Lymphomes gastriques : prise en charge en 2021
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POST’U (2021) Lymphomes gastriques : prise en charge en 2021 Tamara MATYSIAK-BUDNIK IMAD, Hépato-Gastroentérologie & Oncologie Digestive - UMR INSERM 1235 “The enteric nervous system in gut and brain disorders” Hôtel Dieu, CHU de Nantes - 1 Place Alexis Ricordeau 44093 Nantes Cedex 1, France tamara.matysiakbudnik@chu-nantes.fr revanche montré plutôt une diminu- Introduction tion de leur incidence. Les études plus récentes suggèrent une diminution de l’incidence des lymphomes gastriques Les lymphomes gastriques sont des du MALT qui serait liée à la diminu- lymphomes non-Hodgkiniens, qui se tion de la prévalence de l’infection à développent à partir du tissu lymphoïde H. pylori (2). associé aux muqueuses (en anglais : Mucosa Associated Lymphoid Tissue, MALT). Ce tissu est normalement absent dans l’estomac, mais il peut apparaître lors d’une infection chro- Physiopathologie nique, notamment par Helicobacter CANCÉROLOGIE pylori. Il s’agit le plus souvent de lym- phomes à petites cellules B, dits de La physiopathologie des lymphomes faible degré de malignité, dérivés de la gastriques n’est pas complétement zone marginale du MALT, c’est-à-dire élucidée, mais le rôle primordial de de la zone du tissu lymphoïde située l’infection à H. pylori est bien reconnu, sous l’épithélium de surface (dôme en particulier dans les lymphomes du MALT). Le deuxième type de lym- de la zone marginale du MALT. Les phomes le plus souvent retrouvé dans études plus anciennes montraient l’estomac correspond aux lymphomes à la présence de cette bactérie dans grandes cellules B, qui peuvent surve- plus de 80 % des cas de lymphomes OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES nir de novo ou bien suite à une trans- gastriques du MALT. Dans les études formation des lymphomes à petites plus récentes, la proportion des — C onnaître l’épidémiologie des lymphomes H. pylori -positifs semble cellules B. Même si en réalité tous les lymphomes gastriques diminuer, probablement du fait de lymphomes gastriques proviennent du — Comprendre la physiopathologie MALT, de manière arbitraire, le terme traitements antibiotiques et par IPP des lymphomes gastriques « lymphome du MALT » est réservé aux antérieurs, conduisant à la diminu- — Connaître les démarches diagnos- lymphomes de la zone marginale du tion de la charge bactérienne voire tiques devant une suspicion d’un MALT à petites cellules B (1). à la disparition de la bactérie. Selon lymphome gastrique le modèle hypothétique de lympho- magenèse, ce processus débute par — Connaître le bilan pré-thérapeu- une infection chronique à H. pylori, tique qui doit être réalisé suite suivie d’un recrutement des lympho- au diagnostic d’un lymphome Épidémiologie cytes T et ensuite B, avec la partici- gastrique pation de plusieurs cytokines et de — Connaître les principes de traite- facteurs pro-inflammatoires (NF-kB), Les lymphomes gastriques sont des ment et du suivi des lymphomes conduisant à une prolifération clonale tumeurs rares, ils représentent moins gastriques des lymphocytes B et au développe- de 5 % de tous les cancers gastriques, mais plus de la moitié de tous les ment d’un lymphome. La stimulation LIEN D’INTÉRÊTS lymphomes primitifs du tube digestif. antigénique initiale semble nécessaire pour déclencher la lymphomage- Aucun Certaines études épidémiologiques nèse et il est suspecté qu’en plus de menées au début des années 1990 H. pylori d’autres bactéries pourraient ont montré une augmentation de jouer un rôle. En particulier, l’impli- MOTS CLÉS l’incidence des lymphomes non- cation d’autres bactéries du genre Lymphomes gastriques, Lymphome du Hodgkiniens, en particulier digestifs, Helicobacter, comme Helicobacter MALT, Helicobacter pylori mais les études ultérieures ont en heilmannii, a été suggérée. 167
