LE PAYSAGE N'EXISTE PAS - FRAC Auvergne
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Le paysage n’existe pas Exposition des œuvres de la collection du FRAC Auvergne Du 14 janvier au 16 mars 2020 Lycée Pierre-Joël Bonté - Riom Adam ADACH Darren ALMOND Tania MOURAUD Seamus MURPHY Jérôme ZONDER Grands mécènes du FRAC Auvergne
LE PAYSAGE N’EXISTE PAS Faire face à l’immensité d’un océan ou d’une chaîne de montagnes constitue toujours une expérience mêlée de sublime et d’intense fascination. Pourtant, apprécier la beauté de ces espaces n’a pas toujours été si évident et pour s’en convaincre il suffit de regarder la manière dont la montagne a longtemps été perçue. Qualifiée "d’affreux pays" par Montesquieu, longtemps contournée par les voyageurs qui ne voyaient en elle qu’un lieu de danger accablé de maladies effrayantes, il faut attendre le XVIIIe siècle pour que la montagne devienne un sujet d’admiration. Et le constat pourrait être le même pour la mer, le désert, les volcans, réduits pendant longtemps à leur seule utilité scientifique. Cette évolution du regard peut s’expliquer en partie par l’évolution de la notion de paysage. En effet, jusqu’au siècle des Lumières, ces environnements étaient ce que le philosophe Alain Roger appelle des "pays" - et non des paysages : "Le pays, c’est en quelque sorte le degré zéro du paysage [...]. Voilà ce que nous enseigne l’histoire, mais nos paysages sont devenus si familiers, si «naturels» que nous avons accoutumé de croire que leur beauté allait de soi ; et c’est aux artistes qu’il appartient de rappeler cette vérité première, mais oubliée : qu’un pays n’est pas d’emblée un paysage et qu’il y a de l’un à l’autre toute l’élaboration de l’art1". Pour Alain Roger, l’art nous aurait "appris", à travers ses représentations, à apprécier ces environnements - soulignant au passage que ce que nous pensions être un sentiment tout à fait naturel serait en fait un héritage culturel2... Si d’autres facteurs peuvent sans doute expliquer ce rapport nouveau que les hommes entretiennent avec leur environnement depuis le XVIIIe siècle, il est intéressant de voir de quelle manière les artistes contemporains continuent l’exploration de cette notion de paysage. Ils parviennent ainsi à renouveller tout autant l’histoire de sa représentation que le regard que l’on porte sur ce qui nous entoure. La liberté avec laquelle les artistes explorent aujourd’hui ce sujet est frappante dans leur volonté d’exprimer des idées qui, parfois, sortent de la simple représentation d’un coin de nature pour investir d’autres domaines. Souvenir (Adam Adach), dimension historique ou politique (Jérôme Zonder), témoignage d’événements d’actualité (Seamus Murphy), références à l’histoire de l’art (Tania Mouraud) sont ainsi autant de sujets qu’un artiste peut traiter en s’appuyant sur le paysage. Le champ des possibilités est si vaste que l’on pourrait affirmer, non sans une certaine ironie, que le paysage, en tant que genre artistique, "n’existe pas" car il est bien souvent le support d’une recherche plus large. 1 Alain Roger, Court traité du paysage, 1997, Editions Gallimard, Paris. 2 Janine Vittori. Le paysage. https://ia2b.ac-corse.fr/attachment/92844/
Adam ADACH Né en Pologne en 1962 - Vit en France ¬ Granica La série des grands paysages de neige que l’artiste réalise en 2002-2003 2003 et à laquelle on peut rattacher Granica se distingue stylistiquement et Huile sur médium thématiquement du reste de son travail artistique. 150 x 160 cm Elle se caractérise par la présence imposante de la nature et par l’extrême Collection FRAC Auvergne réduction de la figure humaine. Tous les tableaux de cette série évoquent des paysages immenses, et souvent peints depuis un point de vue bas, en légère contre-plongée. Cette série a été inspirée par un voyage en Alaska au cours duquel l’artiste fit l’expérience, dans une grotte glaciaire, d’une lumière extrême, inconnue ailleurs. C’est aussi cette lumière qu’il s’efforce de rendre dans ces tableaux aux champs de neige d’un vert turquoise. Mais si d’un côté la présence de la couleur joue un rôle important dans la construction d’un espace imaginaire - lequel aspire littéralement le spectateur -, d’un autre côté le traitement de la surface picturale empêche l’immersion totale dans cet espace imaginaire. La monumentalité de la nature dans Granica évoque les paysages de l’art romantique allemand, notamment ceux de Caspar David Friedrich. Mais si chez Friedrich, les figures sont contemplatives et passives, voire écrasées par la nature, chez Adam Adach ces figures sont inscrites dans une existence concrète.
