Le grand tétras dans le territoire des réserves naturelles catalanes - Synthèse des connaissances après 16 ans d'expérience

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Le grand tétras dans le territoire des réserves naturelles catalanes - Synthèse des connaissances après 16 ans d'expérience
Le grand tétras
       dans le territoire des
réserves naturelles catalanes
              Synthèse des connaissances
                après 16 ans d'expérience
Le grand tétras dans le territoire des réserves naturelles catalanes - Synthèse des connaissances après 16 ans d'expérience
Cet document est un travail collectif réalisé par les
              agents de la Fédération des réserves naturelles catalanes
              (FRNC). La coordination, synthèse et analyse des données
              ont été assurées par Raúl Pimenta — référent des projets
              concernant les galliformes de montagne au sein de la FRNC.
              La rédaction a été réalisée par Raúl Pimenta, David Mori-
              chon et Roger Fons. Le résumé a été traduit en català par
              Carme Ruset Font et in english par Susie Salies. Grand
              merci à tous les participants.

Citation
Pimenta, Raúl (coord.), David Morichon, Roger Fons, 2014, « Le
grand tétras sur le territoire des réserves naturelles catalanes. Syn-
thèse des connaissances après 16 ans d’expérience », Rapport de
synthèse, Fédération des réserves naturelles catalanes, Prades, 71 p.

Photo de couverture : réserve naturelle de Py, cliché pris avec un
piège photographique.
Le grand tétras dans le territoire des réserves naturelles catalanes - Synthèse des connaissances après 16 ans d'expérience
Le grand tétras dans le territoire
des réserves naturelles catalanes

       Synthèse des connaissances
        après 16 ans d’expérience

            Raúl Pimenta – coordinateur
     Fédération des réserves naturelles catalanes

                   décembre 2014
Le grand tétras dans le territoire des réserves naturelles catalanes - Synthèse des connaissances après 16 ans d'expérience
Table des matières

Résumé                                                                               6

1 Introduction                                                                        7

2 Espèce et statuts réglementaires                                                   10
  2.1 Description de l’espèce . . . . . . . . . . .      .   .   .   .   .   .   .   10
  2.2 Distribution . . . . . . . . . . . . . . . . .     .   .   .   .   .   .   .   10
  2.3 Écologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .   .   .   .   .   .   .   .   11
  2.4 Mesures de protection . . . . . . . . . . . .      .   .   .   .   .   .   .   12
  2.5 Dispositions particulières liées à la chasse       .   .   .   .   .   .   .   13

3 Principales méthodes de suivi                                                      16
  3.1 Recensement des mâles chanteurs de grand tétras . . .                          16
  3.2 Évaluation du succès de la reproduction . . . . . . . .                        16
  3.3 Suivi des habitats hivernaux . . . . . . . . . . . . . . .                     17

4 Synthèse des connaissances                                        18
  4.1 Aire de répartition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
      4.1.1 Indice de répartition communale . . . . . . . . 18
      4.1.2 Cartographie fine . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
  4.2 Indice d’abondance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
      4.2.1 Estimations avant 2012 . . . . . . . . . . . . . . 20
      4.2.2 Nouvelle méthode « OGM 2012 » . . . . . . . . 20
      4.2.3 À l’échelle des réserves naturelles catalanes . . 23
  4.3 Tendance des effectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
      4.3.1 À l’échelle des Pyrénées . . . . . . . . . . . . . 24
      4.3.2 À l’échelle de la haute chaîne orientale pyrénéenne 24
      4.3.3 À l’échelle des réserves catalanes . . . . . . . . 24
  4.4 Estimation du succès de reproduction . . . . . . . . . . 27
      4.4.1 À l’échelle des Pyrénées-Orientales et des réserves
             catalanes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
      4.4.2 À l’échelle des écorégions . . . . . . . . . . . . 30

                                   2
Le grand tétras dans le territoire des réserves naturelles catalanes - Synthèse des connaissances après 16 ans d'expérience
5 Facteurs limitants, causes de déclin                                   32
  5.1 Inventaire synthétique . . . . . . . . . . . . . . . .     .   .   32
  5.2 Inventaire commenté . . . . . . . . . . . . . . . . .      .   .   33
       5.2.1 Taille efficace de la population . . . . . . . .    .   .   33
       5.2.2 Isolement géographique et génétique . . . .         .   .   33
       5.2.3 Modification et fragmentation des habitats          .   .   34
       5.2.4 Perturbation anthropique directe . . . . . .        .   .   35
       5.2.5 Prédateurs et compétiteurs . . . . . . . . . .      .   .   39

6 Actions réalisées dans les réserves naturelles catalanes               41
  6.1 Bref historique des suivis démographiques et de veille
       écologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .      41
  6.2 Mobilisation des agents . . . . . . . . . . . . . . . . . .        42
  6.3 Actions inscrites aux plans de gestion écologique des
       réserves naturelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .     43
       6.3.1 Connaissance de l’espèce . . . . . . . . . . . . .          43
       6.3.2 Réduction des activités perturbatrices . . . . .            44
       6.3.3 Actions sur les habitats . . . . . . . . . . . . . .        46
       6.3.4 Sensibilisation du public . . . . . . . . . . . . .         46
       6.3.5 Partenariats et stratégies collectives . . . . . . .        47

7 Conclusion                                                             48

Bibliographie                                                            54

A Données brutes des suivis sur place de chant                           67

B Estimation des effectifs de grand tétras                               69

C Analyse du sexe-ratio                                                  71

                                   3
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Table des figures

 4.1 Zones potentiellement favorables au grand tétras dans
     le secteur du PNR des Pyrénées catalanes . . . . . . .        21
 4.2 Indices d’abondance pour la haute chaîne orientale et
     pour les Pyrénées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .   22
 4.3 Évolution du nombre moyen de coqs sur les places de
     chant des RN de Py et de Mantet . . . . . . . . . . . .       26
 4.4 Réussite de la reproduction du grand tétras dans les
     P.O et dans le territoire des RN catalanes . . . . . . . .    29

