Les médias sociaux et le travail/télétravail - Carrefour RH
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Les médias sociaux et le travail/télétravail Maude Grenier Associée – Droit de l’emploi et du travail Norton Rose Fulbright Le mardi 30 novembre 2021 Norton Rose Fulbright Canada S.E.N.C.R.L., s.r.l.
Mise en contexte Quelques statistiques concernant l’usage des médias sociaux • Statistiques Canada (2021) – 90 % des personnes de 15 à 34 ans utilisent régulièrement des sites ou des applications de réseaux sociaux – 84 % des personnes de 35 à 49 ans et 68 % des personnes de 50 à 64 ans • Statista (2021) – Les Canadiens passent en moyenne 1 heure et 46 minutes sur les réseaux sociaux par jour • Deloitte, États-Unis (2009) • 25 % des employés iraient sur les sites de médias sociaux pendant leurs heures de travail 3
Mise en contexte • Business Insider (2019) – Netflix : un utilisateur passe environ 2 heures par jour en moyenne devant Netflix • Statistiques Canada (2021) Sur l'ensemble des nouveaux télétravailleurs : – 90 % ont déclaré être au moins aussi productifs – Plus de la moitié (58 %) ont déclaré accomplir à peu près la même quantité de travail par heure – Un tiers (32 %) ont déclaré accomplir davantage de travail par heure 4
Sommaire du contenu de la présentation Cadre Exemples Conseils juridique pratiques • Droits de • L’atteinte à l’image • Surveillance l’employeur de l’employeur • Politique • Droits des • Le vol de temps d’entreprise l’employés 5
Principaux droits de l’employeur Droit Droit à Droit de d’exiger une l’image et gestion prestation réputation de travail 7
Principaux droits de l’employeur • Droit à l’image et réputation – Diffamation • Droit de gestion – Rendement du personnel, discipline, gestion du temps, etc. • Droit d’exiger une prestation de travail – L’employeur paie son salarié pour sa prestation de travail, pas pour qu’il soit sur Facebook au bureau 8
Principaux droits de l’employé • Droit au respect de sa vie privée – Art. 5 de la Charte des droits et libertés de la personne, C-12 • Le droit à des conditions de travail justes et raisonnables – Art. 46 de la Charte des droits et libertés de la personne, C-12 • Droit à la liberté d’expression – Art. 3 et 10 de la Charte des droits et libertés de la personne, C-12 10
Principales obligations de l’employé Principales obligations du salarié • Devoir d’obéissance • Devoir de prudence, de diligence, de loyauté et de discrétion • Obligation contractuelle additionnelle (clause de confidentialité, etc.) 11
Exemples – Mises en situation
Catégorie – Vol de temps Mise en situation #1 Après une enquête, vous réalisez qu’une employée pouvait consacrer près de 50 % de son temps de travail à naviguer sur Internet et plus de 60 % du contenu de sa boîte de courriels n'était pas relié à son travail Que faites-vous? 13
Catégorie – Vol de temps Montréal (Ville de) et Syndicat des professionnelles et professionnels municipaux de Montréal (SPPMM), (Linda Gamache) 2016 QCTA 639 • L’employeur (la Ville de Montréal) a décidé d'imposer à la plaignante une suspension de trois mois pour avoir utilisé de façon excessive les outils informatiques • Il invoque le code de conduite des employés de la Ville, qui énonce que le salarié « doit utiliser les services et les ressources de la Ville aux fins exclusives de l'exercice de ses fonctions, sauf si les services ou les ressources sont offerts de façon générale au public par la Ville, ou si l'employé a reçu une autorisation préalable de son gestionnaire » • Elle dépose un grief 14
Catégorie – Vol de temps Mise en situation #2 • Vous réalisez que votre secrétaire-réceptionniste passe 1 heure par jour sur Internet à des fins personnelles et néglige ses tâches • Elle a également falsifié des relevés de temps • Elle vous indique qu’elle se sentait autorisée à naviguer sur Internet et qu’elle n’a pas beaucoup de travail à faire Que faites-vous? 15
