Éloge de la singularité - La matière des livres - 100 livres pour éveiller le désir Ombres Blanches décembre 2020

 
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Éloge de la singularité - La matière des livres - 100 livres pour éveiller le désir Ombres Blanches décembre 2020
Éloge
                        de la
                        singularité.
                        La matière
                        des livres
Collage de Max Ernst.

                              100 livres pour éveiller le désir
                           Ombres Blanches décembre 2020
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Éloge de la singularité - La matière des livres - 100 livres pour éveiller le désir Ombres Blanches décembre 2020
Éloge de                                                                                   Des masques. Des portraits.
                                                                                                      Les arts des visages
    la singularité.
    La matière des livres
                                                                                                     François Nayt • Kifwebe. Un siècle de masques Songye • 5 Continents Éditions •
                                                                                                     Les masques kifwebe sont animés d’une « vie surnaturelle » liée à leur hybridité unique où se
                                                                                                     fondent l’homme, l’animal et l’esprit ; un mélange qui reflète l’essence mystique des Songye et
                                                                                                     des Luba de la région sud-est de l’actuelle République démocratique du Congo. Conjuguant la
                                                                                                     pulsation d’un réseau linéaire de motifs striés avec l’expression puissante d’émotions multiples, leur
    Entre sourires et masques, les derniers mois à Ombres blanches nous auront                       regard fixe impose une présence inflexible. Ils sont cependant bien plus que leur apparence — leur
    marqué par l’attachement aux livres si fortement exprimé par nos lecteurs. Lors                  essence s’accomplit dans les rites et la danse. Depuis quelque temps, les historiens de l’art et les
                                                                                             100 e
    du confinement de novembre, si les ventes en ligne ont maintenu une certaine                     anthropologues leur accordent un intérêt croissant.
    activité économique, celle-ci s’est concentrée sur un nombre beaucoup plus
    restreint de titres qu’à l’accoutumée. Il est vrai que c’est en librairie que se réa-
    lise la découverte de nos lectures à venir… et nulle part ailleurs. Faute de public,
                                                                                                     Pascal Bonafoux • Autoportraits cachés • Éditions du Seuil •
    bien des livres que nous aimons ont ainsi plutôt « disparu des radars », durant
                                                                                                     Les titres affichés de certaines œuvres ne disent pas tout du sujet. Ils passent sous silence que,
    ces semaines où il était… impossible de les voir. Ainsi ne trouvera-t-on désormais
                                                                                                     parfois, le peintre s’est glissé dans la scène qu’il a représentée. C’est ainsi que, par exemple,
    rien de plus expressif que ce trou d’air dans les ventes du secteur de l’édition, et
                                                                                                     Botticelli « assiste » à l’Adoration des Mages, qu’El Greco est présent lors de l’Enterrement du
    notamment chez les éditeurs les plus « indépendants », s’il fallait prouver que la               comte d’Orgaz, comme Vélasquez l’est à Breda le 5 juin 1625 lorsque la ville capitule… Les œuvres
    diversité de la production des livres tient à la présence de nos librairies et à l’ac-           de Michel-Ange et de James Ensor, de Memling et de Véronèse, de Rembrandt et de Masaccio,
    cueil de leurs publics.                                                                          de Dürer et de Raphaël, de Ghirlandaio et de Dalí, et d’autres encore rassemblées dans ce livre
                                                                                             39 e
    Car c’est cela, cette obsession de la diversité, ce goût pour la multitude, qui est              invitent à s’interroger sans cesse sur les raisons qui ont conduit les uns et les autres à faire le choix
    le cœur de notre activité professionnelle… Mais comment en rendre compte ail-                    d’un tel jeu.
    leurs que dans nos magasins, ailleurs que dans nos espaces, entre nos tables et
    nos rayonnages… Mais surtout, comment dessiner la « commune des esprits sin-
    guliers » que sont les librairies et aussi les bibliothèques ?
    En cette fin d’une année si particulière, marquée par une lumière si altérée et un               Yves Peyré • Francis Bacon ou la mesure de l’excès • Gallimard •
    horizon si imprécis, nous avons voulu donner à voir des livres inattendus, soit par              […] À propos de son travail, dans ses entretiens, Francis Bacon reste constant pour ce qui est du
    le choix de leur univers, soit par celui de leur fabrication, de leur conception édi-            processus de création. Il dépeint son travail comme un acharnement à aboutir, il confie invariable-
                                                                                                     ment le même désespoir de ne pouvoir y parvenir qu’exceptionnellement. Ses propos sont plus
    toriale (maquette, typographie, illustration), soit encore par l’originalité de leur
                                                                                                     ou moins resserrés, elliptiques, ils tiennent compte de certaines différences propres aux périodes :
    projet littéraire ou leur caractère insolite (taille, volume, format).
                                                                                                     ainsi, longtemps, le fond est peint en premier, il accueille le sujet, avant de l’être après, il cerne alors
    Nous aurions pu montrer un très grand nombre de publications, tant les ca-
                                                                                                     la figure, faisant office de mandorle […]. Souvent Bacon, s’il se trouve dans l’embarras, conclut qu’il
    talogues de nos nombreux éditeurs sont riches d’intentions et de convic-                 49 e    ne sait pas voir, que le sujet est trop loin de ses centres d’intérêt. Yves Peyré
    tions, mais il fallait choisir… Aussi avons-nous limité et choisi la « contrainte » :
    nous présentons donc dans ce document, « feuilletable en ligne »,
    100 titres, classés par groupes de 4, et donc présentés sous 25 rubriques. Nous
    espérons que vous serez séduits par cette flânerie, qui n’a pour buts que le plaisir             Coline Chaptal • Studio Zgorecki • Éditions Filigranes •
    de la découverte d’un livre et la découverte du plaisir d’un travail d’édition…                  Archives photographiques de l’immigration polonaise dans le bassin houiller du nord de la France,
    Nous profitons de cette page pour souhaiter tout ce qu’il est pos-                               dans les années 1920/1930. Né en 1904 dans la Ruhr, de parents originaires de Pologne, Kasimir
    sible de souhaiter pour les mois qui commencent dans quelques jours…                             Zgorecki émigre dans le Nord de la France à l’âge de 18 ans. Mineur de fond pendant quelque six
    Éloigner l’épidémie, rapprocher les êtres, les garder en vie. Leur donner à lire.                mois, il se tourne ensuite vers la photographie professionnelle et reprend en 1924 le studio de son
                                                                                                     beau-frère à Rouvroy (Pas-de-Calais). Zgorecki s’investit notamment dans la photographie d’iden-
                                                                                                     tité, devenue obligatoire sur les cartes des étrangers travaillant en France en 1917. il recourt stra-
                                                                                                     tégiquement à un unique négatif-verre pour plusieurs portraits, faisant poser ses sujets devant un
                                                                                             35 e
                                                                                                     fond neutre. À la différence, le style de ses portraits de famille est souvent davantage mis en scène.
                                                                                                     Œuvrant dans son studio, en extérieur ou au domicile de ses clients, Zgorecki photographie
    Catalogue réalisé par la librairie Ombres blanches.
    Édition : Christian Thorel.
    Création de la maquette et mise en page : Pascale Marange Petits Papiers.
    Impression : Cazaux Imprimerie Muret.
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Encre et mine de plomb.                                                                                             Mine de plomb et encre.
          Visionnaires et engagés                                                                                           Usages du noir et du blanc

