Love&Collect Abstraction faite Shirley Goldfarb (1925-1980)

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Love&Collect Abstraction faite Shirley Goldfarb (1925-1980)
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8, rue des Beaux-Arts
Fr-75006 Paris
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                                  Abstraction faite
                                  Shirley Goldfarb (1925-1980)

17.06.2021

Shirley Goldfarb
Sans titre
1960
Huile sur papier
Signée et datée en bas à droite
44 × 59,5 cm

Prix conseillé
8 000 euros

Prix Love&Collect
4 400 euros

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Love&Collect Abstraction faite Shirley Goldfarb (1925-1980)
Love&Collect Abstraction faite Shirley Goldfarb (1925-1980)
Shirley Goldfarb
appartient à ce cercle
restreint d’artistes
abstraits américains
qui comme Joan Mitchell,
Shirley Jaffe, Paul Jenkins
ou Sheila Hicks sont
peu à peu réhabilités.
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                             Abstraction faite
                             Shirley Goldfarb (1925-1980)

17.06.2021                   La silhouette de Shirley Goldfarb résume le Saint-Germain
                             des Prés des années 1960, invariablement vêtue de noir, comme
                             pour mieux découper le pelage du terrier du Yorkshire qui ne la
                             quittait jamais. D’ailleurs, c’est ainsi que son ami David Hockney
                             l’a représentée en 1974 dans un de ses chefs d’œuvre. C’est ainsi
                             aussi que s’en souvient la metteuse en scène Caroline Loeb:
                             Perchée sur ses chaussures compensées, toujours habillée en noir,
                             des grands cils dessinés autour des yeux, ses longs cheveux
                             raides encadrant ce qui ressemblait à de la morgue, elle toisait
                             le Tout Paris du haut de son mètre cinquante-cinq. À toutes
                             les fêtes. À tous les événements mondains. Je me souviens de
                             la légère condescendance ou des railleries dont elle était l’objet.
                             Et pour cause. Elle était artiste-peintre et elle ne vendait pas,
                             ou en tout cas, pas beaucoup. Péché suprême: elle était fauchée.
                             Naviguant dans la jetset des années 70, échangeant de bons mots
                             avec Warhol, Hockney, Bacon, Paloma Picasso, Karl Lagerfeld
                             ou Loulou de la Falaise, elle transformait en dandysme la dureté
                             de sa vie, et s’autoproclamait pique-assiette professionnelle.

                             Revanche de l’histoire, c’est en grande partie à Caroline Loeb,
                             issue d’une mythique lignée de marchands d’art, que Shirley
                             Goldfarb doit sa redécouverte. En 2000 en effet, elle adapte
                             et met au scène les stupéfiants Carnets de l’artiste. La pièce
                             est une révélation, et vaut un Molière à Judith Magre, qui
                             l’interprète. De silhouette, Shirley Goldfarb devient une voix.
                             Et quelle voix !

                             La lucidité acide qui éclate dans les Carnets, plus drôle encore,
                             plus cruel aussi, que le journal intime de son ami Warhol,
                             témoigne du regard acéré que Shirley Goldfarb a porté toutes
                             ces années sur la comédie de l’art. Car la position personnelle
                             qu’elle occupe dans ce monde est singulière. En effet, Shirley
                             Goldfarb appartient à ce cercle restreint d’artistes abstraits
                             américains qui, au début des années 1950, a choisi de s’installer
                             à Paris, alors que New York devenait la capitale mondiale du
                             marché de l’art. L’Amérique ne leur a jamais vraiment pardonné,
                             et c’est seulement maintenant que des artistes comme elle,
                             mais aussi Joan Mitchell, Shirley Jaffe, Paul Jenkins ou Sheila
                             Hicks sont peu à peu réhabilités.