Catégorie – Vol de temps Ville de Sherbrooke et Syndicat des fonctionnaires municipaux et professionnels de la Ville de Sherbrooke (FISA), (Jacynthe Veilleux), 2021 QCTA 113 • La Ville de Sherbrooke l’a congédiée • Elle dépose un grief, mais ne nie pas les faits • Le rapport informatique fait mal, de même que la politique de l’employeur sur l’utilisation de l’Internet 16
Catégorie – Vol de temps Rappel • Selon une étude de Deloitte (2009), 25 % des employés iraient sur les sites de médias sociaux pendant leurs heures de travail – Dans les faits, ce pourcentage est fort probablement bien supérieur… Mesures disciplinaires • Avis, suspension, congédiement • Attention! Les décideurs considèrent : – La présence d’une politique claire (nous en discuterons plus tard…) – L’application faite de la politique (tolérance de l’employeur) 17
Catégorie – Atteinte à la réputation Mise en situation #3 Une employée publie des commentaires de ce type sur vous sur Facebook : […] Employée : avec les derniers événements il a prouve comment il est insensible un intimidateur et j’en passe…mon chum a le plus gros millionnaire comme boss ici pis il fait tout pour que c employés soient heureux bien payés et qu’ils aiment leur travaille nous y font quoi??? Fuck all rien!!! »… […] (reproduction verbatim) Que faites-vous? 18
Catégorie – Atteinte à la réputation Syndicat démocratique des salarié(e)s de la Résidence St-Jude (CSD) et Résidence St-Jude (9210- 9719 Québec inc.), (Vickyan Tardif), 2018 QCTA 593 • Une infirmière auxiliaire travaillant dans une résidence pour personnes âgées a été congédiée pour avoir tenu publiquement des propos et des commentaires injurieux et diffamatoires sur Facebook à l'égard de la direction • L’employeur invoque également le code d'éthique en vigueur, qui interdit aux employés l'utilisation des médias sociaux afin de parler de la résidence et qui exige une conduite respectueuse à l'endroit des supérieurs • Suspension de 7 mois substituée au congédiement (attention : gradation des sanctions, proportionnalité de la sanction et facteurs atténuants) 19
Catégorie – Atteinte à la réputation Mise en situation #4 • Lors de la grève étudiante de 2012, un de vos employés insiste à porter le carré rouge lors de ses fonctions en tant que commis de plancher • Vous lui demandez de rester neutre puisqu’il représente l’employeur dans le cadre de son emploi • Il refuse – et publie des textes sur Facebook soutenant que l’employeur brime sa liberté d’expression en dénonçant la politique de l’employeur • Extrait à la prochaine page Est-ce un comportement acceptable? 20
[…] Je demande donc aux citoyens, aux clients, aux anciens employés et aux artistes de faire valoir votre opinion sur le site Internet de l’entreprise ou même de déposer une plainte formelle et écrite dans une succursale. Puisqu’une poignée de plaignants ont conduit à ce traitement radical de l’entreprise envers ses employés, j’ai gagé avec mon employeur qu’une centaine, voire un millier de plaignants les amèneraient à revenir sur leur décision. […] 21
Catégorie – Atteinte à la réputation Syndicat des employées et employés professionnels-les et de bureau, section locale 574 (SEPB- CTC-FTQ) et Librairie Renaud-Bray inc.* (Julien Beauregard, griefs patronaux et griefs syndicaux), 2017 QCTA 26 • L’employé, commis chez Renaud-Bray, a reçu une suspension de trois jours et a été congédié au motif qu'il avait publié des propos diffamatoires ayant porté atteinte à la réputation de l'employeur, manquant ainsi à son devoir de loyauté • Malgré sa liberté d’expression, elle n’est pas absolue – Le tribunal d’arbitrage juge qu’il est allé trop loin 22