       Gérard Audinet • Victor Hugo. Dessins • Maison de Victor Hugo/Paris Musées •                                          Stephen Calloway, Caroline Corbeau-Parsons • Aubrey Beardsley au Musée d’Orsay
       Si Hugo n’a guère voulu montrer ses dessins de son vivant, des artistes phares ont depuis reconnu                     • Réunion des Musées Nationaux •
       son audace, tel André Breton, qui y vit « des tableaux où la plus puissante imagination se donne                      Aubrey Beardsley (1872-1898) disparaît à l’âge de vingt-cinq ans, en pleine ascension. La grande
       cours ». Les Maisons de Victor Hugo, Paris/Guernesey, conservent aujourd’hui plus de sept cents                       diffusion de l’œuvre de cet artiste prolifique en a fait un acteur incontournable de la scène londo-
       feuilles. Gérard Audinet, leur directeur, s’attache ici à suivre pas à pas, année après année, l’intense              nienne des années 1890. Les illustrations qu’il réalise pour Salomé d’Oscar Wilde figurent parmi
       fièvre graphique du poète, faisant de cette étude une véritable monographie. Cet ouvrage dévoile                      les plus célèbres de l’artiste. Les dessins de cette figure originale de l’Angleterre fin-de-siècle, des-
       l’incroyable fécondité et la pleine liberté d’un écrivain dessinateur dont les yeux et la plume ne                    sins vifs et virtuoses, en noir et blanc, mettent en scène un univers étrange, érotique, audacieux et
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       cessèrent de fouiller l’obscurité.                                                                                    anticonformiste.
                                                                                                                     39 e

       Laurent Baridon, Jean-Philippe Garric (Dir.) • Jean-Jacques Lequeu. Bâtisseur de                                      Lynd Ward • L’éclaireur : Récits gravés • Coffret de trois livres • Éditions Monsieur
       fantasmes • Éditions Norma •                                                                                          Toussaint Louverture •
       Quel lien y a-t-il entre L’Origine du monde de Gustave Courbet et le « Palais idéal » du facteur                      En seulement six livres, Lynd Ward [1905-1985] s’est imposé comme l’un des précurseurs du roman
       Cheval ? Selon Annie Le Brun, « il y a Jean-Jacques Lequeu, qui, sans en être conscient, pressent                     graphique. Ses histoires, de l’artiste qui vend son âme, aux amants pris dans les tourments de leur
       que l’origine du rêve architectural a quelque chose à voir avec cette origine du monde ». « Archi-                    temps, en passant par l’homme maudit de ses péchés ou l’ouvrier rebelle à la psyché précaire, ont
       tecte de papier », Lequeu rêve de monuments somptueux, de fabriques fictives et de paysages                           su capturer un monde plein de contradictions dans des images d’une époustouflante modernité.
       imaginaires ; au-delà de l’architecture, sa galerie s’enrichit de multiples dessins, d’une suite trou-                Sur les pas de Frans Masereel et d’Otto Nückel, ces récits en gravures sur bois, ou romans sans
39 e
       blante d’autoportraits, de portraits grimaçants, de tableaux érotiques et de détails anatomiques                      paroles, dessinent les contours d’une œuvre riche et exaltée.
                                                                                                                     65 e
       sans complaisance.

                                                                                                                             Jacques Armand Cardon • Cathédrale • Éditions Super Loto •
       Hannelore Fischer, Alexandra von dem Knesebeck • Käthe Kollwitz, Je veux agir                                         Synthèse graphique et symbolique du fameux style Cardon, ce livre crée un pont entre son travail
       dans ce temps : dessins, estampes, sculptures •. Musées de Strasbourg •                                               d’auteur de bandes dessinées que les lecteurs ont pu découvrir dans les pages de L’Humanité
       Alors que Käthe Kollwitz est unanimement reconnue en Allemagne comme une des artistes les                             Dimanche dans les années 1970, ses dessins de presse paraissant chaque semaine pendant plus
       plus importantes de la première moitié du xxe siècle, elle reste méconnue en France. Son œuvre                30 e    de 40 ans au Canard Enchaîné, ou encore ses grands formats publiés au compte-goutte dans
       gravé et sculpté frappe par son éloquence formelle, sa puissance narrative et sa virtuosité tech-                     les différentes revues de Frédéric Pajak. Les dessins et l’enchaînement des scènes de Cathédrale
       nique, mais aussi par la constance de son engagement en faveur des plus démunis, en particulier                       reprennent symboliquement les grandes étapes de la vie de Cardon, de sa plus tendre – et pas si
       des femmes. Rares sont les œuvres qui avec autant de sincérité et de force racontent à la fois la                     tendre – enfance jusqu’à aujourd’hui.
35 e   joie intime de la maternité et la douleur infinie du deuil, le joug de la misère et l’espoir de la révolte.

                                                                                                                             Frédéric Pajak • Manifeste incertain # 9 • Avec Pessoa, souvenirs I, II, III, l’horizon des
       Joris Van Parys, Samuel Dégardin (Dir.). Frans Masereel. l’empreinte du monde •                                       événements I, II, l’absence, épilogue • Éditions Noir sur Blanc •
       Éditions Martin de Halleux •                                                                                          C’est une sorte de miracle si l’on a pu exhumer les écrits de Fernando Pessoa, retrouvés dans une
       Tout au fil de son œuvre, Masereel nous propose sans relâche sa vision du monde. Un monde an-                         malle. Désormais l’un des écrivains les plus célèbres de son siècle, Pessoa n’avait presque pas été
       cré dans le quotidien, sans filtre et sans effet inutiles, dans lequel les fracas de la guerre font trem-             publié de son vivant, ni ses principaux « hétéronymes » — Ricardo Reis, Álvaro de Campos, Alberto
       bler l’air saturé d’effrois. Un monde où la révolte gronde et où les hommes se lèvent et tombent.                     Caeiro et Bernardo Soares —, dont il avait soigneusement créé l’œuvre et la biographie. Nous le
       Mais aussi, un monde où le souffle de l’amour et de la passion conduit à croire en un monde                           découvrons en Afrique du Sud, durant sa jeunesse, puis à Lisbonne sous les traits d’un modeste
       meilleur. Car Masereel a foi en l’homme. Il fait le pari de l’intelligence et de la créativité, de la         23 e    employé de bureau. Mais qui donc se cache derrière ce personnage effacé, qui n’aura connu
65 e
       justice sociale et de la liberté individuelle. Il est persuadé que l’art et la littérature ont le pouvoir             qu’un seul amour, platonique et malheureux ? Unissant des voix distinctes, ce dernier Manifeste
       de changer le monde. Alors, il se bat, il dénonce et vit pleinement sa vie d’artiste engagé dans le                   incertain explore biographie et autobiographie, narration et introspection, rêves et réalités, dans
       tumulte du monde.                                                                                                     un récit délibérément labyrinthique jalonné de plus de deux cents dessins.