                                4
Liste des tableaux

 4.1 Statut communal du grand tétras ventilé par régions .           19
 4.2 Estimation des effectifs de grands tétras, ventilés selon
     différentes échelles géographiques . . . . . . . . . . . .      20
 4.3 Estimation du nombre de grand tétras présents dans
     le territoire des RN catalanes . . . . . . . . . . . . . . .    23
 4.4 Tendance des effectifs de grand tétras sur les places de
     chant situées dans les RN catalanes . . . . . . . . . . .       25
 4.5 Description statistique des indices de reproduction
     moyens à l’échelle des P.O et des RN catalanes . . . . .        29
 4.6 Résumé des principales variables décrivant le succès
     de reproduction à l’échelle des P.O et à l’échelle des
     RN catalanes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .    30
 4.7 Indices de reproduction annuels à l’échelle de la haute
     chaîne orientale et à l’échelle des Pyrénées . . . . . . .      31
 6.1 Nombre de jours consacrés par les agents des RN cata-
     lanes pour le suivi des galliformes de montagne . . . .         42
 A.1 Données brutes des comptages sur place de chant réal-
     isées dans le territoire des RN catalanes . . . . . . . .       68
 B.1 Effectifs de coqs de grand tétras présents dans les
     unités naturelles de l’OGM . . . . . . . . . . . . . . . .      70
 B.2 Effectifs de coqs de grand tétras présents dans les RN
     catalanes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .   70

                                 5
Résumé : L’analyse de seize années de suivi du grand tétras dans les réserves
naturelles catalanes fait apparaître une diminution générale du nombre des coqs
sur les places de chant et un taux moyen de reproduction de 0,82 jeunes par poules,
insuffisant pour renouveler et maintenir la population. Ces résultats viennent
confirmer le constat réalisé par d’autres observateurs (PNR des Pyrénées catalanes,
2007 ; Canigó Grand Site, 2011b ; Novoa, 2013) à l’échelle des Pyrénées catalanes et
plus généralement, à l’échelle nationale (OGM, 2013a). Ce déclin des populations,
s’il n’est pas stoppé, conduit à la disparition de l’oiseau des Pyrénées catalanes,
comme cela a déjà été vécu dans les Alpes. Il est donc nécessaire de revoir la gestion
du grand tétras dans les réserves naturelles catalanes, en s’appuyant sur le contexte
favorable créé par la stratégie nationale en faveur du grand tétras (MEDDTL et
LPO, 2012) et sur l’initiative déjà menée par le parc naturel régional des Pyrénées
catalanes en 2007 (PNR des Pyrénées catalanes, 2007).

      Resum : L’anàlisis, durant 16 anys, del seguiment del gall fer a les reserves naturals
catalanes mostra una disminució general del nombre de galls als cantadors i una taxa
mitjana de reproducció de 0,82 polls per gallina, insuficient per renovar i manternir la
població. Aquests resultats confirmen els estudis realitzats per altres observadors (ex.
PNR des Pyrénées catalanes, 2007 ; Canigó Grand Site, 2011b ; Novoa, 2013) a nivell del
Pirineu català i més àmpliament, a escala nacional (OGM, 2013a). Aquesta disminució
de les poblacions, si no s’atura, condueix a la desaparició de l’ocell als Pirineus catalans,
com ja ha passat als Alps. És necessari, doncs, revisar la gestió del gall fer a les reserves
naturals catalanes, recolzant-se en el context favorable creat per l’estratègia nacional
en defensa del gall fer (MEDDTL i LPO, 2012) i en l’iniciativa organitzada pel parc
natural regional del Pirineu català el 2007 (PNR del Pirineu català, 2007).

      Summary : The capercaillie has been studied for the last sixteen years in the
Catalonian Nature Reserves. These studies show that overall there are fewer cocks present
in their courting grounds, and that young hens produce on average 0.82 chicks per year,
which is too few a number to renew and maintain their population. These results confirm
the observations made by other scientists (e.g. PNR des Pyrénées catalanes, 2007 ; Canigó
Grand Site, 2011b ; Novoa, 2013) in the Catalan Pyrenees, and also in mainland France
in general (OGM, 2013a) This decline in population, if it cannot be prevented, will
lead to the disappearance of this bird in the Catalan Pyrenees, as has already happened
in the Alps. So it is necessary to revise the strategy of managing the capercaillie in the
Catalan nature reserves, using as a guide the favourable context created by the national
strategy in favour of the capercaillie, (MEDDTL and LPO, 2012) and the project already
begun by the by the Natural Regional Park of the Catalan Pyrenees (PNR des Pyrénées
catalanes, 2007).
Chapitre 1

Introduction

Il y a sept ans, la Fédération des réserves naturelles catalanes avait
participé à la rédaction d’une Synthèse des connaissances du grand
tétras sur le territoire des Pyrénées catalanes, de 1978 à 2007 (PNR
des Pyrénées catalanes, 2007), réalisée par le parc naturel régional
des Pyrénées catalanes. Deux ans plus tard, en 2009, le ministère de
l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de l’Aménage-
ment du territoire (MEDDTL) a déclenché une Stratégie nationale en
faveur du grand tétras (LPO, 2009), réactualisée en 2012 pour une péri-
ode de dix ans (MEDDTL et LPO, 2012). Dans chacun des documents
cités, la synthèse des connaissances vient appuyer des perspectives et
des préconisations de gestion conservatoire.
    Depuis 1997, dans le cadre de l’observatoire des galliformes de
montagne (OGM), grâce à un partenariat avec l’Office national de la
chasse et de la faune sauvage (ONCFS), la fédération de chasse des
Pyrénées-Orientales (FDC66) et l’Office national des forêts (ONF), la
Fédération des réserves naturelles catalanes (FRNC) appuyée par les
gestionnaires locaux collecte en réserve naturelle des observations
méthodiques sur la dynamique des populations de grand tétras. Sans
cependant ignorer le contexte général, ni de la chaîne pyrénéenne, ni
des Pyrénées orientales, l’objectif du présent rapport est de recueillir
les fruits de ces seize années de travail dans nos espaces protégés.
    Après un bref rappel de la biologie de l’espèce et des principales
méthodes de suivi (chapitre 2 et 3), nous présentons une synthèse des
connaissances enrichie de l’expérience procurée par notre propre ter-
ritoire d’étude (chapitre 4) : dans les réserves naturelles catalanes, au
cours de la période considérée, l’effectif de coqs chanteurs a diminué
et le taux de reproduction de 0,82 jeunes par poule n’assure pas le
maintien de la population à son niveau de 1993. Ces constatations
inédites viennent s’ajouter à celles de l’effondrement de populations

