Le dispositif " Auto-école " de Saint-Denis

 
CONTINUER À LIRE
Le dispositif « Auto-école » de Saint-Denis
                                                                           Madame Ben Hamza Bondue
                                                 coordinatrice du dispositif Nouvelles Chances Auto-école

Créée par Mme Pierrelée, proviseur du lycée Georges Sand à Saint-Denis, l’Auto-école est partie d’une
expérience pionnière qui dès 1992, s’illustrait en pédagogie alternative.
Depuis la rentrée 2002, l’Auto-école est devenue sous l’impulsion de l’inspection académique un dispositif
Nouvelles Chances destiné à des jeunes de 16 à 18 ans déscolarisés, désireux de se réinvestir dans un
parcours de formation personnalisé.
Les dispositifs Nouvelles Chances permettent à des jeunes adolescents volontaires, en difficulté avec le
système scolaire traditionnel, d’acquérir les bases scolaires et sociales qui leur permettront une insertion
choisie et réussie dans un milieu scolaire et/ou professionnel adapté à leur projet personnel.

« Le dispositif relais départemental se compose de 20 sites : 15 ateliers et classes pour les élèves de moins
de 16 ans, 4 dispositifs Nouvelles Chances et un microlycée pour les plus de 16 ans. Ces dispositifs offrent
une réponse alternative à l’absentéisme et à la rupture scolaire. Ils sont un champ de réflexion et d’actions
privilégié parce qu’ils stimulent des solidarités entre les acteurs autour d’un cadre éducatif et pédagogique
cohérent, clairement défini dans la Charte départementale 2009, la charte des microlycées de l’académie de
Créteil et la circulaire du ministère de l’éducation nationale (B.O. n°32 du 7 septembre 2006) »
 cf. Louise Debourle, coordinatrice départementale du réseau des dispositifs relais, nouvelles chances et
microlycée www.ia93.ac-creteil.fr/disporelais

Les dispositifs nouvelles chances et le microlycée ont le soutien de la région Île de France, dans le cadre de
son programme Réussite pour tous.

Comment fonctionne le dispositif Auto-école à Saint Denis ? Quel est le public concerné ?
Comment les aider à devenir acteur de leur projet d’orientation ?

Le fonctionnement
Le dispositif Auto-école a une capacité d’accueil de 20 élèves et, bien qu’il dispose de ses propres locaux, il
est administrativement rattaché au lycée professionnel Bartholdi de Saint-Denis, sous la responsabilité du
chef d’établissement, monsieur Tabard qui garantit depuis 5 ans un lien privilégié entre le dispositif et le
lycée professionnel. L’équipe est constituée de 4 enseignants à temps complet dont une coordinatrice et
deux intervenants du lycée professionnel.

La situation de chaque élève est analysée lors de commissions départementales qui se réunissent tous les
quinze jours. Les demandes d’admission sont envoyées au groupe de pilotage de l’inspection d’académie.
Le dossier à renseigner est téléchargeable sur le site www.ia93.ac-creteil.fr/disporelais (cf.dossier
d’admission, composition et fonctionnement de la commission )

Les élèves accueillis sont des élèves qui cumulent souvent échec scolaire et problèmes familiaux. Les
facteurs de décrochage les plus fréquents sont les familles, souvent en grandes difficultés sociales et
personnelles ; l’école - les apprentissages de nos élèves n’ont pas été consolidés à la fin de l’école primaire ;
et les élèves : 66 % de nos élèves sont des garçons.
Parmi les diverses manifestations de l’opposition à la règle, notons que le groupe de pairs a souvent plus
d’importance pour nos élèves. Ils renoncent ainsi à soi au profit des valeurs du groupe (refus des règles,
violence physique et verbale)
Face à ce décrochage, aux difficultés inhérentes aux interruptions de parcours scolaires rencontrées par
l’élève, les dispositifs relais se présentent comme une des solutions institutionnelles pour le jeune qui
cherche une orientation en adéquation avec sa situation actuelle et qui tente de restaurer non seulement
l’image qu’il a de lui mais aussi l’image qu’il a de l’institution.
En effet, le dispositif Nouvelles chances a pour but de réintégrer l’élève dans un parcours scolaire et/ou
professionnel adapté et de prévenir le risque d’un nouveau décrochage.