☞                                              •4•                                                                                                                      •5•                                                        ☞
Qui a peur des femmes                                                                                               I l s f o n t l e p o i n t.
                         photographes ?                                                                                         Photographie française

          Luce Lebart, Marie Robert • Une histoire mondiale des femmes photographes •                                    Michel Poivert • 50 ans de Photographie française • Éditions Textuel •
          Éditions Textuel •                                                                                             Inclure les différentes pratiques photographiques allant de l’information à l’art contemporain est
          Rares sont celles dont les noms sont parvenus jusqu’à nous, disparaissant du récit de la création              le pari de ce livre. Le renouvellement du reportage, la passion pour le paysage ou encore le té-
          au profit des « grands maîtres ». L’effacement des femmes dans l’histoire de la photographie                   moignage social, reconstituent ici la diversité d’une scène française. Du journal au musée, du récit
          résulte d’une longue tradition de discrédit. Créatrices originales et autonomes, elles n’ont pourtant          de soi à l’ambition documentaire, du regard militant à l’expérimentation plastique, près de trois
          cessé de documenter, d’interroger et de transfigurer le monde, démontrant que l’appareil photo                 générations sont ici rassemblées au travers de 250 images. Au-delà des photographes humanistes
 69 e     peut être un fantastique outil d’émancipation. Aucune expérimentation ni aucun fracas des xixe                 qui ont caractérisé la photographie française jusqu’à la fin des Trente Glorieuses, la réalité d’une
                                                                                                                  59 e
          et xxe siècles ne leur ont ainsi échappé. Pour restituer la diversité des parcours de ces femmes               photographie « en France » apparaît comme un fait artistique et social majeur.
          photographes, Luce Lebart et Marie Robert ont invité 160 autrices de différents points du globe à
          nourrir cet ouvrage manifeste.

                                                                                                                         David Chandler, Muriel Enjalran • Tendance Floue. Villes du monde • Fondation
                                                                                                                         Louis Vuitton •
          Marwan T. Assaf • Le sujet photographique au-delà de la mort : dans les Œuvres de                              Paris, Shanghai, New York, Tokyo, Rome… en trente villes et neuf atmosphères, les deux cent vingt-
          Nan Goldin et Julia Margaret Cameron • Eyes Publishing •                                                       cinq photographies du collectif Tendance Floue réunies dans cet ouvrage tracent les contours
          Est-ce vrai, comme beaucoup le croient, qu’une photographie capture l’aura d’une personne ?                    d’une ville contemporaine archétypale. Au-delà de chaque écriture singulière, on trouve une ville
          Marwan T. Assaf étudie les photographies de défunts dans les œuvres des artistes Nan Goldin et                 globale, une ville-monde dans laquelle le lecteur est convié à un voyage fulgurant, mystérieux et
          Julia Margaret Cameron. Les sujets de leurs photographies sont physiquement décédés, mais il y                 stimulant, à une déambulation sensible et poétique. Et on découvre combien les images de ces
          a une différence. Dans les années 1970 et 80, Goldin photographiait ses amis gravement malades          75 e   quatorze photographes de Tendance Floue entrent en résonance avec les utopies littéraires, et
          avec pour but de les garder « vivants dans la mémoire ». Plus d’un siècle auparavant, Cameron                  notamment Les Villes invisibles d’Italo Calvino.
 39 e     photographiait son cercle d’amis pour leur donner une vie après la mort en rassemblant un « pan-
          théon de têtes victoriennes ».

                                                                                                                         Catherine Riboud, Olivier Rolin • Marc Riboud. Histoires possibles • Réunion des
                                                                                                                         Musées Nationaux •
          Adeline Souverain • Sarah Moon. Passé Présent • Paris-Musées •                                                 « Je photographie comme le musicien chantonne. Regarder est une respiration et, quand le hasard
          Passé Présent a été imaginé par Sarah Moon comme une installation faisant dialoguer les photo-                 est avec moi et qu’une bonne photo m’est donnée, le bonheur n’est pas loin ». Ce photographe,
          graphies, les films et les livres que l’artiste réalise depuis le début de son parcours. D’abord man-          c’est Marc Riboud, qui nous a emmenés avec lui pendant toute la seconde moitié du xxe siècle,
          nequin dans les années 1960, Sarah Moon pratique la photographie en autodidacte, et conçoit                    là où l’entraînaient sa curiosité et sa recherche de surprises et de beauté. On le suit d’abord sur la
          ses premières campagnes pour la mode, qui rencontrent un écho international. Elle façonne un                   route qui le mène d’Istanbul à Calcutta, puis en Chine, alors terra incognita, en Afrique et en Al-
          univers fictionnel où affleurent les références littéraires et cinématographiques. Au milieu des an-    35 e   gérie au moment des indépendances, mais aussi au Vietnam pendant la guerre, au Cambodge…,
39,90 e   nées 1980, elle initie une pratique plus personnelle, qui prolonge ses recherches sur la fabrication           captant ici et là des images qui se fixent dans notre mémoire comme cette Jeune Fille à la fleur
          des récits, sur les illusions photographiques et leur disparition dans la fuite du temps.                      (1967), symbole de l’aspiration à la paix.

          Marie-Laure Bernadac, Marie Darrieussecq • Cindy Sherman : exposition, Paris, Fon-                             Bernard Perrone, Jeanne Fouchet • Bernard Plossu. Tirages Fresson • Éditions Textuel •
          dation Louis Vuitton • Éditions Hazan •                                                                        Des années 1970 à nos jours, depuis les paysages du grand Ouest américain jusqu’à la gare de
          Du milieu des années 1970 à nos jours, Cindy Sherman a produit une œuvre photographique                        La Ciotat ou aux jardins de Giverny, Bernard Plossu propose une vision intime et sensorielle du
          quasi intégralement consacrée au portrait, sans jamais recourir à d’autres modèles qu’elle-même.               monde, où l’homme et l’organique se juxtaposent. Cette vision dirigée par la sensation, il la traduit
          Paradoxalement, c’est en disparaissant derrière ses masques et ses costumes que Cindy Sherman                  grâce à la technique de tirage Fresson. La texture particulière et le rendu très subtil de ce procé-
          est devenue une icône, bousculant l’idée même d’identité et les frontières entre réalité et fiction,           dé pigmentaire, inventé au dix-neuvième siècle par la famille du même nom basée désormais à
 35 e     initiant le développement d’une œuvre considérée comme capitale dans l’histoire de l’art de ces                Savigny-sur-Orge, répondent à merveille à la focale sans esbroufe du photographe, soucieux de
          cinquante dernières années.                                                                                    mettre à distance le spectaculaire et le grandiloquent. La longévité de la collaboration de Piossu
                                                                                                                  49 e
                                                                                                                         avec la famille Fresson sur trois générations est partie prenante de l’œuvre elle-même.