Catégorie « bonus » – Comment réagir? Mise en situation #5 • Deux employés se font souvent des blagues entre eux sur le lieu de travail • Deux minutes avant son quart de travail, l’un des employés, à la blague, publie une photo de son lieu de travail en disant que son collègue est paresseux • L’employeur a un règlement d’entreprise interdisant l'utilisation du téléphone cellulaire pendant les heures de travail ainsi que l'utilisation inappropriée des médias sociaux en regard de l'entreprise • Vous êtes l’employeur, vous prenez connaissance de cette publication Que faites-vous? 23
Catégorie « bonus » – Comment réagir? LÉCUYER & FILS LTÉE et Syndicat des employés unis de Lécuyer & fils ltée, 18 mai 2018, Tribunal d'arbitrage • Dans cette situation, la photo en question était un bloc de béton non disposé adéquatement, soit attaché à un tracteur… Les deux employés étaient caristes • L’employé a publié avec le commentaire « le comble de la paresse… » • L’employeur a considéré que le salarié avait contrevenu au règlement d'entreprise relatif à l'utilisation du téléphone cellulaire et des réseaux sociaux et il a imposé au salarié un avertissement écrit • Le salarié a honnêtement reconnu sa faute, mais disait que cela allait à l’encontre de ses droits individuels… et a déposé un grief 24
Conseils pratiques Enquête ou surveillance et politique d’entreprise
Enquête ou surveillance La légalité de l’enquête ou de la surveillance : RAPPEL Les droits de l’employé • Droit au respect de sa vie privée (art. 46 de la Charte des droits et libertés de la personne) – Expectative de vie privée (art. 35 et 36 du Code civil du Québec) • Droit à des conditions de travail justes et raisonnables – Surveillance doit être pertinente, raisonnable et faite de bonne foi Il faut déterminer si l’implantation des outils de surveillance • Entraîne une condition de travail injuste et déraisonnable; ou • Ne s’avère pas justifiée par un motif légitime ou n'est pas proportionnelle pour atteindre un motif sérieux 26
Enquête ou surveillance Exemple 1 : Système d’alerte sur les réseaux sociaux Syndicat des employées et employés professionnels-les et de bureau, section locale 574 (SEPB-CTC-FTQ) et Librairie Renaud-Bray inc. (précitée)* • Dans l’affaire Renaud-Bray (mentionnée précédemment), l’employeur avait découvert les publications Facebook de l’employé à l’aide d’un système d’alerte électronique • Système utilisé par la direction pour l'informer des articles et autres écrits mentionnant son nom et publiés dans les médias, et ce, quel qu'en soit l'auteur. Le reproche selon lequel les employés avaient fait l'objet d'une surveillance illégale par l'employeur ne peut être retenu 27
Enquête ou surveillance Exemple 2 : Logiciels sur les ordinateurs/suivi informatique (s’applique au télétravail) Syndicat des professionnelles et professionnels municipaux de Montréal (SPPMM) et Ville de Montréal* (grief syndical), 2020 QCTA 358, Pourvoi en contrôle judiciaire, 2020-09-02 (C.S.) 500-17-113426-202 • Le Syndicat estime que l’Employeur effectue une surveillance électronique illégale des consultations sur des sites Internet faites par les employés de la Ville à des fins professionnelles ou personnelles à partir d’un ordinateur fourni par l’Employeur, pendant les heures de travail • Le logiciel de sécurité informatique appelé « Graylog » qui enregistre et produit un journal quotidien des consultations sur des sites Internet à partir de paramètres définis par l’Employeur, équivaut à « une surveillance constante ou continue » des employés selon le syndicat • C’est l’utilisation du logiciel en soi qui est contestée 28
Enquête ou surveillance Exemple 2 : Logiciels sur les ordinateurs/suivi informatique (suite) Syndicat des professionnelles et professionnels municipaux de Montréal (SPPMM) et Ville de Montréal* (grief syndical), 2020 QCTA 358, Pourvoi en contrôle judiciaire, 2020-09-02 (C.S.) 500-17-113426-202 • De son côté, l’employeur prétend qu’il n’effectue pas une surveillance constante ou continue des consultations sur Internet menées par les employés de la Ville. La compilation effectuée par ledit logiciel l’informe de la fréquence et des sites Internet consultés par les employés • L’employeur se réfère à ces données pour identifier les plus grands utilisateurs d’Internet susceptibles de contrevenir à sa politique. Enfin, ce logiciel de sécurité informatique sert avant tout à protéger les données confidentielles et le réseau informatique de la Ville contre des attaques externes 29