Darren ALMOND Né en Grande-Bretagne en 1971 - Vit en Grande-Bretagne ¬ Fullmoon@Farm La série Fullmoon se développe depuis plus de dix ans et parcourt de manière 2007 transversale l’ensemble de l’œuvre de Darren Almond. L’artiste traverse le Impression quadri sur vinyle 121 x 121 cm monde pour y trouver les points de vue de la série, les plus récents ayant été Production FRAC Auvergne choisis en Ouganda, dans la luxuriance étouffante des forêts les plus humides de la planète, en quête des sources du Nil situées sur les plus grands glaciers d’Afrique, dans les montagnes du Ruwenzori culminant à plus de 5000 mètres d’altitude. La première photographie de la série, Fifteen Minute Moon est née presque par hasard, dans le sud de la France, face à la Montagne Sainte-Victoire si chère à Cézanne. Il s’agit d’une photographie prise la nuit, en situation de pleine lune, mais dont le temps de pose fut celui d’un baiser longuement échangé avec celle qui l’accompagnait alors. La beauté de l’accident savamment saisi est à l’origine de cette vaste série ininterrompue à ce jour, dont le théâtre s’étend sur le monde. La série Fullmoon, habitée par de multiples références à la peinture (John Constable, William Turner, Caspar David Friedrich etc.), utilise le paysage pour délivrer une conception du temps et de la réalité. Une chaîne de montagnes asiatique aux contreforts escarpés évoque la gravure chinoise ; un paysage anglais aux contrées verdoyantes invite John Constable ; un alignement de falaises frappées par l’écume océanique convoque Caspar David Friedrich, et l’on comprend assez naturellement à quel point ces images peuvent fonctionner comme des filtres polarisants en s’intercalant entre les paysages photographiés et le souvenir de certaines œuvres. Prises en pleine nuit sous la lumière lunaire, selon des temps de pose longs, elles créent des images étranges. Chaque photographie est titrée de la manière suivante : Fullmoon@... suivi du nom du site photographié, comme une invite ou une adresse lancées au spectateur.
Tania MOURAUD Née en France en 1942 - Vit en France ¬ Borderland 2348-51 Les paysages que photographie Tania Mouraud n’existent pas. Non que 2008 la photographie soit truquée : aucune retouche, aucun filtre. La nature Encres pigmentaires sur environnante est captée sur la surface miroitante et galbée, par endroits papier Fine Art fripée, du plastique qui emballe les bottes de foin entassées dans la 106,5 x 189,6 cm campagne. L’image est imprimée avec des pigments sur un papier traditionnel Collection FRAC Auvergne de la gravure ou de l’aquarelle. Techniquement, la série est à la frontière de la peinture, à la fois dans sa plasticité et dans l’intention de l’artiste. Déjà dans la série faite au Palace en 1981, les longs temps de pose transformaient les mouvements et les décors des nuits parisiennes en tâches de lumière et traces picturales. Pour Borderland, Tania Mouraud observe la surface brillante du plastique à travers l’objectif et déclenche l’obturateur lorsqu’elle "voit" de la peinture. D’instinct, elle cadre sur un tableau. Chaque image capture un instant évanescent à la merci des variations de lumière, une illusion à la fois conditionnée par l’angle de vue, les accidents de la surface, le lieu environnant. Pour elle, la série Borderland consiste aussi à prendre pour sujet un outil de travail quotidien de l’agriculture la plus industrialisée et "faire art" avec ce qui nous échappe. Ce principe se retrouve dans les bandes son qu’elle compose pour ses vidéos et dans ses performances de musique noise. Tania Mouraud est allée travailler sur le motif comme l’ont fait les Impressionnistes et chaque image dégage l’atmosphère d’une heure du jour ou d’une saison.