                             Pourtant, en 1956 Shirley Goldbarb exposait déjà au Studio
                             Facchetti, l’un des plus hauts lieux de l’expressionnisme abstrait
                             (c’est là, en 1952, que Pollock bénéficia de sa seule exposition
                             parisienne). Mais c’est au cours des années 60 que son style
                             particulier s’affirme: la gestualité un peu archétypale
                             laisse la place à une construction très cérébrale, où l’énergie
                             est totalement concentrée dans la touche, comme une
                             réminiscence de Seurat. Si la couleur reste éclatante,
                             la composition (systématique et répétitive), la frontalité
4/24                         (assumée), les formats (souvent monumentaux) et les vibrations
optiques créées par les juxtapositions de tons fortement
       contrastés, ou au contraire en sourds camaïeux quasi
       monochromes, la rapprochent d’un certain minimalisme,
       ou d’expériences radicales de la picturalité, à l’image d’Ad
       Reinhardt ou d’Agnes Martin. A la question que lui pose Michel
       Butor en 1962 sur ses premiers gestes, Shirley Goldfarb répond:
       Couvrir la toile, je veux couvrir toute la toile d’un arc-en-ciel
       de couleurs, surtout du jaune. (…) C’est le soleil, je veux
       qu’il transparaisse, qu’il illumine toute ma toile.

       Artiste femme, femme d’artiste (son mai, Gregory Masurowsky,
       est un dessinateur raffiné), Shirley Goldfarb, américaine
       renégate, a eu le tort de choisir de s’installer sur les douces
       terres de l’ennemi. A Hockney elle dit un jour: J’ai eu tant de
       plaisir à vivre à Paris, que j’ai oublié de rentrer en Amérique
       pour devenir célèbre. Rongée par le cancer, c’est par un regret
       bien plus frivole et métaphysique à la fois qu’elle conclut dans
       son Journal: Si je meurs, je ne pourrai plus m’asseoir chez Lipp,
       plus me pavaner dans mes fringues noires, plus regarder
       les jolis pédés du Flore ... (...) Je suis mourante mais pas encore
       morte. (...) Je meurs et personne n’y prête attention.

       Réalisée en 1960, cette huile sur papier, de beau format, est
       emblématique de l’art de Goldfarb à l’aube de la décennie 1960.
       De purement expressionniste, son geste se fait plus radical, plus
       programmatique, comme un essuyage, un effaçage presque de
       la surface picturale. Les couleurs vives – le rose, l’orange, l’ocre
       d’or, même – sont noyées sous les énergiques zébrures de gris en
       camaïeu. Comme cette peinture l’atteste, Goldfarb appartient
       pleinement à cette génération d’artistes abstraits américains,
       surtout de la deuxième génération, comme son amie Joan
       Mitchell, qui ont regardé avec le plus d’acuité le Monet des
       Nymphéas, ce qui a accompagné leur désir de s’installer à Paris.
       Comme Goldfarb s’en est ouverte, son arrivée à Paris a été
       une révolution. Quand j’y ai vu les effets de lumière, après avoir
       regardé ceux de Monet, j’ai réalisé qu’ils étaient strictement
       identiques.

       Une autre composition de Goldfarb, également datée 1960,
       très proche dans la manière mais plus monumentale, figure
       dans les collections du Musée d’art moderne de la ville de Paris;
       elle est actuellement visible au Musée des Beaux-Arts de Nantes
       dans la remarquable exposition United States of Abstraction.
       Artistes américains en France, 1946-1964, aux côtés de peintures
       de ses amis, Beauford Delaney, Shirley Jaffe et Joan Mitchell.

