Les Misérables Victor Hugo (extraits)
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Classe de Quatrième ☛ Le récit au XIXe siècle Les Misérables (extraits) Victor Hugo Édition de Lucile Beillacou et d’Aurore Jacquin Jean Valjean, le forçat évadé, Javert, l’inspecteur impitoyable, Cosette, la pauvre orpheline, Gavroche, le gamin de Paris malicieux… tels sont les personnages les plus célèbres qui peuplent cette grande fresque romanesque. Réunissant les passages clés du texte, cette édition permet ISBN 978-2-7011-6436-6 652 pages de découvrir le chef- d’œuvre de Victor Hugo, à la fois roman policier, roman d’amour, récit historique et plaidoyer contre la misère.
Les Misérables Arrêt sur lecture 1 Nord, lorsque le héros a endossé une nouvelle identité et se fait désormais appeler Arrêt sur lecture 1 p. 80-87 M. Madeleine. Certaines scènes plus ponctuelles prennent place à Arras, dans le Nord de la France (procès de Champmathieu), et à Montfermeil, en région pari- sienne (Fantine chez les Thénardier). 2 En vous aidant des résumés et des notes de bas de page, dites à quelle époque se déroulent les faits racontés dans la première partie du roman. Qui est alors Un quiz pour commencer p. 80-81 au pouvoir en France ? Le roman s’ouvre sur l’arrivée de Jean Valjean à Digne « dans les premiers jours du mois d’octobre 1815 » (p. 18). La Seconde Restauration 1 Qui est M. Myriel ? Un homme d’Église. a commencé en juillet 1815, après l’épisode des Cent Jours qui marque l’échec du 2 Combien de temps Jean Valjean est-il resté au bagne ? Dix-neuf ans. retour de l’empereur Napoléon Ier au pouvoir. C’est le roi Louis XVIII qui est à la 3 Que dérobe Jean Valjean chez M. Myriel ? Des couverts en argent. tête de la monarchie constitutionnelle jusqu’à sa mort, en 1824. Puis, deux années plus tard, en 1817, on découvre Fantine à Montfermeil, confiant 4 De quelle ville M. Madeleine devient-il le maire ? Montreuil-sur-Mer. sa fille Cosette aux Thénardier (voir résumé p. 45). Enfin, l’intrigue se déroule à 5 Pourquoi Fantine confie-t-elle Cosette aux Thénardier ? Parce qu’elle doit par- Montreuil-sur-Mer dans les années 1820 (chapeau voir résumé p. 54). tir chercher du travail. 3 Faites la liste des principaux personnages en indiquant leur métier et leur 6 Quel est le surnom donné à Cosette ? L’alouette parce qu’elle travaille avant le milieu social. À votre avis, la société de l’époque est-elle représentée dans toute lever du soleil. sa diversité ? 7 Pourquoi les Thénardier demandent-ils plus d’argent à Fantine ? Pour rem- Personnage Métier ou fonction Milieu social bourser leurs dettes. Jean Valjean/M. Madeleine Émondeur/Maire Milieu populaire/Bourgeoisie 8 Comment Fantine obtient-elle l’argent supplémentaire ? Elle vend ses beaux M. Myriel Évêque Clergé cheveux et ses dents. Les Thénardier Aubergistes Milieu populaire 9 Quelle faveur Jean Valjean demande-t-il à Javert avant d’être arrêté ? Aller Fantine Ouvrière Milieu populaire chercher Cosette pour la ramener auprès de sa mère. Javert Officier de paix Fonctionnaire Tous les milieux sociaux sont représentés mais Victor Hugo privilégie les person- Des questions pour aller plus loin p. 82-83 nages du peuple, comme l’annonce le titre de son roman. V Découvrir l’univers du roman Un peuple de « misérables » Un univers réaliste 4 Dans quelle mesure peut-on dire que Jean Valjean est une victime de © Éditions Belin/Éditions Gallimard. 1 Dans quelles villes l’action du roman se déroule-t-elle ? En faisant des la société ? Aidez-vous de l’évocation de son passé et de sa condamnation recherches au CDI ou sur Internet, retracez le parcours de Jean Valjean depuis pages 29-31 pour répondre. Jean Valjean mène une vie misérable : issu « d’une sa sortie du bagne sur une carte schématique de la France que vous aurez des- pauvre famille de paysans de la Brie » (p. 29), il perd ses parents très jeune et sinée. La première partie du roman retrace le parcours de Jean Valjean, après s’efforce ensuite de subvenir aux besoins de sa sœur, qui est veuve et qui a sept sa sortie du bagne de Toulon, près de la Méditerranée. L’action se déroule prin- enfants à nourrir. Sans travail un hiver, il vole un pain pour le donner à ses neveux cipalement à Digne, dans le Sud de la France, puis à Montreuil-sur-Mer, dans le affamés. Pour ce délit, il est condamné à cinq ans de galères. La disproportion 2 3
Les Misérables Arrêt sur lecture 1 entre le délit et la peine prononcée est dénoncée par le narrateur : « Quelle minute « admirablement rose et bien portante » (l. 34-35), « cils magnifiques » (l. 38). Elle funèbre que celle où la société s’éloigne et consomme l’irréparable abandon est vêtue avec finesse et délicatesse. Dans le second portrait, pages 53-54, après d’un être pensant ! » (p. 31) Victor Hugo considère que Jean Valjean est une des trois années passées au service des Thénardier, Cosette n’a plus rien de la petite nombreuses victimes de la misère, contre laquelle le gouvernement ne fait rien. fille charmante et coquette qu’elle était : elle est habillée de « vieilles loques » Le héros est donc bien l’objet d’une double injustice : laissé à son propre sort et (l. 87) et elle est devenue « laide » (l. 83), « maigre et blême » (l. 80). Ce change- conduit à l’inévitable crime, il est ensuite condamné par la société. ment est tel que le narrateur affirme que « si [sa] mère fût revenue à Montfermeil 5 Fantine vit une véritable descente aux enfers. Retracez-en les étapes jusqu’à au bout de ces trois années, elle n’eût point reconnu son enfant » (l. 77-78). La sa mort. Au début du récit, Fantine est décrite comme une belle jeune femme fillette suit donc bien une évolution comparable à celle de sa mère. du Nord de la France, venue à Paris pour y « chercher fortune » (voir résumé L’image reproduite en couverture confirme cette déchéance : vêtue de guenilles, p. 45). Elle tombe amoureuse de Tholomyès, qui l’abandonne