Les Actualités Juridiques - de la Veille juridique sur les semences
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Les Actualités Juridiques de la Veille juridique sur les semences avril – mai 2021 Afin de partager plus largement les informations repérées lors de la veille juridique hebdomadaire et de permettre des échanges sur les questions réglementaires, vous trouverez une synthèse des points principaux. Les termes et passages soulignés en bleu renvoient vers des fiches veille ou des documents plus précis : cliquez dessus pour y accéder. Réforme du droit européen des semences : à certification, d’inspection, d’étiquetage et de vos marques, prêts, aux aguets ! traçabilité des semences et plants via l’utilisation massive des nouvelles Ça y est, la Commission européenne a technologies génétiques (biologie moléculaire) officiellement lancé le processus de réforme des et numériques. Pour exemple, des projets sont douze directives qui forment le droit européen en cours au sein du Groupement français de la production et commercialisation des d’étude et de contrôles des variétés et semences semences et plants. Sur demande du Conseil des (GEVES) qui portent sur l’emploi de marqueurs ministres de l’Union européenne et moléculaires sur des espèces légumières. après un processus consultatif somme L’objectif poursuivi est d’optimiser toute assez restreint, elle a publié le 29 sur le terrain les essais de variétés, en avril 2021 une étude sur l’état de cette réduisant le nombre de variétés réglementation et sur les options témoins à implanter et ainsi accélérer envisageables afin de l’adapter aux les « examens DHS » (Distinction, « nouveaux enjeux qui traversent le Homogénéité, Stabilité), préalables à secteur semencier et l’agriculture l’enregistrement d’une variété européenne ». Après avoir dressé végétale au Catalogue officiel. La plusieurs constats (manque Commission souhaite donc d’harmonisation dans la mise en œuvre promouvoir ces initiatives et les de la réglementation, procédures généraliser (malgré les questions d’enregistrement des variétés et de certification qu’elles soulèvent, comme par exemple la des semences coûteuses et peu adaptées aux confidentialité des informations moléculaires variétés locales ou destinées à l’AB, etc.), la recueillies). Commission présente ensuite quatre scénarios Enfin, elle veut adapter la de réforme possibles. Sur la base de l’une de réglementation « semences et plants » aux ces options, elle soumettra aux législateurs objectifs inscrits dans le « Pacte vert européen » européens une proposition législative d’ici le et dans les stratégies « De la ferme à la dernier trimestre 2022. Plusieurs propositions fourchette » et « Biodiversité 2030 » ainsi que sont communes aux quatre options identifiées dans son nouveau plan d’action sur le (options 0, 1, 2A et 2B). développement de l’agriculture biologique D’abord, « mettre en cohérence » - terme (notamment faciliter l’enregistrement des relativement imprécis – le droit européen des variétés traditionnelles et des variétés semences avec les réglementations relatives à la destinées à l’AB). Mais comment souhaite-t- santé des plantes, aux OGM et à l’agriculture elle s’y prendre ? L’étude se borne à évoquer biologique, afin d’éviter les contradictions et les l’adoption de « mesures sur la conservation et doublons. l’utilisation des ressources phytogénétiques, la Ensuite, « renforcer l’efficacité » des protection de la biodiversité, l’atténuation du systèmes d’enregistrement des variétés, de changement climatique et la disponibilité des Synthèse VJS 02– Contact : louise@semencespaysannes.org 17/06/2021 Réseau Semences Paysannes Creative Commons BY NC SA
variétés adaptées à l’agriculture biologique », à tous les marchés (utilisateur.trice.s sans plus de précisions... Elle affirme finaux.ales professionnel.le.s ou non, échanges néanmoins que des examens et protocoles entre agriculteur.trice.s). Elle s’appliquerait d’essai spécifiques pourraient faciliter la aussi de manière stricte et uniforme à tous les commercialisation de mélanges variétaux et de États membres, sans que ceux-ci puissent matériaux hétérogènes (alors que les aménager des régimes dérogatoires au niveau dispositions réglementaires actuelles sont national. Le choix de cette dernière option essentiellement orientées vers espèces pures et conduirait donc à imposer un carcan des variétés distinctes, homogènes et stables). réglementaire à tous les échanges de semences dans l’UE. Enfin, dans