LES ÉTERNELS - Cinéma Utopia
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in ém a garanti sans 3D C 5 place Camille Jullian 33000 Bordeaux • www.cinemas-utopia.org • 05 56 52 00 03 • bordeaux@cinemas-utopia.org LES ÉTERNELS Écrit et réalisé par JIA Zhang-Ke peront à notre culture occidentale, mais tout au long de l’intrigue, qui démarre Chine 2018 2h15 VOSTF qu’importe ! Cette véritable épopée ro- dans le Nord froid et aride, se poursuit avec Zhao Tao, Liao Fan, mantique d’un couple de gangsters a dans le Sud-Ouest chaud et humide, Xu Zheng, Casper Liang… tout pour être mythique. Chaque niveau pour s’achever dans le lointain Xinjiang de lecture est aussi excitant que pas- (au Nord Ouest). Nul doute, Jia Zhang-ke est décidé- sionnant. Ce n’est qu’un régal supplé- Ce sont ainsi plus de 7700 kilomètres ment un des cinéastes majeurs de notre mentaire d’interpréter les pistes moins qui défilent sous nos yeux. Les pay- temps. Les Éternels, son huitième long évidentes qui échappent à nos oreilles sages, personnage à part entière, métrage de fiction, en est une preuve latines, telle la diversité des dialectes viennent en contrepoint du récit qui – éclatante – supplémentaire. Œuvre employés dans le film. Ils reflètent les procède par étapes entre chaleur hu- subtile, riche par son propos, elle foi- multiples visages d’une Chine loin d’être maine et douches froides, grandeur et sonne de références cinématogra- uniforme, ainsi que la distance initia- décadence, humour inénarrable et cy- phiques, sociales, dont certaines échap- tique parcourue par les protagonistes nisme décapant. Mais une des clefs de No 198 du 27 février au 2 avril 2019 / Entrée: 7€ / La 1re séance: 4,50€ / Abonnement: 50€ les 10 places
LES ÉTERNELS Lundi 25 Mars, après la projection de 20h, moment d’échange entre vous, spectateurs, et une ou plusieurs membres de l’équipe d’Utopia décryptage réside dans le titre chinois : lequel bonté et vengeance, douceur et « Ernü » (fils et filles) de « Jianghu », lit- violence s’entremêlent, inextricables. téralement « rivières et lacs », n’évoque D’emblée tout nous fascine. D’emblée pas grand chose pour nous, mais fait on pressent que la vie du jeune couple référence pour les sinologues à un véri- ne sera pas un long fleuve tranquille. table concept séculaire. Le Jianghu dé- Les éternels, c’est peut-être justement signe, dans la littérature, une société hé- ce qu’ils ne sont pas. Mais ils en sont à téroclite parallèle à celle traditionnelle de cette étape d’une vie où on se tellement la Chine impériale. Il englobait autant les vivant et fort qu’on se croirait presque in- combattants, les chevaliers et moines er- vincible, même face à la mort. rants, les artistes… que les bandits, les Le temps attends son heure pour nous prostituées et j’en passe… Par exten- prouver l’inverse. Qiao et Bin n’auront sion, tous ceux qui vivent en marge, dé- jamais d’enfant. Ils vivront heureux, un fient l’ordre dominant, qu’ils soient mal temps, jusqu’à la fusillade. Ce jour-là, vus ou admirés, dans la plus généreuse Qiao n’écoute que son cœur pour dé- des ambivalences. Car, dans le fond, tout fendre son amoureux, arme au point. Elle est question de point de vue : Robin des le protégera jusque devant le tribunal, ju- bois, les résistants, les mutins… étaient rant son innocence. Cinq ans de taule… tout autant des criminels, des parias aux Cinq ans à attendre un geste en retour yeux des rois qu’ils étaient des héros aux de sa loyauté… À sa sortie, plus rien ne yeux des miséreux auxquels ils redistri- sera pareil, mais rien ne sera comme on buaient une part de butin, tout comme le le croit. De retournements de situation en font certaines mafias… coups du sort, il est impossible d’antici- per le scénario, qui compose en filigrane Quand Qiao rencontre Bin, elle est une la fresque d’une Chine en plein boulever- jeune fille sans vague, au regard pé- sement économique et idéologique au tillant et grave. Issue de la classe ou- début du xxie siècle. vrière du Xinjiang, elle porte à bout de bras son père mineur pas si vieux mais Entre l’intensité de jeu de Zhao Tao déjà usé. Bin n’est qu’un petit caïd de (Qiao), actrice fétiche et épouse du ré- la pègre locale, pur fruit de l’incontour- alisateur, la performance impeccable nable Jianghu. Deux mondes si lointains, de son partenaire Liao Fan, les images si proches. Alliance fulgurante entre la somptueuses concoctée par l’impres- glace et le feu, les eaux dormantes et sionnant Éric Gautier (directeur de la celles des rivières déchainées. Seule photographie), on ressort des Éternels femme au milieu de tous ces hommes, formidablement bousculés et émus. Si Qiao sait déjà s’en faire respecter tout seulement nos vies pouvaient être (allu- en vivant poliment dans l’ombre du sien. sion au titre « international » du film : Ash C’est un univers rude, aux principes mo- is purest white) aussi pures que la blan- raux exigeants mais paradoxaux, dans cheur des cendres des volcans…
MARIE STUART REINE D'ÉCOSSE (MARY QUEEN OF SCOTS) ra cessé durant presque cinq siècles le récit s’attache, exaltant, passionné. de fasciner les auteurs et c’est tout na- L’une et l’autre aux prises avec un alter Josie ROURKE turellement cette figure emblématique ego fantasmé, toutes deux accablées GB/USA 2018 2h05 VOSTF que choisit pour son premier film Josie par le poids de leur couronne, entourées avec Saoirse Ronan, Margot Robbie, Rourke, débutante au cinéma mais très de mâles qui n’ont d’autre désir que de Jack Lowden, Joe Alwyn, David connue et appréciée dans le monde du les détrôner. On s’empresserait bien vite Tennant, Guy Pearce… théâtre londonien. de les engrosser si on pouvait, histoire Scénario de Beau Willimon C’est que la personnalité de Marie et son de dominer leur ventre et la scène poli- et Alexandra Byrne, d’après parcours sont aussi atypiques que ro- tique, de les reléguer à des rôles de pan- le livre de John Guy II manesques, avant de la conduire à une tins, de femmes de paille, subalternes. fin