Love&Collect Cercles et carrés Alan Charlton (né en 1948) - Love&Collect ...

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Love&Collect Cercles et carrés Alan Charlton (né en 1948) - Love&Collect ...
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                                   Cercles et carrés
                                   Alan Charlton (né en 1948)

22.06.2021

Alan Charlton
Outline
2006
Acrylique sur toile
et mine de plomb sur papier
30 × 30 cm

Provenance
Annely Juda Fine Art, Londres
Collection particulière, Londres
Collection particulière, Paris

Prix conseillé
4 000 euros

Prix Love&Collect
2 200 euros

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Les œuvres de Charlton
appartiennent au
domaine de la peinture
et pourtant, comme
les sculptures, modifient
l’espace du mur.
Guy Tosatto
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                             Cercles et carrés
                             Alan Charlton (né en 1948)

22.06.2021                   Charlton a été formé à l’école d’art de Sheffield puis à la
                             Camberwell School of Arts de Londres dans la seconde moitié
                             des années 1960, avant de rejoindre la Royal Academy of Arts
                             de Londres où, influencé par l’art minimaliste américain,
                             il commence à réaliser de grandes peintures grises en 1969.
                             Ses premières œuvres exposées appartiennent à la série
                             des Square Hole Paintings (1970), des toiles sur châssis carrées
                             amputées de petites sections découpées dans les coins et
                             les côtés de la toile, de mêmes dimensions que l’épaisseur
                             du châssis, puis viennent les œuvres constituées de plusieurs
                             panneaux, qui lui autorisent une scansion dans l’espace du mur,
                             voire dans les trois dimensions de la salle d’exposition. Charlton
                             semble ainsi mettre un accent particulier sur ses peintures
                             en tant qu’objets, à tel point que le conservateur Guy Tosatto
                             a pu postuler que les œuvres de Charlton appartiennent au
                             domaine de la peinture et pourtant, comme les sculptures,
                             modifient l’espace du mur.

                             Comme toujours chez Charlton, cette étude est à la fois une
                             étude pour une installation monumentale, et en elle-même une
                             peinture, puisque, refusant toute relation mimétique ou toute
                             projection, elle est réalisée à l’identique de l’œuvre finale, à
                             l’acrylique et sur toile. Comme le rappelle le critique Maxime
                             Thieffine, Alan Charlton procède toujours par séries (…) pour
                             la plupart, des panneaux de différents formats et de teintes grises
                             graduées disposés côte-à-côte. Pour l’ensemble dont cette
                             œuvre est issue, intitulé Outline, l’artiste anglais, note
                             le critique, joue à citer Malevich (on pense à cette fameuse
                             photographie de l’exposition collective 0,10 de 1915 et son carré
                             sur fond blanc) les dimensions des œuvres dilatent ce qui
                             devenait chez le peintre russe une icône, close sur elle-même.
                             Alan Charlton intègre ainsi l’espace de la galerie à l’œuvre ou
                             l’inverse, à la frontière entre surface et construction. Outline a
                             donné lieu à plusieurs installations monographiques entre 2006
                             et 2008: au Künstlerhaus Palais Thurn und Taxis de Bregenz
                             (Autriche), chez Dörrie Priessà Berlin, à la Galerie Tschudi,
                             à Glarus (Suisse), à la Galerie Jean Brolly à Paris, chez Annely
                             Juda à Londres. Outline se distingue dans la production de
                             Charlton par l’intervention directe de l’artiste sur le mur,
                             qui ceint chaque peinture d’une bande d’un gris identique,
                             non sans laisser d’abord autour du châssis une large bande
                             du mur à nu, en réserve, surjouant ainsi la représentation
                             de l’encadrement. Dans cette étude sur papier, la toile
                             identiquement trône au centre, puis vient le papier blanc,
                             délimité par un trait de mine de plomb. Ainsi, la relation que
                             la peinture de Charlton entretient à la sculpture se rejoue-t-elle
                             ici sous la forme des liens qu’entretiennent dessin et peinture.