LYMPHOPATH (Réseau anatomo- proposé, dans le doute de résultats Diagnostic pathologique labellisé par l’INCa pour faussement négatifs (notamment du la double lecture des prélèvements fait d’une faible charge bactérienne). tumoraux des lymphomes). Les symptômes conduisant au diag nostic peuvent être divers, et le plus Les lymphomes de la zone margi- souvent il s’agit de symptômes non nale du MALT sont caractérisés par spécifiques à type de dyspepsie ou la présence d’un infiltrat lymphoïde Bilan pré-traitement de syndrome ulcéreux. Parfois, il dense et homogène, composé de et stade peut s’agir d’un diagnostic fortuit, petits lymphocytes B associés à une lors d’une fibroscopie réalisée pour infiltration et une destruction de Ce bilan comprend un examen d’autres causes (reflux gastro- l’épithélium glandulaire, c’est-à-dire à clinique avec l’évaluation de l’état œsophagien, anémie, etc). Plus des lésions lymphoépithéliales, consi- général, la recherche de signes rarement, ces lymphomes peuvent dérées comme pathognomoniques du généraux éventuels (fièvre, sueurs), se manifester par des complications, lymphome du MALT. Ces lésions sont ainsi que l’examen des aires ganglion- comme hémorragie digestive ou perfo- souvent associées à la présence de naires, du foie et de la rate, et un bilan ration, plus fréquentes dans le cas des H. pylori, qui peuvent être bien visua- ORL (pour exclure les localisations lymphomes diffus à grande cellules. lisés après coloration de Giemsa. La ORL du lymphome). présence des grandes cellules B doit Les aspects endoscopiques ne sont toujours être recherchée. Le bilan biologique comprend le pas, non plus, spécifiques. Il peut bilan biologique de base (hémo- s’agir d’ulcères, qui peuvent être Le marquage par l’immunohistochimie gramme, bilan hépatique, uricémie, volumineux, notamment dans les est nécessaire. Il permet de mettre en fonction rénale), l’électrophorèse cas des lymphomes diffus à grande évidence les caractéristiques immu- des protéines, le taux de LDH et de cellules, de lésions d’allure polypoïde nohistochimiques des lymphomes de béta-2 microglobuline, et les séro- ou tumorale, ou bien d’une muqueuse la zone marginale du MALT, c’est- logies virales (HIV, hépatites B et C) d’aspect érythémateux évocateur à-dire l’expression des antigènes dans l’hypothèse d’une association d’une gastrite. Enfin, il arrive parfois confirmant le phénotype B (CD20+ éventuelle entre certaines infections de retrouver un lymphome du MALT et CD79a+) et l’absence d’expression virales et les lymphomes. La recherche sur des biopsies gastriques prélevées de certains antigènes typiques aux d’une sous-population lymphoide B de manière systématique alors que autres types de lymphomes à petites monotypique (phénotypage lympho- la muqueuse gastrique a un aspect cellules B (CD10-, CD5-, cycline D1-). cytaire) dans le sang peut être égale- endoscopique subnormal. On peut ment réalisée. La recherche des anomalies cytogéné- espérer que le diagnostic endos- tiques, et en particulier de la translo- Le bilan d’imagerie comprend un copique pourra être amélioré dans cation t(11 ;18) est conseillée car scanner thoraco-abdomino-pelvien. l’avenir grâce aux nouvelles tech- sa présence est un facteur prédictif niques endoscopiques, et en particu- La Tomographie par Émission de de non réponse à l’éradication de lier à l’endoscopie confocale qui, selon Positons au 18F-Fluorodesoxyglucose H. pylori et sera utile pour guider la quelques études préliminaires, semble (TEP-FDG) n’est pas systématique stratégie thérapeutique. prometteuse (3). et est généralement négative dans Les lymphomes diffus à grandes les lymphomes du MALT à petites Le diagnostic de lymphome est cellules B sont constitués de cellules B cellules. Elle peut être réalisée dans basé sur l’examen anatomo-patho- de grande taille, avec de nombreuses les lymphomes à grandes cellules où logique des biopsies gastriques qui mitoses. Deux types de ce lymphome elle peut être un marqueur de réponse doivent être nombreuses, au moins peuvent être distingués : celui