gérances, le                       bail, à l’exception des immeu-                    soit conforme au droit fédéral,
                                                                         bles subventionnés. Chaque                        elle doit s’interpréter dans le
remplacement des toiles de tente en mauvais état                         régie rédige ses propres «règles                  sens que si l’immeuble n’est pas
sur les balcons et autres terrasses n’est pas à la                       et usages locatifs» qui sont tout                 pourvu de toiles de tente, alors
charge du locataire.                                                     sauf l’expression d’un usage.                     leur installation est à la charge
                                                                                                                           du locataire.
                                                                         RÈGLES ET USAGES                                  Cela est conforme au principe
Une légende urbaine bien répan-     louée et de l’entretenir en cet      Cela étant, les «conditions géné-                 qui veut que le locataire peut
due prétend que le remplace-        état (art. 256 CO).                  rales et règles et usages locatifs                demander des travaux d’entre-
ment des toiles de tente solaires                                        appliqués dans le canton de Ge-                   tien au bailleur, mais pas des
serait à la charge du locataire,    PRÉCISION VAUDOISE                   nève» pour les immeubles sub-                     travaux à plus-value comme des
même si elles ont été installées    Dans le canton de Vaud, à la         ventionnés sont cependant mal                     installations supplémentaires.
par le propriétaire. C’est ce que   suite d’un jugement du Tribunal      rédigés en ce qui concerne les                    En revanche, si l’immeuble est
répandent certaines régies en se    des baux du 22 septembre 1995,       toiles de tente. En effet, il y est               déjà pourvu de toiles de tente,
retranchant derrière des condi-     les règles et usages locatifs        indiqué à l’art. 48: «L’installa-                 alors leur entretien, voire leur
tions générales mal rédigées ou     (RULV) ont été modifiés, en ce       tion, l’entretien et le remplace-                 remplacement, est à la charge
tout simplement contraires au       sens que le bailleur a la charge     ment des toiles de tente sont à                   du bailleur.
Code des obligations. Celui-ci      du remplacement des toiles de        la charge des locataires qui doi-
prescrit en effet que le bailleur   tente «si les locaux loués en sont   vent s’en tenir au modèle et à la                 JUGEMENT GENEVOIS
est tenu de délivrer la chose       équipés» (art. 8 RULV 2008).         teinte choisie par le bailleur.                   C’est ce qu’a confirmé un récent
louée dans un état approprié        A Genève, il n’y a pas de condi-     Ce dernier ne peut toutefois                      jugement du Tribunal des baux
à l’usage pour lequel elle a été    tions générales obligatoires qui     obliger un locataire à en instal-                 et loyers de Genève du 14 jan-
                                                                                                                           vier 2009, qui a considéré que
                                                                                                                           l’art. 48 des conditions géné-
                                                                                                                           rales était nul au sens de l’art.
                                                                                                                           256 al. 2 CO et que, de toute
                                                                                                                           façon, il ne traduit pas l’expres-
                                                                                                                           sion d’un usage local au sens de
                                                                                                                           l’art. 259 CO.
                                                                                                                           Rappelons aussi que le change-
                                                                                                                           ment des toiles de tentes usées
                                                                                                                           n’est pas considéré comme un
                                                                                                                           des menus travaux à la charge
                                                                                                                           du locataire.
                                                                                                                           Reste aux bailleurs des immeu-
                                                                                                                           bles non subventionnés de mo-
                                                                                                                           difier leurs conditions générales
                                                                                                                           et leur pratique, afin qu’elles
                                                                                                                           soient en accord avec la loi.
                                                                                                                           Précisons encore que, selon la
                                                                                                                           tabelle d’amortissement des as-
                                                                                                                           sociations de bailleurs et de lo-
                                                                                                                           cataires de 2007, la durée de vie
                                                                                                                           d’une toile de tente en tissu est
                                                                                                                           de 15 ans (www.asloca.ch, infos
                                                                                                                           pratiques, tabelles).
                                                                                                                           Aux locataires de faire valoir
                                                                                                               verissimo

                                                                                                                           leurs droits avec l’aide de
                                                                                                                           l’ASLOCA.
A l’exemple du locataire de cet appartement, toute personne a le droit de demander le
remplacement de le toile de tente solaire de son balcon qui aurait subi les ravages du temps.                                               François Zutter

4 – DROIT AU LOGEMENT – N° 189 AVRIL 2009
Le bailleur doit passer à la caisse - Droit au logement - Asloca
Fribourg
Fin Du bail: les prétentions abusiVes D’un bailleur

           Un état des lieux
           des plus cocasses
La restitution des locaux à la fin du bail peut réserver de mauvaises surprises.
Dans le canton de Fribourg, une locataire en a fait l’étonnante expérience.
Heureusement, l’ASLOCA est intervenue.

                                                                                                                 bailleur, laquelle, selon le Re-
                                                                                                                 gistre de commerce, a pour but
                                                                                                                 l’exploitation de magasins d’hor-
                                                                                                                 logerie-bijouterie et la vente
                                                                                                                 d’articles de luxe! Conseillée
                                                                                                                 par l’ASLOCA, la locataire a
                                                                                                                 bien entendu refusé de s’acquit-
                                                                                                                 ter du montant réclamé.