Seamus MURPHY Né en Irlande en 1959 - Vit en Grande-Bretagne ¬ PJ Harvey, Panjshir Les photographies de Seamus Murphy ont été exposées dans le monde entier Valley, Afghanistan, et publiées par les plus grands journaux : New York Times, Newsweek, National December 2012 Geographic, Paris Match, Le Figaro, The Guardian, The Daily Telegraph. Il a 2012 réalisé des films pour The New Yorker et Channel 4 Television au Royaume-Uni. C-print Il est aussi l’auteur de quatre livres. Écrits sous forme de chronique, ils racontent 100 x 128 cm ses voyages et son pays d’origine. Ses images lui ont permis de remporter Collection FRAC Auvergne sept World Press Photo Awards, reconnaissance ultime dans le domaine du photojournalisme. Son approche, historique et documentaire, rapporte les faits des plus grands conflits du monde, en Afghanistan, à Gaza, au Liban, en Sierra Leone ou au Kosovo. C’est en voyant son travail en Afghanistan entre 1994 et 2007 que la chanteuse et poète PJ Harvey lui a demandé de collaborer à ses deux derniers albums "Let England Shake" et "The Hope Six Demolition Project". Ils sont partis ensemble pour un long périple et il a réalisé les clips de son dernier album. Sur les images de Seamus Murphy, la musique de PJ Harvey observe le monde. Avec son projet "Life in many days", Seamus Murphy effectue un retour aux sources. Des travaux très personnels, plus éloignés de l’actualité que son travail sur les zones de conflit. Mais toujours avec le même regard sur la condition humaine. "Il est plus facile pour moi de travailler en Irlande ou aux États-Unis parce que je parle la langue, mais j’espère que mon travail dans des endroits éloignés est aussi intime", rapporte le photographe.
Jérôme ZONDER Né en France en 1974 - Vit en France ¬ Chairs grises #6 En 2013, Jérôme Zonder réalise la série Chairs Grises, consacrée à la 2014 représentation d’images extraites des heures les plus sombres de la Seconde Fusain et mine de plomb Guerre mondiale. Parmi ces images, quatre en particulier posent la question sur papier de la possibilité de la représentation des événements les plus extrêmes de 200 x 100 cm notre histoire contemporaine. Il s’agit des quatre uniques photographies Collection FRAC Auvergne prises à Auschwitz- Birkenau depuis l’intérieur d’une chambre à gaz par des Juifs membres du Sonderkommando, cette section composée de prisonniers chargés du traitement des corps dans le contexte de la Solution Finale nazie. Ces quatre images ont fait l’objet d’une étude remarquable par l’historien Georges Didi-Huberman (Images malgré tout, 2003) et constituent également l’un des thèmes du film Le Fils de Saul réalisé en 2015 par László Nemes (en hommage duquel Georges Didi-Huberman a également publié Sortir du noir en 2015). Ces "quatre bouts de pellicule arrachés de l’enfer", comme les appelle Georges Didi-Huberman, ont été reproduits par Jérôme Zonder sous la forme de grands dessins réalisés à l’aide de milliers d’empreintes de ses doigts. Chairs Grises #6 est l’une de ces images. À propos de cette série, Jérôme Zonder déclarait dans un entretien : "Lorsque j’ai commencé à travailler sur cette série, j’ai vraiment eu conscience de me heurter à un tabou. [...] Je n’entretiens aucun rapport de fascination avec ces images. À vrai dire, j’ai eu très peur de m’y mesurer. D’abord, à cause du diktat imposé par ceux qui ont décrété un "irreprésentable". Ensuite, parce que ces images me terrifient profondément. Si j’ai finalement décidé de m’y confronter, c’est pour des motifs propres au dessin, qui découlent d’un constat d’ordre biologique : le corps humain est une accumulation d’atomes. La Shoah et Hiroshima symbolisent la destruction totale de l’humanité : cela nous renvoie à des corps réduits à néant, décomposés atome par atome. Les potentialités du dessin pour incarner cette réalité physique me semblaient beaucoup plus pertinentes et appropriées que la peinture. Il fallait que le dessin coïncide avec l’histoire. [...] J’ai compris qu’il fallait saisir la mémoire de ces images du bout des doigts plutôt que de la réécrire. [...] La Shoah, Hiroshima interrogent ce moment de limite que nous avons atteint dans l’histoire du corps de l’homme et qui constitue le nœud de mon travail".
LE FRAC AUVERGNE Créé en 1985, le FRAC Auvergne est une institution soutenue par le Conseil Régional Auvergne- Rhône-Alpes, la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, la ville de Clermont-Ferrand et par un Club de Mécènes réunissant une quinzaine d’entreprises régionales. Il est également soutenu, pour l’Art au Lycée, par le Rectorat de Clermont- Ferrand. Le FRAC Auvergne a pour vocation de constituer une collection d’art de haut niveau qui réunit aujourd’hui près de 1000 œuvres majoritairement créées par des artistes de renommée nationale et internationale. Le FRAC organise une vingtaine d’expositions par an sur l’ensemble du territoire régional et contribue, par ses multiples actions éducatives, à un accès aisé et pédagogique à la création actuelle pour tous les publics, connaisseurs ou novices. En 2019, les expositions du FRAC ont accueilli plus de 100 000 visiteurs et, chaque année, ce sont plus de 25 000 scolaires qui bénéficient des actions éducatives du FRAC.