☞                                               •6•                                                                                                                •7•                                                      ☞
De la paillasse à la tombe.                                                                                                         L e C i n é m a s ’é c r i t.
                Anatomie de la mort                                                                                                       Du celluloïd au papier

           Dominique Le Nen • Léonard de Vinci : l’aventure anatomique • EPA Éditions •                                      Ozu Yazujiro • Carnets 1933-1963 • Éditions Carlotta •
           Quand Léonard de Vinci pratique ses premières dissections à Milan vers 1487, avec l’idée de ré-                   Yasujirô Ozu est un des plus grands cinéastes au monde. Son œuvre est unique et touche, comme
           diger un traité général d’anatomie, il est loin d’imaginer combien ses découvertes seront encore                  certains le disent, à un « au-delà » du cinéma. Comment cet homme en est-il venu à créer une
           pertinentes aujourd’hui. À travers les planches exceptionnelles de la collection de la Royal Library,             œuvre cinématographique si forte à la portée si universelle ? La réponse est peut-être dans le
           mises en parallèle avec l’imagerie médicale la plus récente, on découvre ici l’œuvre du plus grand                journal quotidien qu’il a tenu toute sa vie, où, entre notations laconiques, inspiration poétique et
           artiste et scientifique de la Renaissance, et sa vision avant-gardiste du corps humain.                           expression de ses émotions et pensées le plus souvent sarcastiques, se révèle un être de chair et
                                                                                                                      50 e
                                                                                                                             de sang d’une rare sensibilité et intelligence.
 45 e

           Joanna Ebenstein • Anatomica. L’art exquis et dérangeant de l’anatomie • Éditions du
           Seuil •                                                                                                           John Cassavetes • Cassavetes par Cassavetes • Éditions Capricci •
           Cette anthologie présente des planches illustrées d’anatomie, révélant comment les secrets du                     Suivant un fil chronologique, John Cassavetes y raconte son enfance et sa jeunesse, ses études
           corps ont fasciné les savants, les artistes, mais aussi les profanes. De la Renaissance jusqu’au                  d’art dramatique, ses débuts d’acteur fauché à New York, ses combats permanents contre les stu-
           xxe siècle, les croyances et les savoirs sur le sujet ont évolué de manière spectaculaire Tous les                dios d’Hollywood et les automatismes du cinéma commercial. Il expose en détail les étapes de
           artistes ont étudié l’anatomie afin de toucher de plus près la vraisemblance de leurs personnages.                réalisation de chacun de ses films, de Shadows (1959) à Love Streams (1984). Tournages épiques,
           Elles sont présentées non pas par ordre chronologique, mais organisées en fonction des parties                    souvent interrompus faute d’argent, montages sans cesse repris, communication et plans de sortie
 29 e      du corps ou de ses systèmes, pour mieux souligner la richesse des approches métaphoriques ou                      menés par le cinéaste lui-même… Toute sa vie, Cassavetes restera fidèle à sa vision radicale de l’art
           artistiques, et les différents styles utilisés pour comprendre et représenter le corps humain.             45 e   et du cinéma, parfois même contre l’avis de ses collaborateurs les plus fidèles, tels que les acteurs
                                                                                                                             Peter Falk, Ben Gazzara, ou sa femme et actrice Gena Rowlands.

           Joanna Ebenstein (Dir.) • Macabre : Traité illustré de la mort • Cernunnos Éditions •
           Depuis toujours, dans le monde entier, les hommes ont établi des rituels pour célébrer leur fini-                 Marx Brothers (Éd. Chantal Knecht) • Les Marx Brothers par eux-mêmes •
           tude, tout comme les artistes ont figuré la mort pour mieux l’appréhender. Aujourd’hui, ces repré-                Bouquins-Laffont •
           sentations ont presque disparu, cachées, tues, par une société qui veut oublier sa mortalité. Cet                 C’est l’histoire d’une fratrie, issue d’une famille pour le moins originale, qui, au début du xxe siècle,
           ouvrage rassemble pour la première fois plus de mille œuvres d’art, objets ou photos sur le thème                 a semé le désordre et la folie dans une Amérique bien-pensante et dont les membres sont les
           de la mort. Cette collection de Richard Harris, unique, est éclairée par les essais inédits de spécia-            plus grands comédiens du cinéma burlesque parlant : Chico (Leonard), l’aîné, reconnaissable à sa
           listes, collectionneurs ou scientifiques.                                                                         technique du « doigt revolver », Harpo (Adolph), muet comme Harpocrate, le dieu grec du silence,
34,90 e                                                                                                                      et toujours vêtu d’un manteau bourré d’ustensiles de cuisine, Groucho (Julius), le plus célèbre, ob-
                                                                                                                      30 e   sédé sexuel et textuel (autobiographie, correspondance, etc.), Gummo (Milton), imprésario de ses
                                                                                                                             frères, et Zeppo (Herbert), qui était « comme tout le monde ».
           Laetitia Bianchi • Posada, génie de la gravure • Éditions L’Association • 45
           José Guadalupe Posada (1852-1913). Une œuvre unique, culte, un trait immédiatement reconnais-
           sable, qui continue d’influencer les dessinateurs du monde entier. « Aussi grand que Goya », disait
           de lui Diego Rivera. Les inoubliables calaveras de Posada, squelettes qui rient, dansent, boivent et              Federico Fellini • Le Livre de mes rêves • Flammarion •
           chantent, traduisent une conception mexicaine du rapport aux morts. Les images de Posada nous                     Le Livre de mes rêves invite le lecteur à un voyage merveilleux à travers les espaces les plus secrets
           font voyager dans le Mexico des années 1900, celui des injustices politiques, de la modernisation                 et les plus intimes de la créativité de Federico Fellini, dans une « cosmographie personnelle où
           de la ville, des crimes et des tremblements de terre, et des petits livres vendus par les colporteurs.            des parcours émotionnels, sentimentaux, culturels, érotiques et affectifs entrecroisent des itiné-
           La Révolution, Dieu, le diable, l’enfance, la mort, la vie légère et insouciante de la haute société, la          raires géographiques, architecturaux, mémoriels, imaginaires et fantasmagoriques ». Cet ouvrage
 45 e      misère : aucun sujet n’aura échappé à Posada, qui a dépeint la vie et la mort avec une compassion                 du cinéaste reproduit l’intégralité des fac-similés de ses carnets dans lesquels il notait, au réveil,
           et un humour inégalés.                                                                                            ses visions nocturnes. L’appareil critique regroupe leur traduction, ainsi que les contributions de
                                                                                                                      75 e   spécialistes et d’amis de Fellini.

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D e l ’é v i d e n c e                                                                             Lanternes magiques,
                                     dans la singularité                                                                                   machines, surréalisme
                                                                                                                                             et autres curiosités
        Andrea Bellini • Écrire en dessinant • Skira Éditions •                                                                Massimo Listri • Cabinet of curiosities. Cabinets des merveilles • Taschen •
        « Scrivere Disegnando n’est pas, dans le sens strict du terme, une exposition sur l’écriture, mais plu-                C’est dans leur Wunderkammer, ou « cabinet de curiosités » que les collectionneurs exposent
        tôt une exposition sur son ombre, sur une idée d’écriture qui abandonne sa fonction de communi-                        des bribes de découvertes artistiques, scientifiques, intellectuelles, avec l’ambitieuse volonté de
        cation pour s’aventurer sur le chemin de l’illisible et de l’indicible. Notre recherche entend explorer                condenser en un lieu toutes les connaissances humaines. Ces merveilleux cabinets de curiosités,
        cette tension intrinsèque à la graphie qui oscille entre l’écriture, dans sa dimension proprement                      recomposés par des passionnés, ouvrent désormais leurs portes grâce à ce recueil format XXL,
        sémantique, et la terra incognita de la simple arabesque, de l’automatisme, du signe répété et du                      fruit des efforts déployés par Massimo Listri, qui pour accomplir cette tâche immense a sillonné
        gribouillage. »                                                                                                        sept pays européens sur plusieurs décennies.
75 e                                                                                                                   100 e

