Les experts français analysent l'impact de la crise par métiers - RICS

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Les experts français analysent l'impact de la crise par métiers - RICS
Les experts français analysent l’impact de
la crise par métiers

Immobilier commercial

Patrick Dugué FRICS, Dirigeant – Dugué :
“ Cette crise sanitaire qui a conduit à la fermeture de la quasi-totalité des commerces non alimentaires,
a amplifié le rapport de force entre bailleurs et locataires et génère des situations très différentes
suivant les secteurs, voire même d’une entreprise à l’autre. Aux négociations sur les valeurs locatives,
qui étaient déjà vives avant le Covid-19, vient s’ajouter la question du paiement du loyer sans
exploitation physique et donc sans chiffre d’affaires. Certaines enseignes ont décidé de ne pas payer
leurs loyers, notamment dans des secteurs déjà économiquement fragilisés et ultra-concurrentiels
comme le prêt à porter, la chaussure et la restauration. Cela est aussi le cas pour les entreprises
comme les cinémas par exemple qui ont dû cesser 100 % de leur activité, et pour un certain nombre
d’enseignes qui auraient pu ouvrir mais qui ne l’ont pas fait (téléphonie, bricolage…). Certaines
enseignes qui ont une activité digitale qui vient un peu se substituer au chiffre d’affaires physique,
réclament également l’annulation des loyers.

La RSE sera probablement un marqueur important pour les clients, à l’image de ce qui s’est passé
en Allemagne pour Adidas et H&M qui avaient décidé de ne pas payer leurs loyers et/ou de recourir
au chômage partiel, ce qui leur a valu d’être vilipendés sur les réseaux sociaux par leurs clients
jugeant leur position déplacée au regard de leurs bénéfices annuels.
Pour les ventes, les notaires ont su s’organiser rapidement, mais les investisseurs qui n’étaient pas
encore fermement engagés sont devenus très attentistes sur l’évolution du commerce et donc sur la
volonté d’investir dans l’immédiat.

Pour les promoteurs, les porteurs de projets, les architectes, les conseils en autorisation commerciale,
les situations diffèrent suivant les administrations. Mais une chose est sûre, les instructions ne
reprendront pas avant le 24 juin et le report du second tour des élections municipales accroît la
complexité de la situation.
Du côté de l’Etat, une ligne de sauvegarde économique a été dressée via des décrets et ordonnances
en privilégiant le sauvetage des TPE, dont les commerces. Côté bailleurs, le CNCC a été le plus actif
et clair dans ses prises de position en distinguant différentes postures suivant les tailles des réseaux
de boutiques. Ainsi, les enseignes nationales doivent payer leurs loyers, les TPE voient leurs loyers
reportés post Covid-19 et lissés sur 24 mois (et non pas annulés), et les enseignes de taille
intermédiaire doivent négocier individuellement. Les avocats n’ont pas été en reste sur l’analyse
juridique de la situation, s’interrogeant tour à tour sur la force majeure, l’état de catastrophe naturelle,
l’obligation de délivrance pour l’essentiel. Un consensus des plus éminents cabinets semble se
dégager pour dire qu’aucune de ces 3 pistes ne sera retenue par le juge en cas de judiciarisation. Il
faudra donc favoriser la négociation, ce qui n’empêchera pas certaines enseignes de s’adresser au
juge, et d’autres d’avoir recours à des conseils et de s’appuyer sur une instance de conciliation pour
mener                     à                    bien                    leur                   négociation.
La RICS, forte de ses membres et de son histoire, a toute sa place pour répondre au mieux à cette
mission de médiateur et jouer ce rôle essentiel et utile ”.

