Le nouveau Rabat transforme l'immobilier de toute une région - EDITORIAL Rabat montre la voie. p2
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numéro 63 1er trimestre 2021 p6 Le nouveau Rabat transforme l’immobilier de toute une région EDITORIAL Focus Avec nous Rabat montre la 2020 : l’arrêt, puis le Rapromo lance voie. [p2] rebond. [p13] un projet de haut standing à Kénitra. [p14]
Rabat montre la voie L ’année écoulée promettait d’être difficile avec la crise sanitaire. Le très net rebond du deu- xième semestre a réduit l’inquiétude que le premier avait fait naître. Le secteur immobilier que nous observons au travers de notre réseau et de nos partenaires et clients promoteurs a montré une grande rési- lience. Cela est encourageant pour 2021. Les fondamentaux du secteur sont solides. La demande est là, forte et diversifiée. On le constate chaque jour dans cette région très dynamique Ismail El Filali qu’est Rabat, laquelle illustre bien ces propos. La ville ne Président du Directoire de Wafa Immobilier cesse de s’étendre et son influence se fait ressentir tout autour, à Skhirate, Ait Atiq, Témara, Salé, Kénitra. En 20 ans, la région s’est complètement transformée. L’apport des infrastructures a été bien décisif : les ponts sur le Bouregreg, les deux lignes de tramway, le TGV, la rocade, l’autoroute de contournement, de nouvelles routes ont dopé la région. Autour de cette innervation du territoire, toute l’aggloméra- tion urbaine se développe puissamment. Le dynamisme des promoteurs a également accompagné cette nouvelle donne avec des adaptations des politiques de l’offre. L’ensemble des villes que la capitale administrative du pays irrigue de son activité et sa richesse monte en gamme. Des villes hier délaissées deviennent très prisées. Partout le logement monte d’un cran, passant du social au moyen de gamme, du moyen de gamme au haut standing. Des petits bourgs ruraux comme Ain Aouda ou Sidi Yahia deviennent des villes-satellites. Dès que l’urbanisme se déploie, les villes se développent rapidement et harmonieusement, les promoteurs suivent et investissent. L’urbanisme, c’est la visibilité d’ensemble du secteur immobilier. La bonne santé de Rabat, et bien heureusement d’autres exemples de villes également, vient nous le confirmer. La lettre de Wafa Immobilier n° 63 - 1er trimestre 2021 — page 2
Nouvelle donne 0,6 U Le rebond post-Covid se confirme au quatrième trimestre 2020, quoique plus faible qu’au trimestre précédent. Après n peu plus d’un an après le premier confine- une forte hausse au troisième trimestre 2020 (+ 4,1 %), l’in- ment dû à la pandémie, le monde de l’immo- dice des prix des actifs immobiliers a progressé de 0,6 %. En bilier réfléchit aux modalités d’une relance glissement annuel, il affiche exactement la même progression pour accompagner la demande toujours bien de 0,6 %. On peut donc dire que le retrait des prix lié à la crise sanitaire a été effacé. C’est le cas pour tous les biens immobi- présente. liers, sauf les bureaux, toujours à la peine : -12,1 % par rapport Les yeux sont évidemment tournés vers les pouvoirs publics au trimestre précédent, et -6,3 % en un an. dont le nouveau dispositif d’aide au logement social repose sur l’étude de la Banque mondiale en cours. Une aide à l’ac- Evolution de l'Indice des prix des actifs immobiliers (IPAI) quisition des logements pour les catégories les plus démunies (%) (%) 100 100 est une nécessité qui fait consensus. Elle redynamisera le 99 IPAI 99 logement social. 98 98 Le soutien de la demande est un des moteurs de l’immobilier. 97 97 96 96 Il passe également par un nouvel ajustement de la VEFA et un 95 95 financement facilité par les banques, avec des taux éventuel- 94 94 93 93 lement bonifiés par l’état, comme le demandent les promo- 92 92 teurs immobiliers. T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 15 16 17 18 19 20 Cette relance passe également par l’accélération de la mise Sources : BAM - ANCFCC à niveau du processus administratif, dont les progrès sont à confirmer. La digitalisation déjà en route doit être le socle de T R AN SAC T I ON S I M M OBIL IÈRES la mise en place d’une nouvelle fluidité et d’une réelle rapi- 39,2 dité. Or, dans l’économie moderne, la vitesse est un facteur de rentabilité. Et quand toute la profession ne va pas suffisam- ment vite, le déficit de logement se contracte plus lentement qu’espéré. Si le rebond en termes de prix est très faible au quatrième trimestre, ce n’est pas le cas pour le nombre de transactions. Elles ont à nouveau spectaculairement crû de 39,2 % par rap- port au trimestre précédent. En glissement annuel, la hausse est impressionnante : +27,1 %. Cette hausse concerne encore une fois tous les biens immobiliers, y compris les bureaux. Cependant, ces derniers n’ont pas retrouvé le niveau de l’an- née passée, puisque les transactions en glissement annuel ont baissé de 22,9 %. Evolution du nombre de transactions pour les résidences 30 000 25 000 La lettre de 20 000 15 000 La Lettre Wafa Immobilier est une revue trimestrielle publiée par Wafa Immobilier, SA à Directoire et à Conseil de surveillance au capital 10 000 de 50 000 000 DHS — Siège social : 112, angle rue Rembrandt et BD Abdelmoumen — Casablanca, agréée en qualité de société de finance- 5000 mentw 1097-96 du 30 mai 1996 Tél. : 05 29 02 02 02 — www.wafaimmobilier.com Directeur de la publication : Ismail El Filali 0 Comité de rédaction : Loubna Aboulhassan, Najib Bekkaye T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 Conception et rédaction : Média 5 16 17 18 19 20 Sources : BAM - ANCFCC La lettre de Wafa Immobilier n° 63 - 1er trimestre 2021 — page 3