                             Particulièrement exigeante et réfléchie, la pratique d’Alan
4/23                         Charlton emprunte de nombreux fondamentaux à l’Art Minimal,
tels le monochrome, la géométrie, la sérialité, le rapport
       au lieu d’exposition, ou encore le déterminisme formel par
       autogénération. Cependant, Charlton a fait irruption sur
       la scène artistique une dizaine d’années après les grands
       minimalistes, et sa position diffère de la leur par bien des
       aspects, à commencer par son choix déterminé de la peinture
       dans son expression la plus traditionnelle, sur toile et sur
       châssis. Le critique Frédéric Valabrègue développe en ces
       termes la posture adoptée par le peintre anglais: Charlton est
       venu après ses aînés pour apporter à l’art du peu une dimension
       artisanale que les premiers ne revendiquaient pas, tellement
       ils étaient requis par le modèle industriel. Malgré la perfection
       des aplats montés couche après couche et le refus de tous les
       effets de la main, les différentes valeurs de gris nous disent qu’ici
       toutes les surfaces sont sensibles. Il ne s’agit pas d’appliquer un
       programme que l’artiste ne puisse pas ajuster. Il ne s’agit pas non
       plus de mettre en valeur un processus dont le spectateur retrouve
       le mode d’emploi puisque l’enregistrement sensible de la lumière
       est ce qu’il voit en premier. Il y a chez Charlton et Robert Ryman,
       comparaison qui n’est pas un mince compliment, quelque chose
       qui vient avant le programme et la juste proportion, c’est la mise
       en valeur des possibilités sensibles de la peinture.

       Tandis que bien des tenants de l’Art Minimal ont infléchi, dans
       les décennies 1970, 1980 et 1990, leur radicalité jusqu’à évoluer
       vers une polychromie jouisseuse voire un baroquisme vengeur,
       Charlton est resté fidèle à son engagement de départ, mais en
       en creusant les possibles jusqu’à mettre au jour une sensualité
       que lui-même aurait cru inaccessible: On peut dire que le gris
       est une couleur neutre et il est logique de penser que c’est pour
       cela que je l’utilise, a-t-il dit un jour. Mais pour moi, c’est une
       couleur et mes raisons de l’utiliser se développent de plus en
       plus. Au départ, j’ai apprécié ses qualités industrielles urbaines,
       à présent je suis sensible à l’émotion silencieuse qu’il évoque.

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Outline se distingue dans
la production de Charlton
par l’intervention directe
de l’artiste sur le mur,
qui ceint chaque peinture
d’une bande d’un gris
identique, non sans
laisser d’abord autour
du châssis une large
bande du mur à nu,
en réserve, surjouant
ainsi la représentation
de l’encadrement.
Le statement établi par
l’artiste lui-même stipule:
Alan Charlton est un
artiste qui réalise des
peintures grises. C’est
aussi simple que cela.
John Slyce
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                             Cercles et carrés
                             Alan Charlton (né en 1948)

John Slyce                   Le statement établi par l’artiste lui-même stipule: Alan Charlton
                             est un artiste qui réalise des peintures grises. C’est aussi simple
                             que cela. Dans la conversation, Charlton se montre, comme son
                             travail, honnête, direct, modeste et souvent porté à être profond,
                             mais discrètement. Ce sont peut-être ces caractéristiques, plus
                             que les qualités mystiques ou métaphysiques qui constituent
                             partiellement l’héritage du monochrome, qui rendent le fait
                             d’écrire sur son travail notoirement difficile. Le monochrome
                             peut être décrit plus ou moins complètement par des mots.
                             Après tout, c’est sa proximité avec le langage et sa capacité
                             inhérente à servir de base à la critique qui lui a permis d’évoluer
                             de l’avant-garde au minimalisme, puis à l’art conceptuel.

                             La déclaration d’Alan Charlton précitée – confirmée par sa
                             pratique depuis quelque 35 ans – le distingue du peintre, et le
                             définit plutôt comme un artiste. Il a exposé pour la première
                             fois ses monochromes gris à la galerie Konrad Fischer en 1972.
                             Comme d’autres qui ont reconnu la place prééminente de la
                             peinture tout au long du siècle dernier, Charlton avait déjà
                             commencé à peindre des monochromes deux, voire trois ans
                             plus tôt, alors qu’il était encore étudiant, et il a pris dès lors
                             certaines décisions sur ce qu’il allait s’autoriser dans la suite
                             de sa pratique (et, dans une certaine mesure, de sa vie) et ce qu’il
                             s’interdirait. Charlton est attaché à l’idée de réaliser un tableau
                             à partir des matériaux les plus ordinaires et les plus basiques.
                             Il voulait une peinture qui soit abstraite, honnête, directe,
                             urbaine, pure, simple, silencieuse et absolue. Ses premières toiles
                             étaient entaillées avec des permutations en série d’ouvertures
                             carrées qui prenaient leur mesure dans le module de 4,5 cm
                             du bord du tableau. Cela semble déjà beaucoup trop délicat
                             et compliqué. Le module de 4,5 cm est un étant-donné: c’est
                             le bord délimité par une pièce standard de bois de 2×1 pouce,
                             le matériau de base du métier de constructeur. Après avoir
                             travaillé avec d’autres couleurs industrielles – rouge, marron,
                             noir – Charlton a opté définitivement pour le gris, à cause de
                             son caractère immuable, et de son statut de matériau ordinaire.

