LE SECRET DE LA FORCE SURHUMAINE ALISON BECHDEL - Numilog
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LE SECRET DE LA FORCE SURHUMAINE ALISON BECHDEL
1
Je suis
juste en Nombril
train de faire rentré, pieds bien
circuler ce bon plantés !
Oh, salut. Je vieux chi !
n’avais pas vu que
vous étiez là !
Fessiers
engagés !
… je suis
une maniaque Ne vous Je ne suis pas
Mon allure de l’exercice méprenez “douée en sports”.
intello est physique. pas. Ni une “athlète”.
sans doute
trompeuse,
mais…
C’est une tout autre
affaire et ce n’est
pas mon sujet ici.
Je me demande parfois
Je suis s’il en aurait été de
toutefois du genre même si le hasard m’avait
vigoureuse. fait naître à une autre
période de l’histoire.
2
Après tout, Pour
il y a toujours le meilleur ou
eu des gens pour le pire.
vigoureux.
Mais il m’arrive de
penser que je ne
pouvais être que
le produit de ma
génération.
Pas de Tee-ball, pas de football, pas de sports nautiques, et
personne pour nous conduire aux tournois de taekwondo.
Je suis née à la
fin du baby-boom,
dans les ténèbres Sous-marin
originelles juste
avant l’aube de
l’âge du fitness.
Même si je m’étais
intéressée au
sport, il n’y en
avait pas, pas pour
les filles. Les
garçons avaient
la Little League
de base-ball et Village
c’était tout. Appartements
Pas d’exercice, à part se lever pour changer manuellement de chaîne. Pas d’entraînement,
pas d’occasion de mouiller le maillot, d’y aller à fond, ni de casser la poudreuse.
C’était assez reposant.
Et ça allait bientôt s’arrêter.
3
Aujourd’hui, Les meilleurs ont perdu Si les machines
partout, on noie toute humilité, les pires vous ennuient,
les saints élans de se gonflent d’intensité prenez des cours !
l’innocence. passionnée ! Il y en a pour tous
les goûts !
Ü Citation tirÈe du poËme de W. B. Yeats ìThe Second Comingî (ìLa Seconde Venueî) adaptÈe par líauteure. (Toutes les notes marquÈes Ü sont de la traductrice.)
Le monde est Les pacifistes Le yoga,
devenu fou ! payent pour jadis terre des
rallier les ascètes et des mal
bootcamps rasés vivant en
communauté…
Les féministes
s’initient à la
pole dance !
Les geeks
soulèvent
des pneus de
tracteur !
Et les modes
déferlent
sans fin !
Qu’en est-il
exactement ?
à moins que vous ne
Vous n’avez sans doute même
cherchiez plutôt un Tu as trouvé la
pas besoin de vous changer
truc genre réunion voie ! Tu n’es plus
puisque vous portez déjà
évangéliste à bicyclette la pauvre minable
des vêtements tendance
dans un club qui est entrée ici
athleisure.
disco. aujourd’hui !
128 $ chez Tu es une
Lulu Lemur minable toute
neuve !
au nom du ciel,
n’oubliez pas
votre “plancher
… est devenu pelvien” !
aussi omniprésent
que le poulet C’est un miracle
tandoori. que nous soyons devenus
bipèdes avant l’arrivée
Nous sommes du pilates.
une nation de bébés
géants, traînant partout
où nous allons nos
couvertures et nos
biberons !
Quel vide
ravageur nourrit La faillite morale
cette frénésie cardio- et spirituelle du
pulmonaire ? capitalisme tardif ?
La désincarnation
de nos existences
de plus en plus
virtuelles ?
L’insondable
naïveté de croire que
le programme d’abdos
“6 tablettes en 6 semaines”
est humainement
réalisable ?
C’est pire en extérieur. Il semble qu’on invente chaque matin
une nouvelle activité exigeant une galerie de toit spéciale.
Oubliez le triathlon. Désormais, vous devez courir
des jours entiers sur une chaîne montagneuse
ou réussir une course d’obstacles conçue par des
experts du contre-terrorisme pour mériter le respect.
Mais si j’ai l’air
sceptique face à cette
immensité en expansion
de spandex humide, je suis
aussi humide que le premier
gogo venu.
Je ne peux pas
m’en empêcher. La sueur,
les endorphines, le matos,
les fringues, la prochaine
nouveauté !