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Une autre composition de
Goldfarb, également datée
1960, est actuellement
visible au Musée des
Beaux-Arts de Nantes
dans la remarquable
exposition «United States
of Abstraction. Artistes
américains en France,
1946-1964».
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                             Abstraction faite
                             Shirley Goldfarb (1925-1980)

Robert Pincus-Witten         Dans mon tout premier souvenir de Shirley Goldfarb, elle était
                             modèle, pour les cours de dessin de l’école d’été de l’Art Students
                             League à Woodstock, dans l’État de New York. C’était en 1951
                             et j’avais seize ans. Elle avait déjà sa frange noire à la Louise
                             Brooks et un regard exophtalmique (source de complexes,
                             comme en témoignent ses journaux intimes), qu’elle cachait sous
                             ses énormes lunettes de soleil à verres ronds. Shirlay (comme
                             les Français l’appelaient) et moi nous sommes ensuite croisés
                             de temps en temps au tournant des années 1960, alors que nous
                             faisions partie, chacun dans notre coin, d’un groupe hétéroclite
                             d’Américains à Paris. J’ai fini par partir, mais Goldfarb est restée,
                             elle, pendant trente-six ans et s’y est installée, en se fondant dans
                             une France adorée comme on adorerait un mythe – enfin, à Paris,
                             en fait, et encore, de cette portion de Paris connue sous le nom
                             de Saint-Germain-des-Prés – intégrant le groupe informel qui
                             comptait des peintres comme Beauford Delaney, Leon Golub,
                             Nancy Spero, Joan Mitchell, Sam Francis, et naturellement son
                             propre mari, Gregory Masurovsky, un dessinateur raffiné.
                             Goldfarb n’est alors aucunement éclipsée par ces pairs, comme
                             le montrent son œuvre, et les nombreuses expositions que
                             Virginia Zabriskie lui a consacré dans sa galerie au fil des
                             années. Cependant, une rétrospective serait nécessaire pour
                             que le public puisse reconnaître Goldfarb à sa juste valeur,
                             alors que sa carrière a été beaucoup trop tôt interrompue,
                             par son décès d’un cancer en 1980, à l’âge de cinquante-cinq ans.

                             Lorsque Goldfarb arrive à Paris au milieu des années 50, sa
                             peinture est encore juvénile, oscillant entre deux pôles, en
                             tension: une version teigneuse de la série Sounds in the Grass
                             élaborée par Pollock en 1946, et une permutation de figures à
                             l’emporte-pièce à la Matisse, exemplaire dans Musique (1910),
                             conservée au Musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, en
                             Russie. Une peinture double face de Goldfarb, Nude Male Figure
                             (avec une abstraction au verso), vers 1950, révèle en une seule
                             œuvre sa compréhension fine de ces pierres de touche de la
                             modernité. Une fois à Paris, la grande révélation pour Goldfarb –
                             tout comme pour Joan Mitchell – fut le Monet tardif, notamment
                             Les Nymphéas, 1914-26, qui venaient d’être nettoyés et réinstallés
                             au Musée de l’Orangerie. Les deux salles ovales qui abritent
                             ces œuvres stupéfiantes ont été les vraies salles de classe de toute
                             une génération – et pas seulement pour la nouvelle génération
                             d’expatriés à Paris, mais aussi pour les peintres abstraits
                             expressionnistes restés à New York. C’est en partie à partir de ces
                             œuvres colorées, à l’énergie mouvante, que Goldfarb a développé
                             ce qu’elle a appelé son agressivité américaine, peut-être
                             pour compenser la timidité maladive dont elle admet être
                             atteinte dans une interview. Ces peintures ont tendance
                             à la monumentalité, soit juxtaposant des touches de tons
                             complémentaires puissants et saturés (Fire and Water, 1959),
9/24                         soit en affichant des surfaces blanchâtres serrées et granuleuses,
traversées de façon contradictoire par un écheveau de bleus
        et de roses pâles (La Lutte, 1955). Goldfarb faisait alors
        partie intégrante de la vague internationale de peinture
        expressionniste abstraite appelée tachisme en France, le type
        de peinture que nous associons aux premiers Nicolas de Staël
        et Antoni Tàpies.

