LA COMMUNION - Cinéma Utopia
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a garanti sans 3D Ciném MANUTENTION : Cour Maria Casarès / REPUBLIQUE : 5, rue Figuière 84000 AVIGNON / Tél : 04 90 82 65 36 / www.cinemas-utopia.org LA COMMUNION (CORPUS CHRISTI) suivie chez nous, reste extraordinaire- brée au xviiie siècle par les envahisseurs ment populaire en Pologne et donne russes, allemands et autrichiens. Tout Jan KOMASA lieu à des processions tellement colo- un symbole, d’autant que sous l’occu- Pologne 2019 1h58 VOSTF rées qu’elles prennent des allures de pation soviétique, les membres du par- avec Bartosz Bielenia, Eliza Rycembel, carnavals païens, attirant autant de ti au pouvoir se retrouvaient bannis s’ils Aleksandra Konieczna, Tomasz Zietek… spectateurs que de processionnaires. prenaient part à ce genre de célébration. Scénario de Mateusz Pacewicz Festivités encore plus incontournables Après trois Pater et deux Ave, on par- que Noël chez nous, que l’on soit pra- donnera donc aux traducteurs de ne pas Il y a dans le titre original de ce film polo- tiquant ou simple dilettante. Certains avoir su restituer dans d’autres idiomes nais emballant une part d’ironie joyeuse vous diront même que cette Fête-Dieu a ce titre clin d’œil chargé d’allusions à intraduisible en français. Littéralement joué un rôle fondamental dans la protec- l’Histoire d’une Nation et qui laisse pré- « Boże Ciało » signifie « la Fête-Dieu », tion de l’identité nationale de la Pologne sager une dénonciation sociale tout une fête qui, si elle n’est plus tellement quand cette dernière a été démem- aussi cinglante que vivifiante. N°402 du 4 mars au 7 avril 2020 / Entrée : 7€ / le midi : 4,50€ / Abonnement : 50€ les dix places
LA COMMUNION ENSEIGNANTES, ENSEIGNANTS ! Vous pouvez réserver des séances scolaires en matinée (3,5 euros par élève) au 04 90 82 65 36. Sur cette gazette, nous vous proposons : Écoles maternelles : L’Équipe de secours, en route pour l’aventure !, Les Petits contes de la nuit Écoles primaires : Bayala, la magie des dragons Bébert et l’omnibus, La Fameuse invasion des ours en Sicile Pour se retrouver enlisé au fin fond d’une Mais les voies du Seigneur sont décidé- impasse, il suffit parfois de quelques ment impénétrables et presque par ac- mauvais virages. Combien en prit Daniel cident, pour avoir joué les fanfarons au et de quelle nature, pour se retrouver à hasard d’une rencontre, Daniel va tout vingt ans ainsi stigmatisé ? Là n’est pas de même se retrouver à la tête d’une mi- l’essentiel de l’histoire qui débute dans la nuscule paroisse à l’esprit étriqué. Quel lumière ascétique et bleutée d’un centre drôle de curé il fait, planquant sous la Collèges : de détention pour mineurs. Alors que ses soutane ses tatouages et sa sourde vio- Petit Pays compagnons de galère aux gros bras lence ! Et ma foi, les villageois, d’abord semblent incorrigibles, notre grand esco- méfiants, vont se faire aux manières aty- De Gaulle griffe, au beau regard d’un gris intense, piques, aux grands effets de manche dé- joue les enfants de chœur au sens litté- gingandés de celui qui se prend désor- ral du terme. Dès que sonne l’heure de mais pour leur bon berger et leur sert des Lycées : la messe, le voilà qui s’empresse, mal- sermons loin d’être préformatés… Elephant man gré les quolibets, serviteur zélé de Dieu et du père Tomasz, buvant chacune de On ne racontera pas le clou de l’his- Adolescentes ses paroles jusqu’à la lie, s’imprégnant toire, fut-il celui d’une croix. Ce Corpus Le Capital au xxie siècle de ses moindres gestes. Un mysticisme Christi (titre international du film) nous fe- tellement fiévreux qu’il parait presque ra passer intelligemment du fou rire aux Les Misérables suspect. Est-il le fruit d’une foi profonde frissons. L’affaire a beau être déjantée, Radioactive ou une tentative de fuir la dure réalité elle n’en est pas moins subtile et on fi- d’un avenir bouché ? Toujours est-il que nira par se demander si, après tout, ce Daniel se raccrochera au rêve de deve- mauvais garçon désordonné, en manque Si vous avez des demandes nir à son tour membre du clergé. Le voilà de repères, en manque de tendresse, prêt à rentrer dans les ordres, à renoncer n’est pas plus inspiré que beaucoup de particulières, n’hésitez pas à Satan, à sa vie turbulente. Mais la sen- prêtres ordonnés, malgré ses pratiques à nous en parler ! tence du père Tomasz sera sans appel peu catholiques. : jamais aucun séminaire n’acceptera un La mise en scène est somptueuse, jouant élève avec un tel casier judiciaire ! Que ce sur des couleurs glaçantes ou cha- soit une véritable vocation ou une piètre leureuses, au scalpel ou cotonneuses Et si vous souhaitez recevoir tentative d’échapper à sa condition, ce- comme si l’on se balançait entre mi- à chaque gazette une la n’en sera pas moins un véritable cou- rage et réalité. Mais celui qui irradie, qui peret qui tranchera la tête de l’espoir du transperce véritablement l’écran, c’est le sélection de films pour les jeune homme. L’administration ne lui jeune acteur principal, Bartosz Bielenia. collèges et lycées, vous laissera pas le choix, le collant dans un De tous les plans, il restitue avec préci- bus, destination une scierie au fin fond sion cette humanité sauvage et perdue pouvez nous écrire à : du pays, pour qu’il devienne menuisier… en quête d’un sens inaccessible. utopia.scolaire@gmail.com
La Bonne Épouse Martin PROVOST France 2019 1h49 avec Juliette Binoche, Yolande Moreau, Noémie Lvovsky, Édouard Baer, François Berléand, Lily Taïeb, Anamaria Vartolomei… Scénario de Martin Provost et Séverine Werba Féministe, Martin Provost ? De film en aiguille, il défend en tout cas la cause féminine avec panache et simplicité, sans forfanterie ni emphase : Le Ventre de Juliette, Séraphine, Où va la nuit, Violette, Sage femme… il aura offert aux plus grandes actrices françaises des rôles magnifiques, de très beaux per- sonnages à incarner. Il a l’art de magni- fier les parcours singuliers et exaltants des héroïnes de l’ombre, des égéries inconnues, résistantes par besoin vis- céral, vital. La Bonne épouse, film plus choral (dans tous les sens du terme, comme vous l'entendrez in fine) est de la même trempe ! Il ne laisse aucune de ses protagonistes à la traîne, même les plus secondaires. C’est un véritable ré- gal de voir l’excellente Juliette Binoche se prêter au jeu de s’appeler « Paulette » et de s’élancer sans retenue sur les che- mins de cette comédie loufoque mijotée aux petits oignons, à une époque où il était mal vu que la femme portât culotte, autrement dit pantalon. Nous