                                   7
et de la réduction du domaine vital du grand tétras à l’échelle de la
France depuis une trentaine d’années, qui a conduit entre autre à
l’extinction récente de la population alpine.
    Les causes de ce déclin ont été largement étudiées et une synthèse
bibliographique en est proposée au chapitre 5. Plusieurs d’entre elles
désignent, directement ou indirectement, les pratiques humaines, et
on doit conclure que l’enraiement du déclin du grand tétras dépen-
dra en partie de la modification de ces pratiques et de la certitude
préalable qu’il est nécessaire de faire quelque chose. De nombreuses
opérations sont déjà inscrites aux plans de gestion écologique de nos
réserves (chapitre 6), mais ce rapport nous montre que les mesures
prises sont insuffisantes et que nous devons reconsidérer nos actions
de gestion.
    En réponse à la situation préoccupante du grand tétras dans les
réserves naturelles catalanes et en nous appuyant sur le contexte
favorable créé par la stratégie nationale, nous souhaitons prolonger
le partenariat qui a permis de diagnostiquer le mauvais état de santé
du grand tétras, de manière à définir aux échelles nécessaires des
mesures conservatoires innovantes et plus efficaces. Après diffusion
de ce premier rapport et concertation avec les parties intéressées, un
second document proposera donc un éventail de mesures de gestion.
L’écologie et la biologie complexes du grand tétras, son organisation
en méta-population, défient les frontières placées par l’homme et
imposent de trouver des solutions que chacun puisse mettre en œuvre
et défendre avec conviction.
Il faut dire que le grand tétras mérite bien tant de sollicitude et,
pour clore cette introduction, il n’est peut-être pas inutile de rappeler
quatre faits qui étayent l’enjeu de conservation du grand tétras.
    Biogéographie Le genre Tetrao est endémique du domaine paléarc-
tique. Il est représenté aujourd’hui par deux espèces seulement. Si
Tetrao urogallus, le coq de bruyère, a une large aire de répartition,
celle-ci est très fragmentée et la souche pyrénéenne provient de po-
pulations réfugiées en péninsule Ibérique lors des dernières glacia-
tions. Ces informations, livrées par les études actuelles du patrimoine
génétique de l’oiseau, nous renseignent sur une histoire complexe,
imparfaitement connue, celle du développement de la vie en Europe
durant les derniers millions d’années.
    Génétique Isolées et soumises aux conditions imposées par le
domaine pyrénéen, ces populations ont développé des adaptations
écologiques et morphologiques qui justifient de distinguer la sous-
espèce Tetrao urogallus aquitanus, endémique des Pyrénées. Cette
force adaptative s’associe à celles de la dizaine de sous-espèces décrites

                                    8
dans toute l’Eurasie pour composer une diversité génétique consti-
tutive de la vigueur de l’espèce. Elle participe également à former le
caractère original de la biodiversité pyrénéenne.
    Écologie L’habitat optimum du grand tétras est un écosystème
forestier mature dont la structure complexe répond aux diverses
exigences de son développement. En retour, Tetrao urogallus est un
élément du fonctionnement et de la stabilité de cet écosystème, à la
fois par lui-même, mais plus encore peut-être aujourd’hui par les
efforts de conservation dont il peut faire l’objet de notre part, au titre
d’espèce-parapluie.
    Les trois premiers faits se restreignent à l’approche scientifique,
le dernier relève de la culture. Il s’agit d’une dimension ethnozo-
ologique qui se manifeste de diverses manières, probablement en-
tremêlées en chacun de nous, depuis l’intérêt scientifique le plus
objectif jusqu’aux nombreuses formes de relations affectives, en pas-
sant par des attitudes éthiques variées. La relation construite au fil du
temps entre l’homme et la nature laisse une empreinte dans les men-
talités, les mots, les attitudes, les objets. Ces traces, le grand tétras,
qui accompagne l’homme depuis des milliers d’années, les a égale-
ment laissées. Conserver le lien vital qui nous unit à lui est nécessaire
pour les entretenir, les redécouvrir ou les comprendre : cela contribue
à expliquer l’homme et peut posséder une vertu réconciliatrice.

                                    9
Chapitre 2

Espèce et statuts
réglementaires

2.1     Description de l’espèce
Le grand tétras (Tetrao urogallus Linnaeus, 1758) est le plus grand des
galliformes européens. L’espèce présente un fort dimorphisme sexuel.
Le mâle est plus grand et plus lourd que la femelle (pour la sous-
espèce pyrénéenne le poids moyen des mâles est d’environ 4 kg contre
2 kg pour les femelles). Le plumage est également très différent : celui
du mâle est noirâtre aux reflets cuivrés et verts, le dessus des ailes est
roux et une tâche blanche est bien visible au niveau des scapulaires 1 ,
la femelle et les jeunes sont brun-roux tachetés, ce qui leur permet
de passer facilement inaperçus au milieu de la végétation.

2.2     Distribution
En France, l’espèce est présente dans les Pyrénées, les Vosges, le Jura
et de manière relictuelle dans les Cévennes (mélange de sous-espèces
issues de réintroductions). Elle a disparu des Alpes et son aire de
répartition a fortement diminué dans les Vosges et le Jura. La sous-
espèce aquitanicus (Ingram, 1915) est endémique des Pyrénées et
niche sur l’ensemble du massif.
    1. Plumes désignant une partie du plumage de l’aile venant recouvrir les épaules de
l’oiseau au repos.

