Le glyphosate en région Auvergne-Rhône-Alpes Etat des lieux
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Le glyphosate en région Auvergne-Rhône-Alpes --- Etat des lieux Rédaction : Françoise BAUBET et Annette BOUQUET- DRAAF/SRAL Novembre 2019 1
Sommaire Les ventes de glyphosate en Auvergne Rhône Alpes .............................................................................. 5 Fréquence et concentration de glyphosate dans les eaux superficielles et ventes ................................ 8 Evaluation des usages dans les différentes filières ................................................................................. 9 Alternatives possibles au glyphosate en région et conditions nécessaires .......................................... 12 Suppression du glyphosate : présentation de quelques problématiques régionales ........................... 15 Perspectives de recherche de références pour les réseaux DEPHY ...................................................... 17 Annexe................................................................................................................................................... 18 2
Dans le cadre de la mission de coordination interministérielle des plans de réduction des produits phytosanitaires en agriculture et de sortie du glyphosate qui lui a été confiée par le gouvernement, le Préfet Pierre-Etienne Bisch, accompagné de M. Louis Hubert (CGEDD) et de M. Didier Pinçonnet (CGAAER) s’est rendu en Auvergne-Rhône-Alpes les 16 et 17 septembre 2019. La mission, qui se déplace dans toutes les régions, a pour objectif de suivre l’avancée de ces plans qui concourent à la nouvelle version 2+ du plan Ecophyto. Il s’agit pour la mission d’aller dans les territoires au contact des interprofessions et des acteurs du plan, afin de valoriser les réussites, recenser les difficultés rencontrées, et ainsi impulser une nouvelle dynamique. Ce document intitulé « Le glyphosate en région Auvergne-Rhône Alpes - Indicateurs, situation des filières agricoles, alternatives » a été rédigé dans ce contexte. L’objectif de ce travail est de donner des éléments factuels de situation, avec quelques indicateurs, de présenter, sur la base de retours d'experts, quelques situations régionales qui pourraient se révéler des impasses en cas d’interdiction du glyphosate et suggérer des pistes de réflexion sur les alternatives. Il ne s'agit pas d'un document technique complet, ni d'un état des lieux exhaustif. Les échanges avec les acteurs de terrain qui ont lieu lors des visites programmées pour la mission Bisch ont abordé des éléments complémentaires, par exemple les conditions de travail, le besoin en main d’œuvre, le matériel, etc. La partie concernant les ventes de glyphosate sera complétée en 2020, avec les résultats d’un travail approfondi sur les données de la Banque nationale des ventes distributeurs (BNV-d). 3
Le glyphosate (N-(phosphonomethyl)glycine) est un herbicide systémique, il est absorbé par les feuilles et véhiculé par la sève jusqu'à l’extrémité des racines et des rhizomes. Il agit par blocage de la biosynthèse des acides aminés aromatiques. Il est inactivé au contact du sol. Les herbicides à base de glyphosate contiennent d’autres ingrédients chimiques (formulation) comme les tensio-actifs qui facilitent l’absorption par la plante. Le glyphosate est efficace sur pratiquement toutes les adventices annuelles ou vivaces et n’est pas sélectif des cultures sauf pour les plantes génétiquement modifiées qui peuvent le tolérer, par leur gène de résistance. Les herbicides à base de glyphosate sont autorisés pour de nombreux usages, soit en traitements généraux, soit en désherbage inter-cultures et sur cultures pérennes installées. La synthèse annuelle 2017 des résultats d’analyses des pesticides dans les rivières et les nappes d’eaux souterraines, pilotée par le groupe de travail Ecophyto « Eaux et produits phytosanitaires en Auvergne- Rhône-Alpes » a quantifié la présence d’AMPA (acide amino-méthyl-phosphonique, molécule de dégradation du glyphosate entre autres) et de glyphosate dans plus de 50 % des prélèvements. Le