sommes donc en des temps que les post soixante-huitards ne peuvent pas connaître. Ceux, pas si reculés, où l’on pensait que les femmes « impures » avaient le pouvoir, quelques jours par mois, de faire tourner le lait des vaches et la mayonnaise… C’était le temps des culs bénis, des grenouilles de bénitier, des trousseaux de mariage qui permet- taient de détrousser d’innocentes jeu- nettes et de les garder à sa solde, ad vi- tam aeternam. La femme était faite pour l’homme, comme le cheval pour le cow- boy dans les westerns en noir et blanc et les caries pour les enfants qui ne se brossaient pas les dents. L’ordre était bien établi, mais… quand même, pour s’assurer qu’il continue de l’être et que les femelles humaines ne prennent pas un mauvais tournant, on avait inventé, dès 1873, l’enseignement ménager. Et comme dirait l’autre, c’était du lourd ! Nous voici rendues au sein de la pres- tigieuse École Ménagère Van Der Beck qui, sous la houlette de Paulette/Juliette, se consacre à enseigner à des généra- tions de donzelles comment devenir la choc : une belle-sœur (l’extraordinaire sainte trinité de professeures éplorées, perle des ménagères, proprette mais co- et lunaire Yolande Moreau) et une bonne corsetées de principes, se retrouvent té- quette, toujours prête à se soumettre aux sœur (Noémie Lvovsky, impayable en tanisées à l’idée de se retrouver seules à désirs de son futur mari. Ici, dans cette religieuse de combat). Voilà un trio aus- la barre. Mais ce qui leur semblait être la maison de maître perdue en pleine cam- si génial qu’infernal, constitué de maî- mer à boire va vite s’avérer être un trem- pagne, éloignée des rumeurs de la ville, tresses femmes, mais néanmoins asser- plin vers l’émancipation et la liberté ! on en viendrait presque à oublier que le vies. Car le tableau ne serait pas complet sexe faible a obtenu le droit de voter. On sans évoquer le patriarche du pension- Et quand même, finissons par un petit se donne deux ans d’immersion totale nat, Monsieur Van Der Beck lui-même. clin d’œil aux hommes. Tant François pour transformer les plus récalcitrantes Quel est son rôle là dedans ? À part ma- Berléand, en vieux vicelard mou du ge- pensionnaires en parangons d’abnéga- ter en cachette les formes rebondies nou, qu’Édouard Baer, qui incarne le tion. Pour seconder dans sa noble mis- des jeunes filles en fleur, il ne sert pas plus craquant des notaires, contribuent sion notre directrice Paulette, à la mise à grand chose et il ne servira définitive- à rendre le scénario encore plus crous- en plis et au tailleur impeccables, il faut ment plus à rien quand une fausse-route tillant. En 1971 toutes les écoles ména- rien de moins que deux assistantes de lui coupera pour de bon le caquet. Notre gères avaient disparu. Tout fout le camp !
PETIT PAYS La séance du mardi 24 mars à 20h00 sera suivie d'une discussion avec les membres de l'association Les Nuits des Cinéfils et filles. Achetez vos places à partir du 11 mars. Écrit et réalisé par Éric BARBIER tile cette page tragique de l'Histoire de violence, d'abord perçue au loin comme France / Belgique 2020 1h51 VOSTF l'humanité où, dans l'indifférence quasi une rumeur sourde qui ne peut ni ne (français et dialectes du Rwanda) générale, près d'un million de personnes doit atteindre l'innocence de l'enfance, avec Djibril Vancoppenolle, Jean-Paul furent massacrées en 100 jours. va peu à peu envahir l'espace de Gaby Rouve, Isabelle Kabano, Dayla de Mais avant cela, avant les appels de jusqu'à devenir un cri d'effroi. C'est le Medina, Veronika Varga… Radio Mille Collines, avant la folie, avant cri des Tutsis et des Hutus modérés de D'après le roman Petit pays de Gaël que la fureur n'emporte le destin or- l'autre côté du fleuve, les cris de la fa- Faye (Prix Goncourt des Lycéens 2017) dinaire d'un môme et de sa famille, le mille maternelle… Dès lors tout va s'en- jeune Gabriel fait les quatre-cents coups chaîner… les copains ne vont plus avoir Adaptation très fidèle et très réussie du dans un petit coin de paradis qui a pour les mêmes jeux ni faire les mêmes bla- roman, Petit pays le film a eu l'intelli- nom Burundi. Un petit pays, un petit gues, les hommes vont se regarder d'un gence de garder le mode de narration bout d'Afrique coincé entre le Rwanda, mauvais œil et de toutes parts, l'huma- choisi par Gaël Faye et de raconter cette le Congo et la Tanzanie où il vit avec nité va peu à peu se dissoudre dans le histoire bouleversante à hauteur d'en- son père français qui fait des affaires, sa chaos de l'Histoire. fant, sans donner aux adultes plus de petite sœur Ana et sa mère rwandaise place qu'ils n'en ont dans le bouquin, de plus en plus absente du foyer. Une « J’ai écrit ce roman pour crier à l’uni- les laissant certes présents mais tou- vie de môme à la Sempé, à la Doisneau vers que nous avons existé, avec nos jours au second plan des événements. avec l'école, les virées dans le vieux vies simples, notre train-train, notre en- L'équilibre ainsi trouvé donne une for- combi Volkswagen qui sert de repère à nui, que nous avions des bonheurs qui midable respiration à ce récit qui pour- la bande de copains, les clopes fumées ne cherchaient qu’à le rester avant d'être rait être douloureux, voire insuppor- en douce et les mangues que l'on pique expédiés aux quatre coins du monde et table mais qui sait toujours, parce que dans l'arbre généreux du voisin pour se de devenir une bande d’exilés, de réfu- porté par les enfants, demeurer dans faire quelques sous. L'enfance minus- giés, d’immigrés, de migrants » Gaël Faye. la pudeur, la délicatesse, voire même cule dans toute sa majesté, avec sa l'humour. Un subtil alliage de douceur beauté immédiate, sa poésie, ses trahi- et de violence, de drame et de drôlerie sons parfois et toute son insouciance. ENSEIGNANTS, ENSEIGNANTES de émanent du film comme du roman. Et Mais le cocon va commencer à se fis- collèges, de lycées ; en français ou si vous êtes parents et/ou enseignants surer. Le cocon familial quand les pa- en Histoire (mais pas que !), nous et que vous vous posez la question de rents de Gaby, à force de trop se dispu- vous proposons des séances sco- savoir si ce film peut être montré à vos ter, vont choisir de se séparer, puis celui jeunes, la réponse est OUI, mille fois OUI de son petit pays quand un coup d'État laires sur ce film pour aborder ce parce qu'il permet justement d'aborder va entraîner une guerre civile. Dès lors, sujet important avec vos élèves. sans détour mais sans traumatisme inu- la vie ne sera plus jamais la même et la Contactez-nous au 04 90 82 65 36.
