Les cartes pour guider la planification intersectorielle et le suivi : résumé

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Les cartes pour guider la planification intersectorielle et le suivi : résumé
Les cartes pour guider
        la planification intersectorielle
        et le suivi : résumé

        Planification collective
        En tant qu’outils de recherche et de communication gagnant en popularité, les
        cartes montrent un éventail de données sur la santé, la société, l’économie et
        l’environnement. Elles présentent une puissante image du lien entre ces facteurs et
        de leur influence les uns par rapport aux autres. Ces cartes peuvent ensuite permettre
        de planifier et de prendre des décisions de façon plus éclairée sur les enjeux de santé
        et de société.

        Les gens aiment les cartes et les comprennent. Les cartes
        peuvent révéler des tendances impossibles à indiquer              Le présent
        au moyen de tableaux, de graphiques et de textes. Elles           document se
        peuvent permettre de mieux comprendre certaines                   fonde sur le
        choses quand les données se recoupent et qu’une                   rapport intitulé
        tendance se dégage, indiquant clairement où les efforts           « Les cartes
        doivent porter. Bien que les cartes ne fournissent aucune         pour guider la
        preuve scientifique des relations de cause à effet et des         planification
        enchaînements de causalité, elles jettent une lumière             intersectorielle
        nouvelle sur la coexistence entre les facteurs sociaux,           et le suivi » et
        économiques et démographiques et les facteurs sanitaires.         commandé par le
                                                                          Conseil canadien
        Si vous êtes responsable de la planification communautaire        des déterminants
        dans les domaines de la santé, de la société, de l’économie       sociaux de la
        ou de l’environnement, ce document vous montrera                  santé. Pour obtenir
        comment les partenaires communautaires peuvent                    un exemplaire
        utiliser la technologie de la cartographie pour contribuer à      de ce rapport
        l’amélioration de la santé et du bien être au sein des groupes    ou en savoir plus
        démographiques. Dans deux études de cas présentées, des           long au sujet du
        partenaires ont intégré leurs données de santé et de société      Conseil, veuillez
        dans une plateforme commune et utilisé l’information              consulter le site
        pour influencer les améliorations dans la collectivité.           www.ccsdh.ca

Conseil canadien des
déterminants sociaux de la santé                                                                  1
Les cartes pour guider la planification intersectorielle et le suivi : résumé
L’établissement d’une collaboration et de partenariats au sein des organisations des
        secteurs public, privé et communautaire est une composante clé du succès de la
        cartographie. Le regroupement des données et leur partage créent une synergie
        augmentant la productivité de tous les partenaires. Une plateforme de données
        commune peut éliminer le chevauchement de l’effort, d’où des économies de temps
        de personnel et de ressources. Elle peut aider les partenaires à comprendre les facteurs
        qui influent sur la santé et le bien‑être dans une collectivité. Ces connaissances peuvent
        aider les intervenants à structurer leur recherche, leur planification et leur suivi en ce sens.

        Lorsque les cartes et les données sont mises à la disposition du public en ligne et sans
        frais, cette stratégie devient aussi une méthode efficace pour maintenir le public et les
        partenaires mobilisés et informés des nouveaux développements dans leur milieu.

        Comme l’illustrent les études de cas, l’intégration et la cartographie des données
        peuvent produire des résultats qui vont bien au-delà de ce qu’un partenaire seul
        aurait pu obtenir. De plus, une pareille collaboration peut conduire à des partenariats
        dans d’autres domaines pour s’attaquer à des problématiques communautaires
        intersectorielles complexes comme la pauvreté et la sécurité alimentaire.

        La cartographie des facteurs façonnant la santé et le bien-être
        Lorsque la plupart des gens pensent à la santé, ils ont tendance à penser à leur
        santé personnelle et aux choix de modes de vie qu’ils font, comme cesser de
        fumer, manger des aliments sains et faire de l’activité physique. Ou ils pensent
        aux soins de santé, comme ceux donnés dans les hôpitaux et les cliniques.

        Par contre, il y a de nombreux autres facteurs dans la vie des gens qui peuvent les
        aider à faire des choix sains ou les empêcher de faire de tels choix. Il est possible qu’une
        personne doive choisir entre la nourriture et les médicaments parce qu’elle n’a pas
        suffisamment d’argent pour tout acheter. Il est aussi possible que des enfants ne soient
        pas suffisamment actifs parce qu’il n’y a pas de lieu sécuritaire où jouer dans leur quartier.
        En fait, un large éventail de facteurs sociaux, économiques et environnementaux
        influent sur la santé et le bien-être. Parmi ces facteurs, on retrouve notamment :

        •   le travail que font les gens;
        •   leur niveau d’éducation;
        •   leur revenu;
        •   leur lieu de résidence;
        •   leurs expériences de l’enfance.