alors qu’elle est les bras nus, les cheveux sales et décoiffés, la petite fille ouvre de grands yeux enceinte. On peut dire que la descente aux enfers de Fantine commence ici car apeurés. Les dimensions du balai qu’elle tient dans les mains, du seau d’eau qu’elle la jeune femme doit abandonner ses rêves de gloire et retourner dans sa ville a dû porter et des escaliers qu’elle nettoie sont disproportionnées par rapport à la natale de Montreuil-sur-Mer pour y chercher un emploi afin de subvenir à ses petite taille du personnage, qui est comme écrasé par les tâches ingrates que les besoins et à ceux de sa fille. Comme il est très mal vu à l’époque d’être une Thénardier lui demandent d’effectuer. fille-mère, elle est contrainte d’abandonner son enfant dans une auberge qu’elle 7 Les Thénardier sont eux aussi victimes de la misère. Qu’est-ce qui, toute- croise en chemin. D’ailleurs, le portrait de Fantine que dresse alors le narrateur fois, les oppose à Fantine et à Jean Valjean ? Les Thénardier sont en effet dans montre bien la dégradation physique de la jeune femme qui semble préfigurer une situation financière délicate car leurs affaires ne marchent pas (« la gargote sa déchéance à venir : « Quant à la mère, l’aspect en était pauvre et triste. Elle allait mal », p. 51). Cependant, contrairement à Fantine et à Jean Valjean, ils se avait la mise d’une ouvrière qui tend à redevenir paysanne. […] C’était Fantine. comportent de façon méchante et égoïste et n’hésitent pas à profiter de la misère Difficile à reconnaître. Pourtant, à l’examiner attentivement, elle avait toujours des autres. Maltraitant Cosette sans vergogne, ils sollicitent pourtant constam- sa beauté » (p. 46-47). ment Fantine pour lui demander de l’argent. Les Thénardier prospèrent grâce au Lorsqu’elle est chassée de l’usine de M. Madeleine à Montreuil-sur-Mer, la jeune malheur des autres. Comme ils sont intrinsèquement méchants, la misère ne fait femme fait des travaux de couture pour les soldats. Mais cela ne suffit pas à sub- qu’accentuer cette facette de leur personnalité. venir à ses besoins et aux demandes des Thénardier qui trouvent des prétextes incessants pour réclamer toujours plus d’argent. Elle est donc amenée à vendre ses cheveux, puis ses dents : « C’était un sourire sanglant. Une salive rougeâtre Z oom sur « Le dilemme de Jean Valjean » (p. 71-74) lui souillait le coin des lèvres, et elle avait un trou noir dans la bouche » (p. 66). 8 Comment la confusion de Jean Valjean est-elle traduite dans cet extrait ? Au comble de la misère, Fantine se prostitue (« l’infortunée se fit fille publique », Analysez notamment la ponctuation et le rythme des phrases. Jean Valjean p. 68), et est finalement arrêtée par Javert pour avoir insulté un bourgeois de la est partagé entre deux solutions radicales : soit laisser accuser un innocent mais ville. M. Madeleine intervient pour la sortir de prison et la soigner à l’infirmerie car conserver sa nouvelle vie confortable, soit se conduire vertueusement en se ren- la jeune femme est tombée malade. Mais elle meurt sans avoir revu sa fille. dant à la police mais tout perdre. Son hésitation et sa confusion sont traduites par 6 Lecture d’image Comparez les deux portraits de Cosette pages 46 de nombreuses exclamations : « quelle fatalité ! » (l. 41), « se dénoncer, grand Dieu ! © Éditions Belin/Éditions Gallimard. et 53-54. En quoi peut-on dire qu’elle connaît une évolution comparable à celle se livrer ! » (l. 44-45). Entrecoupées de virgules, les phrases sont construites en de sa mère ? Aidez-vous de l’image reproduite en couverture pour répondre parataxe, ce qui crée un rythme saccadé traduisant les cheminements brusques en observant attentivement le visage de Cosette, ses vêtements et ses acces- de la pensée de Jean Valjean et son désespoir : « Si encore il était jeune ! Mais, soires. Les deux portraits de Cosette sont absolument antithétiques. Dans le vieux, être tutoyé par le premier venu, être fouillé par le garde-chiourme, recevoir premier, page 46, la fillette, âgée de deux-trois ans environ, est décrite par de le coup de bâton de l’argousin ! » (l. 60-62) Le héros hésite encore et ne sait que nombreux termes mélioratifs : « un des plus divins êtres qu’on pût voir » (l. 29-30), choisir entre bonheur et vertu. 4 5
Les Misérables Arrêt sur lecture 1 9 Quels sont les deux champs lexicaux qui s’opposent ? Pourquoi, selon vous ? prétextant lui avoir donné ces couverts, et lui offre de surcroît deux chandeliers en On relève tout d’abord le champ lexical du bonheur : « existence si bonne, si pure, argent. Pour la première fois depuis son entrée au bagne, quelqu’un le traite avec si radieuse » (l. 47-48), « ce respect de tous » (l. 48), « chanter les oiseaux », « dou- gentillesse et croit en sa rédemption. L’ancien bagnard prend ainsi conscience que ceur des regards de reconnaissance et d’amour » (l. 51-52), « charmant » (l. 54). les hommes peuvent être bons et généreux, prêts à lui pardonner et à lui offrir Il s’oppose au lexique du bagne et du malheur : « la chiourme, le carcan […], la une seconde chance. fatigue, la chaîne au pied » (l. 58-59), « toutes ces horreurs », « recevoir le coup de b Quel rôle joue Petit-Gervais dans le chemin de Jean Valjean vers une vie bâton de l’argousin » (l. 61-62), « accablé de lassitude » (l. 66-67), « fouet du ser- honnête ? En quoi peut-on dire que cette rencontre constitue à la fois un déclic gent » (l. 68), « misère » (l. 69). Ces champs lexicaux montrent les deux possibilités et un obstacle ? Lorsque Jean Valjean quitte le domicile de M. Myriel, surpris face qui s’offrent à Jean Valjean et mettent en avant le bonheur perdu et le malheur à tant de bonté et de gentillesse, un dilemme semble agiter sa conscience : « il retrouvé s’il suit le chemin de la vertu. lui venait par moments un attendrissement étrange qu’il combattait et auquel il 0 Identifiez et analysez la figure