portrait agricole de la région Auvergne-Rhône-Alpes montre que la surface agricole utile de la région représente 11 % de la surface nationale. L’activité agricole est largement tournée vers l’élevage où toutes les filières animales sont présentes : lait, viande bovine, ovine, caprine, porcine, cuniculture, aviculture, apiculture. Les filières végétales sont bien présentes avec la vigne, le maraîchage, les grandes cultures, la production de semences et les fruits, sans oublier des productions très spécialisées comme la lentille, les noix, les plantes à parfums aromatiques médicinales. La région Auvergne-Rhône-Alpes est la deuxième au plan national, en surface pour l’agriculture biologique avec près de 206 000 hectares de surface bio ou en cours de conversion. 4
Les ventes de glyphosate en Auvergne Rhône Alpes Vente de glyphosate en moyenne triennale par département, sur la période 2015-2017 Source CGEDD – datalab –avril 2019 Source : BNV-D, données sur les ventes au code commune Insee des distributeurs. Traitement : SDES 2019 5
La région AURA ne se positionne pas parmi les régions où les ventes sont les plus importantes au niveau national. La comparaison des ventes de glyphosate de 2015 à 2017 en France met en évidence des régions avec des ventes de glyphosates importantes : Nouvelle Aquitaine, Pays de Loire, Grand Est et Occitanie. La région reste dans une moyenne basse sur le plan national pour les ventes de glyphosate. Evolution des ventes en Auvergne Rhone Alpes (Tonnes) Sources BNV-D code postal acheteur 600 580 576 560 540 520 500 476,72 487,62 480 477,2 460 451,12 440 420 400 2014 2015 2016 2017 2018 La courbe des ventes de glyphosate dans la région a amorcé une baisse en 2015, mais depuis les ventes sont reparties à la hausse notamment en 2018. 6
Vente de glyphosate par année et par département (Tonnes) Source BNV-D code postal acheteur 450,00 400,00 350,00 300,00 250,00 200,00 150,00 100,00 50,00 0,00 01 03 07 15 26 38 42 43 63 69 73 74 2014 2015 2016 2017 2018 Les ventes de glyphosate représentent 14 % des ventes de substances actives en région Auvergne- Rhône-Alpes en 2017 et 37 % des ventes d’herbicides. La part de glyphosate vendue varie d’un département à l’autre. Les achats sont importants pour les départements avec les productions agricoles les plus diversifiées et en général avec la présence de grandes cultures. Les ventes moyennes les plus faibles sont les départements dont la SAU est majoritairement composée de prairies permanentes. La climatologie annuelle est un facteur à prendre en compte pour analyser l’évolution des ventes de glyphosate : les années caractérisées par un printemps et une période estivale humides favorisent la germination et la croissance de nombreuses adventices déclenchant l’usage de produits herbicides dont le glyphosate. Seules les années 2014 et 2017 sont évaluées comme des années sèches par rapport aux normales. 7
Fréquence et concentration de glyphosate dans les eaux superficielles et ventes Les données de ventes sont calculées sur la moyenne 2015 – 2017, exprimées en kg/km². Les données d’analyse d’eau sont issues de la base Naïades, pour l’année 2017. On constate que l’impact des ventes et de l’utilisation du glyphosate n’est pas négligeable sur la qualité de l’eau. Les fréquences de détection et la concentration du glyphosate sont corrélées au lieu d’achat et aux bassins de productions agricoles. 8
Evaluation des usages dans les différentes filières Zonage régional des ventes de glyphosate, année 2017 Source : BNV-d code postal acheteur La répartition spatialisée des ventes de glyphosate fait ressortir les différents bassins de production, et met en évidence les pratiques selon les filières de production. La majorité des ventes concerne les secteurs de production en arboriculture, viticulture et céréalière, que l’on trouve en Limagne-Val d’Allier et dans le sillon rhodanien. En zones herbagères, l’utilisation du glyphosate reste marginale. Filière Grandes cultures La majorité des traitements à base de glyphosate est appliquée sur un sol reverdi pour détruire les adventices qui se développent