                                                                                                                 EN CONCILIATION
                                                                                                                 Homme de parole, le bailleur
                                                                                                                 n’a pas tardé à saisir la Com-
                                                                                                                 mission de conciliation, devant
                                                                                                                 laquelle il a été cependant pas-
                                                                                                                 sablement malmené.
                                                                                                                 Soulignant le comportement in-
                                                                                                                 compréhensible et contradictoi-
                                                                                                                 re du bailleur, la locataire a fait
                                                                                                                 valoir l’impossibilité non fautive
                                                                                                                 (art.119 CO) de procéder au
                                                                                                                 nettoyage en raison du chantier.
                                                                                                                 Elle a également rappelé que
                                                                                                                 le bailleur ne peut réclamer de
                                                                                                                 dédommagement pour d’autres
                                                                                                                 postes que ceux figurant dans
                                                                                                                 l’état des lieux initial, qu’il avait
                                                                                                                 lui-même dressé et signé (les
Le récit de cette membre de          nettoyage qu’elle avait manda-        des travaux de nettoyage mais         conditions pour ce faire, soit un
l’ASLOCA à Fribourg démon-           tée, lorsque, arrivée sur les lieux   menace également de saisir le         avis de défaut dans les 2-3 jours
tre à quel point un bailleur peut    à la date et à l’heure convenues      «juge ou notaire» pour faire va-      suivant l’état de lieux de sortie
abuser de sa position. Ainsi         avec le bailleur, elle constate       loir de plus nombreux défauts.        ou défauts cachés, n’étant pas
dans son état des lieux de sortie,   que l’ensemble de l’apparte-                                                remplies en l’occurrence).
dressé et signé par le bailleur,     ment était en chantier pour ré-       7400 FRANCS À PAYER!
celui-ci a notamment réclamé         novation totale! Un rapide tour       Près d’un mois plus tard, la lo-      LE BAILLEUR
l’exécution de travaux de net-       des lieux a très vite confirmé        cataire reçoit un «décompte dé-       JETTE L’EPONGE
toyages supplémentaires. Pour        que tout nettoyage s’avérait          finitif» de l’état des lieux, où le   Mis sous pression, le bailleur a
l’ensemble des autres défauts        – totalement – inutile, voire         bailleur lui réclame un montant       finalement dû se résoudre à ac-
relevés, la locataire a admis un     impossible. Immédiatement             de 7400 francs!                       cepter un montant pour solde
dédommagement à hauteur de           contacté par téléphone, le            L’occasion a été saisie de faire      de tout compte de 1700 francs,
1200 francs.                         bailleur ne démord pas.               lourdement participer la locatai-     la locataire ayant jugé préféra-
Par gain de paix, elle a égale-      Selon lui, la locataire doit «se      re aux frais des travaux de réno-     ble d’augmenter sa participa-
ment été d’accord de mandater        débrouiller» pour procéder au         vation en lui facturant quelque       tion de 500 francs que de voir la
une entreprise de nettoyage.         nettoyage. Elle n’en tient pas        50 heures de nettoyage. Détail        procédure s’allonger.
                                     compte. Mais le lendemain,            piquant: 29 heures de nettoya-        Cela d’autant que la somme
EN CHANTIER                          elle reçoit une lettre du bailleur    ge et 6 heures de «conduite de        consentie était très loin des
Quelle n’a pas été sa stupeur        dans laquelle il persiste non seu-    chantier» ont été facturées par       7400 francs réclamés.
ainsi que celle de l’entreprise de   lement à demander l’exécution         le biais de la propre société du                      Caroline Wiman

                                                                                              N° 189 AVRIL 2009 – DROIT AU LOGEMENT – 5
VauD
asile et logement

           Ne pas
           se tromper de cible
Pour loger des requérants d’asile dans des                              Difficile de faire le bonheur de                   quel bailleur de la place. Dans
                                                                        Pierre sur le dos de Paul. Tou-                    la presse, on pouvait lire qu’il
immeubles appartenant à l’Etat, l’Etablissement
                                                                        tefois n’accusons pas les requé-                   ne s’était pas opposé à des de-
vaudois d’accueil des migrants (EVAM) doit                              rants d’asile de tous les maux                     mandes de prolongations de
résilier le bail de locataires. Tensions garanties.                     et n’en faisons pas des boucs                      bail formulées par les locatai-
                                                                        émissaires. Ce ne sont pas eux                     res. Mais derrière cette ouver-
Dans le dernier «Droit au loge-      congé est toujours déstabilisant   les responsables de cette situa-                   ture de façade, voire de magna-
ment», nous vous avons parlé         et lourd de conséquences, il       tion.                                              nimité, il n’y a en réalité que le
du fiasco de la politique de         est affligeant de constater que    Cela étant, il convient de rappe-                  simple respect de la loi!
Blocher en matière d’asile en        certains courriers aient eu un     ler que l’ASLOCA défend tous
constatant que les requérants        relent nauséabond. N’ayons pas     les locataires quelle que soit la                  BRAS ARMÉ DE L’ETAT
d’asile sont toujours plus mal       peur d’appeler un chat un chat     couleur de leur peau ou de leur                    Il ne faut cependant pas oublier
logés. Cette analyse colle par-      mais ne nous trompons pas de       passeport et que notre associa-                    que l’EVAM est le bras armé
faitement à la réalité vaudoise.     cible.                             tion était aux côtés des loca-                     de l’Etat et qu’il a pour mission
Ces derniers temps, des locatai-                                        taires chassés afin de les aider                   d’héberger et d’assister les re-
res se sont plaints à l’ASLOCA       INACCEPTABLE                       à faire valoir leurs droits face                   quérants d’asile. Depuis 2006,
de devoir quitter leur logement      Chasser des locataires ou récu-    à leur bailleur, en l’occurrence                   le nombre de lieux d’accueil et
pour laisser la place à des re-      pérer des logements occupés        l’établissement vaudois d’ac-                      de logements pour requérants
quérants d’asile. A qui la faute?    par des réfugiés ayant obtenu      cueil des migrants (EVAM).                         a été réduit et l’Etat a laissé à
A la politique fédérale sur l’asi-   un permis pour loger un requé-     Bien que l’action de l’EVAM se                     l’EVAM, propriétaire d’immeu-
le mise sur pied par Blocher qui     rant d’asile est inacceptable et   fonde sur des valeurs éthiques                     bles, mettre en location des
ne peut pas s’adapter à la poli-     ce d’autant plus que la pénurie    fondamentales, force est de                        appartements non occupés. On
tique vaudoise du logement.          en logements règne et que la si-   constater qu’en l’occurrence il                    peut le comprendre économi-
Il n’empêche. Si recevoir son        tuation économique se dégrade.     se comporte comme n’importe                        quement mais c’est irrespon-
                                                                                                                           sable si l’on considère que le
                                                                                                                           nombre de requérants d’asile
                                                                                                                           ne peut être une donnée sta-
                                                                                                                           ble et peut varier rapidement.
                                                                                                                           Ce qui est le cas aujourd’hui
                                                                                                                           puisque l’on observe une im-
                                                                                                                           portante augmentation du
                                                                                                                           nombre de réfugiés. Résultat:
                                                                                                                           L’EVAM pare au plus pressé
                                                                                                                           et doit bien sûr résilier des
                                                                                                                           baux pour remplir sa mission
                                                                                                                           et loger de nouveaux arrivants.
                                                                                                                           Partant du principe que l’on ne
                                                                                                                           fait pas d’omelettes sans casser
                                                                                                                           des œufs, l’Etat nous dit qu’il
                                                                                                                           n’a pas le choix et se lave les
                                                                                                                           mains de ce qui peut arriver à
                                                                                                                           ceux qui sont victimes de cette
                                                                                                                           incurie.
                                                                                                                           On aurait cependant pu atten-
                                                                                                                           dre de l’Etat qu’il aide – au
                                                                                                        Hélène Becquelin