DARK WATERS vivre durant de nombreuses années. Cette histoire passionnante et édi- fiante, le comédien – et producteur en l'occurrence – Mark Ruffalo l'a décou- verte grâce un article choc du New York Times en 2006, alors que Rob Bilott se battait déjà depuis plus d'une décennie. Todd HAYNES Malgré l'énormité de la catastrophe éco- Militant écologiste convaincu, combat- USA 2019 2h07 VOSTF logique et humaine, tout resterait proba- tant acharné contre l'exploitation des avec Mark Ruffalo, Anne Hathaway, blement en l'état si contre toute attente gaz de schiste, Ruffalo a convaincu le Tim Robbins, Bill Camp… un avocat, que rien pourtant ne semblait grand Todd Haynes de réaliser le film Scénario de Matthew Carnahan désigner pour mener un tel combat, adapté du livre de Nathaniel Rich rela- et Mario Correa, d'après le livre n'acceptait d'écouter puis de défendre tant cet énième combat du pot de terre de Nathaniel Rich un malheureux fermier qui voit son bétail contre le pot de fer. mourir et sa propre santé et celle de ses Todd Haynes, grande figure du mélo- Il y a quelque chose de pourri en proches s'étioler. Rob Bilott n'a donc a drame à la Douglas Sirk (souvenez-vous Virginie-Occidentale, au cœur du mas- priori nullement le profil d'un avocat de des merveilleux Loin du paradis et Carol, sif des Appalaches, en cette fin des la cause écologique, bien au contraire : entre autres…) s’attaque ici au film judi- années 1990. Les fermiers voient leurs il travaille pour un des plus gros cabi- ciaire, au film de dénonciation, un genre vaches mourir les unes après les autres, nets d'affaires de Cincinatti, dont la prin- qui l'a toujours passionné (il cite en par- les yeux rouges, sanguinolents, comme cipale activité est de défendre justement ticulier Révélations de Michael Mann), si elles avaient été possédées. Les habi- des groupes pétrochimiques. Mais voi- certes totalement nouveau dans sa fil- tants de la région affichent quant à eux là, la grand-mère de Rob habite toujours mographie mais qui lui permet de mon- un taux anormalement élevé de can- dans ce coin pollué de Virginie et un trer, encore et toujours, l’envers de nos cers… Et au milieu du paysage – géo- des fermiers cherchant désespérément sociétés d’apparence. S'appuyant sur la graphique, social, psychologique, affec- un avocat est un de ses amis. Comme performance intense de Mark Ruffalo, tif –, une usine appartenant à Du Pont, quoi la grande Histoire tient parfois à entouré de quelques comédiens formi- l’un des plus grands groupes industriels de petites histoires de famille. De plus, dables (citons Tim Robbins en patron de chimie des États-Unis. Une usine gi- malgré le pedigree de ses clients habi- du cabinet d'avocats et Anne Hathaway, gantesque dont tout le monde sait de- tuels, Rob Bilott porte en lui une foi iné- parfaite en épouse contrariée puis admi- puis 40 ans qu'on y stocke des quan- branlable dans la justice et le respect du rative du combat de son avocat de ma- tités pharaoniques de déchets qui ont droit. Et quand il comprend que Du Pont ri), Todd Haynes mène impeccablement toutes les chances de se retrouver dans a délibérément empoisonné la région et son récit, avec le parfait classicisme que les nappes phréatiques courant sous les ses habitants durant quatre décennies, requérait son sujet, et nous captive d'un champs et abreuvant les étables. Mais et volontairement dissimulé la toxicité bout à l'autre de ce parcours judiciaire tout le monde ferme plus ou moins les d'une substance utilisée dans nombre semé d'embûches. yeux – et sa gueule –, Du Pont faisant lit- de ses produits phares, notre avocat va Il y a fort à parier qu'après avoir vu ce film, téralement vivre toute la ville et contrô- se mettre en action et devenir le cau- vous regarderez d'un sale œil votre poêle lant ses principales activités. chemar de l'industrie qui l'a pourtant fait en téflon, produit phare de Du Pont…
Oskar & Lily Écrit et réalisé par Arash T. RIAHI part belle aux songes, aux rires, comme pays refuge qu’en six ans ils ont appris à Autriche 2019 1h42 VOSTF ultimes armes pour ne pas sombrer, ne aimer, qui est devenu le leur. avec Leopold Pallua, Rosa Zant, pas baisser les bras. Christine Ostermayer, Heureusement leur génitrice ne tarde Alexandra Maria Nutz… L’histoire d’Oskar et Lily, c’est surtout pas à arriver. Les voilà désormais trois D'après le roman Oskar celle d’Ortsa et Leïla : leurs prénoms de à faire front face aux représentants d’un und Lilli de Monika Helfer naissance – trop stigmatisants, trop re- pouvoir aveugle et sourd. Le répit sera présentatifs de leur pays d’origine qu’ils de courte durée, car pour les mettre à Ce très beau et très attachant Oskar & ont à peine connu, la Tchétchénie, de ce l’abri, leur mère aura recours à un ex- Lily est le second film de fiction d'Arash père qu’ils n’ont plus revu –, ils les ont pédient d’une radicalité extrême… Le T. Riahi, cinéaste né en Iran et Viennois abandonnés derrière eux comme on se grand poster bariolé du salon, témoin d'adoption depuis 1982. Il arrive onze défait d’une vieille chiffe usée. Du haut silencieux de ces scènes de la tragédie ans après le premier, Pour un instant la de leur jeune âge déjà lucide (Lily doit humaine, ressemble désormais à une liberté, pourtant très remarqué, récom- avoir une douzaine d'années, Oskar huit arche de Noé affolée, tandis que nos pensé dans moult festivals… et pro- ans à peu près), ils en rigolent. C’est deux oisillons, livrés à eux-même, n’ont grammé chez nous en 2009. On espère comme une pratique de self-défense, pour toute bouée de secours que leur qu’il faudra attendre moins longtemps une gymnastique