                                          10
2.3   Écologie
Habitat : milieux forestiers diversifiés, présentant une strate arbus-
    tive développée, situés entre 1 600 et 2 300 mètres d’altitude,
    principalement dans les versants froids (N, NE, NW).
    Dans les Pyrénées la formation végétale la plus utilisée est la
    forêt de pins à crochets. Il s’agit d’un habitat caractéristique de
    l’étage subalpin, à la limite altitudinale supérieure des zones fa-
    vorables pour le grand tétras. La limite inférieure, située dans l’é-
    tage montagnard, est caractérisée par des formations mélangées
    de hêtre et de sapin.
Alimentation : en hiver le grand tétras se nourrit essentiellement
    d’aiguilles de pin, son appareil digestif étant spécialement adapté
    à ce régime. Du printemps à l’automne l’alimentation est plus
    variée, composée de pousses de végétaux (arbustes et herbacées),
    ainsi que de baies et d’invertébrés.
Adaptations : l’espèce étant homéotherme, avec l’arrivée de l’hiver
    le grand tétras change de plumage pour mieux résister au froid.
    Les plumes du corps deviennent plus longues (67 à 71 mm en
    hiver contre 58 à 62 mm en été) et l’on observe la présence d’un
    duvet fourni à la base des rectrices. Certaines parties du corps
    habituellement dégarnies chez les oiseaux, comme les narines
    et les pattes, sont pourvues de petites plumes. Des bourrelets
    plantaires permettent une isolation accrue des pattes.
    Pour mieux se déplacer dans la neige, les pattes sont pourvues
    de peignes permettant d’augmenter la surface de contact au
    sol et l’on observe une augmentation de la taille des griffes (en
    moyenne 9 mm en été contre 17 mm en hiver).
Reproduction : la parade commence généralement début mai et peut
    s’étaler sur un mois. Le nid est aménagé très sommairement, au
    sol, simplement dissimulé par la végétation. La ponte, composée
    de 5 à 8 œufs, est généralement déposée fin mai ou début juin.
    La couvaison, assurée uniquement par la femelle, dure 27 jours.
    Après l’éclosion les jeunes suivent la femelle pendant plus d’un
    mois (juillet-août) et gagnent leur indépendance lorqu’ils sont
    capables de voler.
Migration : espèce très sédentaire, ce sont surtout les juvéniles qui se
    dispersent durant leur phase d’erratisme. Les données de suivi
    télémétrique font état de déplacements en moyenne de 1 à 2 km,
    avec des déplacements maximaux pouvant atteindre 25 km. De
    façon générale les poules se dispersent plus loin que les coqs et

                                   11
tendent ainsi à s’éloigner de leur site de naissance. Á l’inverse
      les coqs cherchent à se reproduire le plus près de leur site de
      naissance.
Longévité : 10 à 15 ans

2.4     Mesures de protection
Les mesures de protection en faveur du grand tétras peuvent être
déclinées selon plusieurs échelles 2 .

Au niveau européen          L’espèce est considérée en déclin (Birdlife inter-
national 2004) :
   – annexe III de la convention de Berne ;
   – annexes I, II et III de la directive européenne concernant la
     conservation des oiseaux sauvages ;
   – en Espagne et en Andorre l’espèce est protégée depuis 1986.

Au niveau national    L’espèce est considérée vulnérable (UICN-MNHN
2008) :
   – articles 3 et 5 de l’arrêté ministériel du 17 Avril 1981 fixant la
     liste des oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire ;
   – fait l’objet d’une stratégie nationale de sauvegarde et de conserva-
     tion ;
   – espèce déterminante de la politique nationale Trame verte et
     bleue prochainement déclinée en région L-R par le schéma ré-
     gional de cohérence écologique.

Au niveau régional   L’espèce est considéré vulnérable :
    – présente dans la liste rouge Languedoc-Roussillon ;
    – classé parmi les espèces prioritaires (classement 1+) pour la
      mise en place de nouvelles aires protégées au travers de la
      SCAP 3 .

Au niveau départemental      L’espèce est menacée, sont statut est priori-
taire :
    – espèce soumis au plan de chasse validé par arrêté préfectoral
       (arrêté ministériel du 11/04/1990) ;
    2. Cette section découle principalement de la consultation et synthèse des documents
suivants : Canigó Grand Site (2012) ; PNR des Pyrénées catalanes (2007, 2009, 2012) ; Ménoni
et collab. (2012) ; Principat d’Andorra (2013) ; ONCFS (2012) ; OGM (2010).
    3. Stratégie de création des aires protégées.

                                            12
– arrêté préfectoral permanent pour les forêts communales et
     domaniales (1983) pour limiter le dérangement par chasse pho-
     tographique et la divagation des chiens pendant la période de
     reproduction ;
   – l’ONF a suspendu la chasse dans les territoires domaniaux
     depuis 1991 ;
   – le conseil général a interdit la chasse dans la réserve naturelle
     régionale de Nyer ;
   – espèce prioritaire de la charte du PNR des Pyrénées catalanes
     (décret ministériel du 5 mars 2004), en particulier pour ce qui
     concerne la connectivité des massifs de la Cerdagne ;
   – état de conservation jugé moyen à défavorable dans les documents
     d’objectifs des sites Natura 2000 incluant des zones de présence
     de l’espèce (ZPS Carlit–Capcir–Campcardos et ZPS Canigou–
     Conques-de-la-Preste) ;
   – responsabilité forte à très forte dans les documents d’objectifs des
     sites Natura 2000 incluant des zones de présence de l’espèce :
     Note de 8/14 pour la ZPS Puigmal–Carança ; note de 10/14
     pour la ZPS Carlit–Capcir–Campcardos et note de 10/12 pour
     la ZPS Canigou–Conques-de-la-Preste.

2.5    Dispositions particulières liées à la chasse
En France, le grand tétras n’est plus chassé que dans les Pyrénées :
   – la sous-espèce Tetrao urogallus major (massifs montagneux de
     l’Est) est protégée depuis 1985, par la loi no 76-629 sur la pro-
     tection de la nature (mesure reconduite en 1991 pour une durée
     indéterminée) ;
   – chasse suspendue en Haute-Savoie (1967), dans le Jura (1973),
     les Vosges (1974) et dans les Cévennes (Lozère et départements
     limitrophes) où l’espèce a été réintroduite ;
   – chasse autorisée des coqs maillés 4 sur le territoire national
     (Pyrénées) (arrêté ministériel du 26 juin 1987 fixant la liste des
     espèces de gibier dont la chasse est autorisée).