Le fonctionnement pédagogique et éducatif du dispositif s’articule autour de 4 axes : l’axe disciplinaire,
l’axe de socialisation, l’axe culturel et l’axe d’orientation.
L’axe pédagogique a pour fondements de :
 créer des groupes de besoins pour éviter le décrochage : des évaluations diagnostiques ont lieu à
         l’entrée au dispositif,
     d’auto évaluer les élèves lors du tutorat grâce à la grille de compétences,
     de développer le goût de l’école grâce à la transversalité des apprentissages,
     d’avoir un suivi personnalisé des élèves grâce à un tuteur référent.
Et tous ces points permettent aux élèves de valider leur projet d’orientation scolaire ce qui est
indispensable pour que l’élève puisse à nouveau adhérer à sa scolarité, pouvoir se projeter dans une
orientation en lien avec la construction de son propre projet. L’élève est acteur de son projet.

La rencontre avec les élèves
Dès lors que le jeune est accueilli dans la structure, il s’agit de lui offrir, d’une part un cadre
structurant et de proposer ainsi un accompagnement permanent et d’autre part de l’accompagner
dans son projet d’orientation.

   L’accueil

Pour favoriser l’implication de tous, le dispositif propose un accueil en début d’année pour présenter le
projet annuel, la structure et l’équipe pédagogique et éducative. Cet accueil se déroule un samedi par mois
avec tous les parents et tous les élèves de 9h30 à 13h autour de cafés et de croissants et permettent de faire
le point sur la progression des projets, du groupe et de l’élève. Les responsables découvrent souvent, lors
de ces réunions, l’élève sous un autre angle car l’équipe pédagogique valorise les progrès de l’adolescent.
Les objectifs visés lors de ces réunions sont les suivants :
– créer un lien étroit avec la famille : la famille fait partie intégrante du projet de rescolarisation,
– aider le jeune à restaurer une image positive de lui-même,
– accompagner les élèves dans leur projet individuel pendant et après le passage en dispositif.
Pour construire le groupe classe et les groupes de besoins, l’équipe a besoin d’évaluer les élèves qui entrent
à Auto-école avec une certaine appréhension. C’est pour cette raison que depuis la rentrée 2009, nous
avons adopté la journée d’intégration.

La journée d’intégration a été conçue sous la forme d’un jeu de piste dans la ville de Saint Denis. Ce jeu
permet d’instaurer des relations de confiance entre l’équipe enseignante et les élèves car les enseignants
sont intégrés dans les équipes constituées par les élèves et ce jeu crée donc une cohésion de groupe, l’élève
n’est plus seul mais devient un élément nécessaire à l’équipe pour répondre aux énigmes.
Et Le jeu permet aussi et surtout aux enseignants de faire une évaluation diagnostique des élèves : savoirs,
savoir faire, savoir être.
Par exemple, à l’aide d’une carte, les élèves doivent trouver les lieux recherchés.
Ainsi, des bâtiments que les élèves peuvent côtoyer tous les jours occupent dorénavant leur réelle place de
monument historique : la Basilique de Saint Denis, la Légion d’Honneur, le musée d’arts et d’histoire.

      Un cadre structurant

Le dispositif Auto-école fonctionne selon un emploi du temps bien défini afin de garantir des repères aux
élèves.

