Les voix du terrain - OCHA
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2 LES VOIX DU TERRAIN Cette deuxième édition retrace les activités clés de la réponse COVID-19 à Kinshasa en mettant l’accent sur l’engagement communautaire. Elle met également en lumière les avancées des activités en cours financées par l’Allocation Standard en juin 2020, en particulier dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Aperçu des projets financés par le FH RDC (à Mai 2021) 83 projets en cours 56 partenaires financés 13 provinces 43 territoires Kinshasa. Albertine diffuse des messages de prévention contre la COVID-19 auprès de la communauté. Janvier 2021, OCHA / Alioune Ndiaye.
MAI 2021 3 L’ENGAGEMENT COMMUNAUTAIRE EN PÉRIODE DE COVID-19 Au 20 mai, depuis la déclaration du premier cas de COVID-19 en République démocratique du Congo, 30 825 cas ont été enregistrés, dont 745 décès. Kinshasa reste la province la plus touchée avec plus de 21 269 cas. KINSHASA Allocation de réserve, Mai 2020 Sensibiliser et préparer les communautés Grâce au financement du Fonds humanitaire en RDC, 18 organisations ont répondu à la pandémie de COVID-19 dans les provinces les plus touchées. A Kinshasa, la sensibilisation a joué un rôle important dans le partage d’informations avec des milliers de familles et d’enfants. « Je ne peux pas laisser la communauté mourir comme ça. Je Kinshasa. Albertine rend visite à des personnes de sa communauté dois les informer car ils doivent être sensibilisés. Avant, ils pour les sensibiliser. Janvier 2021, OCHA/Alioune Ndiaye. disaient à la télévision que la COVID-19 n’existait pas. C’était très difficile pour nous. Mais nous n’avons pas cessé, nous A travers cette intervention mise en œuvre dans trois communes avons continué à sensibiliser jusqu’à ce que la communauté de Kinshasa (Ngaba, Limete et Lemba), Première Urgence soit convaincue. Il faut continuer parce que la COVID-19 n’est International a formé 170 relais communautaires aux techniques pas encore terminée », dit Albertine, relais communautaire de sensibilisation contre la COVID-19. Ainsi, 357 390 personnes formée par Première Urgence International à Lemba, Kinshasa. ont été sensibilisées sur la COVID-19 et les règles d’hygiène. Fournir un soutien psychosocial indispensable Angèle1 était enceinte de 8 mois lorsqu’elle a consulté le Grâce au soutien psychosocial et émotionnel reçu gratuitement médecin du centre de santé local. Elle a ressenti les symptômes par le personnel formé de l’organisation MAGNA, Angèle a de la COVID-19 alors qu’elle se rendait chez ses beaux-parents compris qu’elle ne devait pas paniquer. à Ndjili pour préparer l’accouchement. « Je réalise que ce qu’on dit dans la cité n’est qu’une rumeur. Au début, elle ne voulait pas se faire dépister. « Tout ce que Mon résultat était négatif et la peur m’a quittée. » je connaissais sur la COVID-19, c’est qu’il s’agissait une histoire montée pour faire de l’argent. Je refusais de me faire Par après, les membres de MAGNA ont appelé Angèle pour vacciner par crainte d’être isolée et rejetée, notamment par s’assurer de son état. Aujourd’hui, elle et son petit garçon ma belle-famille. » se portent bien. Elle reste reconnaissante pour le soutien reçu par MAGNA. Kinshasa. Un membre du personnel MAGNA s’occupe d’un patient. Février 2021, MAGNA. 1 Alias name
4 LES VOIX DU TERRAIN Soutenir les enfants en situation de rue en période de COVID-19 Avec ses partenaires locaux, Médecins du Monde Belgique A Kinshasa, l’intervention a appuyé quatre centres d’hébergement a contribué à minimiser les conséquences de la situation de avec des fournitures indispensables (lits, draps, moustiquaires), COVID-19 sur les enfants des rues, dont le confinement, l’état en assurant suffisamment de nourriture dans les cantines d’urgence et le couvre-feu. mobiles existantes compte tenu du nombre accru d’enfants présents et en renforçant la composante psychosociale des A Bukavu, des cliniques mobiles ont été mises en place pour la activités. Plus de 300 enfants en situation de rue ont été première fois, accompagnées par des cantines mobiles pour sensibilisés à la COVID-19 et ont reçu des kits d’hygiène et de distribuer des repas aux enfants et jeunes en situation de rue. protection individuels. « Avec le soutien du Fonds humanitaire, nous avons pu renforcer les capacités des prestataires de santé, des leaders communautaires et des agents qui travaillent à la prise en charge médicale et prévention COVID-19. A cause du confinement de la commune de la Gombe, de nombreux enfants ne pouvaient plus se rendre près du centre- ville pour chercher de quoi manger. Ce projet nous a permis de rechercher un centre d’hébergement pour ces enfants, en collaboration avec nos partenaires locaux ». Olivier, superviseur médical pour Médecins du Monde Belgique. Kinshasa. Olivier, superviseur médical pour Médecins du Monde Belgique. Janvier 2021, OCHA/Alioune Ndiaye. Marie Cécile est assistante sociale depuis plus de 18 ans. Aujourd’hui, elle gère un centre d’accueil dans la commune de Kalamu, appuyé par Médecins du Monde Belgique. « Depuis le début de la pandémie, beaucoup d’enfants sont venus dans notre centre d’accueil. Nous accueillons jusqu’à 150 enfants par jour. Comme nous avons bénéficié de nourriture, de lits, de matelas et de moustiquaires, nous avons pu accompagner plus d’enfants ». Kinshasa. Marie Cécile, au Centre d’accueil HOPE. Janvier 2021, OCHA/Alioune Ndiaye.