                                                                                                                           moins – au relogement des per-
                                                                                                                           sonnes expulsées.
                                                                                                                                        Anne Baehler Bech

6 – DROIT AU LOGEMENT – N° 189 AVRIL 2009
VauD
politiQue Du logement

          Victoire
          pour les locataires!
Grâce à la pugnacité
des députés verts,
socialistes et de A
gauche toute!, alliés à
l’ASLOCA, deux lois
fondamentales du droit
du logement vaudois,
ont résisté aux attaques
de la droite. Récit.
En matière de politique du lo-
gement si tout le monde admet
que la situation actuelle dans
le canton de Vaud n’est pas
satisfaisante, le consensus s’ar-
rête là. Au sein des députés du
Grand Conseil, les avis diver-
gent en effet fortement quant
aux moyens à adopter pour y
remédier. Ainsi les représen-
tants des milieux immobiliers,
surfant encore sur la vague
néo-libérale, sont d’avis que le
cadre législatif en vigueur dans
notre canton est responsable de     des logements correspondant         également opposée au contre-         écartant définitivement le
la situation actuelle – pénurie     aux besoins prépondérants           projet proposé par le Conseil        contre-projet. La volonté de la
de logements, loyers excessifs –    de la population vaudoise, en       d’Etat instaurant une nouvelle       gauche, ainsi clairement ma-
et que le démanteler favorisera     soumettant les transformations      loi sur le parc locatif vaudois      nifestée, était de s’acheminer
le retour à un marché du loge-      d’immeubles à autorisation du       car malgré le fait que le Conseil    vers un référendum afin que
ment équilibré.                     Service cantonal du logement        d’Etat était conscient de la né-     le peuple décide. Surprise par
                                    afin d’empêcher les rénovations     cessité de maintenir un parc         cette façon de faire et conscien-
MAINTIEN DE LA LOI                  disproportionnées (LDTR) et         locatif attractif pour tous les      te qu’elle risquait de perdre la
Une tentative en ce sens vient      en soumettant également les         habitants du canton, les dispo-      partie devant le peuple, la droi-
d’échouer devant le Grand           ventes d’appartements loués à       sitions proposées étaient telle-     te a préféré battre en retraite.
Conseil. Grâce à la détermina-      autorisation du Service canto-      ment minimalistes qu’elles ne        Au cours du deuxième débat,
tion des députés verts, socia-      nal du logement afin de les li-     répondaient plus aux objectifs       la motion a été définitivement
listes et de A gauche toute!,       miter (LAAL).                       visés.                               rejetée et classée.
alliés à l’ASLOCA, la droite        Les défenseurs des locataires se                                         Belle victoire pour les locatai-
du Grand Conseil, pourtant          sont opposés à l’abrogation de      STRATÉGIE POLITIQUE                  res vaudois qui voient s‘écarter
majoritaire, n’a pas réussi à       ces lois, considérant que celles-   Devant cette situation cala-         la menace d’un démantèle-
faire abroger les deux lois, dont   ci devaient être – au minimum       miteuse et refusant de choisir       ment du cadre législatif mais
nous avons plusieurs fois parlé     – maintenues dans leur forme        entre la peste et le choléra, les    s’éloigner seulement puisque
dans ces colonnes, soit la loi      actuelle car elles instaurent une   roses-rouges-verts se sont abs-      les représentants des milieux
sur les transformations, démo-      procédure nécessaire de sur-        tenus en premier débat lorsqu’il     immobiliers ne désarment pas.
litions et rénovations d’immeu-     veillance du marché immobi-         s’est agi d’opter entre le contre-   Une nouvelle motion a déjà été
bles (LDTR) et la loi sur l’alié-   lier. Pour l’ASLOCA, elles ont      projet du Conseil d’Etat et la       déposée, visant exactement les
nation des appartements loués       un effet préventif indéniable et    motion demandant l’abrogation        mêmes objectifs que la pre-
(LAAL). Vous le savez, ces          sont des gardes–fous indispen-      des deux lois.                       mière. Mais l’ASLOCA veille
deux lois visent à préserver et à   sables pour prévenir les abus et    Résultat: c’est la motion abo-       au grain.
maintenir sur le marché locatif     la spéculation. La gauche s’est     litionniste qui a été adoptée,                    Anne Baehler Bech

                                                                                           N° 189 AVRIL 2009 – DROIT AU LOGEMENT – 7
le Dossier
Fléau De nos immeubles

         L’amiante, toujours là,
Faute d’une politique offensive face aux dangers de cette substance volatile,
                                                                                                                      si vous avez des doutes...
des gens meurent encore pour avoir inhalé des fibres. Depuis janvier 2009,                                            L’Office fédéral de la santé
les exigences fédérales se resserrent. Enfin! Le point de la situation.                                               publique www.bag.admin. ch
                                                                                                                      (tapez: thèmes, produits chimiques
                                                                                                                      de A à Z) propose des brochures
                                                                                                                      et les adresses des laboratoires
                                                                                                                      spécialisés dans l’amiante, gérés
                                                                                                                      par la SUvA.