Faits marquants 109 % C’est le taux de réalisation du programme Villes sans bidon- villes, par rapport aux objectifs de 2004. 453 000 familles sont concernées par le programme. Elles n’étaient que 270 000 en 2004. 152 000 attendent leur tour, dont 70 000 ont déjà leur logement en cours de réalisa- tion. 84 % des bénéficiaires se disent satisfaits de l’emplace- ment des projets et 92,5 % ont pu accéder à la propriété. 5,1 % Le Haut-Commissariat au Plan prévoit une croissance de 5,1 % pour le secteur du BTP en 2021, Rabat, ville lumière, patrimoine mondial L après un recul de 9,8 % en 2020. a Ville de Rabat a été inscrite en 2012 sur la liste du patrimoine mondial l’UNESCO +2,7 % en tant que « capitale moderne et ville historique : un patrimoine en partage ». Cette inscription a permis à la Ville lumière d’enclencher une meilleure protection de son riche patrimoine, des Oudayas au Chellah, en passant par les monuments modernes comme Les ventes de ciment ont pro- la gare du centre-ville. Elle a aussi ses contraintes : l’UNESCO a par exemple envoyé un cour- gressé de 2,7 % en 2020, contre rier au gouvernement pour lui transmettre son inquiétude quant à l’impact visuel de la tour de 5,3 % en 2019. La situation sani- BMCE-Bank sur l’embouchure du Bouregreg. taire, les pluies de l’automne ont contrarié une année où la commande publique a soutenu la demande. Elle a dit 10 % « (je suis) impressionnée par les réalisations du Royaume dans le domaine de l’élimination des bidonvilles, du traitement de l’habitat insalubre, du développement des C’est, selon le ministre des programmes de logement qui répondent aux besoins Finances, la part des trans- de la population et de la création de nouvelles villes ferts des Marocains résidant à ouvertes aux nouvelles technologies et aux exigences l’étranger (MRE) qu’ils inves- modernes de l’urbanisme, ainsi que par la grande tissent chaque année dans le dynamique que connaît le développement humain foncier et l’immobilier. dans le Royaume. » Maimunah Mohd Sharif Directrice exécutive du programme des Nations unies pour les établissements humains ONU-Habitat La lettre de Wafa Immobilier n° 63 - 1er trimestre 2021 — page 4
L’habitat menaçant ruine le nombre de personnes par pièce est TNB génère un nouveau marché supérieur à trois. L’État avait donné jusqu’au 1er mars pour Pour recaser les ménages de l’habi- que les contribuables régularisent leur tant menaçant ruine de la médina Agadir préserve son situation au regard de la taxe sur les ter- de Casablanca, l’Agence urbaine de patrimoine rains urbains non bâtis. Passé ce délai, les Casablanca a lancé un appel d’offres pénalités de retard s’élevaient à 15 % du ouvert aux promoteurs immobiliers pour montant de la taxe. Certaines communes produire 1 400 d’appartements sociaux. qui perçoivent cet impôt local ont été sub- Les logements sociaux sont de type F3 ou mergées. F4, d’une superficie minimale de 55 m² chacun, hors parties indivises. Pour tenir 2,67 millions de logements les coûts, les projets seront construits Sur les dix dernières années, selon les à l’extérieur dans les préfectures de statistiques de l’Habitat, 2 663 782 loge- Nouaceur, Mohammédia, Médiouna, ce qui ments ont été achevés dont 41 131 loge- obligera les ménages à quitter le centre- ments à faible VIT, 414 462 logements ville. Ils devront verser 100 000 dirhams sociaux à 250 000 DH, 552 709 logements pour accéder à leur nouveau logement. Le 61 ans après le séisme qui l’a dévasté, auto-construits de type maison marocaine, reliquat sera versé sur fonds publics aux la ville d’Agadir veut préserver son patri- 143 104 appartements de moyen et haut promoteurs. moine. Non pas seulement les quelques standing et 14 685 villas. Les opérations de rares bâtiments qui ont survécu au cata- logements sociaux à 250 000 DH absorbent Taamir, le nouveau pas clysme, mais surtout ceux qui ont été donc 43 % de la production. Elles sont digital de l’Urbanisme élevés dans les années soixante lors de suivies par l’auto-construction avec 37 % la reconstruction de la ville. Ce patri- alors qu’elles représentaient la majorité moine parfois signé par de grands noms des constructions il y a une génération. de l’architecture est aujourd’hui protégé. Le bâtiment de Bank Al Maghrib va être 2,625 transformé en musée de la reconstruc- Les dépenses fiscales consacrées au loge- tion et de la mémoire d’Agadir. Le cinéma ment social se sont élevées à 2,625 mil- Salam deviendra un lieu de culture. Le liards de dirhams, selon la ministre de marché municipal, la cité suisse, le quar- l’Aménagement du territoire, de l’urba- Le ministère de l’Aménagement du terri- tier touristique, tout ce centre-ville issu nisme, de l’Habitat et de la politique de la toire, de l’urbanisme, de l’habitat et de la de la reconstruction des années soixante Ville. politique de la ville a mis en ligne tous les a été inventorié pour être préservé. Et la documents d’urbanisme. On peut désor- Kasbah Oufellah, qui domine la baie, a été Mise à niveau mais consulter sur son smartphone, sa repeinte dans un blanc étincelant. La notice de sécurité et la fiche d’effi- tablette ou son ordinateur le géoportail cacité énergétique qui doivent être national des documents d’urbanisme Les MRE surveillés jointe depuis le 1er janvier 2021 à toute www.taamir.gov.ma. Les 29 agences La cour d’appel d’Anvers a condamné un demande d’autorisation de construire, urbaines y publient désormais leurs docu- locataire social de nationalité marocaine selon le nouveau Règlement général de ments. Presque 700 documents d’urba- propriétaire d’un bien immobilier au construction, pose un problème d’adap- nisme homologués sont déjà en ligne. Maroc. Le juge a considéré que, selon la tation. Ces documents sont à la fois loi, nul ne peut prétendre à un logement techniques et coûteux, et seraient respon- Un confinement difficile social s’il est propriétaire d’un bien