en amont du semis notamment les plantes vivaces (chiendent, chardon, liseron) et en post semis sur des cultures de printemps, avant la levée de la culture pour détruire toutes les plantules indésirables levées. Les repousses de précédent cultural, qui peuvent avoir couvert le sol, sont détruites mécaniquement pour 84 % des surfaces en grandes cultures (d’après l’enquête Agreste sur les pratiques culturales grande culture de 2014). L’usage du glyphosate est plus fréquent sur des parcelles avec des successions de cultures de type colza et céréales à paille (département de l’Allier) face à de nombreuses problématiques de résistances des herbicides classiques. 9
La fréquence d’utilisation du glyphosate est plus importante dans les régions agricoles de production céréalière sur sols superficiels. Il y a un lien fort entre l’usage de glyphosate et la réduction du travail du sol, il existe plusieurs typologies d’exploitations agricole dans la région selon le mode de culture : - présence de non labour avec des cultures intermédiaires, semis direct au printemps après un couvert hivernal. Le glyphosate est utilisé pour détruire des plantes à enracinement puissant (seigle). - exploitations agricoles de taille importante en non labour pour une recherche de réduction de temps de travail. Le glyphosate est un levier pour augmenter les débits de chantier de préparation de semis. Les exploitations converties à l’agriculture de conservation représentent de faibles surfaces (2 %) mais l’utilisation du glyphosate reste une pratique intégrée dans les itinéraires techniques. Pour la filière céréalière, les usages principaux du glyphosate concernent la lutte contre les vivaces, la destruction des couverts d’inter-culture, le nettoyage avant semis des parcelles reverdies, la destruction des plantules post semis pré-levée et la destruction des repousses d’ambroisie dans les chaumes sur le territoire rhônalpin. Pour le territoire rhônalpin, surtout pour le département de la Drôme, le glyphosate est la seule alternative pour la destruction des repousses d’ambroisie à feuille d’armoise (Ambrosia artemisiifolia) dans les chaumes en période estivale. Filière viticulture En région, d’après les enquêtes « pratiques culturales » viticulture 2013 et « phyto viticulture » 2016, le pourcentage de surfaces en vigne concernées par un enherbement sur le rang est de 5,1 %, avec une évolution faible depuis 2013 (+1%). L’enherbement de l’inter-rang représente 46,6 % des surfaces viticoles avec une évolution annuelle positive (+37 % en 2013). L’utilisation du glyphosate correspond à des modes d’entretien du sol ; dans la majorité des cas, les usages concernent l’entretien sur le rang. La zone traitée varie selon l’écartement de la vigne, elle est importante pour les vignes à faible écartement et réduite pour les vignes à fort écartement, plus faciles à entretenir mécaniquement. Le retrait d’un certain nombre de matières actives, pour l’usage « désherbage vigne » cette dernière décennie, a contribué à une augmentation de l’utilisation du glyphosate. Filière arboriculture En 2015, 86 % des surfaces dans la région Auvergne-Rhône-Alpes reçoivent au moins un herbicide contre 79 % sur le plan national (enquêtes « pratiques culturales » arboriculture 2015 et 2012). Pour cette filière, les évolutions réglementaires ayant conduit à des retraits d’herbicides et des restrictions d’usage ont engendré une utilisation accrue du glyphosate. 10
Pourcentage de surfaces concernées par au moins un passage mécanique 2015 (%) Source: Agreste enquête pratiques culturales fruits 100 80 60 40 20 0 Tontes, Désherbage Désherbage Passage rouleau Autres fauchages thermique mécanique mécaniques (enfouissement, Sur le rang Entre les rangs sous-solage…) Le désherbage mécanique du rang est une pratique minoritaire (10 %), la pratique du désherbage chimique est plus courante. Par contre, l’entretien de l’inter-rang est effectué en majorité avec de la tonte et du fauchage (87 %). Au niveau des pratiques culturales pour l’inter-rang, l’enherbement permanent naturel domine (51 %), quelques cas sont en sol nu (13 %) et les couverts végétaux semés représentent 32 % des surfaces. Centre national de ressources glyphosate Le plan de sortie du glyphosate a été publié en juin 2018. Il a pour objectifs de mettre fin aux principaux usages du glyphosate d’ici trois ans au plus tard et d’ici cinq ans pour l’ensemble des usages, sans laisser les agriculteurs dans des impasses. Afin d’accompagner cette sortie du glyphosate, un centre de ressources est en ligne, accessible à l’ensemble de la profession agricole : http://ressources-glyphosate.ecophytopic.fr/home-glyphosate Les informations disponibles se présentent sous 3 formats différents : des articles synthèses, des fiches techniques qui détaillent les volets économiques, agronomiques, écologiques des alternatives connues au glyphosate, des témoignages de professionnels via des fiches DEPHY et des vidéos. Le centre de ressources est régulièrement enrichi d’éléments nouveaux. 11
Alternatives possibles au glyphosate en région et conditions nécessaires Ce tableau est établi à dire d’experts. Filières /cultures Alternatives Impacts sur les exploitations Grandes cultures - Rotation pour les - Contraintes pédo- problématiques de résistance climatiques : en sol léger et sécheresse estivale, sans irrigation la productivité des cultures de printemps est incertaine, Etudier la rentabilité de nouvelles filières (lin, sorgho, soja, légumineuses) - Passage d’outils en interculture, en préparation de sol (faux semis) - Utilisation de couverts - Augmentation des charges de végétaux gélifs en inter-culture mécanisation, de semences et et sensibles au broyage du temps de travail mais sur du - Technique de semis sous long terme couvert - Amélioration de la vie microbienne du sol et diminution de l’érosion - Amélioration de la biodiversité - Travail du sol avec outils à dents en interculture pour destruction des vivaces - Efficace uniquement sur pendant les périodes sèches chiendent et rumex - Utilisation d’autres matières - Coût/ ha supérieur : actives sur liseron et chardon Glyphosate 20/30 euros/ha Herbicides spécifiques : 60/80 euros /ha - Temps de travail > 18 % et consommation carburant doublée en système en conversion BIO (Expé ferme réseau Dephy 2018), consommation de paillage plastique, posant le problème de leur recyclage Voir Annexe Le calcul doit être relativisé car il n’intègre pas certains coûts difficiles à chiffrer : coûts liés aux impacts de l’utilisation du glyphosate sur la biodiversité, la rotation, les résistances, la santé des utilisateurs, etc … 12
Filières /cultures Alternatives Impacts sur les exploitations Viticulture - Moyens manuels et - Coût de la mécanisation mécaniques, large gamme - Augmentation du temps de d’outils pour le désherbage travail mécanique sur le rang et l’inter rang - Mise en œuvre délicate selon la typologie du terroir, le - Couvert végétaux, climat, la vigueur de la parcelle enherbement permanent - Effet dépressif de rang, inter rang l’enherbement sur la production (concurrence hydrique) - Portance des sols pouvant être améliorée - Moindre exposition des sols aux aléas ou à-coup climatiques Arboriculture - Moyens manuels et - Coût de la mécanisation mécaniques, large gamme - Augmentation du temps de d’outils pour le désherbage travail mécanique sur le rang et l’inter - Surcoût ha rang - Impact négatif du désherbage mécanique de l’inter-rang en - Couverts végétaux, verger installé (dégâts sur le enherbement permanent système racinaire) inter-rang, paillages - Problème de l’irrigation basse qui complique voire rend impossible le travail mécanique du sol - Développement de campagnols sous le paillage Ce tableau n’a pas vocation à être exhaustif mais il permet d’approcher le fait que le changement de pratiques pour le glyphosate s’accompagne d’effets positifs sur l’environnement, la santé des utilisateurs, et les charges en intrants, mais génère des coûts (travail, investissements matériel ..). Ces conséquences amènent à réfléchir à leur prise en compte dans les aides versées ou les prix payés au producteur. Le passage à l’agriculture biologique n’est pas spécifiquement mentionné dans le tableau, mais cela fait partie, bien sûr, des méthodes qui permettent automatiquement de réduire l'usage du glyphosate. 13
