BPCEL'Observatoire LA CESSION-TRANSMISSION DES ENTREPRISES EN FRANCE - Groupe BPCE
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LES CARNETS DE BPCEL’Observatoire ÉTUDES DES COMPORTEMENTS FINANCIERS LA CESSION- TRANSMISSION DES ENTREPRISES EN FRANCE CESSION- TRANSMISSION : BILAN 2016 PME LE VIEILLISSEMENT DES DIRIGEANTS MAI 2019
AVANT- PROPOS Les auteurs ALAIN TOURDJMAN Directeur des Études et Dans cette cinquième édition des Carnets, à laquelle conduit le vieillissement des Prospective, les travaux de BPCE L’Observatoire appro- dirigeants de PME et d’ETI. Elle caractérise Groupe BPCE fondissent à nouveau l’étude de la cession- le renouvellement des PME lors de la fin transmission des entreprises en France. d’activité des dirigeants avec une typologie Après avoir démontré sa fiabilité et territoriale inédite et met en évidence acquis une large crédibilité, la mesure des les spécificités sectorielles de la cession- cessions, d’abord limitée aux seules PME transmission après 60 ans. En se focalisant et ETI, avait été élargie dans la précédente sur l’exemple de l’industrie, ces travaux édition à l’ensemble des entreprises du mettent en évidence les pertes évitables secteur privé marchand non agricole et non mais souvent irréversibles d’emplois, de THOMAS financier. La mise à jour des travaux pour valeur ajoutée et de croissance auxquelles LE DRET Responsable les années 2015 et 2016, qui constitue la mène le déficit de reprises de PME et d’ETI d’études au sein première partie de ces Carnets, permet de en France. de la direction des Études Les Carnets de BPCE L’Observatoire – Mai 2019 – La cession-transmission des entreprises en France valider les ordres de grandeur établis alors et Prospective, et met en évidence un net ralentissement Groupe BPCE du nombre de reprises depuis 2013. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Par ailleurs, l’évaluation globale de la . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . cession-transmission des entreprises en . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Europe étant impossible à établir en raison . . . . Le. . Groupe . . . . . .BPCE, . . . . avec . . . .son . . .modèle . . . . . .de . .banque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . de l’absence d’un dispositif statistique . . . . coopérative . . . . . . . . .universelle, . . . . . . . . représenté . . . . . . . .par . . 9. millions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . commun à l’ensemble des pays, nous . . . . de. . sociétaires, . . . . . . . .est . . le . .deuxième . . . . . . acteur . . . . .bancaire . . . . . .en . .France. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . avons procédé, sur la base des travaux . . . . Avec . . . 105 . . . 000 . . . collaborateurs, . . . . . . . . . .il.est . . au . . service . . . . . de. . 30 . . millions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . menés pour la France, à une première . . . . de. . clients . . . . .dans . . . le. .monde, . . . . . particuliers, . . . . . . . . professionnels, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . entreprises, . . . . . . . . . . . . . . . . . et . . . . . . . . . . locales. . . . . . . . . . . . . . . . estimation du marché de la reprise des . . . . . . . . . . . . investisseurs . . . . . . . . . . . collectivités . . . . . . . . . . . . . Il. est. . . . . . . . . PME et ETI dans l’Union européenne. Bien . . . . présent . . . . . dans . . . . la. banque . . . . . .de. .proximité . . . . . . et . . l’assurance . . . . . . . .en. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . qu’elle repose sur l’hypothèse forte que les . . . . France . . . . .avec . . . ses . . .deux . . . grands . . . . . réseaux . . . . . . Banque . . . . . Populaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . facteurs transversaux de disparité avérés . . . . et. .Caisse . . . . d’Epargne . . . . . . . .ainsi . . .que . . .la. Banque . . . . . .Palatine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pour la France ressortent également à . . . . Il. déploie . . . . . également, . . . . . . . . avec . . . Natixis, . . . . . .les. . métiers . . . . . mondiaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . l’échelle européenne, elle permet aussi de . . . . de. . gestion . . . . . d’actifs, . . . . . .de . .banque . . . . . de . . grande . . . . . clientèle . . . . . . et . .de . . . . . . . déterminer les premiers ordres de grandeur . . . . paiements. . . . . . . . .À. travers . . . . . ce . .dispositif, . . . . . . .il .propose . . . . . à. ses . . . clients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . de la cession-transmission des PME et ETI . . . . une . . .offre . . . complète . . . . . . . et . .diversifiée . . . . . . .: solutions . . . . . . .d’épargne, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . en Europe et de son impact sur l’emploi. . . . . de. . placement, . . . . . . . .de . .trésorerie, . . . . . . . de . . financement, . . . . . . . . . d’assurance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Enfin, la baisse du nombre de cessions . . . . et. .d’investissement. . . . . . . . . . . . .La . .solidité . . . . .financière . . . . . . .du . .groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . observée depuis quatre ans et qui concerne . . . . est . . reconnue . . . . . . . par. . quatre . . . . . agences . . . . . . de. . notation . . . . . .financière, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . toutes les catégories d’entreprises touche . . . . Moody’s . . . . . . (A1, . . . perspective . . . . . . . . stable), . . . . . Standard . . . . . . .&. Poor’s . . . . . . . . . . . . . . . . (A+, . . . . . . . . . . . stable), . . . . . . . . . (A+, . . . . . . . . . . . stable) . . . . . . . . . . . tout particulièrement les sociétés dont le . . . . . . . perspective . . . . . . . . . . . . . Fitch . . . . . . . perspective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . dirigeant approche de l’âge de la retraite. . . . . et. .R&I . . .(A, . .perspective . . . . . . . .positive). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La deuxième partie de ces Carnets traite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 spécifiquement de l’urgence économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