quotidienne, un méca- solidarité et leur fraternité. Il ne viendrait avant de découvrir Une histoire de cœur, nisme bien huilé : il faut se jouer de tout, actuellement en écriture, troisième vo- surtout de ce que l’on redoute. Comme à aucun humain sensé l’idée de séparer let de ce que le réalisateur considère d’autres naufragés de la misère, ils se ces deux-là qui s’aiment, se soutiennent. comme une trilogie. sont appliqués à apprendre une nou- Mais un système administratif n’a ni cer- velle langue, de nouvelles mœurs, tou- veau ni cœur et ceux qui travaillent pour Pendant ces onze ans de course d'obs- jours prêts à mordre la vie à pleines lui finissent parfois par ne plus écouter tacles, le réalisateur n’a malgré tout dents. Alors ce jour-là, quand la police les leurs. On trouvera pour chacun une pas chômé, tournant trois documen- débarque dans leur minuscule appar- famille d’accueil cosy, une nouvelle ma- taires sur l’exil, les exilés, en particulier tement, le frère et la sœur sont prêts à man aimante (mais qu’est devenue la les enfants déracinés dont il fit partie. sortir leurs crocs. Ils ont beau être des leur ?), avec pour toute consigne de ne C’est dire combien son œuvre est nour- mômes, ils ont la rage au corps de ceux pas laisser les deux mômes communi- rie de son expérience, de sa personna- qui ont peu à perdre et la langue bien quer. C’est compter sans la magie de la lité, de son humour insubmersible. C’est pendue de ceux qui en ont déjà trop vie, sans la puissance de l’amour, sans ce qui lui confère sa véracité puissante, vu. Ils captent en un clin d’œil ce qui se la volonté farouche de retrouver leur loin de tout misérabilisme, profondé- passe : ces adultes imposants, ces dé- mère, sans les belles rencontres, en par- ment émouvante sous sa légèreté affi- fenseurs, sur le papier, de la veuve et ticulier celle avec Erika, une grand-mère chée. C’est un cinéma combatif, fort des orphelins (qu’ils sont pourtant !) sont certes parkinsonienne mais radieuse, d'une invincible bienveillance, qui fait la là pour les expulser, loin de l’Autriche, ce malicieuse et belle à croquer !
R A D I O A C T I V E Marjane SATRAPI cause d’une malheureuse liaison qu’elle d’essais plus vrais que nature, où l’on GB 2019 1h50 VOSTF (le film est an- osa nouer suite à la mort prématurée donnait aux spectateurs privilégiés de glais et cause anglais, ça surprend au de son cher et tendre, pour tromper un simples lunettes de soleil pour se pro- début mais on s'y fait très vite) peu sa tristesse et sa solitude. Elle au- téger… C’est toute l’inconscience et la avec Rosamund Pike, Sam Riley, ra subi bien des déconvenues avant de vacuité de notre monde contemporain Aneurin Barnard, Anya Taylor-Joy… connaître un peu réparation et être por- en train de jouer les apprentis sorciers Scénario de Jack Thorne, d’après le tée au pinacle. sans en mesurer les conséquences qui roman graphique de Lauren Redniss, nous monte à la gorge et nous glace les Radioactive : a tale of love and fallout L’histoire de Marie et Pierre, c’est non sangs, le lourd tribu payé par le Japon : seulement celle de grandes avancées Hiroshima, Nagasaki, Fukushima… Nulle n’est prophète en son pays, en- de la science pour le meilleur et pour le core moins quand ce pays n’est pas pire – la découverte des deux premières Évidemment la réalisatrice met en scène complètement le sien. Tout film sur la mamelles du nucléaire, radium et polo- ces sauts spatio-temporels, de la France brillantissime scientifique est l’occasion nium – mais aussi une grande histoire aux États-Unis en passant par le conti- de rappeler combien la polonaise Maria romantique. Et c’est sur la rencontre, nent asiatique, avec le sens de l’esthé- Sklodowska (le nom de jeune fille de en 1870, de ce garçon amusé, un peu tisme qu’on lui connait, créant à chaque Marie Curie avant qu’elle n’épouse son gauche et de cette fille méfiante qui se plan un nouveau tableau irradiant et Pierre et ne francise son prénom) fut os- sent scientifique avant que de se reven- c’est pour le coup vraiment le cas de le tracisée de son vivant. Elle fut longtemps diquer femme, que démarre le film. dire. Le film trouve ainsi un rythme très tenue à l’écart d’une chaire de profes- Mais plus qu’un traditionnel biopic, enlevé, un univers visuel très vivant qui seure par ses affreux collègues phallo- Marjane Satrapi n’aura de cesse de nous évitent les écueils de l’académisme figé. crates jaloux, qui n’auront rien trouvé de faire transhumer à travers l’incroyable Rosamund Pike campe une Marie entière plus puissant pour rentrer dans les livres héritage laissé par Marie Curie à travers et droite, au caractère affirmé et exalté, d’Histoire, et encore… se souvient-on l’espace et le temps, jusque dans les an- Sam Riley un Pierre patient, respectueux vraiment de leur nom ? Elle fut égale- nées 1980. L’invention des premiers ap- et attentif, ensemble ils pourraient incar- ment souvent reléguée dans l’ombre de pareils de radiographie, des premières ner une sorte de couple moderne bien son époux par la suite, malgré leurs ef- machines portables à rayon X qui sauve- en avance sur leur temps, non seule- forts conjoints pour faire valoir leur tra- ront tant de monde, puis le dévoiement ment sur le plan scientifique, mais sur la vail collaboratif. Et la vindicte populaire des travaux du couple jusqu’à la fabri- place des femmes. Après tout, si Marie s’empressera même de la conspuer et cation de la première bombe nucléaire, Curie obtint deux prix Nobel, elle mourut de vouloir la renvoyer dans son pays à qui en tuera tant. Incroyables séquences en 1934 sans connaître le droit de vote !