                             Les monochromes gris de Charlton relèvent plus d’une
                             déclaration que d’une expérience, et ils témoignent d’une
                             intention matérialiste. Ils n’en offrent pas moins au regardeur
                             une aventure éloquente et puissante. Leur grisaille – suspendue
                             et silencieuse comme l’empreinte laissée sur le ciel de la ville
                             par ses zones industrielles – est leur caractéristique dominante.
                             Charlton traite chaque élément d’une œuvre de la même
                             manière: du concept à la construction d’un tableau, en passant
                             par la peinture du tableau, son emballage (il construit leurs
                             boîtes individuelles avec la même attention et le même soin),
                             le transport et l’installation des œuvres et la conception du
                             catalogue. Bois, toile, forme, taille: tous sont égaux en termes
10/23                        de poids conceptuel et de traitement. Ce n’est pas une
caractéristique, ni un fétiche de l’artisanat de la peinture.
        C’est une expression de l’éthique de travail de Charlton et de
        la base conceptuelle de sa pratique. Tout cela est, en termes
        simples, son travail. Et il le traite comme tel. Charlton n’a jamais
        réussi à introduire des assistants dans son atelier, ni à diviser
        ou rationaliser sa production. Les travailleurs sont plus enclins
        à partager leur déjeuner et leurs vacances que leurs outils;
        dans le cas de Charlton, la toile, le châssis, la peinture et
        le carton sont ses outils personnels. En parlant à Alan Charlton
        de sa pratique, j’ai le sentiment que, pour lui, il serait tout
        simplement malhonnête de faire autre chose, ou d’en faire moins.
        Une éthique, lorsqu’elle est traitée comme telle, prend une valeur
        et un ton politiques. Les peintures de Charlton sont de gauche.
        Elles sont socialistes. Alors que j’avance ce que trop de gens
        jugeraient anachronique, je pourrais tout aussi bien aborder
        le sujet du modernisme. Alan Charlton croit toujours en la
        promesse de son projet inachevé. Je suis encore en train de
        réfléchir aux relations entre ce fait et ma conviction que sa
        peinture n’appartient pas entièrement à un ensemble de postures
        d’une fin de partie qui s’éternise, réalisés en monochrome,
        et qu’elle n’est pas non plus totalement conforme à ce que
        serait une pratique de la peinture dans une année zéro
        imaginaire. Si elle appartenait à l’une de ces catégories,
        elle ne donnerait pas à voir grand-chose à voir. Or je suis
        convaincu au contraire que c’est le cas.

        On pourrait commencer par avancer que ses œuvres prennent
        la forme d’un objet matériel clairement énoncé, possédant
        une dimension sculpturale. Sa peinture n’est pas une œuvre
        autonome offerte à la contemplation, mais une œuvre à
        envisager en relation avec l’espace dans lequel elle se déploie.
        Aussi anodines et mutiques paraissent-elles, les peintures de
        Charlton sont un coup direct porté à la composition. Dans la
        mesure où toute composition s’affirme – et il y en a beaucoup qui
        le font – les siennes existent en tant que compositions, mais leur
        forme s’exprime en fonction du contexte et de leur installation
        dans l’espace. La signification réside alors dans le contexte total,
        ou encore entre l’installation même des œuvres dans une galerie,
        une pièce ou un espace. Pour Charlton, réaliser un tableau
        consiste en grande partie à activer l’espace dans lequel il réside.
        Le mur est le support fondamental de sa peinture, mais ses
        peintures ne sont pas des peintures murales. Elles sont,
        tout autant pourtant que celles-ci, liées à un mur, mais pas
        entièrement à leur mur. Alan Charlton le dirait avec plus
        d’éloquence en affirmant simplement que ses peintures se
        rapportent les unes aux autres mais aussi à l’espace dans lequel
        elles sont installées. Qu’il s’agisse de square hole painting, slot
        painting, channel painting, equal part, single panel, detail, line,
        ou panel painting – selon sa nomenclature et sa typologie
11/26   de développement – l’espace à l’intérieur et à l’extérieur d’un
tableau est aussi important que le tableau lui-même.