        Lucienne Peiry • Écrits d’art brut. Graphomanes extravagants • Éditions du Seuil •                                     Camille Morando, Radu Stern • Victor Brauner : je suis le rêve, je suis l’inspiration •
        Lettres d’amour ou de rage, poèmes, prières, messages érotiques et plaidoyers, journaux intimes et                     Paris-Musées •
        récits utopiques, les écrits d’Art Brut, fort peu connus, provoquent saisissement et fascination. Créés à              La perte de son œil en 1938 fait de l’autoportrait, peint sept ans auparavant, une œuvre prémo-
        huis clos pour la plupart, dans le secret-et le silence, ils sont souvent privés d’adresse ou sont réservés            nitoire pour Brauner : illustration des théories surréalistes, sa peinture revêt alors un caractère ma-
        à quelque destinataire onirique ou spirituel. Étrangement calligraphiés, rédigés à la hâte ou griffon-                 gique. La guerre va le contraindre, de par son statut de juif, à entrer dans la clandestinité dans le
        nés avec ferveur, quelquefois patiemment brodés ou gravés dans la pierre, accompagnés de pein-                         sud de la France. Brauner invoque alors les doctrines les plus secrètes (tarot, alchimie, spiritisme,
        tures ou de dessins, ces écrits relèvent d’un besoin impérieux d’expression et révèlent une créativité                 kabbale) pour se protéger de la France occupée en se réfugiant dans ce monde de rêve, donnant
31 e    stupéfiante. Ils constituent une forme de résistance sourde. Tous donnent corps et chair aux lettres.          45 e    à ses œuvres une dimension mystérieuse. L’après-guerre est marquée par une traversée de styles
        Réconciliant le verbe et l’image, ces écrits déploient une poésie forte et troublante.                                 due à sa liberté recouvrée. D’autres influences se font sentir de la psychanalyse à la pensée sau-
                                                                                                                               vage à travers des cycles. Il crée un langage nouveau pour donner à voir non pas le réel, mais les
                                                                                                                               ressorts invisibles du monde. Ce livre permet de mieux saisir la belle exposition de l’été au Musée
                                                                                                                               Bemberg.
        Charles Perrault • Les Contes illustrés par l’art brut • Diane de Selliers Éditions •
        Lus dans l’obscurité de la nuit, ces contes tracent un chemin et poussent le lecteur à quitter une
        réalité sombre et angoissante pour l’inviter à se dépasser, à atteindre la lumière. La peur, l’inquié-
        tude, la douleur, mais aussi l’insouciance, la joie et toutes les émotions racontées par Perrault sont                 Laurent Mannoni • Méliès. La Magie du cinéma • Flammarion •
        sublimées ici par la pulsion créatrice des artistes dits « bruts ». Ces femmes et ces hommes, éloi-                    « Méliès ne pouvait que commencer par perdre, pour finalement devenir une figure romantique,
        gnés de toutes les conventions académiques et peu soucieux de reconnaissance, expriment dans                           donc cinéaste maudit, piraté et spolié d’une histoire qui en comptera d’autres… Cette histoire, son
        leurs œuvres spontanées les angoisses et les rêves qui habitent l’être humain. Les artistes accom-                     histoire, des heures glorieuses du Théâtre Robert-Houdin à son pauvre stand de jouets et confi-
230 e   pagnent ici ces récits, ils y manifestent la fragilité, la colère, l’espoir, la liberté, le désir d’amour et           series de la gare Montparnasse, n’a jamais été racontée que dans cet ouvrage qui embrasse les
        bien d’autres sensations qui les habitent. Nées dans l’esprit de personnalités singulières à l’imagi-                  multiples facettes du premier cinéaste arpenteur de l’imaginaire. On descend tous de Méliès ! »
        nation sans bornes et animées par la nécessité de créer, ces œuvres sont un cri.                                       Martin Scorsese
                                                                                                                       45 e

        Ophélie Ferlier-Bouat • Léopold Chauveau. Au pays des monstres • Réunion des                                           Marco Bussagli • Jheronimus Bosch • La Martinère Éditions •
        Musées Nationaux/Musée d’Orsay •                                                                                       Les compositions du peintre flamand Jheronimus Bosch (vers 1453-1516) regorgent d’allégories
        Personnalité atypique, Chauveau s’initie à la sculpture vers 1905 alors qu’il exerce la médecine                       savantes, de bestiaires fantastiques et d’êtres énigmatiques ; elles ont donné lieu à bien des inter-
        depuis plusieurs années. Dès 1907, les monstres deviennent un leitmotiv de sa production, en                           prétations. Partant des recherches les plus récentes, cet ouvrage apporte un éclairage nouveau
        sculpture comme en dessin. Hybrides, ses créatures sont souvent attachantes, voire maladroites.                        sur l’artiste et sur son œuvre. On y apprend que sa peinture s’inspire de proverbes flamands et
        Semblant sortir de son inconscient, elles constituent pour Chauveau de véritables compagnons, le                       témoigne d’une profonde dévotion religieuse. Elle influença Raphaël, Dalí, Magritte ou Escher.
        peuple d’un monde imaginaire dans lequel il trouverait refuge. Malgré leur singularité, les monstres                   Des détails très agrandis mettent en lumière la portée symbolique de scènes où le Mal et le péché,
        sculptés ou les récits dessinés de l’artiste peuvent s’inscrire dans une généalogie de l’histoire de           45 e    obsessions de la fin du Moyen-Âge, ne sont jamais loin.
40 e
        l’art, on pense notamment aux gargouilles médiévales et aux influences des images japonaises du
        xixe siècle.

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Admirable critique !                                                                   Ve s t i g e s , e m b l è m e s , t r a c e s .
                             D e s v é r i t é s d e l ’a r t                                                                  Mémoires au présent

        Mica Gherghescu, Laurence Gueye-Parmentier et alii (Dir.) • La fabrique de l’histoire                            Alain Schnapp • Une histoire universelle des ruines • Éditions du Seuil •
        de l’art : 200 revues : 1903-1969 • Éditions Textuel •                                                           Il n’existe pas plus d’hommes sans mémoire que de sociétés sans ruines. Cette Histoire universelle des
        Ce magnifique corpus éditorial demeure très peu connu, c’est pourquoi les auteurs ont choisi de                  ruines vise à élucider le rapport indissoluble que chaque civilisation entretient avec elles. Les Grecs et les
        raconter ici une histoire de l’art subjective, vivante et accessible, à travers 200 revues. Près de 400          Romains considèrent les ruines comme un mal nécessaire qu’il faut apprendre à interpréter pour les maî-
        fac-similés incarnent la diversité des registres : de la virulence pleine d’humour des revues Dada               triser. Le monde médiéval occidental affrontera l’héritage antique avec une admiration fortement teintée
        à la poésie contestataire de la revue martiniquaise Tropiques d’Aimé Césaire jusqu’à l’énergie de                de répulsion. Face à cette tradition, la Renaissance entreprend un retour d’un type nouveau à l’Antiquité,
        Provoke, revue de photographie expérimentale japonaise. Les textes restituent ces aventures édi-                 considérée comme un modèle du présent qu’il faut imiter pour mieux le dépasser. Les Lumières enfin
59 e    toriales d’exception et mettent en lumière les parcours biographiques uniques d’éditeurs-passeurs.        49 e   bâtissent une conscience universelle des ruines qui s’est imposée à nous comme le « culte moderne des
                                                                                                                         monuments » : un dialogue avec les ruines qui se veut universel et dont ce livre porte témoignage.