Je me suis jetée sur pratiquement
toutes les tendances fitness de
ces six dernières
décennies.
Pourquoi ai-je passé tant
d’heures de ma vie — sans doute
l’exacte quantité recommandée —
à faire de l’exercice ?!
Pourquoi ?
Ce temps n’aurait-il pas été mieux
employé à lire ? à apprendre le Non.
mandarin ? à accomplir des actes
charitables ?
Sans ces travaux du
corps, je ne serais
qu’une cosse vide.
Mes motivations couvrent toute
la gamme, du physique au mental,
à l’émotionnel, du psychologique
au plus numineux.
Certaines sont Même si, assurément, je n’étais
très courantes, pas le seul enfant qui rêvait de
comme la gestion biscotos à la Charles Atlas .
du stress
D’autres sont plus Sans doute
spéciales, même un peu pas non plus
perverses, comme la seule fille.
mon obsession pour
les muscles.
Ü CÈlËbre culturiste amÈricain.
7
J’aimerais pouvoir dire
Ah, être
que j’ai dépassé mon
autosuffisante !
fantasme juvénile de
Dure comme le
puissance physique brute.
roc ! Une île !
Que je suis arrivée
à accepter comme un
fait inéluctable ma
dépendance suprême.
Hélas, j’étalonne
toujours, et à un degré
inquiétant, ma valeur sur
ma force physique.
Mais il se passe quelque
chose de curieux maintenant Je continue
que j’approche de à m’entraîner, mais je
la soixantaine. deviens plus faible ! Plus
lente ! Plus raide ! Que Qui crois-tu
se passe-t-il ? abuser ?
J’ai passé
le sommet…
En 2001, vitesse sur mon
trajet préféré à vélo :
26,07 km/h
… et entamé la descente.
En 2019,
vitesse :
19,7 km/h
8Jusqu’ici, mes périodes d’exercices
On fonce tous en cardio-vasculaires réguliers, modérés
tanguant vers la ou intenses, m’ont donné l’illusion de
dalle de granit. pouvoir conjurer la mort.
Maladie.
Démence.
Dépendance.
Décès.
Comment
peut-on
supporter
ça ?
Mais La mort n’est que
je commence transformation,
à accepter le fait dit-on, métamorphose !
que ce soit peu Recommencement, même !
probable.
Voilà une
idée à laquelle
je peux me
faire.
Je suis
à fond pour le
changement.
En fait, j’ai un petit problème de
développement personnel. Cette sensation Mais cette lutte
perpétuelle de ne pas être à la hauteur en éternelle n’est-elle
tant qu’être humain. Comme si je n’avais pas l’essence même d’un
jamais reçu le mode d’emploi*. esprit progressiste ?
*(vx.) document imprimé expliquant comment ça marche
9LE SECRET DE LA FORCE SURHUMAINE ALISON BECHDEL
Denoël Graphic est dirigé par Jean-Luc Fromental
www.denoel.fr
Titre original : The Secret to Superhuman Strength
Publié aux états-Unis par Houghton Mifflin Harcourt en 2021
© 2021 Alison Bechdel
Pour la traduction française :
© 2022 éditions Denoël
33, rue Saint-André-des-Arts, 75006 Paris
EAN : 9 7 8 2 2 0 7 1 3 1 2 0 6
B26686
No d'édition : 291818
Vers extraits de "Transcendantal Etude" par Adrienne Rich, tiré du recueil
The Dream of A Common Language : Poems 1974-1977 © 1978 W.W. Norton & Company Inc.,
reproduits avec l'autorisation de W.W. Norton & Company, Inc.
Dépôt légal : août 2022
Achevé d'imprimer en juin 2022 par Edelvives
(Ctra Madrid km 315,7, 50012 Saragosse, Espagne), sur du papier Oria Print natural 130 gr.
Conception graphique, lettrage : Nicolo Giacomin
Première éditionLE SECRET DE LA FORCE SURHUMAINE ALISON BECHDEL Traduit de l’américain par LILI SZTAJN
N’existe-t-il pas une noble et
longue tradition visant à se
réformer — à résister aux forces
répressives —extérieurement
comme intérieurement ?
Revenons
à la période précédant
mon éjection dans
ce monde.
Une ère
avec un balai dans
le cul, s’il en fut.