de style présente dans cette phrase : « rester opposait l’endurcissement de ses vingt dernières années » (p. 39). Au milieu de dans le paradis, et y devenir démon ! rentrer dans l’enfer, et y devenir ange ! » cette agitation, il rencontre Petit-Gervais et lui vole sa pièce. On peut d’abord pen- (l. 73-74). En quoi résume-t-elle parfaitement le dilemme de Jean Valjean ? On ser que cette rencontre constitue un obstacle à la rédemption de Jean Valjean car, relève dans cette phrase une antithèse entre « paradis » et « enfer », ainsi qu’entre alors qu’il vient de promettre à l’évêque de se conduire vertueusement, il commet « démon » et « ange ». Elle est renforcée par le parallélisme de construction. Cette un nouveau délit. Mais ce vol sera le dernier méfait de Jean Valjean. Une « commo- figure de style montre que Jean Valjean doit renoncer à son bonheur et s’abîmer tion galvanique » (p. 42) ébranle soudainement l’ancien bagnard, qui pleure alors dans le malheur s’il veut se conduire vertueusement. pour la première fois « depuis dix-neuf ans » et prend conscience de ses mauvaises actions et du caractère misérable de sa vie antérieure. On peut donc dire que la rencontre avec Petit-Gervais est finalement un déclic qui conduit Jean Valjean sur Le chemin de Jean Valjean de l’ombre à la lumière le chemin d’une vie honnête. a Pourquoi la rencontre de Jean Valjean avec M. Myriel est-elle capitale ? c Pourquoi l’inspecteur Javert soupçonne-t-il le père Madeleine d’être un De quoi l’ancien forçat prend-il conscience ? À sa sortie de prison, déjà margi- ancien forçat ? Relevez deux arguments du policier. Montrez ensuite que ce der- nalisé par sa condamnation, Jean Valjean est rejeté par l’ensemble de la société : nier constitue une menace pour Jean Valjean. Javert soupçonne M. Madeleine aucun des habitants de Digne ne veut en effet lui ouvrir sa porte. Ultime symbole d’être un ancien forçat car il lui rappelle un détenu qu’il a côtoyé lorsqu’il était de sa déchéance, il est même chassé d’une niche où il a trouvé refuge par un chien gardien au bagne de Toulon. Dès son arrivée à Montreuil-sur-Mer, l’inspecteur se (voir résumé p. 20). En dernier recours, il frappe à la porte de M. Myriel, sur les montre donc suspicieux à l’égard du maire, alors que tous les autres villageois conseils d’une dame. Mais Jean Valjean ne sait pas qu’il s’adresse à un homme saluent sa bonté et sa vertu. Son intuition se renforce lors de l’accident du père d’Église. Par bonté et par générosité, l’évêque offre alors au vagabond le gîte et Fauchelevent. En effet, M. Madeleine fait à cette occasion preuve d’une force extra- le couvert. Il le traite même avec égard : il l’appelle « monsieur », ce qui surprend ordinaire pour sauver le paysan (« on vit Madeleine presque à plat ventre sous ce Jean Valjean (« Chaque fois qu’il disait ce mot monsieur, avec sa voix doucement poids effrayant […]. Tout à coup on vit l’énorme masse s’ébranler, la charrette se grave et de si bonne compagnie, le visage de l’homme s’illuminait », p. 27) ; il le soulevait lentement […]. C’était Madeleine qui venait de faire un dernier effort », sert avec des « couverts d’argent » (p. 28) et il fait mettre « des draps blancs au © Éditions Belin/Éditions Gallimard. p. 61). Javert déclare alors : « Monsieur Madeleine, je n’ai jamais connu qu’un seul lit de l’alcôve » (p. 25). Peu habitué à un tel accueil, Jean Valjean est surpris. Il homme capable de faire ce que vous demandez là. […] C’était un forçat. […] Du n’arrive pas à dormir (« ce qui le réveilla, c’est que le lit était trop bon », p. 31), et, bagne de Toulon » (p. 60). La force surhumaine dont fait preuve M. Madeleine le dans cet état trouble, fait jour un profond désir de vengeance envers la société car trahit donc aux yeux de l’inspecteur de police. il estime qu’elle « l’a volé » (p. 32). Obsédé par la vue des couverts en argent lors Dès lors, ce dernier constitue une menace permanente pour le héros, menace que du dîner, il décide donc de les dérober. Repris par les gendarmes qui le conduisent traduit le motif récurrent de l’œil : « Javert était comme un œil toujours fixé sur chez l’évêque, Jean Valjean redouble de surprise lorsque M. Myriel l’innocente en M. Madeleine. Œil plein de soupçon et de conjectures » (p. 58), « Madeleine […] 6 7
Les Misérables Arrêt sur lecture 1 rencontra l’œil de faucon de Javert toujours attaché sur lui » (p. 61). Le motif de 2 a. M. Myriel fut nommé évêque mais refusa de loger dans son palais épiscopal. l’œil peut rappeler ici le dernier vers du poème de Victor Hugo « La conscience », b. Avant d’être condamné, Jean Valjean gagnait sa vie en étant émondeur. écrit en 1853 et extrait de La Légende des siècles : « L’œil était dans la tombe et c. Avant son procès, Jean Valjean a été arrêté pour avoir chassé sur des terres qui regardait Caïn ». L’œil est donc bien chez Victor Hugo le symbole de la mauvaise ne lui appartenaient pas : c’était un braconnier. conscience du criminel et de la menace du châtiment à venir. d. Jean Valjean avait passé des années au bagne, à subir les mauvais traitements d Dans les pages que vous venez de lire, Jean Valjean a-t-il commis plus de des gardes-chiourmes. délits ou de bonnes actions ? Dressez-en la liste et mettez en évidence le chan- e. Javert est un officier de paix zélé et irréprochable. gement du personnage. f. Le voiturier emmena M. Madeleine de Montreuil-sur-Mer à Arras, où se dérou- lait le procès de Champmathieu. Délits Bonnes actions — Voler des couverts en argent à M. Myriel. — Faire prospérer le village de Montreuil- — Voler de la pièce de Petit Gervais. sur-Mer — Sauver le père Fauchelevent. — Faire libérer Fantine de prison. — Faire soigner Fantine à l’infirmerie. Du texte à l’image p. 87 — Promettre à Fantine de s’occuper de • Jean Valjean (Hugh Jackman) dans le film dde Tom Hooper, 2012. sa fille. • Javert (Bernard Blier), Jean Valjean (Jean Gabin) et