En collaboration avec Miradas Hispanas, la séance du jeudi 5 mars à 20h15 sera suivie d’une dis- cussion avec Carlos Tous, Maître de Conférences à l’Université de Tours, spécialiste des représentations du conflit dans la littérature et le cinéma colombiens. Vente des places à partir du 26 février. MONOS cieuse pour avoir du lait frais. Des enfants qui gardent néanmoins leur Et de fait la situation va totalement déra- sens de l'amitié, leurs envies de décou- per à peine le Messager reparti, quand vrir l'amour, et une profonde naïveté un des membres du groupe, lors d'une malgré les conditions extrêmes. Le film soirée de fête fortement alcoolisée, va est construit de manière métaphorique accidentellement tuer le précieux bo- avec cette chute du jardin d'Eden qui vidé. Les tensions montent au sein du suit la mort de la vache qu'on pourrait groupe entre ceux qui veulent dénoncer assimiler au péché originel, événement à Alejandro LANDES le coupable et ceux qui veulent le cou- partir duquel tout le groupe va peu à peu Colombie 2019 1h42 VOSTF vrir, tandis que l'armée se rapproche, exploser. Le film, bien plus qu'une réalité avec Julianne Nicholson, Moises Arias, obligeant le groupe et son otage à quit- historique contemporaine, évoque puis- Sofia Buenaventura, Julian Giraldo, ter leur paradis perdu d'altitude pour re- samment Sa Majesté des mouches, fa- Karen Quintero… joindre la vallée et la jungle équatoriale buleux roman de William Golding adapté Scénario d'Alejandro Landes inhospitalière. au cinéma par Peter Brook dans lequel et Alexis Dos Santos Le réalisateur étant colombien, on a de jeunes Anglais se retrouvaient aban- Musique de Mica Levi spontanément le réflexe de penser au donnés sur une île déserte du Pacifique : conflit qui déchire son pays jusqu'à l'ab- la soumission à la loi du plus fort et la C'est d'abord le paysage qui subjugue. surde depuis 60 ans, et à l'otage la plus violence émergeaient peu à peu de ma- Sur un plateau d'altitude qui semble célèbre des FARC, la franco-colom- nière terrible dans ce groupe d'enfants. surplomber une mer de nuages et de bienne Ingrid Betancourt, détenue de Au-delà de la remarquable interprétation brume, à proximité d'un énorme bâti- 2002 à 2008. Mais si l'on y regarde de des jeunes comédiens, saisissants de ment austère dont on ne sait s'il appar- plus près, Monos – le titre renvoie direc- réalisme (il faut dire que Wilson Salazar tient à une civilisation millénaire ou fu- tement à la mythologie – est beaucoup qui joue le Messager fut réellement un turiste, un groupe d'adolescents armés plus profond et universel. Il montre com- enfant soldat des FARC) c'est surtout semblent livrés à eux-mêmes. On com- ment des jeunes gens, tout juste sortis l'incroyable mise en scène, digne d'Apo- prend peu à peu que cette dizaine de de l'enfance pour certains d'entre eux, calypse Now et de son immersion dans jeunes gens, filles et garçons, font par- regroupés et poussés vers la violence, une jungle aussi envoûtante qu'oppres- tie d'une guérilla indéterminée luttant peuvent aller tout droit vers l'autodes- sante, qui marque le spectateur et qui contre une lointaine armée invisible dont truction. Et c'est le sort de bien des en- nous fait penser que l'on devrait revoir seuls des missiles perçant la canopée fants soldats à travers le monde, qu'ils Alejandro Landes dans les plus grands rappellent l'existence. Le groupe dé- soient au cœur du chaos irakien, d'une festivals internationaux au cours des tient une otage américaine, la Doctora, jungle africaine ou en Amérique du Sud. prochaines années. sur laquelle chaque guérillero / guérillera doit veiller comme à la prunelle de ses yeux. On voit bien que les adolescents Miradas Hispanas vous propose un autre regard sur seraient totalement en roue libre s'ils n'avaient été rejoints par le Messager, les cinémas du monde hispanique en collaboration, leur responsable de groupe venu à che- entre autres, avec des festivals de cinéma espagnol et val à travers la jungle les rappeler à leurs latino-américains. Soirées thématiques, conférences et expositions en prolon- devoirs, notamment celui de prendre gement des projections : miradashispanas.free.fr en charge une vache qui leur sera pré-
LE CAPITAL AU XXI SIÈCLE e Justin PEMBERTON grands universitaires, chercheurs inter- chives, qui plongent dans les racines et Thomas PIKETTY nationaux. Et ils ne sont pas moins d’une du mal, non seulement on a l’impres- d'après son livre du même titre quinzaine à apparaitre dans ce docu- sion qu’on a toujours su les choses, et (Ed Seuil) France / Nouvelle-Zélande mentaire. Des Français, des Anglais, des même un peu trop connu, mais qu’elles 2019 1h43 VOSTF Américains, des Néozélandais… sont d’une évidence et d’une simplicité Tous ensemble nourrissant notre ré- extrêmes. « Quand Justin Pemberton et la pro- flexion autour des inégalités sociales, duction néo-zélandaise m'on proposé sur les mécanismes de répartition des ri- Il ne nous resterait donc plus qu’à ap- ce projet, je me suis dit que c'était un chesses dans les pays développés de- pliquer les solutions proposées pour moyen extraordinaire de toucher un pu- puis le xviiie siècle, remettant en cause réguler tout ça, améliorer le présent et blic à la fois différent et plus large – et, l’hypothèse de Kuznets établie dans les le futur de l’humanité. Mais des théo- surtout, de recourir à une autre forme années 1950 qui laissait à penser que le ries à la pratique, il n’y a pas qu’un