                                                                                                                     gers – évidents et malins – de
                                                                                                                     l’amiante. Mais cela ne suffit pas.
                                                                                                                     Toujours pas. On continue en
                                                                                                                     effet à en extraire, selon Maria
                                                                                                                     Roselli, «2,2 à 2,4 millions de
                                                                                                                     tonnes par an dans le monde».
                                                                                                                     En réalité, ces dernières années,
                                                                                                                     bien que des pays comme le Ca-
                                                                                                                     nada, les Etats-Unis et le Japon
                                                                                                                     ont réduit leur production, il n’y
                                                                                                                     a pas eu de réelle diminution au
                                                                                                                     niveau mondial, juste un trans-
                                                                                                                     fert vers d’autres pays.

                                                                                                                     ET EN SUISSE
                                                                                                                DR

L’amiante est un matériau dangereux, mais certaines de ses formes, comme le fibrociment de ce                        «Depuis 1989, l’amiante est glo-
toit le devient lorsqu’il se détériore et libère dans l’air ambiant des fibres microscopiques.                       balement interdit en Suisse», dé-
                                                                                                                     clare l’Office fédéral de la santé
Il est là, tapi aux creux de nos      industriellement depuis le début       immobilière à l’attention des           publique (OFSP). Ce «globale-
cloisons, à l’intérieur du mastic     du siècle passé, l’amiante a pu        propriétaires, il illustre lui aussi    ment» désigne la pointe de l’ice-
de nos catelles, des joints, des      se nicher n’importe où à l’in-         que ce sujet reste préoccupant          berg et montre bien l’ampleur du
revêtements, de l’isolation de        térieur comme à l’extérieur de         sur bien des aspects pour les           problème. Ce n’est d’ailleurs que
nos tuyaux, de nos crépis, de nos     nos habitations, surtout celles        spécialistes de l’immobilier et         20 ans plus tard (sic!), plus pré-
peintures, de nos faux plafonds,      construites entre 1950 et 1970.        de la construction.                     cisément en juillet 2008, que le
de nos bacs à fleurs,… Exploité       Un véritable fléau qui n’a                                                     Conseil fédéral procède à l’adap-
                                      cessé de faire des victimes.           UN SI LONG PROCESSUS                    tation de l’ordonnance sur les tra-
 Deux sortes                          Aujourd’hui encore. Deux livres        Aujourd’hui, plus aucun indus-          vaux de construction en rapport
 d’expositions à l’amiante            récents nous apportent la preuve       triel, ni aucune autorité natio-        avec cette substance particulière-
                                      que cette substance «mortelle»         nale ne peut ignorer les dan-           ment dangereuse pour la santé.
 • L’exposition active des ouvriers   reste d’une actualité brûlante.
 et des ouvrières travaillant dans    Entre témoignages poignants              Juridiquement…
 les carrières d’amiante et les       des victimes ou de leurs pro-            Aucune norme n’oblige le propriétaire à effectuer une détection
 usines de transformation ou des      ches, mauvaise foi stratégique           d’amiante. Mais sa responsabilité peut être engagée en cas de
 personnes vivant à proximité.        des industriels et politique de          location du bien immobilier. D’autant que l’obligation générale
 • L’exposition passive des per-      l’autruche des autorités suisses,        du bailleur comprend celle d’assurer la sécurité, en particulier
 sonnes vivant ou travaillant         la journaliste Maria Roselli bros-       physique, du locataire. Le propriétaire doit donc en conséquence
 dans un lieu où l’air est pollué     se le tableau de cette triste réali-     prendre d’office toutes les mesures nécessaires (détection et as-
 par des fibres d’amiante sous        té de manière édifiante (lire son        sainissement) pour que le locataire dispose d’un local approprié à
 l’effet du vieillissement des ma-    interview en page 10). Quant au
 tériaux qui en contiennent.                                                   l’usage pour lequel il est loué, sans risque pour sa santé physique.
                                      guide de La Chambre vaudoise

8 – DROIT AU LOGEMENT – N° 189 AVRIL 2009
tue… à retardement!
Entrée en vigueur en janvier
de cette année, la loi exige do-
rénavant de «déterminer avant
le début des travaux si l’on
doit s’attendre à la présence
d’amiante». Il était temps.
D’autant que cette exigence
n’exclut pas d’autres cas d’expo-
sition à l’amiante. Il suffit qu’un
faux plafond se détache pour li-
bérer des poussières d’amiante.
L’actualité de ces dernières an-
nées ne manque pas d’exemples
à ce sujet partout en Suisse. On
se souvient notamment du cas
de ces deux personnes du cycle
d’orientation du Foron à Ge-
nève, des six collaborateurs du
CHUV qui ont travaillé dans
une ancienne chaufferie du site
de Cery ou encore de ces en-
fants qui ont fréquenté la crèche
Les Chaudoudoux à Porrentruy
aux plafonds bourrés de fibres
d’amiante.
              Claire-Lise Genoud

«Le propriétaire et la question de
l’amiante», éd. Propriétaires services
(Chambre vaud. immobilière/août 08)

