LEREDOUTABLE DE L'ARSENAL À LA CITÉ DE LA MER - LA PRESSE - LA PRESSE DE LA MANCHE
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Cherbourg et les sous-marins, naissance d'une vocation Au bout d'un siècle de constructions classiques, l'arsenal de Cherbourg trouve sa voie : celle du sous-marin. Sans cette vocation précoce qui va lui fournir une expérience irrempla- çable, jamais l'arsenal n'aurait « décroché » la construction des sous-marins nucléaires. Retour sur l'histoire des « grands- pères » du Redoutable. 7 août 1858 : l'Empereur Napoléon III assiste à la mise en eau du bassin de l'arsenal qui porte son nom, et au lancement du vaisseau Ville de Nantes. © Collection Bibliothèque Jacques-Prévert/Ville de Cherbourg-en-Cotentin. 5
Cherbourg capitale atomique En moins de dix ans, Cherbourg, plus généralement le Cotentin, devient la place forte de l'atome français. 17
Cherbourg capitale atomique Pourquoi Cherbourg ? Quand le CEA et la Marine choisissent un arsenal pour construire le premier sous-marin nucléaire français, c'est vers Cherbourg qu'ils se tournent. Trois raisons à cela. d'avance sur les arsenaux de Brest et Lorient, encore à l'état de ruines au prin- temps 1945. Dans l'après-guerre, l'arsenal de Cherbourg achève rapidement de se relever : quand le Président de la République Vincent Auriol visite l'établissement en juin 1948, celui-ci est quasiment reconstruit et dispose d'un matériel neuf… alors que Brest et Lorient sont encore en chantier. Adaptation Enfin, après s'être refait la main en construi- sant des remorqueurs ou des péniches, l'arsenal de Cherbourg est repassé aux choses sérieuses en construisant à partir de 1949, le Narval. Un sous-marin important puisque de conception entièrement nouvelle, bénéficiant notamment des dernières recherches menées par les services techniques de la Marine en matière de détection électro- magnétique et d'acoustique sous-marine. Le Narval dispose aussi d'un appareil propulsif plus performant et d'une coque hydrodynamique. Autant de révolutions Préparatifs de lancement du Narval en décembre 1954. © DCNS. techniques auxquelles se sont donc frottés les ingénieurs et les ouvriers cherbourgeois, Expérience qui ont ainsi démontré leurs capacités d'adaptation et leur technicité. D'abord parce que depuis qu'il a lancé le Morse en 1897, l'arsenal de Cherbourg s'est Ajoutons à cela que pour la première fois peu à peu spécialisé dans la construction dans l'histoire de la navale française, on a des sous-marins. Avec 61 bâtiments lancés eu recours pour le Narval au procédé de la jusqu'à la fin 1954, l’établissement local préfabrication, permettant ainsi de gagner s'est forgé une expérience et une réputation en qualité et en rapidité. Et qu'avec le Narval, dans ce domaine précis. l'arsenal de Cherbourg laisse le rivetage au magasin des souvenirs et adopte défintive- Opérationnel ment la soudure comme moyen unique Détruit à 70 % par les Allemands en juin d'assemblage de la coque. Une technique 1944, l'arsenal de Cherbourg a été rapide- qui permet d'augmenter la profondeur ment rendu opérationnel par les Américains d'immersion des bâtiments (80 mètres qui ont utilisé ses quais, ses formes et ses avant-guerre, 200 mètres après), et produit bâtiments à des fins logistiques. Cherbourg des coques plus résistantes au grenadage. bénéficie ainsi de plusieurs longueurs 20
29 mars 1967, jour de gloire pour Cherbourg Ce jour-là, en lançant Le Redoutable, le général de Gaulle faisait accéder la France au club très fermé des puissances possédant l'arme atomique. Un moment historique pour le pays, mais aussi pour Cherbourg. Retour sur ce jour de gloire local. © DCNS 43
Mémoires iodées d'un pionnier Toute sa vie, Le Redoutable a été un bateau pas comme les autres, parce qu'il a été le premier sous-marin nucléaire français. Un pionnier, donc. Les pages qui suivent vous font plonger avec Le Redoutable en patrouille, des souvenirs de son premier équipage jusqu'au retour définitif du bateau à Cherbourg en 1991. © DCNS 60
La Cité de la Mer. Le Redoutable en vedette Un transfert spectaculaire Début juillet 2000, la forme de l'arsenal dans laquelle repose Le Redoutable, est mise en eau. L'heure du transfert approche… 80 © Jean-Paul Barbier/La Presse de la Manche.