La tranche horaire du matin, 8h/12h est consacrée aux apprentissages disciplinaires. Les enseignants
interviennent chacun pour un groupe de besoins. Durant ces séances, les élèves ont un repère de
l’enseignement dit « classique » (mathématiques, histoire, français, anglais...) et ils le réclament, car même
s’ils le rejettent à leur arrivée, même s’ils le tiennent pour responsable de leur échec, ils veulent avoir des
enseignements en lien avec ce qu’ils ont connu.
La tranche horaire de l’après-midi, 13h10/17h, est consacrée à la pédagogie détournée, la pédagogie de
progrès à travers les ateliers. Les enseignants interviennent ensemble pour animer ces ateliers. Les élèves y
apprennent en construisant et sont amenés à les animer. D’un point de vue pédagogique, les ateliers sont
construits et définis par rapport aux objectifs qu’ils permettent d’atteindre. Il existe six ateliers permettant
de réinvestir les notions pédagogiques, de consolider l’axe de socialisation et de construire l’axe
d’orientation : le tutorat, l’atelier point média, l’atelier théâtre, l’atelier slam, l’atelier Grand Conseil et la
cantine.

      Un accompagnement permanent
Il est utile de rappeler que l’élève, l’adolescent, se positionne dans ce projet sur la base du volontariat.
L’élève et ses responsables légaux y adhèrent car pour lutter contre le décrochage, l’investissement de tous
est nécessaire. Le permis à points et le tutorat participent au contrat de confiance entre l’équipe
pédagogique et les élèves. Ils constituent le socle de l’accompagnement et permettent donc la
consolidation de la notion de confiance. Les jeunes prennent conscience de leur statut d’élève. Et c’est en
ce sens que le permis à points a été instauré. Chaque élève dispose d’un permis à points et en fonction des
absences, retards ou du non respect du règlement, l’élève perd des points mais il a surtout la possibilité de
les récupérer en assistant aux séances de remédiations ou en s’impliquant dans une tâche de la vie
quotidienne du dispositif. L’expérience de cette année révèle que le permis à points est une réussite auprès
des élèves.
Le tutorat est conçu pour favoriser les échanges entre les élèves et les enseignants. Les élèves choisissent
leur enseignant tuteur et la plage horaire où ils souhaitent le rencontrer avec pour seule consigne le fait
d’être au moins deux élèves face à l’enseignant. Ils choisissent donc aussi leur binôme.
Le tutorat est un moment privilégié entre deux élèves et un enseignant. Ce dernier accompagne les jeunes
dans leur projet individuel et il permet à l’élève de se livrer plus facilement. La triangulaire garantit la
distance entre les élèves et l’enseignant. Les élèves font le point grâce à la grille d’autoévaluation sur les
compétences à acquérir, sur leurs réussites et leurs difficultés. Ils y évoquent aussi leur projet d’orientation
et leur progression au sein du dispositif. L’enseignant tente d’installer des discussions à trois. L’objectif
étant d’amener les élèves à réaliser leur progression et de constater leur singularité dans cette triangulaire
tout en confrontant leurs différences.