pas. d'expression pour parler du capital développement économique s'accom- D’autant que l’hydre du capitalisme a de au xxie siècle. Je crois à la langue des pagnait mécaniquement d'une baisse multiples têtes inaccessibles. Et c’est là sciences sociales, mais j'estime aus- des inégalités de revenu… qu’on peut ne plus être tout a fait d’ac- si qu'elle est insuffisante et qu'elle doit Tout défile vite, très vite… Grâce au cord avec Thomas Piketty : faut-il n’en être complétée par le langage des ro- rythme soutenu des images de Justin couper qu’un peu, ou occire définitive- mans, de la BD, de la culture populaire, Pemberton, tantôt pop, tantôt d’ar- ment la bête ? Et comment s’y prend- de l'Art en général. Cependant, je tiens à on ? Vaste question… préciser que je ne suis pas devenu réa- lisateur ! Je suis auteur et chercheur en sciences sociales. Mais, à mon avis, le film est un complément formidable au livre… » Thomas Piketty C’est un art véritable que de mettre à portée d’entendement des simples mor- tels les théories économiques com- plexes que s’attachent à démontrer de
LE CAS RICHARD JEWELL LA GARE DE COUSTELLET Scène de Musiques Actuelles www.sebastienfayardfait des trucs.com Sébastien Fayard mange un morceau, à La Gare. 04 90 76 84 38 www.billetterie.aveclagare.org SA. 7 MARS 21h - rock d’aujourd’hui MIËT + BANDIT BANDIT VE. 13 MARS 21h - femmes-mondes THEODORA + FLÈCHE LOVE SA. 21 MARS 20h30 à La Garance / Cavaillon jazz / slam - création musicale sans frontières HOME Papanosh + R. Nathanson + N. Maddox 21h - les musiques inclassables Clint EASTWOOD les intérêts des petites entreprises. Il y VE. 27 MARS font le Printemps! USA 2019 2h09 VOSTF fait la connaissance de celui qui devien- LINDA Oláh & Al. (Paris / Suède) avec Paul Walter Hauser, Sam Rockwell, dra son avocat quelques années plus + OSILASI (Belgique) Kathy Bates, John Hamm, Olivia Wilde… tard, Watson Bryant, excentrique et in- Scénario de Billy Ray, d'après transigeant – campé par le toujours très + LÈCHE MOI (Saint-Etienne) un article de Marie Brenner, bon Sam Rockwell –, qui surnomme- American Nightmare : The ballad ra Jewell : « Radar », tant ce dernier fait SA. 4 AVR. 21h - du rap à tous les étages of Richard Jewell preuve d'un sens de l'observation aigu Open Mic Rap et d'une grande efficacité. En quelques Il faut croire qu'Eastwood a décidé, avec scènes, Eastwood dresse le portrait de + EUTEÏKA + VÎRUS + ARM l'âge, de ne plus perdre de temps. Il Jewell et on comprend assez vite que ce poursuit ainsi, au rythme stakhanoviste dernier, malgré toute sa bonne volonté, VE. 10 AVR. 21h - trad. au présent d'un film par an, son portrait de l'Amé- ne sera sûrement jamais le policier qu'il rique profonde, s'attachant à ses hé- rêve d'être. Car c'est son rêve à Richard : BERTOLINO / LE GAC + LOLOMIS ros que l'on appelle ordinaires (remem- protéger et servir comme dit le célèbre ber l'excellent Sully). C'est encore le cas insigne, endosser l'uniforme et travailler SA. 18 AVR. 19h30 - on lâche rien ! ici : inspiré de faits réels, le film retrace pour le bien de sa communauté. Sans ar- l'histoire de Richard Jewell, vigile de son rière pensée, sans malice, ce grand gail- Carte blanche NOMADES DU LIVRE état, accueilli en héros pour avoir repéré lard qui souffre d'une légère surcharge + HK + invités et signalé la présence d'une bombe sur pondérale, qui vit chez sa mère, y croit le parc olympique d'Atlanta lors des JO dur comme fer et compte bien, à force de JE. 30 AVR. 21h - reggae vibrations de 1996, avant d'être suspecté trois jours lire tous les soir le code pénal, décrocher plus tard par le FBI d'avoir lui-même per- la timbale. Malheureusement pour lui, ce- CONQUERING SOUND + WAILING TREES pétré l'attentat ! La nouvelle fait vite les la ne se passera pas comme il l'entend. Il gros titres de la presse suite à la publi- se retrouve agent de sécurité sur un cam- cation précipitée d'un article de la jour- pus universitaire, où son zèle à faire ap- Café-Musique(s) De19H30 à 21H30 naliste Kathy Scruggs dans l'Atlanta pliquer le règlement auprès des étudiants [Écoutes & Découvertes] [Entrée Libre & Tout Public] Journal-Constitution. vire à la catastrophe et il se retrouve à Les jeudis 5/03 et 2/04 à La Gare la porte. Mais les Jeux Olympiques ap- Toute la programmation sur : www.aveclagare.org Le film démarre quelques années plus tôt, prochent, l'État et la ville d'Atlanta ont alors que Richard est préposé aux fourni- besoin de recruter. Le voilà donc de nou- tures de bureau pour la « Small Business veau agent de sécurité et il a rendez-vous Administration », une agence gouverne- avec un destin qu'il ne pouvait pas ima- mentale créée pour conseiller et défendre giner… ESPACE DE CURIOSITÉS ARTISTIQUES ET CITOYENNES
