Lorsque la communication se bute au secret : l'intervention psychosociale et la violence familiale - acelf

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VOLUME XXXI:1 – PRINTEMPS 2003

Lorsque la communication
se bute au secret :
       l’intervention psychosociale
       et la violence familiale

       Daniel TREMBLAY
       Département de travail social, Université du Québec en Outaouais, (Québec), Canada
VOLUME XXXI:1 – PRINTEMPS 2003
Revue scientifique virtuelle publiée par
l’Association canadienne d’éducation
                                              Difficultés de
de langue française dont la mission est
d’inspirer et de soutenir le développe-
ment et l’action des institutions éduca-
                                                 communication entre
tives francophones du Canada.

Directrice de la publication
                                                 parents et intervenants :
Chantal Lainey, ACELF

Présidente du comité de rédaction
                                                    éléments d’une sémiotique
Mariette Théberge,
  Université d’Ottawa                               interdiscursive
Comité de rédaction
Gérald C. Boudreau,                                 Rédacteurs invités :
  Université Sainte-Anne                            Jean-Claude KALUBI, professeur à l’Université de Sherbrooke (Québec), Canada
Lucie DeBlois,
  Université Laval                                  Jean-Marie BOUCHARD, professeur à l’Université du Québec en Outaouais
Simone Leblanc-Rainville,                           (Québec), Canada
  Université de Moncton
Paul Ruest,
  Collège universitaire de Saint-Boniface
Mariette Théberge,                             1    Liminaire
  Université d’Ottawa                               Difficultés de communication entre parents et intervenants : éléments d’une sémiotique
                                                    interdiscursive
Directeur général de l’ACELF                        Jean-Claude KALUBI, professeur à l’Université de Sherbrooke (Québec), Canada
Richard Lacombe                                     Jean-Marie BOUCHARD, professeur à l’Université du Québec en Outaouais (Québec),Canada
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Conception graphique et montage
                                                    familiale
Claude Baillargeon pour Opossum
                                                    Daniel TREMBLAY, département de travail social, Université du Québec en Outaouais,
Responsable du site Internet                        (Québec), Canada
Anne-Marie Bergeron                            22   Les enjeux intrapsychiques reliés aux interventions de soutien à la famille défavorisée
                                                    Diane THIBAULT, Université du Québec à Rimouski, (Québec) Canada
                                                    Marie JACQUES, Université Laval, (Québec) Canada
    Les textes signés n’engagent que                Jacques THIBAULT, Conseiller-expert en mesure et évaluation, Canada
   la responsabilité de leurs auteures
    et auteurs, lesquels en assument           40   Partenariat entre professionnels et parents d’enfants avec une déficience intellectuelle :
   également la révision linguistique.              expériences et attentes des parents
De plus, afin d’attester leur recevabilité,         Gisela CHATELANAT, Université de Genève, Genève (Suisse)
   au regard des exigences du milieu                Isaline PANCHAUD MINGRONE, École d’études sociales et pédagogiques, Lausanne (Suisse)
    universitaire, tous les textes sont             Gertrude NIGGL DOMENJOZ, Université de Genève, Genève (Suisse)
arbitrés, c’est-à-dire soumis à des pairs,
  selon une procédure déjà convenue.           56   Relations familles et intervenants : quelques repères vers la collaboration et
                                                    l’empowerment en contexte d’intervention
 La revue Éducation et francophonie                 Amnon J. SUISSA, Ph.D, Département de Travail Social, Université du Québec en Outaouais,
   est publiée deux fois l’an grâce à               (Québec) Canada
    l’appui financier du ministère du          75   Parents et intervenants face aux adolescents et aux adultes déficients mentaux.
   Patrimoine canadien et du Conseil                Une communication difficile
  de recherches en sciences humaines
                                                    Jean-Luc LAMBERT, Université de Fribourg (Suisse)
                du Canada.
                                               87   Relations parents et professionnels dans des structures éducatives inclusives
                                                    Paula J. BECKMAN, Université de Maryland (U.S.A.)
                                               101 Malaise et intervention éducative
                                                   Jean-Sébastien MORVAN, Université Paris V, France
                                               108 Les difficultés de communication entre intervenants et parents d’enfants vivant avec
                                                   des incapacités
                                                   Jean-Marie BOUCHARD, Université du Québec à Montréal, (Québec) Canada
                                                   Jean-Claude KALUBI, Université de Sherbrooke, (Québec) Canada
      268, Marie-de-l’Incarnation
      Québec (Québec) G1N 3G4                  130 Appropriation des savoirs parentaux dans la continuité des services pour les familles
     Téléphone : (418) 681-4661                    ayant un enfant atteint d’une déficience motrice cérébrale
     Télécopieur : (418) 681-3389                  Diane PELCHAT, inf., Ph.D., Université de Montréal, (Québec) Canada
        Courriel : info@acelf.ca                   Hélène LEFEBVRE ,inf., Ph.D., Université de Montréal, (Québec) Canada
              Dépôt légal                      147 La collaboration entre les parents, les élèves et le professeur
   Bibliothèque nationale du Québec                Recension - Peter Coleman
   Bibliothèque nationale du Canada
            ISSN 0849-1089
Lorsque la communication
se bute au secret :
               l’intervention psychosociale
               et la violence familiale1

