Love&Collect L'invention de soi Marcel Bascoulard (1913-1978)

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Love&Collect L'invention de soi Marcel Bascoulard (1913-1978)
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8, rue des Beaux-Arts
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                                     L’invention de soi
                                     Marcel Bascoulard (1913-1978)

08.07.2021

Marcel Bascoulard
Sans titre, 9 juin 58
1958
Tirage argentique d’époque
Daté au dos
Œuvre unique
11 × 8 cm

Provenance:
Galerie Christophe Gaillard, Paris
Collection particulière, Paris

Prix conseillé
5 000 euros

Prix Love&Collect
3 500 euros

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Love&Collect L'invention de soi Marcel Bascoulard (1913-1978)
Love&Collect L'invention de soi Marcel Bascoulard (1913-1978)
Bascoulard est apparu
subitement comme un
photographe accompli,
dont l’œuvre pourrait
voisiner avec celles de
Roman Opalka ou Cindy
Sherman. À la différence,
majeure, qu’elle a été
initiée dans les années
1940, soit plusieurs
décennies avant
ces dernières.
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                             L’invention de soi
                             Marcel Bascoulard (1913-1978)

08.07.2021                   Si les dessins de Marcel Bascoulard lui ont valu un certain
                             succès – local – de son vivant, ils commencent à être bien
                             diffusés, et suscitent dorénavant un véritable engouement
                             qui, conjugué à l’aura qui entoure désormais le personnage
                             Bascoulard, justifie que des projets de films biographiques
                             soient actuellement en chantier…

                             Paru en 2014 aux éditions Les Cahiers Dessinés, le beau livre
                             de Patrick Martinat Marcel Bascoulard – Dessinateur virtuose,
                             clochard magnifique, femme inventée a permis en effet à un
                             vaste public de découvrir les dessins maniaques de Bascoulard,
                             véritables manifestes d’un précisionnisme délirant et démesuré.
                             S’ils paraissent semblables à n’importe quels vues touristiques,
                             les dessins à la plume de Bascoulard s’en distinguent
                             radicalement: l’absence totale de personnages ou de détails
                             pittoresques les dote d’une atmosphère étouffante et
                             angoissante, et la précision extrême avec laquelle le moindre
                             détail est retranscrit, nombre de fentes dans un volet, nombre
                             de pavés d’une rue, chaque tuile d’un toit de Cathédrale, etc.
                             intacte de dessin en dessin, alors qu’il réalise, d’après modèle,
                             des centaines de vues au cadrage exactement identique, plonge
                             de regardeur au cœur d’une inquiétante étrangeté dont il
                             ne perçoit pas immédiatement la nature. Dans l’exposition
                             magistrale qu’organisait en 2015 Frédéric Pajak, directeur des
                             Cahiers Dessinés, à la Halle Saint-Pierre à Paris, Bascoulard
                             trônait en majesté, loin de son Bourges natal, aux côtés de
                             virtuoses du dessin comme Roland Topor, Kiki Smith, Stéphane
                             Mandelbaum, Félix Vallotton ou Unica Zürn. Les spécialistes et
                             la presse se sont extasiés. Dans Le Figaro, Etienne de Montety
                             s’enflammait: Le trait de Bascoulard est remarquable par sa
                             minutie, une technique est en place à l’évidence. L’à-peu-près,
                             l’échevelé n’ont pas droit de cité sur sa feuille. Ils encombrent
                             assez sa vie. Ses dessins sont admirablement ordonnés, les
                             perspectives des rues et des passages parfaites. À peine un trait
                             de lumière éclaire-t-il la cathédrale. Même lorsque Bascoulard
                             s’essaie au fractionnisme, art de suggérer un monument par
                             quelques coups de crayon, il ne déroge pas à son principe de
                             rigueur. Le dépouillement est franciscain, de bout en bout.