THE CLIMB d'un duo de trentenaires inséparables Climb nous immerge dans le chaos de et que pourtant tout sépare, à commen- leur quotidien, de leurs disputes, de cer par leur caractère : Kyle, le bon gars, leurs doutes, de leurs fous-rires, de toujours prêt à recoller les morceaux, à leurs brouilles puis de leurs retrouvailles, voir le bon côté des choses, à pardonner alors qu'autour d'eux le monde change les excès de son alter-ego, et Mike, le et vieillit : des mariages ratés, des pa- Michael Angelo CORVINO passionnel, l'excessif, obstiné jusqu'à la rents disparus, des enfants qui gran- USA 2019 1h36 VOSTF déraison, le genre de type capable d'in- dissent… Ainsi, par l'élégance discrète avec Kyle Marvin, Michael Angelo terrompre un mariage pendant le tradi- de sa mise en scène, Corvino nous fait Corvino, Gayle Rankin, Talia Balsam, tionnel échange de vœux pour s'oppo- ressentir certains sentiments d'une pro- Judith Godrèche… ser à l'union des tourtereaux parce qu'il fondeur et d'une subtilité qu'on ne s'at- Scénario de Michael Angelo Corvino considère que la demoiselle n'est pas à tendait pas à trouver dans une comédie et Kyle Marvin la hauteur de l'époux… Une bombe à a priori aussi légère : celui de la vie qui retardement toujours prête à exploser, passe, vous laisse un pincement mélan- Ça commencerait presque comme une Mike, mais paradoxalement le plus fi- colique au cœur et un sourire un peu blague nulle : « c'est l'histoire de deux dèle des amis, prêt à attendre toute sa triste aux lèvres. Américains qui font du vélo sur les vie qu'on lui pardonne ses conneries Admirateur déclaré du cinéma européen, routes de France, et dont l'un avoue plutôt que de tirer un trait sur Kyle. Ça Corvino est parvenu à extraire l'essence à l'autre qu'il a couché avec sa future en fait, du temps… des comédies classiques du vieux conti- femme… » ; et de fait lorsque Mike ap- … et le temps justement est l'autre nent, de Lubitsch, Monicelli, Tati et Etaix prend à Kyle, son ami de toujours, qu'il grande affaire de ce film, celui qui passe (les personnages visionnent un extrait entretient une relation avec sa promise, pour les personnages – chaque scène du Grand amour !) pour l'injecter dans on s'attend à ce que ces deux-là en ou presque est séparée de la suivante un canevas hérité des « screwball co- viennent aux mains, explication virile et par un intermède musical censé figurer medies » américaines. Et par on ne sait chute triviale. Et puis non, rien de tout le passage des années et les variations quel miracle, la greffe prend ! Alors, pour ça : les deux compères continuent l'as- de l'état psychologique des protago- paraphraser un sage d'un autre temps, cension du Col de Vence… Oh bien sûr, nistes – et celui de l'action elle-même : laissez-vous tenter par ce beau roman, Kyle menace bien d'étriper Mike si ja- filmé en autant de plans-séquences cette belle histoire : une « bromance » mais il le rattrape – c'est justement pour que l'histoire compte de chapitres, The d'aujourd'hui… ça que Mike a attendu un raidillon bien traître avant de passer aux aveux ! – mais il ne viendrait à l'idée d'aucun des deux de rompre ici leur relation. Dès cette scène d'ouverture, à la fois banale et fantasque par sa cocasserie, tout est dit ou presque de la nature du lien – un peu toxique mais indéfectible – qui rapproche ces deux olibrius par-delà les années. Cette amitié cabossée, c'est le centre du film. Écrit par le réalisateur-acteur Michael Angelo Corvino avec la com- plicité de l'autre acteur principal Kyle Marvin, lointainement (on l'espère !) inspiré de leur propre amitié et nour- ri d'anecdotes plus ou moins autobio- graphiques, The Climb dresse le portrait
BONNIEUX CÉRAMIQUE dimanche 12 et lundi 13 avril 2020 MARCHÉ POTIER 9h-19h Animations gratuites Restauration sur place Maison du Livre et de la Culture Bonnieux-Vaucluse THE GENTLEMEN Écrit et réalisé par Guy RITCHIE GB 2019 1h53 VOSTF avec Matthew McConaughey, Hugh doniens de seconde et troisième zones s'en mêlent, ainsi qu'une escouade d'im- probables amateurs qui ambitionnent de Grant, Charlie Hunnam, Michelle mettre tout le monde d'accord. Et ça ne Dockery, Jeremy Strong, Eddie Marsan, va pas s'arranger avec l'entrée dans la Colin Farrell… danse d'un certain Fletcher. Intermédiaire indélicat, détective vaguement privé, Ce sont des gangsters mais cela ne les scribouillard véreux pour le compte d’un empêche pas d’être raffinés. Mickey tabloïd, scénariste en déshérence, mer- Pearson, par exemple, beau mec plutôt cenaire de l'écriture et du renseigne- canaille, a beau être directement impor- ment, lui aussi singe les manières aris- té des États-Unis, il est plus britannique tocratiques. Il prétend tirer les ficelles qu’un lord. Baron de la drogue à Londres, – et in fine les bénéfices – de cet immo- il forme un couple parfaitement assorti ral théâtre de marionnettes. Ou du moins avec son épouse Rosalind, la plus élé- l'espère-t-il. Mais, de retournement en gante et sexy des garagistes londoniens. retournement, le deus ex machina n'est Or donc, il advient que, las de son né- jamais vraiment celui qu'on pense. goce, Mickey Pearson veut se ranger, jouir de la vie. Il est bien décidé à vendre Il y a un rare plaisir à s'accrocher aux sa florissante entreprise, valorisée à hau- branches d'un scénario tortueux, malin teur de 400 millions de dollars – ce qui comme tout, faussement alambiqué, qui n'est pas rien. Sur les rangs, un caïd, ve- n'est finalement que le prétexte à mettre nu lui aussi d’outre-Atlantique, et qui a en scène, dans un environnement survol- également adopté la britishitude de sa té, les échanges policés et souriants de patrie d'adoption. Deux Américains culti- nos « so british » entrepreneurs-truands. vés, voilà qui devrait aider à parvenir à un Les dialogues à double ou triple sens « deal ». Mais il n’y a pas de mécanique sont autant de petits morceaux de bra- parfaite quand on fait partie de la racaille, voure, et on ne peut que partager la jubi- fût-elle tirée à quatre épingles. D’autant lation avec laquelle les comédiens, tous que, dans le marigot, ce ne sont pas les en très grande forme, jouent leur partition crocodiles qui manquent. Les gangs lon- et se répondent.