tragique. En définitive, celle qui faillit Ni l’une ni l’autre ne sont dupes. Et s’il Voilà une nouvelle reine qui descend de devenir triplement reine finit, en quelque serait tentant de baisser la garde, de son piédestal, exhumée de nos livres sorte, par être triplement décapitée, tant se reposer un peu sur les épaules bien d’histoire pour apparaître plus complexe le bourreau qui tenait la hache était ivre. charpentées d’un homme, chacune à sa à l’écran, plus humaine et contempo- Mais ne commençons pas par le début manière résiste, cultivant son indépen- raine que ne la momifiaient nos leçons de la fin… dance. Même ténacité, même détermi- moult fois rabâchées. Décidément, les D’abord reine d’Écosse par la nais- nation, deux intelligences vives, deux cinéastes, ces temps derniers, prennent sance, puis de France par son mariage femmes d’une grâce inouïe, dressées un malin plaisir à farfouiller dans les ju- avec François II, Marie Stuart aspirera pour surplomber le monde. Chacune pons illustres du passé, dans ces desti- toute sa vie à devenir souveraine d’An- composant avec ses failles, camou- nées qui nous faisaient rêver petits avant gleterre, bien que la place soit occupée flant sa vulnérabilité. Élisabeth avec son qu’on découvre le revers de la médaille, par sa cousine Élisabeth 1ère, qui refu- ventre stérile qui l’empêche de conso- les têtes qui tombent, la violence sangui- sera de reconnaitre sa légitimité. Dans le lider sa dynastie. Marie avec avec ses naire des prétendants aux trônes, mais fond, les deux souveraines partagèrent élans du cœur mal maîtrisés, imprudente aussi la place de ces femmes tout autant toujours la même ambition qui les divi- jusqu’à prêter le flanc à ses détracteurs. souveraines que prisonnières de leurs sa : regrouper leurs deux pays. Aucune La douce rêveuse, qui se croyait capable cours. Après les récents L’Échange des n’étant prête à plier le genou devant de réunifier protestants et catholiques, princesses ou La Favorite – et dans un l’autre, une haine jalouse ne cessera de ira de Charybde en Scylla… tout autre genre –, c’est une Marie Stuart grandir entre ces deux femmes d’excep- Il fallait tout le talent de Saoirse Ronan comme on ne se l’imaginait guère que tion qui avaient sans doute tout pour se pour interpréter Marie Stuart et celui l’on découvre dans ce film à la fois spec- comprendre et s’aimer. Une haine attisée de Margot Robbie pour lui tenir tête. taculaire et subtil, fastueux dans sa re- par leurs entourages respectifs, prêts à Incandescentes, elles composent à constitution historique et intelligent dans toutes les trahisons pour étancher leur l’écran un duo indissociable, comme les son développement. Pourtant, le per- soif de pouvoir. Et c’est à ce duel par deux faces d’une même pièce, desti- sonnage de Marie 1ère d’Ecosse n’au- procuration entre les deux reines que nées à ne jamais se rencontrer.
C'est une excellente nouvelle, les jeunes se mobilisent pour le climat ! plus en plus dans leurs discours. Une À la suite du mouvement enclenché en Suède, puis suivi en Belgique, en procédure sans précédent, « L’Affaire Australie et en Suisse, des étudiants français ont fait leur première grève du siècle », a été engagée pour porter pour le climat le vendredi 15 février et le mouvement se répètera chaque plainte contre l’État pour inaction face semaine. Pour avoir des infos sur les lieux et horaires des RDV en France au dérèglement climatique. Elle est au- et plus particulièrement à Bordeaux, se renseigner sur les sites de ANV- jourd’hui soutenue par plus de deux millions de personnes. COP21 et Reporterre : anv-cop21.org/greve-des-jeunes-pour-le-climat/ Nous, collégien.ne.s, lycéen.ne.s et reporterre.net/Manifeste-de-la-jeunesse-pour-le-climat étudiant.e.s, avons notre mot à dire Infos également sur Démosphère Gironde ou Rue89. Texte de l'appel lancé face à l’inaction de la majorité de par 10 jeunes venant de 10 villes françaises différentes : nos aînés. C’est notre avenir qui est en jeu. Un appel a été lancé par la COLLÉGIEN.NE.S, LYCÉEN.NE.S, ÉTUDIANT.E.S, jeunesse à une grève internationale nous appelons à faire grève pour le climat le 15 mars pour le climat le vendredi 15 mars. Nous nous devons de répondre à cet Depuis des années notre planète vit temps d’éviter le pire et l’augmentation appel, car personne n’a envie d’étu- une crise sans précédent. La biodiver- de 3 à 4°C vers laquelle nous nous diri- dier ou de travailler pour un futur qui sité s’effondre, les catastrophes liées geons. Pour cela, nous devons collec- n’existera pas. Chacun peut partici- au climat sont de plus en plus nom- tivement impulser un changement per à son échelle, mais si les adultes breuses, des millions de personnes massif et sans précédent du fonc- ruinent nos espoirs par leur inaction, sont obligées de migrer vers d’autres tionnement de toute notre société. nos efforts auront été inutiles. Même le territoires et dans le même temps la Depuis les premières grèves de l’école regret sera impossible. température atteint - 48°C à Chicago en Suède, les jeunes de nombreux pays L’inaction nous mène vers la fin de et + 49°C en Australie… L’humanité se sont aussi mis en grève. De l’Europe l’humanité, agissons ensemble et met- court à sa perte. Depuis plus de 50 ans, à l’Australie en passant par les Etats- tons le climat au cœur des discus- les scientifiques alertent sur la catas- Unis, les mobilisations se mettent en sions. Contactons les Conseils de Vie trophe qui nous guette mais les puis- place. Récemment en Belgique et en Lycéenne et toutes les Commissions de sants de ce monde, pouvoirs publics et Suisse plus de 30 000 lycéen.ne.s se Développement Durable de nos établis- multinationales, continuent leur course sont réuni.e.s dans les rues en réponse sements et universités, organisons des à la croissance, agissant comme si à cet appel. Relevons le défi lancé débats, des conférences, des actions… l’urgence climatique ne les concernait par Greta Thunberg et lançons la Défendons