Enquête ou surveillance Exemple 2 : Logiciels sur les ordinateurs/suivi informatique (suite) Syndicat des professionnelles et professionnels municipaux de Montréal (SPPMM) et Ville de Montréal* (grief syndical), 2020 QCTA 358, Pourvoi en contrôle judiciaire, 2020-09-02 (C.S.) 500-17-113426-202 • La navigation sur Internet n’est pas un droit acquis aux employés, il s’agit d’un droit d’accès aux fins du travail. Les données analysées ne font pas partie de la sphère privée de l’employé – elles s’apparentent à une compilation de données relatives à l’utilisation des biens de l’employeur – Un employé ne peut avoir une attente subjective raisonnable quant au caractère privé des données générées par sa navigation sur Internet sur les équipements de l’employeur lorsqu’une directive de l’employeur encadre une telle utilisation et lui indique les limites de son droit à la vie privée • Pour l’instant, les cours ont jugé que cette surveillance était autorisée (à suivre) 30
Enquête ou surveillance Exemple 3 : Caméras de surveillance Syndicat des travailleurs(euses) de la Station Mont-Tremblant (CSN) et Station Mont-Tremblant (Claudine Amadei), 2018 QCTA 54 • Dans cette affaire, l’employeur reprochait à la salariée d’une station de ski qui s’occupait des installations extérieures (par exemple, un remonte-pente) d’être sur son cellulaire et de fumer lorsqu’elle devait travailler • La surveillance par caméra d’un employé est une atteinte à la vie privée, mais peut être justifiée • Justification selon l’art. 9.1 de la Charte des droits et libertés de la personne 31
Quoi retenir en matière d’implantation d’outils technologiques de surveillance au Québec • Documenter les motifs justifiant la mise en place de tels outils (enjeux de sécurité, de confidentialité, exigés par l’industrie, etc.); • Faire affaire avec un partenaire externe spécialisé afin de procéder à votre projet d’implantation; • Bien circonscrire vos intérêts légitimes et vous assurer de baliser l’accès aux informations obtenues portant sur vos salariés (données uniquement partielles, généralisées et anonymes, accessibles uniquement à certaines personnes dans l’organisation, etc.); et • Communiquer adéquatement votre projet d’implantation avec vos salariés et prévoir votre droit de surveillance dans vos contrats d’emploi, directives, politiques, etc. 32
Politique d’entreprise concernant les réseaux sociaux/les technologies Nécessité et objectifs de l’adoption d’une politique • Baliser l’usage des nouvelles technologies (utilité interne) • Se protéger, dans la mesure du possible, contre une poursuite reliée au comportement des salariés (utilité externe) Mais surtout • Neutraliser l’expectative de la vie privée des salariés 33
Politique d’entreprise concernant les réseaux sociaux/les technologies Droit de propriété Conséquences et Rappel des de l’employeur Utilisation obligations de sanctions en cas de (équipement et personnelle non-respect de la l’employé information s’y politique trouvant) • Interdiction totale? Il • Prestation de travail, • Avertissement? • Ex. : un ordinateur est à vous de voir. devoir de loyauté et Suspension? prêté par Attention à la de confidentialité Congédiement (y l’employeur est une tolérance, cela compris le recours propriété de pourrait être utilisé en dommages- l’employeur contre vous! intérêts contre (utilisation l’employé)? raisonnable de la propriété d’autrui) 34
Notre conférencière Maude Grenier Associée Montréal Tél : +1 514 847 6079 maude.grenier@nortonrosefulbright.com 36
Le droit à l’échelle mondiale nortonrosefulbright.com
Vous pouvez aussi lire