immo- sables d’une chute de 50 % du nombre 18,7 % de la population a déclaré avoir bilier, même à l’étranger. La plainte avait de demandes d’autorisation de construire souffert de la promiscuité pendant le été déposée par la société de logements depuis le début de l’année dans certaines confinement, selon le dernier rapport du sociaux anversois Woonhaven Antwerpen villes. Elles sont délivrées par l’architecte HCP. Les femmes sont plus nombreuses auquel le condamné devra rembourser ou un bureau d’étude, avec lesquels une à avoir souffert : 21 % contre 16,4 % des 61 000 euros de prestations sociales. Les partie des demandeurs n’ont pas l’habi- hommes. Sans surprise, cette promiscuité MRE sont également sous la surveillance tude de traiter. a été plus ressentie dans les villes, quand des services des Pays-Bas. La lettre de Wafa Immobilier n° 63 - 1er trimestre 2021 — page 5
Les clefs pour comprendre Têtière Le nouveau Rabat transforme l’i Rabat est considérée comme la deuxième ville du pays. Un paradoxe pour une ville d’à peine plus de 500 000 habitants. Mais son influence est telle qu’elle s’est appropriée toute la conurbation qui vit de sa richesse, et qui a dépassé largement les deux millions d’habitants. Le nouveau pont sur le Bouregreg, où passent voitures et tramway, a permis le rapprochement des sœurs jumelles. T ramway, pont à haubans, auto- trielle textile, et plus loin à Kénitra. Pas de grandes routes de contournement, aména- hauteurs dans une ville majoritairement sous les R gement des berges du Bouregreg, +4, une règle aux dérogations plutôt rares. Pas de où s’élèverait une tour de 250 m de densité de population trop forte dans une ville aérée, haut, les grands travaux se multi- aux larges avenues arborées, aux espaces verts plient et bousculent Rabat, bien décidée à abandon- en quantité. Rabat est une ville qui se veut propre, ner son passé de paisible capitale administrative. ordonnée. À Rabat, l’urbanisme s’est toujours voulu irrépro- chable, maîtrisé, pour que la ville soit une vitrine du (4,6) Salé, l’hôtel de Rabat pays, le moins que l’on puisse attendre pour le siège Ce qui dépassait, on l’a repoussé plus loin. À Salé, du pouvoir politique. Elle a bénéficié d’une attention La population de la jumelle indissociable, au vieux passé corsaire, permanente de la part de feu le Roi Hassan II, qui a Rabat-Salé-Kénitra devenue « l’hôtel de Rabat ». Puis plus loin, dans les accompagné pendant son long règne le déploiement est de 4,58 millions nombreuses villes-satellites. Les données démogra- de la capitale, sa ville. À Rabat, ville dont on moque d’habitants selon phiques sont sans équivoque : Rabat est la seule ville volontiers le côté calme, rangé, voire ennuyeux, ou le recensement de du Maroc à avoir un solde démographique négatif rien ne dépasse, a toujours été préservée de ce qui 2014, soit 13,5 % de la (voir carte ci-contre). Plutôt que d’accueillir les habi- dénature une ville. Pas d’industrie avec son cortège population nationale. tants nécessaires au développement de sa puissance de pollutions et de migrations de main-d’œuvre, que La conurbation Rabat- politique, administrative et même économique, avec l’on a sans jalousie laissée à Casablanca, la grande Salé a une population les entreprises publiques, Rabat les a repoussés à sœur ennemie. Dans les années quatre-vingt, on de 1,6 million l’extérieur de ses limites administratives. Rabat s’est l’a tolérée dans une proximité distante à Témara, d’habitants, selon le gentrifiée. Et autour d’elle, les villes-satellites, plutôt Skhirate, Aïn Atiq, un peu à Salé avec sa zone indus- même recensement. que les banlieues, ont explosé. La lettre de Wafa Immobilier n° 63 - 1er trimestre 2021 — page 6
Têtière immobilier de toute une région Rabat se dépeuple, la région explose La ville originelle s’est presque figée. L’agence Population en 2014 >1 000 000 urbaine de Rabat n’accorde plus les autorisations de construire qu’au compte-gouttes. Difficile de faire de la promotion immobilière dans une ville à l’urba- 25 000 à 500 000 nisme cadenassé. Les terrains, quoi qu’il en soit, sont de plus en plus rares ; inexistants au centre-ville. >25 000 1,96% Même la réserve foncière de Hay Riad s’est tarie. Le Kénitra développement en hauteur est proscrit. Province Kénitra À l’Agdal, il n’y a pas de foncier. Les rares terrains se négocient à 9 000 dirhams le m2 pour les sur- Bouknadel faces jusqu’à 500 m², et au-dessus de 10 000 dirhams Salé quand elles sont plus grandes. Le plan d’aménage- Préfecture Salé ment ne prévoit que très prudemment de faire pas- -0,86% RABAT Préfecture Rabat 1,78% ser les zones villas en zones immeubles. À l’Agdal, le Témara Ain El Aouda projet d’un grand groupe immobilier fait figure d’ex- ception. D’ailleurs, au centre-ville, à l’Agdal, le mar- Skhirate ché immobilier est presque exclusivement un marché Province Skhirate - Témara secondaire. Quelques rarissimes petits projets d’im- meuble d’une dizaine d’appartements apparaissent au milieu d’une mer d’immeubles anciens. 3,9% Rabat centre, un marché de seconde main Source : Recensement de 2014 On négocie les appartements de seconde main à 19 000 dirhams le m2. L’ancien oscille entre 14 000 et 15 000 dirhams le m2. Les acheteurs sont de nou- dit acquéreur en sortant de son travail à l’Agdal pour veaux venus dans ce quartier : de hauts cadres d’ad- acquérir un logement à Tamesna ou Témara. ministration, des professions libérales, des acheteurs Il ne reste plus beaucoup de ces fonctionnaires qui qui ont les moyens de s’installer dans ce quartier peuplaient l’Agdal. Les ministères se sont déplacés, le devenu cher. Les premiers habitants, essentielle- ment des fonctionnaires qui travaillaient à proximité, (21 %) travail s’est éloigné. Seule minorité des habitants d’hier peut aujourd’hui sont partis vivre ailleurs. Ils vendent au prix fort des acheter un appartement à 1,4 ou 1,6 million de appartements devenus trop petits pour leurs besoins La Région Rabat- dirhams : quelques couples de fonctionnaires qui et vont acheter, avec le produit de la vente, un appar- Salé-Kénitra (21 %) démarrent, avec une position plutôt élevée, qui s’en- tement plus grand, à Salé ou Kénitra. Ils vendent compte à elle seule dettent sur 25 ans, avec l’aide des parents, et qui entre 15 000 et 17 000 dirhams le m2 et achètent entre le cinquième des devront déménager pour plus grand avant même 9 000 et 12 000 dirhams le m2. 