                             Si, dans diverses parutions, les autoportraits photographiques
                             de Bascoulard intriguaient fortement, ils étaient toujours mêlés
                             à d’autres portraits, journalistiques ou folkloriques, qui en
                             dissimulaient la portée. Il a fallu attendre 2016 pour que le
                             galeriste Christophe Gaillard, avec la complicité de l’expert
                             Damien Voutay, ayant réuni un ensemble conséquent de dessins
                             et photographies de Bascoulard, lui organise sa première
                             exposition personnelle parisienne, et la première confrontant
                             les deux médiums. Car, découverte majeure de l’exposition,
                             il s’est avéré qu’existait un corpus photographique
4/23                         extrêmement précis, qui constitue le pendant de l’œuvre
Love&Collect L'invention de soi Marcel Bascoulard (1913-1978)
dessiné, son versant incarné. En effet, non seulement, comme
       dans ses dessins, Bascoulard choisit toujours les mêmes
       cadrages, les mêmes décors, mais il adopte également des poses
       absolument codifiées, tellement même qu’il les numérote au dos,
       et date scrupuleusement ses images. Ainsi, l’exposition
       présentait une ligne d’une quinzaine de photographies
       répétitives, obsessionnelles, qui se différenciaient uniquement
       par les vêtements, et le passage du temps…

       Bascoulard est apparu subitement comme un photographe
       accompli, dont l’œuvre pourrait voisiner avec celles de Roman
       Opalka ou Cindy Sherman. À la différence, majeure, qu’elle a
       été initiée dans les années 1940, soit plusieurs décennies avant
       ces dernières. Son intentionnalité est manifeste, puisque
       l’exposition présentait également un dessin manifeste, capital,
       daté du mois de juin 1949. Intitulé Révolution dans le costume,
       il représentait en effet des robes pour femmes et des robes pour
       hommes. Sans surprise, ces dernies arboraient des robes dans
       le genre de celles qu’affectionnait Bascoulard. Mais, surtout,
       ils adoptaient également la même pose que celle que l’artiste
       prendra devant l’objectif, des décennies durant, avec cette
       position des avant-bras et des mains si caractéristiques.

       Ainsi, la reconnaissance de Marcel Bascoulard a suivi un cours
       sinueux, jusqu’à ce qu’il soit désormais considéré comme un
       précurseur indiscutable des travaux photographiques sur
       l’identité et le genre d’un Michel Journiac ou d’une Cindy
       Sherman, mais en ayant commencé son œuvre dès 1942!
       En effet, à partir des années 1940, Marcel Bascoulard s’habillait
       en femme, dans des habits soigneusement choisis puis imaginés
       et dessinés par lui. Ses goûts en matière de robes semblaient
       assez précis: des tissus épais et rigides pour former sur lui
       comme une sorte d’armure ou de carapace. À part ses
       vêtements, le reste de sa mise était indéniablement masculin,
       même s’il portait les cheveux assez longs. Un clochard, à
       Bourges, entre les années 1940 et 1980, cultivé et roublard,
       parlant plusieurs langues, dessinant en virtuose obsessionnel,
       habillé en femme avec des habits par lui dessinés: inutile de dire
       que Bascoulard ne passait pas inaperçu! Pas un berruyer, petit
       ou grand, qui n’ait gardé un vif souvenir de ce drôle d’artiste.
       Artiste, oui, car c’est ainsi d’emblée que Bascoulard a été
       reconnu, la Ville de Bourges allant même jusqu’à organiser,
       de son vivant, une exposition de ses dessins, accompagnée
       d’un catalogue. Naturellement, il ne la visita pas.