Daniel TREMBLAY
Département de travail social, Université du Québec en Outaouais, (Québec), Canada

RÉSUMÉ

     Le propos de cet article est de faire le point sur les difficultés de communication
entre les intervenants psychosociaux et les personnes affectées par la violence et les
abus infligés aux enfants et aux jeunes en milieu de vie familial. Les données utilisées
proviennent d’une recension d’écrits scientifiques et cliniques portant sur le(s)
secret(s) entourant ce type de violence. Il ressort de cette recension que l’existence de
ce(s) secret(s) complique le processus de communication. D’une part, l’intervenant se
bute à ce que l’on appelle dans la littérature recensée le « secret familial » et, d’autre
part, il doit composer avec les problèmes que pose la représentation sociale de cette
forme de violence.

1. Cette recherche a bénéficié du soutien financier du Conseil québécois de la recherche sociale (RS-2729).

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Lorsque la communication se bute au secret :
l’intervention psychosociale et la violence familiale

ABSTRACT

When secrecy interferes with communication : psychosocial intervention
and family violence

      This article synthesizes knowledge about the communication difficulties between
psychosocial professionals and people affected by family violence and abuse. Data
used in this paper stem from a systematic survey of the related scientific and clinical
literature on secrecy (and secrets) surrounding this type of violence and abuse. It
emerges from this survey that secrecy (and secrets) relating to family violence or abuse
complicates the communication process. On the one hand, the professional collides
with the « family secret », to use a fixed expression in this literature, and on the other
hand, he has to manage the problems raised by the social representation of this
violence.

RESUMEN

Cuando la comunicación tropieza con el secreto : La intervención
psicosocial y la violencia familiar

      Este articulo tiene como objetivo identificar las dificultades de comunicación
que surgen entre los profesionistas de la intervención psicosocial y las personas
afectadas por la violencia y los abusos infligidos a los niños y a los jóvenes en el
medio familiar. Los datos utilizados provienen de una revisión de escritos científicos
y clínicos que tratan de los secretos que rodean a ese tipo de violencia. Esta revisión
muestra que la existencia de dichos secretos complica el proceso de comunicación.
Por una parte el profesionista tropieza con lo que se denomina en la literatura revi-
sada el ‘secreto familiar’ y por otra parte, debe transigir con los problemas que hace
surgir la representación social de esta forma de violencia.

Introduction

      Le thème du secret est régulièrement abordé dans les écrits scientifiques et
cliniques portant sur la problématique de la violence familiale. Il ne serait pas
exagéré de dire que le secret est même considéré comme l’un des éléments struc-
turants de cette problématique. Dans la plupart des sociétés développées, la violence
en milieu de vie familial est aujourd’hui perçue comme un problème social et, à ce
titre, elle fait l’objet d’interventions législatives et professionnelles, mobilise des
acteurs des milieux publics et communautaires, suscite des efforts de prévention, de

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Lorsque la communication se bute au secret :
l’intervention psychosociale et la violence familiale

sensibilisation, de dépistage (etc.) qui interpellent une large partie de la population.
Les professionnels de l’intervention psychosociale, immédiatement après les milieux
de vie familiaux concernés et sans doute au même degré que les forces policières ou
les services de protection de la jeunesse, comptent parmi les acteurs sociaux les plus
exposés à cette problématique. Le secret dans lequel baigne cette réalité ne constitue
en fait, pour un grand nombre de professionnels, qu’un secret de Polichinelle.