MAI 2021 5 APERÇU DES ACTIVITÉS EN COURS DANS LE CADRE DE L’ALLOCATION STANDARD 2020 Ituri Cliniques mobiles aux côtés des personnes les plus vulnérables Depuis 2017, le territoire de Djugu, dans la province de l’Ituri, Francine a été informée qu’une clinique mobile venait dans sa est devenu l’épicentre de violents affrontements entre groupes région tous les mercredis. Elle a donc décidé d’attendre. Le jour ethniques, forces de l’ordre et groupes armés. Depuis le début des où elle est arrivée à la clinique, elle était très fatiguée. Deborah, la affrontements, plus de 1 200 civils ont été tués et les violences sage-femme d’Action contre la Faim, était occupée à sensibiliser ont contraint plus de 1,6 million de personnes à quitter leur foyer. les femmes enceintes et allaitantes à la santé reproductive. Quand elle a entendu parler de l’état de Francine, elle a arrêté son activité La localité de Tsoro a été fortement touchée par la résurgence de pour aller la consulter. Le travail avait déjà commencé. Après une la violence en janvier 2020, intensifiée en avril 2020, et provoquant heure et demie, le bébé a pleuré pour la première fois, au grand le départ de la population vers Pimbo. Le village de Tsoro a été soulagement de la mère et des équipes qui l’accompagnaient. incendié et le poste de santé a été entièrement pillé lors des Francine ne se sentait pas assez en sécurité pour aller à l’hôpital. affrontements. Les familles déplacées n’ont pas eu accès aux L’équipe d’Action contre la Faim a donc mis en place un suivi à soins de santé pendant leur déplacement. distance quotidien. Comme Delphine, 1 434 femmes ont bénéficié de consultations en soins de santé reproductive grâce à la clinique mobile mise en œuvre par Action Contre la Faim depuis décembre 2020, avec le financement du Fonds Humanitaire en RDC. Les équipes d’Action Contre la Faim ont aussi consulté 416 enfants de moins de cinq ans et eu deux naissances grâce à leurs services. Ituri. Village de Tsoro. Action Contre la Faim/Alexis Huguet Francine vivait à Dhema, dans le groupement de Pimbo. Elle a d’abord fui les violences en 2017 pour se rendre à Tsoro avec ses trois enfants. En janvier 2020, elle a dû fuir à nouveau pour se réfugier dans la brousse jusqu’en novembre 2020. À son retour, Francine était enceinte de 8 mois. A la mi-janvier 2021, elle a commencé à ressentir les premières douleurs. Dans son village, il n’y a pas de services de base et le centre de santé le plus proche est à Pimbo, à 3 heures de marche. Ituri. Naissance de Patrick à la clinique mobile. Action Contre la Faim.