PROGRAMMATION 2019-2020 FRAC Auvergne 6 rue du Terrail - 63000 Clermont-Ferrand ¬ CRISTOF YVORÉ Pots, lapin, fenêtres, fleurs Du 12 octobre 2019 au 19 janvier 2020 ¬ AGNÈS GEOFFRAY Du 1er février au 3 mai 2020 ¬ LE MAUVAIS ŒIL Caroline Achaintre - Michel Aubry - Marc Bauer - Christian Boltanski - Miriam Cahn - Clément Cogitore - Gregory Crewdson Yuri Kozyrev - Natacha Lesueur - Fabian Marcaccio - Seamus Murphy - Gerald Petit - Loredana Sperini - Nancy Spero Elly Strik - Sandra Vasquez de la Horra Du 16 mai au 20 septembre 2020
EXPOSITIONS PÉDAGOGIQUES Chaque année, le FRAC Auvergne expose des œuvres de sa collection au sein des établissements scolaires. ¬ BRIOUDE - Lycée Lafayette. Du 5 novembre au 9 décembre 2019 ¬ CLERMONT-FERRAND - Ensemble La Salle. Du 7 novembre au 18 décembre 2019 ¬ LES ANCIZES - Collège (dans le cadre de l’EROA). Du 12 novembre au 16 décembre 2019 ¬ YZEURE - Lycée Jean Monnet (dans le cadre de l’EROA). Du 26 novembre 2019 au 19 mars 2020 ¬ COURNON - Lycée René Descartes. Du 7 janvier au 20 février 2020 ¬ CUSSET - Cité scolaire Albert Londres. Du 16 janvier au 17 février 2020 ¬ RIOM - Lycée Pierre-Joël Bonté (dans le cadre de l’EROA). Du 14 janvier au 16 mars 2020 ¬ CLERMONT-FERRAND - Ensemble La Salle. Du 20 février au 16 avril 2020 ¬ RIOM - Lycée Ste-Marie. Du 10 mars au 9 avril 2020 ¬ AMBERT - Lycée Blaise Pascal (dans le cadre de l’EROA). Du 12 mars au 15 avril 2020 ¬ ST-GERVAIS D’AUVERGNE - Lycée agricole. Du 24 mars au 15 mai 2020 - EXPOSITIONS HORS LES MURS ¬ CLERMONT-FERRAND - Hôtel Fontfreyde - Centre photographique. Automne 2019 ¬ ST-GERMAIN-LEMBRON - La Licorne. Du 31 mars au 31 mai 2020 ¬ AMBERT - Centre culturel Le BIEF. Du 2 avril au 30 mai 2020 ¬ VILLENEUVE-LEMBRON - Château. Été 2020 ¬ RANDAN - Domaine Royal. Été 2020 ¬ AURILLAC - Musée d’art et d’archéologie. Été 2020 ¬ LE PUY-EN-VELAY - Musée Crozatier. Décembre 2020 - Avril 2021
INFORMATIONS PRATIQUES Lieu d’exposition Lycée Pierre-Joël Bonté 2 rue Averroès - 63 200 Riom Dates d’exposition Du 14 janvier au 16 mars 2020 Contact lycée : Julie Gesret-Brau, professeur documentaliste julie.gesret-brau@ac-clermont.fr Delphine Trapenat, enseignante d’arts appliqués delphine.trapenat@wanadoo.fr FRAC Administration 1 rue Barbançon - 63000 Clermont-Ferrand Tél. : 04.73.90.5000 contact@fracauvergne.com Site internet : www.frac-auvergne.fr FRAC Salle d’exposition 6 rue du Terrail - 63000 Clermont-Ferrand Tél. : 04 73.90.5000 Ouverture du mardi au samedi de 14 h à 18 h et le dimanche de 15 h à 18 h Fermeture les jours fériés. Entrée libre Contact FRAC : Laure Forlay, chargée des publics au FRAC Auvergne 04.73.74.66.20 ou par mail à : laure@fracauvergne.com Patrice Leray, Professeur correspondant culturel patriceleray@ac-clermont.fr Ce document est disponible en téléchargement sur le site du FRAC Auvergne : www.frac-auvergne.fr
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