La communication et le secret

     Les notions de « communication » et de « secret » ne sont pas spontanément as-
sociées l’une à l’autre. Il est en fait plus courant de les opposer et de voir dans le
secret un obstacle à la communication ou même une absence de communication.
De nos jours, cette dernière jouit d’une représentation positive (Breton et Proulx
(1994)). Le secret, au contraire, comprend une connotation plutôt péjorative. On lui
adjoint facilement des notions comme l’ambiguïté, la méfiance, la conspiration ou
même le mensonge. Le secret n’est habituellement pas perçu comme un vecteur de
communication.
     Dans les faits, l’intervention psychosociale constitue l’un des cadres sociaux où
se manifeste couramment la dynamique de la relation entre le secret et la violence
familiale. L’intervenant psychosocial qui en pressent l’existence ou qui est explicite-
ment appelé à intervenir dans une situation de ce genre, doit composer avec
plusieurs éléments, pour la plupart contraignants :
•    droit de ses interlocuteurs au secret professionnel (Québec, art. 9 de la Charte
     des droits et libertés de la personne),
•    obligation de signaler (Québec, art. 39 de la Loi sur la protection de la jeunesse),
•    code déontologique de son ordre professionnel,
•    pérennité du milieu familial concerné,
•    intérêt de son « client »,
•    valeurs et convictions personnelles de l’intervenant lui-même, etc.

     Bref, la communication entre le professionnel de l’intervention psychosociale,
les personnes directement touchées par la problématique de la violence (victimes
et agresseurs/abuseurs) et les autres membres du milieu familial concernés est de
nature à soulever de nombreux problèmes. C’est sans doute ce qui explique, en par-
tie du moins, l’abondance des écrits scientifiques et cliniques consacrés au thème du
secret entourant la violence familiale. Le propos de cet article est de faire la synthèse
de cette littérature en mettant l’accent sur les difficultés de communication entre les
victimes, les agresseurs/abuseurs, les familles et les intervenants appelés à interagir
en situation de violence familiale.

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Lorsque la communication se bute au secret :
l’intervention psychosociale et la violence familiale

Méthodologie

   Trois stratégies de collecte ont été utilisées pour réunir les données et les docu-
ments nécessaires à la réalisation de cette recension :
1. l’interrogation de bases de données bibliographiques spécialisées,
2. le dépouillement des principaux ouvrages de langue française ou anglaise con-
   sacrés à la problématique étudiée et
3. la consultation d’organismes publics et communautaires québécois suscep-
   tibles de produire ou de parrainer la production de travaux se rapportant au
   thème de la recension.

      Toutes les dimensions de la problématique de la violence familiale ont été
explorées dans le cadre de cette recension, ce qui inclut par exemple la violence
conjugale et la violence à l’égard des parents ou des grands-parents. Toutefois, dans
le cadre de cet article, seuls les écrits se rapportant à la violence et aux abus infligés
aux enfants et aux adolescents (par leurs parents, grands-parents, frères ou sœurs)
seront pris en considération. Précisons également que toutes les formes de violence
ou d’abus ont été retenues : physiques, psychologiques, sexuelles, verbales, négli-
gence, etc.
      L’ensemble de la documentation recueillie a été analysé au moyen d’une grille
spécifiquement conçue à cette fin. Cette grille avait été préalablement testée sur un
échantillon diversifié d’écrits scientifiques et cliniques pertinents. La documentation
recensée dans le cadre de cet article est celle qui avait été publiée, au plus tard, à la
fin de l’année 1997. Le lecteur intéressé à connaître de façon plus complète et détail-
lée la méthodologie peut consulter le rapport de recherche original (Tremblay et alii
(1998); Tremblay (1999)).
      Bien que la grille utilisée comporte plusieurs autres sections, précisons que la
majeure partie des informations analysées dans cet article ont été traitées dans une
section intitulée « gestion de l’information ». Cette dernière subdivise le contenu des
écrits recensés en diverses rubriques dont certaines font également l’objet d’une
section spécifique dans le rapport de recherche. Ces rubriques correspondent à
plusieurs des thèmes abordés ou évoqués dans le présent article. Mentionnons par
exemple les questions du dévoilement, de la protection de la personne, du respect de
la vie privée et de la réputation, du secret professionnel, du signalement...

Description sommaire des écrits scientifiques
et cliniques recensés

     La méthodologie décrite ici a permis de repérer plus de 600 écrits scientifiques
ou cliniques associant de manière significative les thèmes du secret et de la violence
en milieux de vie conjugal et familial. La plupart de ces écrits portent en totalité ou
en partie sur l’une ou l’autre des formes de violence infligées aux enfants et aux
adolescents. En effet, on peut estimer (en s’appuyant sur le décompte des références