le père Fauchelevent — Innocenter Champmathieu en se dénonçant. (Henri Coutet) dans le film de Jean-Paul Le Chanois, 1958. • Javert (Michel Bouquet), Fantine (Évelyne Bouix) et Jean Valjean (Lino Les bonnes actions accomplies par Jean Valjean dans la première partie du roman Ventura) dans le film de Robert Hossein, 1982. l’emportent sur les délits qu’il commet au début du récit, et soulignent sa méta- ➦ Images reproduites dans le cahier photos, p. II. morphose aussi soudaine que radicale. Lire l’image De la lecture à l’écriture p. 84-86 1 Comparez la représentation de Jean Valjean sur les trois images : quels points communs et quelles différences relevez-vous ? Sur les trois images, Jean Valjean Des mots pour mieux écrire est un homme d’âge mûr au visage sévère. Sur l’image du haut, il est vêtu de 1 a. guenilles et porte une barbe touffue, tandis que sur les autres représentations, ses habits sont élégants (chemise blanche, cape et pantalon noirs) ; il porte même un Noms Adjectifs (masculin) Adverbes chapeau haut-de-forme sur l’image en bas de la page. Bassesse Bas Bassement 2 Quelles caractéristiques du personnage (traits de caractère, sentiments, etc.) Droiture Droit Droitement ces images mettent-elles en avant ? Sur la première image, le visage buriné de Générosité Généreux Généreusement Jean Valjean et son regard noir sont effrayants et montrent à la fois sa détermi- © Éditions Belin/Éditions Gallimard. Ignominie Ignoble Ignoblement nation et sa surprise lorsque l’évêque lui offre les chandeliers alors qu’il vient de Innocence Innocent Innocemment lui voler des couverts en argent. Sur la deuxième photographie, la force légen- Méchanceté Méchant Méchamment daire du bagnard, soulevant la charrette, est illustrée lors de l’accident du père Vertu Vertueux Vertueusement Fauchelevent. Enfin, sur la dernière image, le visage fermé et sévère de Jean Valjean, sa stature droite et austère, souligne son autorité de maire et de repré- sentant du pouvoir. 8 9
Les Misérables Arrêt sur lecture 2 Comparer le texte et l’image 3 Observez l’arrière-plan de chaque image : où se déroule précisément chacune Arrêt sur lecture 2 p. 176-183 de ces scènes ? Quels autres personnages du roman reconnaissez-vous ? La pre- mière scène prend place chez M. Myriel : les gendarmes à l’arrière-plan ont arrêté Jean Valjean et l’ont conduit chez l’évêque, qui vient d’offrir au bagnard les chan- deliers. La deuxième se déroule à Montreuil-sur-Mer lors de l’accident du père Fauchelevent : on aperçoit la silhouette de Javert à gauche et on devine le pauvre Un quiz pour commencer p. 176-177 paysan tombé sous la charrette. La dernière scène se situe au poste de police de 1 Comment les Thénardier traitent-ils Cosette à l’auberge de Montfermeil ? Montreuil-sur-Mer : Javert (à gauche) vient d’arrêter Fantine, que l’on voit derrière Comme une servante. les barreaux, après son altercation avec M. Bamatabois. 2 Qui Cosette rencontre-t-elle lorsqu’elle va chercher de l’eau à la fontaine la 4 Dans les images au centre et en bas de la page, quel personnage se dresse veille de Noël ? Jean Valjean. en travers du chemin de Jean Valjean ? Retrouvez dans le roman les épisodes 3 Quel cadeau Jean Valjean offre-t-il à Cosette ? Une poupée. auxquels ces scènes correspondent. C’est l’inspecteur Javert que l’on voit se dresser à deux reprises sur le chemin de M. Madeleine : Javert suspecte en effet 4 Où Jean Valjean et Cosette trouvent-ils refuge lorsque Javert les poursuit M. Madeleine d’être un ancien bagnard et la force dont le maire fait preuve pour dans les rues de Paris ? Dans un couvent. sauver le père Fauchelevent confirme son intuition. Puis, il s’oppose à M. Madeleine 5 Qui est Gavroche ? Le fils de Thénardier. lorsque ce dernier ordonne la libération de Fantine. L’image du centre correspond 6 Où Cosette et Marius se rencontrent-ils ? Au jardin du Luxembourg. à l’épisode de « L’accident du père Fauchelevent » (p. 59-62), celle du bas à l’épi- sode « Le face-à-face de Javert et de M. Madeleine » (p. 68-71). 7 Comment Marius et ses amis surnomment-ils Jean Valjean et Cosette ? M. Leblanc et Mlle Lanoire. 8 Lors du guet-apens à la masure Gorbeau, pourquoi Thénardier et les bandits s’enfuient-ils ? Parce qu’ils trouvent un mot écrit par Éponine. Des questions pour aller plus loin p. 178-179 V Étudier les personnages du roman Une galerie de portraits 1 Relisez le portrait des Thénardier (p. 91-94) et montrez qu’ils forment un couple à la fois opposé et complémentaire. Pour répondre, vous vous appuie- © Éditions Belin/Éditions Gallimard. rez notamment sur les figures de style employées (métaphores, comparaisons, personnifications…). Dans un premier temps, le narrateur semble opposer les deux individus qui forment le couple Thénardier, comme le montrent les adjectifs qualificatifs : alors que la Thénardier est « grande, blonde, rouge, grasse, charnue, carrée, énorme et agile » (l. 8-9), le Thénardier est, quant à lui, présenté comme « petit, maigre, blême, anguleux, osseux, chétif » (l. 28-29). Les métaphores 10 11