        Les premiers travaux expressionnistes abstraits de Goldfarb,
        aussi louables soient-ils, ont pris une tournure infiniment plus
        personnelle lorsque son tachisme a fini par céder la place aux
        points nerveux du néo-impressionnisme, typiques de la méthode
        scientifique de Georges Seurat et Paul Signac, qui reformulaient
        l’effet de la lumière par l’application de minuscules points de
        couleur pure qui ne se mélange, pour ainsi dire, que dans l’œil
        du regardeur. Au milieu des années 60, Goldfarb s’est emparé de
        cette méthode et est parvenue, dans ses grands formats qui sont
        comme des voiles chatoyants de roses et de jaunes pulsés, à une
        version quasi minimaliste du pointillisme. Yellow Triptych, 1966,
        et Yellow Painting #7, 1968, sont exemplaires de cette période.

        Cette démarche ambitieuse s’est développée tout au long de la
        décennie suivante. Les paysages de mosaïque de peinture pure
        – appliqués systématiquement mais en créant des stridences
        quasi électriques – naissent de points tamponnés au pinceau,
        ou à la spatule de maçon, et en réalisant ces litanies d’humble
        effacement, Goldfarb a développé une palette d’un raffinement
        aigu et très personnel. Cette manière superbe l’accompagnera
        jusqu’à la fin, même lorsqu’elle tend vers la monochromie,
        comme dans White, 1979. Dans ces œuvres, chaque petite touche
        de couleur devient une lettre d’un alphabet codé, prenant place
        dans une vaste missive plaintive adressée à l’univers tout entier.
        À ce moment-là, les peintures de Goldfarb ont atteint une
        singularité et une beauté qui marquent le moment où, enfin,
        elle est devenue l’héroïne qu’elle avait tant rêvé d’être:
        une grande peintre française.

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Une fois à Paris,
la grande révélation
pour Goldfarb –
tout comme pour Joan
Mitchell – fut le Monet
tardif, notamment
Les Nymphéas, 1914-26,
qui venaient d’être
nettoyés et réinstallés
au Musée de l’Orangerie.
Robert Pincus-Witten
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Les peintures de Goldfarb
ont atteint une singularité
et une beauté qui
marquent le moment
où, enfin, elle est devenue
l’héroïne qu’elle avait tant
rêvé d’être: une grande
peintre française.
Robert Pincus-Witten
Actuellement visible
au Centre Pompidou
(jusqu’au 23 août),
l’exposition «Elles font
l’abstraction» inspire
cette nouvelle semaine,
consacrée à cinq de
ces femmes peintres
abstraites qui ne
sont«pas encore
suffisamment entrées
dans l’histoire.»
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                             Abstraction faite
                             Soixante-deuxième semaine

Soixante-deuxième semaine    Actuellement visible au Centre Pompidou (jusqu’au 23 août),
Chaque jour à 10 heures,     l’exposition Elles font l’abstraction inspire cette nouvelle
du lundi au vendredi,        semaine, consacrée à cinq de ces femmes peintres abstraites
une œuvre à collectionner    qui ne sont pas encore suffisamment entrées dans l’histoire…
à prix d’ami, disponible     Son titre, Abstraction faite, renvoie autant au féminin qu’au fait
uniquement pendant           que ces artistes ont été, parmi tant d’autres, relativement
24 heures.                   invisibilisées; on a fait abstraction de ces femmes abstraites, et
                             on continue à le faire, puisqu’elles ne figurent scandaleusement
                             pas dans l’exposition du Centre. Scandaleusement? Le terme
                             peut paraître fort, tant l’exposition s’efforce avec justesse de
                             proposer un échantillon historiquement et géographiquement
                             assez large, représentatif de l’apport spécifique des artistes
                             féminines à l’aventure de l’abstraction au vingtième siècle.
                             Comme le résume l’historien Philippe Dagen dans le quotidien
                             Le Monde du 19 mai dernier, la conservatrice Christine Macel,
                             commissaire de l’exposition, a pris le parti non d’une
                             exhaustivité évidemment inaccessible, mais d’une curiosité
                             en toutes directions, avant de conclure: l’histoire qu’Elles font
                             l’abstraction rend visible est si vaste et si complexe qu’il n’aurait
                             pas été excessif de la diviser en deux ou trois expositions
                             successives.