Mais la contre-culture qui allait bientôt Trop affamés de haute culture pour être
tout balayer commençait à frétiller. Howl contre-culturels. Mon père était encore
d’Allen Ginsberg venait d’être absous des à la fac…
accusations d’obscénité.
... et suivait un cours
appelé “le mouvement
Sur la route avait rendu romantique”.
Jack Kerouac célèbre du
jour au lendemain.
Mes parents, qui venaient de se rencontrer,
n’étaient pas intéressés par la philosophie
orientale, le peyotl ou l’errance des Beats.
10William Wordsworth et Samuel Taylor
Ah, les Coleridge en pleine effervescence créatrice,
romantiques ! forgeant une nouvelle forme de poésie dans
le sillage de la Révolution française.
Cette génération antérieure
d’envapés non conformistes,
en quête d’intensité et de
visions mystiques.
Poèmes parlant de gens ordinaires dans une langue quotidienne. Mendiants ! Bergers !
Ramasseurs de sangsues ! Avec Dorothy, la soeur de William, ils couraient les collines,
tous trois en proie à une transe poétique.
Leurs idées sur les interrelations humaines,
le monde naturel, le spiritualisme
— le spiritualisme ! — allaient bondir
hors des pages vers de futurs lecteurs.
… un jeune pasteur de la
Une génération Nouvelle-Angleterre s’immergeait dans
plus tard et un la métaphysique de Coleridge tout en
continent plus oeuvrant à son propre livre fondateur…
loin…
Fiou !
Biographia
Literaria
11… tandis qu’une jeune voisine journaliste Bientôt, le poète-philosophe Ralph Waldo
préparait un essai célébrant Coleridge et Emerson et Margaret Fuller allaient fonder
Wordsworth, “les esprits-phares du temps”. le journal transcendantaliste The Dial.
… la voix de la
nature et de
dieu…
Les transcendantalistes étaient perturbés
par les façons dont leur jeune démocratie
trahissait ses idéaux de liberté.
L’esclavage, l’“Indian Removal Act” , l’appropriation des terres
du Mexique, l’assujettissement des femmes, les conditions Tandis qu’ils
de travail dans les nouvelles usines. conféraient
dans le salon
d’Emerson,
on érigeait un
complexe géant
d’usines textiles*
un peu plus au
nord, à Lowell,
où la rivière
Concord se jette
dans le fleuve
Merrimack.
* Pour tirer profit de
Rien de neuf. tout le coton que les
esclaves récoltaient
dans le Sud.
Quand Jack Kerouac naquit à Lowell, Et quelques années plus tard, tandis que mes
en 1922, les usines étaient sur le déclin. futurs parents batifolaient à New York…
L’ère postindustrielle avait débuté.
(Plus de poissons depuis un bail : Henry David Thoreau,
protégé d’Emerson, notait l’absence de saumon dès 1849.)
Ü Loi sur la dÈportation des Indiens.
12... Kerouac Je te croyais
se trouvait à la campagne en
à quelques train d’écrire.
stations au
nord sur la
ligne IRT , dans
l’appartement
de Joyce J’ai pas tenu
Glassman, l’une le coup. Il est
des nombreuses temps pour moi de
infortunées qui retourner chez
l’ont hébergé ma mère.
et nourri au fil
des ans.
Il était sous
le choc de
sa soudaine
notoriété.
Ü Interborough Rapid Transit,
qui gÈrait les lignes de mÈtro
aÈriennes de New York.
Chez sa mère, il a bouclé son livre
suivant, Les Clochards célestes,
en douze jours, sous benzédrine.
Les Clochards
célestes est un
de mes livres
préférés.
Surtout pour une scène assez
courte où Kerouac gravit
une montagne avec son ami,
le poète Gary Snyder.
Ils ont escaladé un pic
dans la Sierra Nevada appelé
Matterhorn* un jour
d’octobre 1955
monopode
pour Le fait qu’ils
appareil aient fait ça avant que
marques
photo ce ne soit à la mode m’a
pour
mesurer toujours fascinée.
l’angle de 2 bâtons
la pente vissés pour
faire une
sonde à
avalanche Jack crapahutait
en tennis et trimballait
un sac de couchage géant
en flanelle.
fléchettes
de sarbacane
enduites de curare
* pour sa vague ressemblance avec
le véritable Matterhorn des Alpes.Mais je m’intéresse aussi à la chaîne
J’en appellerai à cette lignée d’écrivains d’influence entre eux, au fait que leurs
progressistes pour illustrer mon idées individuelles participent d’une
éternelle quête de la forme physique. compréhension plus vaste, évolutive, de
la relation entre les humains et l’univers.