EN 2016, 50 877 ENTREPRISES ONT ÉTÉ CÉDÉES SELON BPCE L’OBSERVATOIRE, DONT 11 151 PME ET ETI. CELA REPRÉSENTE UNE BAISSE D’ENVIRON 30 % DEPUIS LE POINT HAUT DE 2013. LA CESSION-TRANSMISSION DES ENTREPRISES EN 2016 1 L es travaux de BPCE L’Observatoire des années permet désormais de mettre en permettent comme chaque année évidence sans aucun doute la tendance à la de mettre à jour les données sur la baisse du nombre de reprises depuis 2013, cession-transmission des entre- ainsi que les évolutions sectorielles et terri- prises en France. Depuis 2011, la toriales. Par ailleurs, la robustesse de la méthode mise en œuvre pour méthode employée ainsi que la structure du dénombrer les reprises de PME et d’ETI a parc d’entreprises en France, dont le nombre montré sa fiabilité et a été étendue au champ de sociétés dans chaque grande catégorie de desTPE depuis deux ans, ce qui permet de taille ou de secteur est suffisamment impor- couvrir la grande majorité du tissu productif tant pour que les statistiques soient repré- français, d’établir un diagnostic complet du sentatives, permettent de proposer pour la sujet et d’en éclairer les principaux enjeux. première fois une évaluation du marché de La chronique qui s’est ainsi constituée au fil la cession d’entreprises en Europe. 3
( CHAPITRE 1. ) 1. LE PÉRIMÈTRE STATISTIQUE événement représentatif d’une opération de ET LA MÉTHODE cession-transmission ayant eu lieu au cours D’ANALYSE de l’année. Les annonces légales de cession (cessions de fonds de commerce, fusions, transferts universels de propriété…), de 1.1 Le périmètre des entreprises changements d’actionnaire principal et de 1 Plus probablement Depuis 2011, les travaux de BPCE L’Obser- changements de dirigeant intrafamiliaux 10 % à 15 % compte tenu de la moindre vatoire traitent des entreprises du secteur sont dénombrées. Seuls les cessions fréquence de la privé marchand non agricole et non finan- via des holdings et les changements de création de holding cier. Dans ce périmètre, l’Insee recense un dirigeant-actionnaire ne sont évalués que ou du partage du capital parmi lesTPE. peu plus de 4,3 millions d’entreprises pour les PME et les ETI. En effet, pour les réparties en quatre catégories : 2 millions TPE, le taux de couverture et la qualité des de sociétés commerciales, 800 000 pro- liens capitalistiques référencés dans les fessions libérales, 1,3 million d’artisans, bases de données sont insuffisants pour 200 000 autres personnes physiques. La intégrer ces modalités dans le calcul des quantité et la qualité des informations conte- cessions. Les ventes via des holdings nues dans les diverses bases de données de concernent 17 % du total des cessions cette étude étant insuffisantes pour identi- pour les PME et les ETI tandis que les fier les cessions des entreprises indivi- changements de dirigeant-actionnaire, qui duelles, des professions libérales et des supposent de connaître à la fois le nom du microentrepreneurs, le dénombrement des dirigeant et le nombre de parts (minoritaire) entreprises concernées par une opération qu’il détient dans l’entreprise, en repré- de cession-transmission se concentre sur sentent 11 %. Le dénombrement global des les sociétés commerciales. Les annonces cessions-transmissions des TPE pourrait, légales permettant néanmoins d’identifier toutes choses égales par ailleurs, être sous- 5 650 cessions d’entreprises artisanales de estimé d’environ un quart1. En tout état de moins de 10 salariés, celles-ci sont certes cause, cette approche constitue une mesure intégrées dans le calcul global, mais elles ne a minima de la cession-transmission des Les Carnets de BPCE L’Observatoire – Mai 2019 – La cession-transmission des entreprises en France peuvent faire l’objet d’une analyse aussi entreprises en France. approfondie que les sociétés commerciales, faute d’information sur leurs caractéristi- Parmi les entreprises qui n’ont pas été repri- ques (âge du dirigeant, liens capitalistiques, ses dans l’année, on répertorie également emplois concernés, taux de couverture, celles qui ont fait l’objet d’une disparition identification des transmissions fami- judiciaire ou non judiciaire (aussi appelée liales…). Dès lors, le périmètre couvert par mort naturelle, correspondant à une radia- le dénombrement est de 3,3 millions tion des bases de l’Insee sans qu’un fait d’entreprises, excluant de fait surtout les générateur tel qu’une liquidation ou un microentrepreneurs et certains profes- redressement judiciaire n’ait été identifié). sionnels libéraux. Ces disparitions peuvent découler d’une raison objective (accident, situation finan- cière fragile, valeur ne reposant que sur la 1.2 Une méthode personnalité du dirigeant) ou d’une absence de chiffrage stable de repreneur (manque de préparation de Afin d’établir un diagnostic complet et la cession, faible attractivité économique, homogène sur la cession-transmission exigence technique…). des entreprises de 0 à 5 000 salariés, les méthodes de dénombrement sont désor- mais quasi identiques pour les TPE (de 0 à 9 salariés), les PME (de 10 à 249 salariés) et les ETI (de 500 à 5 000 salariés). Ainsi, pour chaque entreprise repérée par un numéro Siren unique, commun à toutes les bases de données utilisées (Infolégale, Sirene, 4 Corpfin, Insee…), on identifie chaque