résul- au traitement par immuno-chimio 10 au niveau de la lésion suspecte, et tant d’une probable transformation thérapie toujours associées à des biopsies de la d’un lymphome de la zone marginale muqueuse gastrique extra-lésionnelle Le bilan endoscopique doit du MALT (la présence d’un contingent qui serviront à rechercher H. pylori et comprendre, bien sûr, une fibroscopie à petites cellules et de lésions lymphoé- aussi à évaluer l’état de la muqueuse avec de multiples biopsies gastriques pithéliales serait en faveur), et celui gastrique dans son ensemble, et en au niveau du lymphome mais développé de novo, correspondant au particulier à rechercher la présence également au niveau de la muqueuse lymphome diffus à grandes cellules B éventuelle de lésions précancéreuses non lésionnelle (au moins 2 de l’antre selon la classification de l’OMS (4). La gastriques (gastrite atrophique ou + 2 du fundus + 1 de l’angulus, selon distinction entre ces deux types de métaplasie intestinale), souvent le protocole de Sydney) pour l’analyse lymphomes ne semble pas avoir d’in- associées aux lymphomes gastriques. anatomo-pathologique et moléculaire. térêt thérapeutique ni pronostique (1). Les biopsies doivent être placées dans Il peut être indiqué de refaire une du formol et adressées pour analyse La recherche de H. pylori doit nouvelle fibroscopie si l’endoscopie anatomo-pathologique, immuno-his- toujours être réalisée, par l’histo- initiale n’était pas complète (doute tochimique, et éventuellement molé- logie, et si l’histologie ne montre pas diagnostique ou nombre de biopsies culaire. Les biopsies congelées ne sont de bactérie, par la sérologie. insuffisant). pas nécessaires au diagnostic. Il convient néanmoins de souligner, Une écho-endoscopie haute doit Le diagnostic histologique peut que même en l’absence de confir- toujours être réalisée pour évaluer être parfois difficile, et doit être mation de la présence de la bactérie le degré d’infiltration de la paroi toujours confirmé par un patholo- (tous les tests négatifs), un traitement gastrique et la présence des ganglions giste expert, faisant partie du réseau d’éradication de H. pylori sera toujours lymphatiques envahis et ainsi classer 168
Tableau 1 : Stade clinique des lymphomes non hodgkiniens selon la classification de Ann-Arbor modifiée par Musshoff pour le tube digestif (Mushoff et al 1977) Stade IE Atteinte d’un ou de plusieurs sites du tube digestif sans atteinte ganglionnaire Stade IIE Atteinte d’un ou de plusieurs sites du tube digestif et des ganglions régionaux sans atteinte extra-abdominale II1E : atteinte des seuls ganglions contigus II2E : atteinte des ganglions régionaux non contigus Stade IIIE Atteinte localisée du tube digestif associée à une atteinte ganglionnaire de part et d’autre du diaphragme* Stade IV Atteinte d’un ou de plusieurs organes extra-ganglionnaires et/ou extra-abdominales avec ou sans atteinte ganglionnaire associée * Stade rarement rencontré dans les lymphomes digestifs Tableau 2 : Classification de Paris des lymphomes gastriques, intégrant le résultat de l’échoendoscopie, élaborée par l’EGILS (European Gastro-Intestinal Lymphoma Study) groupe. (Ruskoné-Fourmestraux et al 2003) TX Extension non précisée T0 Pas de lymphome T1m Atteinte muqueuse T1sm Atteinte sous-muqueuse T2 Atteinte de musculaire muqueuse et sous-séreuse T3 Atteinte de la séreuse T4 Extension séreuse et au-delà, vers les organes de voisinage NX Envahissement ganglionnaire non connu N0 Pas d’envahissement ganglionnaire N1 Envahissement ganglionnaire régional CANCÉROLOGIE N2 Envahissement ganglionnaire abdominal à distance N3 Envahissement ganglionnaire extra-abdominal MX Bilan d’extension non connu M0 Pas de localisation métastatique M1 Envahissement des tissus non contigus à la lésion digestive (péritoine, plèvre) ou organes (par exemple : poumon, foie, sein, autre site gastro- intestinal) BX Moelle non explorée B0 Pas d’atteinte médullaire B1 Infiltration médullaire