       Dernières étapes en date de la foudroyante reconnaissance
       nationale et internationale de l’œuvre si singulière de Marcel
       Bascoulard: la présence en force de ses autoportraits
       photographiques dans deux présentations majeures de
5/23   collections privées de référence, à la Collection Pinault de
Love&Collect L'invention de soi Marcel Bascoulard (1913-1978)
Venise, Punta Della Dogana, en 2018 dans l’exposition Dancing
       with Myself, aux côtés des œuvres signées Claude Cahun, Cindy
       Sherman ou Alina Szapocznikow, ainsi que dans l’exposition
       Photo-Brut aux Rencontres de la Photographie d’Arles en 2019,
       consacrée à l’ensemble réuni par Bruno Decharme (collection
       abcd).

       Dans cette image, Bascoulard pose dans une des attitudes qu’il
       affectionne, dans un ensemble typique des coupes et tissus
       qu’il privilégie. Comme tous les autoportraits connus de Marcel
       Bascoulard, il s’agit d’une pièce unique. Datée 1958, l’image
       montre l’artiste dans un environnement indistinct, pittoresque
       et quotidien, vêtu d’une jupe satinée claire soulignée de trois
       bandes légèrement plus foncées, et d’un haut noir luisant,
       caractéristique de ces carapaces dont l’artiste aime à se parer.
       Si je me promène en tenue féminine, c’est que j’est me [sic] cette
       tenue plus esthétique, écrit-il. Pour les besoins de l’art, lorsque
       je revêts la tenue féminine, je prends avec moi mon appareil
       photographique et fais des clichés de moi-même par des gens
       de connaissance. C’est depuis la fin 1942 que j’utilise de temps
       à autre des costumes féminins pour me promener à Bourges.

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Pour les besoins de l’art,
lorsque je revêts la tenue
féminine, je prends
avec moi mon appareil
photographique et fais des
clichés de moi-même par
des gens de connaissance.
C’est depuis la fin 1942
que j’utilise de temps
à autre des costumes
féminins pour me
promener à Bourges.
Marcel Bascoulard
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                             L’invention de soi
                             Marcel Bascoulard (1913-1978)

Matilde Marchand             Saisis dans le vif – et non, sur le vif –, les clichés de Marcel
                             Bascoulard sont les traces de son existence. Ni canulars, ni
                             simulacres, elles ne sont pas construites avec des déguisements.
                             Ces traces ne sont pas produites pour la photographie. Dans
                             les rues de Bourges, les passants se souviennent de l’homme
                             aux vêtements féminins.

                             Le modèle-photographe – Marcel Bascoulard n’appuyait jamais
                             sur le déclencheur – est loin d’être un moralisateur. Pourtant,
                             il y a de nombreuses leçons, historiques et ontologiques, à tirer
                             de ses photographies, qu’aucun poème (à notre connaissance)
                             ne vient pourtant soutenir. Ce genre de personnages, hors du
                             commun, presque irréels, sont souvent transformés en héros
                             ou en prophète. Ce sont d’eux que nous avons à apprendre.
                             Clochard de génie, a-t-on pu lire, avec une pointe de
                             condescendance. Est-ce fondamentalement incompatible
                             d’être à la rue et talentueux? Certainement pas. Vivre dehors
                             était un choix. Il a préféré se retirer, disait de lui Charles
                             Rimbaud.

                             Ces personnes ont effectivement quelques histoires à raconter.
                             Hantant des espaces régulés, ils sont et montrent autre chose.
                             Rita Parissi écrivait, quant à elle, que de nos sociétés, de nos
                             aspirations, il fait fi en général. Il reste néanmoins difficile de
                             différencier ce que Marcel Bascoulard voulait dire – si tant est
                             qu’il ait voulu exprimer quelque chose – des maux que nous
                             projetons sur lui, presque quarante ans après sa mort. Qu’est-ce
                             donc que cet homme, contant poétiquement les saisons, les chats
                             et la ville, qui se photographie portant, selon ses propres mots,
                             des costumes de femmes? A propos des dessins de Bourges,
                             extrêmement détaillés et fidèles, pour lesquels il fut célébré,
                             Marcel Bascoulard regrette ce travail de copiste, de
                             photographe qui n’exprime pas ce qu’[il] ressent. C’est pourquoi
                             ses photographies en tenue féminine intéressent tant, elles
                             qui furent longtemps exclues des expositions et livres dédiées
                             à l’homme négligé, aux longues blouses grises ou noires.
                             Cette histoire-là a été quelque peu cachée jusqu’au début du
                             XXIe siècle probablement parce que ses clichés, témoins d’une
                             pratique qui dérange, allaient (ou vont) au-delà d’un normal,
                             d’une acceptation immédiate et facile.