6 LES VOIX DU TERRAIN Lutter contre la malnutrition Lemberac et sa famille, habitants de la zone de santé de Rethy Pendant huit jours, ma fille a reçu un traitement approprié, en territoire de Djugu, dans la province de l’Ituri, ont fui leur grâce à une prise en charge gratuite. village pour échapper aux violences entre deux tribus rivales en février 2020. Pour éviter que mes enfants et d’autres membres de la communauté ne souffrent de malnutrition, j’assiste désormais « Ma famille et moi sommes toujours en déplacement. Pendant à des échanges sur la promotion d’une bonne nutrition pour cinq mois, nous nous sommes réfugiés dans une école du les enfants et à des démonstrations culinaires pour améliorer village d’Akonjikani à Mahagi. Nous avons eu des moments l’alimentation de ma fille lorsqu’elle sort de l’hôpital. » difficiles. Nous avons eu faim et sommes tombés malades. Les enfants souffraient aussi de diarrhées à répétition. Depuis novembre 2020, ADRA soutient des familles comme celle de Lemberac. En avril 2021, 1 962 cas de malnutrition Dans l’école où nous vivions, il y avait 60 familles déplacées et aiguë sévère ont été détectés et transférés vers des soins retournées. Chaque jour, la nourriture était un gros problème. La ambulatoires, et 76 cas de malnutrition aiguë sévère en nourriture produite localement était devenue insuffisante pour hospitalisation. répondre à toute la demande. Pour survivre, nous travaillions dans les champs à Mahagi, à environ 3 heures de marche. » Outre la précarité de la situation, les déplacements exposent également les familles à un risque élevé de malnutrition. La fille de Lemberac, Ghislaine, alors âgée de 2 ans et 5 mois, en a souffert. En décembre 2020, lorsqu’ils sont retournés dans leur village, son état s’est alors rapidement détérioré. « Elle a développé de fortes fièvres, ses pieds et ses joues étaient gonflés. J’ai essayé tous les traitements possibles pour faire baisser la fièvre, mais rien ne semblait fonctionner. » Il m’était impossible d’emmener ma fille à l’hôpital par manque d’argent et à cause de la longue distance à parcourir jusqu’au centre de santé. J’étais très inquiète pour sa santé. » Vers la fin du mois de janvier 2021, lors d’un dépistage actif de la malnutrition aiguë dans le village organisé par l’organisation Adventist Development and Relief Agency (ADRA), un relais communautaire a remarqué les symptômes de malnutrition de Ghislaine. « Avec ma petite fille, on m’a emmenée au centre de santé d’Uketa, à 10 km de chez moi. A notre arrivée au centre de santé, l’infirmière a décidé de nous transférer d’urgence à l’hôpital de Ituri. Lemberac, inquiète pour la santé de sa fille Ghislaine. Zone Rethy, à 15 km, car le cas de ma fille était trop grave pour un de santé de Rethy. Février 2021, ADRA/Elysée Mushiya. simple traitement. Comme je n’avais pas les moyens de m’y rendre, ADRA nous a transportées à l’hôpital.
MAI 2021 7 Nord-Kivu Un nouveau toit pour un nouveau départ « Je suis arrivée dans cette école il y a deux mois », raconte Kahindo, « nous étions obligés de passer des nuits dans la brousse pour sauver nos vies car les ADF nous poursuivaient. Nous sommes 11 dans ma famille et nous partageons une salle de classe avec trois autres familles. Chaque matin, nous déplaçons nos affaires pour permettre aux élèves d’étudier et s’il pleut pendant la journée, nos affaires restent dehors. Le soir, nous retournons dans les salles de classe pour dormir. » Nord-Kivu. Distribution de jetons aux bénéficiaires. Mars 2021, AIDES. Comme celle de Kahindo, plusieurs familles ont été contraintes de fuir leur village, laissant derrière elles tous leurs biens. Depuis leur arrivée dans la ville d’Oïcha, dans le territoire de Beni, province du Nord-Kivu, certaines familles ont trouvé Aujourd’hui, les familles bénéficiaires ont quitté les écoles et refuge dans des écoles ou des églises, tandis que d’autres vivent dans les maisons louées grâce à cette aide financière. sont restées dans des familles d’accueil. Par ailleurs, 910 abris transitoires, dont 710 à Masisi et 200 à Depuis octobre 2020, l’organisation nationale AIDES1 appuie Oïcha, sont en cours de construction grâce au financement du ces familles avec une assistance en abris. Kahindo fait partie Fonds humanitaire en RDC. Les ménages ciblés ont reçu des des 250 ménages déplacés bénéficiaires. En février 2021, elle cartes électroniques pour bénéficier des matériaux nécessaires a reçu un jeton doté d’un code QR pour percevoir de manière à la construction de leurs abris. Ils seront responsables de la sécurisée les frais de loyer pendant une période de 5 mois. « préparation du terrain et du badigeonnage. La participation Cet argent va me permettre de louer une maison et de quitter communautaire est au cœur de cette activité. cette école. Désormais, je vivrai dans ma propre maison sans partager l’espace avec une autre famille. » En avril 2021, les activités ont été ralenties en raison d’incursions signalées dans le territoire de Beni et de manifestations populaires. Bien que les contraintes de sécurité et d’accès soient récurrentes dans cette zone d’intervention, les organisations ne baissent pas les bras. L’ONG AIDES observe de près la situation et se tient prête à reprendre les activités dès qu’une accalmie sera confirmée. Nord-Kivu. Distribution de cash. Mars 2021, AIDES. 1 Actions et Interventions pour le Développement et l’Encadrement Social