530 000 fonctionnaires d’avoir remboursé le crédit. Mais même ces ventes à l’Agdal sont devenues rares. de l’État, soit C’est la même rengaine un peu plus loin, dans le Fait révélateur, l’agence Wafa Immobilier de l’Agdal, plus de 110 000 quartier central entre la gare et la tour Hassan. la première à avoir ouvert à Rabat, reste une des plus fonctionnaires. Ils Ici, certaines zones villas ont été ouvertes aux dynamiques du réseau. Mais elle fait l’essentiel de déterminent une part immeubles R +3 et R +4. Beaucoup de villas sont son chiffre d’affaires à l’extérieur du quartier. Elle importante du marché ainsi à la vente. Mais avec un prix supérieur à 10 000 a gardé son fond de clientèle, partie vivre ailleurs, immobilier. dirhams le m2, difficile pour les promoteurs de mais demeurée fidèle, et qui vient chercher un cré- faire autre chose que du haut standing qu’ils écou- La lettre de Wafa Immobilier n° 63 - 1er trimestre 2021 — page 7
Têtière Le réaménagement de l’embouchure du Bouregreg est un des projets phares de Rabat. Il conquiert de nouveaux espaces au développement de la ville. leront à partir de 18 000 dirhams le m2, plus sou- mière au Maroc. Toujours la volonté de maîtriser l’ur- vent entre 21 000 et 22 000 dirhams. Les superfi- banisme de Rabat. cies de 40 à 120 m² trouveront preneur auprès de Imaginé sur plus de 1 500 hectares, finalement revus jeunes couples, avec deux salaires et un apport des à 570 hectares, Hay Riad a mis du temps à trou- parents, et un crédit à très long terme. L’ancien n’est ver son rythme de croisière. Mais les immeubles de guère plus accessible, avec des prix entre 12 000 et bureaux ont inexorablement émergé, se sont multi- 15 000 dirhams le m2, un prix qui fait sortir les biens à pliés, drainant de nombreux travailleurs et fonction- plus d’un million de dirhams. (Bouregreg) naires, saturant le site et inaugurant les embouteil- Le centre-ville de Rabat, zone historiquement d’ad- lages. Aujourd’hui, les terrains se sont raréfiés. ministrations, se dépeuple au fur et à mesure que L’Agence pour les ministères sont transférés vers Hay Riad. Le petit l’aménagement de la Hay Riad, quartier de riches quartier de ministères cachés dans les arbres qui vallée du Bouregreg Pour habiter sur place, les heureux élus ont dû convenait à l’administration d’un pays de 11 millions a été créée en mettre le prix. Hay Riad est un quartier de riches. d’habitants dans les années cinquante a explosé novembre 2005 et Les appartements neufs se négocient entre 20 000 et devant le gonflement d’une administration d’un pays les travaux ont été 26 000 le m². L’ancien, comme on l’appelle bien qu’il qui s’est considérablement développé. Il s’est sur- lancés en janvier 2006. ne dépasse pas 15 ans, trouve preneur entre 17 000 et densifié : « Je connais des immeubles où travaillent Elle a commencé par 22 000 dirhams le m2. La clientèle ici a nécessai- plus de 500 fonctionnaires qui font la navette tous les de lourds travaux rement les moyens. Hauts cadres de la fonction jours, » explique cet agent Immobilier. Le stationne- d’infrastructures, publique ou d’entreprises, gérants de société, profes- ment est d’ailleurs devenu très difficile et en décou- en lançant sions libérales, ce sont des personnes entre 35 et 50 rage plus d’un. concomitamment le ans, très actives dans les affaires, qui ont les moyens Au cours des vingt dernières années, les administra- nouveau pont, un tunnel d’investir trois millions de dirhams dans un apparte- tions centrales ont migré vers Hay Ryad, un quartier sous les Oudayas et ment de trois chambres. Ils viennent chercher à Hay vierge où l’on pouvait construire des immeubles à la deux lignes de tramway Ryad le haut standing, le luxe, la sécurité, le voisinage mesure des nouveaux besoins. reliant Rabat et Salé sur de classes sociales évoluées, un entre soi de riches. Hay Riad a été conçu dans les années soixante-dix et un linéaire de 20 km. Dans le neuf, les achats se font essentiellement sur ouvert à l’urbanisation au début des années quatre- Ces infrastructures ont plan. Les promoteurs connus (CGI, Prestigia, Akwa, vingt. Ce développement au sud de Rabat sur des transformé les relations etc.) rassurent et l’achat sur plan permet une éco- terres guich a été confié à un établissement public ad entre les deux villes. nomie non négligeable : 16 000 dirhams le m2 contre hoc, la Société d’aménagement Ryad (SAR), une pre- 22 000 dirhams lorsque le logement est fini, soit une La lettre de Wafa Immobilier n° 63 - 1er trimestre 2021 — page 8