                         Le projet d’orientation

Le dispositif a donc pour mission d’aider les élèves à se projeter et à prendre des responsabilités en tant
qu’individu, en tant qu’élève et en tant que membre d’un groupe afin de réussir à valider un projet
personnel d’orientation. Ainsi, il s’agit pour chaque élève de favoriser ses compétences disciplinaires, sa
prise de responsabilité, son investissement dans le dispositif, l’acceptation des règles collectives, le
développement de son autonomie.
Le projet d’orientation est une construction progressive. Les élèves entrent au sein du dispositif et n’ont
pas souvent idée de ce qu’ils veulent faire. Le but de l’équipe pédagogique est de ne pas les brusquer et de
leur proposer différentes pistes. Les rendez-vous individuels au CIO1, les plages horaires hebdomadaires
en groupe avec la conseillère d’orientation, les visites de salons des métiers et les sorties pédagogiques,
outre leur intérêt disciplinaire, sont aussi l’occasion de rencontres avec des professionnels et de découverte
des métiers. Toutes ces occasions participent à la naissance du projet d’orientation. Ensuite, les élèves
doivent trouver un stage en lien avec leur projet d’orientation.
Le projet s’inscrit dans un contexte partenarial sur un territoire lui-même composé de spécificités urbaines,
naturelles, socio-économiques riches. Et la ville de Saint Denis constitue pour l’équipe du dispositif une
richesse où les enseignants et les élèves puisent leur inspiration. Ils ont ainsi une autre image de la ville où
ils étudient. Il s’agit en fait de concevoir ce projet comme une pédagogie de progrès et donc celui-ci peut
être amené à évoluer en fonction des idées et des obstacles rencontrés. Même s’il respecte une trame de
départ, les élèves s’en approprient les axes fondamentaux et peuvent en modifier la direction, c’est aux
enseignants de pouvoir et de savoir s’adapter. En effet, les réflexions et les échanges suscités lors des
ateliers sont des facteurs permettant la progression et l’adaptation du projet et donc l’intégration des
élèves.
Le projet du dispositif s’inscrit donc dans la politique locale : les élèves observent le lieu de résidence
scolaire et la ville de Saint Denis offre un lieu d’expérimentation et d’observation pour aller vers l’Autre,
vers un autre lieu vers un autre « je ». De plus, la ville offre également des possibilités de découverte des
métiers. A travers le jeu de piste, des métiers sont découverts au sein d’un théâtre, au sein d’une mairie, au
sein d’un musée... L’élève est amené à voir sa ville autrement et à en exploiter les richesses. Mais parfois,
force est de constater que cette peur de l’échec amène un certain nombre d’entre eux à abandonner.
Malgré toute la bonne volonté de l’équipe, la peur de réussir constitue aussi une pression difficilement
gérable et certains élèves « décrochent ».
Pour éviter ces réactions, l’équipe pédagogique renforce l’esprit de groupe. Chaque élève est une personne
nécessaire au groupe classe.

Cohésion de groupe

1
    Centre d’information et d’orientation
La cohésion de groupe, les ateliers culturels, les groupes de parole et la cantine scolaire
participent à la restauration de l’estime de soi.
En effet, les ateliers amènent l’élève à découvrir des pratiques pédagogiques variées, ils et ont pour
objectif :
- favoriser l’acquisition de savoirs, la tolérance, l’expression de la solidarité et la reconnaissance de la
     diversité,
- développer l’intégration des élèves dans un dispositif institutionnel,
- permettre à l’adolescent de développer son esprit critique, de faire des choix,
- et surtout favoriser l’ouverture des activités en incitant la mixité garçons/filles qui, force est de le
constater n’est pas facile à mettre en place. En effet, le public des dispositifs est majoritairement masculin
et les filles ont du mal à trouver leur place ou devrions-nous dire aussi que les garçons ont du mal à laisser
une place aux filles. Ce point constitue une réflexion perpétuelle de l’équipe…

Les ateliers permettent de tourner autour des quatre axes différemment, sous une approche plus ludique.
Ils favorisent des relations fondées sur le respect mutuel, la coopération et l’entraide, objectifs de
socialisation. Le dispositif permet aux élèves de se confronter à la « différence » car chacun arrive avec son
histoire et son propre parcours et ainsi d’exploiter les richesses de la diversité et ce, à tous points de vue.
Et pour ce faire, l’équipe pédagogique utilise les ateliers pour fédérer un groupe classe car la réussite des
uns dépend aussi de la cohésion du groupe. Il faut donc que chacun trouve sa place. Et chaque enseignant
et intervenant doit articuler sa programmation de différenciation afin que l’élève, le « je » donne à nouveau
du sens aux apprentissages. Les élèves doivent arriver à prendre conscience de leur statut d’élève dans un
groupe en tant qu’individu, membre d’une société. Cela les amène à réfléchir aux droits et devoirs dans
une collectivité. L’axe pédagogique est indissociable de l’axe de socialisation.