Analyse de différentes méthodes pour maitriser les plantes adventices selon plusieurs situations agronomiques (Source : rapport INRA 2017) Chaque méthode est caractérisée par son niveau de maturité technologique : -Vert foncé : déjà utilisé -Vert clair : à démontré son efficacité dans de nombreux cas -Jaune : en cours d’expérimentation Facilité de mise en œuvre et efficacité : -Vert foncé : Très élevé -Vert clair : élevée -Jaune : mauvaise -rouge : très mauvaise Maturité Facilité Efficacité technologique de mise Vivaces Vivaces Interculture Semis en dicotylédones graminées direct œuvre couvert permanent Glyphosate * * * * * * Nouveaux * * * *** * * herbicides Substances * * * ** * * naturelles Rotations ** Choix * variétal Date semis * Densité * semis Fertilisation ** Labour ** Faux semis ** Broyage Robots * : effet sur l’année n, sur la culture ** : effet à long terme, maintien d’un faible stock semencier 14
Suppression du glyphosate : présentation de quelques problématiques régionales La forte compétitivité économique d’un passage de glyphosate par rapport à une façon culturale (achat de matériel, plusieurs passages nécessaires pour une efficacité optimale) est un argument important. D’autres problématiques spécifiques de la région, sont mises en évidence : Flore invasive ou à enjeu de santé publique : Emission de pollen d’ambroisie au niveau national 2018 (Source RNSA) : La région Auvergne-Rhône-Alpes est fortement impactée par l’Ambroisie à feuille d’armoise, notamment sur l’axe rhodanien, dans les départements du Rhône et de la Drôme. Pour ces deux départements, 50 % des signalements d’ambroisie concernent le milieu agricole. En culture céréalière, avant la récolte, les plantes restées jusqu’alors sous le couvert de la culture sont en état de vie ralentie. Avec le passage de la moissonneuse-batteuse, les plantes les plus hautes vont être coupées mais toutes, grandes et petites, vont aussitôt bénéficier d’une mise à la lumière, en l’absence de toute concurrence. Celles qui sont coupées vont produire de nouvelles tiges, il n’y a plus de concurrence et elles peuvent croître, aidées par leur bonne résistance à la sécheresse. 15
Dans certains cas très spécifiques, les déchaumages précoces suivis ou non d’une implantation d’un couvert végétal sont régulièrement mis en échec sous l’effet du changement climatique et dans les situations caractérisées par un climat méditerranéen. En effet, les périodes de canicule estivale et de fin d’été ne sont pas propices à la réussite de ces pratiques avérées pourtant efficaces dans la majorité des cas avec une climatologie normale Pourcentage des normales pluviométriques Poste Météo France Montelimar % 200 150 100 50 0 -50 -100 -150 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 Année juillet aout septembre Pour rappel, les normales pluviométriques sont calculées sur la moyenne des 25 dernières années La destruction des ambroisies par intervention mécanique est difficile en condition de sècheresse : les outils à dents doivent travailler à une profondeur qui permette un bon déracinement des ambroisies (racines pivotantes). Beaucoup de cas de casse mécanique et d’échecs de destruction sont évoqués par les agriculteurs. Cela explique que l’intervention chimique soit alors privilégiée en conditions sèches, phénomène récurrent depuis 2016 (cf. graphique). Un Observatoire des ambroisies a été mis en place depuis juin 2011 par le Ministère chargé de la Santé en partenariat avec les ministères chargés de l’agriculture et de l’écologie et le ministère de l’intérieur. Un guide mentionnant entre autres les modalités de gestion de l’ambroisie en milieu agricole a été publié. Gestion des fortes pentes non mécanisables La caractéristique du territoire Rhône-Alpes est une surface importante de production viticole en forte pente. En effet sur une surface totale en vigne de 48 000 ha (Source Agreste 2013), les superficies avec une pente supérieure à 30 % représentent environ 2 500 ha. Le passage des tracteurs est difficile voire impossible. En conséquence, les labours et griffages doivent se faire à l’aide d’un cheval, d’un treuil ou d’un motoculteur dans les cas les plus contraignants. Les finitions autour des souches se font ensuite à la pioche. Dans les cas de sols superficiels et pierreux (secteurs galets du Rhône) l’usure et la casse du matériel est importante, ainsi que les risques d’accidents dans les secteurs à fort devers. 16