Dans les Pyrénées, la réglementation diffère selon les départements.
Dans les Pyrénées-Orientales :
   – mise en œuvre d’un schéma départemental de gestion cynégé-
     tique par arrêté préfectoral (code de l’environnement : articles
  4. Le coq est maillé lorsqu’il y a apparition du plumage d’adulte.

                                           13
L. 425-1 à L. 425-15 pour la partie législative et articles R. 425-1
     à R. 425-20 pour la partie réglementaire) ;
 –   pour la saison, les dates d’ouverture et la clôture de la chasse
     de façon générale sont précisées par arrêté préfectoral (code
     de l’environnement : articles L. 425-1 à L. 425-15 pour la par-
     tie législative et articles R. 425-1 à R. 425-20 pour la partie
     réglementaire) ;
 –   les modalités et quotas de prélèvement relatifs au grand tétras
     (plan de chasse légal depuis 1990 ; articles L. 425-1 à L. 425-
     15 pour la partie législative et articles R. 425-1 à R. 425-20
     pour la partie réglementaire du code de l’environnement) sont
     fixés ultérieurement, notamment en fonction des indicateurs de
     suivi :
     – un indice de reproduction (IR) est estimé pour la saison et le
        département selon le programme 039 de l’OGM 5 ;
     – lorsque l’indice de reproduction départemental est inférieur
        à un jeune par poule, le prélèvement est nul ;
     – lorsque l’indice de reproduction départemental est au mini-
        mum d’un jeune par poule, les demandes d’attribution trans-
        mises par la FDC66 6 sont examinées par la CDCFS 7 présidé
        par le préfet ;
     – depuis 2013 sont aussi examinés les indices de reproduc-
        tion à l’échelle d’unités de gestion (au nombre de 3 dans les
        Pyrénées-Orientales, le périmètre de ces unités s’appuie sur
        le découpage du territoire en unités naturelles réalisé par
        l’OGM) ;
     – l’OGM et l’ONCFS préconisent un barème maximal admissi-
        ble de prélèvements : 5 % du stock de mâles adultes pour une
        reproduction de 1 à 1,4 jeunes par poule et de 10 % au-delà
        de 1,4 jeunes par poule (DDTM des Pyrénées-Orientales et
        préfecture des Pyrénées-Orientales, 2013c).
 –   depuis 2013, le projet d’arrêté préfectoral relatif au plan de
     chasse pour le grand tétras pour la saison cynégétique est soumis
     à consultation publique (loi no 2012-1460 du 27 décembre 2012) ;
 –   déclaration obligatoire des oiseaux prélevés sur un carnet de
     prélèvement (circulaire DNP/CFF no 98-5 du 3 juillet 1998 rela-
     tive au carnet de prélèvement obligatoire pour certains gibiers
     de montagne) ;
5. Observatoire des galliformes de montagne
6. Fédération départementale des chasseurs des Pyrénées-Orientales
7. Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage

                                       14
– dans les réserves naturelles nationales, l’avis du comité consul-
      tatif est obligatoire :
      – les décrets ministériels de création des réserves naturelles
        nationales prévoient que les préfets puissent réglementer la
        pratique de la chasse après avis des comités consultatifs (dis-
        position prévue pendant l’acte de classement conformément
        à l’article L332–3 du code de l’environnement) ;
      – selon les dispositions prévues dans l’arrêté préfectoral no 2013
        263 0006 (DDTM des Pyrénées-Orientales et préfecture des
        Pyrénées-Orientales, 2013b) 8 .

                        Note : Cette section découle principalement de la consul-
                        tation et synthèse des documents suivants : Secrétariat
                        général du gouvernement (1987, 2000, 2008) ; MEDDE
                        (1998, 2012) ; DDTM des Pyrénées-Orientales et préfec-
                        ture des Pyrénées-Orientales (2011, 2013a,b,c,d).

   8. Pour rappel ce même arrêté prévoit que « La chasse du Grand tétras est interdite
dans les forêts domaniales, dans les réserves de chasse et de faune sauvage, dans la Réserve
naturelle régionale de Nyer ».

                                            15
Chapitre 3

Principales méthodes de suivi

3.1   Recensement des mâles chanteurs de grand tétras
L’objectif est de suivre l’évolution démographique des places de
chant et plus généralement de la population. Les agents des réserves
naturelles réalisent, depuis plus de quinze ans, un suivi annuel et
régulier des places de chant situées sur leur territoire.
    Le protocole utilisé est celui du programme 041 de l’OGM. Le
dénombrement est réalisé entre mi-avril et fin mai, moment des
parades nuptiales. Les observateurs sont cachés dans des affûts placés
la veille au soir du comptage, avant 20 heures. Le comptage démarre
à 4 heures et prend fin une demi-heure après l’arrêt de l’activité
matinale. Le protocole est répété à une ou deux semaines d’intervalle
environ. Seul le meilleur des deux résultats est retenu.

3.2   Évaluation du succès de la reproduction
Afin de suivre le succès de reproduction de l’espèce, les réserves
catalanes réalisent en partenariat avec l’ONCFS et les ACCA locales
un suivi annuel et régulier au chien d’arrêt sur les principaux sites
d’élevage des jeunes de grand tétras.
   Le protocole utilisé est celui du programme 042 de l’OGM. Le
dénombrement est réalisé au mois d’août sur la base de comptages au
chien d’arrêt. Les secteurs de comptage ont été définies par l’OGM de
façon à échantillonner de manière uniforme les différentes unités na-
turelles du département. Trente-deux secteurs sont définis à l’échelle
des P.O.