Chacun d’eux,
comme moi,
tendait vers
une sorte de
transformation
intérieure.
Kerouac, par exemple,
était un grand fan
d’Emerson et de Thoreau.
à la fin de sa vie, alors qu’il buvait Mais l’oeuvre de Jack, inspirée par le
non-stop, il est revenu brièvement transcendantalisme, allait à son tour inspirer
à Lowell, d’où il prétendait apercevoir la génération des sixties qui reconduisait
la cime des arbres de l’étang de Walden, la tradition progressiste de justice sociale
à vingt-deux kilomètres de là. et de préservation de la planète !
Improbable
et un peu
pathétique,
si on considère
à quel point il
s’était éloigné
des idéaux
thoreauviens
de sa jeunesse.
Ce qu’il est advenu de Et voici que la boucle est bouclée,
ce plan-là, j’aimerais de la naissance de la démocratie
bien le savoir. libérale jusqu’à son extinction !
Merci les
Boomers !
Et celle
de notre écosystème
techniquement, avec elle.
Boomer aussi,
mais à peine.
14Compte tenu de notre
Eh bien,
situation extrème, vous êtes
je ne traite pas
en droit de vous demander à
seulement du
quoi pourrait bien servir un
fitness.
livre de plus sur le fitness
écrit par une femme blanche.
J’écris sur la façon dont
la quête de la forme
physique a été pour moi un
véhicule vers autre chose.
La sensation que Mais Qu’est-ce que
l’esprit et le corps qu’est-ce le corps ?
ne font qu’un. que l’esprit
?
Quel est
le soi qu’ils
constituent ?
Ces questions demandent
Quand mon esprit se ferme
une enquête rigoureuse Tout ce que je et que mon corps prend le
mêlant phénoménologie, peux faire, c’est relais, je sors du cadre
neurosciences et offrir mon propre dualiste du langage.
mécanique quantique. témoignage.
Du sujet et
de l’objet.
Et je
suis diplômée
en arts.
15Le corps a son intelligence, Freud qualifiait ce désir
et quand je me branche d’une sensation d’unicité … de nostalgie
sur lui, j’ai l’impression que “océanique” d’infantile… de l’utérus.
je fais partie… oserais-je
dire que je ne
fais qu'un avec…
#&%$!
… quelque
chose de plus
grand que
moi-même ?
Je soupçonne qu’il Une part de moi
aurait vu les choses est toujours
différemment s’il éprise de l’idéal de
avait absorbé de la l’individu farouche,
psilocybine au lieu de l’ego enfermé,
de cocaïne. inexpugnable.
Mais je suis
moi-même assez
méfiante vis-à-vis
de ce scénario Mais
fusionnel. pourquoi ?!
comme vous le voyez, je
suis tiraillée par un conflit … consiste à en venir aux
Ce fantasme
intérieur. L’étape suivante mains avec mon vieux mâle
de la forme physique
est pour les fascistes ! de mon programme de républicain intérieur.
développement personnel… à étreindre mon
Je suis féministe,
interdépendance !
@#& de Dieu !
velcro
C’est à mon sens une
étape vitale de ma
croissance en tant
qu’être humain.
Ü Slogan díune cÈlËbre publicitÈ de Charles Atlas.
16Croissance.
Ha ! Nous croyons En réalité, nous résistons J’ai une
tous que nous à chaque pas, car tout au nouvelle
voulons croître. fond, nous pensons que si pour vous.
nous ne changeons pas…
Nous allons
mourir si nous ne
changeons pas.
… nous ne
mourrons
pas.
Non que ce soit si Mais pourquoi ne pas
épouvantable dans essayer de faire un
le grand ordre des Cette planète pourrait
effort ?
choses. devenir une vaste communauté
anarchiste, vegan et heureuse
si on se calmait tous un peu et si
on arrêtait de stocker du *@#&
de papier toilette.
Rejoignez-moi
dans ma quête pour
sortir de ma tête et
transcender
mon ego.
Est-ce trop
demander ?
Pour se rendre
compte qu’il n’y a ni
sujet ni objet !