        Dans la plupart des cas, voire presque tous, ses peintures ne sont
        pas spécialement conçues pour un espace. Pourtant, Charlton
        vise à ce que chacune se sente à sa place. Comme beaucoup
        de ses activités, il s’agit d’une approche fondée sur l’honnêteté:
        l’honnêteté envers l’espace dans lequel une œuvre existe,
        l’honnêteté envers la façon dont un tableau est réalisé et
        l’honnêteté envers la façon dont le spectateur rencontre l’œuvre.
        Pendant trop longtemps, ma première et, je dois l’admettre,
        ma seule rencontre avec l’œuvre d’Alan Charlton a été
        d’entendre rabâcher qu’elle était le résultat de conseils donnés
        à des étudiants en peinture inhibés et paralysés. Je me prépare
        pourtant maintenant à donner à peu près les mêmes désormais;
        comme un exemple concret d’une pratique susceptible de
        montrer au contraire comment balayer de la main ce type de
        conseils de manière constructive et productive, et se mettre au
        travail, à la réflexion et à la peinture, enfin, de manière honnête
        et indépendante.

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Sa peinture n’est pas une
œuvre autonome offerte
à la contemplation, mais
une œuvre à envisager
en relation avec l’espace
dans lequel elle se déploie.
Aussi anodines et
mutiques paraissent-
elles, les peintures
de Charlton sont
un coup direct porté
à la composition.
John Slyce
Pour les amateurs
d’histoire de l’art,
la réunion des deux
figures géométriques
«Cercle et Carré» évoque
le groupe éponyme,
fondé en 1929 à Paris
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                             Soixante-troisième semaine

Soixante-troisième semaine   Pour les amateurs d’histoire de l’art, la réunion des deux figures
Chaque jour à 10 heures,     géométriques Cercle et Carré évoque le groupe éponyme, fondé
du lundi au vendredi,        en 1929 à Paris. Si cette association d’artistes, initiée par le
une œuvre à collectionner    peintre uruguayen Joaquin Torres Garcia, rapidement rejoint
à prix d’ami, disponible     par le dessinateur, poète et critique d’art Michel Seuphor, ne fut
uniquement pendant           active qu’une petite année, elle n’en eut pas moins une influence
24 heures.                   déterminante sur le cours de l’histoire qui, alors dominée par
                             la furie surréaliste, était prise d’un sursaut abstrait, le moins
                             que l’on pouvait attendre dans une ville où Piet Mondrian avait
                             trouvé refuge en 1912, attiré par ces pionniers de la peinture
                             abstraite qu’étaient Kupka, Fernand Léger, Picabia, Robert
                             et Sonia Delaunay…

                             Cercle et Carré entendait alors encourager le développement
                             de l’art abstrait, en particulier dans sa tendance mystique,
                             tout en s’appuyant sur les découvertes scientifiques les plus
                             actuelles. Ainsi Seuphor écrit-il, dans le premier numéro de
                             la revue du groupe, paru en 1930: Ce qui en d’autres grandes
                             époques de l’art était une aide presque magique dont on voyait
                             les bienfaits dans l’œuvre, mais qu’on n’avait pas pu saisir
                             encore dans son entité propre, se trouve maintenant à la portée
                             de notre main. Nous nous familiarisons avec le vrai; nous
                             le pénétrons. Les alchimies, les sciences obscures, font place à
                             la conscience ouverte. L’abstraction du monde réel, son secret
                             mathématique et architectonique devient la nourriture
                             substantielle de notre monde cérébral. Oui. Le liquide clair
                             n’est plus au fond des caves secrètes: il brille dans nos verres
                             et nous convie.

                             Si l’histoire de la peinture abstraite semble scellée en une voire
                             deux décennies, qui aura vu des artistes aussi considérables que
                             Mondrian, Malévitch, Kupka ou Herbin en explorer toutes les
                             possibilités plastiques, plusieurs générations suivront,
                             apportant leur propre pierre à cet édifice bâti par des
                             précurseurs qui croyaient en la suprématie de l’architecture
                             dans l’art. Aussi cette semaine rassemble-t-elle les œuvres de
                             trois générations de créateurs: les pionniers (Auguste Herbin et
                             František Kupka), nés dans les années 1870-1880, leurs disciples
                             (représentés par Bruno Munari, contemporain du suisse
                             Max Bill, qui ont tiré toutes les leçons des inventions de leurs
                             prédécesseurs), et les post-modernes, enfant des minimalistes
                             et des artistes conceptuels comme Alan Charlton ou néo-géo
                             comme Armleder, qui ont réactivé les utopies modernes en
                             les confrontant aux apports de la vie urbaine capitaliste ou
                             du ready-made duchampien.