Têtière L’arrivée du tramway a été un élément déterminant pour le développement de Salé en Le pont à haubans qui permet le contournement de Rabat a rendant possible le déplacement des nombreux fonctionnaires qui travaillent à Rabat. Ils pour résultat de désengorger la capitale et de fluidifier son ont pu se loger à un meilleur prix à Salé autrefois très mal reliée à Rabat. accès quotidien aux travailleurs qui viennent par la route. économie de presque 30 %. Ce type d’achat n’est allant entre 6 et 9 millions de dirhams sur des terrains d’ailleurs pas ouvert à tous les acquéreurs. Comme de 650 et 1 000 m² avec 180 à 560 m² construits. Des les biens ne sont pas encore titrés et ne peuvent être prix très distinctifs, mais qui ne refroidissent pas une hypothéqués pour un financement, ils concernent des clientèle qui ne trouve plus à se loger à Hay Ryad, où, acquéreurs déjà installés dans la vie qui apportent pour le même prix, elle trouvera des villas plus petites, un autre bien existant en garantie. « 80 % ont déjà un anciennes. bien, » explique cet agent immobilier. La clientèle est la même qu’à Hay Riad qu’elle peut Le foncier a presque disparu. Il ne reste que rejoindre par la route, après un trajet de 20 minutes. quelques petits terrains de 200 à trois cents m2, de La situation dans ce nouveau quartier tout en lon- 4 500 dirhams le m2 en moyenne. Des niveaux d’in- gueur est d’ailleurs déterminante pour le prix : entre vestissement qui ne concernent que des clients très les km 15 et 22, les prix descendent de 30 %. aisés, des directeurs généraux, des patrons d’entre- Le quartier est encore dépourvu des infrastructures prise dans une logique d’investissement immobilier. essentielles. Mais elles arrivent : Carrefour prévoit d’y Cette saturation foncière pousse les promoteurs bâtir un hypermarché et une zone commerciale sur vers les zones voisines. « La seule zone d’exten- 9 ha. Deux grandes stations-service, et bientôt une sion naturelle de Rabat est le plateau d’Akrach, une troisième, ont été construites. Une clinique, une école réserve foncière de 1200 hectares», explique Anis privée arrivent. Benjelloun, promoteur immobilier et vice-président Un millier de logements ont été construits sur cette de la FNPI. Mais le dossier n’avance pas. Alors, la nouvelle zone haut de gamme où le potentiel est ville s’étend plus loin, au sud vers Témara, à l’Est trois à cinq fois supérieur. Mais y aura-t-il la clientèle vers El Manzeh et les nouvelles zones ouvertes à pour des prix aussi élevés ? El Manzeh pourrait glis- l’urbanisation. ser lentement vers le moyen standing. Mais pour le moment, le prix des terrains ne permet pas de com- Sur la route des Zaërs mercialiser à moins de 10 000 dirhams le m2 et les Dans le prolongement de l’avenue Mohammed VI, pouvoirs publics n’accordent de permis de construire anciennement route des Zaërs, un nouveau quar- que pour le haut standing. tier est apparu voici cinq ans : El Manzeh. Ce nou- veau quartier résidentiel est résolument orienté vers Les villes voisines explosent le haut de gamme. Un promoteur, Indigo, a livré deux Rabat saturée, les travailleurs dont elle a besoin vont tranches de 24 et 47 villa clés en main, à des prix se loger plus loin. À commencer par la voisine, Salé. La lettre de Wafa Immobilier n° 63 - 1er trimestre 2021 — page 9
Les clefs pour comprendre Têtière La demande solvable est venue pour l’essentiel par des fonctionnaires de Rabat, à la recherche des loge- ments les plus proches des stations de tramway. Phénomène nouveau, dans un pays où les grandes villes sont dénuées de grandes infrastructures de transport en commun, Salé affiche clairement une différence de prix en fonction de la distance qui sépare le logement de la station de tramway. Salé s’est développée parallèlement à l’océan, en direction de Kénitra. Les nouveaux quartiers de Bouchouk ou Saïd Hajji ont surgi de terre. Le plan d’aménagement de Salé en a fait une nou- velle ville, au charme naissant. On ne plus ignorer la lente montée en gamme de Salé, l’amélioration Personne ne voulait de ses logements à 90 000 dirhams lorsque Sala Al Jadida a été de son cadre de vie, le changement de son image, la lancée. Aujourd’hui, la ville s’est remplie et s’épanouit dans le moyen standing. propreté. Elle ne va cependant pas vers le haut de gamme. Silencieuse, effacée face à la notoriété de Rabat et La ville est plus chère que Témara et Kénitra de 1000 l’influence de la capitale politique, elle s’est dévelop- à 1500 dirhams le m2. Mais elle reste accessible, pée discrètement, en voûtant le dos. Cette ville clan- avec des prix qui ne dépassent pas les 10 000 dirhams destine, populaire, mitée par les bidonvilles, n’en est le m2. Quelques rares quartiers, comme Bettana et pas moins devenue une des villes les plus peuplées Hay Salem, proposent des villas de seconde main à du Maroc. Certains en font la deuxième ville la plus des prix compris entre 10 000 à 12 000 dirhams le m2 peuplée du Maroc, avec ses extensions. 90 000 per- qui intéressent souvent des Salétins de cœur. sonnes habitent dans la préfecture, mais avec ses développements, la ville approche des deux millions Le foncier est disponible à Salé d’habitants. Le foncier reste disponible. Autour de la gare de Salé Salé a longtemps été une ville très populaire, arc- Tabrikt, la demande a fait monter le prix des terrains boutée autour de sa médina historique, accueillant à 5 000 dirhams le m2. Mais en allant vers Bouknadel une population de petits fonctionnaires faisant la où Sidi Abdallah, les promoteurs peuvent trouver de navette, des militaires affectés à l’une des deux bases grands terrains d’un ou deux ha, entre 1 500 à 2000 militaires, dont la base aérienne la plus importante dirhams le m2. Une génération de promoteurs dyna- (VSB) du pays, d’ouvriers et d’ouvrières du textile pour les miques s’active à développer la ville : Mohammed usines de la zone industrielle, de commerce informel. Aouad, Mohamed Sekkat, Touahri, Mohammed Ce sont les grands travaux d’infrastructures qui Mhidra, Ait Simo. Ils se sont fait une spécialité du vont changer la destinée de la ville. La construction Rabat a été déclarée moyen standing. L’un d’eux et même un des rares de deux ponts sur le Bouregreg, la pénétration du ville sans bidonville promoteurs dans le pays à avoir développé un pro- tramway jusqu’au nord de Salé, les