cette dernière option, la Outre ces propositions communes, les Commission envisage d’intégrer la quatre scénarios développés dans l’étude réglementation semences à celle sur les présentent chacun des spécificités. L’option 0 contrôles officiels, ce qui conduirait à alourdir n’envisage qu’une modification à minima des encore la charge administrative qui pèse sur les textes des directives européennes existants. petits opérateurs du secteur semencier. L’option 1 vise, elle, à simplifier les procédures d’enregistrement des variétés, de Le 26 mai 2021, les ministres de certification des semences et de contrôle. l’Agriculture des vingt-sept États-membres de Comment ? D’une part, en créant un système de l’UE ont réagi à l’étude de la Commission. Une contrôle fondé sur le risque (les contrôles de la majorité d’entre eux sont favorables à une production et de la certification des semences et révision du droit européen sur les semences. Les plants ne seraient plus systématiques et avis divergent toutefois sur la nature plus ou homogènes, mais proportionnés au « risque moins substantielle de la révision : réel » de fraudes à la réglementation). D’autre schématiquement, les pays d’Europe de l’Est ne part, en modifiant les modalités du contrôle lui- voient pas l’utilité d’une même : les producteur.trice.s ou vendeur.se.s de réforme poussée, tandis que semences s’auto-évalueraient et l’autorité la Belgique milite, elle, pour publique n’interviendrait que pour s’assurer que le remplacement des douze l’auto-contrôle se déroule conformément aux directives européennes prescriptions réglementaires. Ce « mécanisme existantes par un seul d’auto-contrôles sous contrôle officiel » est règlement européen présenté comme une « simplification » par la uniforme. Seuls Malte, Commission. Or, un tel système, qui implique l’Espagne, l’Autriche, la une augmentation de la bureaucratie et des Bulgarie et le Luxembourg audits internes, ne profiterait qu’aux gros ont insisté sur la nécessité opérateurs industriels… de préserver et faciliter la circulation des Outre cette simplification des variétés locales et de conservation...tout en se procédures, l’option 2A propose en plus de montrant très enthousiastes quant à la promotion limiter le champ d’application des directives des technologies numériques et moléculaires. à la seule commercialisation aux La question du champ d’application de opérateur.trice.s professionnel.le.s. La la réglementation a également été évoquée. réglementation ne s’appliquerait donc pas à la L’Irlande et l’Autriche demandent que les règles vente de semences et plants aux jardinier.ère.s découlant du droit européen sur les semences ne amateur.trice.s. En outre, un « cadre législatif s’appliquent qu’aux utilisateur.trice.s ad hoc » serait mis en place pour encadrer professionnel.le.s de semences et plants, et non l’échange de semences et plants entre au marché des jardinier.ère.s amateur.trice.s. agriculteur.trice.s (sans en préciser toutefois Mais seul le Luxembourg a appelé à « trouver les détails…). des solutions pragmatiques pour l’échange Au contraire, si l’option 2B était choisie, direct entre agriculteurs ou particuliers, et pour la réglementation continuerait de s’appliquer les semences reproduites à la ferme ». L’Option Synthèse VJS 02– Contact : louise@semencespaysannes.org 17/06/2021 Réseau Semences Paysannes Creative Commons BY NC SA
2A proposée par la Commission dans son étude dernier trimestre 2022. Ce calendrier est pourrait permettre la mise en place d’un tel particulièrement serré. La Commission entend cadre légal dérogatoire au profit des boucler cette réforme avant la fin de son agriculteur.trice.s. Mais que l’on ne s’y trompe mandat et les prochaines élections point : garantir les droits des paysan.ne.s sur européennes de mai 2024. Surtout, elle les semences ne semble pas être une des souhaite la mener de front avec une autre priorités de la Commission. Les réforme lancée de manière concomitante : assouplissements envisagés pour celle du droit européen sur les OGM. l’enregistrement de variétés locales, voire de « matériel hétérogène » visent pour la Commission davantage à lutter contre un soit-disant « marché parallèle frauduleux » (c’est ainsi qu’elle qualifie la circulation des « semences alternatives », non certifiées et issues de variétés non enregistrées) et à le normaliser qu’à favoriser la biodiversité cultivée… Dans une réponse à une lettre envoyée par une coalition de réseaux européens Anciens et nouveaux OGM, vers