Le facteur humain est également à prendre en compte car le recrutement de la main d’œuvre est difficile du fait de la pénibilité du travail (sarclages en forte pente). Le travail du sol en situation de forte pente est donc compliqué, pénible et coûteux L’utilisation de glyphosate est une solution efficace et peu coûteuse pour ces situations difficiles. Gestion des vivaces En toutes cultures, les vivaces (chiendent, liseron…) sont disséminées et multipliées par les outils rotatifs qui les fragmentent et accroissent le potentiel de multiplication. Perspectives de recherche de références pour les réseaux DEPHY Les leviers agronomiques efficaces permettant de se passer de glyphosate, demandent des investissements en matériel, du temps de travail supplémentaire et une réorganisation des itinéraires techniques. Dans le cadre des fermes du réseaux DEPHY, des projets d’innovations en matière de matériel d’entretien du sol, de paillages, d’espèces peu concurrentielles sur les rangs, de nouvelles rotations s’imposent dès à présent pour diffuser par l’intermédiaire des groupes 30 000 les pratiques, pour une appropriation par le monde agricole et l’élaboration de modèles économiques sans glyphosate. Projets d’expérimentation en grandes cultures Dans le cadre de la lutte contre les vivaces (chiendent, chardons), différentes rotations peuvent être étudiées avec des cultures de fauche (luzerne, trèfle, prairie) et des cultures étouffantes (chanvre, sarrasin). De nouveaux outils développés par les constructeurs (Glyph-O-Mulch d’Eco-mulch, Kvik-up de Kvikagro, CouchGrass Killer de CMN, Barre désherbeuse de Morris, …) sont présentés comme des outils aux propriétés désherbantes, mais demanderaient à être testés dans le cadre d’un système de culture, notamment sur la destruction de l’ambroisie à feuille d’armoise. Robots désherbeurs : cette nouvelle technologie est en pleine évolution, de nombreux prototypes sont actuellement en test. Il faut encore de nombreuses expérimentations pour valider et améliorer les performances de ces robots. C’est notamment l’objectif du Challenge ROSE (Robotique au Service d’Ecophyto). Projets d’expérimentation en viticulture et arboriculture Dans le cas des vignes à forte pente, l’utilisation de paillages artificiels et pérennes sur le rang (travaux d’IRSTEA 2018) serait intéressant, et est déjà développé dans certains réseaux DEPHY. Des enherbements artificiels avec des espèces peu exigeantes (eau et minéraux) et allopathiques (Piloselle/épervière piloselle) peuvent également être des solutions à tester. 17
Annexe Comparaison de coût, conduite avec ou sans glyphosate, pour un semis de blé derrière un couvert (CIPAN), chaumes Source : barème d’entraide 2019 CUMA AURA (coût tracteur +outil +main d’œuvre) Avec glyphosate Coût Sans glyphosate Coût euros/ha ha/euros 1- Passage glyphosate 48 1-Broyage 58.1 (360 g/l) 8 euros HT/l (6 l/ha) Pulvérisateurs 1000 l 14.6 12-15 m 2- Semis avec semoir 34 2-Labour : charrue 4 corps 83.6 semis direct 4 m 3-Vibroculteur 39 4-Semoir mécanique 4 m 26 Cas : présence liseron 3- Passage glyphosate 14.6 Pulvérisateurs 1000 l 12-15 m 40 Herbicide spécifique : Ariane sel Cas présence chiendent 4- Passage glyphosate 14.6 Pulvérisateurs 1000 l 12-15 m 88 Herbicide spécifique : Stratos Ultra 261,3 euros COÛT TOTAL 96,6 euros (cas avec liseron) 309,3 euros (cas avec chiendent Ce calcul doit être relativisé car il n’intègre pas certains coûts difficiles à chiffrer : coûts liés aux impacts de l’utilisation du glyphosate sur la biodiversité, la rotation, les résistances, la santé des utilisateurs, etc. 18
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