notre avenir et soyons pas. Aujourd’hui nous assistons à ce mobilisation en France ! nombreux.ses à rejoindre cette mobi- qui s’annonce comme étant la sixième Dans l’Hexagone, les conséquences du lisation internationale pour envoyer un extinction de masse. dérèglement climatique ont été parti- message fort à nos dirigeant.e.s. « Puisque nos leaders se comportent culièrement visibles depuis cet été, et Construisons et exigeons une socié- comme des enfants, nous sommes suite à la démission de Nicolas Hulot, té plus respectueuse de l’Humanité obligés d’assumer la responsabilité la mobilisation pour le climat n’a ces- et de la seule planète dont elle dis- qu’ils auraient dû endosser il y a bien sé de grandir. Des mouvements ci- pose, organisons une mobilisation longtemps ». C’est ce qu’a déclaré toyens sont nés ou se sont développés, historique sur notre territoire pour Greta Thunberg, une jeune suédoise de et les climatologues s’engagent de ce vendredi 15 mars 2019 ! 16 ans qui, depuis le mois d’août der- nier, mène une grève de l’école chaque vendredi. Alors que l’école est censée lui permettre de préparer son avenir, Greta, qui est à l’origine du mouvement « Fridays For Future », nous interpelle sur le fait que son avenir est justement mis en péril par l’aggravation du dé- règlement climatique qu’on ne se donne pas les moyens d’empêcher. Les mots de Greta font écho aux der- niers rapports scientifiques, notam- ment celui du GIEC. Une hausse de la température de 1,5°C aurait déjà un impact terrible sur les conditions de vie de l’Humanité, mais il est encore
DEPUIS découv rix Utopia • P e rt PRIX e d es s p DÉCOUVERTE 2019 d’ ect ateurs MEDIAPART Film documentaire de Naruna KAPLAN DE MACEDO France 2018 1h40 avec, menée par Edwy Plenel et Fabrice Arfi, toute la rédac- tion de Mediapart, avec la participation plus ou moins volon- taire de François Fillon, Emmanuel Macron, Benoît Hamon, François Hollande, Jean-Luc Mélenchon… 2016. La campagne pour les élections présidentielles com- mence à se dessiner. Manuels Valls use et abuse du « 49.3 » pour faire passer sa « loi travail ». Place de la République, dans le prolongement des mobilisations contre, justement, cette « loi travail », les Nuits debout font émerger un militan- tisme d’un nouveau genre. L’affaire Baupin remue la vase dans le Landerneau politique. Les primaires se mettent en LE SILENCE place dans les différents partis. En plein questionnement politique, la documentariste Naruna Kaplan De Macedo pose ses valises et sa caméra dans la ré- daction de Mediapart – pour observer avec, pense-t-elle, un peu de hauteur, la période qui s’annonce. Indépendant, par- ticipatif, en phase avec son époque, Mediapart occupe une DES AUTRES place à part dans le paysage journalistique français contem- porain. « Pure player » (journal exclusivement internet), il est le point de départ idéal pour une réflexion sur la politique fran- çaise contemporaine et ses bouleversements. (EL SILENCIO DE OTROS) Film documentaire de Robert BAHAR et Almudena CARRACEDO Espagne 2018 1h35 VOSTF 1977. Deux ans après la mort de Franco, dans l’urgence de la transition démocratique, l’Espagne vote la loi d’amnistie gé- nérale qui libère les prisonniers politiques mais interdit égale- ment le jugement des crimes franquistes. Les exactions com- mises sous la dictature sont alors passées sous silence. Mais depuis quelques années, des citoyens espagnols res- capés du franquisme saisissent la justice en Argentine pour rompre ce « pacte de l’oubli » et faire condamner les cou- pables. Il a fallu en effet que ces citoyens espagnols aillent jusqu'à Buenos Aires pour obtenir que les tribunaux mettent enfin en branle une action qu'une partie de la société espa- gnole (et beaucoup d'hommes politiques) refuse encore d'ac- cepter, parce qu'ils ne veulent pas tourner leurs regards vers le passé. Hélas, que le sous-sol de l'Espagne soit encore plein de cadavres non-identifiés et de fosses communes, qu'il y ait encore des rues et places qui portent le nom de militaires fas- cistes et que soit encore en vigueur cette fameuse loi d'am- nistie de 1977 en dit sans doute long sur une nation qui est peut-être encore gouvernée par des complices silencieux de ces atrocités qui n'ont jamais été jugées, parce qu'elles ne sont pas considérées comme des crimes contre l'humanité. Naruna Kaplan De Macedo suit d’un œil attentif le quotidien Six années durant, dans un style direct et intimiste, les réali- de ceux qui travaillent dans la rédaction, ou qui y passent : sateurs suivent les victimes et survivants de la dictature es- journalistes, techniciens, avocats de la rédaction, invités. pagnole au fur et à mesure qu’ils organisent la dénommée Et raconte son quotidien : enquêtes, débats, bugs informa- « querella argentina », c’est-à-dire le procès qui réussira à tiques, événements historiques nationaux ou internationaux. faire comparaître en justice les tortionnaires du régime, et à Avec en toile de fond, l’actualité, qui rythme la vie du journal. faire ouvrir les fosses communes des Républicains… L’actu des campagnes électorales et de l’élection présiden- tielle de 2017, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a été Le film, produit par les frères Almodovar, montre, avec force riche en coups de théâtre et en rebondissements. et retenue, le courage des victimes qui se considèrent avant Ce portrait du journal est aussi en miroir celui de la France tout comme des résistants. Sans tomber dans une narra- ici et maintenant, à un moment décisif de son histoire. C’est tion journalistique, il donne la parole aux survivants qui té- ce travail, de réflexion et de journalisme, passionnant, que moignent avec lucidité, l’émotion prenant souvent le pas sur Naruna Kaplan De Macedo a observé et nous donne à voir la raison : ils persévèrent malgré les obstacles et le déni pour dans son film, afin que l’on sache à quoi ressemble la France que droit et justice soient enfin rendus. quand elle est vue depuis Mediapart.