                             Pour certains, elles relèvent de l’inacceptable, de l’inavouable.
                             Elles mettent face à un faux paradoxe qui trouble la vision:
                             que voit-on? Il était si facile de louer son talent de dessinateur –
                             réaliste – mais quid de sa capacité à déstabiliser, à bousculer
                             avec trois fois rien? Se qualifiant lui-même de déséquilibriste,
                             il détournait la réalité, ou plutôt, une réalité, en la travestissant,
                             en l’ébranlant. Pourtant, en matière vestimentaire, il n’existe
                             aucun essentialisme: sauf exception fonctionnelle, rien n’est
9/23                         intrinsèquement féminin ou masculin. L’histoire le démontre
aisément. On imagine que les hommes aux robes n’étaient pas
        monnaie courante dans la ville de Bourges qui, à la mort de
        Bascoulard, comptait environ 77 000 âmes. Alors, voir le clochard,
        celui que tout le monde croise lorsqu’il dessine inlassablement
        la ville, porter un jour une jupe sans jamais plus arrêter, quel
        affront aux normes de toute sorte (de genre, de comportement(s),
        de moralité, etc.)... Monde autre il me faut concevoir [...]
        l’impossible est mon aviro, écrivait-il en octobre 1977. Plus
        qu’un affront, porter des habits féminins apparaît dès lors
        comme une échappatoire. Il se cachait parfois, disait-on, comme
        pour montrer qu’il n’était pas question d’une simple provocation
        mais d’un élan plus intime, qui hésite à se dévoiler.

10/26
Qu’est-ce donc que
cet homme, contant
poétiquement les saisons,
les chats et la ville, qui
se photographie portant,
selon ses propres mots,
des costumes de femmes?
Matilde Marchand
13/26
L’art moderne, c’est sa
vertu première, refuse
de considérer comme
séparés le produit fini
et l’existence à mener.
«Praxis» égale «poiésis».
Créer, c’est se créer.
Nicolas Bourriaud
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                             Soixante-cinquième semaine

Soixante-cinquième semaine   Dans son ouvrage publié pour la première fois en 1999, Formes
Chaque jour à 10 heures,     de vie (sous-titré L’art moderne et l’invention de soi), le critique
du lundi au vendredi,        et théoricien Nicolas Bourriaud émet l’hypothèse que l’art
une œuvre à collectionner    moderne se donne pour but de constituer un espace à l’intérieur
à prix d’ami, disponible     duquel l’individu pourrait enfin déployer la totalité de son
uniquement pendant           expérience et inverser le processus déclenché par la production
24 heures.                   industrielle, qui réduit le travail humain à la répétition de gestes
                             immuables dans une ligne de montage contrôlée par un
                             chronomètre. Aboutissement d’une décennie de transposition
                             de concepts de nature économique au champ de l’art, Bourriaud
                             développe dans cet essai une approche debordienne de l’art,
                             qui n’est pas sans constituer une forme de réconciliation, tant
                             la méfiance affichée par Debord vis-à-vis de l’art a structuré
                             la création dans la seconde moitié du vingtième siècle, entre
                             démiurgie, indifférence et impuissance (en écho au bien
                             fait – mal fait – pas fait de l’artiste Fluxus Robert Filliou).