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l’intervention psychosociale et la violence familiale

bibliographiques figurant dans le rapport de recherche original) que plus de 75 %
de la littérature recensée traite de la question, comparativement à un peu plus de
10 % pour la violence conjugale, à un peu plus de 10 % également pour la violence à
l’endroit des grands-parents et des parents âgés, et à moins de 2 % pour la violence
infligée aux parents par leurs enfants. Il est clair, en d’autres mots, que les écrits
scientifiques et cliniques portant sur la violence en milieux de vie conjugal et fami-
lial associent la notion de secret, d’abord et avant tout, aux victimes les plus jeunes.
Ces dernières sont, en grande majorité, identifiées comme victimes de leurs parents.
De ce fait, les écrits recensés évoquent rarement le thème de la violence au sein de la
fratrie (moins de 3 % des références bibliographiques).
      En ce qui a trait au type de violence le plus fréquemment traité dans les écrits
recensés, on ne s’étonnera guère d’apprendre que les agressions et abus de nature
sexuelle sont ceux qui arrivent en premier. Dans l’ensemble, plus de 70 % des
références bibliographiques portent sur cette réalité. En ce qui concerne plus spéci-
fiquement les écrits s’intéressant aux enfants et aux adolescentes, la proportion des
agressions et abus de nature sexuelle est même nettement plus élevée, puisque plus
de 88 % des références bibliographiques concernées s’y rapportent.
      D’un point de vue strictement quantitatif et de façon fort sommaire, cette
recension fait d’abord ressortir que le thème du secret entourant la violence en
milieux de vie conjugal et familial est principalement associé aux enfants et aux ado-
lescents victimes d’agressions et d’abus de nature sexuelle.

Intervention psychosociale et environnement social :
vie privée et intérêt public

      Avant d’examiner les écrits recensés, il convient d’expliciter la perspective
d’analyse adoptée dans cet article (Tremblay et alii (1998)).
      L’intervention psychosociale, et ce, en dépit des moyens mis à la disposition
des professionnels (formation, perfectionnement, expérience...), s’effectue dans un
cadre qui ne peut échapper totalement aux valeurs et normes sociales entourant la
problématique de la violence familiale. Or, il ressort de la littérature recensée que
cette problématique serait mal « connue ». Et ce ne sont pas, ici, les efforts déployés
pour la mettre à jour qui sont mis en cause, mais plus fondamentalement le rapport
qu’entretient toute société avec une réalité de ce genre. Cette violence, en raison à
la fois de sa nature et du milieu de vie où elle se produit, est d’abord difficile à objec-
tiver. Il est plus tentant, pour des motifs de cohésion sociale, de l’évoquer que de
chercher à l’observer et la décrire comme on le fait pour d’autres réalités sociales,
même si ces dernières sont peu reluisantes, comme c’est le cas par exemple de l’ex-
clusion, de la délinquance, de l’incivilité, etc.
      La violence familiale, à la différence de ces réalités, est fréquemment considérée
comme une question d’intérêt privé plutôt que d’intérêt public, une « affaire de
famille » pour reprendre une expression régulièrement utilisée dans les écrits recen-
sés. L’intervention psychosociale n’a pas le caractère « naturel » de l’intervention du

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l’intervention psychosociale et la violence familiale

parent à l’endroit de son enfant. La notion de négligence illustre bien cette différence
fondamentale. Il est de fait considéré comme « naturel », sur le plan social, que le
parent offre à son enfant des conditions de vie adéquates et lui prodigue les soins qui
lui sont « dus ». Pour sa part, l’intervenant psychosocial n’est autorisé à intervenir
dans la relation parent-enfant que lorsque ces « droits » sont, aux yeux de la société,
perçus comme compromis ou du moins menacés. La violence familiale, dont les
contours varient d’ailleurs considérablement d’une société à l’autre (seuils de
tolérance, formes de violence et d’abus, profils des victimes, etc.), constitue l’une des
principales situations susceptibles de justifier une intervention de type psychosocial,
mais cette dernière ne jouit jamais du caractère « naturel » attribué à l’intervention
parentale.
      Cette première observation est fondamentale. Les difficultés de communication
entre l’intervenant psychosocial et la famille impliquée dans une situation de violence
ont pour cadre inaliénable le caractère « naturel » attribué, sur le plan social, aux rela-
tions parent-enfant et avec lequel contrastent les relations entre l’intervenant et la
famille. Ces dernières ont, par rapport aux premières, un caractère nettement moins
« naturel ». Elles requièrent donc un effort de légitimation qui n’est jamais acquis et
qui doit, par le biais de dispositifs législatifs, déontologiques ou institutionnels, être
constamment réitéré. Comme le sait l’intervenant, l’existence de ces dispositifs fait en
sorte que des conséquences d’ordre social et judiciaire accompagnent ou peuvent
accompagner le « dévoilement ». En temps normal, les relations familiales ne sont
évidemment pas soumises à ce type de contraintes. Ce privilège rend l’existence des
« secrets de famille » plus facile à accepter socialement et explique en bonne partie,
d’abord que la famille puisse constituer un terreau fertile pour les incidents de vio-
lence et d’abus à l’égard des enfants et des adolescents et, ensuite, que l’intervention
psychosociale soit constamment confrontée à ces « secrets de famille ». Ces derniers
ne bénéficieraient pas du même degré de tolérance si l’objet en cause était considéré
comme étant « d’intérêt public », ce qui serait par ailleurs perçu de façon certaine
comme une atteinte au principe du « respect de la vie privée ».
      En situation de violence familiale, les relations entre l’intervenant psychosocial,
la famille, la victime et l’agresseur/abuseur s’inscrivent donc dans un cadre social
relativement contraignant et ce n’est généralement pas l’intervenant qui est le mieux
placé pour s’en accommoder. Les difficultés de communication entre les membres
de la famille et l’intervenant ne s’expliquent certes pas toutes par cette situation,
mais on peut dire qu’elles en découlent largement.