Conseil canadien des
déterminants sociaux de la santé                                                                           2
Le suivi de ces facteurs et la compréhension de leur interaction exigent de multiples
        couches de données, recueillies par divers partenaires communautaires. En
        partageant et en intégrant ces données, les partenaires peuvent cerner les éléments
        communs, comme le lien entre la pauvreté et la santé, et développer des programmes
        nécessaires afin de traiter ces enjeux.

        La cartographie vous permet de saisir et de diffuser des données sur ces facteurs dans
        un secteur géographique. Les cartes peuvent montrer des tendances claires dont il
        faut profiter ou des faiblesses ainsi que de leur lien avec l’infrastructure et les services
        actuels. Par exemple, une carte peut illustrer une variable sociale comme un secteur
        géographique à faible revenu qui chevauche un résultat de santé, comme le taux
        de diabète.

        Cartographie des études de cas
        Espace montréalais d’information sur la santé (EMIS) à Montréal, au Québec, et
        Community View Collaboration (CVC) à Saskatoon, en Saskatchewan, sont deux
        exemples de la façon dont la mise en commun et la cartographie des données
        peuvent fonctionner pour un grand éventail de partenaires communautaires. Ces
        exemples visent à démontrer comment le partenariat a débouché sur un processus
        décisionnel intersectoriel qui a été profitable à tous les membres de la collectivité.

        EMIS et CVC sont des infrastructures de la cartographie et de l’information en ligne,
        interactives et axées sur la collaboration, comprenant des réseaux de personnes,
        des organisations, des données et la technologie. Elles possèdent aussi les éléments
        suivants en commun :

        • un modèle de gouvernance;
        • des protocoles de partage de données;
        • une organisation gérant une base de données interne;
        • des partenaires pouvant fournir du soutien sous la forme de la technologie,
          de l’espace et des ressources humaines;
        • des activités de cartographie axées sur l’influence des décisions.

        Même si les deux organisations ont des objectifs similaires, les origines de leur
        collaboration sont différentes. En vertu de la Loi sur la santé publique unique du
        Québec, la collecte et le partage de données sur la santé des populations sont
        obligatoires. EMIS a donc été créé pour répondre à cette obligation. Comme
        la santé publique relève également du ministère de la Santé et des Services
        sociaux (MSSS), la collaboration entre les secteurs est facilitée et appuyée.

Conseil canadien des
déterminants sociaux de la santé                                                                       3
À Saskatoon, la création de CVC (partenariat entre la Ville de Saskatoon, l’Université
        de la Saskatchewan et la région sanitaire de Saskatoon) a été motivée par la
        nécessité de fournir de l’information pour le rapport d’étape du médecin hygiéniste
        en chef. À l’époque, soit au milieu des années 1990, les services de soins de
        santé étaient en cours de décentralisation vers les conseils de santé locaux et
        régionaux, qui étaient en expansion. Les conseils locaux et régionaux avaient
        besoin d’une image plus claire des facteurs touchant la santé dans divers quartiers
        pour contribuer au processus décisionnel à l’échelle locale (voir la carte 1).

        Carte 1. Taux d’hospitalisation attribuable au diabète par secteur géographique
        à Saskatoon, 2007
          Nombre total de ménages comprenant plus de
          deux personnes – échantillon de 20%, 2006
               1,260 à 2,800 (12)
               975 à 1,260 (12)
               725 à 975 (11)
               440 à 725 (13)
               95 à 440 (12)
               N/A (29)
           Source: Recensement de Statistique Canada
           Taux d’hospitalisation attribuable au diabète,
           2007
                           9
                           2
           Source: Province de la Saskatchewan, Ministère de la Santé

        Adapté de : CommunityView Collaboration, 2 septembre 2014

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déterminants sociaux de la santé                                                                 4
Chaque projet comprenait un grand éventail de partenaires des secteurs public et
        privé ainsi que plusieurs ordres de gouvernement. Les projets comprenaient aussi de
        nombreux types et niveaux de données provenant de divers partenaires, comme les
        services sociaux, les services de police, les conseils scolaires et les districts de santé. Par
        exemple, le projet de CVC a eu recours à des données provenant du récent matériel de
        recensement, des inscriptions dans les écoles, des statistiques relatives à la criminalité et
        d’indicateurs de santé choisis, comme les taux de maladies transmissibles et chroniques.

        Dans les deux cas, la plateforme de données est devenue un service d’information « à
        guichet unique » qui a permis aux partenaires de partager et d’obtenir des données
        auxquelles ils n’avaient pas précédemment accès. En plus de diverses cartes du système,
        les utilisateurs pouvaient créer leurs propres cartes et tableaux dans le système, les
        sauvegarder localement ou les exporter comme images ou documents PDF.