8 LES VOIX DU TERRAIN Quand l’espoir renait Depuis octobre 2020, l’organisation nationale Action pour le Bien-être Communautaire (ABCom) fournit une assistance alimentaire d’urgence et un soutien à la relance agricole à 4 025 ménages déplacés affectés par le conflit armé dans les zones de santé de Kibua et Pinga, dans le territoire de Walikale, province du Nord-Kivu. Acheminer les intrants agricoles vers les zones ciblées n’a pas toujours été facile en raison de l’état des routes. Certaines distributions de semences maraichères et vivrières ont été suspendues à cause des conflits armés. Entre avril et mars 2021, ABCom a pu organiser des foires pour fournir des outils aratoires et des vivres aux familles vulnérables ciblées. Ces dernières nous racontent leur histoire. « Je m’appelle Lumoo, je suis mère de huit enfants et je suis déplacée de guerre. Je suis arrivée dans la localité de Kashebere en février 2020 avec ma famille, et mes frères et sœurs pygmées. Je fuyais la guerre qui sévissait dans notre village de Kyaninga en territoire de Masisi, non loin de Nyabiondo, à plusieurs kilomètres d’ici. Nos ancêtres nomades se déplaçaient pour la chasse et la cueillette. Nous, on se déplace à cause de la guerre. Aujourd’hui, je ne me déplace plus. ABCom nous encourage à cultiver notre propre nourriture. J’ai reçu des semences, des houes, des haches et un râteau. Maintenant ma joie est immense. J’ai également reçu du riz, des haricots, de l’huile de palme, de la farine de maïs et du sel. Ma famille pourra tenir le coup jusqu’à ce que le travail champêtre commence. » « Je suis mère de neuf enfants et agricultrice » raconte Elisabeth. «Je me suis installée dans la zone de santé de Kibua après la guerre à Burutsi, mon village. Je vis avec certains des enfants de mon frère décédé. Je viens de recevoir de la nourriture. C’est un nouveau départ pour ma famille qui a déjà des semences. Cela va nous permettre de produire beaucoup et de lutter contre la famine. Je souhaite d’abord satisfaire notre besoin de nourriture, alors je cultive. » « Ici, à Kashebere, il y a plusieurs personnes déplacées des villages environnants. Mes huit enfants et moi descendons au champ tous les matins. La situation difficile que nous vivons ne nous permet pas de participer librement aux activités champêtres. Heureusement, ma famille a un champ tout près. Attendez d’ici peu, vous verrez les résultats », explique Jeanne.
MAI 2021 9 « Nous venons de vivre une période difficile, mais riche en enseignements. Nous sommes très heureux du soutien que nous apporte ABCom. La population déplacée s’est facilement intégrée à la culture locale en travaillant dans l’agriculture », raconte Ernest, le représentant des déplacés dans la localité de Kashebere. « Ma mère m’a initié à l’agriculture quand j’étais enfant. Nous avons des champs mais malheureusement, nous n’avions plus la possibilité de cultiver car nous nous déplacions d’un endroit à l’autre à cause de la guerre. Maintenant qu’il y a une accalmie, et avec l’appui d’ABCom, je fais un effort pour cultiver. Ici, le manioc est cultivé en grande quantité, mais j’envisage de cultiver du soja. La farine de soja est très chère ici, mais les véhicules reviennent maintenant dans notre zone de santé à Pinga, et je pourrai vendre sur les marchés. Tout dépendra de la récolte », Maombi, mère de six enfants. Nord-Kivu. Activités de suivi dans les champs cultivés avec les bénéficiaires de la zone de santé Pinga. Avril 2021, ABCom/Paulin Munyagala. Nord-Kivu. Distribution d’outils aratoires aux ménages dans la zone de santé Pinga. Avril 2021, ABCom/Paulin Munyagala.
Le Fonds Humanitaire en RDC est un mécanisme financier multi-donateurs créé en 2006 pour allouer des fonds aux interventions les plus urgentes visant à sauver des vies en République démocratique du Congo. NOS DONATEURS EN 2020 BELGIQUE CANADA ALLEMAGNE IRLANDE RÉPUBLIQUE LUXEMBOURG PAYS-BAS NORVEGE DE CORÉE SUEDE ROYAUME-UNI CONTRIBUTIONS PRIVÉES VIA LA FONDATION DES NATIONS UNIES (UNF) unocha.org/democratic-republic-congo-drc chfdrc.unocha.org gms.unocha.org fts.unocha.org RÉSEAUX SOCIAUX @UNOCHA_DRC | @unocha facebook.com/UNOCHA #InvestInHumanity
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