PCA – Paysans et 25e COMMÉMORATION DU GÉNOCIDE Consommateurs Associés www.pca.nursit.com DES TUTSI AU RWANDA PCA est une amap, mais pas une DIMANCHE 7 AVRIL, à BORDEAUX et BÈGLES amap comme les autres. À PCA, pas besoin de s’inscrire ni de cotiser Un génocide a pour but la destruction d’un groupe humain, puis l’efface- ni de s’engager sur toute l’année, la commande est mensuelle et ment de ce dernier de la mémoire collective, enfin sa négation même. vous pouvez prendre autant de Ce crime nous concerne tous. Se souvenir ensemble, c’est empêcher l’ou- paniers de légumes que vous le bli, c’est s’opposer à l’idéologie génocidaire, c’est soutenir les survivants. souhaitez : un ou deux ou quatre, ou cinq… par mois. À PCA, la commande et le 11h – À Bordeaux : Rassemblement public sur le pont de pierre, en règlement sont mensuels. mémoire des victimes : Commandes et règlements se font le dernier mercredi du mois pour • Temps de recueillement et jet de fleurs dans la Garonne (rappelant les le mois suivant auprès de chaque producteur, et la livraison est innombrables corps des victimes du génocide, alors jetés par les génoci- hebdomadaire : le mercredi soir de daires dans les rivières au Rwanda) 19h à 20h30 au cinéma Utopia, salle de la cheminée. • Puis défilé jusqu’à l’Hôtel de ville À PCA, vous trouverez aussi : œufs, champignons de Paris, aromates, 16h à 23h – À Bègles : Rassemblement à l’Espace Jean Vautrin, autour tisanes, pains, fromage de chèvre, de l’oeuvre mémorielle de Bruce Clarke L’Homme debout (ex Chapelle divers légumes secs, farines, huiles (cameline, noix, tournesol…), sirop de Mussonville – rue Alexis Labro – Tram C Parc de Mussonville) : de sureau, vinaigre de framboise, miel et tous les produits de la ruche • Mélodies rwandaises : chanteuse Perrine Fifadji et mélodies indiennes (gâteaux, hydromel, pollen,…)… Et quand c’est possible : framboises, d’Amérique du Nord, lectures prises du livre témoignage L’Innommable par myrtilles, pommes, kiwis, des élèves du Lycée Saint-Genès de Bordeaux, poèmes figues fraîches. • Projection du documentaire Génocide au Rwanda : quel rôle a réellement Depuis décembre 2018, PCA a décidé d’élargir ses horizons, on y joué la France ? trouve aussi des agrumes cultivés • Échanges et partages en biodynamie en Italie (oranges, clémentines, citrons et pomelos). Et depuis février 2019 : des shiitakés En libre accès. Rejoignez-nous ! Événement organisé par l’association et pleurotes frais cultivés en Cauri, avec la participation des associations Survie-Gironde et MRAP 33 Gironde. Et un peu de viande. Le projet est d’apporter par vos commandes un soutien concret à une agriculture sans pesticides, Lors de sa première édition, en 2018, BIENVENUE - Mobilisation pour les ni engrais chimiques, ni OGM, qui se démarque des procédés de réfugiés a collecté près de 10 000 euros au profit d’SOS Méditerranée, productions de l’agro-industrie et l’ONG qui recueille les migrants naufragés au large de la Libye. Avec l’en- de montrer qu’il reste possible de semble des associations qui interviennent localement, l’engagement de s’approvisionner en produits de qualité grâce aux circuits courts. nombreux artistes et lieux culturels, nous avons pu mesurer l’importance de Nous vous attendons donc un de la mobilisation citoyenne sur une question qui interpelle notre humanité. ces mercredis pour rencontrer les producteurs et les autres Cette année BIENVENUE s’engage à nouveau du 4 au 16 avril, pour ré- consommateurs, découvrir notre affirmer l’urgente nécessité d’une réelle solidarité avec les plus démunis. système et voir si l’idée vous tente, vous convient. À bientôt. Inauguration le 5 avril en présence de Cédric Herrou. + d’info sur Facebook, Twitter & Démosphère // lecollectifbienvenue@gmail.com
SOIRÉE-DÉBAT Lundi 4 MARS à 20h30 ET SI PÉDALER NOUS RENDAIT SIMPLEMENT HEUREUX ? organisée par l'association Vélo-Cité Projection du film WHY WE CYCLE suivie d'un débat avec Danielle Cassagne, ancienne présidente de Vélo-Cité, experte en aménagement, un représentant de Bordeaux Métropole et une pratiquante assidue du vélo. Tarif unique : 4,50 euros – Achetez votre place à l'avance, à partir du Samedi 23 Février. WHY WE CYCLE SOIRÉE-DÉBAT Vendredi 1er MARS à 20h30 : LE RÔLE DES FEMMES DANS LA LUTTE CONTRE LE VIH / SIDA) organisée par AIDES Gironde et Cineffable Hors les murs (Cineffable pilote le Festival International du film lesbien et féministe de Paris) Projection du film NOTHING WITHOUT US suivie d'un dé- bat avec Christiane Milien et Patricia Girardi, associa- tion AIDES, et Tym Sow et Olia Taleb-Cherif, Cineffable. Achetez vos places à l'avance, à partir du Samedi 23 Février NOTHING WITHOUT US THE WOMEN WHO WILL END AIDS Film documentaire Film documentaire de faire du vélo dans leur vieil âge pour res- de Harriet HIRSHORN Arne GIELEN et Gertjan HULSTER ter en bonne santé. Nous les voyons dans USA 2017 1h07 VOSTF Pays-Bas 2017 56 mn VOSTF toutes sortes de régions, dans plusieurs Écrit par Hilary Brougher villes des Pays-Bas, de jour comme de Pourquoi roulons-nous à vélo ? Pour les nuit et par mauvais temps également. Ce documentaire unique retrace Néerlandais, le vélo est aussi naturel que Parce que les cyclistes sont ouverts à les contributions inestimables des la respiration. On n'y pense pas, on le leur environnement et aux autres cy- femmes d'hier et d'aujourd'hui dans fait, c'est tout. A travers le film Why we clistes, la vie urbaine a tendance à être la lutte contre le SIDA. Des mili- cycle, des habitants et des spécialistes plus ouverte et les règles de circulation tantes, scientifiques et universitaires de différentes disciplines explorent les sont moins strictes. La confiance entre ont mis en lumière le fait que le SIDA effets du vélo sur eux-mêmes et sur la les gens s'accroît au fur et à mesure n'était pas uniquement une mala- société, révélant des bienfaits insoup- qu'ils pédalent. Le vélo permet aussi aux die d'homme, blanc, homosexuel. çonnés. enfants d'être heureux et libres d'aller où Leurs actions aux États-Unis et en bon leur semble. Afrique ont permis aux femmes ma- Dans Why we cycle, nous voyons des lades du SIDA d'être enfin considé- gens de tous âges. Nous voyons des en- Why we cycle montre sous de nombreux rées et d'avoir droit aux traitements. fants faire leurs premières balades seuls, angles différents pourquoi l'usage du vé- Un combat qui va des centres de dé- nous voyons des adolescents aller au ly- lo est si populaire aux Pays-Bas. Parler pistage des ghettos en Louisiane à cée, nous rencontrons des gens qui uti- des raisons pour lesquelles nous faisons la première clinique VIH au Burundi. lisent leur vélo pour se rendre au travail du vélo nous amène à embrasser des Un hommage à toutes les femmes – et qui se déplacent à vélo dans le cadre questions plus vastes, à l'échelle de la qui ont contribué et continuent à se de leur travail – et nous voyons des gens société. battre pour éradiquer cette maladie.