le lymphome selon la classification de Figure 1 - Lymphome gastrique du MALT : extension loco-régionale Paris (5) spécifiquement adaptée aux lymphomes gastriques. Son résultat a également une valeur prédictive, 96 % de formes loco-régionales car les formes superficielles et sans ANN ARBOR staging system envahissement ganglionnaire sont plus susceptibles de répondre au seul IE Atteinte pariétale 66 % traitement d’éradication de H. pylori, II1E Envahissement ganglionnaire 34 % alors que les formes avec envahis- sement de la sous-muqueuse et /ou PARIS staging system ganglionnaire sont le plus souvent T1m Muqueuse 52 % résistants à ce traitement. T1sm Sous-muqueuse 20 % L’iléo-coloscopie fait également partie T2 Musculaire muqueuse 15 % du bilan de routine. T3 Séreuse 13 % La biopsie ostéo-médullaire n’est N1 Envahissement ganglionnaire 43 % plus indiquée dans les lymphomes du MALT, mais peut-être envisagée en cas Ann Arbor modifiée par Musshoff (6) cas des lymphomes du MALT, il s’agit de suspicion de formes disséminées. (Tableau 1), mais également selon le plus souvent (> 85 % des cas) de Ce bilan devrait permettre de la classification de Paris spéciale- formes localisées (7) (Figure 1). définir le stade du lymphome selon ment conçue pour les lymphomes la classification la plus utilisée de gastriques (5) (Tableau 2). Dans le 169
trisation ou diminution de la taille de ganglions lymphatiques envahis à Traitement des ulcères). Nous en profiterons l’échoendoscopie, et la présence d’une pour prélever des multiples biopsies translocation t(11-18) au niveau des pour une nouvelle analyse anatomo- lymphocytes B qui devrait être systé- Lymphomes gastriques pathologique (pour apprécier l’évo- matiquement recherchée, de préfé- du MALT lution microscopique du lymphome) rence à l’examen initial, et dans tous La première ligne de traitement dans et éventuellement une étude bacté- les cas en cas de non réponse au trai- les lymphomes gastriques du MALT riologique (si celle-ci n’a pas pu être tement d’éradication. En présence de est toujours le traitement d’éradi- réalisée lors du premier examen). l’un de ces facteurs, la deuxième ligne cation de H. pylori, et elle doit être de traitement sera proposée plus faci- En cas d’une bonne évolution (nette lement et peut-être plus rapidement proposée indépendamment du statut régression de lésions macroscopi H. pylori à l’issu du bilan (positif ou (avant 24 mois) (11, 12, 13). ques, absence de doute sur une négatif). Le rationnel pour réaliser transfor mation éventuelle en 2e ligne de traitement ce traitement, même en l’absence lymphome à grandes cellules à l’his- En cas de persistance du lymphome évidente de la bactérie, repose, tologie), les contrôles endoscopiques du MALT localisé à plus de 24 mois d’une part, sur la possibilité d’un suivants pourront être réalisés tous après l’éradication de H. pylori, et en résultat faux négatif, et, d’autre les 4 à 6 mois pendant au moins l’absence des lésions macroscopiques part, sur la possibilité d’implication 24 mois, jusqu’à l’obtention éven- (ulcère, tumeur), deux stratégies d’autres Helicobacters non détectés, tuelle d’une rémission complète peuvent être discutées (Figure 2) : 1) comme H. heilmannii, ou d’autres microscopique. Cette rémission sera une simple surveillance, qui pourrait bactéries. évaluée selon le score du GELA, être proposée aux patients fragiles, Quant au choix du protocole d’éradica- qui distingue 4 niveaux de réponse ayant des comorbidités, et à condi- tion, il est préférable, conformément histologique : rémission complète, tion qu’il n’y ait pas de signes de aux dernières recommandations de probable maladie résiduelle minime progression microscopique et surtout l’HAS (8), de proposer un traite- (considérée en pratique comme une de transformation en lymphomes à ment ciblé selon les résultats du test réponse complète), réponse partielle, grandes cellules B, et 2) une radiothé- de sensibilité aux antibiotiques. Ce et