Les Misérables Arrêt sur lecture 2 animales employées viennent d’ailleurs souligner cette opposition : si l’« élé- À l’inverse de ces enfants misérables, le narrateur fait le portait d’Éponine et phant » (l. 14) symbolise Mme Thénardier, c’est la « fouine » qui représente le d’Azelma (p. 105). La beauté des deux filles Thénardier est mise en valeur grâce mieux M. Thénardier (l. 33). à l’attention portée aux détails des attributs féminins (« tresses châtaines bien Mais, dans un second temps, le narrateur rapproche ces deux personnages et lustrées », l. 80-81 ; « longues nattes noires », l. 81) et à l’emploi d’adjectifs mélio- montre qu’ils se complètent à travers l’emploi d’une personnification et d’un ratifs (« jolies », l. 79 ; « charmantes », l. 80) et à l’énumération lignes 82-83 parallélisme de construction : « cet homme et cette femme, c’était ruse et rage (« propres, grasses, fraîches et saines »). Ce portrait contraste avec celui de mariés ensemble, attelage hideux et terrible » (l. 50-51). Enfin, l’ultime compa- Cosette, quelques lignes plus haut, et renforce même le sentiment de pitié que raison animale « c’était quelque chose comme la mouche [Cosette] servante des le lecteur peut éprouver envers la pauvre fillette réduite en esclavage par les araignées » (l. 67) associe définitivement le couple. Ce sont la méchanceté et la Thénardier. cruauté qui rapprochent ces deux individus, comme en témoigne la métaphore 3 Un nouveau portrait de Jean Valjean est proposé dans la troisième partie employée au sujet de Cosette « broyée par une meule et déchiquetée par une du roman (p. 149). Quelle est sa particularité ? Le portait de Jean Valjean pro- tenaille » (l. 57). posé dans la troisième partie du roman montre l’évolution du personnage et sa 2 Relevez les différents portraits d’enfants dans les deuxième et troisième par- transformation physique (« triste et sérieux », l. 22 ; « bon », l. 25 ; «pantalon […], ties du roman. En quoi peut-on dire que deux conditions sociales s’opposent ? redingote […], chapeau […] neufs », l. 26-25 ; « cheveux très blancs », l. 31). Ce por- Dans les deuxième et troisième parties du roman, le narrateur fait le portait de trait est dressé par Marius. Le point de vue adopté dans le texte est donc un point quatre enfants. de vue interne, comme le prouvent les verbes de perception et les modalisateurs, Cosette, la fille de Fantine (p. 104-105), et Gavroche, le fils des Thénardier (p. 141- qui montrent l’incertitude du jeune homme à l’égard de celui dont il ne connaît 143), sont deux enfants pauvres et abandonnés. Le narrateur insiste sur la misère même pas le nom et qu’il surnomme « M. Leblanc » (l. 67) : « pouvait avoir » (l. 21), et la souffrance que le couple d’aubergistes fait endurer à la fillette à travers le « paraissait » (l. 22) et « avait l’air » (l. 25). champ lexical du malheur : « figure sombre » (l. 50), « ombre profonde » (l. 52), « à force d’avoir pleuré » (l. 53), « angoisse » (l. 54), « désespérés » (l. 55), le paral- lélisme de construction « pitié »/« horreur » (l. 61) « la crainte » (élément mis en Z oom sur « Cosette seule dans la nuit » (p. 94-98) valeur par l’énumération qui précède aux lignes 66 à 69). Gavroche semble, quant à lui, totalement livré à lui-même et ne bénéficie d’aucune marque d’affection 4 Faites la liste des difficultés que Cosette rencontre pour parvenir jusqu’à la de la part de ses parents : « son père ne songeait pas à lui et sa mère ne l’aimait source et pour porter le seau d’eau. Cosette rencontre de nombreuses difficultés point. C’était un de ces enfants dignes de pitié entre tous qui ont père et mère et pour parvenir jusqu’à la source et pour porter le seau d’eau. Elle doit tout d’abord qui sont orphelins » (l. 8-11), « Cet enfant ne se sentait jamais si bien que dans la affronter l’obscurité (« les ténèbres devenaient épaisses » l. 1), la perte de repères rue. Le pavé lui était moins dur que le cœur de sa mère » (l. 12-13), « Il n’avait pas (« le labyrinthe de rues tortueuses et désertes », l. 7 ; « éperdue », l. 40), puis la de gîte, pas de pain, pas de feu, pas d’amour » (l. 20-21), « Cet enfant vivait dans peur (« elle regarda avec désespoir cette obscurité », l. 21-22, « Ce n’était plus cette absence d’affection comme ces herbes pâles qui viennent dans les caves » seulement la terreur qui la gagnait, c’était quelque chose de plus terrible même (l. 60-61). Le lecteur est donc touché par le sort de ces enfants maltraités ou aban- que la terreur. Elle frissonnait », l. 96-97) ; et enfin le poids du seau et la nécessité donnés. Les expressions « maigre » et « blême » (l. 50), « perdues d’engelures » de rapporter l’eau au plus vite pour ne pas s’attirer les foudres de la Thénardier © Éditions Belin/Éditions Gallimard. (l. 56), « les angles de ses os » (l. 57), « maigreur affreusement visible » (l. 58) (« Son regard tomba sur le seau qui était devant elle. Tel était l’effroi que lui ins- décrivent Cosette, tandis que le portrait de Gavroche donne à voir un petit garçon pirait la Thénardier qu’elle n’osa pas s’enfuir sans le seau d’eau », l. 86-87 ; « Elle « blême » (l. 16), « à l’air vivace et maladif » (l. 16-17). La conjonction de coordina- eut de la peine à soulever le seau », l. 88 ; « le seau était plein, il était lourd, elle tion « et » reliant deux termes antithétiques souligne le paradoxe de Gavroche. fut forcée de le reposer à terre », l. 89-90 ; « Elle marchait penchée en avant, la Bien qu’abandonné, le petit garçon ne semble pas particulièrement souffrir de sa tête baissée, comme une vieille », « le poids du seau tendait et roidissait ses bras situation : « mais il était joyeux parce qu’il était libre » (l. 21). maigres », l. 93-95). 12 13
Les Misérables Arrêt sur lecture 2 5 Quel est le point de vue adopté dans cet extrait ? Vous justifierez votre Des rencontres décisives réponse en analysant notamment les verbes de perception. La scène est décrite à travers les yeux de Cosette. Le point de vue adopté dans cet extrait est donc un 8 Recopiez et complétez le tableau suivant pour montrer ce qui, à la fois, point de vue interne, comme le prouvent les verbes de perception employés (« elle oppose et rapproche Jean Valjean et Cosette. Que pouvez-vous en conclure ? se sentait », l. 69 ; « elle croyait sentir », l. 74 ; « elle sentit », l. 80, « qui lui parut », Ce qui oppose Ce qui rapproche l. 123). Cela permet de faire partager les impressions de la fillette et ainsi de susci- Jean Valjean et Cosette Jean Valjean et Cosette ter la pitié du lecteur. — L’âge (54 ans pour Jean Valjean/8 ans — Fantine (promesse de Jean Valjean faite 6 Quels sentiments Cosette éprouve-t-elle ? Relevez les champs lexicaux qui pour Cosette). à la mère de Cosette sur son lit de mort). le montrent. Cosette