          Si bon marché, si bon à tout faire, si mortel!
  Substance minérale fibreuse,           substance qui fait aujourd’hui          En résumé, l’amiante aurait pu      s’installent alors dans les pou-
  l’amiante est extrait des miné-        tant de ravages?                        être un matériau idéal, d’autant    mons puis migrent à l’intérieur
  raux qui le contiennent avant          • Il ne brûle qu’à partir de 1000       qu’il représentait un excellent     des tissus pulmonaires. Très
  d’être mélangé à des matériaux         degrés Celsius, ce qui en fait une      rapport qualité-prix. Sauf que…     résistantes – on connaît leurs
  composites comme le ciment.            protection indiscutable contre les      il est particulièrement dange-      caractéristiques – elles ne se
  Le guide pratique «Le proprié-         incendies.                              reux et responsable d’un nom-       laissent pas éliminer par l’orga-
  taire et la question de l’amian-       • Il est peu réverbérant, ce qui per-   bre incalculable de décès à         nisme et stagnent dans les tissus.
  te», explique également que les        met des corrections acoustiques.        retardement.                        Petit à petit, elles provoquent de
  Egyptiens de l’Antiquité y enve-       • Il présente une faible conduc-        Son effet toxique ne se révèle      nombreuses lésions qui finissent
  loppaient leurs pharaons morts         tibilité thermique et électrique,       que des années plus tard pour       par des réactions inflammatoi-
  et que son utilisation indus-          ce qui favorise l’isolation.            la simple raison que les fibres     res, des dégénérescences des
  trielle n’a débuté dans le monde       • Il résiste aux acides et pos-         d’amiante inhalées sont si fines,   cellules et le développement de
  qu’au début du 19e siècle. Les         sède également une excellente           qu’elles ne sont pas filtrées par   cancers des poumons ou de la
  avantages évidents de cette            résistance à l’usure.                   nos voies respiratoires. Elles      plèvre (appelé mésothéliome).

                                                                                                    N° 189 AVRIL 2009 – DROIT AU LOGEMENT – 9
le Dossier
le Fléau De nos immeubles

           «Si quelques politiciens

Italienne d’origine, Maria Roselli, 46 ans, journa-                            Qu’en est-il aujourd’hui des         fournir ces renseignements. Ils
                                                                               renseignements que vous avez         ont fait traîner l’affaire. Mais le
liste indépendante, vit depuis des années à Zurich.                            pu récolter à l’époque?              procès va bel et bien avoir lieu.
Elle a publié en septembre 2008 un livre qui re-                               A la même époque, une plainte        Il commence le 6 avril à Turin.
late son enquête sur l’amiante et ses ravages, plus                            a été déposée par l’Association      Malheureusement, à l’heure
                                                                               des victimes de l’amiante de         actuelle, nous ne savons pas si
particulièrement en Suisse et en Italie, deux pays                             Casale Monferrato, petite ville      l’aspect suisse sera également
qu’elle connaît bien. Véritable référence dans la                              proche de Turin qui a abrité         pris en considération par ce tri-
lutte contre l’utilisation industrielle de cette subs-                         une usine d’amiante-ciment, la       bunal de Turin.
                                                                               « fabbrica della morte », l’usine
tance cancérigène et dangereuse pour la santé, son                             de la mort comme l’appellent         Il n’y a pas jamais eu de plainte
livre apporte également des témoignages des victi-                             les gens de la région et qui ap-     contre Eternit SA en Suisse?
mes ou de leurs proches dont le nombre ne cesse                                partenait de 1973 jusqu’à sa         Si, mais le Tribunal fédéral a
                                                                               faillite en 1986 au Suisse Ste-      conclu qu’il ne pouvait pas y
d’augmenter en raison des importants temps de la-                              phan Schmidheiny, le proprié-        avoir de suivi pénal en raison du
tence des cancers qu’elle provoque. Interview.                                 taire de la société Eternit SA en    délai de prescription qui s’étend
                                                                               Suisse. Dans cette petite ville de   de 10 à 15 ans concernant la
Comment vous est venu l’idée          compte qu’un grand nombre de             37’000 habitants, 25 personnes       responsabilité des entreprises.
de vous intéresser à l’amiante?       personnes décédées d’un cancer           meurent chaque année de méso-        Comme les plaintes datent de
Maria Roselli. En 2002, alors         dans le Frioul (région de forte          théliome et ce nombre devrait        2006, c’est trop tard. Peut-être
que je travaillais pour Work,         émigration) avaient succombé             doubler d’ici à 2020. Le juge        y aura-t-il tout de même un ju-
le journal du syndicat Unia,          à un cancer du poumon, le mé-            Raffaele Guariniello qui s’est       gement civil ?
nous avons reçu une demande           sothéliome, et qu’elles avaient          emparé de l’affaire, en a pro-
de la Confédération des tra-          toutes travaillé dans l’usine            fité pour demander à la Suisse       Que pensez-vous de la politique
vailleurs italiens (CGIL) qui         Eternit à Niederurnen dans le            de lui fournir les dossiers mé-      suisse au sujet de l’amiante?
cherchait des renseignements          canton de Glaris. C’est à ce mo-         dicaux des ouvriers italiens qui     A mon avis, les autorités suisses
sur les conditions de travail des     ment-là que j’ai eu l’opportunité        avaient travaillé dans l’usine de    ont hésité trop longtemps avant
ouvriers de l’amiante pour le         de commencer à m’intéresser à            Niederurnen. Ni la société Eter-     d’interdire l’amiante. On savait
compte d’un médecin italien.          ce sujet. J’y ai travaillé et j’ai en-   nit SA, ni la SUVA n’ont voulu,      déjà en 1940 qu’il était cancé-
Ce dernier s’était en effet rendu     quêté durant plus de cinq ans.           dans un premier temps, lui           rigène. Et puis l’amiante n’a été

          On parle souvent de déflocage
  L’amiante floqué est un enche-      en béton. On peut également
  vêtrement de fibres souvent mé-     le trouver sur des plafonds de
  langé à des fibres minérales syn-   parking, salles de spectacle, de
  thétiques. Mouillé et parfois lié   sport, etc.
  au moyen de colles, ce mélange      En Suisse, cette technique a été
  est appliqué par projection sur     utilisée durant une quarantaine
  les parois et structures.           d’années, jusqu’en 1972 ou
  Très friable, il permettait néan-   1976. Selon Maria Roselli, «les
  moins de protéger les bâtiments     autorités n’ont jamais interdit
  contre le feu tout en assurant      ces flocages...» Aujourd’hui,
  une fonction de correction          certaines entreprises de flocage
  acoustique. C’est la raison         se sont reconverties en entrepri-
  pour laquelle, on le retrouve       ses d’assainissement. Histoire
  essentiellement sur des struc-      de faire valoir leurs connaissan-
  tures porteuses métalliques ou      ces de ce domaine... épineux!
                                                                                                                                                      DR

                                                                               Depuis longtemps, l’usine Eternit de Payerne n’a plus d’amiante.