Saison culturelle Bègles 18 — 19 Lundi 11 MARS à 20h15, LES RENCONTRES DU TnBA en écho à la création du spectacle YSTÉRIA. Texte, mise en scène et scénogra- phie Gérard Watkins. Projection de AUGUSTINE, d'Alice Winocour © Richard Haughton / Design graphique : Guillaume Ruiz suivie d'une rencontre avec l'équipe artistique du spectacle. Achetez vos places à l'avance, à partir du Vendredi 1er Mars. AUGUSTINE deur ni précaution. Augustine arrive chez Charcot suite à une crise de convulsions qui lui a fait perdre la sensibilité d'une moitié de son corps. Elle devient vite un cas d’école, l’illustration vivante des théories que le professeur Écrit et réalisé par Alice WINOCOUR élabore et qu’il souhaite très prochaine- France 2012 1h 42 ment présenter auprès de l’Académie de avec Vincent Lindon, Stéphanie médecine, afin de financer son travail. Sokolinski (Soko), Chiara Mastroianni, Augustine, qui ne sait ni lire ni écrire, fait Olivier Rabourdin… pourtant preuve d’une grande lucidité sur la fascination qu’elle exerce sur Charcot, Dans ton cœur Nous sommes en 1885, à Paris. A l'hôpi- elle va se prendre au jeu de cette relation tal de la Salpêtrière, la bourgeoisie bien patient/malade où se mêlent l’attirance née se presse pour assister aux spec- inavouable de deux corps, l’attachement taculaires présentations des « hysté- affectif d’une naufragée à son sauveur, Compagnie Akoreacro riques » du Professeur Charcot. Souvent le délicieux avilissement de la servante issues des milieux les plus pauvres, les à son maître, un Charcot naturellement malades forment autour du maître un autoritaire, érudit passionné par sa spé- drôle de troupeau un peu hagard, errant cialité, qui pose les bases sur lesquelles dans les couloirs sans fin d’une bâtisse Sigmund Freud bâtira ses théories psy- 29 - 30 mars 20 h 30 et 31 mars 16 h qui a tout d’une prison. chanalytiques. sous chapiteau, Des corps malmenés, quelquefois pa- Sans tomber dans le piège d’une illus- Esplanade des Terres Neuves ralysés, parfois même insensibles à la tration trop didactique, de la reconstitu- mairie-begles.fr @Villedebegles douleur, au froid, au chaud, elles sont tion amidonnée, Alice Winocour parvient l’illustration dérangeante d’une maladie à montrer l’incroyable ébullition d’une 05 56 49 95 95 @beglesculture nouvelle : l’hystérie… Un mal au féminin époque qui voit la naissance du cinéma qui jadis menait tout droit au bûcher mais et de la psychanalyse, tout en demeurant qu’en cette fin du 19ème siècle seuls les indécrottablement misogyne, paterna- hommes examinent, auscultent sans pu- liste et conservatrice.
PASSAGERS DU RÉEL, 3e édition - Festival du film documentaire à Bordeaux, du 6 au 9 Mars Festival organisé par l'association La Troisième Porte à Gauche (avec le soutien de la cinémathèque du docu- mentaire, du département de la Gironde, de la Bibliothèque municipale de Bordeaux, de l’ALCA et du labora- toire Passages ; en collaboration avec le festival international Jean Rouch, , le Rectorat de Bordeaux, la Halle des Douves le master documentaire et archives, le master innovation territoriale et expérimentation, la licence d'an- thropologie). Le programme complet est disponible au cinéma et sur www.troisiemeporteagauche.com JE VOIS ROUGE En première partie, en présence de la réalisatrice TROIS COURTS DE PAULINE HOROVITZ Polanski et mon père (France, 2009, 8mn) Les Toilettes sèches (France, 2009, 4 mn) L'Instinct de conservation (France, 2009, 4 mn) Pour Pauline Horovitz, le film de famille est une sorte de prétexte pour nous plonger dans la fabrique des normes so- ciales et saisir comment nos proches vé- hiculent les valeurs qu’ils cherchent à in- culquer. Vendredi 8 Mars à 20h45, tarif unique 4,50 euros, en présence de la réalisatrice UNE POSTE À LA COURNEUVE Dominique CABRERA France 1994 55 mn Une poste à La Courneuve n’est sans doute pas le film le plus connu de Dominique Cabrera et pourtant, ce do- cumentaire qui fait écho à une question sociale toujours d’actualité est magis- LE PROGRAMME À UTOPIA avec eux le rapport au temps qui passe. tral. Positionnant sa caméra à la juste 7 p., cuis., s. de b.,… à saisir (1984, 27mn) : un hospice mis en vente, les distance, jamais dans le voyeurisme, Mercredi 6 Mars à 20h15, souvenirs des vieillards, ceux aussi de la jamais menaçante et intrusive, la réali- Séance inaugurale (pour cette satrice accompagne, recueille la parole famille et du personnel qui l’ont habité. À que l’on veut bien lui donner. La caméra soirée, achetez vos places à l'avance, cette enquête sur le passé se mêlent les n’est pas cachée, au contraire l’équipe à partir du Dimanche 24 Février) rêveries surréalistes de la cinéaste. de tournage occupe l’espace exigu d’un en présence de Louis Seguin, des bureau de poste de La Courneuve. Dans Cahiers du Cinéma. Performance Jeudi 7 Mars à 20h30, avant- un huis-clos plein de discrétion, nous première avec le soutien de l'ALCA suivons les touchantes interactions entre par l'artiste Audrey Saffré habitants précaires de La Courneuve et en présence de la réalisatrice postiers. Et si, de part et d’autre de la QUATRE COURTS MÉTRAGES JE VOIS ROUGE vitre du guichet, le poids de la situation ne se pose pas de la même manière, une D'AGNÈS VARDA Bojina PANAYOTOVA France/Bulgarie 2018 1h23 VOSTF humanité commune est partagée. Durée totale : 1h27 Auteure accompagnée par l'ALCA Opéra Mouffe (1958, 16 mn, noir & Nouvelle-Aquitaine, ayant bénéficié d'un blanc) : Journal intime d’une femme en- soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine. ceinte qui partage ses sensations sur la misère des gueules abîmées qu’elle Je vois rouge nous plonge dans une en- croise rue Mouffetard. quête familiale. C’est sur le registre du Oncle Yanco (1967, 22 mn) : Varda en- film d’espionnage que la réalisatrice quête sur les origines de sa famille et nous conduit en Bulgarie pour com- dresse le portrait de son oncle d’Amé- prendre les liens que des membres de rique qui, quand il ne peint pas des villes sa famille auraient entretenus avec la imaginées, participe à la vie bouillon- police politique durant la période com- nante de son quartier. muniste. Ulysse (1982, 22 mn) : prenant pour Mais comment mener une telle enquête point de départ une photographie prise sans prendre le risque de détricoter les en 1954, Varda interroge trente ans plus liens familiaux et la complexité de la si- tard les protagonistes de cette photo et tuation socio-politique de l’époque ? 7 p., cuis., s. de b.,… à saisir