Immobilier résidentiel

Olivier Boussard MRICS :
« Avec une chute historique du PIB, près de 11 millions de Français en chômage partiel et une
récession confirmée, il est peu probable que le marché résidentiel soit épargné par cette crise.
Cette classe d’actifs, bien que plutôt résiliente et bénéficiant d’un rapport risque/rendement faible,
sera inévitablement affectée tant en termes de volumes que de valorisation. Souvent considérée
comme une valeur refuge et malgré l’attrait des Français pour la pierre, elle ne sera peut-être pas la
priorité des ménages à la sortie de la crise car certains se remettront à peine d’une période de
chômage partiel et d’une thésaurisation de précaution.
Dans le neuf, les promoteurs sont confrontés aux reports d’instructions des permis de construire d’un
mois après la sortie du confinement, et à la modification du calendrier des élections municipales, ce
qui risque de peser sur les stocks de logements. Même si l’on peut espérer une reprise relativement
rapide sur les projets d’accession, on a peu de visibilité sur le volume potentiel des ventes de biens
avec avantages fiscaux de type Pinel ou autres.
Le financement bancaire jouera quant à lui un rôle essentiel dans le maintien du marché résidentiel,
quand on sait que 70 % des acquisitions s’effectuent à l’aide d’un prêt. »

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Immobilier d’entreprise

Frank Hovorka MRICS, Président de la RICS en France et Directeur technique et innovation
de la FPI (Fédération des promoteurs immobiliers) :
« Les bureaux connaissent eux aussi une forte pression sur les loyers, mais avec une intensité
moindre que pour l’immobilier commercial. Les opérations de locations et les transactions engagées
avant la crise se poursuivent mais il n’y a quasiment pas eu de nouvelles opérations initiées au cours
des dernières semaines. Le futur du bureau suscite beaucoup d’interrogations et de réflexion : Quel
sera l’impact de la limitation des moyens de transport collectif dans les semaines qui viennent ? Quel
sera l’incidence d’une potentielle accélération du télétravail qui a montré son efficacité, même si, de
l’avis unanime, il ne peut devenir une solution permanente ? Quel avenir pour le flexoffice et le co-
working qui, bien qu’accélérateurs d’échanges entre salariés, deviennent aujourd’hui sources de
risques ? Quel avenir pour les fortes concentrations tertiaires dans certaines zones métropolitaines
alors que les organisations moins centralisées ont été plus résilientes pendant cette crise ? »

Les métiers liés aux autorisations d’urbanisme

Hélène Cloëz MRICS, Avocat Associée - LPA-CGR Avocats :
“ Pendant la période d’urgence sanitaire déclarée par la loi du 23 mars dernier, l’ordonnance n°2020-
306 du 25 mars 2020 prise pour application prévoit que tous les délais relatifs à l’instruction, la
délivrance et le contrôle des autorisations d’urbanisme sont soit suspendus, soit reportés. Ainsi :
   -   Toutes les demandes, et dossiers adressés à l’administration avant le 12 mars 2020 ont été
       suspendus à compter de cette date et jusqu’au 24 juin 2020;
   -   Toutes les demandes, et dossiers adressés à l’administration entre le 12 mars 2020 et le 24
       juin 2020 voient leurs délais d’instruction commencer à courir à partir du 24 juin 2020.
Sont donc visées, entre autres, les demandes de dossier d’autorisation d’urbanisme, mais aussi les
déclarations d’achèvement de travaux.
Les délais impartis aux autorités administratives pour vérifier le caractère complet d’un dossier ou
solliciter les pièces dans le cadre de l’instruction d’une demande, sont reportés au 24 juin 2020. De
même que le délai de validité des autorisations d’urbanisme expirant entre le 12 mars 2020 et le 24
juin 2020, est prorogé de plein droit jusqu’au 25 août 2020.
En outre, lorsqu’un recours contre une autorisation d’urbanisme aurait dû être fait entre le 12 mars et
le 24 juin, il sera possible de le faire jusqu’au 25 août 2020.”