Les enfants du Redoutable Rubis, Triomphant, Scorpène, aujourd’hui Barracuda, demain le programme pour l’Australie : chaque génération de sous-marins s’est enrichie de la précédente. Un Scorpène chilien en mer. Quatorze sous-marins de ce type ont été vendus par DCNS. © DCNS. “Alors que nous n’avions jusqu’alors construit que des petits sous-marins le Rubis était déjà en construction dans la cale 4 de l’arsenal de Cherbourg. “Il y avait “Une Ferrari -1 900 tonnes pour les Narval, 700 longtemps que la Marine Nationale tonnes pour les Aréthuse, 1 000 tonnes pour les Daphné- nous avons appris voulait ces SNA. Les Américains en avaient, les Anglais aussi… Le service avec des phares avec Le Redoutable à faire des gros sous-marins”, retient d’abord Pierre technique de la DCAN avait proposé plusieurs projets, avec différents ton- de 2 CV” Quinchon. Il n’a pas participé à leur nages et capacités d’emports d’armes. “Le moteur était puissant, mais les pre- construction : jeune ingénieur, il avait en C’est finalement le plus petit, le moins miers SNA utilisaient le sonar des revanche été nommé en 1977 à Brest cher, qui a été choisi”, raconte Pierre Daphné et le système de combat des Quinchon. pour participer à leur entretien. “Le Redou- Agosta. Une Ferrari avec des phares de table, le Terrible et le Foudroyant étaient 2 cv”, résume l’ingénieur. En ajoutant, côté déjà en service, et j’ai vu arriver les deux Concevoir ce SNA le plus compact du monde (2 700 tonnes) a obligé les ingénieurs comparaison : “Quand un SNLE entend suivants.” du bruit, il se cache. Un SNA, lui, va au à faire preuve de beaucoup d’imagination, poursuit Pierre Quinchon. Il a notamment contact. C’est toute la différence entre A ce moment-là, le prototype et premier de fallu réaliser une chaufferie nucléaire un bombardier et un chasseur. Mais le série des sous-marins nucléaires d’attaque, intégrée, avec le réacteur posé sur la cuve. chasseur était bruyant...” 90
En patrouille 70 jours en plongée continue sans refaire surface, 110 hommes à bord, des milliers d'appareils à surveiller et faire fonctionner, le tout dans la plus grande discrétion et pour une mission ultime : déclencher le feu nucléaire sur l'ennemi si le Président de la République en donne l'ordre. En patrouille, les équipages des sous-marins nucléaires d’aujourd’hui vivent une bien étrange vie, entre travail, ennui, fraternité, discipline, loisirs, repos et repas, détente et tension. Dans le kiosque d'un SNLE-NG. 98 © A.Monot/Marine Nationale.
En patrouille Un site très sécurisé A Toulon, les SNA Pour entrer à l’île Longue, La FOST dispose d'une seconde base, à il faut montrer patte blanche. Toulon, pour ses 6 SNA (sous-marins nucléaires d'attaque) : Le Rubis, le Saphir, le Casabianca, l'Emeraude, l'Améthyste et L'île Longue est dans une zone de défense pas de téléphone, de tablettes, d'appareils la Perle, également construits à Cherbourg. dite « hautement sécurisée », avec des photos ou même de cartes USB, sous peine Les futurs six sous-marins d'attaque de fusiliers-marins en patrouille permanente d'exclusion. Une fois passés les contrôles, type Barracuda, actuellement en cours de avec des chiens de combat (35 au total). Il y a chacun se dirige à bord d'un bus vers sa zone construction à Cherbourg, remplaceront progressivement les SNA de type Rubis. Le actuellement 250 fusiliers-marins affectés à de travail, située dans une nouvelle enceinte, premier de la série, le Suffren, devrait être l'île Longue, il y en aura 350 à la fin 2017. avec nécessité pour y pénétrer de montrer à livré à la Marine Nationale en 2019. 110 gendarmes travaillent aussi à la sécurité nouveau patte blanche. Des 100 000 demandes du site. d'enquêtes sur personnes, adressées par l'ensemble des sites militaires français tous les Les ferries qui relient régulièrement la base Barracuda, les noms navale de Brest à l'île Longue, et sur lesquels ans à la Direction du renseignement et de la Les six futurs SNA de type Barracuda, sécurité de la Défense (DRSD), 40.000 provien- embarquent journellement les personnels seront le Suffren, le Duguay-Trouin, le nent de l'Île Longue. travaillant sur le site, sont systématiquement Tourville, le Dupetit-Thouars, le Duquesne escortés par un canot de la gendarmerie 10.000 capteurs sont enfin installés sur le site, et le De Grasse. maritime, qui a également des hommes à bord dont plus de 300 caméras, et leurs informations des ferries, avec des chiens entraînés à la sont analysées dans des Centres opérationnels 4 centres recherche des explosifs. de protection (COP). Un filtrage est bien entendu opéré aux Une surveillance en 3D à propos de laquelle de transmission entrées de la base : badges nominatifs et on n'en saura guère plus… pour des raisons Enfin, la FOST dispose également de cryptés, reconnaissance digitale, et bien sûr de sécurité. quatre centres de transmissions répartis dans toute la France, ayant pour mission de relayer les ordres gouvernementaux et les messages du commandant de la FOST vers les sous-marins nucléaires français en A la sortie de la rade de Brest, départ en patrouille d'un SNLE-NG. © A. Monot/Marine Nationale. opération… L'école des « oreilles d'or » Au sein de la FOST, le Centre d'Interpréta- tion et de Reconnaissance Acoustique (CIRA) est le centre de formation et d'entraînement des « oreilles d'or » de la Marine Nationale, qui écoutent et identifient les bruits des océans. 3 700 C'est le nombre de personnes (dont 2 200 sous-mariniers ) travaillant au sein de la FOST à l'heure actuelle : équipages, unités de commandement et de soutien, person- nels de transmission... La FOST est aujourd'hui commandée par le vice-amiral d'escadre Louis-Michel Guillaume. 104
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