Mardi 19 MARS à 20h15, CINÉMARGES CLUB #23 PROJECTION UNIQUE en présence du réalisateur, Dominique Choisy MA VIE AVEC JAMES DEAN Écrit et réalisé par Dominique CHOISY Choisy, réalisateur rare, continue de France 2018 1h48 creuser son sillon singulier dans le ciné- avec Johnny Rasse, Mickaël Pelissier, ma français. Un drame étrange et beau, Nathalie Richard, Juliette Damiens, un conte cruel et farfelu, et maintenant Bertrand Belin… une fable joyeuse et libre… On pense Musique de Bertrand Belin à Truffaut, à Rozier, à Demy aussi… Tout cela est vivant, débridé, surprenant, Ce serait un inventaire à la Prévert, avec comme un coq-à-l’âne dont le fil rouge les mouettes en guise de ratons laveurs. serait le désir. On dort beaucoup dans les Il y aurait Le Tréport, son unique cinéma films de Dominique Choisy, et le rêve for- niché au fin fond de son casino, ses fa- cément s’insinue, prend part au récit, le laises vertigineuses, ses rues désertes, détourne et l’emporte. L’imaginaire est ici ses chambres d’hôtel rococo… Il y au- pleinement au pouvoir ; l’ami imaginaire rait un réalisateur timide venu présen- au sens où l’imaginaire, oui, est notre ter son premier film, « exigeant » ou « un ami ! Chaque fois que le film distille une peu spécial » selon les avis. Et puis un mélancolie assumée, la comédie surgit, projectionniste chevelu, captivé et entre- devient burlesque, romantique et même prenant ; une responsable de salle pas- musicale… sionnée, mais bouleversée par une rup- Il y a dans Ma vie avec James Dean un ture ; une employée d’hôtel aspirante élan généreux et bienveillant envers actrice ; une spectatrice qui serait aus- des personnages dont les aspirations si une mère ; un marin-pêcheur bourru ; se révèlent, se réveillent, au contact de un jeune migrant aux allures de prince Géraud Champreux, réalisateur désabu- des Mille et Une Nuits qui passe par ici sé arrivé au bout de ses désirs. À deux et repasse par là… Et puis James Dean, on est plus fort, et à plusieurs, alors… Le l’ami imaginaire… rappeler sur le mode d’une fable inso- lente ou d’un rêve éveillé, bigarré et sau- Après Confort moderne (2000) et Les grenu, est une bien belle idée de cinéma. Fraises des bois (2012), Dominique (I. Danel, bande-a-part.fr)
LA CHUTE DE L'EMPIRE AMÉRICAIN Écrit et réalisé par Denys ARCAND faisant l’autruche qu’on apprend à voler ! colis pour trois dollars six cents, Pierre- Québec 2018 2h09 Alors mes biens chers sœurs, mes bien Paul se retrouve à la tête d’un jackpot avec Alexandre Landry, chères frères, rigolons ensemble ! Ça au incroyable qui va tournebouler sa vie et Maripier Morin, Louis Morissette, moins, on ne peut pas nous le retirer. pas que la sienne ! Mais chut ! On ne va Rémy Girard, Pierre Curzy… Pierre-Paul est un spécimen en voie pas tout vous dire, n’est-ce pas ? Voilà de disparition, un idéaliste de première en tout cas notre olibrius dans une si- Nous faire pouffer de rire sur ce monde dans une époque décadente. Il a des tuation inextricable qu’il ne peut ré- désespérant ! C’est une fois de plus le airs de troglodyte mal luné malgré son soudre seul. Dès lors il devra entraîner pari réussi par Denys Arcand. Le constat jeune âge. C’est pourtant une tronche, dans son son sillage de drôles de zigo- est tout aussi sévère que dans les pré- ce gars-là. Des années d’études bril- tos : une prostituée de luxe, un gangs- cédents films de la trilogie officieuse en- lantes pour obtenir un doctorat en philo- ter sur le retour, un avocat d’affaires, un tamée avec Le Déclin de l’empire amé- sophie et le voici enfin devenu… chauf- kiné asiatique, un voleur à la tire noir et, ricain (1986) et Les Invasions barbares feur livreur ! Le même alphabet qui lui tant qu’on y est, sa désormais « ex », (2003). S’il n’est nul besoin d’avoir vu les permettait de lire Marx, Épicure, Aristote la banquière. Tout un aréopage impro- deux premiers pour apprécier ce nouvel ou Racine… ne lui sert plus qu’à rentrer bable, des bras cassés unis pour réussir opus, les spectateurs qui les connaissent des adresses sur son GPS. On serait ai- le coup du siècle ! Tandis que la police, retrouveront la même veine narquoise gri à moins… Quant à ses amours, elles rongeant son frein, lui colle aux fesses, sous une forme entièrement renouvelée, battent de l’aile. Sa copine bosse dans Pierre-Paul louvoie entre ses activités qui pioche dans le registre de la comé- une banque, ce qui fait d’elle une col- salariées et bénévoles pour l’équivalent die et du film noir pour en illustrer le pro- labo, une social-traitre. Bon, Pierre-Paul québecois des « compagnons d’Em- pos de façon toujours plus percutante et est poli et cultivé, il le lui dit donc de fa- maüs ». L’occasion de faire un arrêt dynamique. Un film somme, où l’on re- çon plus élaborée, mais non moins bles- image sur ces beaux portraits de SDF, trouve les thèmes de prédilection du ré- sante… Et son amoureuse de lui deman- femmes, hommes, natifs d’ici ou d’ail- alisateur et son sens du dialogue mis au der à juste titre : m’aimes-tu donc ? Et leurs. Notre damoiseau a le cœur aus- service de ce qu’il sait faire de mieux : lui de ne savoir que répondre. Y’a pas si grand que tous ceux qui luttent avec s’en prendre au système. mieux pour briser une relation pourtant ou sans culottes, avec gilets jaunes ou sincère. sans chemises. Un cœur plus généreux L’empire américain décidément dégrin- Sur ces entrefaites, un événement vient que les possédants, les dirigeants… gole de haut. Bien mal avisés sont ceux bousculer le cours des choses et l’em- Dans le fond, l’injustice et la misère se- qui continuent de penser « Jusqu’ici tout pêcher irrémédiablement de retrouver ront toujours plus puantes que l’odeur va bien » alors qu’il les entraîne avec lui ses esprits. Une manne inespérée va de l’argent sale, nous dit cette parabole dans sa course folle et que le sol se rap- lui tomber du ciel, ou plutôt d’un ca- contemporaine grinçante, haute en cy- proche inexorablement ! Ce n’est pas en mion : alors qu’il doit livrer un stupide nisme, mais fichtrement drôle.