                •    L’atelier point média : introduction à l’actualité

Le point média est construit pour consolider l’axe pédagogique et de socialisation. Il permet d’organiser
des moments de débats et de régulations à travers le jeu. En effet, l’enseignant pose une problématique
liée à l’actualité au tableau. Les élèves sont par équipe de deux et doivent trouver les réponses dans un
article, soit sur un article publié sur internet, soit sur un article de presse papier. L’équipe qui répond en
premier gagne le point. L’enseignant régule lors des premières séances puis les élèves sont amenés à diriger
la séance, choisir la thématique, les questions pour les séances suivantes.
Les objectifs de cet atelier sont :
- Mobiliser les compétences de lecture
- Décoder les informations explicites et implicites reçues
- Mettre à jour les connaissances
- Développer les capacités d’analyse
- Exprimer les opinions tant à l’oral qu’à l’écrit
- Articuler oral/écrit
- S’approprier un vocabulaire spécifique.

                •    Les ateliers culturels : le théâtre, le slam

Dans l’année scolaire, l’intervention de partenaires culturels est privilégiée. En effet, l’équipe pédagogique
et éducative insiste sur la participation de professionnels du monde artistique. Ils sont perçus comme un
levier dans les apprentissages.
Le choix de l’équipe s’est tourné vers deux partenaires cruciaux : le théâtre avec l’association Mare
Nostrum et la musique avec l’association Mots en Liberté. Ces ateliers permettent d’appréhender l’image
de soi, l’image de l’autre et de mettre en relation les deux items par l’action. Les élèves se racontent à
travers les arts et travaillent différemment les apprentissages car les partenaires culturels construisent leurs
séances en lien avec les enseignants. Chaque professionnel a son domaine de compétence et le tout est de
laisser la place à chacun.
Les objectifs de ces ateliers sont :
Travail sur le corps et la maîtrise de l’espace
     -     Se relaxer par des exercices de respiration
     -     Se sentir à l’aise dans son corps
     -     Se concentrer grâce à des exercices individuels ou collectifs
     -     Maîtrise de l’espace scénique
     -     Travailler la diction
     -     « Se raconter » devant un public
Parler devant les autres revient pour eux à s’exposer et donc à exprimer une opinion, ce qui n’est pas
forcément évident pour un adolescent au départ.
 Le Grand conseil

Le Grand conseil est une occasion cadrée qui leur permet de négocier des règles de vie du quotidien, de
poser des repères sur les modes de proposition et de prises de décision collectives. Il a lieu tous les jeudis
après-midis et l’ordre du jour est défini au préalable par les élèves (ils ont un tableau situé dans un couloir
où ils notent leurs idées de débat). Le Grand conseil a une place capitale dans le dispositif car il permet de
régler, réguler, discuter et négocier. On y traite de la vie collective, des projets des élèves et des adultes, des
propositions et demandes ponctuelles liées à la vie quotidienne.
Le Grand conseil est un espace démocratique au sein duquel les élèves sont amenés à prendre des
décisions sur différents types de points cités précédemment. Ces décisions sont souveraines et l’ensemble
du dispositif se soumet à la décision prise lors d’une séance.
Un tableau est mis à la disposition des élèves et des adultes dans la salle de réunion. Chacun peut y noter
les sujets qu’il souhaite voir aborder. Jeunes et adultes ont toute la semaine pour y inscrire les
propositions. Une séance de Grand conseil fonctionne avec les personnes suivantes : un président, un
secrétaire. Ces rôles sont remplis dans un premier temps par les adultes puis un adulte accompagne un
élève et enfin à la troisième session, les élèves remplissent seuls ces rôles.
Le rôle du président est de choisir les points qui sont affichés à l’ordre du jour pour animer les débats
entre tous les membres de l’assemblée... il distribue le tour de parole.
Le secrétaire doit résumer les idées essentielles qui se dégagent lors des débats.
Les élèves doivent adopter une attitude participative en deux temps. Tout d’abord en ayant la démarche au
préalable d’inscrire sur le tableau les points qu’ils souhaiteraient voir aborder et surtout en respectant la
parole de chacun lors des débats.