10 – DROIT AU LOGEMENT – N° 189 AVRIL 2009
empoignaient le sujet...»

                                                                                                                    3,7 tonnes d’amiante
                                                                                                                    importées en suisse

                                                                                                                    Selon Maria Roselli qui a
                                                                                                                    longuement enquêté sur le
                                                                                                                    sujet, «on utilise encore de
                                                                                                                    l’amiante dans les usines en
                                                                                                                    Suisse, mais pas à la fabri-
                                                                                                                    cation proprement dite des
                                                                                                                    produits». Ainsi, malgré
                                                                                                                    l’interdiction officielle datant
                                                                                                                    de 1994, la Suisse, en 2007,
                                                                                                                    a encore importé «3,4 tonnes
                                                                                                                    d’amiante, 4,4 tonnes
                                                                                                                    de produits contenant de
                                                                                                                    l’amiante, 4803 tonnes
                                                                                                                    d’ouvrages en amiante-
                                                                                                                    ciment, cellulose-ciment ou
                                                                                                                    similaires et 146 tonnes de
                                                                                                                    garnitures de friction pouvant
                                                                                                                    contenir de l’amiante».
                                                                                                                    Il faut dire aussi que ce ma-
                                                                                                                    tériau a tellement été présenté
                                                                                                               DR

                                                                                                                    comme «la fibre aux milles
La journaliste Maria Roselli n’a pas hésité à faire réaliser des tests d’amiante dans son bureau.                   possibilités». A sa grande
                                                                                                                    époque, au milieu du xxe
classé dans la liste des produits    Que peut-on faire?                   Avez-vous peur de l’amiante?              siècle, plus de 3000 produits
toxiques qu’en 1985.                 Si seulement quelques politi-        Les plus gros risques provien-            en contenaient. La fibre était
                                     ciens empoignaient le sujet! Il      nent d’une exposition longue à            présente au quotidien dans
Comment l’expliquez-vous?            y a eu plusieurs tentatives ces      un matériau qui laisse échapper           tous les foyers suisses. Elle
Le lobbying de l’amiante a tou-      dernières années, notamment la       de la poussière. Mais je dois             servait en effet d’isolant dans
jours été très puissant. On a des    création d’un fond pour les vic-     vous avouer que j’ai tout de              les grilles-pain, les foehns,
preuves qu’il a fait pression sur    times de l’amiante, mais aucune      même fait analyser mon bureau,            les planches à repasser.
l’Office fédéral de la santé à ce    n’a pu être présentée au Parle-      j’avais des doutes. Heureuse-             On l’aurait même mis dans
sujet. Ils argumentaient en di-      ment.                                ment les résultats étaient néga-          le dentifrice pour son effet
sant que ce n’était pas l’amiante                                         tifs.                                     abrasif. Maria Roselli affirme
qui était dangereuse mais sa         Les victimes de l’amiante sont                                                 qu’en Suisse, dans une mai-
poussière et que la poussière        essentiellement des anciens          Cela vous a coûté cher?                   son sur deux, les tableaux
n’est pas un produit industriel...   ouvriers...                          Non, je pense 150 à 200 francs.           électriques contiennent tou-
Lorsqu’il a été question de met-     On ne peut pas dire cela car il      A l’époque, c’était le laboratoire        jours de l’amiante.
tre le symbole de la tête de mort,   n’existe aucune statistique à        Empa qui avait réalisé les tests,         En revanche, «sous la pres-
ils ont argumenté que ce n’était     ce sujet. On sait en revanche        aujourd’hui, ce sont des labora-          sion de l’opinion publique,
pas un produit vendu au grand        que beaucoup de femmes tra-          toires privés. Il doit y en avoir         les Etats-Unis ont totalement
public, que, seules, leurs usines    vaillaient également dans ces        une vingtaine en Suisse.                  renoncé à la production
les utilisaient et qu’en tant que    usines. Et on constate de plus                                                 d’amiante (mais non aux
spécialistes, ils n’avaient pas      en plus de cas de cancer de                           Propos recueillis        importations et à la vente)».
besoin de ce genre d’indication.     l’amiante auprès des popula-                   par Claire-Lise Genoud          Dans les pays de l’Union eu-
D’ailleurs aujourd’hui encore et     tions vivant à proximité des usi-                                              ropéenne, l’interdiction est
partout dans le monde, l’amiante     nes, comme c’est le cas de Mar-                                                générale depuis le 1er janvier
                                                                          «Amiante & Eternit, fortunes et
reste signalée avec un simple «a»    cel Jann qui vivait, étant enfant,   forfaitures» de Maria Roselli,            2005 seulement.
et non pas avec une tête de mort.    près de celle de Niederurnen.        aux éditions d’En bas (sept. 2008)

                                                                                              N° 189 AVRIL 2009 – DROIT AU LOGEMENT – 11
genèVe
la gérance immobilière municipale