SORRY TO BOTHER YOU Écrit et réalisé par Boots RILEY fades, de camouflets, Cassius parvient de la Silicon Valley, celui des Steve Jobs USA 2018 1h51 VOSTF à maitriser l'insaisissable accent : et ça et des Jeff Bezos, aussi philantropes avec Lakeith Stanfield, Tessa marche ! Devenu rapidement la coque- dans leurs déclarations qu'impitoyables Thompson, Jermaine Fowler, Omari luche de ses maîtres, il décroche la tim- businessmen dès qu'il s'agit de dé- Hardwick, Danny Glover, Armie bale et monte dans les étages réservés fendre leur pré carré face aux revendica- Hammer, Steven Yeun… aux supervendeurs, oubliant au pas- tions de leurs employés. sage ses collègues d'infortunes, qui A travers la galerie de personnages qui Cassius Green est un battant. Avec un se battent pour des conditions de tra- se débattent dans des situations de plus prénom de boxeur pareil, rien d'éton- vail décentes. Peu lui importe au fond, en plus abracadabrantesques, Riley nant. Sauf qu' à l'exception de sa petite puisque il concrétise enfin le rêve améri- brosse le portrait de cette communau- amie Detroit, il est le seul à le croire. Il cain, celui du self-made man. té noire d'Oakland tiraillée entre solida- faut dire qu'être obligé de vivre dans un Sauf que le rêve va rapidement tour- rité et fuite en avant. Si Cassius se perd garage que lui loue son oncle ne l'aide ner au cauchemar pour Cassius, quand dans ses illusions de grandeur, Detroit pas beaucoup à cultiver son image de il va comprendre dans quel enfer son incarne la lutte farouche que mènent winner. Aussi, quand son pote Sal lui égoisme l'a précipité. les afro-américain.e.s pour la recon- propose de le pistonner pour intégrer naissance de leurs droits, « par tous les la boite de telemarketing RegalView, il y Si ce résumé vous parait aussi énigma- moyens nécessaires » pour paraphraser voit le marchepied qui va le mener vers tique que lourd dans ses répétitions, Malcolm X. la gloire. rassurez-vous, c'est à dessein, tant l'in- vraisemblable conte moderne concocté Mais que le paragraphe précédent ne Sauf que (il va y avoir beaucoup de sauf par le magicien des platines Boots Riley vous égare pas : si Sorry to bother you que dans ce film donc dans ce texte), (leader du groupe de rap-funck engagé est incontestablement un film engagé, pour exceller dans le telemarketing, en The Coup) pourrait se dérouler comme c'est avant tout une comédie loufoque plus de remiser ses scrupules au pla- un flow scandé par le gimmick « sauf qui pousse très très loin la suspension card pour se convaincre qu'il est de bon que… » ; on croit partir sur une comédie de l'incrédulité, filant la métaphore de commerce de vendre des meringues à sociale à la Ken Loach, et paf, sans pré- l'aliénation par le travail jusque dans ses un diabétique, il faut avoir la « bonne venir on se retrouve dans un film d'agit- retranchements les plus absurdes. voix ». Et à Oakland comme dans le prop' matiné de réalisme magique, tirant Mélange improbable entre l'humour du reste de l'Amérique, la bonne voix, c'est à boulets rouges sur l'arrivisme érigé Satursday Night Live et celui des Monty une voix « blanche ». Et si vous avez as- en valeur morale, l'esclavage moderne, Python, Sorry to bother you vous em- sez d'esprit de déduction pour deviner les relations de classe dans une socié- barque dans un Grand-huit anarcho-si- d'où et de qui vient son prénom, vous té américaine gangrénée par la haine tuationniste dont vous sortirez secoué, avez déjà compris que Cassius ne cor- raciale et la violence des rapports de hilare, et avec une seule idée en tête : respond pas exactement au profil. domination, la bêtise des médias de di- faire la révolution au son des Boom- Sauf que, à force d'échecs, de rebuf- vertissement, et ce nouveau capitalisme box !