Cécité (in)volontaire et (in)action professionnelle :
le complexe du «secret familial»
    Le thème du malaise que peuvent susciter les situations de violence familiale
chez les intervenants est régulièrement abordé dans la littérature spécialisée.
Globalement, en précisant cependant que les chiffres cités varient considérablement
d’une étude à l’autre, il ressort de cette littérature que plusieurs intervenants ne

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Lorsque la communication se bute au secret :
l’intervention psychosociale et la violence familiale

signaleraient pas systématiquement les situations de violence ou d’abus infligeés aux
enfants lorsqu’ils croient y être confrontés (Pollak et Levy (1989)).
      Une importante enquête effectuée aux États-Unis vers la fin des années 80, et à
laquelle ont participé près de 1 200 «professionnels» (à noter qu’il ne s’agissait pas
que d’intervenants psychosociaux), a par exemple révélé qu’environ 40 % d’entre
eux admettaient avoir omis d’effectuer au moins un signalement au cours de leur
carrière. Cette enquête a cependant fait ressortir que ces taux variaient beaucoup
d’une profession à l’autre, les taux les plus élevés (plus de 50 %) se retrouvant chez
les « psychiatres pour enfant » et chez les « travailleurs sociaux »; tandis que les taux
les moins élevés (moins de 25 %) se retrouvent chez les « intervenants en petite
enfance » (Zellman et Coulborn Faller (1996)).
      Parmi les principaux motifs invoqués par les intervenants qui disent avoir
déjà omis de signaler, mentionnons les suivants : faiblesse des « indices » (évidence)
perçus, gravité de la situation jugée insuffisante pour justifier un signalement, con-
viction de pouvoir aider la victime à s’en sortir sans devoir faire appel à d’autres
ressources, perception que le signalement pourrait nuire à l’efficacité du traitement,
piètre opinion du professionnel au sujet de l’efficacité des services d’intervention
disponibles, etc. Ces motifs, comme on peut le constater, ne laissent pas
transparaître explicitement le malaise évoqué au début de cette section. Pourtant,
il ressort de certaines enquêtes que les intervenants auraient parfois tendance, par
« mécanisme de défense », à préférer ne pas faire face à la réalité de la violence fami-
liale, dans certains cas en la « dramatisant » au lieu de l’appréhender de manière
objective, mais plus souvent en cherchant à la « banaliser ». Ce type d’attitudes, dans
un cas comme dans l’autre, risque bien sûr d’influencer leur capacité d’observer les
faits et, par conséquent, leur propension à signaler les incidents (Hadjiisky, Agostini,
Dardel et Thouvenin (1993)).
      Pour des raisons sur lesquelles il n’est sans doute pas nécessaire d’élaborer, le
malaise des intervenants psychosociaux serait encore plus vif dans les situations où
les violences et abus concernés sont de nature sexuelle. L’inceste, comme chacun
sait, est l’une des réalités sociales qui provoquent le plus d’inconfort; et il n’est pas
rare que les adultes aient comme réaction spontanée de préférer ne pas voir cette
réalité lorsqu’elle se laisse pressentir (Crivillé et alii (1994); Mize, Bentley, Helms,
Ledbetter et Neblett (1995); Summit (1988)). Dans les écrits recensés, on encourage
bien sûr les intervenants à ne pas cautionner, par leur silence et leur inaction, les
« secrets familiaux » entourant l’inceste et à éviter de se placer dans une situation
d’illégalité (Gelinas (1986)).
      Les intervenants, estime-t-on, ne sont pas forcément les premiers confidents
choisis par les victimes d’inceste qui cherchent à lever le voile sur leur situation.
Le sujet ne fait pas l’unanimité mais, selon certains des écrits recensés, c’est plus
souvent à un pair (par exemple, un-e ami-e) que choisiraient de se confier les
victimes d’inceste, en particulier lorsque l’abuseur fait partie de la famille nucléaire.
Les parents (pour une raison facile à deviner, la mère davantage que le père) ou
autres membres de la famille sont également choisis comme confidents, mais plus
fréquemment dans les situations où l’abus sexuel est d’origine extrafamiliale ou s’il