autoroutes pour en 2020. Les jet conventionné avec les pouvoirs publics à 7 300 aller à Kénitra, ces développements des vingt der- derniers bidonvilles dirhams le m2. nières années ont facilité les migrations quotidiennes de la capitale ont Ils proposent le plus souvent des logements entre entre Rabat et Salé. La ville, hier populaire, s’est finalement été rasés 75 et 120 m², avec deux ou trois chambres, à des ouverte aux classes moyennes auxquelles s’adresse dans les quartiers prix entre 7 500 et 10 000 dirhams le m2, dans des aujourd’hui l’essentiel de l’immobilier. populaires de Yaâcoub immeubles R +4, ils représentent des biens acces- El Mansour, El Akkari sibles dès 550 000 et jusqu’à 1,2 million de dirhams. Une ville aujourd’hui de moyen standing et l’Océan. Mais à Ils intéressent des fonctionnaires essentiellement, Salé a bien connu un engouement pour le logement Témara, Salé et travaillant sur Rabat, mais aussi pour beaucoup sur social. Mais les relèvements rapides des prix du fon- Kénitra, ils prolifèrent la ville elle-même, comme les militaires des deux cier y ont mis un terme. Salé produit aujourd’hui et la moitié d’entre bases à proximité. À l’agence Wafa Immobilier de essentiellement du moyen de gamme. eux reste à éradiquer. Salé, le tiers des dossiers est apporté par les mili- La lettre de Wafa Immobilier n° 63 - 1er trimestre 2021 — page 10
Têtière taires. L’influence de la fonction publique est forte. Cela commence à changer sur la ville de Sala El Jadida. La ville est née ex nihilo, d’une décision d’autorité, mais visionnaire, de feu le Roi Hassan II. En lan- çant ce projet à grande échelle, il entendait montrer l’exemple pour réduire le déficit de logement. Son programme des 20 000 logements avait son vaisseau amiral, qui devait être construit par Bouygues et le fut par Fadesa. Il était composé intégralement de logements sociaux qui, en dépit de leur prix de 90 000 dirhams pour 50 m² qui paraît aujourd’hui dérisoire, ne se vendaient pas. Personne ne voulait s’exiler sur ce promontoire de la rive droite du Bouregreg. Aujourd’hui, les mêmes logements sont très deman- Le développement des infrastructures de transport a permis l’essor de Kénitra. La nouvelle dés et s’échangent à 350 000 dirhams. La ville a gare du TGV, symbole de sa modernité, contribuera à la relier à Tanger et Casablanca. dépassé son statut de cité-dortoir pour devenir une petite ville de moyen standing. Isolée au départ, elle ville, le prix au m2 est passé de 6500 à 8500 dirhams, est aujourd’hui desservie par l’autoroute. Le tram- soit une progression de 2000 dirhams par m2, ce qui way n’est plus qu’à 2 km. Une zone d’activité de ser- est important dans une ville comme Kénitra. vices s’est développée à proximité : Technopolis. Salé La hausse a évidemment été provoquée par les El Jadida a trouvé son équilibre en dehors de Rabat fonctionnaires Rbatis et Slaouis. Mais elle est auquel elle n’échappe cependant pas. Beaucoup de relayée depuis par des commerçants, des salariés jeunes cadres des jeunes ménages qui travaillent à de la zone franche. Le développement de la zone Technopolis s’y sont installés récemment, dans de franche automobile en 2012 a apporté à Kénitra une nouvelles constructions à proximité même de leur dynamique économique indépendante de Rabat. Un lieu de travail. Cette dynamique vertueuse attire nombre important de salariés, surtout jeunes, qui même des investisseurs qui achètent des logements travaillent dans les usines de câblage a cherché à pour les louer aux jeunes gens qui débutent dans la se loger à Kénitra. L’accélération et la montée en zone de service, où de nombreuses entreprises sont gamme de la zone franche, notamment depuis l’ar- venues s’installer, y compris des multinationales rivée de Peugeot, ont apporté une nouvelle clien- comme Amazon. tèle avec des besoins plus élevés. Les promoteurs (1 200) locaux ont trouvé un nouveau marché dans le moyen Kénitra explose standing amélioré. Depuis une dizaine d’années, une évolution s’est faite jour à Salé. Le succès de la ville l’a légèrement ren- Le plateau d’Akrach Kénitra, ville de classes moyennes chéri. Les fonctionnaires ont commencé de lorgner est pressenti pour Car si l’on trouve de nombreux programmes sociaux du côté de Kénitra. La ville, parfaitement desservie prendre le relais de à l’entrée vers Rabat, dans le quartier Bir Rami par les transports en commun et l’autoroute, pro- Hay Riad, saturé. (Programme Manafii), ou dans l’ancienne Médina, la pose des superficies plus importantes à des prix plus Mais le dossier demande et le positionnement de la ville est claire- attractifs. La capitale du Gharb a aussi meilleure d’urbanisme, annoncé ment au moyen standing. Les promoteurs vendent image que Salé, longtemps pénalisée par son passé comme imminent des appartements à partir de 350 000 dirhams, mais très populaire. depuis longtemps, avec une superficie plus grande, de l’ordre de 60 à Kénitra a connu une expansion immobilière remar- n’aboutit pas, car 70 m², bien mieux adaptée à la demande des classes quable, induite par la hausse des prix à Rabat et Salé, fortement contesté. moyennes. et rendue possible par de bonnes infrastructures de Avec 1 200 hectares, Ce dynamisme a créé un tissu de promoteurs locaux : transport. la réserve foncière Youssef Daoudi, Aït Simou, Haj Abouchouari, Hicham L’essor s’est fait lors de la dernière décennie. Les est conséquente. jirari, Saìd Zine, Aziz Rahioui, les Frères Zizi, etc. prix ont commencé à monter après 2012. Au centre- Un embryon de demande en haut standing en centre- La lettre de Wafa Immobilier n° 63 - 1er trimestre 2021 — page 11