LES CINÉCONFÉRENCES MOLLAT-UTOPIA par Trudy BOLTER, professeur émérite Sciences-Po Bordeaux, spécialiste du cinéma anglo-saxon. Lundi 18 Mars à 20h : présentation de GREEN BOOK à Utopia. Mardi 19 Mars à 18h : conférence au Studio Ausone – librairie Mollat. GREEN BOOK fierté culturelle intangible. Il engage donc Tony Lip comme chauffeur – garde du corps, comptant sur son aplomb, son flegme et son physique d’armoire à glace pour aplanir les difficultés de son périple pianistique. Dont les étapes se- ront organisées grâce au fameux Green Book… Peter FARRELLY sonance toute particulière), Green book USA 2018 2h10 VOSTF est basé sur le ressort classique du duo Comme dans tous les films reposant sur avec Viggo Mortensen, Mahershala Ali, composé de deux individus que tout un duo a priori mal assorti, pas de sur- Linda Cardellini, Sebastian Maniscalco… oppose. Don Shirley est un célèbre pia- prise, les deux finiront par faire la paire. Scénario de Nick Vallelonga, Brian niste, coqueluche des milieux musicaux Mais en même temps, comme dans tout Hayes Currie et Peter Farrelly des grandes villes du Nord des USA, road-movie, c’est moins l’arrivée que le cultivé, distingué, la réussite et la classe chemin qui compte. Et celui-ci est gran- Un mot d’abord sur le « Green book » du faites homme. Et accessoirement il est diose. Tant dans l’écriture (pluie de dia- titre. C’était en fait une sorte de guide noir. Tony « Lip » Vallelonga est un Italien logues qui font mouche, gags à double touristique, dont le titre complet était : du Bronx travaillant comme « maître ou triple détente) que dans la mise en « The Negro Motorist Green Book ». Un d’hôtel », autrement dit comme videur, scène (d’une élégance et d’une préci- guide destiné aux voyageurs afro-amé- comme gros bras, dans un club en sion dix coudées au dessus du tout-ve- ricains, dans lequel ils pouvaient trouver vogue de New York. Il est plutôt rustre nant télévisuel dans lequel se complait les hôtels et les restaurants qui accep- pour ne pas dire bourrin, passablement trop souvent la comédie américaine), taient de les accueillir, les hôtels et les grossier, et accessoirement enclin au ra- tant dans le jeu des acteurs (Viggo restaurants qui ne leur fermeraient pas la cisme le plus basique. Les clichés ha- Mortensen, hilarant en ragazzo scorse- porte au nez à la seule vue de leur cou- bituels sont donc ici inversés : c’est le sien ; Mahershala Ali, délicieusement leur de peau, les hôtels et les restaurants Noir qui est le représentant de la bonne distingué, aux antipodes de son rôle dans lesquels ils ne seraient pas maltrai- société, c’est le Blanc qui personnifie dans Moonlight) que dans le propos. tés, molestés, humiliés. Ce n’était pas à l’Amérique d’en bas. Peu de films récents ont abordé avec l’époque de Cro-magnon, c’était au dé- une telle finesse les liens entre race et but des années soixante dans ce grand Lorsque Don Shirley entame une tour- classe aux Etats-Unis, balayant les sys- pays phare du monde libre qu’étaient les née dans le Sud des Etats-Unis, il sait tèmes d’identification faciles et factices, Etats Unis d’Amérique. Terrible ! parfaitement qu’il n’est pas préparé à tout en préservant une véritable com- affronter les préjugés et l’hostilité d’une plexité à chaque personnage. Bref, une Inspiré d’une histoire vraie (ce qui lui région où le racisme anti-Noirs se porte grande comédie humaniste et politique. donne, il faut bien le reconnaître, une ré- naturellement comme l’étendard d’une (merci à J. Goldberg, Les Inrockuptibles)
WARDI Beyrouth. Dans cet enchevêtrement im- condamné depuis des décennies à vivre probable et périlleux de taudis devenus au Liban sans papiers, sans droits face à des immeubles toujours plus hauts, la une population qui parfois le rejette mal- fillette, malgré les conditions de vie pré- gré leur histoire commune. caires, s'accroche à l'espoir d'un ave- Le réalisateur norvégien s'est directe- nir meilleur tout en prenant soin de son ment inspiré de l'histoire de sa mère, Film d'animation de Mats GRORUD grand-père Sidi qu'elle aime infiniment. employée d'une ONG qui travailla dès Supervision de l'animation : Le vieux monsieur vit dans la nostal- les années 80 au cœur de ces camps Hefang WEI et Pierre-Luc GRANJON gie de son village de Galilée dont les de réfugiés. Son fils a suivi ses traces, France/Norvège/Suède 2018 1h17 Israéliens l'ont expulsé 60 ans aupara- est venu plusieurs fois sur place, jusqu'à Version Française vant et il compte bien y revenir un jour : imaginer cette superbe histoire nourrie il a toujours gardé, attachée à son cou, du destin des hommes, femmes et en- POUR LES ENFANTS la clef de sa maison, comme un trésor, fants qu'il a pu rencontrer. Le film utilise À PARTIR DE 8 ANS comme la trace d'une histoire pas tout pour le récit contemporain les marion- à fait perdue. nettes conçues et animées dans les stu- Une vraie merveille de film d'animation. Mais voilà, Sidi sent que sa fin est dios français de Folimage à Valence et Aussi réussie dans un tout autre genre proche, et c'est le moment de pas- le dessin animé pour raconter en flash- que le mémorable Ma vie de Courgette, ser à sa si chère petite-fille la fameuse back l'histoire des parents et grands-pa- avec lequel Wardi partage ce talent rare clé, et lui transmettre ainsi l'histoire tra- rents de Wardi victimes de la Nakba, la et précieux de mettre à la portée des en- gique d'un peuple et d'une résistance. grande catastrophe qui, en 1948, pous- fants des sujets graves et complexes, Une résistance que porte aussi en lui sa 700 à 800 000 Palestiniens sur les sans niaiserie, sans mièvrerie, avec au « Pigeon », un voisin et oncle un peu fou, routes de l'exil au moment de la création contraire une intelligence, un tact, une perché au sommet du camp, qui élève de l'état d'Israël… sensibilité qui font mouche. Et en plus des pigeons et qui reste marqué par les les dessins, les marionnettes et l'anima- années de guerre contre l'occupant is- Mais à la fin du film, lumineux comme tion sont de toute beauté. raélien, quand son peuple tenta de se le ciel de Palestine, on se dit, malgré le fédérer dans les années 70/80. destin tragique du peuple palestinien, Wardi est une petite fille de 11 ans au que le pouvoir de résilience et la force destin un peu plus compliqué que ce- Wardi est avant tout le magnifique por- de vie des enfants seront toujours les lui de la plupart de nos chérubins occi- trait d'une enfant qui tente de se dé- plus forts. On reste épatés que cette dentaux. Wardi est une réfugiée pales- patouiller avec la Grande Histoire des petite créature de quelques dizaines de tinienne dont la famille vit depuis 1948 hommes et de faire face au destin centimètres ait pu nous emporter dans dans le camp de Burj El Barajneh, à semble-t-il immuable de son peuple, un tel tourbillon d'émotions.
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