                                 16
3.3   Suivi des habitats hivernaux
L’objectif premier de cette action est l’établissement d’une cartogra-
phie fine des zones d’hivernage du grand tétras. L’actualisation mesurée
de cette carte permet d’approcher la fréquentation du grand tétras
pendant cette période critique pour l’espèce qu’est l’hiver et, de fait,
de veiller au maximum de tranquillité de ces secteurs.
    Les premières campagnes permettant d’établir l’état initial ont eu
lieu essentiellement en réserve naturelle de Py entre 1999 et 2001. La
deuxième campagne a été réalisée environ une décennie plus tard,
pendant l’hiver 2011–2012. Entre ces deux états, des évaluations
ponctuelles plus sommaires ont pu avoir lieu.
    Les prospections sont effectuées du 15 janvier au 15 avril, entre
1 800 et 2 300 mètres d’altitude et généralement trois jours après un
épisode neigeux. Sont privilégiés les peuplements forestiers résineux
(essentiellement les pineraies à crochets) exposés en ubac. Le proto-
cole consiste à rechercher et localiser géographiquement tout indice
de présence de l’espèce (crottes, plumes, empreintes, observations
directes, etc.). Pour ce faire, sont constituées des équipe de deux à
cinq personnes qui progressent « en battue » le long des courbes de
niveau en partant des secteurs les plus bas. Les observateurs sont
distants les uns des autres de 10 mètres au plus, ceci afin d’optimiser
la recherche d’indices tout en permettant de prospecter des surfaces
importantes.

                                  17
Chapitre 4

Synthèse des connaissances

4.1     Aire de répartition
4.1.1   Indice de répartition communale
L’évolution du domaine vital est un paramètre difficile à mesurer et
le plus souvent on a recours à des indicateurs. Un des indicateurs
utilisés, pour évaluer grossièrement l’aire de répartition de l’espèce
à l’échelle des Pyrénées, est la présence où l’absence de l’espèce à
l’échelle communale. Une enquête à été réalisée auprès de l’ensem-
ble des partenaires de l’OGM au cours des l’années 2009–2010. Les
résultats ont été publiées en 2011 (cf. tableau 4.1 page 19).
    Il en découle qu’actuellement, sur l’ensemble des Pyrénées, l’aire
de répartition du grand tétras semble se stabiliser. Néanmoins, cette
réalité plutôt encourageante ne doit pas faire oublier le recul très
important observé pendant la période 1950–1990 au cours de laquelle
l’espèce a disparu de vingt-trois communes pyrénéennes.

4.1.2   Cartographie fine
L’OGM dispose actuellement d’une cartographie pyrénéenne de l’aire
de répartition globale du grand tétras à une échelle relativement fine.
Réalisée à dire d’expert avec le concours de l’ensemble des partenaires
de l’OGM, cette cartographie a d’abord vu le jour en 2003, puis a été
récemment complétée et mise à jour en 2009. Ces zones de présence
globale englobent plusieurs unités cartographiques constituant les
sites d’hivernage, les sites de nichées ainsi que les places de chant.
    À l’échelle des Pyrénées-Orientales on peut remarquer la modéli-
sation des zones favorables au grand tétras, étude réalisée en 2008
dans le cadre de l’élaboration du Plan d’actions en faveur du grand
tétras dans les Pyrénées catalanes, synthèse réalisée pour le PNR des

                                  18
(2011).
      Rég
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                                                                    200
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                                                                                           0–2
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                                                                                                                 se
                                                                     4                     2                régu nce
                                                                                         12               200 lière
                                                                                                              0–2
                                                                                        57                        009
                                                                                       71                     29
                                                                                                            61
                                                                                                           207
                                                                                                          297
                                                                                                                        représentent un nombre de communes. Sources : Buffet et Dumont-Dayot
                                                                                                                        Table 4.1 – Statut communal du grand tétras ventilé par régions. Les valeurs
Table 4.2 – Estimation des effectifs de Tetrao urogallus aquitanicus en 2011,
ventilés selon différentes échelles géographiques. Sources : Canigó Grand
Site (2011b).

                                            minimum     maximum
           effectifs européens                5 000      6 000
           effectifs nationaux                3 500      4 200
           effectifs régionaux (L-R)           400        485
           effectifs départementaux (P.O)      320        360

Pyrénées catalanes et dans laquelle les réserves naturelles se sont
beaucoup investies (cf. figure 4.1).
   Les travaux à des échelles encore plus fines — de l’ordre d’un
massif forestier — sont rares, mais l’on peut citer le suivi diachronique
de l’aire de répartition hivernale avérée du grand tétras réalisé en
réserve naturelle de Py par son gestionaire (cf. section 3.3 page 17).

4.2      Indice d’abondance
4.2.1    Estimations avant 2012
Actuellement le nombre d’individus pour l’ensemble des Pyrénées
est estimé entre 5 000 et 6 000 oiseaux (cf. tableau 4.2 page 20), la
grande majorité de la population étant localisée sur le versant nord
des Pyrénées, en France. Le statut du grand tétras dans les Pyrénées-
Orientales est considéré très précaire :
        « ... il semble que le nombre moyen de coqs par place de
        chant soit en diminution de plus de 30 % depuis 1980.
        Rappelons que ce département abrite 66 à 90 % de la po-
        pulation régionale. »
        Canigó Grand Site (2011b)

4.2.2    Nouvelle méthode « OGM 2012 »
En 2012 l’OGM fournit pour la première fois une estimation de
l’indice d’abondance (cf. figure 4.2). Ce calcul a pu être réalisé grâce
à la mise en place d’un nouveau protocole basé sur le suivi des places
de chant, l’ancienne méthode ne permettant pas de réaliser un échan-
tillonnage suffisant pour obtenir des résultats significatifs.

                                     20
Figure 4.1 – Modélisation des zones potentiellement favorables au grand
tétras dans le secteur du PNR des Pyrénées catalanes. Source : PNR des
Pyrénées catalanes (2007).

                                  21
Figure 4.2 – Estimation des indices d’abondance pour la région géo-
graphique de la haute chaîne orientale et pour l’ensemble des Pyrénées.
Sources : OGM (2013a).