           La Ville veut mener
           une politique sociale
Adopté par le Conseil municipal en février dernier,                                                                le système d’aide personnalisée
le nouveau règlement de la Ville de Genève, fruit d’un long travail,                                               et le remplace par un méca-
                                                                                                                   nisme de loyer calculé selon le
vise à atteindre une meilleure affectation de son parc immobilier.                                                 taux d’effort. Cette distinction
Les prix pratiqués sur le marché       (aide personnalisée) calculée en     situation financière s’est amélio-     d’apparence purement formelle
locatif genevois portent gra-          fonction des revenus de ceux-ci      rée depuis la conclusion du bail,      présente cependant une plus
vement atteinte au droit des           (taux d’effort) et du nombre de      n’est pas tenu d’en informer la        grande transparence. Le locatai-
personnes à disposer d’un toit.        personnes qui occupent le loge-      GIM. Il va donc payer un loyer         re sera en effet tenu de commu-
Pour répondre aux besoins de           ment (taux d’occupation). Cette      dit réel, calculé selon une mé-        niquer à la GIM l’évolution de
ceux qui ne peuvent assumer les        aide financière vient en déduc-      thode propre à la GIM. Le pro-         sa situation financière, puisque
loyers exigés par le privé, la Ville   tion du loyer.                       blème tient toutefois au fait que      celle-ci détermine le montant de
de Genève œuvre pour fournir                                                ce locataire continue à occuper        son loyer. Et il ne pourra ainsi
des logements à caractère so-          SYSTÈME PEU SATISAISANT              un logement social, alors que sa       plus se soustraire à son de-
cial. La municipalité possède à        Le système actuel s’est montré       situation financière lui permet-       voir d’annonce en renonçant à
cet effet un parc immobilier de        insatisfaisant. Il appelait une      trait de trouver un appartement        l’aide personnalisée. La fixation
383 immeubles correspondant à          refonte pour permettre à la          sur le marché privé.                   du loyer selon un taux d’effort
5388 logements gérés par la Gé-        GIM de continuer à remplir sa                                               offre en outre l’avantage de ne
rance immobilière municipale           mission de service public. Fruit     LE TAUX D’EFFORT                       pas être soumis à l’impôt, ce qui
(GIM).                                 d’un long travail, le nouveau        Aujourd’hui, selon la Ville, 47%       ne serait pas le cas de l’aide per-
                                       règlement a été adopté par le        de ses locataires se trouvent          sonnalisée.
DES RÉGIMES DISTINCTS                  Conseil municipal le 18 février      dans cette situation, ce qui met
Jusqu’à présent, cinq règle-           2009. La logique des logements       sérieusement à mal sa capacité à       LE TAUX D’OCCUPATION
ments intégrés aux baux fixent         à caractère social se heurte à       fournir à la population des ap-        Concernant le taux d’occupa-
les conditions de location de          deux problèmes: d’une part, la       partements à caractère social.         tion, il faut en premier lieu re-
ces logements. Les locataires de       diminution du nombre de per-         Le nouveau règlement a pour            lever que le nouveau règlement,
la GIM sont ainsi soumis à des         sonnes occupant le logement          objectif d’inciter les locataires      à la demande de l’ASLOCA, est
régimes distincts en fonction de       (sous-occupation) et d’autre         disposant de moyens suffisants         plus généreux que ses prédé-
l’année de conclusion du contrat       part l’augmentation substan-         à restituer le logement social         cesseurs en permettant d’attri-
et du règlement alors en vigueur.      tielle des revenus des occu-         auquel ils n’ont plus droit, et de     buer des logements de 2 pièces
Ces cinq règlements prévoient          pants. Avec les régimes actuels,     parer à la sous-occupation. Pour       de plus que le nombre d’occu-
que la Ville peut accorder à           le locataire qui ne sollicite plus   répondre au premier but fixé,          pants. Cette règle souffre une
ses locataires une subvention          l’aide personnalisée parce que sa    le nouveau règlement supprime          exception pour les couples qui

                                        «Certains subiront une majoration»
                                        aujourd’hui       la     moitié     moitié des locataires dont le revenu   solution de relogement. Bien
                                        des locataires de la Ville          est aujourd’hui inconnu de la          entendu ils disposeront de tous
                                        ne perçoit plus d’aide              Gérance immobilière municipale.        les droits que leur confère le
                                        personnalisée compte tenu           Lorsque le nouveau règlement leur      Code des obligations. Les cas
                                        de l’augmentation de leurs          sera appliqué, ces ménages devront     particuliers seront examinés
                                        revenus. Que comptez-vous           nous fournir ces données. Certains     avec humanité. S’ajoute que le
                                        faire pour cette situation ne       verront alors leur loyer réduit.       processus se fera sur la durée. Il
DR

  Conseillère administrative en         réduise pas à néant la mission      D’autres subiront une majoration.      n’y aura pas de révolution dans
  charge du logement, Sandrine          de la gim?                          Un petit nombre d’entre eux, dont      les pratiques de la ville mais une
  Salerno va devoir appliquer le        sandrine salerno. Le parc de        les revenus sont confortables,         évolution au service d’un but
  nouveau règlement.                    la ville de Genève comporte pour    seront incités à chercher une          éminemment social.

12 – DROIT AU LOGEMENT – N° 189 AVRIL 2009
ne peuvent obtenir qu’un 3 piè-
ces. En contrepartie, si le taux
d’occupation n’est pas respecté,
le règlement prévoit une majora-
tion de loyer de 25% par pièce
excédentaire. A cette mesure
peut s’ajouter la résiliation du
bail. En cas de congé motivé par
la sous-occupation, la GIM doit
toutefois s’efforcer de propo-
ser une solution de relogement
adaptée à la nouvelle situation
du locataire en cause. Animé du
même souci que celui rappelé
plus haut, le règlement n’admet
la sous-location qu’avec une
extrême retenue. Cela pourrait
s’avérer contraire au Code des
obligations.
Le choix des autorités munici-
pales de recentrer l’activité de la
GIM autour du logement social
est à saluer. La pénurie de loge-
ment frappe en effet de manière       Les locataires des immeubles de la ville vont devoir présenter leurs revenus régulièrement.
particulièrement violente les
personnes à bas revenus. Il faut      ainsi répondre notamment aux          venu confortable. D’autre part,      spéculation, la Ville de Genève
dès lors espérer qu’en orientant      besoins urgents des personnes         le parc immobilier de la Ville       doit mener une véritable politi-
ses locataires à hauts revenus        évacuées de leur logement. Tou-       est insuffisant. Il ne correspond    que de construction et d’acqui-
vers le marché locatif privé,         tefois deux bémols s’imposent.        qu’aux 5% des logements exis-        sition d’immeubles, en usant no-
la Ville de Genève diminue de         D’une part, dans le contexte de       tant sur le territoire de la com-    tamment du droit de préemption
façon significative la durée d’at-    pénurie actuelle, il est difficile    mune. Pour peser réellement sur      que lui confère la loi.
tente des candidatures et puisse      de se reloger, même avec un re-       le marché locatif gangrené par la                 Christian D’Andrès