2. PANORAMA DES CESSIONS et 54 % depuis 2013. Puisque cette baisse ET DES DISPARITIONS concerne tout autant, si ce n’est plus, les D’ENTREPRISES entreprises moyennes (de 50 à 249 salariés) et les ETI, elle ne peut être imputée à un biais LA CESSION-TRANSMISSION DES ENTREPRISES EN 2016 de sélection méthodologique comme l’auto- 2.1 Baisse du nombre risation accordée aux entreprises de moins de reprises depuis 2013 de 50 salariés de ne plus déclarer publique- Depuis 2013, le nombre de cessions- ment ni leurs comptes ni leurs changements transmissions d’entreprises diminue. Alors statutaires. D’une part, elle ne se concentre qu’on recensait plus de 76 000 reprises en pas dans cette catégorie de taille d’entre- 2013, seulement 50 877 entreprises ont été prises et, d’autre part, elle est antérieure au transmises en 2016. Cette baisse est trans- décret de 2016 établissant ces nouvelles versale à toutes les catégories de taille, mais dispositions. De plus, à l’exception des trans- à des niveaux différents : 5 650 TPE artisa- missions familiales, toutes les modalités éva- nales ont été cédées en 2016, ce qui corres- luées dans cette étude (cessions directes pond à une diminution de 66 % en trois ans ; identifiées par une annonce légale, ventes de un peu plus de 34 000 TPE sociétés com- parts, cession du holding, changement de merciales ont été reprises en 2016, soit un dirigeant-actionnaire…) sont en repli depuis repli de 22 % sur la même période. Enfin, 2013 et pas seulement celles provenant d’une environ 10 500 PME et 667 ETI ont trouvé un annonce légale. Cette baisse est davantage repreneur, en recul de respectivement 28 % la résultante d’une conjoncture et de choix 76 105 74 031 63 535 50 877 80 000 1 454 867 70 000 14 464 12 823 795 60 000 11 437 667 Nombre d’entreprises cédées 50 000 10 484 40 000 43 569 45 761 30 000 40 587 34 076 20 000 10 000 16 618 14 580 10 716 5 650 0 2013 2014 2015 2016 Le nombre de cessions-transmissions est en baisse depuis 2013 Source : BPCE L’Observatoire. TPE artisanale TPE société PME ETI commerciale 5
( CHAPITRE 1. ) réglementaires défavorables à la cession, d’entreprises cédées en France serait de comme la loi Hamon, qui obligeait les diri- l’ordre de 60 000 en 2016, alors même qu’il geants d’entreprise à informer les salariés s’agit de la moins bonne année observée de leur projet à un moment critique du pro- depuis 2010, et la moyenne de la période cessus de cession au risque de le faire 2013-2016 serait de l’ordre de 80 000 cessions- échouer, la confidentialité étant l’un des fac- transmissions par an. teurs clés de réussite de ce type d’opérations, souvent jugées chronophages et délicates. 2.2 La reprise d’entreprise En tenant compte du fait que, d’une part, les reste davantage une question cessions n’ont pas pu être identifiées pour de taille que d’âge les professions libérales et les personnes L’analyse des 50 877 cessions d’entreprises physiques et que, d’autre part, certaines identifiées confirme les résultats des pré- modalités n’ont pas pu être prises en compte, cédents travaux de BPCE L’Observatoire. comme les transmissions familiales des En particulier, le taux de cession, c’est-à-dire entreprises artisanales ou les ventes via la probabilité qu’une entreprise soit cédée des holdings des sociétés commerciales de au cours de l’année, est moins lié à l’âge TPE, il convient sans doute de réévaluer la du dirigeant qu’à la taille de l’entreprise : mesure d’environ un quart. Ainsi, le nombre les trois quarts des cessions d’entreprises Les cessions-transmissions d’entreprises en 2016 1à5 6à9 10 à 49 50 à 249 250 à 4 999 TYPE D’ÉVÉNEMENT 0 salarié salariés salariés salariés salariés salariés Total Taux Disparitions non judiciaires 104 962 23 436 1 865 1 860 209 28 132 360 3,7 % Disparitions judiciaires 12 481 13 798 1 960 3 040 219 18 31 516 0,9 % Les Carnets de BPCE L’Observatoire – Mai 2019 – La cession-transmission des entreprises en France Cessations (1) 117 443 37 234 3 825 4 900 428 46 163 876 4,6 % Taux de disparition 2016 5,1 % 4,1 % 2,6 % 2,7 % 1,8 % 0,9 % 4,6 % Cessions (Infolégale) 13 890 13 509 3 440 3 220 735 349 35 143 1,0 % Ventes via holding ou cessions 609 529 148 3 023 1 082 291 5 682 0,2 % de titres Transmissions familiales 2 931 3 794 876 2 176 248 27 10 052 0,3 % Cessions-transmissions (2) 17 430 17 832 4 464 8 419 2 065 667 50 877 1,4 % Taux de cession-transmission 2016 0,8 % 1,9 % 3,0 % 4,6 % 8,5 % 13,3 % 1,4 % Aucun événement de cession 2 185 679 862 252 141 375 171 073 21 812 4 315 3 386 506 94,0 % ou de disparition (3) Ensemble des entreprises 2 320 552 917 318 149 664 184 392 24 305 5 028 3 601 259 100 % (1)+(2)+(3) Nombre d’emplois concernés 109 934 65 523 25 298 84 534 42 544 20 122 347 955 par une disparition Taux d’emplois concernés 4,7 % 3,9 % 2,6 % 2,5 % 1,7% 0,6 % 2,4 % par une disparition Nombre d’emplois concernés 16 722 37 302 29 946 116 171 130 166 437 035 767 342 par une cession Taux d’emplois concernés 0,7 % 2,2 % 3,1 % 3,4 % 5,2 % 12,2 % 5,3 % par une cession Nombre d’emplois de TPE, PME, 2 320 552 1 692 024 965 958 3 405 790 2 479 513 3 584 927 14 448 764 et ETI en 2016 6 Source : BPCE L’Observatoire.