                             Bourriaud s’inscrit ouvertement dans cette lignée politique
                             lorsqu’il ajoute: La pensée de Marx participe pleinement au
                             développement de ce programme, en montrant que la production
                             de biens matériels (la poiésis), et la production de soi à travers
                             des pratiques individuelles (la praxis) s’équivalent dans le cadre
                             général de la production des conditions d’existence de la
                             collectivité. L’art moderne, c’est sa vertu première, refuse de
                             considérer comme séparés le produit fini et l’existence à mener.
                             Praxis égale poiésis. Créer, c’est se créer.

                             Achevé vers 1914, le Portrait de l’artiste en jeune homme de
                             James Joyce est un livre fantôme, largement reconstruit sur
                             les ruines d’un roman précédent, Stephen le héros, brûlé par
                             l’auteur au cours d’une dispute conjugale. Comme une mise
                             en abyme de cette renaissance, ce Portrait est celui de l’auteur
                             lui-même, à travers son enfance et son adolescence, observation
                             entomologique de sa mue en artiste. Rares sont les écrivains qui
                              se sont ainsi confrontés au genre de l’autoportrait, au sens où
                             l’on peut l’entendre en peinture ou en photographie. L’un d’eux
                             – c’est tout sauf un hasard – est d’ailleurs l’œuvre d’un plasticien,
                             Édouard Levé, qui publia en 2005 chez P.O.L. un Autoportrait
                             écrit qui, comme il le précise lui-même, le présente en 1600
                             phrases sans solution de continuité.

                             Longtemps, les autoportraits de peintres ont été titrés
                             Portrait(s) de l’artiste, introduisant une notion de distance
                             entre le sujet et celui qui le brosse; ces portraits de soi-même,
                             toujours, sont soigneusement posés, destinés à livrer à la
                             postérité l’image du peintre tel qu’il souhaite apparaître à
                             l’intérieur même de son œuvre, quand, comme Vélasquez,
                             il ne s’y représente tout bonnement pas littéralement. Analysant
                             Les Ménines, le philosophe Michel Foucault note d’emblée:
16/23                        Le peintre est légèrement en retrait du tableau, se figurant à côté
de l’ouvrage auquel il travaille, comme si le peintre ne pouvait
        à la fois être vu sur le tableau où il est représenté et voir celui où
        il s’emploie à représenter quelque chose.

        Pour cette nouvelle semaine, nous avons voulu explorer
        comment, dans la deuxième moitié du vingtième siècle, les
        artistes ont prolongé cette tradition de l’autoportrait tout en
        la renouvelant en profondeur. À la suite d’un Marcel Duchamp
        jouant des reflets de son identité (en créant son alias Rrose
        Sélavy) et de son apparence (la fameuse Tonsure immortalisée
        par Man Ray), allant jusqu’à la résumer à une énigmatique
        silhouette, un profil – With my Tongue in my Cheek, 1959 – pour
        brouiller les pistes de la Figure de l’Artiste (avec un grand F
        et un grand A), moquer ceux qui se figent, s’arrêtent, sont bêtes
        comme des peintres…

        Cette vision mouvante de l’identité, naturellement, est au cœur
        même des démarches de Gianni Bertini, Marcel Bascoulard
        ou Jacques Charlier qui s’intègrent en tant qu’acteurs et
        matériaux de leurs propres créations. En 2018 une exposition
        de la Collection Pinault à la Punta della Dogana à Venise,
        sous le titre Dancing with Myself explorait ce type de démarches,
        en accordant une large place à Bascoulard.

        Les autres artistes réunis cette semaine ont, eux aussi, projeté
        leur image, leur corps, leur identité, dans leur œuvre selon
        des modalités singulières, tel Jacques Prévert, qui projette son
        image dans l’un de ses collages, dans un rapport d’intimité
        redoublé par le cadre de la scène, le coin de Paris où il a toujours
        habité, en voisin de Boris Vian.