  le nouveau règlement prévoit         toute hypothèse limitée par le       En période de pénurie, il           admises par le Code des
  que les loyers des locataires        Code des obligations. En outre,      incombe aux collectivités de        obligations, un loyer dépendant
  en sous-occupation pourront          nous favoriserons les échanges       réserver les appartements           du revenu du groupe familial
  être majorés de 25 à 75%.            d’appartements à de bonnes           qu’elles    détiennent       aux    concerné. La municipalité veut
  comment allez-vous appliquer         conditions, et cela dans la mesure   personnes et aux familles qui       aussi éviter que les aides qu’elle
  cette nouvelle donne aux             du possible.                         en ont le plus besoin. Cet          prodigue à ses locataires ne
  locataires en place?                                                      objectif peut être atteint en       génèrent des impôts sur le
                                       Quels sont les principaux enjeux     déterminant des priorités dans      revenu.
  Le locataire en sous-occupation      de ce nouveau règlement que          l’octroi des appartements, en       Cela a de l’importance pour
  verra      effectivement    son      vous allez devoir appliquer?         fixant un taux d’occupation         les ménages dont le budget est
  loyer majoré. Toutefois ces                                               des logements (rapport entre        déjà très serré.
  augmentations de loyer resteront     Le nouveau règlement vise à          le nombre de personnes et le
  raisonnables, la marge de            mettre en place une véritable        nombre de pièces du logement)                      Propos recueillis
  manœuvre de la ville étant en        politique sociale du logement.       et en prévoyant, dans les limites            par Christian D’Andrès

                                                                                              N° 189 AVRIL 2009 – DROIT AU LOGEMENT – 13
Valais
nouVelle tenDance Dans l’usage Du logement

          La colocation gagne
          du terrain en Valais
Mode de vie traditionnellement en vogue dans                            les personnes seules qui voient     avantages. Le plus significatif
le milieu urbain et surtout universitaire, la                           l’offre de logements pouvant        reste la possibilité de disposer
                                                                        leur convenir fortement réduite.    d’un logement de grande
colocation fait ses premiers pas dans le canton.                        Parallèlement, de nombreux          surface, avec toutes ses com-
                                                                        appartements de taille supérieure   modités, tout en payant une
Le partage d’un même logement       • La hausse constante du prix       se retrouvent sur le marché et      part de loyer souvent inférieure
a depuis toujours été très          des loyers. Même dans notre         conviennent bien à la colocation.   au loyer d’un studio.
fréquent au sein du milieu          canton, qui tend à répercuter                                           Malgré ces aspects séduisants,
estudiantin et dans les grandes     plus tardivement et de manière      • L’envie d’indépendance.           une colocation réussie ne
villes, principalement pour         plus atténuée les hausses de        De plus en plus de jeunes           s’improvise pas. En effet le choix
des raisons financières. Or         loyers, ces derniers deviennent     célibataires veulent quitter        du(des) colocataire(s) revêt une
depuis peu, poussés par les         progressivement inaccessibles à     leur famille sans pour autant       importance capitale si l’on ne
circonstances économiques           des personnes seules occupant       avoir l’envie de se retrouver       veut pas rapidement aller au
actuelles et la pénurie de          des 2 1/2 pièces et 3 1/2 pièces.   seuls. Ce besoin de compagnie       devant de cruelles désillusions.
logements en altitude, de                                               s’accommode parfaitement de         Des discussions préalables afin
plus en plus de locataires          • La multiplication des divor-      la colocation en permettant de      de cerner les attentes et le mode
envisagent ce mode d’habiter.       ces et séparations. De plus         maintenir des contacts tout en      de vie du futur colocataire sont
Des annonces commencent à           en plus de familles éclatent,       conservant son indépendance         indispensables. Il est en outre
voir le jour dans les journaux du   rendant nécessaire de se            quand on en ressent le besoin.      recommandé de coucher sur le
canton ainsi que sur Internet,      procurer deux logements de                                              papier les droits et obligations
proposant à des inconnus            taille inférieure au lieu d’un de   IMPROVISATION                       de chacun, afin de clarifier la
de partager un logement.            grande taille. Par conséquent,      DÉCONSEILLÉE                        partie vie commune. Régler la
Plusieurs raisons peuvent           ces nouvelles unités familiales     Aux yeux de ces adeptes, ce         vie au quotidien (organisation
expliquer ce phénomène:             entrent en concurrence avec         mode de vie recèle de nombreux      des tâches ménagères, fréquence
                                                                                                            des visites et invitations,
                                                                                                            horaires, etc) est essentiel et
                                                                                                            permet d’éviter bien des disputes
                                                                                                            et malentendus.

                                                                                                            QUI SIGNE
                                                                                                            LE CONTRAT?
                                                                                                            Il est également important
                                                                                                            d’être au clair sur les relations
                                                                                                            contractuelles avec le bailleur.
                                                                                                            Notamment sur le ou les
                                                                                                            personnes qui signent le contrat
                                                                                                            de bail et sur l’engagement
                                                                                                            solidaire pris par les colocataires
                                                                                                            s’agissant du paiement du loyer.
                                                                                                            En effet, en cas de défaut de
                                                                                                            l’un, c’est l’autre qui passera
                                                                                                            à la caisse pour l’entier du
                                                                                                            l o y e r, q u i t t e e n s u i t e à s e
                                                                                                            retourner contre son partenaire.
                                                                                                            Les permanences de l’ASLOCA
                                                                                                            sont bien entendu toujours à
                                                                                                            votre disposition pour vous
                                                                                                            conseiller et vous renseigner
                                                                                                            au moment d’aborder cette
                                                                                                            façon alternative de se loger.

                                                                                                                               Pascal Perraudin

14 – DROIT AU LOGEMENT – N° 189 AVRIL 2009
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