un schisme militants (dont le Réseau Semences Paysannes), réglementaire ? la Commission a ainsi rappelé le caractère non contraignant de la Déclaration de l’ONU sur les Le 29 avril 2021, la Commission Droits des Paysans.ne.s (UNDROP) (qui européenne a publié une autre étude, cette fois contient des dispositions relatives au droit aux sur le statut juridique des nouveaux OGM (les semences)... Le Grand Robert de la langue plantes obtenues à partir de nouvelles française définit le mot « réformer » comme techniques de modification génétique, appelées « changer en mieux ». Au vu du processus de « New Breeding Techniques » - NBT par l’agro- réforme européen tout juste initié, cette industrie). Selon la directive européenne n° définition devrait peut-être être remaniée, tant la 2001/18 sur les OGM, certaines biotechnologies conjonction des termes « réforme » et (la mutagenèse notamment) produisent certes « progression des droits des paysan.ne.s » des OGM, mais qui sont exemptés des s’apparente plus à une antithèse qu’à un obligations propres aux OGM réglementés pléonasme… (évaluation des risques, autorisation de mise sur le marché, étiquetage, surveillance Et maintenant ? Zoom sur le environnementale). La Cour de Justice de calendrier politique européen l’Union Européenne (CJUE) a toutefois précisé La Commission européenne veut aller vite, très dans un avis du 25 juillet 2018 que seules les vite. Elle a publié une première étude d’impact plantes issues de techniques apparues et le 15 juin 2021, actuellement soumise à principalement développées avant 2001 (la consultation publique (vous pouvez envoyer « mutagenèse traditionnelle » par exemple) avec une contribution ICI). Elle enclenchera ensuite un historique d’utilisation sans risque une autre phase de consultation de novembre bénéficient de cette exemption, et non celles 2021 à février 2022 et publiera une seconde obtenues par de nouvelles techniques étude d’impact plus complète en avril 2022 principalement développées par la suite. Or, la (notons que la République tchèque lui Commission européenne considère les plantes demande de réaliser, en sus, une étude obtenues par ces nouvelles méthodes comme d’impact spécifique sur le matériel de une aubaine pour la construction d’un reproduction des végétaux destiné à système alimentaire durable : leur génome l’agriculture biologique). C’est sur cette base peut être manipulé afin de résister à des que la Commission soumettra aux législateurs maladies, à la sécheresse, ou encore pour européens une proposition de réforme au augmenter leur qualité nutritionnelle. Elles Synthèse VJS 02– Contact : louise@semencespaysannes.org 17/06/2021 Réseau Semences Paysannes Creative Commons BY NC SA
seraient d’ailleurs « aussi sûres pour la santé dirigée et de cisgénèse, afin d’élaborer un humaine et animale et pour l’environnement cadre légal ad hoc pour ces végétaux (selon que les plantes sélectionnées de manière Inf’OGM, la notion de « mutagenèse dirigée » conventionnelle ». L’Autorité Européenne de englobe un grand nombre de nouvelles Sécurité des Aliments (EFSA) s’en porte techniques basées sur « l’utilisation de garante dans un recueil d’avis scientifiques sur nucléases comme Crispr, TALEN, l’évaluation des risques des nouveaux OGM, méganucléases mais aussi de petite séquences publié lui aussi le 29 avril. d’ADN nommées oligonucléotides »). Ce L’étude de la Commission conclue que n’est que dans un second temps que la la législation OGM actuelle est inadaptée à Commission s’attaquera aux autres nouvelles ces nouvelles biotechnologies végétales. Elle techniques de modification génétique. Elle affirme en effet qu’il serait impossible de manque encore d’informations et de distinguer les mutations spontanées qui se connaissances scientifiques à leur sujet. produisent naturellement dans l’environnement, Quant aux techniques de mutagenèse in des mutations du végétal induites par ces vitro basées sur la soumission de cellules nouvelles techniques. Il végétales cultivées in vitro à des agents serait donc très difficile mutagènes chimiques ou physiques : elles ne d’appliquer les règles de sont pas abordées dans l’étude du 29 avril traçabilité et d’étiquetage 2021. En effet, comme l’ont souligné la des « anciens OGM » aux Coordination européenne Via Campesina et « nouveaux ». Au lieu de Inf’OGM, la Commission a choisi de ne financer des programmes de s’intéresser qu’aux nouvelles techniques recherche sur les méthodes apparues exclusivement après l’adoption