Pour abandonner
l’illusion que je suis
distincte de
vous !
Ou de toutes les
autres merdes de
l’univers !
Hé, qui
a bu tout mon
jus vert ?Il faut que je
reste en forme.
Juste au cas où
les choses empirent
et que je sois obligée de
distribuer les messages
pour la résistance
en courant.
Personne
ne soupçonnera
une petite
vieille.REMERCIEMENTS Ma gratitude va à Val Rohy pour avoir lu ce livre au fur et à mesure de son évolution, et m’avoir assistée dans mes recherches — sans elle, je n’aurais jamais découvert l’ouvrage édifiant de Samantha C. Harvey, Transatlantic Transcendentalism : Coleridge, Emerson and Nature. Val m’a aussi beaucoup aidée pour la création des costumes, ainsi que sa collègue Annamaria Formichella. Merci à Jane Sharp de m’avoir dirigée sur les journaux de Dorothy Wordsworth, sans parler du Lake District lui-même. Je suis aussi reconnaissante envers Diane Gayer de m’avoir mis en main son exemplaire de Poets on The Peaks de John Suiter. La remarquable biographie de Megan Marshall, Margaret Fuller, A New American Life, m’a servi de guide de navigation, comme une sorte de pont en corde au-dessus du marécage de matériel que j’ai tenté de faire entrer dans ce livre. Je suis aussi reconnaissante à Megan de m’avoir offert une véritable visite guidée de Concord, dans le Massachusetts. Ma gratitude envers Sophie Yanov, pour son aide incroyablement compétente dans la mise en forme de ce livre, va réellement au-delà de ma capacité à l’exprimer avec des mots. Son calme prodigieux face à mes diverses paniques a également forcé mon respect. James Sturm et Michelle Ollie du Center for Cartoon Studies ont chacun partagé avec générosité leurs idées et conseils au début de mon travail sur la façon dont je pourrais mettre ce truc en couleurs. J’aurais été définitivement perdue dans le brouillard sans Deanne Urmy, mon éditrice à la patience et à la sagacité surhumaines. Je lui suis profondément reconnaissante de la constance avec laquelle elle accompagne mon travail créatif. Et j’aurais plongé depuis longtemps dans les abîmes sans Sydelle Kramer, mon agente et première de cordée métaphorique. Ma reconnaissance aussi à Beth Burleigh et Dan Janeck pour leur incomparable, non, époustouflante révision de mon manuscrit. Merci aux professeurs qui m’ont démontré le lien entre l’esprit et le corps : Susan Ribner, ma sensei de karaté au milieu des années 80, William Prottengeier, mon instructeur de yoga à la fin des années 80, et Arthur Makaris, mon acupuncteur et professeur de Qi Gong, très sage et sans doute réellement éveillé. Merci à la Fondation MacArthur dont le soutien m’a permis de donner à ce livre tout le temps dont il avait besoin, et à la Fondation Guggenheim — mon projet s’est avéré assez différent de celui que je leur avais décrit. Je suis reconnaissante envers la Fondation Civitella Ranieri pour sa résidence d’artiste des plus réparatrice. Je me suis sentie coupable de tout le temps que j’ai passé à courir et à parcourir à vélo les collines d’Ombrie, mais finalement, je crois que je peux compter cela comme du travail. Merci aussi à la retraite pour écrivaines de Hedgebrook pour le bref séjour durant lequel j’ai accompli peu de choses, sinon contempler d’un air hébété le mont Rainier au loin. Ceci aussi me frappe aujourd’hui comme une façon constructive d’utiliser mon temps. Merci à Sally Fellows, Cathy Hunter et toutes celles de Towanda pour l’aventure du ski nordique. Vous êtes mon inspiration. Bien que j’aie dédié ce livre tout entier à Holly Taylor Rae, je dois la remercier explicitement pour les centaines d’heures qu’elle a passées à travailler dessus, et pour tout ce qu’elle a fait d’autre pour garder nos vies à flot pendant que j’étais entièrement absorbée par mon travail. Mais je lui suis peut-être encore plus reconnaissante des exercices de dessin qu’elle a habilement conçus pour relancer mes énergies créatrices léthargiques. Hol, j’adore collaborer avec toi. La traductrice, pour sa part, souhaite remercier Sylvain Teil-Salanova pour ses savantes recherches.
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