maladie stable (9). rapie conformationnelle à faible dose test peut être réalisé par l’antibio- (30 Gray), ayant montré de très bons Il convient de souligner qu’il faut gramme «classique», après la culture résultats (98 % de rémission complète au moins deux contrôles successifs des bactéries, ou bien par une PCR à long cours avec une excellente tolé- histologiques négatifs pour confirmer en temps réel, réalisée directement rance) (14). la rémission (soit une rémission sur les biopsies gastriques et permet- complète, soit une probable maladie La chirurgie n’a pas aujourd’hui de tant de tester à la fois la présence de résiduelle minime). place dans la prise en charge des H. pylori et sa sensibilité à la clari- lymphomes du MALT en dehors de thromycine. Ainsi, dans le cas des Une fois la rémission obtenue, une complications (perforation). souches sensibles à la clarithromy- surveillance endoscopique annuelle cine, un traitement par trithérapie pourra être proposée jusqu’à 5 ans. Dans les cas de lymphome du MALT optimisée (Esoméprasole 3 x 40 mg/j Les lymphomes gastriques du MALT avec localisations ganglionnaires ou + Amoxicilline 3 x 1 g/j + Clarithromy récidivent très rarement, mais la disséminées, une immuno-chimiothé- cine 2 x 500 mg/j pendant 14 jours) surveillance endoscopique est néces- rapie devrait être proposée en concer- pourra être proposé. Ce schéma saire à cause du risque accru d’un tation avec les Hématologues. est d’autant plus intéressant que adénocarcinome gastrique chez ces Lymphomes diffus la clarithromycine, en plus de ses patients (2). Ainsi, après 5 ans, la à grandes cellules B propriétés antibactériennes, possède surveillance endoscopique devrait les propriétés immunomodulatrices et être poursuivie et adaptée à l’état de Le traitement de choix dans les lym- anti-inflammatoires, pouvant avoir un la muqueuse gastrique, c’est-à-dire à phomes diffus à grandes cellules B, effet bénéfique dans les lymphomes. l’existence et à la sévérité de l’atro- connus pour leur chimiosensibilité, En cas de souche résistante à la phie gastrique et de la métaplasie est une association d’immunothé- clarithromycine, ou bien si le test de intestinale, et conduite conformé- rapie et de chimiothérapie (schéma sensibilité n’est pas réalisable, une ment aux dernières recommanda- R-CHOP), qui doit être conduite par première ligne de traitement par tions (10), en moyenne tous les 3 à les Hématologues. Il est important PYLERA® pourra être proposé. Après 5 ans. de rappeler qu’il existe aussi une le traitement, le contrôle de l’effica- indication d’éradiquer H. pylori dans cité d’éradication doit être réalisé par Après l’éradication de H. pylori, il ces lymphomes (pour traiter une test respiratoire à l’urée marquée, et est important de laisser un temps éventuelle prolifération à petites en cas de persistance de la bactérie, suffisamment long (jusqu’à 24 mois) cellules de type MALT associée). Dans une deuxième ligne de traitement avant de décider, en cas de persis- les cas de lymphomes disséminés avec devra être proposée, toujours selon tance de lymphome, d’introduire une une masse tumorale importante, et l’antibiogramme. nouvelle ligne de traitement pour chez les sujets jeunes en bon état éviter le sur-traitement et le risque général, l’intensification de la chimio- Le premier contrôle endoscopique de toxicités inutiles. Nous connais- thérapie avec auto-greffe de cellules doit être réalisé 6 à 8 semaines après sons actuellement les facteurs de souches hématopoïétiques, pourrait le traitement d’éradication, surtout risque de non-réponse au traitement être discutée (15). pour s’assurer d’une bonne évolution d’éradication : le statut H. pylori- des lésions macroscopiques (cica- négatif au diagnostic, la présence 170