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est commis par un membre de la famille élargie ou reconstituée. Précisons qu’une
bonne partie des recherches publiées à ce jour, lorsqu’elles abordent cette question,
n’établissent pas de distinction très nette entre abus sexuels d’origine intra ou
extrafamiliale (Finkelhor (1984); Glaser et Frosh (1993); Groupe de travail sur les
agressions à caractère sexuel (1995); Sauzier (1989); Tourigny, Péladeau et Bouchard
(1993); Vannotti, Fluckiger et Rey (1992)).
      L’inceste est l’une des problématiques auxquelles la littérature spécialisée fait
régulièrement référence en utilisant, de façon métaphorique ou descriptive, l’expres-
sion « secret familial ». De fait, l’intervenant psychosocial exposé à une situation
d’inceste est très souvent confronté à l’existence de ce « secret » et donc amené à
essayer de communiquer avec des interlocuteurs rétifs ou carrément fermés à toute
forme de communication sur le sujet. Et ces difficultés de communication ne se
limitent pas au couple intervenant/client. Il est courant de voir l’ensemble des
membres de la famille faire preuve d’un intense degré de cohésion et de solidarité
pour contrer ce qui est alors perçu comme une menace extérieure.
      L’intervenant, dans ce contexte, fait figure d’intrus. En effet, les écrits recensés
sont nombreux à souligner que l’inceste peut facilement faire l’objet d’une véritable
« conspiration du silence », cette dernière s’étendant parfois sur de longues périodes.
Même si cette réalité est impossible à chiffrer, il est assez fréquent, semble-t-il, que
le secret entourant l’inceste devienne l’un des principaux vecteurs de l’unité fami-
liale. Ce thème est régulièrement abordé dans la littérature spécialisée qui, de façon
imagée encore une fois, donne à cette réalité le nom de « loi du silence » (Bagley
et King (1990); Crosson Tower (1996); Furniss (1991); Gauthier (1993); Kaufman et
Wohl (1992); Schatzow et Herman (1989)). Pour reprendre la formule d’un auteur
européen :
      « Chacun sait, chacun se tait, la réprobation existe mais informulée et
      informulable. » (Bigourdan (1989, p. 49)).

        Ou encore :
        « Dans les situations d’inceste, bien souvent tout le monde sait, mais tout
       le monde ne sait pas que tout le monde sait. » (Neuburger (1988, p. 307)).

      Toutes les situations d’inceste ne présentent sans doute pas cette caractéris-
tique, mais l’importance accordée au thème du « secret familial » dans les écrits
recensés donne l’impression que ce dernier constitue un obstacle majeur à la com-
munication entre les intervenants psychosociaux et les familles concernées. C’est
l’une des raisons pour lesquelles il est également beaucoup question, dans cette
littérature, des moyens et techniques de communication (éprouvés ou à valider)
disponibles pour pallier à ces difficultés.

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l’intervention psychosociale et la violence familiale

Les voies de la communication et du secret : des « mots »
avant toute chose... mais pas en toutes circonstances