        Aux deux endroits, le partage et la cartographie des données ont conduit à un
        processus décisionnel fondé sur des données probantes et à un appel à l’action. Les
        partenaires comprenaient mieux le « tableau global » ainsi que le rôle qu’ils pouvaient
        jouer dans leur propre sphère d’influence. Ils ont adapté leurs services et en ont
        développé de nouveaux, ils ont réaffecté des ressources et pris des mesures pour
        combler les lacunes cernées par les cartes.

        Entre autres utilisations, les données d’EMIS ont permis de faire ce qui suit :

        • fournir de l’information aux études sur les milieux à faible revenu et les tendances
          relatives aux iniquités (voir la carte 2);
        • éclairer l’élaboration de politiques et l’affectation des budgets sur la préparation
          à la vie scolaire;
        • contribuer aux études sur l’accès à des aliments nutritifs dans les banlieues pour
          élaborer des stratégies en matière de saine alimentation;
        • étudier l’accès aux parcs et aux loisirs dans huit arrondissements de Montréal;
        • cerner les îlots thermiques urbains (qui désignent les zones urbaines où la
          température est beaucoup plus élevée que dans les régions rurales environnantes
          en raison des activités humaines) où vivent des populations vulnérables et
          transmettre cette information aux services de police et d’incendie;
        • planifier une répartition plus équitable des médecins;
        • créer des zones de partenariat pour la santé mentale;
        • planifier et évaluer les temps d’attente pour obtenir des services de santé;
        • déterminer les facteurs de risque rattachés aux iniquités afin de soutenir
          les programmes de prévention du suicide.

Conseil canadien des
déterminants sociaux de la santé                                                                          5
Carte 2. Privation matérielle à Montréal, 2006

              Quintile de défavorisation matérielle 2006,
              zone de référence : Montréal
                       Quintile 1 – plus favorisé
                       Quintile 2
                       Quintile 3
                       Quintile 4
                       Quintile 5 – plus défavorisé
                       Données non disponibles
              Source : MSSS, Direction de santé publique de l’Agence
              de la santé et des services sociaux de Montréal

         0          5 km

        Adapté de : Atlas Santé Montréal (http://emis.santemontreal.qc.ca/outils/atlas-sante-montreal)

        La prise de conscience à CVC que la pauvreté est le facteur commun auquel
        tous les partenaires doivent s’attaquer a été un moment crucial pour tous les
        partenaires puisque cette pauvreté a un impact sur de nombreux résultats sur
        le plan de la santé et de la société. Elle a eu des répercussions sur des domaines
        comme le logement et la revitalisation de quartiers, en plus d’améliorer la
        santé, l’école et les services de police. La capacité des partenaires à mobiliser
        les forces au sein des divers secteurs constitue une importante victoire.

        Le succès de CVC est perceptible dans certains changements résultant de la
        collaboration de ses partenaires. Ils comprennent :

        • la réaffectation de services de santé publique vers les secteurs à faible revenu
          dans la région;
        • l’obtention de nouveaux fonds de Centraide pour des programmes scolaires
          destinés aux secteurs à faible revenu;
        • de nouveaux investissements des gouvernements provinciaux et des administrations
          municipales pour les logements à prix modique et la revitalisation des quartiers;
        • l’établissement d’objectifs visant à réduire les écarts de santé et à améliorer la santé
          des Autochtones;

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• la disponibilité de l’information pour les inspecteurs municipaux des incendies
          et des bâtiments au sujet des améliorations à apporter aux logements locatifs;
        • l’identification de secteurs ciblés ayant besoin de services éducatifs et de
          planification des naissances;
        • l’élaboration de programmes de prévention des maladies cardiovasculaires.

        La clé du succès des deux projets était la participation d’un large éventail de partenaires
        d’écoles, d’universités locales, de gouvernements provinciaux, d’organismes sans but
        lucratif, du secteur privé et des services de police. EMIS a aussi inclus des services
        d’incendie, des garderies et un certain nombre de réseaux pour la prestation de
        services de santé et de services sociaux. Les partenaires d’EMIS sont les suivants :

        •   l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal (hôte);
        •   le Ministère de la Santé et des Services sociaux;
        •   la Ville de Montréal;
        •   les services de police et d’incendie;
        •   les conseils scolaires;
        •   le Comité régional d’utilisateurs d’information sociosanitaire;
        •   le grand public.