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Facility management

Corinne Colson-Lafon MRICS, Directrice Générale Fondatrice - Steam’O
“ Le Facility Management, c’est « faire vivre » un site, le faire fonctionner sur le plan technique
(électricité, chauffage, climatisation, ascenseurs, etc.) et y organiser tous les services en lien avec les
postes de travail (accueil, propreté, sécurité, etc.), avec l’aide d’équipes de femmes et d’hommes qui
ne peuvent exercer leur activité que sur place, dans les immeubles.
Ce sont donc tous les métiers du Facility Management qui sont impactés de plein fouet par cette crise.
On estime à 50 à 70% les immeubles où l’activité a dû être interrompue in situ du fait de la mise en
œuvre par les entreprises d’une solution de télétravail pour leurs salariés ou en raison de la fermeture
de certains établissements dans les secteurs contraints d’arrêter leurs activités (retail, hôtellerie, etc).
Ceci se traduit pour le Facility Management par un arrêt total d’activité chez ces clients.
Pour les secteurs dont l’activité ne peut être arrêtée comme par exemple les data centers, ou
certaines fonctions vitales pour le pays (énergie, eau, télécoms, santé, etc.), une adaptation profonde
de l’organisation du Facility management est nécessaire pour répondre aux nouveaux besoins des
clients, et surtout, pour mettre en œuvre les moyens de protéger nos salariés.
C’est dans ce contexte que se pose la question épineuse de la facturation. Nos contrats restent actifs
et ils devraient être facturés à 100%, mais ceci est théorique. Nous devons trouver un équilibre
éthique et solidaire entre les clients et les Facility Managers. Pour les entreprises peu impactées par
la crise, la facturation pourra être maintenue sans subir de changement, tandis que dans les autres
cas, un accord équilibré devra être trouvé afin de permettre aux entreprises de Facility Management
de couvrir à minima leurs frais, tout en assouplissant les coûts pour les clients en cette période de
diminution de leurs recettes ”.

Construction

Selon Hervé Di Rosa, Directeur du développement - Vinci Construction France
« Cette crise sanitaire a entrainé la mise en veille progressive des entreprises de construction ainsi
que de l’ensemble du tissu économique de partenaires avec lesquels nous travaillons. Pour mémoire
le secteur du BTP représente 10 % de l’économie du pays.
En concertation avec nos clients et partenaires, nous travaillons activement à la reprise de nos
travaux. Parce que nous tenons à nos collaborateurs et à leur savoir-faire, ces reprises se feront sans
aucune concession en matière de prévention : achat massif de moyens de protections, respect le plus
strict des gestes-barrière et des mesures de protection sanitaire établies sur les bases des
recommandations de l’OPPBTP ».

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Evaluation

Selon Hélène-Claire Duplat MRICS, Associée - Catella Valuation
“ Chez les experts en évaluation immobilière, le niveau d’activité est un peu réduit mais se poursuit,
via le télétravail. Nous avons classiquement deux types de missions : sur les campagnes récurrentes,
les missions se poursuivent pour les actualisations sur pièces, au 31 mars 2020 ou au 30 juin
2020.Sur les missions ponctuelles, l’activité est fortement ralentie compte tenu de l’impossibilité de
se déplacer et de faire des visites. Plusieurs solutions sont possibles : soit un travail sur pièces avec
les réserves qui s’imposent et confirmation ultérieure quand une visite sera possible, soit un reportage
photographique sur la base des données disponibles chez le client, ou encore, il nous est arrivé, à
titre expérimental, de réaliser une visite via visioconférence.

La mission des experts en évaluation immobilière s’avère compliquée pour les mois à venir compte
tenu des incertitudes liées au Covid-19. Une correction à la baisse des valeurs au 30 juin 2020, est
le scénario le plus plausible. Ce correctif pourrait varier sensiblement selon les différents segments
de marché. Certains actifs de commerce ou d’hôtellerie seraient potentiellement très impactés tandis
que la logistique et le bureau pourraient se révéler beaucoup plus résilients, en matière de taux de
rendement notamment, mais sans certitude à ce stade ”.

Financement

Selon Bertrand Prodel MRICS, Directeur - BPCE Lease
« Le secteur bancaire dans son intégralité s’est mobilisé pour faire face à cette crise majeure et sans
précédent. De façon massive, et pour tous les secteurs touchés directement par l’arrêt d’activité
économique, le secteur bancaire dans sa grande majorité a validé le principe d’un report de 6 mois
des échéances de prêts et de crédit-bails, pour permettre d’aider les clients, en particulier les
entreprises, à faire face à leurs besoins de trésorerie.
Il faut vraiment être conscient que, plus que jamais, les banques, grâce à leur agilité et leur
organisation, vont pouvoir continuer à soutenir l’économie française en finançant les nouveaux projets
mais aussi, avec l’aide de l’Etat, la mise en place de prêts de trésorerie.
Les réseaux bancaires, les agences, sont restés ouverts pour accueillir leurs clients, preuve d’une
qualité de service et d’un engagement très fort auprès du public ».

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