LE RISQUE ZOONOTIQUE EN FRANCE - 2E PARTIE - DU de Thérapeutiques anti-infectieuses Université Grenoble Alpes

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LE RISQUE ZOONOTIQUE EN FRANCE - 2E PARTIE - DU de Thérapeutiques anti-infectieuses Université Grenoble Alpes
LE RISQUE ZOONOTIQUE EN FRANCE
                                                  2E PARTIE

DU de Thérapeutiques anti-infectieuses          Alexandra Mailles
Université Grenoble Alpes                Grenoble, 19 février 2020
2019-2020
LE RISQUE ZOONOTIQUE EN FRANCE - 2E PARTIE - DU de Thérapeutiques anti-infectieuses Université Grenoble Alpes
Fièvre Q
LE RISQUE ZOONOTIQUE EN FRANCE - 2E PARTIE - DU de Thérapeutiques anti-infectieuses Université Grenoble Alpes
Fièvre Q
• Coxiella burnetii
   – Bactérie pseudo sporulée
   – 2 phases antigéniques
   – Persistance dans l’environnement

• Espèces sensibles : ruminants +++, chien, chats, oiseaux, etc…
   – Surtout chèvres et moutons

• Chez les ruminants
   – Forte prévalence
   – Variations interspécifiques et inter troupeaux ++++
   – Pas de réglementation vétérinaire
   – Avortements et infertilité
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Fièvre Q chez l’homme
• Mode de contamination :
  – Inhalation +++
  – Contact direct (avortons, placentas animaux ) +/-
  – Alimentaire : non !!
     • (Benson et al. Public Health Reports 1963, Krumbiegel et al. Archives of environnemental
       health 1970)

  – Tiques : pas de preuves de transmission !!
• Zoonose « environnementale »
  – Cas aigus rares chez professionnels élevage
  – Epidémie : plutôt des personnes rarement exposées

• Surveillance par le CNR : ≈ 200 à 250 cas/an
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Fièvre Q : potentiel épidémique

Lieu, date         Nb cas            Origine           Typologie
Briançon 1996      29 cas        Aérosol abattoir       Professionnels et
                                                            riverains
Montoison 2000     10 cas    Épandage élevage caprin        Riverains
Chamonix 2002      126 cas     Pré-transhumance             Riverains
Florac             14 cas         indéterminée          Riverains + centre
                                                          de formation
Cholet 2009        50 cas           Abattoir           Professionnels mais
                                                          administratifs
Vaucluse/Drôme     46 cas    Journée portes ouvertes        Visiteurs
2014                               à la ferme
Indre 2017         17 cas      Camping à la ferme      Visiteurs et famille
                                                       éleveur (nouveau
                                                             métier)
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Fièvre Q : clinique
• Incubation 2 à 6 semaines
• > 50 % formes asymptomatiques
• 1 à 3 % Formes aigues → chronicité

• Formes aiguës
   –   Syndrome pseudo-grippal (F ++++)
   –   Pneumonie atypique d’évolution favorable
   –   Hépatite sans ictère
   –   Très rares : myocardite, péricardite, encéphalite
   –   Avortement : oui mais pas systématique et pas
       pathognomonique
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• Formes chroniques = symptômes + diagnostic biologique
  → Rares (1 à 2 %)
   – Endocardites et infections vasculaires
   – Spondylodiscites
   – Embols bactériens
   – (Fibrose pulmonaire)
   – (Hépatite chronique)

• Facteurs de risque
   –   valvulopathie cardiaque,
   –   prothèse valvulaire,
   –   anévrysme,
   –   prothèse vasculaire
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Fièvre Q : diagnostic
• Sérologie
   – Particularité de Coxiella : 2 phases antigéniques
       • Phase II : plutôt FQ aigüe
       • Phase I: plutôt FQ chronique

   – IFI, ELISA, (RFC)
       → mesurer IgM et IgG Phase II + IgG phase I
       →Possibles faux négatifs en début de maladie
       → À interpréter avec la clinique

• PCR : sur le sang/sérum pendant les 2 premières semaines

• Isolement : valves cardiaques, placenta…
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Diagnostic sérologique chez l’homme

Immunofluorescence indirecte (IFI)

   Titres en IFI                                     Titres en IFI
                                                                        IgG Ph2
                                   IgG Ph2
       IgM Ph2
                                                                        IgG Ph1
                                 IgG Ph1

10 jours      1 mois    3 mois             10 ans

      Infection aiguë avec ou sans clinique         Maladie chronique : IgG ph1 élevés
        (primo-infection) : IgM et IgG ph2

                                                       Source : E. Rousset, ANSES
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Schneeberger et al.
     Clinical and vaccine immunology 2010;17(2):286-90.
• PCR C. burnetii IS1111

                                  Forte Se et Sp de
                           la PCR en début
                           d’infection
Questions autour de la FQ
• Quelle prise en charge ?