        John Berger • Portraits. John Berger à vol d’oiseau • Éditions L’Écarquillé •
        « Lorsque j’ai vu une œuvre d’art, je quitte le musée ou la galerie où elle est exposée, et j’entre              Krzysztof Pomian • Le Musée, une histoire mondiale. Tome 1 : Du trésor au musée •
        humblement dans l’atelier où elle a été fabriquée. Et là j’attends en espérant apprendre quelque                 Gallimard •
        chose sur l’histoire de sa fabrication. Des espoirs, des choix, des erreurs, des découvertes impli-              Des accumulations des tombeaux égyptiens ou chinois et des trésors royaux jusqu’à notre Louvre au-
        cites. Je me parle à moi-même, je me rappelle le monde hors de l’atelier, et je m’adresse à l’artiste            jourd’hui, il faudra du temps pour que le musée trouve sa forme et sa fonction de conservation, d’étude
        que je connais peut-être, ou qui est mort il y a quelques siècles. Il n’y a jamais de conclusion. Par-           et d’exposition des objets. Le premier volume (deux à venir) de cette Histoire part d’un passé lointain pour
        fois un nouvel espace nous laisse tous les deux perplexes. Parfois une vision nous coupe le souffle,             arriver à la création de l’institution appelée « musée » inventée en Italie à la fin du xve siècle, gagnant toute
49 e    comme avant une révélation. Ce que cette approche et cette pratique apportent, c’est au lecteur                  l’Europe au xviiie siècle. Une histoire faite de dons et de marchandises, de vols et de pillages, de guerres et
        de mes textes d’en juger. » J. Berger                                                                     35 e   de diplomatie. Et aussi d’architecture, de manières de contempler et de manier les objets, de problèmes
                                                                                                                         juridiques et d’organisation. Une histoire d’art, et aussi de commerce, de savoirs et de techniques.

        Steffen Stiegel • 1839 : Daguerre, Talbot et la publication de la photographie : une
        anthologie • Éditions Macula •                                                                                   Alain Ruscio • Quand les civilisateurs croquaient les indigènes : dessins et caricatures
        Paris, 7 janvier 1839. François Arago fait une communication devant l’Académie des sciences à                    au temps des colonies • Cercle d’art •
        propos d’un nouveau procédé, inventé par Louis Daguerre, qui permet de fixer les images se for-                  Il fut un temps où la France exerçait son autorité sur des millions de femmes et d’hommes, désignés
        mant au foyer d’une chambre obscure. À partir de cette date, de nombreux acteurs, qu’ils soient                  pour l’occasion indigènes et catalogués noirs, jaunes, bruns, basanés… Sûr de la supériorité de ses
        savants, journalistes, artistes ou voyageurs, contribuent à inventer des métaphores, forger des                  valeurs, l’homme blanc imposa sa domination à ceux qu’il considérait physiologiquement et intel-
        concepts et élaborer des raisonnements – donc à instituer les cadres de référence du discours sur                lectuellement inférieurs, et qu’il lui revenait donc d’humaniser (la fameuse mission civilisatrice)… Pour
        la photographie. Cette anthologie se concentre sur les écrits provenant des deux pays d’origine                  emporter l’indispensable adhésion des Français moyens en imposant les certitudes raciales — en fait,
38 e    des premiers procédés photographiques, la France et la Grande-Bretagne, et rédigés en cette               39 e   racistes — le dessin et la caricature envahirent tous les supports : la presse, mais aussi les affiches, les
        année 1839 ou juste avant. Des textes parus dans l’espace germanophone et aux États-Unis les                     vignettes publicitaires, les images de catéchisme ou des écoles, les cartes postales, etc. En perma-
        complètent, attestant ainsi la rapide diffusion de la photographie et de son discours.                           nence entre le sourire crispé et un sentiment de révolte face à cette imagerie coloniale, le lecteur
                                                                                                                         pourra nourrir sa réflexion sur les racines d’un certain regard contemporain sur les autres.

        Hervé Joubert-Laurencin (Dir.) • André Bazin. Les écrits complets • Éditions Macula •
        Les Écrits complets d’André Bazin (1918-1958), 3 000 pages !!, rassemblent tous les articles écrits              Mehdi Ben Cheikh • Boulevard Paris 13. Le Musée du street art à ciel ouvert • Albin-Michel •
        par celui qui fut l’un des plus importants critiques de cinéma mondiaux. Cofondateur des Cahiers                 Après Tour Paris 13, un nouveau projet spectaculaire a vu le jour à Paris où la ligne de métro aérien
        du cinéma, figure tutélaire de la Nouvelle Vague, ce théoricien majeur de l’après-guerre aux mul-                n° 6 traverse désormais un « musée à ciel ouvert », le long du boulevard Vincent Auriol : Boulevard
        tiples apports n’a jamais cessé d’être passionnément discuté jusqu’à aujourd’hui. Face à l’animateur             Paris 13 et ses fresques monumentales, réalisées par les plus grands artistes internationaux, et se
        de ciné-clubs, l’envoyé spécial, l’interviewer et le théoricien, celui-ci jugera toute l’étendue d’une           succédant comme dans une galerie muséale géante. Ce livre permet de vivre ou de re-vivre cette
        écriture éprise d’ouverture, diversement adressée au public populaire des quotidiens et aux érudits              expérience unique, s’y raconte la genèse et le making of du projet, accompagné de dix planches
        des grandes revues intellectuelles de son époque.                                                                recto-verso permettant d’accrocher ses 20 murs préférés… chez soi !
149 e
                                                                                                                  49 e

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Des animaux et des hommes.                                                                                                            De feuille en feuilles.
   Les seconds représentent                                                                                                       L’a r b r e , l ’a r t i s t e , l e l i v r e
                les premiers
          Laura Bossi (Dir.) • Les origines du monde : l’invention de la nature au xixe siècle •                                Emanuele Coccia, Francis Hallé, etc. (Dir.) • Nous les arbres • Fondation Cartier •
          Musée d’Orsay/Gallimard •                                                                                             Après avoir été longtemps sous-évalués par la biologie, les arbres — comme l’ensemble du règne
          Le xixe siècle a connu un développement sans précédent des sciences naturelles. Si les grands                         végétal — ont fait l’objet, ces dernières décennies, de découvertes scientifiques qui permettent de
          voyages d’exploration témoignent de la diversité du monde et de la variété des espèces vivantes,                      porter un nouveau regard sur ces plus anciens membres de la communauté des vivants. Capa-
          la géologie dévoile l’inimaginable antiquité de la terre, et l’étude des fossiles révèle les prémices                 cités sensorielles, aptitude à la communication, développement d’une mémoire, symbiose avec
          de la vie et l’existence d’espèces disparues, dont les dinosaures. Dans la seconde moitié du siècle,                  d’autres espèces et influence climatique : la révélation de ces facultés invite à émettre l’hypothèse
          Darwin et ses adeptes interrogent les origines de l’homme, sa place dans la Nature, ses liens avec                    fascinante d’une « intelligence végétale » qui pourrait apporter des éléments de réponse à bien
 45 e     les animaux ainsi que sa propre animalité dans un monde désormais compris comme un écosys-                     45 e   des défis environnementaux actuels.
          tème. Ce bouleversement dans les sciences, ainsi que les débats publics qui traversent le siècle,
          influencent profondément les artistes.