de la de détection des mutations directive n° 2001/18. Elle ne respecte donc pas induites par ces techniques l’avis de la CJUE qui concernait également les (comme le demandent de biotechnologies apparues avant 2001 mais nombreux États-membres, principalement développées depuis l’adoption dont la France), la Commission préférerait de la directive, comme par exemple ces donc soustraire une grande partie des techniques de mutagenèse aléatoire in vitro (que nouveaux OGM à la réglementation OGM la Commission refuse d’ailleurs toujours de actuelle et leur créer un régime juridique sur considérer comme des OGM réglementés). mesure afin d’encourager leur développement. Puisqu’elle ne peut créer ce Quel cadre légal pour les organismes issus nouveau cadre légal dérogatoire sans violer la des nouvelles techniques génétiques ? jurisprudence de la CJUE et le droit européen Exit donc le droit du.e la consommateur.trice à sur les OGM, la Commission s’attaque l’information, le principe de précaution, la directement à la réglementation OGM traçabilité des OGM, la crédibilité de la filière contenue dans la directive n° 2001/18. Elle biologique, la prévention face aux risques de semble suivre le raisonnement suivant : l’avis de contamination dans l’environnement, les la CJUE n’ayant fait qu’interpréter le texte de la contrôles à l’importation… ? Les plantes directive, si cette directive est modifiée, la issues de techniques de mutagenèse dirigée et décision de la Cour n’aurait plus de base légale de cisgénèse restent des OGM selon le droit et ne trouverait donc plus à s’appliquer... européen. La question est maintenant de savoir quel régime leur serait applicable si les La Commission prévoit de mener cette législateurs européens décidaient de les réforme en deux temps, avec une approche soustraire aux règles de mise sur le marché différenciée technique par technique. Dans un des OGM. Seront-elles étiquetées ? La premier temps, la Commission ouvrira une Commission ne parle pas d’une consultation publique et rédigera une étude déréglementation totale, qui permettrait aux d’impact sur les plantes issues de mutagenèse industriels de vendre des semences de plantes Synthèse VJS 02– Contact : louise@semencespaysannes.org 17/06/2021 Réseau Semences Paysannes Creative Commons BY NC SA
manipulées sans aucune évaluation des risques indispensables à la réalisation des objectifs du et sans étiquetage, à travers un simple « Pacte vert européen » et de la stratégie « De enregistrement de la variété au Catalogue la ferme à la fourchette », en ce qu’elles officiel. D’ailleurs, les États membres de l’UE permettraient d’obtenir des plantes résistantes à ne le souhaitent pas. Elle évoque plutôt un la sécheresse et nécessitant moins de pesticides. « cadre légal ad hoc » qui permettrait Cet argumentaire révèle une stratégie de d’« assurer une surveillance réglementaire déplacement des débats de la technique vers proportionnée » des nouveaux OGM. Certains le produit : il n’est plus question de la nature proposent de créer un système au cas par cas, de la technique et du risque lié à son avec des niveaux d’évaluation des risques utilisation, mais de la finalité de la plante différenciés et évolutifs selon le type et obtenue. La réglementation devrait ainsi l’étendue de la modification génétique dans la autoriser par principe toutes les nouvelles plante. Quelle qu’en soit l’issue, un cadre techniques de modification du génome (puisque légal spécifique pour les nouveaux OGM ne l’EFSA les considère comme « sûres »...) et peut que s’avérer moins protecteur que la n’interdire que les produits issus de ces réglementation OGM actuelle. N’oublions pas techniques qui n’iraient pas dans le sens du que l’objectif de la Commission est bien de « Pacte vert européen » (les variétés rendues favoriser la diffusion de ces nouveaux tolérantes aux herbicides par exemple). végétaux en Europe afin d’asseoir la place du Quant aux fortes réticences exprimées continent européen dans la course mondiale à par la société civile, celles-ci s’expliqueraient la compétitivité et à l’innovation. uniquement par un manque d’information du public sur ces techniques. La Commission le répète à maintes Tout comme pour la réforme de la reprises dans son étude : le succès réglementation semences, la Commission veut de cette réforme résiderait dans aller vite et finaliser la révision du droit une campagne massive de européen sur les OGM avant la fin de son communication à destination des mandat en juin 