    Ainsi, dans l’unité géographique de la haute chaîne orientale en
France, on estime le nombre de coqs présents compris entre 202
et 654 individus, la valeur de plus forte probabilité étant 280 coqs.
Les valeurs avancées constituent une fourchette des valeurs les plus
probables pour lesquelles le risque de se tromper est de 5 %. Le
nombre de poules peut être estimé en considérant un sexe ratio
équilibré entre les mâles et les femelles 1 .
    Il faut remarquer la jeunesse de cette nouvelle méthode. Les pre-
miers résultats ont pu être calculés au bout de deux ans de collecte
des données. Il est vraisemblable que les estimations évoluent et
s’affinent avec le temps et l’accumulation de nouvelles données.

                                  22
Table 4.3 – Estimation du nombre de grand tétras présents dans le territoire
des réserves naturelles catalanes. Calculs effectués depuis les données brutes
issues des comptages sur place de chant (de 1997 à 2014, cf. tableau A.1
en annexe A page 67). L’optimum est calculé sous l’hypothèse que les coqs
restent fidèles à leurs place de chant d’une année sur l’autre. L’estimation
2014 regroupe les données les plus récentes pour chaque place de chant.
Sources : données FRNC, OGM (2013c, 2014).
   Réserve naturelle         Optimum          Estimation             Estimation OGM
                             1997–2014           2014                      2013
                   Py           33                14                    13 [11–16]
                Mantet          10                 4                     6 [5–11]
        Prats-de-Mollo           1                 0                     2 [0–10]
              Nohèdes            4                 2                      3 [2–7]
                 Eyne            3                 2                      1 [1–3]
                 Total          51                22                    25 [19–47]

4.2.3     À l’échelle des réserves naturelles catalanes
L’analyse des données brutes des suivis sur place de chant (don-
nées disponibles en annexe A) permet d’estimer la variable optimum
présentée dans le tableau 4.3. Cet optimum regroupe les valeurs maxi-
males constatées sur chacune des places de chant et généralement
observées les premières années de suivi 2 .
    En faisant l’hypothèse que les coqs restent fidèles à leurs places
de chant d’une année sur l’autre, on peut estimer à 51 le nombre de
coqs potentiellement présents par le passé en territoire des réserves
naturelles catalanes. Cet effectif contraste avec les 22 coqs que l’on
estime actuellement présents dans ces mêmes territoires.
    Ces valeurs font état d’une diminution potentielle et globale de
plus de 50 % de la population en seulement 17 ans de suivi. Cette
diminution est particulièrement perceptible pour les réserves na-
turelles de Py et de Mantet qui conservent les effectifs de coqs les
    1. Dans la littérature pyrénéenne, le sexe-ratio du grand tétras est généralement considéré
équilibré. C’est sous cette hypothèse que sont calculés, entre autre, les indices annuels de
l’OGM. Ce rapport fait également cette hypothèse, ceci afin de conserver des données
comparables avec les valeurs de référence. Cependant, actuellement, l’hypothèse d’un sexe-
ratio équilibré dans le département des P.O peut être contesté, comme démontré par l’analyse
en annexe C page 71. Sous l’hypothèse d’un sexe-ratio équilibré alors qu’il serait plutôt
déséquilibré en faveur des femelles, on sous-estime le nombre de femelles et on surestime
l’indice de reproduction.
    2. Pour des raisons historiques, le calendrier de mise en œuvre des suivis sur place de
chant diffère d’une réserve à l’autre. Les réserves naturelles de Py et de Mantet ont mis en
place les premiers suivis en 1997–1998. La place de chant la plus récemment trouvée et
suivie l’a été sur le territoire de Nohèdes en 2008.

                                             23
plus importants, mais, malgré des effectifs plus faibles et les suivis
plus récents, le phénomène semble également présent dans les autres
réserves naturelles 3 .
    Le nouveau protocole de suivi mis en place par l’OGM (cf. sec-
tion 4.2.2) fournit une approche complémentaire pour l’estimation
des effectifs sur un territoire. Les estimations sont davantage robustes
à l’échelle des régions naturelles, mais l’OGM fournit également
pour la première fois des estimations à l’échelle des unités naturelles.
Transposés à l’échelle des réserves naturelles, ces résultats présentés
dans le tableau 4.3 fournissent des estimations assez proches de ce
qui est observé sur le terrain. Cette approche permet le calcul d’un
intervalle de confiance sur les valeurs, calcul qui intègre par exemple
les places de chant inconnues. L’annexe B page 69 fournit les données
et la méthode utilisées pour le calcul de ces estimations à l’échelle
des réserves naturelles catalanes.

4.3     Tendance des effectifs
4.3.1   À l’échelle des Pyrénées
Au début des années 1990 le nombre de grands tétras en France est
estimé entre 8 000 et 12 000 individus. La population pyrénéenne est
quant à elle estimée entre 3 000 et 5 000 individus dans les années
2000 (PNR des Pyrénées catalanes, 2007). Depuis l’OGM observe
une diminution globale de la population pyrénéenne. Cet indice est
fournit par le suivi temporel d’un réseau de places de chant de référence
sur l’ensemble des Pyrénées.
Ainsi, pour la chaîne des Pyrénées cet indice est négatif depuis
plusieurs années. On estime que les effectifs ont diminué de 21 % à
36 % sur la période allant de 2000 à 2013 (OGM, 2013a).

4.3.2   À l’échelle de la haute chaîne orientale pyrénéenne
À l’échelle de la région géographique de la haute chaîne orientale,
jusqu’à peu les données ne permettaient pas de conclure en faveur
d’une tendance significative des effectifs — les intervalles de confi-
ance étant à la fois dans des valeurs négatives et positives. En 2011
les nouvelles tendances permettent de constater pour la première
fois une réelle diminution des effectifs — entre -2 % et -35 % pour la
période 2000–2011 (OGM, 2011). Malheureusement cette tendance
  3. Pour une analyse plus fine des tendances, se reporter à la section 4.3.3.