                                                                                                                                Thomas Ott • La Forêt • Éditions Martin de Halleux •
                                                                                                                                Thomas Ott travaille principalement avec la technique de la carte à gratter. Avec un cutter japo-
          Benedikt Taschen, Bill Buford • Walton Ford : Pancha Tantra • Taschen •                                               nais, il gratte des lignes et des formes dans une couche noire qui recouvre un carton blanc. L’artiste
          À première vue, les aquarelles d’animaux en grand format extrêmement détaillées de Walton                             crée donc son dessin en le traçant en blanc sur un fond noir par petites touches de grattages suc-
          Ford, né en 1960, rappellent les planches d’histoire naturelle illustrées au xixe siècle par John James               cessifs. Un travail extrêmement minutieux pour lequel il n’a pratiquement pas droit à l’erreur. Il livre
          Audubon et Edward Lear. Mais en les regardant de plus près, on découvre un univers complexe                           ici une histoire courte, sans paroles, en 25 grandes images qui conduisent un jeune garçon à fuir
          à l’anthropomorphisme troublant. Dans cet univers visuel fascinant mais sinistre, bêtes et oiseaux                    au plus profond d’une forêt pour y trouver un refuge, mais aussi se confronter aux grandes terreurs
          ne sont jamais représentés comme de simples objets, mais plutôt comme les acteurs dynamiques                   22 e   des hommes et finalement faire l’expérience de suivre, sans peur, son propre chemin.
          de luttes symboliques : une dinde sauvage écrase une petite perruche entre ses serres, une tribu
 60 e     de singes met à sac une table de dîner dressée avec soin, un bison est encerclé par une meute de
          loups blancs ensanglantés.
                                                                                                                                Henry-Claude Cousseau • Arbres : Giuseppe Penone : exposition, Chaumont-sur-Loire
                                                                                                                                • Éditions Couleurs Contemporaines •
                                                                                                                                L’arbre jalonne, depuis plus de cinquante ans, la recherche de Giuseppe Penone, centrée, entre
          Brigitte Koyama-Richard • Animaux dans la peinture japonaise • Nouvelles Éditions                                     autres, sur une exégèse des origines séculaires de l’acte sculptural. En révélant la part cachée de
          Scala •                                                                                                               l’arbre, en exhumant son cœur par un procédé spectaculaire, celui de la suppression successive
          Dans la peinture japonaise, dragons, grues, renards, singes, tigres et libellules déambulent ou volent                des cernes de croissance, en mettant ainsi au jour sa vie antérieure, en le montrant dans sa nudité
          au milieu d’une végétation luxuriante, décorant ainsi les rouleaux enluminés, les paravents ou les                    hivernale, en le fondant en bronze, en faisant de l’arbre une structure porteuse de significations
                                                                                                                         28 e
          estampes. Du plus petit insecte à l’éléphant, ils ornent également les temples, les sanctuaires, les                  cosmiques, Giuseppe Penone met en scène un véritable protocole mythographique. Au-delà de
          palais et les jardins. Au-delà de leur fonction décorative ou propitiatoire, ces représentations portent              la théâtralité dont il est porteur, dans ses formes comme dans les cycles de sa vie, l’arbre, sous
          des significations. Pour pouvoir les comprendre et les apprécier, il faut connaître la place de chaque                couvert d’allégorie, questionne la pratique de la sculpture.
39,90 e   animal dans la culture, c’est-à-dire dans l’histoire, la spiritualité, la littérature et la vie quotidienne.

                                                                                                                                Lionel Hignard, Camille Renversade • L’herbier fantastique • Éditions Plume de
          Rudyard Kipling • (Illustrations MinaLima). Le Livre de la jungle • Flammarion-                                       carotte •
          Jeunesse •                                                                                                            Dans le journal L’Aurore daté du 25 juillet 1914, nous apprenons la disparition d’Irénée Dubois,
          Situé dans les profondeurs mystiques de la jungle indienne, où les tigres parcourent la terre et les                  « l’employé du Museum d’Histoire naturelle n’a pas reparu depuis trois semaines. » Voilà le point
          singes se balancent des arbres, Le Livre de la jungle de Rudyard Kipling est réinventé comme jamais                   de départ de l’aventure de ce livre étonnant. Cet ouvrage, composée de 27 dossiers fac similés,
          auparavant dans cette nouvelle édition intégrale époustouflante. Publié à l’origine en 1894, l’en-                    illustrés de nombreuses coupures de presse, correspondances, annotations, expériences scienti-
          semble d’histoires imaginaires comprend des épisodes colorés tels que l’histoire de l’homme-petit                     fiques, dessins, photos… est le fruit des recherches de ce botaniste du début du xxe siècle sur les
          Mowgli contre le féroce tigre Shere Khan, la courageuse mangouste Rikki-Tikki-Tavi et tant encore.                    phénomènes étranges (et néanmoins véritables) de la botanique. Certains verront ses thèses se
          Enrichi de nouvelles illustrations luxuriantes du studio de design MinaLima, ce nouveau Kipling                24 e   valider, d’autres non… mais qu’importe ! Des plantes carnivores aux haricots magiques, des plantes
 29 e     pourrait devenir un objet de collection et sera apprécié par les lecteurs de tous âges.                               qui donnent du lait aux plantes vampires, de l’arbre aux dragons aux arbres géants.

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La ca r te n’e s t pas l e territoire.                                                                                                                  R e v o i r Pa r i s .
 E x p l o r e r. D e s s i n e r. I m a g i n e r                                                                                            Empreintes et fantômes
                                                                                                                                                           d ’u n e v i l l e
           Laurent Maréchaux • Les défricheurs du monde. Ces géographes qui ont dessiné la                                               Laure Godineau, Marc César (Dir.) • La Commune de 1871. Une relecture • Éditions Créaphis •
           Terre • Éditions du Cherche-Midi •                                                                                            Le 18 mars et la Semaine sanglante sont des points de repère parisiens, marqueurs mémoriels qui
           Les Défricheurs du monde propose de se pencher sur les théories et découvertes marquantes de fa-                              cachent en partie sa grande complexité comme sa dimension nationale ou transnationale. Fertile en
           çon chronologique, pour suivre pas à pas la pensée de ceux qui ont façonné notre représentation                               initiatives de tous types, elle constitue a posteriori un extraordinaire et fascinant laboratoire du poli-
           graphique de l’endroit que nous habitons. Une approche qui célèbre le terme mot « géographie », soit                          tique. C’est à une relecture collective qu’invitent ici les plus grands spécialistes et de jeunes chercheurs.
           « écrire et dessiner la Terre » (« geo-graphein ») dans tout ce qu’elle a connu et connaît encore de va-                      Quel fut le quotidien de 1871, localement ? Que se joua-t-il sur l’ensemble du territoire, marqué par
           riantes et lectures. Car il a fallu des siècles entiers pour que le fait de « dessiner, décrire et se représenter             une grande diversité des espaces et des lieux ? Quelles furent les réceptions à l’échelle internationale.
  38 e     le monde » soit une science nommée et reconnue. Et c’est auprès des illustres Homère, Aristote, puis Al              27 e     Qu’est-ce que la Commune ? Ce livre montre la dimension capitale de l’expérience communaliste pour
           Idrissi et Mercator, mais aussi Turgot et Humboldt que l’on visite l’histoire fascinante des cartes.                          décrypter le xixe siècle et pour nourrir nos questionnements les plus contemporains.