ont lieu avant les 60 ans du dirigeant, tant quatre fois moins reprises. En 2014, les taux pour les plus petites sociétés que pour les de cession et de disparition, qui évoluent ETI. L’estimation du marché de la reprise à dans des sens opposés en fonction de la taille partir de la structure par âge des dirigeants des entreprises, s’équilibraient pour lesTPE LA CESSION-TRANSMISSION DES ENTREPRISES EN 2016 conduit donc à une double erreur : la pre- de 3 à 5 salariés. En 2016, cet équilibre n’est mière conduit à occulter les cessions en atteint qu’à partir de la catégorie des sociétés cours d’activité, qui constituent la grande de 6 à 9 salariés. Cela signifie que le manque majorité des opérations, et à avoir une vision de cessions a accentué l’asymétrie entre la erronée de la nature des entreprises qui reprise et le diptyque disparition-création, qui composent ce marché. La seconde, qui fait entraîne le tissu productif vers une fragmen- l’objet d’une analyse spécifique dans la tation préjudiciable à son développement. seconde partie, amène à surestimer l’impact des départs en retraite sur le renouvellement du parc de dirigeants d’entreprise et à établir 2.3 Les mutations sectorielles un diagnostic inexact des perspectives de de la reprise développement du tissu productif. L’analyse sectorielle des cessions- transmissions des PME et ETI confirme À l’inverse, le nombre de salariés d’une entre- les spécificités des grands secteurs, mais prise constitue un meilleur critère explicatif révèle également de fortes disparités et du niveau des cessions. La fréquence des des évolutions marquées au sein des sous- opérations augmente de manière continue secteurs. Par exemple, si l’industrie présente avec le nombre de salariés, passant de 0,8 % toujours un taux de cession élevé et un taux pour les entreprises sans salarié à 1,9 % pour de disparition inférieur à la moyenne, c’est lesTPE de 1 à 5 salariés, puis 3 % pour la caté- essentiellement grâce aux sous-secteurs gorie supérieure (6 à 9 employés), 4,6 % pour des industries chimique, agroalimentaire, les PME de 10 à 49 salariés, 8,5 % pour les informatique, du papier et du carton et à la entreprises moyennes et 13,3 % pour les ETI. métallurgie, tandis que l’industrie auto- De plus, lorsqu’on croise la taille de l’entre- mobile et la fabrication de plastiques et prise avec l’âge du dirigeant, on observe qu’à de produits métalliques ont des niveaux tout âge le taux de cession des entreprises de cession plus bas, et que l’imprimerie, d’une taille donnée est toujours inférieur à le travail du bois et surtout l’industrie de celui des sociétés de taille plus importante. l’habillement cumulent à la fois un faible Par exemple, il est moins fréquent qu’une niveau de cession et des taux de disparition entreprise de 20 salariés dont le dirigeant a élevés. De plus, la dynamique de renou- plus de 60 ans soit cédée qu’une entreprise vellement de l’industrie est plutôt négative : de 50 salariés dont le dirigeant a 50 ans. depuis 2014, l’ensemble des sous-secteurs industriels voient leurs taux de disparition En termes d’emplois, environ 770 000 sala- augmenter davantage que la moyenne, à riés ont été concernés par la cession de leur l’exception de la métallurgie, qui s’améliore, entreprise en 2016, dont presque 90 % se et des industries automobile et chimique, concentrent dans les PME et les ETI. À titre de qui se stabilisent, tandis que leurs taux de comparaison, environ 350 000 emplois ont cession se dégradent, notamment dans été concernés par la disparition de quelque l’industrie de l’habillement, la collecte 164 000 entreprises en 2016, dont seulement de déchets et la fabrication de produits 40 % étaient des salariés de PME et d’ETI. plastiques et informatiques, où il a diminué Traditionnellement, lesTPE disparaissaient de plus de 2 points de pourcentage. deux fois plus fréquemment que les PME et ETI, mais leur taux de cession était moitié Les sous-secteurs du BTP ont également moindre. Dans un contexte où les cessions des destins variés et évoluent de manière ont davantage reculé que les disparitions, la positive en comparaison des autres sec- ligne de partage entre cessions et dispari- teurs. Avec un taux de cession de seulement tions s’est même décalée depuis 2014 : les 3,8 %, la construction fait encore partie TPE disparaissent toujours deux fois plus que des secteurs où la reprise est la moins déve- les PME et ETI, mais elles sont désormais loppée, et constitue même, avec l’industrie 7
( CHAPITRE 1. ) de l’habillement, l’une des seules activités transports et la logistique présentent des où les PME et ETI disparaissent davantage taux de cession plus élevés que la moyenne qu’elles ne sont reprises. Pour autant, leur et de faibles taux de disparition, sauf pour taux de disparition diminue davantage que les services relatifs aux bâtiments, qui ont la moyenne depuis 2014, et le taux de un modèle plus proche de celui de la cession s’y est moins dégradé que dans construction. Les services aux particuliers les autres secteurs. Dans le génie civil, la conservent quant à eux leur grande stabi- situation est meilleure, en lien avec des lité, reposant sur un faible renouvellement PME et ETI dont la taille moyenne est plus par la reprise et peu de cessations. importante, puisque le taux de cession y est de presque 10 % (taux le plus élevé derrière Enfin, le commerce de détail et de gros, les activités immobilières), pour moins de ainsi que l’hôtellerie-café-restauration 2,5 % de disparitions. Il s’agit de plus du (HCR) ont peu évolué depuis 2014 : malgré seul secteur (toujours avec les activités une légère hausse de la fréquence de leurs immobilières) dont le taux de cession disparitions et un taux de cession stable, progresse depuis 2014. ces secteurs d’activité se positionnent toujours dans un modèle de renouvelle- Dans les services, les PME et ETI présentent ment de leurs formes de propriété, princi- la dynamique la plus favorable, puisque palement porté par la reprise avec un taux leurs taux de cession diminuent moins que de disparition toujours faible. dans les autres secteurs (sauf les agences de voyages, en recul de 4 points de pour- centage contre 1,3 point de pourcentage en 2.4 Les territoires de moyenne) et qu’elles disparaissent signifi- la cession-transmission cativement moins que la moyenne, à l’ex- L’analyse territoriale des cessions-transmis- ception des sous-secteurs des activités sions d’entreprises met aussi en évidence juridiques, d’architecture et d’ingénierie. de fortes disparités, qui ne tiennent pas uni- En 2016, les services aux entreprises, les quement à la structure du tissu productif Les Carnets de BPCE L’Observatoire – Mai 2019 – La cession-transmission des entreprises en France De fortes disparités territoriales des taux de cession de PME et d’ETI Source : BPCE L’Observatoire, moyenne 2015-2016. Taux de cession ≥ 6 % 6 % ≥ Taux de cession ≥ 5,5 % 5,5 % ≥ Taux de cession ≥ 5 % 5 % ≥ Taux de cession ≥ 4,5 % Martinique Taux de cession ≤ 4,5 % Guadeloupe Île-de-France Réunion Guyane 8