                             C’est avec plaisir que nous le prenons au mot pour rajouter déjà
                             cinq noms, dans l’urgence, à une liste qui en comporte quelques
                             dizaines… Mais enfin, qu’il nous soit permis de nous interroger
                             sur l’absence de certaines de ces artistes qui, par exemple, ont
                             figuré au rang des pionnières, à l’instar d’Anton (né Anna)
                             Prinner, constructiviste dès 1932, et qui a bâti jusqu’en 1983 une
                             œuvre absolument singulière, qu’il faut absolument aller
                             découvrir, au Musée de l’Hospice Saint-Roch d’Issoudun. Mais
                             son absence s’explique peut-être par sa singularité même; outre
                             son identité, son parcours, riche et complexe, ésotérique même,
                             la place peut-être hors de la case abstraite?

                             Mais comment interpréter, alors, l’absence d’une Marie
                             Raymond, abstraite dès le début des années 1940, saluée par les
                             plus grands peintres et critiques de son temps, et dont le Centre
                             Pompidou lui-même a souligné par le passé l’importance, en la
                             mettant en bonne place dans les légendaires expositions Paris-
                             New York en 1977 puis Paris-Paris en 1981, et Les années 1950,
                             en 1988? Le Musée national d’art moderne, il est vrai, ne
                             conserve d’elle qu’un anecdotique portrait de Serge
                             Charchoune,
                             à la mine de plomb, légué par le modèle en 1976… Déjà passée
                             de ce fait à travers le tamis – pourtant serré – de l’exposition
                             thématique de la collection du Musée, elles@centrepompidou,
                             réalisée par la conservatrice Camille Morineau entre 2009
                             et 2011, Marie Raymond devra encore attendre son tour…

17/24                        Il en va de même pour les créatrices d’exception réunies dans
cette semaine, qui chacune aurait mérité mille fois de figurer
        dans cette exposition de rattrapage. Jeanne Kosnick-Kloss?
        Musicienne, dessinatrice spirite, elle a épousé et poursuivi
        l’œuvre incontournable de son mari, Otto Freundlich, frappé
        du sceau de l’art dégénéré par les Nazis… Si son nom disparaît
        encore trop souvent derrière celui de son génial mari, c’est bien
        elle, par exemple, qui a détecté le talent d’un Gaston Chaissac,
        et lui a permis de se développer. Huguette Arthur Bertrand?
        Rare protagoniste femme de l’abstraction lyrique, elle a été
        pour beaucoup de critiques, de marchands et de collectionneurs
        l’alter ego féminin de Martin Barré. Pourtant, si ce dernier a –
        enfin – eu les honneurs du Centre Pompidou il y a peu, pour sa
        part elle n’aura même pas figuré, cette fois, dans l’exposition
        collective… Et Dora Maar? Ses sensibles et audacieux paysages
        abstraits du Luberon étaient accrochés aux cimaises du Centre
        Pompidou (mais aussi de la Tate Modern ou du Getty Museum)
        il y a moins de deux ans; mais pas cette fois? Cette inconstance
        surprend… Et Shirley Goldfarb? Autant que Joan Mitchell,
        elle a su tirer toutes les conclusions des Nymphéas de Monet,
        en opérant une mue spectaculaire: benjamine de l’Action
        painting américaine, elle a préfiguré le Minimalisme, peignant
        ses grands formats panoramiques systématiquement, à la
        truelle, comme la fille naturelle de Seurat et de Stella…
        Tant pis, ce n’est pas cette fois que grâce lui sera rendue au
        Centre Pompidou. Elle restera, pour quelque temps encore,
        le modèle fascinant de ce grand double portrait de son ami
        David Hockney, conservé au SFMoMA. Ou l’autrice
        bouleversante de ces Carnets, dont l’adaptation scénique
        par Caroline Loeb a valu à la comédienne Judith Magre
        le Molière 2000 de la meilleure comédienne.