                                                                                                                                         Anne de Mondenard, Agnès Sire (Dir.) • Atget : voir Paris • EXB/Fondation Cartier-
           Huw Lewis-Jones • Atlas des mondes imaginaires • Éditions E/P/A •                                                             Bresson •
           Les écrivains sont des créateurs de mondes. Le Pays imaginaire, la Terre du Milieu, Narnia, la forêt                          Vers 1897, Atget commence à photographier Paris de manière systématique. L’époque s’intéresse
           des Rêves bleus, l’île de Robinson… Cet atlas présente les cartes de ces lieux familiers des lecteurs.                        au patrimoine de la capitale et la commission du Vieux Paris commande à Atget plusieurs séries qu’il
           Vingt-trois auteurs évoquent les territoires qu’ils ont fait naître dans leurs œuvres à travers les plans                     nomme Paris pittoresque, L’art dans le vieux Paris, Environs… Doté d’une chambre à soufflet avec un
           qu’ils ont imaginés. Ils racontent également les lieux littéraires ou réels qui les ont fait rêver et ceux                    châssis chargé de plaques de verre, le photographe saisit la topographie d’une ville qui change. Petits
           qui furent à la source de leur propre inspiration. Un magnifique voyage de carte en carte à travers                  42 e
                                                                                                                                         métiers, étalages, cours d’immeubles, heurtoirs, charrettes, ruelles, cafés, chiffonniers de la zone, jardins
           la littérature : une inépuisable source de rêverie et d’aventure !                                                            urbains, parcs abandonnés, quais de la Seine, cette obsessionnelle recherche fixe le détail de l’imprévu ;
  35 e                                                                                                                                   il en émane un sentiment de nostalgie, mais aussi une grande poésie. Préférant les lumières du petit ma-
                                                                                                                                         tin, son cheminement montre des rues souvent désertes, des façades impénétrables, des fenêtres ou-
                                                                                                                                         vertes sur de sombres intérieurs : le monde est comme endormi. L’absence humaine dramatise le réel.
           Jacques Abeille • Le Cycle des contrées. La Vie de l’explorateur perdu • Le Tripode •
           Au milieu les années 70, à la manière d’un rêve, Jacques Abeille s’engageait dans l’exploration d’un
           monde imaginaire en écrivant un roman : Les Jardins statuaires. Depuis, de livre en livre, s’élabore                          Léon-Paul Fargue • L’esprit de Paris : chroniques parisiennes. 1934-1947 • Éditions du
           l’univers extraordinaire des Contrées, avec ses règles, ses fantasmagories… et ses vices. La Vie de                           Sandre •
           l’explorateur perdu clôture ce vaste cycle, il est le roman des origines et celui de la fin. C’est l’heure                    Il y a de l’esprit de Paris dans certains dialogues, reparties, scies ou mots historiques. Il y en a
           des dernières étreintes et de l’ultime révolte, de l’ultime énigme et des derniers témoins. Adieu le                          sur des chapeaux. Il y eu a aussi tout le long de nos quais, dans les petits caboulots, chez les
           Haut Plateau, Terrèbre, les Jardins statuaires et les enfants d’Inilo. Nous voilà quittant l’immensité                        prud’hommes, sur la plate-forme des autobus et dans le métro, dans l’escalier, sur les toits, sous
    19 e   des contrées, courant derrière les fantômes de Barthélémy Lécriveur et de Léo Barthe, faisant nos                             les toits où nichent les philosophes, au milieu des squares, et jusque dans les nuits camouflées de
           adieux à Ludovic Lindien, cet être inépuisable qui toute sa vie n’a pu respirer qu’en dehors du lieu                          la guerre. L.P. Fargue. Par ses chroniques parisiennes, nourries d’une vie de noctambulisme et de
           étroit où sa vie l’a confiné. Désormais, sur ce monde, la lumière s’éteint.                                          35 e     rencontres, Léon-Paul Fargue n’aura cessé de célébrer sa ville, élaborant une mythologie fondée
                                                                                                                                         sur une connaissance érudite et vécue avec intensité. Il dresse le portrait de toute une génération,
                                                                                                                                         de la fin du xixe siècle à l’après-guerre, des salons de Mallarmé et de Rachilde au cercle des Amis
                                                                                                                                         du Livre d’Adrienne Monnier. Colette, Crevel, Larbaud, Miomandre, Cendrars…
           Jean-Philippe Jaworski • Matière de Leomance : récits du vieux royaume • Les Moutons
           électriques •
           L’auteur à propos de cette « performance » littéraire et éditoriale de 1 300 pages : Au sein du Vieux                         Robert Bober • Par instants, la vie n’est pas sûre • Éditions POL •
           Royaume, c’est surtout la république de Ciudalia qui est Renaissance. La Marche Franche, le duché                             Ce livre est celui d’une mémoire de l’Europe amputée après le désastre, celui du souvenir du monde
           de Bromael et la principauté du Sacre sont toujours des contrées médiévales. Je puise mon inspi-                              yiddish, mais plus encore ce livre est celui de la vie retrouvée dans ce que Paris constituait après la
           ration à trois sources : clichés rôlistes, documentation historique, littérature générale ou de genre…                        guerre, une capitale du cosmopolite et de l’espoir retrouvé. Dans l’amitié de Pierre Dumayet et celle
           Quand je créais le Vieux Royaume, il m’est vite apparu que, pour générer de l’intrigue, j’avais besoin                        de Georges Perec. J’appelle des visages, des souvenirs, et ce ne sont pas toujours ceux que j’appelle
           d’un pôle culturel et économique qui soit aussi facteur d’instabilité politique ; c’est cette nécessité qui                   qui se présentent. Et comme s’ils n’attendaient que ça, ils affluent, en vrac, se donnant la main. Je les ac-
           a produit la république de Ciudalia et qui m’a orienté vers une cité Renaissance sur le modèle des                            cueille sans savoir où ils vont me conduire, ni ce qu’ils vont produire. Répartis dans des dossiers étique-
  79 e     grandes cités italiennes. J.-P. Jaworski (Actu SF)                                                                            tés, descendus de leurs étagères, sortis de leurs tiroirs, les souvenirs sont là, déposés sur mon bureau,
                                                                                                                               21,90 e
                                                                                                                                         attendant avec impatience ? espoir ? que je prenne le temps de m’y arrêter. Robert Bober.

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