        Chez Filliou, l’autoportrait procède de la même intimité, loin
        des projections héroïques des peintres devant leur chevalet,
        le menton levé et le regard conquérant. Ainsi ses autoportraits
        sont-ils déclinés selon son célèbre Principe d’Équivalence, cette
        économie trinitaire de redistribution du réel dans le champ
        du visible selon le règne du mal fait (humain), dans le champ de
        l’invisible avec le bien fait selon des traits subtilisés (le Je Idéal
        de Freud repris et développé par Lacan), et enfin le pas fait,
        non figuré mais simplement nommé par homonymie, en tant
        qu’Avatar ou principe divin actif.

17/23
Longtemps,
les autoportraits de
peintres ont été titrés
Portrait(s) de l’artiste,
introduisant une notion
de distance entre le sujet
et celui qui le brosse;
ces portraits de soi-même,
sont destinés à livrer à
la postérité l’image du
peintre tel qu’il souhaite
apparaître à l’intérieur
même de son œuvre.
Pour cette nouvelle
semaine, nous avons
voulu explorer comment,
dans la deuxième moitié
du vingtième siècle, les
artistes ont prolongé cette
tradition de l’autoportrait
tout en la renouvelant
en profondeur
22/26
Love&Collect
8, rue des Beaux-Arts
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                             05.07  09.07.2021  En ligne

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                             Marcel Bascoulard, Gianni Bertini, Jacques Charlier, Robert
                             Filliou et Jacques Prévert. Inscription sur notre site
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                             08.07 24.07.2021  8 rue des Beaux-Arts

                             Pop-Up Store Kongo
                             Nous particulièrement heureux que Cyril Kongo, artiste phare
                             de la scène urbaine, ait choisi d’y dévoiler sa nouvelle peinture
                             «Paris, mon amour», ainsi qu’une édition et des bijoux totalement
                             inédits. Virtuose du pinceau et de la bombe (de peinture), l’art
                             de Cyril s’épanouit particulièrement lorsqu’il dialogue avec des
                             savoir-faire d’exception, comme il l’a prouvé par ses collabs avec
                             Chanel (à l’invitation de Karl Lagerfeld), Daum, Hermès (édité
                             en 2011-2012, son Carré Graff est ultra collector), La Cornue ou
                             Pierre Hermé. Ses bijoux sont donc particulièrement attendus.
                             L’exposition-événement commence jeudi prochain, le 8 juillet,
                             en présence de l’artiste, qui y dédicacera notamment son
                             dernier ouvrage, et sera visible jusqu’au samedi 24 inclus.

                             03.06  17.07.2021  À la galerie : 15, rue des Beaux-Arts

                             Muzo/Bizarre
                             Publiée entre 1953 et 1968 par deux des éditeurs les plus
                             téméraires de leur temps, Éric Losfeld puis Jean-Jacques
                             Pauvert, la revue Bizarre est parvenue à demeurer à la
                             hauteur de son titre, naviguant librement entre surréalisme
                             et ‘Pataphysique. Réunissant la plupart des immenses
                             dessinateurs d’humour emblématiques de l’aventure Bizarre,
                             elle se place dans une perspective résolument actuelle, en écho
                             à la place grandissante de ces créateurs dans le paysage des
                                              ’
                             pratiques contemporaines.    Avec la complicité de Muzo, né en
                             1960, dont elle présente des peintures et des œuvres graphiques,
                             l’exposition dépasse ses bornes chronologiques pour affirmer
                             l’actualité d’une revue d’avant-garde populaire, sérieuse et
                             foutraque, irrévérencieuse jusqu’à l’autodérision, qui prouve
                             que non seulement l’on peut, mais l’on doit rire de tout.
                             Avec Gus Bofa, Chaval, Folon, André François, Grandville,
                             Maurice Henry, Muzo, Reiser, Sempé, Saul Steinberg, Tetsu,
                             Roland Topor…

23/23
Robert Robert
et SpMillot ont dessiné
cette Fiche
pour Love&Collect
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Format 21 × 29,7 cm
04.04.2021

Crédit photographique
Fabrice Gousset
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