                                            24
Table 4.4 – Tendance des effectifs de coqs de grand tétras sur 10 places
de chant situées dans les réserves naturelles catalanes (seuls les places de
chant avec au moins 6 années de suivi ont été prises en compte). Test sur les
pentes des droites de régression des distributions observées : l’hypothèse
nulle est celle d’une pente non significativement différente de zéro ; R2 est
le coefficient de corrélation entre les distributions observées et un modèle
linéaire d’écoulement temporel ; lorsque la probabilité est inférieure ou
proche de 0,05 alors la pente de la droite de régression est significativement
différente de zéro.
 Commune          ID.OGM    periode     nb.annees   moy.coqs   coef.deter   pente   p.value   accroissement
 Py                   136   1997-2012          16     10.56          0.24   -0.35      0.05   -35
 Py                    15   1998-2012          15       4.53         0.36   -0.23      0.02   -23
 Py                   135   1998-2012          13       1.62         0.52   -0.20      0.01   -20
 Py                   147   2000-2011           8       0.50         0.22   -0.06      0.24
 Mantet               134   2000-2012          12       4.17         0.42   -0.39      0.02   -39
 Mantet               337   2002-2012           8       0.12         0.07    0.02      0.54
 Prats-de-Mollo       335   2007-2012           6       0.17         0.02    0.03      0.80
 Nohèdes              334   2004-2012           9       1.67         0.42   -0.17      0.06   -17
 Eyne                 328   2007-2012           6       0.67         0.04   -0.06      0.69

est également confirmée en 2013 ou l’on estime que les effectifs on
diminué de 6 % à 38 % depuis l’an 2000 (OGM, 2013a).

4.3.3    À l’échelle des réserves catalanes
 On constate (cf. tableau 4.4 page 25) que pour les places de chant
 avec des effectifs importants ou moyennement importants — nombre
 moyen de coqs supérieur à un individu — la droite de régression des
 distributions observées possède une pente significativement négative,
 c’est à dire qu’elle confirme des effectifs globalement en baisse. Pour
 les places de chant à très faibles effectifs on n’observe pas d’évolution
 significative. Ceci peut facilement s’expliquer du fait d’un nombre
 de coqs très faible sur ces places de chant — moyenne inférieure à
 un — ce qui ne favorise pas la mise en évidence de variations surtout
 lorsque le nombre d’années de suivi est relativement court.
     Les taux d’accroissement significativement non nuls varient entre
-17 et -39 % des effectifs. On peut conclure que ces valeurs, observées
 sur les places de chant du territoire des réserves catalanes, confirment
 la décroissance des populations de grand tétras constatée par l’OGM,
 aussi bien à l’échelle de la région géographique de la haute chaîne
 orientale, qui nous concerne, qu’à l’échelle des Pyrénées françaises.
La tendance des effectifs peut également être approchée en étudiant
l’évolution du nombre moyen de coqs sur les places de chant. Pour
le calcul de cet indice, seules quatre places de chant, situées dans les

                                              25
7
 nb moyen de coqs

                    6

                    5

                    4

                    3

                         1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

                    15
 nb de coqs

                    10

                    5

                    0
                         1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
                                                        années

Figure 4.3 – Évolution du nombre moyen de coqs sur un ensemble de 4
places de chant des réserves naturelles de Py et de Mantet, entre 1999 et
2012.

réserves de Py et de Mantet, ont été utilisées, ceci afin de disposer d’un
lot de données homogène sur la période de temps la plus importante
possible. Il faut remarquer qu’il s’agit des places de chant des réserves
avec les effectifs les plus importants, les places de chant à faibles
effectifs ne disposant pas d’un suivi temporel suffisamment important
et constant.
    La distribution de la figure 4.3 (page 26) suggère également une
diminution des effectifs pour la période de temps considérée. Les
premières années, entre 1999 et 2003, le nombre moyen de coqs
oscille entre six et sept coqs, tandis qu’après 2003 la moyenne ne
dépasse pas cinq coqs.

                                                        26
Si l’on réalise un test sur la pente de la droite de régression de
cette distribution on obtient une pente significativement négative
(probabilité égale à 0,003) d’une valeur de -22 %.

4.4     Estimation du succès de reproduction
L’indice de reproduction — calculé par le rapport entre le nombre de
jeunes et le nombre de femelles observées — permet d’appréhender
le succès de reproduction d’une espèce pour une période donnée.
Comme tout estimateur cet indice se rapproche d’autant plus de la
réalité qu’il est calculé à partir d’un échantillon suffisant. Par un
raisonnement purement statistique, on estime la taille d’un échantil-
lon représentatif à au moins 30 observations. Pour l’espèce qui nous
concerne il s’agirait d’observer au moins 30 poules, accompagnées
ou pas de jeunes. Les résultats obtenus à partir d’échantillons de très
faibles effectifs — moins de 20 poules — sont considérés comme peu
fiables et doivent être utilisés avec beaucoup de précautions, de façon
indicatrice.
    Pour ces raisons et du fait des densités relativement faibles des
populations de grand tétras comparées à d’autres espèces, il est plus
aisé de travailler à des échelles plus grandes, regroupant plusieurs
unités de reproduction. L’échelle la plus pertinente semble être celle
de l’écorégion.

4.4.1    À l’échelle des Pyrénées-Orientales et des réserves catalanes
Ainsi, à l’échelle des réserves catalanes, les effectifs que l’on peut
observer sur un pas de temps annuel sont beaucoup trop faibles
pour obtenir des estimations fiables de l’indice de reproduction et
il est préférable de raisonner sur des périodes plus longues — par
exemple pour l’ensemble de la période 1993–2013. À ce titre les
indices annuels de reproduction observés dans les réserves catalanes
et représentés figure 4.4 page 29 sont donnés ici uniquement pour
faire remarquer la concordance qu’il semble se dégager entre notre
distribution et celle observée dans les Pyrénées-Orientales.
    Sur le territoire des réserves catalanes ont été observés de 1993
à 2013 : 96 poules, 14 adultes indéterminés et 84 jeunes. Sous l’hy-
pothèse d’un sexe-ratio équilibré entre les mâles et les femelles 4 ,
   4. Dans la littérature pyrénéenne, le sexe-ratio du grand tétras est généralement considéré
équilibré. C’est sous cette hypothèse que sont calculés, entre autre, les indices annuels de
l’OGM. Ce rapport fait également cette hypothèse, ceci afin de conserver des données
comparables avec les valeurs de référence. Cependant, actuellement, l’hypothèse d’un sexe-

                                             27
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