Figure 2 - Lymphome gastrique du MALT : prise en charge après éradication de H. pylori Éradication de H. pylori > 24 mois - Statut H. pylori (-) - t (11;18)+ - Stade N1 Rémission complète Maladie résiduelle Progression ou non histologique histologique régression (CR ou pMRD*) (rRD*) (NC*) « Watch and wait » Traitement Surveillance Ou alternatif * Selon le score de GELA: CR = Complete remission, pMRD: probable minimal residual disease, rRD: responding residual disease, NC: no change CANCÉROLOGIE 7. Ruskoné-Fourmestraux A, Lavergne A, Surveillance Références Aegerter PH, Megraud F, Palazzo L, de Mascarel A, et al. Predictive factors for regression of gastric MALT lymphoma after anti-Helicobacter pylori treatment. Après l’obtention d’une rémission Gut. 2001 Mar;48(3):297-303. 1. Ruskoné-Fourmestraux A, Fabiani B, complète, un contrôle endoscopique Flejou JF, Malamut G, Thieblemont C. 8. Haute Autorité de Santé. Recomman- annuel peut être proposé, et ensuite Lymphomes gastro-intestinaux. EMC-Gas- dations : Traitement de l’infection par en fonction de l’état de la muqueuse tro-entérologie, 2017 Elsevier Masson, Vol. Helicobacter pylori chez l’adulte, 2017 : gastrique. Le risque de récidive de 13, N 2, avril 2018. www.has.santé.fr lymphome du MALT est faible, mais il 9. Copie-Bergman C, Wotherspoon AC, 2. Capelle LG, de Vries AC, Looman CW, s’agit surtout de surveiller les lésions Capella C, Motta T, Pedrinis E, Pileri SA, et Casparie MK, Boot H, Meijer GA, et al. précancéreuses gastriques associées. al. 2013. Gela histological scoring system Gastric MALT lymphoma: epidemiology for post-treatment biopsies of patients and high adenocarcinoma risk in a with gastric MALT lymphoma is feasible nation-wide study. Eur J Cancer. 2008 and reliable in routine practice. Br J Nov;44(16):2470-6. Haematol 2013;160(1):47-52. Pronostic 3. Dolak W, Kiesewetter B, Müllauer L, 10. Pimentel-Nunes P, Libânio D, Marcos- Mayerhoefer M, Troch M, Trauner M, Pinto R, Areia M, Leja M, Esposito G, et al. Management of epithelial precancerous et al. A pilot study of confocal laser Le pronostic des lymphomes gastri endomicroscopy for diagnosing gastro- conditions and lesions in the stomach ques du MALT est très bon, avec la (MAPS II): European Society of Gastro- intestinal mucosa-associated lymphoid intestinal Endoscopy (ESGE), European survie globale à 5 ans supérieure à tissue (MALT) lymphoma. Surg Endosc. Helicobacter and Microbiota Study 80 %. 2016 Jul;30(7):2879-85. Group (EHMSG), European Society of Pathology (ESP), and Sociedade Portu- Conclusion : Les lymphomes gastriques 4. Swerdlow SH, Campo E, Pileri SA, Lee guesa de Endoscopia Digestiva (SPED) correspondent le plus souvent aux Harris N, Stein H, Siebert R, et al. The 2016 guideline update 2019. Endoscopy 2019 lymphomes à petites cellules B prove- revision of the World Health Organization Apr;51(4):365-388. nant de la zone marginale du MALT, classification of lymphoid neoplasms. 11. Ruskoné-Fourmestraux A, Fischbach W, Blood 2016;127(20):2375-90. du bon pronostic. La première ligne de Aleman BM, Boot H, Du MQ, Megraud F, leur traitement consiste en une éradi- et al. EGILS group EGILS consensus 5. Ruskoné-Fourmestraux A, Dragosics B, report. Gastric extranodal marginal cation de H. pylori, et dans les rares Morgner A, Wotherspoon A, De Jong D. zone B-cell lymphoma of MALT. Gut cas un traitement complémentaire par Paris staging system for primary gastro- 2011;60(6):747-58. radiothérapie ou immuno-chimiothé- intestinal lymphomas. Gut. 2003 12. Dreyling M, Thieblemont C, Gallamini A, rapie sera indiqué. Plus rarement, il Jun;52(6):912-3. Arcaini L, Campo E, Hermine O, et al. peut s’agir des lymphomes à grandes ESMO Consensus conferences: guidelines 6. Musshoff K. Clinical staging classifi- on malignant lymphoma. part 2: mar- cellules B à haut degré de malignité, cation of non-Hodgkin’s lymphomas ginal zone lymphoma, mantle cell lym- qui relèvent une prise en charge héma- (author’s transl). Strahlentherapie. 1977 phoma, peripheral T-cell lymphoma. Ann tologique (immuno-chimiothérapie). Apr;153(4):218-21. Oncol. 2013 Apr;24(4):857-77. 171
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