Têtière 12 ville a émergé près de la gare de Kénitra, sur l’ave- nue des FAR, où le m2 a franchi le cap des 11 000 dirhams. La ville, jadis très calme, connaît ses pre- miers embouteillages aux horaires de travail. C’est aussi le cas de Témara, vers laquelle le même phénomène qui a poussé Salé et Kénitra s’est déve- loppé. Pour simplifier, Salé et Kénitra ont en majorité attiré les fonctionnaires qui travaillent dans le centre de Rabat. Témara et sa région ont attiré les fonction- naires qui travaillent sur Hay Riad. Témara, extension de Hay Riad Témara, autrefois ville de passage, est devenue depuis dix ans l’extension de Hay Riad. La ville est évidemment prisée par les fonctionnaires de l’État et Tamesna devait désengorger Rabat. Mais la ville nouvelle, dépourvue d’infrastructures, les salariés travaillant sur Rabat. L’économie locale, reste aux trois quarts vide. qui n’est pas inexistante, ne nourrit pas le dyna- misme de la ville. Ses zones industrielles accueillent des industries de main-d’œuvre dont les besoins au logement trouvent à se satisfaire dans des pro- (Tamesna) tination balnéaire prisée est devenue également un choix de résidence principale. On y trouve essentielle- grammes sociaux développés localement. ment des villas dont les prix sont de moitié inférieurs Tamesna s’étend La demande porte essentiellement sur le moyen à Hay Riad : de deux à quatre millions de dirhams, sur 840 ha. Elle a standing. On y trouve des appartements R +2 et R +3, contre six à huit millions. Un peu plus loin, Skhirate, été conçue pour dans de grandes résidences qui sont développées commence également à intéresser les ménages pour accueillir 200 000 par des promoteurs attirés par ce dynamisme. Ils les résidences principales. Des appartements en haut personnes dans viennent de toutes les régions, même de Marrakech. standing se vendent entre 9 500 et 12 000 dirhams le 50 000 logements dont Ils trouvent à Témara une demande toujours forte, m2. 10 000 unités dédiées un foncier disponible. Les terrains d’un à deux ha se au relogement des négocient entre 1 200 et 1 500 dirhams le m2. Les plus Bourgs ruraux, villes satellites bidonvillois. Le déficit petites superficies plus au centre, de 300 à 500 m2, Un standing à l’opposé de l’intérieur des terres, où d’infrastructures se vendent à 3 000 ou 5 000 dirhams le m2. Ce foncier des bourgs ruraux qui ne s’emplissent que le jour a empêché son leur permet de proposer des prix pour des appar- du souk ont connu des bouleversements radicaux. décollage. Elle ne tements de 60 à 130 m² maximum, entre 500 000 à C’est le cas de Sidi Yahia des Zaërs où l’État a érigé compte que 50 000 1,6 million de dirhams. la ville nouvelle de Tamesna ; où plutôt tenté d’éri- habitants. ger. « Tamesna est une ville nouvelle sur papier. Il Coopératives et balnéaire manque les infrastructures principales, les moyens Petite particularité locale à Témara, les coopératives de transport » regrette un résident. Ce qui attire les et amicales y sont très nombreuses. Ce mode de pro- nouveaux arrivants, c’est le prix. C’est d’ailleurs le motion immobilière permet d’obtenir des apparte- seul argument. ments de moyen standing à 5 000 ou 6 000 dirhams le À Tamesna, le terrain pour villas se vend entre 2 500 m2. Mais, en contrepartie de ce prix plus bas, ache- et 3 000 dirhams le m2 et intéresse les classes ter auprès d’une coopérative nécessite de disposer moyennes. Le moyen standing se vend jusqu’à 8 000 de fonds. Rares sont celles qui accèdent au crédit dirhams le m2. Mais sans voiture, avec du transport bancaire, et les clients doivent verser des avances au en commun long et compliqué, il est illusoire d’aller y départ de projets qui peuvent durer 10 ans. Bref, c’est habiter. On ne peut trouver une ville plus dortoir que un mode adapté à des ménages disposant déjà d’un Tamesna. Les gens y viennent pour dormir en l’ab- patrimoine et voulant changer pour mieux. sence d’activités économiques aux alentours. C’est Sur le littoral, Harhoura à côté de Témara, connaît encore à Rabat qu’ils vont travailler. La capitale n’a une seconde vie. La zone qui n’était hier qu’une des- pas fini d’aimanter la région. La lettre de Wafa Immobilier n° 63 - 1er trimestre 2021 — page 12
focus Têtière 2020 : l’arrêt, puis le rebond L’année 2020 est décidément étrange : après un arrêt total, le secteur immobilier O a presque retrouvé son niveau d’avant. n prédisait un avenir sombre trimestre et de 39,2 % pour le second tri- Évolution du marché immobilier en 2020 pour l’immobilier en 2020. mestre. Sur l’ensemble de l’année, le recul % % 120 117,6 4 C’est finalement sur un bilan est cependant de 15,2 %. Les prix sont restés 3,6 3 satisfaisant qu’elle s’est ter- fermes. Sur le marché secondaire, selon cet 90 2 minée. Certes, le secteur partait avec deux indice, ils se sont repliés de 0,9 %, soit une -60 1 39,2 handicaps : une situation d’attentisme qui quasi-stagnation. 0 0,6 30 perdure depuis quelques années et cet évé- Les promoteurs le confirment : ils n’ont pas -31,2 -42,8 -1 0 -1,6 nement exogène extraordinaire qu’a été la cédé à l’attitude des acquéreurs qui pen- -2 -30 crise sanitaire. saient pouvoir profiter de cette période dif- -3 -3,3 Au début de l’année 2020, les promoteurs ficile pour l’immobilier pour faire de bonnes -60 -4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 immobiliers avaient toujours sur les bras affaires. Les promoteurs sont restés fermes. Evolution des Volumes Evolution des Prix des stocks importants de logements. Le Certains ont pu concéder des remises à la Source : Bank Al Maghrib et ANCFCC confinement décrété en raison de la pan- sortie du confinement de peur d’une aggra- démie du Covid-19 a complètement arrêté vation de la crise. Mais le retour consistant franges urbaines des grandes villes comme la mécanique immobilière. Études nota- des ventes sur le marché les a vite conduits Casablanca et Rabat, à Dar