2024. Comment expliquer un citoyen.ne.s européen.ne.s afin de tel emballement ? Sans doute par une pression les convaincre des vertus des intensifiée des lobbies des biotechnologies nouveaux OGM et de leur non- végétales. Mais aussi peut-être par sa volonté de dangerosité. faire d’une pierre deux coups, en lançant Lors du débat au Conseil des simultanément deux processus de réforme sur ministres du 26 mai, seuls la Slovaquie, la des sujets hautement sensibles sociétalement Belgique et le Luxembourg ont appelé à prendre (semences et OGM). en compte ces préoccupations, à considérer L’étude sur le statut juridique des l’ensemble des enjeux politiques, éthiques, nouvelles techniques de modification génétiques sanitaires et environnementaux liés aux OGM et a d’ores-et-déjà commencé à être discutée dans à garantir le droit de chaque État-membre les instances législatives européennes. Le 10 d’interdire la culture de nouveaux OGM sur son mai 2021, elle a été présentée aux députés de la territoire national. Selon la ministre allemande Commission Environnement du Parlement de l’Agriculture au contraire, il faut « sortir du européen (COMENVI). Le 26 mai, les ministres piège idéologique et de l’émotionnel ». Et le de l’Agriculture des 27 États-membres de l’UE ministre français de renchérir : « science sans réunis en Conseil ont exprimé leur impatience conscience n’est que ruine de l’âme, mais la de voir publiée l’étude d’impact promise par la science est source de progrès et nous devons lui Commission dans les mois à venir (après une faire confiance », et d’appeler à « une politique nouvelle phase de « consultation des parties de la raison » ! Julien Denormandie est en effet prenantes »). Une partie d’entre eux adopte la très favorable à la proposition « courageuse » de même ligne politique et discursive que la la Commission de « créer un cadre légal spécial Commission : les nouvelles techniques de adapté pour les nouvelles techniques modification génétique seraient selon eux Synthèse VJS 02– Contact : louise@semencespaysannes.org 17/06/2021 Réseau Semences Paysannes Creative Commons BY NC SA
génétiques ». La France présidera d’ailleurs spécifique, d’emballage, d’étiquetage et de le Conseil des Ministres de l’UE de janvier à traçabilité des semences de MHB restent juin 2022. Le ministre français sera alors un inchangées. A noter que les quantités maximales interlocuteur privilégié des institutions de semences pouvant bénéficier du régime européennes afin de conduire cette réforme. simplifié des « petits emballages » n’ont pas été Nul doute qu’il mettra son enthousiasme au modifiées elles non plus. Elles restent service d’un nouveau cadre réglementaire pour relativement conséquentes pour des les nouveaux OGM, qu’il souhaite « adapté et jardinier.ère.s, mais pénalisantes pour des proportionnel ». agriculteur.trice.s. Pour plus de détails sur ces différentes règles, voir ICI et LA. Le règlement délégué sur le matériel Quelques modifications ont toutefois été hétérogène biologique enfin dévoilé apportées. Il est ainsi précisé que le MHB peut être obtenu par croisement, mais aussi par Le 7 mai 2021, la Commission « multiplication de matériel parental, européenne a enfin publié son règlement réensemencement répété et exposition du stock délégué sur la production et commercialisation à la sélection naturelle et/ou humaine ». Il de semences et plants de matériel hétérogène s’agissait là d’une demande formulée par biologique (MHB). Celui-ci viendra compléter différents collectifs au niveau européen le nouveau règlement européen n° (notamment l’association 2018/848 sur l’agriculture biologique autrichienne Arche de Noah) afin qui entrera en vigueur le 1er janvier de permettre aux paysan.ne.s 2022. Pour rappel, le MHB constitue d’utiliser ce nouveau régime pour une nouvelle catégorie juridique échanger ou vendre des semences visant à élargir l’offre commerciale populations. En outre, les sélectionnée spécifiquement pour contrôles officiels visant à garantir l’AB, en donnant accès à des le respect des règles de production semences de populations plus et de mise sur le marché du MHB hétérogènes. Le MHB échappera à ne seront pas systématiques mais l’obligation d’inscription au Catalogue fondés sur le degré de risque réel officiel des variétés végétales, et donc aux de fraude. Les essais réalisés afin de contrôler le « critères DHS » (Distinction, Homogénéité et taux de germination et la pureté spécifique des Stabilité) qui y sont associés. Afin de semences