CYRILLE, AGRICULTEUR 30 ans, 20 vaches, du lait, du beurre, des dettes Rodolphe MARCONI expose en quadrichromie la chaîne des pérative accepte d’acheter son lait une France 2019 1h25 Puys dans les pages glacées des bro- partie de l’année : malgré ses bénéfices chures touristiques, à des années-lu- confortables, la structure collective re- Lorsque le réalisateur Rodolphe Marconi mière des publicités pour les fromages fuse de se déplacer pour moins de 300 rencontre Cyrille, un peu par hasard, du Cantal ou de Saint-Nectaire, le film litres deux fois par semaine. c’est sur une plage de la Côte Atlantique, nous entraîne dans des terres plus ru- Et le cercle vicieux s’installe, Cyrille ne loin de ses bêtes et de son Auvergne. Le gueuses, plus âpres, mais aussi beau- peut pas se verser un salaire, et reste jeune trentenaire avance dans les va- coup plus réelles et généreuses. Celles tributaire de son père pour le logement gues mais seulement jusqu’aux genoux. où Cyrille enchaîne des journées haras- et la nourriture. Mais il tient le coup, il À 30 ans, Cyrille, qui n’a jamais appris à santes et répétitives : lever à 6 h, traite s’obstine, il s’accroche, étranger à nager, découvre l’océan et prend des va- des vaches, travaux des champs et l’amertume, repoussant la rancœur, refu- cances pour la première fois. Son meil- soins aux bêtes jusque tard dans la nuit, sant la colère, bien aidé par l’intervention leur et à vrai dire seul ami lui a offert le quand Cyrille doit baratter lui-même son de l’association Solidarités Paysans, qui camping, son frère a exceptionnellement beurre dont il vend quelques dizaines de soutient les petits agriculteurs surendet- accepté de garder ses vaches pendant barquettes sur le marché hebdomadaire tés. 15 jours et son père va lui battre froid local pour quelques dizaines d’euros. Et pendant trois semaines parce que, selon ce rythme, Cyrille le tient 7 jours sur 7, Rodolphe Marconi dresse le très beau lui, les vacances c’est pour les fainéants toute l’année durant, ignorant dimanches et très émouvant portrait d’un homme ! Bouleversé par l’histoire du jeune pay- et jours fériés. Un combat inlassable particulièrement attachant, dont on dé- san, le réalisateur décide de le suivre pour la survie de son exploitation. Perdu couvre aussi l’impasse de la vie senti- caméra au poing dans son Allier natal d’avance ? Cyrille a dû emprunter pour mentale, quand tout son univers social pour filmer son quotidien. Et témoigner s’installer : 250 000 euros pour l’aire de est réduit à son village, ses marchés, sa de la réalité d’un monde rural à la fois stabulation de ses vaches. Mais voilà, très (trop ?) proche famille. On pense évi- indispensable à la société (c’est lui qui les recettes n’arrivent jamais à compen- demment au récent Au nom de la terre, la nourrit) et ignoré, laissé pour compte ser les charges, les factures des fournis- mais le documentaire s’avère plus subtil, par elle, ses institutions, ses politiques. seurs, les honoraires du vétérinaire, les plus nuancé que la fiction, tout en dres- Raconter la détresse des petits agricul- notes du mécanicien pour sa moisson- sant le même constat sur les difficultés teurs, les plus faibles, pris à la gorge et neuse… Et les dettes s’accumulent. Et de plus en plus insurmontables rencon- dans des engrenages qui les dépassent. comme il n’a pas les moyens d’enrichir trées par des agriculteurs pourtant com- leur alimentation l’hiver, les 20 vaches pétents et passionnés mais broyés par Loin de l’Auvergne de carte postale qui produisent trop peu pour que la coo- la logique infernale de l’agro-industrie.
Séance unique le jeudi Dans le cadre de la 31e Semaine d’information sur la santé mentale, 12 mars à 18h00 suivie autour des discriminations, en collaboration avec la MDPH 84, d’une rencontre avec nous vous proposons trois rendez-vous. le Docteur Gautier, Lundi 16 mars à 18h30 : Sur un fil, suivi du résultat médecin référent des et remise de prix du concours vidéo Santé Mentale et Discrimination cancers dans le Vaucluse, (pour cette séance le tarif est de 4,50 €). en partenariat avec la MSA. Lundi 23 mars à 18h30 : La Moindre des choses. Entrée libre, dans la cadre Ces deux séances uniques seront suivies d’un débat du Mois international de avec des membres de la MDPH. mobilisation contre le Mercredi 1 avril à 18h00 : Hors normes (voir présentation ci-contre), sui- er cancer du côlon. vi d’un débat avec l’équipe de l’EREA (Équipe de Référence de l’Évaluation L’ORDRE de l’Autisme), les associations spécialisées TEDAI84, Le Pas et la MDPH. SUR UN FIL le plus clair de son temps à la musique. Sur un fil dépeint un quotidien au tra- DES MÉDECINS David ROUX France 2018 1h33 Soline CAFFIN France 2017 34mn vers duquel Beus témoigne de sa mala- die psychiatrique et des conséquences qu’elle a sur sa vie. Il raconte la façon dont elle est perçue par ses proches et Il habite seul dans un studio où il consacre prise en charge par la société. avec Jérémie Renier, Marthe Keller, Zita Hanrot, Maud Wyler, Alain Libolt, Frédéric Épaud, Jisca Kalvanda... Scénario de David Roux et Julie Peyr. Simon est un médecin aguer- ri. Toujours à la bonne distance, empathique, sachant se protéger, protégeant ses collègues, abor- dant ses patients avec douceur mais sans mensonge. On le suit dans les recoins d’un hôpital laby- rinthique, jusque dans son antre solitaire, où il prend à peine le temps de se régénérer, de se res- sourcer… Les nuits sont brèves, courtes respirations entre deux jours, mais qu’importe, Simon aime ça ou plutôt croit en ça. Mais quelque chose va venir LA MOINDRE DES CHOSES Nicolas PHILIBERT drôlement complexes... L’apprentissage bouleverser cet « ordre » établi. France 1997 1h44 du texte prend parfois l’allure d’un com- L’inattendu, la maladie qui frappe bat contre la fatigue, les neuroleptiques, cette nouvelle patiente, sou- C’est un drôle de château perdu au mi- une victoire remportée sur soi, sur ses an- riante, toujours heureuse en véri- lieu des bois. Le film s’ouvre sur la déam- goisses, jour après jour, répétition après table philosophe de la vie, c’est la bulation d’hommes et de femmes de répétition. On se demande par quel mi- propre mère de Simon : Mathilde toute évidence profondément perturbés. racle ils vont arriver au bout de ce travail (lumineuse Marthe Keller). Leur corps, leur visage, leur allure sont qui est autant un jeu, un plaisir, qu’une Quelque chose bascule alors. marqués par une longue histoire où la lutte terrible. Le fond de l’air est doux... Simon est confronté à quelque souffrance semble prendre une grande et chacun reprend goût au collectif en chose de plus grand que lui et à part. Nous sommes dans la Clinique tentant de se réaccorder avec les autres ses constats d’impuissance, alors Psychiatrique de La Borde. Mais atten- jusque dans les gestes les plus simples. que Mathilde surnage, lucide et tion, pas d’interprétation hâtive : ce film Dessiner, préparer les costumes, chan- pétillante, savourant chaque ins- n’est pas un reportage sur les milieux ter. Parfois l’épuisement gagne, et on tant. Là où les cliniciens réclament psychiatriques, pas un reportage sur La n’en revient pas qu’ils arrivent au bout. silence et univers stérile, elle en- Borde.... Une fête se prépare : tous les 15 Chaque année, la représentation finale traîne la vie, les chants et vaillam- août, les habitants de La Borde donnent tient du miracle. « Le regard des autres ment tout son entourage dans son un spectacle de théâtre. peut vous écraser ou vous faire renaître » sillage, refusant de laisser l’espoir Cette année ce sera Opérette, une pièce dit quelqu’un : il peut donner l’envie de à la porte de l’hôpital. C’est d’une de Witold Gombrowicz, pas de la tarte : se surpasser, et cette année encore le mi- grâce et d’une justesse absolues ! un texte plein d’écueils, des chansons racle aura lieu.
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