Bouazza, riales et bureaux de vente fermés, banques à maintenir leur prix. Bouskoura, Harhoura ont vu arriver de nou- et administrations travaillant à distance, les Le quatrième trimestre a confirmé la ten- veaux clients à la recherche de logement transactions immobilières se sont tout sim- dance : augmentation de 39 % des volumes et leur apportant plus d’espace, un cadre de vie plement arrêtées. Le recul constaté sur les fermeté sur les prix. Les ventes se sont effec- différent. Cette nouvelle demande et claire- volumes au premier trimestre, puis surtout tuées sans concession sur les prix. Seul l’État ment issue de l’expérience du confinement. au second trimestre a été spectaculaire. a concédé des avantages fiscaux pour redy- Mais la grande majorité des ménages qui L’indicateur du secteur immobilier publié namiser le secteur, comme l’exonération par- avait planifié l’acquisition d’un nouveau loge- par Bank Al Maghrib et l’Agence nationale tielle ou totale des droits d’enregistrement. ment en 2020 semble l’avoir concrétisé. de la Conservation foncière du Cadastre et Cela est aussi pour le logement social. Au de la Cartographie montre que les volumes Aides publiques importantes fond, une des clés du rebond était entre les se sont repliés de 31,2 % au premier tri- Cet effort de l’État a porté ses fruits selon mains des banques. Allaient-elles rester pru- mestre et 42,8 % au second semestre. Les la profession qui a appelé d’une seule voix dentes et filtrer plus sévèrement les dossiers prix, selon cet indice, se sont en revanche à sa reconduction pour toute l’année 2021. de demande de crédit, où allaient-elles jouer maintenus : -1,6 % le premier trimestre et L’État n’a concédé que six mois, convaincus le jeu de la continuité ? -3,3 % pour le second trimestre. de l’efficacité de la mesure, mais également Chez Wafa Immobilier et le réseau témoin de la reprise du marché qui ne doit Attijariwafabank, la reprise a été accom- Recul sévère pas qu’aux seules mesures fiscales. pagnée et les résultats en termes de pro- Cet indice est cependant incomplet puisqu’il La demande est restée ferme en 2020. Elle a duction de crédits immobiliers ont été très ne considère que les ventes sur le marché des fondements sains que la crise du coro- clairs. secondaire. Les promoteurs immobiliers navirus n’est pas venue contrarier. Chez Cette dynamique vertueuse a permis aux qui écoulent des logements neufs donnent Wafa Immobilier, on a même été surpris de promoteurs de retrouver très rapidement le cependant le même son de cloche : arrêt des la vigueur de cette demande au deuxième rythme. Les chantiers ont été rouverts dès ventes et maintien des prix. semestre 2020. L’année s’est finalement le mois de juillet, et l’écoulement des ventes Le troisième trimestre, avec la sortie du soldée sur une progression par rapport à au cours du second semestre a permis de confinement, apparaissait comme déter- 2019, ce qui montre bien le dynamisme du se projeter dans l’avenir. Si la crise sanitaire minant. Il a clairement fait apparaître un marché immobilier. est encore là, la saison des pluies a mis de rebond spectaculaire, selon l’indice de Bank La crise sanitaire n’a pas fait taire la côté la sécheresse qui entravait une par- Al Maghrib et de l’ANCFCC. Les volumes demande. Elle a peut-être même stimulé, tie la demande, en grippant une partie des se sont envolés de 117,6 % au troisième en tout cas modifiée. Les promoteurs des rouages de l’économie. La lettre de Wafa Immobilier n° 63 - 1er trimestre 2021 — page 13
Avec nous Têtière Rapromo lance un projet de Fort de vingt ans d’expérience dans sa ville, le promoteur propose 48 appartements dans la ville haute, un quartier résidentiel de Kénitra. Le centre ville de Kénitra a évolué vers le haut standing. L es travaux d’un nouveau projet de Vers le haut standing Rapromo sur Kénitra battent leur plein. Kénitra est avant tout une ville de moyen standing. Le promoteur a confiance : la capitale du Elle s’est aujourd’hui suffisamment développée Gharb connaît depuis 10 ans une expan- pour ne plus laisser de place au logement social. sion urbaine soutenue que les difficultés ailleurs Les prix du foncier, encore raisonnables, sont ne ralentissent pas. Cette croissance est soutenue néanmoins trop élevés pour le logement à 250 000 par deux phénomènes principaux. Le premier est dirhams. Et le pouvoir d’achat de la population de la saturation de Rabat, la capitale administrative, Kénitra s’est élevé pour en faire une ville de classe dont les prix de l’immobilier ont tant augmenté moyenne. que de nombreux fonctionnaires sont venus cher- cher à Kénitra des logements plus spacieux à des (R+6) Un nouveau créneau a même fait son apparition. : le haut standing. Il était jusqu’à présent inexistant. prix plus accessibles. Le deuxième phénomène est Kénitra prend de la Il a progressivement émergé dans l’hypercentre de endogène : le développement de la zone franche hauteur. En centre- la ville, près de la gare ferroviaire. industrielle a amené une activité économique ville, les immeubles C’est ce nouveau créneau que Rapromo, du groupe propre à la ville et nourrit une demande immobi- vont jusqu’à R+8. Le Rahioui, un promoteur qui s’est forgé sur la ville, projet de Rapromo lière nouvelle. Enfin, le développement des infras- a choisi d’investir avec son nouveau projet Bab s’élève en R+6, dans tructures de transport (train, autoroute) a permis un quartier mitoyen Essalam au quartier la ville haute . Depuis ses d’exploiter pleinement ces deux tendances lourdes. de l’hypercentre. débuts en 2003, le promoteur a réalisé de nom- breux projets dans tous les quartiers de Kénitra, et La lettre de Wafa Immobilier n° 63 - 1er trimestre 2021 — page 14
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