        En plus des partenaires fondateurs à Saskatoon, les autres contributeurs étaient
        les suivants :

        •   le Comité intersectoriel régional de Saskatoon;
        •   le gouvernement de la Saskatchewan;
        •   le service de police de Saskatoon;
        •   Centraide;
        •   la division scolaire publique de Saskatoon;
        •   la division scolaire catholique du Grand Saskatoon;
        •   ProjectLine Solutions (un concepteur de logiciels).

        Dans les deux études de cas, le public a eu accès aux données, même si certaines
        d’entre elles étaient protégées par un mot de passe à l’usage exclusif des partenaires.
        Non seulement le public a ainsi pu être informé de façon ouverte et transparente, mais
        il a également pu prendre part à la prise de décisions dans la collectivité. Les décideurs
        des différents secteurs ont pu clairement voir des modèles à aborder à l’échelle locale.

Conseil canadien des
déterminants sociaux de la santé                                                                      7
Agir de façon à ce que les cartes travaillent pour vous
        L’une des principales raisons de l’utilisation des cartes dans la planification et la
        prise de décisions est qu’elles peuvent démontrer avec force les façons dont les
        facteurs sanitaires, sociaux, économiques et environnementaux interagissent
        pour contribuer à des problèmes complexes. La réponse à ces problèmes
        exige que tous les secteurs travaillent ensemble. L’intégration des données
        de divers secteurs sur une même carte ou série de cartes peut démontrer le
        rôle potentiel que chaque secteur peut jouer pour s’attaquer à un problème,
        ce qui prépare le terrain pour une action sectorielle et intersectorielle.

        La collaboration constitue la première étape de la création d’une sorte de
        cartographie intégrée fructueuse dont le profil est donné dans les deux études
        de cas. En échangeant et en intégrant des données, vous augmentez la quantité
        de renseignements à utiliser dans la recherche, la planification et l’action
        intersectorielle. Ces renseignements deviennent le fondement pour créer un
        « guichet unique » pour accéder aux données, réduisant ainsi le chevauchement
        de l’effort et des ressources parmi les organisations participantes.

        Comme le démontrent les études de cas, la création d’un système dans lequel
        diverses organisations, notamment les conseils scolaires, les régions sanitaires et les
        services sociaux, regroupent leurs données exige un investissement de temps, d’argent
        et d’efforts. Le système doit répondre aux besoins variés et parfois conflictuels de
        multiples usagers. Toutefois, l’infrastructure résultante ne se limite pas forcément à
        la compensation de l’effort requis pour l’établissement du système. En fait, elle peut
        réduire les coûts liés à l’acquisition de données et elle permet aux petites organisations
        d’accéder à la technologie qu’elles n’auraient autrement pas eu la capacité de payer.

        Pour fonctionner efficacement, un système de cartographie fondé sur la
        collaboration doit :

        • comprendre un vaste réseau de partenaires et de collaborateurs;
        • comprendre un large éventail de données sanitaires, sociales et environnementales;
        • permettre l’analyse des données de façon pertinente pour les utilisateurs;
        • avoir des liens vers les secteurs géographiques locaux (p. ex. information sur
          les quartiers);
        • permettre aux partenaires de télécharger des données et de les adapter pour
          leur usage personnel.

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Une fois établi, le système peut être utilisé pour justifier les nouveaux programmes
        et services, mesurer les progrès accomplis, et tenir la population et les décideurs
        informés de ce qui se passe dans leur collectivité.

        La puissance des cartes peut contribuer à mieux attirer et mobiliser un plus large
        éventail de partenaires et à consolider l’appui à l’égard de la prise de mesures
        concrètes dans votre collectivité.

        Pour en savoir davantage
        Le présent document se fonde sur le rapport intitulé « Les cartes pour guider
        la planification intersectorielle et le suivi » et commandé par le Conseil canadien
        des déterminants sociaux et de la santé.

        Le Conseil canadien des déterminants sociaux de la santé (CCDSS) est un
        groupe collaborateur multisectoriel établi pour faciliter et maximiser l’action sur
        les facteurs qui façonnent la santé par des réseaux membres et des initiatives
        intersectorielles ciblées. Il rassemble des organisations et des experts d’un large
        éventail de secteurs au Canada, par exemple ceux de la santé, des affaires,
        du travail, du développement social, de la philanthropie, des organisations
        autochtones et de la recherche. Le CCDSS conseille aussi l’Agence de la santé
        publique du Canada au sujet de la réduction des inégalités en santé au Canada.

        Si vous souhaitez recevoir un exemplaire du rapport ou en savoir davantage
        au sujet du CCDSS, veuillez consulter le site Web de l’organisme à
        www.ccsdh.ca ou écrire à CCSDH.Correspondence@phac-aspc.gc.ca.

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déterminants sociaux de la santé                                                               9
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