                             Mais, rapprocher cercle et carré dans une même expression
                             renvoie également la quadrature du cercle, cette énigme
                             mathématique classique qui constitue l’un des trois grands
17/23                        problèmes légués par l’Antiquité, avec la trisection de l’angle
et la duplication du cube. Le défi est de construire un carré
        de même aire qu’un disque donné à l’aide d’une règle et d’un
        compas: par-delà la question purement mathématique, qui
        exige de combiner les apports de la géométrie et de l’algèbre,
        la relation d’équivalence entre le cercle et le carré se déplace
        sur le terrain esthétique, tant les relations entre ces deux figures
        élémentaires habitent tout l’art géométrique abstrait, dont la
        synthèse entre la pureté harmonique des formes et l’opposition
        des lignes droites et courbes devient un enjeu totémique.
        Cet enjeu est résumé par la fascination qu’exerce la courbe de
        Peano sur Bruno Munari; pionnier de l’approche formaliste des
        mathématiques, Giuseppe Peano a en effet imaginé une courbe
        dite remplissante, dont l’image contient le carré unité entier.

        Si ce problème fascine les artistes, c’est qu’il est à l’image
        de l’énigme de l’art elle-même, impossible à résoudre.
        On en retrouve la trace dans l’expression usuelle chercher
        la quadrature du cercle, qui signifie tenter l’impossible. En effet,
        ce problème mathématique demeure celui qui a résisté le plus
        longtemps aux mathématiciens, qui ont mis plus de trois
        millénaires à en faire le tour, et à le reconnaître comme
        insoluble, par Ferdinand von Lindemann en 1882.

18/23
«Cercle et Carré»
entendait alors
encourager
le développement
de l’art abstrait,
en particulier dans
sa tendance mystique,
tout en s’appuyant
sur les découvertes
scientifiques
les plus actuelles.
Si l’histoire de la peinture
abstraite semble scellée
en une voire deux
décennies, qui aura vu
des artistes tels que
Mondrian ou Malévitch,
plusieurs générations
apporteront leur propre
pierre à cet édifice bâti
par des précurseurs
qui croyaient en
la suprématie de
l’architecture dans l’art.
22/26
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                             John M. Armleder, Alan Charlton, Auguste Herbin,
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                             02.06 02.07.2021  8 rue des Beaux-Arts

                             Mira Stella: la nature à l’oeuvre
                             Rendant hommage à la beauté du vivant, la créatrice Sophie
                             Bouilhet-Dumas présente sa collection de bijoux La nature à
                             l’œuvre. Quatre familles de modèles seront dévoilées dans
                             cette exposition: Graine de chou maritime, Pétale d’hortensia,
                             Cosse de lin et Écorce de frêne, comme autant de variations
                             poétiques autour des éléments végétaux transposés à
                             l’identique, en or ou en ébène. En regard des bijoux seront
                             présentées des photographies signées Tom Mannion restituant
                             des instants suspendus de la troublante luminosité normande,
                             ainsi que des esquisses préparatoires et prospectives du
                             mystérieux parc paléobotanique que Mark Brown a façonné
                             en Pays de Caux.

                             03.06  17.07.2021  À la galerie : 15, rue des Beaux-Arts

                             Muzo/Bizarre
                             Publiée entre 1953 et 1968 par deux des éditeurs les plus
                             téméraires de leur temps, Éric Losfeld puis Jean-Jacques
                             Pauvert, la revue Bizarre est parvenue à demeurer à la
                             hauteur de son titre, naviguant librement entre surréalisme
                             et ‘Pataphysique. Réunissant la plupart des immenses
                             dessinateurs d’humour emblématiques de l’aventure Bizarre,
                             elle se place dans une perspective résolument actuelle, en écho
                             à la place grandissante de ces créateurs dans le paysage des
                             pratiques contemporaines. Avec la complicité de Muzo, né en
                             1960, dont elle présente des peintures et des œuvres graphiques,
                             l’exposition dépasse ses bornes chronologiques pour affirmer
                             l’actualité d’une revue d’avant-garde populaire, sérieuse et
                             foutraque, irrévérencieuse jusqu’à l’autodérision, qui prouve
                             que non seulement l’on peut, mais l’on doit rire de tout.
                             Avec Gus Bofa, Chaval, Folon, André François, Grandville,
                             Maurice Henry, Muzo, Reiser, Sempé, Saul Steinberg, Tetsu,
                             Roland Topor…

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Robert Robert
et SpMillot ont dessiné
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04.04.2021

Crédit photographique
Fabrice Gousset
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