• Faut il chercher les facteurs de risque de gravité/ chronicité chez
  les cas de FQ aigus ?

• Faut il chercher la FQ chez les porteurs de facteurs de risque dans
  un contexte d’épidémie ?

• Quelle prise en charge chez la femme enceinte ?

→Recommandations du HCSP (avis du 23/12/2013)
http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=401
Fièvre Q : prévention

• Prophylaxie après exposition :
PAS DE PROPHYLAXIE

• Formes asymptomatiques :
PAS DE TRAITEMENT

http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=401
Fièvre Q aiguë : prise en charge
• Formes aiguës symptomatiques : 2 à 3 semaines
   – Enfants < 8 ans : cotrimoxazole à adapter selon le poids (hors
     AMM)
   – Adultes : doxycycline 200 mg/j en une prise
   – Alternative : roxithromycine, clarithomycine (10j max chez
     l’enfant)

• Immunodéprimés : pas d’arguments pour un schéma
  thérapeutique différent

http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=401
Fièvre Q aiguë : prise en charge (2)
      http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=401

• Recherche de facteurs de risque de gravité/chronicité par
  échographie cardiaque si et seulement si
   – âge > 50 ou
   – facteurs de risque déjà connu ou
   – auscultation cardiaque anormale

• Prophylaxie au delà du traitement chez le patient atteint de FQ
  aigüe avec des facteurs de risque de forme chronique
   – Bénéfice non prouvé d’une prophylaxie au delà du traitement de la FQ
     aigüe
   → à discuter au cas par cas avec un infectiologue
FQ aiguë : prise en charge (3)
        http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=401

• Si absence de facteur de risque de chronicité
   →suivi clinique et sérologique de la FQ aiguë à 3 et 6 mois
    et arrêt si IgG phase I < 800

• Si présence de facteur de risque de chronicité
   →surveillance clinique et sérologique des cas de FQ aiguë à
      3, 6, et 12 mois.
FQ chronique : recommandations
• Recours recommandé à un infectiologue pour le traitement
  (durée et suivi)

• En cas d’exposition avérée chez un patient non malade porteur
  de facteurs de risque de FQ chronique: recherche de FQ aiguë
  et si oui, suivi (cf. plus haut)

http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=401
FQ et grossesse
        http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=401

• Complications décrites
   – Placentite : Avortements, hydramnios, retard de croissance, prématurité
   – Pas de malformations

• Existence d’un sur-risque ? : résultats contradictoires
   –   Carcopino, CID 2007 : sur-risque
   –   Van der Hoek, BMC infect. Dis. 2011 : pas de sur-risque
   –   Nielsen, PLOS one 2012: pas de sur-risque
   –   Quidija, CMI 2012 : Sur-risque

   → Mais aucune étude prospective et niveau de preuve très faible
FQ et grossesse : recommandations
• Niveaux de preuves très faibles à faibles
• Éviction des femmes enceintes des tâches les plus à risque
  dans un élevage atteint
• Rechercher une FQ chez une femme enceinte fébrile dans
  un contexte d’épizootie ou d’épidémie
• Traiter les femmes enceintes atteintes de FQ par
  cotrimoxazole (hors AMM) pendant au moins 5 semaines et
  jusqu’à au plus 2 semaines avant le terme

http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=401
FQ et grossesse : recommandations (2)

• Pas de prophylaxie en cas d’exposition
• Pas de dépistage en cas d’exposition et en l’absence de
  symptômes
• Pas de contre-indication à l’allaitement vis-à-vis de
  l’infection, mais à considérer en cas de médicament
  excrété dans le lait
• Recours conseillé à un infectiologue

http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=401
La rage
Points clés sur la maladie

• Rage = encéphalite/encéphalomyélite
  – Morsure/griffure/léchage peau lésée
  – Hydrophobie/aérophobie
  – Pas de transmission interhumaine sauf greffe

• 55 000 cas/ an
  – Afrique et Asie : Inde, Chine, Bali +++++++
  – 50% cas < 15 ans (garçons ++++)
  – 99% contaminations mondiales due à un chien
La rage est une maladie stupide

• La contamination est visible, perceptible

• Le traitement préventif est efficace après l’inoculation du virus

• La létalité est de 100%

• Les obstacles
   • Accès au soin
   • Excrétion pré-symptomatique
   • « il était si mignon, docteur »
Les Lyssavirus d’importance en
                   Europe