                       La cantine

Dans le cadre du projet d’insertion et d’orientation, la cantine est un moment privilégié et obligatoire où
les élèves se rendent au sein de leur lycée de rattachement. La cantine est conçue comme un outil qui
permet de lutter contre l’absentéisme, travailler les compétences de socialisation.
Ce moment de restauration au sein du lycée professionnel Bartholdi, est un moyen d’être en dehors du
dispositif et donc de se projeter en tant qu’élève dans une structure institutionnelle plus « classique » et de
se confronter aux autres mais aussi à un fonctionnement différent. L’adaptation est donc une compétence
visée. C’est aussi un moyen de bénéficier d’un repas équilibré. La plupart de nos élèves ayant des situations
sociales très défavorisées… Ce temps fait partie intégrante des apprentissages. Il est encadré par la
coordinatrice, un enseignant et l’assistant d’éducation. Il est aussi le moment des discussions informelles
où les questions surgissent et où nous pouvons les orienter vers les professionnels adéquats (assistante
sociale, planning familial, associations EVA, Tête à tête, psychologue…)

                       Le groupe de parole

Le dispositif accueille donc des élèves avec des problématiques diverses. Ce sont des élèves dits
« difficiles », nous disons que ce sont des élèves en difficulté qui testent l’institution et par conséquent les
enseignants. L’équipe pédagogique a donc fait le choix d’accorder un espace de parole aux adolescents. Un
espace où ils peuvent parler de leurs difficultés au sein du dispositif, au sein d’un groupe et de toutes les
problématiques liées à l’adolescence. Cet espace est le groupe de parole animé par une psychologue.
Nous avions constaté les années précédentes que les élèves avaient besoin de parler de leur vécu, de se
raconter et en tant qu’enseignant, nous étions placés dans des situations trop personnelles qui ne nous
garantissaient plus la distance nécessaire pour pouvoir nous protéger et surtout nous n’avions pas les
compétences de répondre à des problématiques trop personnelles. D’où le choix d’inclure dans nos
partenaires une psychologue (en dehors de toutes les associations de la ville) qui intervient selon un
planning prédéfini à la rentrée scolaire.

En conclusion, l’équipe pédagogique et éducative d’Auto-école invite ces adolescents si fragiles dans un
univers inconnu. On apprend à notre public que les apprentissages sont les instruments du possible et
surtout un moyen de s’exprimer et d’exister. On les invite à transformer leur parcours en se le
réappropriant. Cette déclinaison place les élèves au centre d’une démarche citoyenne. Etre conscient,
raconter, se raconter, s’informer et critiquer une société afin d’en devenir un acteur social.

Les mots qui régissent l’équipe pédagogique et éducative du dispositif sont : cohérence, cohésion et
confiance. Comme tous les enseignants, nous tâtonnons, nous expérimentons, nous croyons en l’élève.
Cette année, 100% de nos élèves ont trouvé une orientation en lien avec leur projet d’orientation et ont
une place au sein d’un établissement scolaire ou en centre de formation en alternance.
Et depuis deux ans, grâce à Madame Debourle et à monsieur Bablet, inspecteur d’académie de la Seine-
Saint-Denis, les dispositifs Nouvelles Chances participent au congrès européen de l’éducation, l’INEPS…
(inepsers@gmail.com)
 L’union européenne fait la force…

Je tiens à remercier toute l’équipe pédagogique et éducative, Madame Moumen, Monsieur Thalmensy, Madame Larrouy avec
qui tout ce dispositif est ce qu’il est aujourd’hui… Madame Debourle de nous permettre de vivre cette extraordinaire
expérience et monsieur Tabard, proviseur du lycée professionnel de nous accompagner.
Vous pouvez aussi lire