seront réalisés conformément aux commercialiser des semences de MHB, il suffira méthodes de l’Association Internationale d’inscrire le matériel sur une liste ad hoc qui d’Essais de Semences (ISTA). Enfin, la sera établie au niveau européen. principale nouveauté introduite dans le texte Le 30 octobre 2020, la Commission réside dans la création d’un régime avait d’ores-et-déjà soumis à consultation d’exemption en faveur de la recherche- publique une version quasi-définitive du projet expérimentation : les échanges en « quantité d’acte délégué. Cinquante contributions écrites limitée » de semences de MHB pour la lui avaient été transmises, qu’elle affirme recherche ou la sélection ne seront pas soumis « avoir prises en considération lors de la aux obligations contenues dans le règlement rédaction du présent règlement délégué ». Le délégué (notification, description, pureté, texte définitif dévoilé le 7 mai est pourtant emballage, étiquetage, etc.). sensiblement identique à la version du 30 Le Parlement européen et le Conseil octobre 2020 : les règles de notification, de ont maintenant jusqu’au 7 août 2021 pour description du MHB, de son mode d’obtention soulever d’éventuelles objections au texte, et de son matériel parental, l’obligation de avant son entrée en vigueur au 1 er janvier maintien du matériel (uniquement « quand cela 2022. C’est donc maintenant aux syndicats, est possible ») et les obligations en terme de collectifs et réseaux paysans de mener une taux minimal de germination, de pureté réflexion collective sur ce nouveau régime Synthèse VJS 02– Contact : louise@semencespaysannes.org 17/06/2021 Réseau Semences Paysannes Creative Commons BY NC SA
juridique. Qui sert-il ? Certain.e.s artisan.ne.s des cultivateurs, des agriculteurs, des semencier.ère.s y voient une opportunité consommateurs et de la société ». L’issue du d’inscrire leurs ventes de semences et plants de vote prévu le 15 juin 2021 au sein de la populations paysan.ne.s dans un nouveau cadre COMAGRI fait donc peu de doute. Afin légal « simplifié ». Mais si certaines techniques d’entériner cet allongement de la durée du COV, nouvelles de modification génétique étaient il faudra cependant que l’ensemble des complètement déréglementées, l’industrie des député.e.s européen.ne.s se prononcent, ainsi biotechnologies pourrait aussi y trouver son que les ministres de l’Agriculture des différents compte, en vendant en tant que MHB des États-membres. semences de végétaux non stabilisés issus de Cette révision pourrait également manipulations génétiques et ne respectant pas annoncer d’autres modifications du système les critères DHS qui conditionnent de protection européen des obtentions l’enregistrement des variétés végétales au végétales dans les années à venir. Tout le Catalogue officiel. En tout cas, outil de laisse à penser. D’autant plus que la normalisation du marché « alternatif » de Commission a inscrit le « renforcement » du nouvelles semences ou réelle avancée pour la COV à son calendrier politique (une évaluation circulation des semences adaptées à de la réglementation existante sera entamée au l’agriculture biologique ? La question reste cours du second semestre 2022). posée. Les agriculteur.trice.s européen.ne.s risquent donc de pâtir d’un futur durcissement Actus des droits de propriété intellectuelle du régime de la protection des obtentions végétales. La COMAGRI Les droits de propriété intellectuelle sur met la Commission le vivant voient leurs régimes constamment européenne en garde : les requestionné et révisé. C’est notamment le cas droits de propriété du système européen de protection des intellectuelle sur les obtentions végétales, qui permet de déposer un végétaux « ne doivent certificat d’obtention végétale (COV) sur une pas conduire à une variété créée, à condition qu’elle soit nouvelle, réduction de la diversité distincte, homogène et stable. A l’échelle de des espèces et des l’UE, la Commission européenne a soumis le 3 variétés et à une perte février 2021 une proposition de règlement d’indépendance pour les agriculteurs », visant à proroger la durée du COV européen lesquels doivent « rester propriétaires de leurs de 25 ans à 30 ans pour les espèces semences ». Au niveau international, le d’asperges, les groupes d’espèces de bulbes à « Groupe d’expert techniques sur les droits des fleurs, les plantes ligneuses à petits fruits et paysans » du Traité International sur les les plantes ligneuses ornementales. La durée Ressources Phytogénétiques