      Précisons d’emblée que les écrits abordant la question ont tendance à privi-
légier la communication verbale par rapport à toute autre forme de communication.
La parole reste le moyen le plus sûr et le plus direct. Ce principe vaut sans doute pour
toute activité de communication humaine et le contexte de l’intervention psycho-
sociale n’y échappe pas. Cela dit, dans les situations de violence familiale et en par-
ticulier lorsque les victimes sont des enfants, plusieurs facteurs peuvent brouiller la
communication. Tous les membres de la famille, il va de soi, ne sont pas exposés au
même degré et de la même façon à l’influence de ces facteurs.
      Il est connu que l’enfant ne s’exprime généralement pas comme l’adulte. Cela
découle des limites qui caractérisent ses compétences langagières mais, en situation
de violence ou d’abus, ces dernières n’expliquent qu’en partie ses difficultés de com-
munication. Rappelons que l’objet du discours de l’enfant est, en principe, destiné
au secret. Ce n’est donc qu’en termes vagues, de façon allusive, fugitive et souvent
aussi de manière non verbale que l’enfant victime de violence ou d’abus laisse fuser
l’information. Souvent, la personne se sait épiée et, même si c’est généralement de
manière indirecte et avec un certain décalage, elle est également consciente qu’elle
aura peut-être à rendre compte de ses confidences. Les autres membres de la famille,
et en premier lieu l’agresseur ou l’abuseur, ont beau ne pas être physiquement
présents dans l’espace communicationnel que constitue l’intervention psychoso-
ciale, ils y sont symboliquement présents. En un sens, on pourrait même dire qu’ils
y participent. Le « secret familial » évoqué plus haut n’a pas de frontières spatio-
temporelles et la « loi du silence » qui en découle s’applique de manière d’autant
plus efficace que c’est le sujet (en l’occurrence la victime) lui-même qui s’en fait le
gardien, même si c’est à ses dépens (Burgess et Holmstrom (1978)).
      C’est pour diminuer les obstacles entravant la communication verbale qu’une
partie des écrits recensés, principalement ceux consacrés à l’inceste encore une
fois, portent sur d’autres moyens de communication susceptibles d’être utilisés dans
l’intervention psychosociale. Ces techniques sont, pour la plupart, relativement con-
nues : jeu, dessin, mouvement corporel, création littéraire... Il ressort de la littérature
que ces approches, bien que prometteuses dans certains cas, ne résolvent qu’en par-
tie les problèmes de communication entre la victime et l’intervenant psychosocial. Il
est difficile, par exemple, d’interpréter de façon fiable les éventuels indices d’abus
sexuels figurant dans certains dessins d’enfants. Cela dit, quelques-uns des écrits
recensés voient dans le jeu ou l’expression artistique des approches très valables,
non seulement pour établir la communication avec l’enfant, mais aussi d’un point de
vue thérapeutique. Il convient toutefois d’insister sur le fait que ces approches sont
généralement proposées comme des options de rechange ou subsidiaires à la com-
munication verbale (Malchiodi (1990); Sagar (1990); Simonds (1994), Williams
(1991)).
      Cette dernière, en effet, jouit d’une crédibilité que ne possède aucune des autres
approches. La « prise de parole » est même assimilée par de nombreux auteurs à un

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processus de guérison. Cette conception des choses semble particulièrement
fréquente dans les écrits d’inspiration féministe qui, on l’aura compris, s’adressent
moins souvent aux enfants eux-mêmes qu’aux femmes qui auraient été victimes
d’inceste au cours de leur enfance. Comme cet article porte essentiellement sur la
violence infligée aux enfants et aux adolescents ou adolescentes, on ne s’étendra pas
sur le sujet. Soulignons néanmoins que cette littérature est traversée par des débats
- par exemple, la controverse autour du False Memory Syndrome - dont le degré de
virulence est assez marqué (Alcoff et Gray (1993); Bass et Davis (1994); Blume (1990);
Loftus et Ketcham (1994)).
      Tous les auteurs ne partagent pas cet enthousiasme à l’égard de la « prise de
parole », l’idée étant pour eux de « mettre en place des conditions thérapeutiques
grâce auxquelles l’enfant peut retourner l’événement au secret et passer à autre
chose » (Van Gijseghem et Gauthier (1992, p. 19)). Le dévoilement, en d’autres
termes, ne devrait pas forcément déborder le cadre thérapeutique. Prônant le « droit
au secret », les tenants de cette opinion vont jusqu’à utiliser l’expression « acharne-
ment thérapeutique » pour décrire le comportement de certains «intervenants» qui
attribuent à la « mise en mots » de l’abus sexuel par la victime, des vertus curatives
dont la démonstration est loin d’être chose faite (Van Gijseghem et Gauthier (1992);
Van Gijseghem (1994)).
      Ce point de vue ne fait cependant pas consensus. Au contraire, la plupart des
écrits abordant cette question ont tendance à attribuer à la communication verbale
des vertus thérapeutiques. Certains auteurs vont même jusqu’à suggérer que le con-
finement de la confidence dans le seul cadre thérapeutique équivaut à reproduire
le schéma du secret dans lequel se déroule généralement l’inceste ou, du moins, que
ce confinement peut être interprété ainsi par la victime. En simplifiant considérable-
ment les choses, disons que les intervenants enclins à privilégier les approches
thérapeutiques individuelles sont moins facilement portés à attribuer, à la divulga-
tion du secret, des vertus potentiellement curatives. Ils préfèrent ainsi limiter le
dévoilement au contexte clinique (dyade client/intervenant). Pour leur part, les
intervenants qui favorisent les thérapies de type familial, systémique ou l’interven-
tion de groupe sont plutôt portés à voir le secret comme un obstacle à la démarche
thérapeutique et estiment que la divulgation de l’inceste, à condition de prendre les
précautions et mesures appropriées, est habituellement plus susceptible de profiter
que de nuire aux victimes (Bédard et Berteau (1995); Bergart (1986); Berliner et Ernst
(1984); Courtois (1988); Gold-Steinberg et Buttenheim (1993); Kitchur et Bell (1989)).
      En conclusion, il est difficile de trancher en ce qui concerne les mérites et risques
respectifs du secret et du dévoilement relatifs à l’inceste. Contrairement à ce que
semblent croire bien des gens et à ce que postulent diverses approches thérapeu-
tiques, il n’est pas évident ou du moins pas facile de démontrer que la divulgation du
secret serait en soi et presque toujours bénéfique. Le contexte et les circonstances, en
particulier les réactions de l’entourage, incluant bien sûr les autres membres de la
famille concernée, semblent jouer ici un rôle important, quoiqu’on en connaisse mal
l’influence (La Fontaine (1990); Lamb et Edgar-Smith (1994).)