est effrayée à l’idée de sortir seule dans la nuit, comme le — Le sexe (masculin/féminin). — Tous deux sont exclus de la société (Jean Valjean est un ancien bagnard et Cosette prouve le champ lexical de la peur qui domine tout l’extrait : « enfants terrifiés » — La condition physique (force de Jean Valjean/vulnérabilité de Cosette). une enfant illégitime). (l. 19), « crainte » (l. 49), « terreur » (l. 70), « elle frissonnait » (l. 71), « ce frisson — Tous deux n’ont plus aucune famille. — Le passé (ancien bagnard ayant commis qui la glaçait jusqu’au fond du cœur » (l. 73), « farouche » (l. 73), « qui l’effrayait » des vols pour Jean Valjean/innocence de (l. 77), « effroi » (l. 86), « angoisse » (l. 114), « épouvante » (l. 114). l’enfance pour Cosette). La fillette éprouve également de la tristesse, et semble comme envahie par un sentiment de découragement : « envie de pleurer » (l. 41), « râlement douloureux » Parce que ces deux êtres sont rejetés de tous, ils se rapprochent et forment un (l. 105), « sanglots lui serraient la gorge » (l. 106), « désespéré » (l. 120). couple atypique dans lequel l’un permet à l’autre de s’affranchir de son état initial. 7 Lecture d’images Observez les images reproduites en début d’ouvrage, au 9 Résumez brièvement les deux rencontres entre Jean Valjean et Thénardier verso de la couverture et décrivez l’attitude de la fillette. Quelle est la nature de dans les deuxième et troisième parties du roman. Que cherche à obtenir ce der- chacune de ces représentations ? En quoi cela montre-t-il que Cosette est deve- nier ? Par quels moyens ? Jean Valjean rencontre Thénardier pour la première nue un personnage universel ? Les trois images reproduites en début d’ouvrage, fois à l’auberge de Montfermeil lorsqu’il raccompagne Cosette après avoir aidé au verso de la couverture, sont de trois natures différentes. Il s’agit en effet d’une la fillette à porter son seau, dans la deuxième partie du roman. Il passe alors la sculpture, d’une photographie et d’une peinture. Mais toutes donnent à voir le nuit de Noël à la gargote, contre l’avis de Thénardier qui le prend d’abord pour même portait de Cosette : une enfant seule et misérable. En effet, sur chacune un pauvre et qui exige des garanties financières afin d’être sûr que la nuitée lui des trois images, Cosette est vêtue de haillons et porte un seau exagérément sera réglée (voir « Jean Valjean à l’auberge des Thénardier », p. 102-110). Mais le grand pour elle. La posture de la fillette sculptée par François Pompon insiste véritable face-à-face entre les deux hommes a lieu le lendemain matin, lorsque particulièrement sur le poids du seau, reflétant précisément le texte. L’expression Jean Valjean décide d’emmener Cosette avec lui et de l’arracher à sa vie misérable hébétée qu’on peut lire sur le visage de la fillette photographiée par Edmond afin d’honorer la promesse faite à Fantine sur son lit de mort (voir « Le marché Bacot met en évidence à la fois la peur et le désespoir qui l’envahissent. Jean conclu entre Jean Valjean et Thénardier », p. 110-115). Thénardier feint alors d’avoir Geoffroy insiste quant à lui, dans son tableau, sur le moment de la rencontre de l’affection pour Cosette afin de soutirer le plus d’argent possible à Jean Valjean. entre Cosette et Jean Valjean, et souligne la surprise de la fillette qui voit surgir Dans la troisième partie du roman, le narrateur nous apprend que les deux un inconnu pour lui venir en aide. Tous ces éléments soulignent la fragilité et la hommes se croisent régulièrement à la sortie de l’église, où Thénardier fait l’au- mône, sans toutefois se reconnaître immédiatement. En effet, Jean Valjean est © Éditions Belin/Éditions Gallimard. vulnérabilité de l’enfant. Le fait que trois artistes différents se soient emparés du personnage créé par depuis devenu un vieil homme respectable et se fait appeler Ultime Fauchelevent, Victor Hugo pour en livrer chacun une représentation personnelle montre que alors que Thénardier a quitté l’auberge de Montfermeil pour la masure Gorbeau, Cosette est devenue un personnage universel, symbole de l’enfance maltraitée. où il vit avec sa famille sous le nom de Jondrette, et parvient à subsister en escro- quant les plus riches. C’est ainsi que Jean Valjean se rend un jour chez Thénardier afin de le secourir. Avec l’aide d’autres bandits, Thénardier va lui tendre un piège lors de l’épisode du guet-apens (p. 160-175). Il a en effet reconnu l’homme venu 14 15
Les Misérables Arrêt sur lecture 2 chercher Cosette à son auberge de Montfermeil quelques années plus tôt et croit parcours de Jean Valjean que c’est à lui qu’il emprunte son nom lorsqu’il sort avec que ce dernier détient des secrets qu’il ne veut pas divulguer à la police. Il pense Cosette du couvent. Il se fait appeler « Ultime Fauchelevent », du nom du dernier pouvoir les monnayer et, afin d’obtenir davantage d’argent, il décide de le séques- frère du vieux jardinier. trer et de demander une rançon à Cosette, dont il ne prononcera jamais le nom. Dans les deux cas, Thénardier cherche donc à s’enrichir de manière malhonnête. La naissance d’un amour 0 En quoi peut-on dire que l’inspecteur Javert traque Jean Valjean telle une proie ? Pour répondre, relevez le champ lexical de la chasse et du monde ani- b Comparez les deux portraits de Cosette pages 149-150 et 151-152. Que mal dans l’extrait pages 119-122. Selon Javert, l’individu ne peut pas changer, c’est constatez-vous ? Vous vous appuierez notamment sur les adjectifs qualificatifs pourquoi il considère Jean Valjean, ancien bagnard, comme un être dangereux et pour mettre en évidence les changements que vous remarquez dans l’apparence malfaisant. Il se sent donc investi d’une mission : arrêter Jean Valjean pour éviter de la jeune fille. La première description de Cosette montre une jeune fille quasi qu’il nuise à la société. Doté d’un instinct hors du commun, l’inspecteur Javert