pour l’Agriculture de la protection serait ainsi calquée sur les COV et l’Alimentation (TIRPAA) vient justement de sur les espèces d’arbres, de vigne et de pomme mettre en ligne un « inventaire des mesures de terres. Il s’agit d’une ancienne revendication nationales et pratiques optimales » à même des sélectionneurs et obtenteurs de variétés de garantir le droit des paysan.ne.s de végétales, formulée dès 2008 dans le but « de conserver, utiliser, échanger et vendre des créer un environnement juridique propice à une semences reproduites à la ferme (comme rémunération équitable des activités de inscrit à l’article 9 du TIRPAA). Les signataires recherche et de sélection ». Le 21 mai 2021, la du traité (dont l’UE et la France) sont invités à Commission Agriculture du Parlement européen s’en inspirer et à réformer leur législation en (COMAGRI) a accueilli favorablement cette conséquence (uniquement sur la base du proposition, qui permettrait selon les député.e.s volontariat). Entre intérêts économiques des d’« encourager le développement continu de sélectionneurs et reconnaissance des pratiques nouvelles variétés, au bénéfice des obtenteurs, paysannes, vers qui l’UE penchera-t-elle ? Synthèse VJS 02– Contact : louise@semencespaysannes.org 17/06/2021 Réseau Semences Paysannes Creative Commons BY NC SA
En Bref : ne passez pas à côté de... La réglementation santé des plantes soumise à examen La biodiversité cultivée financée à toutes les sauces Le règlement européen n° 2016/2031 sur la santé des plantes est entré en vigueur le 1er Le 19 avril 2021, une coalition d’acteurs janvier 2019. Deux ans plus tard, la a annoncé la création d’un fonds de dotation Commission européenne entame une phase « pour la préservation de la biodiversité des d’évaluation de sa mise en œuvre, notamment espèces cultivées et de leurs apparentées du nouveau système de passeports sauvages ». Celui-ci vise à financer, à travers du phytosanitaires dans l’UE. Après une phase de mécénat, « des activités d’intérêt général consultation publique clôturée le 9 mai 2021, contribuant à l’inventaire - y compris des elle pourrait proposer des amendements afin savoir-faire - à la caractérisation, à d’adapter les règles existantes. Les réseaux l’évaluation, à la conservation, à la gestion européens engagés dans la défense des pérenne et à la valorisation de cette semences paysannes émettent depuis plusieurs biodiversité, que ce soit dans son milieu naturel années de virulentes critiques vis-vis de cette ou dans des centres de conservation ». Après la réglementation, qui impose à tou.te.s les création par l’interprofession des semences et opérateur.trice.s professionnel.le.s plants, à l’automne 2020, d’un fonds de soutien (agriculteur.trice.s et artisan.ne.s semencier.ère.s à la maintenance de variétés du domaine public compris.es) de s’enregistrer administrativement et d’intérêt patrimonial inscrites au Catalogue et d’apposer un passeport phytosanitaire sur les officiel, c’est maintenant un consortium de huit lots de semences et les plants qu’il.elle.s font organisations qui souhaite se positionner en circuler sur le territoire français ou européen. défenseur de la biodiversité cultivée. Parmi elles, le Groupe d’Etude et de Contrôle des Variétés et des Semences (GEVES) ou encore l’Union Française des Semenciers (UFS). Ou quand les finances se mettent au vert… Suites du recours mutagenèse/VrTH en France L’État français n’a pas exécuté la décision du 7 février 2020 du Conseil d’État relative à la mutagenèse et aux variétés rendues tolérantes aux herbicides (VrTH). C’est ce que constate la Section du rapport et des études du Conseil d’État dans un avis du 30 mars 2021, sur demande de plusieurs organisations militantes (dont la Confédération Paysanne et le Réseau Semences Paysannes). Elle invite donc la Section du contentieux du Conseil d’État à ouvrir une nouvelle procédure juridictionnelle contre l’État français et à le condamner à payer une astreinte financière. Le Ministère de l’agriculture prétend, lui, avoir « engagé toutes les démarches pertinentes et nécessaires » afin de respecter ses obligations (il a d’ailleurs envoyé au Conseil d’État un « mémoire récapitulatif » pour se défendre, le 28 mai). Plus d’informations ICI. quand les finances se mettent au vert… Synthèse VJS 02– Contact : louise@semencespaysannes.org 17/06/2021 Réseau Semences Paysannes Creative Commons BY NC SA Crédits image : RSP/Aline Jayr – CC BY NC ND
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