local. Le Grand Ouest et le bassin rhônalpin 3. ÉVALUATION sont les territoires où il est le plus fréquent DU MARCHÉ DE LA REPRISE qu’une société soit reprise, tandis qu’à l’in- D’ENTREPRISES EN EUROPE verse le taux de cession est particulièrement LA CESSION-TRANSMISSION DES ENTREPRISES EN 2016 faible dans le quart nord-est du pays. 3.1 La France, un modèle mixte Concernant les PME et les ETI, la mise en La reprise d’entreprises constitue un enjeu perspective de ces résultats avec la carte de compétitivité pour une zone écono- des taux de cession des années antérieures mique. Lorsqu’elle est peu développée, montre des évolutions à relever. Sur la l’un des principaux risques auxquels est période 2015-2016, les taux de cession sont exposé le tissu d’entreprises est le vieillis- particulièrement élevés en Île-de-France, sement de ses dirigeants (cf. partie 2) et le notamment dans la petite couronne, dans ralentissement de l’activité qui l’accom- l’ex-région Rhône-Alpes, sur la côte médi- pagne le plus souvent. A contrario, les pré- terranéenne et dans le quart sud-ouest. À cédents travaux de BPCE L’Observatoire l’inverse, le nombre de PME et d’ETI reprises ont montré les vertus de la cession-trans- dans l’ex-région Champagne-Ardenne, en mission des PME et ETI sur leurs inves- Franche-Comté, dans les DOM et dans les tissements et la relance de leur cycle de Hauts-de-France est très faible. Par rapport croissance. Notre méthode de dénombre- à la période 2013-2014, la cession-trans- ment précis des reprises ayant montré sa mission des PME et ETI s’est développée fiabilité depuis 2011 et le manque d’infor- en Alsace et en Bourgogne (à l’exception mations documentées et agrégées sur la du département de la Côte-d’Or), où l’on est cession-transmission des entreprises en passé d’un niveau bas à une situation plutôt Europe ne permettant toujours pas une favorable, ainsi que sur la côte méditer- évaluation globale, nous avons procédé, ranéenne, où la dynamique amorcée en sur la base des travaux menés pour la 2013 et 2014 se poursuit en 2015 et en 2016. France, à une première estimation du À l’inverse, la situation continue de se marché de la reprise des PME et ETI dans dégrader dans les Hauts-de-France, l’Union européenne. notamment dans l’Aisne et l’Oise, et surtout en Franche-Comté où même le Jura, qui Faute d’un système statistique centralisé présentait des taux de cession plutôt élevés au niveau européen recensant chaque ces dernières années, a vu le nombre de PME et ETI (ici au sens des entreprises reprises de PME nettement diminuer. Les de 10 à 4 999 salariés), il n’est pas possi- régions Normandie, Bretagne et Pays de la ble de dupliquer les travaux de BPCE Loire connaissent également un ralentis- L’Observatoire sur les autres pays de sement du marché de la reprise en 2015- l’Union. Néanmoins, à défaut d’une 2016 et retrouvent des niveaux proches de mesure précise comme pour la France, il la moyenne, alors qu’elles constituaient est à la fois possible et nécessaire de des territoires dynamiques en termes de disposer à tout le moins d’une estimation cessions-transmissions depuis 2010. globale pour l’Union européenne en s’appuyant sur le cas français. D’une part, En lien avec la baisse prononcée des taux la valorisation de la thématique de la de cession des ETI et des PME de plus de cession-transmission à l’échelle euro- 100 salariés, les départements abritant péenne pâtit de l’absence de mesure une capitale régionale ont tous vu leur chiffrée du phénomène, même s’il s’agit taux de cession stagner ou baisser, à d’un ordre de grandeur dans un premier l’exception de Paris et des départements temps. En particulier, l’absence d’évalua- du Rhône et des Bouches-du-Rhône. À tion de l’impact sur les emplois ne permet l’inverse, des départements plus ruraux et pas de donner à ce sujet l’importance qui aux tissus de PME moins denses, comme devrait être la sienne dans la politique de la Marne, l’Indre-et-Loire, l’Orne ou le Var, soutien à l’entrepreneuriat. D’autre part, ont connu davantage de reprises que le parc français de PME et d’ETI semble durant la période précédente. suffisamment dense et hétérogène pour 9
( CHAPITRE 1. ) 2 Source : données être au moins partiellement représentatif importante, plus la probabilité qu’elle soit établies par Eurostat pour la répartition des disparités des tissus économiques cédée est élevée, à la fois parce qu’elle est par taille (classes : des 28 pays de l’UE. En effet, il est plus plus attractive et parce que la probabilité 10 à 19 salariés, 20 à 49, 50 à 249 et dense et fragmenté dans le sud-est et le qu’elle appartienne à un groupe, donc plus de 250 salariés…) sud-ouest de la France, ce qui le rapproche qu’elle fasse l’objet d’un arbitrage straté- et par secteur du d’un modèle « méditerranéen » où gique, est élevée. Dès lors, en supposant nombre d’entreprises du champ marchand dominent les petites entités, à l’instar de que les facteurs transversaux de disparité non agricole et non l’Espagne, de la Grèce ou de l’Italie, mais qui sont avérés pour la France ressortent financier, l’OCDE il est plus concentré dans le nord et l’est également à l’échelle européenne, il est fournissant le nombre de salariés pour les du pays grâce à la présence d’entreprises possible de déterminer les premiers ordres mêmes catégories moyennes ou de taille intermédiaire, de grandeur de la cession-transmission des de taille et de secteur. 3 comme dans le modèle nord-européen, PME et ETI en Europe. La moyenne des taux de cession de qui privilégie ce type d’entreprises 2014 à 2016 a été (Allemagne, Autriche, Danemark, voire utilisée. Le nombre Royaume-Uni). 