•   Rage classique (RABV)
•   European bat lyssavirus 1 et 2
•   Bokeloh : pathogénicité inconnue pour l’Homme
•   Lleida : pathogénicité inconnue pour l’Homme
La rage terrestre en Europe
une situation favorable mais pas maîtrisée

                         Rage vulpine, données 2016
Rage des chiroptères en Europe

• EBLV : European bat lyssavirus
   – Pathogène pour l’Homme
   – Efficacité vaccinale partielle                           Eptesicus serotinus

• BBLV : Bokeloh Bat LyssaVirus
   – Décrit en 2011, présent en France, Allemagne, Pologne
   – Pathogénicité pour l’Homme inconnue
   – Efficacité vaccinale inconnue
                                                             Myotis nattereri

• LBLV : Lleida bat lyssavirus
   – Décrit en Espagne en 2013, présent en France
   – Pathogénicité pour l’Homme inconnue
   – Efficacité vaccinale inconnue
                                                             Minopterus schreibersii
La rage humaine en Europe
                            Human rabies in Europe, 1990-2012

                  30
Number of cases

                  25
                  20
                  15
                  10
                   5
                   0

                                          Year

                                                       Sources : TESSy, ECDC
La rage en France

• 23 cas humains depuis 1970
  –   Tous sauf un importés
  –   1 cas en Guyane en 2008
  –   1 cas importé du Pakistan en 2016
  –   1 cas importé du Sri Lanka en 2017

• Des cas animaux importés
  – Personnes exposées
  – Autres animaux exposés

• Des chauves souris
Exposition en France à des animaux
    importés atteints de rage
Prévention de la rage humaine

• Passe obligatoirement par le contrôle de la rage animale
  (terrestre)
   –   Contrôle des chiens errants
   –   Contrôle des animaux importés
   –   Vaccination des réservoirs sauvages terrestres (renards principalement)
   –   (Vaccination des animaux domestiques)

• Vaccination préventive des personnes les plus exposées
• Traitement post exposition des exposés accidentels si risque de
  transmission du virus
Rage :Traitement post exposition

• Vaccin +/- immunoglobulines
• Ne peut être prescrit que par un Centre AntiRabique
  (CAR)

• Liste des CAR :
  https://www.pasteur.fr/fr/file/14548/download
Rage : critères de décision pour le TPE
• Recommandations OMS
   – grade I – contact direct, nourrir un animal, léchage sur peau non lésée
       → pas de TPE
   – grade II – mâchonnement de la peau non couverte, griffures
     superficielles, abrasion sans saignement
       → vaccin ( + Ig en cas d’immunosuppression)
   – grade III – morsure ou griffure avec plaie cutanée, léchage sur muqueuse
     ou peau lésée, contact direct avec une chauve souris
       → vaccin + Immunoglobulines

• Recommandations établies pour des pays où la rage
  terrestre n’est pas contrôlée

• Le comportement de l’animal mordeur n’est pas un
  critère de diagnostic et encore moins de décision de TPE :
  excrétion pré-symptomatique (10 – 15j)
https://www.gov.uk/government/publications/rabies-risks-
 by-country/rabies-risks-in-terrestrial-animals-by-country
Recommandation OMS 2018
https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/272364/97892412102
18-eng.pdf?ua=1
Avis HAS
https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2018-
10/recommandations_vaccination_contre_la_rage_en_prophylaxie_post-exposition.pdf
Avis HAS (2)
https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2018-
10/recommandations_vaccination_contre_la_rage_en_prophylaxie_post-exposition.pdf
Avis HAS (3)
https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2018-
10/recommandations_vaccination_contre_la_rage_en_prophylaxie_post-exposition.pdf
Traitement post-exposition :
                immunoglobulines

•   Humaines 20 UI/kg
•   Equines 40 UI/kg
•   Dans ou autour de la(les) plaie(s)
•   Dans les 7 jours post-vaccination maximum
•   Contre-indiqué en cas de vaccination
    antérieure préventive ou post-exposition
Vaccination préventive

• « Back-packers » (les vrais !)
• Virologues travaillant sur les Lyssavirus
• Chiroptérologues

http://www.hcsp.fr/Explore.cgi/Telecharger?NomFichier=hcspa20130222_vaccin
ationragerecommandations.pdf
En conclusion

Pas mordu → pas contaminé

Pas contaminé → pas vacciné !
Questions ?

alexandra.mailles@santepubliquefrance.fr
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