insignifiante. Les adjectifs employés sont plutôt dépréciatifs (« maigre au point est un fin limier (voir la comparaison avec le « chien » faite par le narrateur dans d’en être presque laide, gauche, insignifiante », l. 34-35) ; « déplaisante », l. 37 ; le portrait page 56 : « Donnez une face humaine à ce chien fils d’une louve, et ce « à la fois vieille et enfantine » (l. 38). La comparaison péjorative aux « pension- sera Javert », l. 31-32). C’est pourquoi, il traque Jean Valjean sans relâche, telle une naires de couvent » (l. 38) et l’expression « petite fille qui n’était pas encore une proie, comme en témoigne le champ lexical de la chasse dans l’extrait pages 119- personne » (l. 42-43) insistent sur l’aspect adolescent de cette jeune femme en 122 : « comme l’animal chassé du gîte » (l. 26), « un trou où se cacher » (l. 27), « sa devenir. piste » (l. 35), « l’instinct » (l. 38), « s’embusqua » (l. 53), « tapi » (l. 72-73). Au contraire, dans la seconde description, le narrateur s’attarde sur la beauté de a À quelle occasion Jean Valjean croise-t-il de nouveau le chemin du père Cosette soulignée par les superlatifs : « la personne [que Marius] voyait maintenant Fauchelevent ? Quel rôle ce personnage joue-t-il dans le parcours de Jean était une grande et belle créature ayant toutes les formes les plus charmantes de Valjean ? Jean Valjean va à nouveau croiser le chemin du père Fauchelevent au la femme à ce moment précis où elles se combinent encore avec toutes les grâces moment de la traque organisée par Javert dans les rues de Paris. Pris au piège, les plus naïves de l’enfant » (l. 89-93). Ces deux portraits sont donc antithétiques Jean Valjean et Cosette se hissent en effet le long d’immenses parois qui ne sont et mettent ainsi en valeur la transformation et la beauté de Cosette. autres que celles du cloître où le père Fauchelevent travaille désormais. Après son c Quel est le point de vue adopté lors de la rencontre entre Marius et Cosette ? accident avec la charrette (p. 59-62), Jean Valjean avait en effet trouvé au père À votre avis, pourquoi ? Le point de vue adopté lors de la rencontre entre Marius Fauchelevent une place de jardinier au couvent du Petit-Picpus : « Le hasard, c’est- et Cosette est un point de vue interne. En effet, le lecteur n’a connaissance que à-dire la providence, l’avait jeté précisément dans ce couvent du quartier Saint- des sentiments naissants de Marius comme en témoignent les verbes de percep- Antoine où le vieux Fauchelevent, estropié par la chute de sa charrette, avait été tion et de pensée : « voyait » (l. 89), « vit » (l. 106), « pensa » (l. 111), « eut examinée admis sur sa recommandation, il y avait deux ans de cela » (p. 128, l. 63-67). C’est avec attention » (l. 114-115), « reconnut » (l. 115), « pensait » (l. 138). Ainsi, le lecteur donc par une coïncidence troublante que Jean Valjean se retrouve en présence vit la rencontre avec la même intensité que le jeune homme et non comme un de celui à qui il a sauvé la vie et qui lui est éternellement reconnaissant : « “Oh ! simple spectateur. Il peut alors peut-être s’identifier au personnage et être ému ce serait une bénédiction du bon Dieu si je pouvais vous rendre un peu cela ! Moi ! par cette histoire d’amour naissante. © Éditions Belin/Éditions Gallimard. vous sauver la vie ! Monsieur le maire, disposez du vieux bonhomme !” » (p. 129, l. 86-88). Le père Fauchelevent joue donc un rôle important dans le parcours de d La rencontre amoureuse de Marius et Cosette est-elle idéalisée ? Pour Jean Valjean : il est en effet le signe de la providence, la preuve qu’en commet- répondre, étudiez le rôle joué par la nature dans la description qui en est faite tant une bonne action, Jean Valjean se voit récompensé et même sauvé. C’est en (p. 153). La rencontre amoureuse de Marius et Cosette est idéalisée : la nature effet grâce au père Fauchelevent que Jean Valjean et Cosette échappent à Javert semble en harmonie parfaite avec le jeune homme et reflète ses sentiments : et qu’ils coulent des jours heureux au couvent du Petit-Picpus durant de nom- « Marius avait ouvert toute son âme à la nature » (l. 137-138). La description du breuses années. Le rôle du père Fauchelevent est d’ailleurs si déterminant dans le jardin du Luxembourg, sorte d’écrin de la rencontre entre Marius et Cosette, 16 17
Les Misérables Arrêt sur lecture 2 insiste sur l’éveil de la nature et des animaux afin de symboliser l’amour naissant : Du texte à l’image p. 183 « l’air était tiède » (l. 134), « le ciel était pur » (l. 135), « les passereaux poussaient des petits cris » (l. 136). Victor Hugo emploie donc ici un topos romantique pour • Jean Valjean (Lino Ventura) et Cosette (Valentine l ti Bordelet) d l dans le film de décrire l’histoire d’amour qui se noue entre les deux jeunes protagonistes du Robert Hossein, 1982. roman. Enfin, la comparaison « comme si les anges l’eussent lavé le matin » (l. 135- • Jean Valjean (Gérard Depardieu) et Cosette (Virginie Ledoyen) dans le téléfilm 136) vient souligner l’aspect divin et sacré de cette rencontre. de Josée Dayan, 2000. ➦ Images reproduites dans le cahier photos, p. III, en haut. De la lecture à l’écriture p. 180-181 Lire l’image Des mots pour mieux écrire 1 Comparez les représentations de Jean Valjean et de Cosette en observant leur âge, leur apparence, leurs vêtements ainsi que leurs accessoires. Ces images 1 a. présentent deux portraits très différents de Cosette et de Jean Valjean. Sur celle Champ lexical de l’amour Champ lexical de la colère Champ lexical de la peur de gauche, tous deux sont vêtus de haillons. Cosette tient sa poupée contre elle, Admiration Fureur Épouvante tandis que Jean Valjean n’a pour bagage qu’une petite valise. Sur celle de droite, Fascination Indignation Frayeur Cosette est une belle jeune femme, coiffée avec soin et vêtue d’une robe élégante. Passion Rancune Panique Jean Valjean porte un