3.2 La reprise d’entreprises de reprises ayant en Europe : une première été parmi les plus bas observés ces L’exemple français montre que les évaluation dernières années, cela principaux facteurs explicatifs du taux Les PME et ETI du champ privé marchand a permis d’obtenir une estimation raisonnable de cession des PME et ETI sont d’abord non agricole et non financier repré- et conservatrice la taille, puis l’âge et le secteur d’activité. sentent plus de 1,7 million d’entreprises du marché européen de la cession- Si la structure par âge des dirigeants en Europe et près de 100 millions d’em- transmission européens ne fait pas, à notre connais- plois. En partant du taux de cession des PME et ETI. sance, l’objet d’une information fiable et moyen des PME et ETI en France entre systématique par pays, la répartition des 2014 et 2016, on estime qu’environ entreprises par catégorie de taille et par 10 0 0 0 0 PME et ETI seraient cédées grand secteur (industrie, construction, chaque année au sein de l’UE et que services et commerce) est en revanche plus de 10 millions d’emplois seraient connue et établie de façon homogène2. concernés. Au sein de la zone euro à Les Carnets de BPCE L’Observatoire – Mai 2019 – La cession-transmission des entreprises en France En supposant que ces deux facteurs 19 pays, 72 000 des 1,2 million de PME et soient également structurants pour la d’ETI seraient transmises avec un impact moyenne des pays européens, l’esti- sur 6,6 millions d’emplois. mation du nombre d’opérations en Europe s’établit en tenant compte pour La France représente plus de 8,5 % du chaque pays du croisement taille et marché européen de la cession-trans- secteur (ex. : nombre d’entreprises de mission et 11,4 % des emplois concernés. 50 à 249 salariés du secteur de l’industrie) À titre de comparaison, l’Allemagne qui lui est propre et en affectant à chaque pèserait pour un quart des cessions de valeur le taux de cession mesuré pour l’UE (26 000 PME et ETI) et 22,5 % des la France dans cette taille et pour ce emplois concernés, et les PME italiennes secteur 3 . L’estimation du nombre de représenteraient 10,5 % des cessions cessions eût sans doute été de meilleure (10 800 opérations), mais seulement qualité si on avait disposé d’un critère 7,2 % des emplois associés. d’âge. Mais il convient de garder à l’esprit que les opérations concernant les Toutefois, cette évaluation ne tient pas dirigeants de 60 ans et plus représentent c o m p t e d e c e rt a i n e s s p é c i f i c i t é s un peu moins de 30 % du total en France. natio nales. Par exemple, la structure capitalistique des ETI familiales du De la sorte, le nombre d’opérations estimé Mittelstand allemand les conduit pro- pour l’Europe est moins tributaire des bablement à davantage recourir à la spécificités sectorielles ou en taille du transmission familiale qui, par nature, est tissu de PME et d’ETI français mais il reste une opération qui intervient moins effectivement très dépendant de l’hypo- souvent qu’une cession onéreuse à un thèse qui s’est révélée structurante pour tiers. Dès lors, les 26 0 0 0 cessions- 10 la France. Plus la taille d’une entreprise est transmissions annuelles de PME et d’ETI
en Allemagne constituent davantage vieillissement des dirigeants de PME et un maximum qu’un minimum. Pour d’ETI observé en France est un phéno- l’Italie, deux logiques d’impact contraire mène local et isolé, ou bien une tendance pourraient nuancer cette estimation. généralisée dans l’ensemble de l’Union LA CESSION-TRANSMISSION DES ENTREPRISES EN 2016 D’une part, comme dans le cas précédent, européenne. Ainsi que les travaux de la fréquence de la transmission familiale, BPCE L’Observatoire l’ont montré pour la probablement supérieure à celle de la France, cet outil permettrait de revenir France, pourrait conduire à ajuster à la sur certaines idées reçues, par exemple baisse l’évaluation. D’autre part, il est que la grande majorité des opérations possible que la taille soit un critère moins interviennent en cours d’activité pro- structurant pour évaluer la fréquence des fessionnelle et non pas à l’approche de cessions de PME et d’ETI en Italie qu’en la retraite, ou de vérifier s’il existe, à France, du fait de la plus forte densité des l’échelle européenne, un décalage après petites entreprises. 60 ans entre les intentions de cession et leur concrétisation. S’il s’avérait que ce Même si elle repose sur des hypothèses risque pour la compétitivité du tissu pro- fortes et mérite d’être approfondie, cette ductif s’étende au-delà de nos frontières, estimation met en évidence le poids éco- ce type d’outil permettrait de cibler les nomique et social de la reprise d’entre- secteurs et les territoires les plus sen- prises en Europe. Il serait par ailleurs sibles et ferait de la cession-transmission intéressant d’identifier si les cédants un véritable levier de croissance au sont, comme en France, majoritairement niveau européen. des actifs de moins de 60 ans ou bien des personnes en fin d’activité profession- nelle. Seul un outil statistique homogène et centralisé au niveau européen donnant un accès à l’âge précis des dirigeants de chaque entreprise ainsi qu’aux modalités de cession permettrait d’identifier si le Évaluation de la cession-transmission des PME et des ETI en Europe PME et ETI Emplois Concernés Taux d’emplois Nombre de Nombre de Taux de Nombre par une concernés par PME et d’ETI cessions cession d’emplois cession une cession Union européenne (28 pays) 1 732 364 103 158 6,0 % 99 365 064 10 429 368 10,5 % Zone euro (19 pays) 1 219 131 71 896 5,9 % 64 797 350 6 646 319 10,3 % Allemagne 444 966 26 326 5,9 % 23 144 744 2 348 045 10,1 % Belgique 32 035 1 926 6,0 % 1 790 608 187 113 10,4 % Espagne 143 694 8 401 5,8 % 7 140 867 741 087 10,4 % France 148 739 8 900 6,0 % 10 915 773 1 190 834 10,9 % Italie 192 697 10 865 5,6 % 7 889 933 753 487 9,5 % Royaume-Uni 209 134 12 511 6,0 % 15 925 616 1 852 658 11,6 % Source : nombre de cessions : BPCE L’Observatoire, nombre d’entreprises et d’emplois : OCDE. 11