        Elles cinq aussi font l’abstraction, et nous ne faisons pas
        abstraction d’elles; ces artistes considérables illuminent
        cette nouvelle semaine, en couleurs et en cinémascope!

18/24
Elles cinq «aussi» font
l’abstraction, et nous ne
faisons pas abstraction
d’elles; ces artistes
considérables illuminent
cette nouvelle semaine,
en couleurs et en
cinémascope!
L’histoire qu’«Elles font
l’abstraction» rend visible
est si vaste et si complexe
qu’il n’aurait pas été
excessif de la diviser en
deux ou trois expositions
successives.
Philippe Dagen
23/26
Love&Collect
8, rue des Beaux-Arts
Fr-75006 Paris
Du mardi au samedi
de 14 h à 19 h
www.loveandcollect.com
collect@loveandcollect.com
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                             Actuellement

                             14.06  18.06.2021  En ligne

                             Love&Collect: Abstraction faite
                             Huguette Arthur Bertrand, Shirley Goldfarb, Jeanne Kosnick-
                             Kloss, Dora Maar et Marie Raymond. Inscription sur notre site
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                             02.06 02.07.2021  8 rue des Beaux-Arts

                             Mira Stella: la nature à l’oeuvre
                             Rendant hommage à la beauté du vivant, la créatrice Sophie
                             Bouilhet-Dumas présente sa collection de bijoux La nature à
                             l’œuvre. Quatre familles de modèles seront dévoilées dans
                             cette exposition: Graine de chou maritime, Pétale d’hortensia,
                             Cosse de lin et Écorce de frêne, comme autant de variations
                             poétiques autour des éléments végétaux transposés à
                             l’identique, en or ou en ébène. En regard des bijoux seront
                             présentées des photographies signées Tom Mannion restituant
                             des instants suspendus de la troublante luminosité normande,
                             ainsi que des esquisses préparatoires et prospectives du
                             mystérieux parc paléobotanique que Mark Brown a façonné
                             en Pays de Caux.

                             03.06  17.07.2021  À la galerie : 15, rue des Beaux-Arts

                             Muzo/Bizarre
                             Publiée entre 1953 et 1968 par deux des éditeurs les plus
                             téméraires de leur temps, Éric Losfeld puis Jean-Jacques
                             Pauvert, la revue Bizarre est parvenue à demeurer à la
                             hauteur de son titre, naviguant librement entre surréalisme
                             et ‘Pataphysique. Réunissant la plupart des immenses
                             dessinateurs d’humour emblématiques de l’aventure Bizarre,
                             elle se place dans une perspective résolument actuelle, en écho
                             à la place grandissante de ces créateurs dans le paysage des
                             pratiques contemporaines. Avec la complicité de Muzo, né en
                             1960, dont elle présente des peintures et des œuvres graphiques,
                             l’exposition dépasse ses bornes chronologiques pour affirmer
                             l’actualité d’une revue d’avant-garde populaire, sérieuse et
                             foutraque, irrévérencieuse jusqu’à l’autodérision, qui prouve
                             que non seulement l’on peut, mais l’on doit rire de tout.
                             Avec Gus Bofa, Chaval, Folon, André François, Grandville,
                             Maurice Henry, Muzo, Reiser, Sempé, Saul Steinberg, Tetsu,
                             Roland Topor…

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Robert Robert
et SpMillot ont dessiné
cette Fiche
pour Love&Collect
Écrans imprimables
Format 21 × 29,7 cm
04.04.2021

Crédit photographique
Fabrice Gousset
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