costume, une redingote longue et des gants, symboles de sa réussite sociale. Le journal qu’il tient dans ses mains montre qu’il est devenu un 2 a. Chez les Thénardier, Cosette ne recevait aucune marque d’affection. homme lettré et éduqué. b. Jean Valjean a pitié de la pauvre Cosette et porte son seau d’eau. 2 Comment la proximité des personnages est-elle suggérée sur les deux c. Cosette est en adoration devant la poupée offerte par Jean Valjean. images ? L’attachement mutuel qui lie les deux personnages est visible sur les d. Lorsque Cosette quitte enfin l’auberge des Thénardier, elle éprouve une deux images par la proximité des corps. Sur l’image de gauche, on distingue que immense reconnaissance à l’égard de Jean Valjean. Cosette et Jean Valjean se tiennent par la main, ce qui peut être interprété comme e. Jusqu’à sa mort, le colonel Pontmercy a de l’estime pour le sergent Thénardier un signe de confiance. La fillette semble en effet suivre aveuglément le voyageur qui lui a sauvé la vie. venu l’arracher aux Thénardier, comme si elle remettait son destin entre les mains f. Cosette a tout de suite éprouvé de la tendresse pour Marius lorsqu’elle l’a de cet homme providentiel qu’elle compare d’ailleurs au « bon Dieu » (p. 115). Sur rencontré. l’image de droite, le regard échangé entre Jean Valjean et Cosette montre que, malgré les années passées, leur complicité est restée intacte. Comparer le texte et l’image 3 Où et quand se déroule chacune de ces deux scènes ? Retrouvez les passages correspondants dans le roman. La première scène renvoie au départ de l’auberge © Éditions Belin/Éditions Gallimard. des Thénardier : « Le jour paraissait lorsque ceux des habitants de Montfermeil qui commençaient à ouvrir leurs portes virent passer dans la rue de Paris un bonhomme pauvrement vêtu donnant la main à une petite fille tout en deuil qui portait une grande poupée rose dans ses bras. Ils se dirigeaient du côté de Livry. […] Cosette s’en allait. Avec qui ? elle l’ignorait. Où ? elle ne savait. Tout ce qu’elle comprenait, c’est qu’elle laissait derrière elle la gargote Thénardier » (p. 114-115). 18 19
Les Misérables Arrêt sur lecture 3 La seconde image illustre l’une des promenades de Cosette et Jean Valjean au jardin du Luxembourg lorsque la fillette s’est muée en une belle jeune femme : « [Marius] aperçut, toujours sur le même banc, ce couple connu. Seulement, Arrêt sur lecture 3 p. 293-299 quand il approcha, c’était bien le même homme ; mais il lui parut que ce n’était plus la même fille. La personne qu’il voyait maintenant était une grande et belle créature ayant toutes les formes les plus charmantes de la femme à ce moment précis où elles se combinent encore avec toutes les grâces les plus naïves de l’en- Un quiz pour commencer p. 293-294 fant » (p. 151). 1 Où Éponine conduit-elle Marius ? Rue Plumet. 4 Sur l’image de gauche, Cosette tient une poupée dans ses bras. Qui lui a donné ? Pourquoi cette poupée est-elle importante dans la relation entre Jean 2 Pourquoi Marius est-il désespéré lorsqu’il se rend sur les barricades ? Parce Valjean et Cosette ? La poupée que Cosette tient dans ses bras est un cadeau de que Cosette doit partir en Angleterre avec son père. Jean Valjean : « l’homme reparut, il portait dans ses deux mains la poupée fabu- 3 Comment et pourquoi Éponine meurt-elle ? Elle reçoit une balle en voulant leuse dont nous avons parlé, et que tous les marmots du village contemplaient sauver Marius. depuis le matin, et il la posa debout devant Cosette en disant : “Tiens, c’est pour 4 Comment Jean Valjean découvre-t-il l’amour de Marius et de Cosette ? toi.” » (p. 108). Ce jouet est particulièrement important dans la relation entre les Il découvre une lettre écrite par Cosette et destinée à Marius. deux personnages car il est le symbole de l’attention, de l’amour et de l’attache- 5 Pourquoi Jean Valjean se rend-il sur les barricades ? Pour sauver Marius et ment que Jean Valjean porte à Cosette. Avant l’arrivée de Jean Valjean chez les rendre Cosette heureuse. Thénardier, Cosette n’était pas considérée comme une enfant par le couple d’au- bergistes mais comme une servante. Il n’y avait donc pas de place pour le jeu et 6 Qui Jean Valjean rencontre-t-il dans les égouts de Paris ? Thénardier. les distractions : « Tout à coup la Thénardier, qui continuait d’aller et de venir dans 7 Comment Javert meurt-il ? Il se suicide en se jetant dans la Seine. la salle, s’aperçut que Cosette avait des distractions et qu’au lieu de travailler elle 8 Qui révèle à Marius la véritable identité de Jean Valjean ? Thénardier. s’occupait des petites qui jouaient. “Ah ! je t’y prends ! cria-t-elle. C’est comme cela 9 Où Jean Valjean est-il enterré ? Au cimetière du Père-Lachaise. que tu travailles ! Je vais te faire travailler à coups de martinet, moi.” L’étranger, sans quitter sa chaise, se tourna vers la Thénardier. “Madame, dit-il en souriant d’un air presque craintif, bah ! laissez-la jouer !” » (p. 106). On entend, dans cette réplique de Jean Valjean, le point de vue de Victor Hugo qui s’est, à de nom- Des questions pour aller plus loin p. 295-296 breuses reprises, révolté contre le travail des enfants. V Mettre en évidence la dimension historique et engagée du roman Sur les barricades 1 La quatrième partie du roman met en scène un soulèvement populaire © Éditions Belin/Éditions Gallimard. qui a eu lieu en juin 1832. Faites des recherches au CDI ou sur Internet et rappe- lez de quel événement historique il s’agit et quels étaient les deux camps oppo- sés. En juin 1832, Paris est le théâtre d’une insurrection menée par les républicains qui tentent de renverser le pouvoir politique en place, c’est-à-dire la monarchie constitutionnelle mise en place après les Trois Glorieuses (les 27, 28 et 29 juil- let 1830). Elle débuta à l’occasion des obsèques du général Lamarque, député de 20 21
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