LE RECUL DE LA REPRISE EN FIN D’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE CONDUIT À CE QUE PLUS D’UN DIRIGEANT DE PME ET D’ETI SUR CINQ AIT PLUS DE 60 ANS, AU RISQUE POUR NOTRE PAYS DE LAISSER PASSER L’OPPORTUNITÉ D’ASSURER LE RENOUVELLEMENT DÉMOGRAPHIQUE DE SON TISSU DE PME. LE VIEILLISSEMENT DES DIRIGEANTS COMPROMET LE DÉVELOPPEMENT DU TISSU DE PME 2 L a chute des cessions-trans- fragilité représente aujourd’hui un risque missions entre 2013 et 2016 a majeur pour l’avenir du tissu de PME français. concerné toutes les catégories En effet, même si la transmission familiale de PME et d’ETI mais elle a été se porte bien, elle ne constitue toujours pas plus marquée pour les chefs un modèle de référence dans l’Hexagone. d’entreprise âgés. Parallèlement, Par ailleurs, le vieillissement menace spéci- le vieillissement des dirigeants s’est encore fiquement les zones géographiques déjà accentué sur la période récente avec une exposées aux fractures territoriales de la hausse plus sensible de la proportion de ceux métropolisation et les secteurs qui, à l’instar qui dépassent 65 ans. Dès lors, si le passage de l’industrie, jouent un rôle clé dans la de relais en fin d’activité professionnelle compétitivité future du pays. était déjà dans le passé le maillon faible de 12 la cession-transmission en France, cette
1. LA FIN D’ACTIVITÉ cinq ans. En ne considérant de façon conser- 4 Parmi les dirigeants PROFESSIONNELLE, POINT vatrice que les intentions à moins de deux quadragénaires, le taux de cession NOIR DE LA CESSION DES PME ans (divisées par 2 pour les ramener sur une a baissé de 28 % période d’un an) exprimées dans l’enquête de entre 2013 et 2016 tandis qu’il a baissé 2015, on peut établir un ratio indicateur entre de 37 % au-delà 1.1 La cession après 60 ans ces intentions et le nombre d’opérations réa- de 65 ans (de 10,7 % en net recul lisées effectivement. Ce rapport est globale- à 6,7 %). 5 Durant la période de fort repli de la cession- ment de 90 % avant 60 ans, ce qui marque Dans ces deux enquêtes (CSA 2011 transmission observée entre 2013 et 2016, il un relatif équilibre entre besoins et reprises et Audirep 2015), aurait été assez raisonnable de penser que mais seulement de 40 % à partir de 60 ans. respectivement les opérations discrétionnaires ou d’oppor- 63 % et 59 % des patrons de PME tunité, menées en cours de vie active par de Faute de possibilité de cession, les patrons de 60 ans et plus jeunes dirigeants, auraient été davantage de PME pourraient, comme c’est souvent le présentaient la préparation de la affectées que celles, plus structurelles, voire cas pour lesTPE de moins de cinq salariés, cession ou de la nécessaires, liées au passage de relais des privilégier une cessation pure et simple de transmission comme anciennes générations. Il n’en a rien été. Au leur activité. Or, dans la mesure où le taux de leur principal objectif personnel en relation contraire, le taux de cession des dirigeants disparition (judiciaire comme non judiciaire) avec l’entreprise. quadragénaires a perdu 1,8 point de pour- s’est aussi replié au-delà de 60 ans durant la 6 Cette projection centage entre 2013 et 2016 mais le recul a période 2013-2016, certes légèrement et de suppose un flux atteint 3,1 points pour les sexagénaires et façon non homogène par secteur, ce déficit nul d’entrées, de créateurs ou 4 points au-delà de 65 ans4. Une fois de de cession ne trouve pas actuellement sa tra- de repreneurs plus, les chiffres montrent que le vieillisse- duction dans une recrudescence des arrêts de plus de 60 ans, et l’écoulement du ment des chefs d’entreprise ne se traduit d’activité, contraints ou non. Il se manifeste stock d’entreprises pas nécessairement par un ajustement donc par la poursuite du vieillissement des existantes en fin des flux de cessions, on n’observe pas dirigeants de PME et d’ETI qui restent à la 2016 aux mêmes rythmes de d’adaptation « naturelle » des demandes barre de leur entreprise malgré l’avance- disparition et de de reprise au surcroît d’offres, exprimée ment en âge. cession que ceux ou simplement potentielle. mesurés pour l’année 2016 par tranche de deux ans La part des ventes ou des transmissions 1.2 Le vieillissement (60-61 ; 62-63 ; 64-65…) sauf celles au-delà de 60 ans représente traditionnel- des dirigeants de PME, des 55-59 ans et lement un peu moins de 30 % des opéra- une urgence économique des 76 ans et plus. tions menées par l’ensemble des classes Cette tendance ne cesse de s’affirmer : la part La projection consiste à simuler d’âge. En 2016, elle s’est établie à 28 % des dirigeants de PME âgés de 60 ans et plus sous ces hypothèses pour quelque 3 200 cessions à comparer est ainsi passée de 17,4 % en 2010 à 20,5 % les effectifs survivants à une moyenne annuelle de 4 300 en 2013- en 2016. Le repli de 2016 vient certes atténuer de chaque génération et à les affecter 2014. Les travaux de BPCE L’Observatoire le pic atteint en 2015 (21,8 %) mais s’inscrit à la tranche d’âge publiés notamment en 2017 sur la base de encore dans le mouvement haussier de ces qui leur correspond après cinq ans. données 2010-2014 mettaient déjà en dernières années. Les chiffres correspondant Concernant le parc évidence le fossé croissant avec l’âge entre aux années 2017 et 2018 permettront d’éta- total de PME et les intentions des dirigeants de céder leur blir s’il s’agit d’un retournement ou d’une d’ETI, l’hypothèse retenue est celle entreprise et leur capacité à le faire. En inflexion ponctuelle. Néanmoins, la dyna- d’une croissance d’autres termes, le passage de relais en fin mique actuelle est sans ambiguïté : le vieillis- future d’ici à 2021 d’activité professionnelle est certes mino- sement prend de l’ampleur et s’approfondit. équivalente à celle constatée entre ritaire mais c’est celui où le déficit entre 2011 et 2016. besoins et réalisations est le plus flagrant. En effet, dans l’hypothèse d’une stabilisation du taux de disparition et du taux de cession Nous disposons de deux études menées par par classe d’âge des dirigeants à leur niveau BPCE L’Observatoire, l’une en 2011, l’autre de 2016, la projection6 à cinq ans de la popu- en 2015, pour mesurer la volonté de céder lation des PME et ETI indique que 22,7 % des dirigeants de PME5. À partir de 60 ans, d’entre elles auraient un patron sexagénaire respectivement 52 % et 36 % disaient envi- ou septuagénaire. Par ailleurs, dans la ligne sager de céder leur entreprise d’ici un ou de l’évolution depuis 2010 montrant sur- deux ans et 32 % avec un horizon de trois à tout une progression des tranches les plus 13