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l’intervention psychosociale et la violence familiale

      L’intervenant psychosocial doit donc faire preuve de perspicacité dans ses
rapports avec la famille. L’enjeu, ici, ne se limite pas au dilemme du choix entre secret
et dévoilement, mais concerne aussi la fixation de la ligne de démarcation entre
ceux qui devraient savoir et ceux qui devraient ignorer. La victime et son agres-
seur/abuseur savent. D’autres membres de la famille savent peut-être. L’intervenant
sait. Mais que savent-ils tous au juste et que chacun sait-il exactement?

Conclusion

      Aborder ouvertement la question de la violence familiale représente toujours un
risque lorsque l’on s’adresse à qui préfère ne pas voir ou entendre, qu’il s’agisse d’un
ami, d’un collègue, d’une institution ou de toute une... société.
      L’intérêt de la victime, qui est généralement au centre des préoccupations de
l’intervenant (les exceptions visant essentiellement les situations d’intervention
auprès de l’agresseur/abuseur), est une problématique qui déborde largement du
cadre clinique. Les intervenants sont conscients que la nature et la qualité de l’envi-
ronnement familial sont des données essentielles à prendre en considération en ce
qui a trait à la rétention ou à la divulgation du secret entourant la violence familiale.
Les difficultés de communication entre l’intervenant et les membres de la famille,
de toute la famille dans certains cas, sont influencées dans une large mesure par le
rapport qu’entretient la société dans laquelle évoluent ces acteurs avec la problé-
matique de la violence. Elles proviennent également des attentes que cette même
société entretient à l’égard de l’institution familiale.
      Or, la famille, rappelons-le, représente aux yeux de la société le « milieu naturel »
par excellence pour l’enfant. On reconnaît aujourd’hui que ce milieu n’est pas
exempt de dangers, mais cette situation reste généralement perçue comme atypique.
L’intervention psychosociale en matière de violence familiale oblige donc celui qui la
pratique à lever le voile sur une réalité difficilement communicable. C’est sur cette
personne que risque de retomber l’odieux de la situation, si les mots justes ne sont
pas trouvés ou si le cadre de la communication transgresse la norme sociale
ambiante.
      Pour aider l’intervenant à faire face aux problèmes de communication que
soulève cette réalité, les écrits scientifiques et cliniques sur le secret entourant la
violence familiale ne proposent pas de solution toute faite. Un certain nombre de
principes se dégagent cependant de cette littérature. Par exemple, il est générale-
ment conseillé à l’intervenant :
•     de ne pas participer activement ou passivement au maintien des « secrets fami-
      liaux »,
•     d’informer la famille que tout professionnel a le devoir de signaler les cas de
      violence ou d’abus envers les enfants et les jeunes,
•     de consulter, au besoin, un collègue ou un service spécialisé dans le traitement
      de ce type de problèmes,

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l’intervention psychosociale et la violence familiale

•      de chercher à obtenir un complément de formation s’il éprouve de la difficulté
       à gérer ce genre de situation et, finalement,
•      de contribuer aux efforts de sensibilisation et d’éducation des personnes, des
       familles et même de la population en ce qui a trait à cette problématique (exemple :
       miner les tabous).

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