( CHAPITRE 2. ) âgées, les plus fortes progressions seraient marquée avec l’avancée en âge, une stra- l’apanage des classes les plus avancées en tégie financière de consolidation des fonds âge : la part des 66 ans et plus, passée de propres, de désendettement et in fine de 6,2 % à 8,3 % entre 2010 et 2016, serait alors sous-investissement conduisant souvent à portée à 10,5 % en 2021. un ralentissement de la croissance. Cette stra- tégie ne procède pas d’une prudence exces- Cette projection n’a qu’une valeur indicative sive ni d’une incompréhension des tendances mais elle montre bien la fragilisation crois- de marché liée à l’âge mais s’explique par la sante du tissu de PME. En effet, mis à part le volonté de préparer l’entreprise à la cession cas d’une transmission familiale préparée à en limitant les engagements et de concentrer l’avance et qui voit le dirigeant rester long- davantage d’attention au patrimoine privé temps en place mais souvent en prenant in dans la perspective de la retraite. Si cette fine une fonction non exécutive, déléguant les période de stabilisation est courte, c’est-à-dire tâches exécutives à la génération suivante, les si la cession intervient rapidement, ce choix dirigeants dont l’âge est très avancé exposent entraîne peu d’effets pour la société, dont la plus fréquemment leur entreprise à deux dynamique sera relancée par le repreneur. types de risques. Cependant, compte tenu du déficit de cession en fin d’activité professionnelle, la poursuite D’une part, comme l’ont montré les travaux de cette stratégie au-delà de quelques années de BPCE L’Observatoire en 2011, les dirigeants est fréquente et induit une perte de compé- âgés adoptent en général, et de façon plus titivité et d’opportunités de marché pour les 25 Les Carnets de BPCE L’Observatoire – Mai 2019 – La cession-transmission des entreprises en France 14,6 % 17,4 % 19,2 % 19,7 % 19,8 % 20,3 % 21,8 % 20,5 % Pourcentage de dirigeants de PME et d’ETI de 60 ans et plus 20 8,7 % 7,2 % 7,1 % 7,8 % 8,3 % 6,9 % 15 6,2 % 5,5 % 10 12,5 % 12,7 % 12,5 % 13,1 % 12,3 % 12,2 % 11,2 % 5 9,1 % 0 2005 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 Plus d’un dirigeant de PME et d’ETI sur cinq a désormais plus de 60 ans Source : BPCE L’Observatoire. 60-65 ans 66 ans et plus 14
entités concernées. À plus grande échelle, la services administratifs, voire les activités multiplication des entités dont le dirigeant est immobilières. La nécessité d’acquérir une âgé et qui trouvent difficilement un acqué- expertise par une formation spécifique ou au reur tend à généraliser ce comportement à contraire la capacité à maîtriser les savoir-faire LE VIEILLISSEMENT DES DIRIGEANTS COMPROMET une large frange d’entreprises et, finalement, adéquats par une immersion dans l’entreprise LE DÉVELOPPEMENT DU TISSU DE PME contribue à un développement sous-optimal semblent tracer la ligne de partage entre les du tissu de PME et d’ETI. secteurs perméables ou réfractaires à la trans- mission familiale. L’hôtellerie-restauration D’autre part, le prolongement durable de est toujours un peu moins sensible que la cette stratégie conduit progressivement à moyenne à cette pratique mais deux caté- éroder, voire à faire disparaître la valeur de gories d’activités semblent avoir connu des l’entreprise, de moins en moins adaptée aux évolutions significatives entre 2013 et 2016. transformations de son marché (demande, D’une part, les services aux particuliers et l’en- normalisation, technologies utilisées…) et de seignement, la santé, l’action sociale se sont plus en plus dépendante de la reconnaissance ouverts à cette modalité qui, dans un contexte de son dirigeant. L’éventualité d’une cession de raréfaction des cessions, a représenté peut alors être compromise par le désintérêt jusqu’à 28 % des opérations totales en 2016. pur et simple des repreneurs potentiels mais D’autre part, la fréquence de la transmission aussi par l’abaissement de leur offre de prix familiale a plutôt reculé dans l’industrie en fin à un niveau inacceptable pour le cédant au de période même si sa part dans l’ensemble regard de la rentabilité immédiate de son des opérations s’est redressée, là encore en activité mais rendu nécessaire pour l’ache- lien avec le net recul des transferts onéreux. teur dans la perspective des investissements futurs à consentir. Les travaux de BPCE L’Observatoire publiés en 2017 ont mis en évidence un taux de survie à trois ans des transmissions familiales 2. LATRANSMISSION supérieur à la moyenne des cessions. Mais FAMILIALE, LE MODÈLE cette modalité présente d’autres vertus. La FRANÇAIS ÉVOLUE MAIS principale étant sans doute de constituer un NE S’IMPOSE PAS puissant antidote au vieillissement des diri- geants. Le soutien apporté aux transferts en fin d’activité professionnelle par la stabilisa- 2.1 Progrès et vertus de tion du nombre des opérations intrafamiliales la transmission familiale chez les dirigeants âgés a été déterminant sur La transmission familiale est la seule modalité la période récente. Représentant, en 2013, de transfert d’activité qui ait tiré son épingle 25 % des cessions totales à partir de 60 ans et du jeu au cours des dernières années : le 31 % au-delà de 65 ans, ces contributions ont nombre d’opérations a légèrement progressé atteint respectivement 36 % et 43 % en 2016. pour atteindre 2 451 en 2016 et le taux de De plus, cette action est beaucoup plus sen- transmission s’est stabilisé à 1,15 % des PME sible dans des zones en déclin économique et ETI. Dans un contexte de baisse drastique et/ou démographique, où les repreneurs sont de l’ensemble des cessions, leur part a atteint plus réticents à s’installer. La transmission un record en 2016 : 22 % contre moins de 17 % familiale est en effet plus fréquente dans les en 2013. Sa bonne santé est particulièrement départements ruraux ou périphériques des sensible dans ses bastions sectoriels tradition- grandes villes, où les cessions onéreuses nels : le commerce de détail, la construction, sont plus rares. le transport et l’industrie agroalimentaire, où elle a représenté environ un quart des opé- Ainsi, la transmission familiale est particulière- rations en 2015-2016, et, dans une moindre ment fréquente et représente en moyenne un mesure, dans le commerce de gros. tiers des opérations totales pour le Haut-Rhin, l’Yonne, le Jura, le Territoire de Belfort, les En revanche, elle reste marginale dans l’infor- Deux-Sèvres, l’Ariège, les Hautes-Pyrénées mation et la communication, les activités et les Pyrénées-Orientales. Elle est un peu spécialisées, scientifiques, techniques et les moins fréquente mais aussi déterminante 15
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